Pendant trois jours, du 8 au 10 novembre 2023, la ville de Paris a été le théâtre du tout premier One Planet Polar Summit ; une rencontre mondiale historique dédiée aux pôles et à l’avenir des banquises, glaciers, et du permafrost. Réunissant chefs d’État, scientifiques et représentants d’ONG, l’événement a offert une tribune pour évaluer la situation actuelle critique de la cryosphère, le témoin le plus fidèle révélant l’ampleur de la crise climatique actuelle.
La cryosphère, qui correspond à l’ensemble des masses de glace, de neige et de sols gelés, le pergélisol (permafrost) présentes sur la Terre, couvre 10% de la surface terrestre, est en effet au cœur de la crise climatique.
Plus de deux cent mille glaciers mondiaux ont perdu 20% de leur masse au cours des années 2021-2022, avec la disparition prévisible de plus de la moitié d’ici 2100.
La température de surface en Arctique a augmenté quatre fois plus vite que la moyenne mondiale depuis les quarante dernières années, contribuant à la montée accélérée du niveau de la mer.
Les conséquences du changement climatique dans la cryosphère vont au-delà des impacts environnementaux, touchant également les dimensions économiques et sociales. Deux milliards de personnes, en particulier en Asie du Sud, dépendent de l’eau des glaciers pour leur alimentation en eau potable, ce qui entraîne des risques graves pour l’agriculture, la production d’électricité, et les inondations côtières menacent des centaines de millions de personnes.
Le changement climatique met en danger la biodiversité et les écosystèmes, avec des estimations d’extinctions d’espèces liées au réchauffement atteignant jusqu’à 16% dans un scénario de réchauffement de 4,3°C. Les effets néfastes s’étendent aussi aux populations autochtones, menaçant leurs moyens de subsistance et leur sécurité alimentaire.
Voici les principales annonces formulées par le président Emmanuel Macron pour les pôles et les glaciers suite au sommet :
Le lancement d’une décennie dédiée à l’amplification des moyens de recherche et à la coopération scientifique internationale, appuyée par l’Organisation Météorologique Mondiale et de l’UNESCO est la première action annoncée par le président.
Pendant cette période, différents projets ont été lancés tels que le « Ice Memory », qui a pour objectif de préserver des carottes de glace issues de glaciers spécifiques, actuellement menacés de détérioration ou de disparition, ainsi que les données essentielles qu’elles renferment, afin de les transmettre aux générations futures. Cette préservation revêt une importance cruciale pour permettre des avancées et des connaissances scientifiques, orientant ainsi les décisions politiques qui contribueront à terme au bien-être de l’humanité.
Un grand programme de recherche sur l’Antarctique impliquant la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Australie, et l’Inde a également été validé.
Le président E. Macron a par ailleurs annoncé un investissement de la France d’un milliard d’euros d’ici 2030 dans des initiatives de recherche polaire, notamment pour la construction d’un navire français destiné à naviguer dans les conditions glaciales et qui sera stationné entre Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, et Hobart, en Australie, couvrant ainsi le Pacifique Ouest et l’Antarctique.
Le Président français a déclaré que ce navire portera le nom de l’ancien Premier ministre Michel Rocard, le tout premier ambassadeur de la France pour les pôles.
Une coalition dirigée par le maire de Nice, Christian Estrosi, visant à réunir villes, États insulaires, et régions côtières pour faire face à l’élévation du niveau de la mer. Une conférence des Nations unies sur les océans se tiendra également le 7 juin 2025, pour représenter les habitants de la terre entière directement concernés/menacés par la problématique de la fonte des glaces et de la montée des eaux.
Le président a exprimé la volonté de préserver les hautes mers par la création d’une grande aire marine protégée en Arctique et en Antarctique, et un appel à mettre fin à l’exploitation des grands fonds marins.
Ces différentes actions ont reçu le soutien d’une trentaine de pays, qui ont ainsi donné naissance à « l’Appel de Paris » pour les pôles. Cet appel exhorte à une coopération mondiale pour préserver la cryosphère face à ces constats alarmants Il encourage des actions immédiates, notamment l’approfondissement des connaissances scientifiques, le soutien à la recherche, la promotion d’initiatives telles que « Ice Memory », et la mise en œuvre d’une décennie dédiée aux sciences cryosphériques et polaires.
Le sommet a également reçu le soutien d’un ensemble diversifié de pays et d’organisations internationales, montrant ainsi un engagement collectif envers la préservation des pôles et des glaciers. La France, l’Italie, et les Pays-Bas ont rejoint le groupe de haut niveau Ambition on Melting Ice (AMI), soulignant l’ampleur de la mobilisation internationale en faveur de la protection de la cryosphère.
L’Appel de Paris représente donc un jalon crucial dans la lutte mondiale contre la crise climatique, unissant nations et acteurs de la société civile dans un effort conjoint pour sauvegarder les régions polaires et glaciaires, véritables gardiens de l’équilibre climatique mondial. Enfin, il a été acté que la prochaine réunion du One Polar Summit se tiendra dans le cadre de l’Arctique Circle pour assurer le suivi des différentes mesures évoquées précédemment.