À l’occasion de la sortie de notre nouvelle brochure Antarctique 2024, nous avons souhaité vous partager quelques nouvelles importantes relatives au Grand continent blanc sur ces derniers mois, permettant de connaître un peu plus la complexité de ces mondes polaires… Pour tout savoir de l’actualité antarctique, parciurez cet article !
Un bloc d’environ 1 550 km2 (baptisé A81) soit 15 fois Paris s’est détaché de l’Antarctique fin janvier 2023, ont indiqué les scientifiques britanniques du British Antarctic Survey (BAS). Cet iceberg géant, comme les précédents du genre, fera l’objet d’un suivi satellitaire permettant, pendant plusieurs années, de suivre sa trajectoire.
Source : https://www.bas.ac.uk/media-post/first-ever-pictures-of-giant-iceberg-from- antarcticas-brunt-ice-shelf/
« Il s’agit d’un manchot au plumage “isabelle”, ou leucistique », confirme P. Dee Boersma spécialiste des manchots à l’université de Washington à Seattle et exploratrice National Geographic. C’est un manchot Adélie atteint d’une particularité génétique qui influe sur le nombre de pigments contenus dans son plumage.
Source : www.nationalgeographic.fr/animaux/un-manchot-blond-a-ete-observe-en-antarctique
« Recherche hommes pour voyage périlleux. Petits gages. Froid rigoureux. Longs mois de totale obscurité. Dangers permanents. Retour incertain. Honneur et reconnaissance en cas de succès. » C’est l’annonce qu’Ernest Shackleton avait publiée par voie de presse, début 1914, pour recruter les hommes qui devaient tenter la toute première traversée du continent Antarctique via le pôle Sud.
En janvier 1915, dans la terrible mer de Weddell, qui borde le continent blanc au sud de l’Atlantique, le navire de Shackleton, L’Endurance, s’est fait piéger par la banquise et n’a jamais pu s’en libérer. Prisonniers des glaces, le trois-mâts goélette et son équipage ont dérivé jusqu’en octobre et ont dû finir par quitter le navire, lequel commençait à être broyé par la glace. Le 21 novembre, L’Endurance sombrait par 3000 mètres de fond.
Le 9 mars 2022, une équipe de chercheurs embarqués sur le navire d’exploration sud-africain Agulhas 2 retrouvait L’Endurance en mer de Weddell, à l’aide d’un drone high-tech capable de plonger dans les abysses. Les naufragés de L’Endurance ont finalement tous survécu, après le succès, en août 1916, de l’expédition de sauvetage lancée pour rapatrier les 22 naufragés.
Source : .Voiles et voiliers magazine
Les conservateurs du New Zealand Antarctic Heritage Trust ont récemment découvert une curieuse boîte, prisonnière des glaces depuis plus de 100 ans. Ce trésor contenait 22 négatifs en nitrate de cellulose inédits documentant la vie des explorateurs : autrement dit des photos exceptionnelles d’un passé que l’on croyait à jamais perdu.
D’après leurs analyses, ces négatifs ont probablement été perdus près d’une hutte par un membre de l’expédition « Ross Sea Party » d’Ernest Shackleton, de 1914 à 1917. Cette folle équipée, qui avait pour but de réaliser la première traversée intégrale de l’Antarctique, s’est soldée par le naufrage du mythique « Endurance ».
Après une entreprise de restauration minutieuse, les précieuses images ont pu être développées. On y découvre des portraits de scientifiques, barbus, vêtus d’un pull à grosses mailles, posant devant des icebergs, sur le pont de l’un des navires de l’expédition (l’Aurora) ; on y découvre des clichés de l’intérieur du bateau, avec ses caisses en bois chargées de vivres, ou encore des paysages en noir et blanc de la côte Antarctique au large de la mer de Ross.
Outre l’émotion ressentie à la découverte de ces images d’un autre temps, l’exploit n’est pas anodin : ce sont les négatifs les plus vieux du monde à avoir été développés avec succès. Leur état de conservation, dans le grand réfrigérateur naturel du pôle sud, a permis de faire oeuvre d’archéologie. Le froid est un allié précieux !
Source : //nzaht.org
En analysant les sédiments profonds au large de l’Antarctique, les scientifiques ont découvert l’existence de glissements de terrain anciens ayant pu, dans un lointain passé (il y a plusieurs millions d’années), provoquer des vagues de submersion à grande échelle. D’après une étude publiée le 18 mai 2023 dans la revue Nature Communications, de nouvelles couches sédimentaires « fragiles » ont été identifiées au large de la mer de Ross (Antarctique de l’Est). Elles pourraient, hypothétiquement, générer des glissements de terrain sous marins dont l’intensité serait à l’origine de véritables « raz de marée » atteignant les côtes d’Amérique du Sud, de Nouvelle Zélande et d’Asie du Sud Est. Les scientifiques ont démontré que la formation de ces couches a eu lieu pendant des périodes de réchauffement climatique naturel, il y a bien longtemps. Rien toutefois ne permet de prédire avec certitude l’avènement de tels phénomènes dans un futur proche. Les risques géologiques engendrés par les glissements de terrain sous-marins sont méconnus, bien qu’ils aient probablement contribué à augmenter la hauteur des vagues du tsunami au Japon, en 2011. L’Antarctique fournit aujourd’hui un véritable laboratoire naturel de tels événements.
Source : www.nature.com/ncomms/
Au cours d’un forage une plate-forme de glace, des scientifiques du projet néozalandais Niwa ont détecté une rivière intra-glaciaire, c’est-à-dire une rivière « souterraine » entièrement creusée à l’intérieur de la glace. Si l’existence de ces rivières intra-glaciaires est connue, elle n’avait jamais fait l’objet d’une découverte sensationnelle : en introduisant une caméra dans ce bout du monde « hostile », à 500 mètres sous la glace, les chercheurs ont vu grouiller sous leurs yeux des milliers de petits crustacés (des amphipodes). Si l’Antarctique était autrefois à tort considéré comme un « désert de vie », on sait aujourd’hui que les écosystèmes polaires sont parmi les plus prolifiques et les plus productifs au monde. Mais nul ne s’attendait à découvrir un écosystème dans de telles conditions !
Source : //niwa.co.nz/news/the-search-for-answers-in-the-ice
Rosgeo, l’organisme russe chargé de l’exploitation des ressources minières affirme avoir découvert un gisement gigantesque de 500 milliards de barils de pétrole et de gaz sous les eaux menacées par le climat de l’océan Austral, dans un Antarctique en train de fondre et de se déliter chaque jour plus. L’exploitation de ces réserves n’entraverait pas seulement les efforts mondiaux de lutte contre la crise climatique. Connue pour faire fi des grands accords internationaux, une Russie provocatrice dans l’Antarctique pourrait détruire le statut protégé depuis des décennies de cette dernière frontière non exploitée de la Terre, et menacer, une fois de plus la paix du monde.
Au cours de l’été austral de 2021/22, c’est en effet une société de prospection russe qui a une fois de plus navigué vers le sud dans le cadre d’une mission décrétée par le Kremlin pour constituer « une base d’informations » sur « le potentiel de ressources minérales de l’Antarctique ». Selon le rapport annuel 2021 de la société de prospection, ses opérations au premier trimestre de cette année portaient sur la mer de Weddell en Antarctique occidental. Cette société de prospection est la Polar Marine Geosurvey Expedition (PMGE), basée à Saint-Pétersbourg, une filiale privatisée de la société d’État Rosgeo. De son côté, l’Institut de recherche arctique et antarctique (AARI) – l’opérateur russe des sciences polaires – confirme que des études sismiques ont été réalisées sur l’Antarctique oriental continental, ainsi qu’à bord du navire sismique russe Professor Logachev, au cours de l’été 2021/22.
Source : //up-magazine.info/planete/ressources-naturelles/104038-malgre-les-interdictions-la-russie-explore-lantarctique-a-la-recherche-denormes-gisements-de-petrole/
En février 2023, jamais la banquise estivale n’avait atteint une si faible surface en Antarctique, depuis le début des mesures satellitaires. Les scientifiques ont annoncé que seuls 1.91 millions de kilomètres carrés de banquise subsistaient autour de l’Antarctique en février 2023 (contre jusqu’à 4 millions de kilomètres carrés par le passé). Les derniers records de faible surface remontaient à 2022 et 2017.
Source : //nsidc.org
Des scientifiques britanniques ont annoncé en janvier 2023 avoir identifié une nouvelle colonie de manchots empereurs en Antarctique en utilisant des images satellites du continent, où cette espèce est très menacée par le réchauffement climatique. L’équipe de recherche a repéré la colonie de 500 membres grâce aux taches sombres bien visibles depuis l’espace que font les excréments de ces animaux sur la banquise, détaille le British Antarctic Survey, organisme britannique.
Source : www.geo.fr/environnement/une-nouvelle-colonie-de-manchots-empereurs-en-antarctique-reperee-depuis-lespace-213290
Les éditions de l’Escargot Savant / Grands Espaces publieront en 2024 une carte de l’Antarctique. Elle sera réalisée par un guide de l’équipe ayant hiverné plusieurs années à la base de Dumont d’Urville. À suivre…