Légende de l’exploration, le Norvégien Roald Amundsen fait partie, à l’instar d’Ernest Shackleton où de Robert Falcon Scott, des principaux visages de l’âge d’or de l’exploration polaire, survenu entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. Décédé, en 1928, en mer de Barents, dans de tragiques circonstances, après être parti à la recherche d’Umberto Nobile, Amundsen marque le début du XXe siècle grâce à ses nombreux exploits. Il devient ainsi le premier homme à se rendre au pôle Sud, à atteindre les deux pôles et à traverser le passage Nord-ouest, couloir reliant l’Atlantique au Pacifique. Une histoire hors du commun, que nous vous proposons de découvrir. Découvrez l’histoire exceptionnelle de cette homme de légende.
Il est de ces histoires qui fascinent. Roald Amundsen, comme beaucoup d’autres avant lui, se rêve explorateur dès son plus jeune âge. Cependant, sa famille le pousse à opter pour une carrière plus stable, sa mère voulant le voir devenir médecin. Sa disparition change beaucoup de choses et Amundsen décide de poursuivre ses rêves d’enfance.
Roald Amundsen naît le 16 juillet 1872, à quelques kilomètres seulement d’Oslo, la capitale norvégienne. Quatrième membre de la fratrie, il subit très vite la pression de ses parents qui voient en lui un futur médecin. Sa mère notamment, fera tout pour qu’il réussisse dans cette voie. Cependant, lui ne l’entend pas de cette oreille et s’imagine secrètement explorer les régions les plus reculées de ce monde. À l’âge de quinze ans, Roald Amundsen découvre notamment les écrits de Sir John Franklin, qui cartographie la grande majorité de la côte nord du territoire américain. Mais ce sont bien les exploits de Fridtjof Nansen, qui revient sain et sauf d’une exploration à skis du Groenland, en 1889, qui vont définitivement le convaincre d’opter pour l’exploration.
Forcé de mener des études de médecine, la situation évolue en 1893, à la suite du décès de sa mère. Une situation qui le pousse à envisager un changement de carrière. Il quitte l’université, et est engagé comme simple matelot sur un phoquier, pour une période de six mois. À son retour, il peaufine ses acquis grâce à son père, ancien officier de marine reconverti en armateur. Sa carrière débute réellement en 1896, lorsqu’il est engagé au sein de l’Expédition Polaire Belge. Celle-ci dure près de deux ans et est, aujourd’hui encore, considérée comme l’expédition qui lance cet âge d’or de la conquête polaire.
Sa carrière connaît une nouvelle avancée, en 1906, lorsqu’il devient le premier homme au monde à franchir le passage du Nord-Ouest, permettant de relier l’océan Atlantique, à l’océan Pacifique. Il devient également le premier à mettre le pied au pôle Sud, à la suite d’une expédition organisée entre 1910 et 1912. En 1926, il inscrit un peu plus son nom dans la légende, en devenant le seul et unique explorateur à s’être rendu aux deux pôles après avoir survolé le pôle Nord en compagnie de l’italien Umberto Nobile. Après cet exploit, la relation entre les deux hommes se dégrade. Mais le respect et la solidarité entre explorateur est toujours fort.
C’est d’ailleurs à l’occasion d’une expédition similaire, tenue quelques années plus tard, que Roald Amundsen va perdre la vie. En route pour aller secourir Nobile et ses hommes qui se sont écrasés, l’hydravion piloté par le Norvégien n’arrive finalement jamais à destination. Désorienté par un épais brouillard, l’avion disparaît dans les profondeurs de la mer de Barents.
Homme aux exploits retentissants, Amundsen laisse derrière lui un héritage bien singulier. Aujourd’hui, ses exploits sont reconnus et son nom se retrouve un peu partout, en Arctique et en Antarctique, preuve de l’impact qu’il a pu avoir. Au pôle Sud, la station Amundsen-Scott, en référence à la course polaire que se sont menés les deux individus, a été créée. En Antarctique, se trouvent la mer d’Amundsen, le mont Amundsen ou encore le glacier Amundsen. Un cratère découvert sur la Lune a même été appelé Amundsenia, en son hommage.
Roald Amundsen était un homme déterminé. Très jeune, il souhaite s’entraîner et pousser son corps dans ses derniers retranchements, dormant la fenêtre ouverte alors que la Norvège était frappée de plein fouet par les hivers rugueux. Il tient également tête à ses parents, qui ont longtemps souhaité le voir devenir médecin. Cependant, fasciné par les récits d’aventuriers, le jeune adolescent décide de faire fi des conseils de ses parents, afin de se livrer corps et âme à sa passion.
Ce caractère lui joue toutefois des tours, notamment en 1926, lorsque éclatent avec Umberto Nobile, les premières tensions. Les deux hommes souhaitent s’attirer le mérite de la réussite de leur expédition. Dans une période marquée par la montée progressive des extrêmes, Nobile peut compter sur le soutien sans failles du fasciste Mussolini, qui l’envoie faire le tour des États-Unis afin de présenter l’expédition et les résultats obtenus. Au cours de cette tournée, l’italien profite de l’occasion pour minimiser le rôle de son compère d’alors.
Très ambitieux, l’explorateur norvégien n’était pas du genre à reculer devant les défis qui lui étaient imposés. Certains de ses plus grands succès se sont d’ailleurs bâtis sur des coups du sort. Ainsi, s’il ambitionne de devenir le premier homme à mettre le pied au pôle Nord, il est finalement devancé par Robert Peary, en 1909. Ne s’avouant pas vaincu dans sa quête de légitimité, il décide alors de prendre la mer, en direction du pôle Sud.
Malheureusement, la période est faste et Robert Falcon Scott, capitaine britannique et nouveau rival d’Amundsen dans la quête du pôle Sud, envisage lui aussi de s’y rendre. S’ensuit une véritable cours contre la montre. Partant avant l’arrivée du printemps polaire, Amundsen et ses hommes font face à des conditions de navigation compliquées. Tous arrivent cependant à destination, quelques semaines avant leur grand rival.
Véritable passionné, les nombreuses avancées et découvertes du moment ont poussé Roald Amundsen à vouloir en faire davantage. Afin de mener à bien ses missions, l’explorateur suit alors les préceptes de ceux qui l’ont influencé au cours de sa jeunesse. À l’instar de Fridtjof Nansen, il tient ainsi à ce que son organisme soit parfaitement préparé aux conditions de voyage, mais également aux conditions d’hivernage. Adepte du sport, Roald Amundsen passe ainsi des heures à s’entraîner, afin de voyager dans de bonnes conditions et d’arriver, prêt et affûté. Il est aussi extrêmement méticuleux. Il lit tout ce qu’il y a à lire sur les zones qu’il rêve de visiter. Il épluche les journaux de bords d’autres expéditions, étudie les cartes de navigations… il est passionné, mais sait aussi l’importance d’une préparation pour une expédition réussie.
Héros de son enfance, Fridtjof Nansen a eu un impact important dans la vie d’Amundsen. Les deux se rencontrent d’ailleurs en 1900. À l’époque, Amundsen envisage de devenir le premier homme à franchir le passage du Nord-Ouest. Il évoque le sujet avec l’explorateur qui l’encourage et appuie ce projet.
Plus tard, Nansen ira jusqu’à lui prêter un navire, le Fram. Il s’agit d’une goélette à trois mâts, longue de 39 mètres. Il est aujourd’hui exposé à Oslo au musée du même nom.
Ce bateau doit, à l’origine, permettre à Amundsen et ses hommes de se rendre au pôle Nord, en optant pour une dérive longue de quatre années après le passage du détroit de Béring. Or, Frederick Cook et Robert Peary s’y rendent bien avant lui. Résultat, Amundsen se rabat sur le pôle Sud. Enfin, en 1918, Amundsen franchit le passage Nord-Est, devenant le premier homme à franchir les deux passages de l’Arctique. L’explorateur souhaitait alors figer son navire dans la banquise et lentement dériver. Une technique utilisée par Nansen en 1893, lorsque ce dernier tente de se rapprocher du pôle Nord. Malheureusement pour Amundsen, le plan ne se déroule pas comme prévu et l’expédition dure six années. L’occasion pour ses équipes, de mener de nombreuses opérations et études scientifiques.
Roald Amundsen participe à de nombreuses expéditions, certaines marquant l’histoire par leur caractère inédit. Lors de l’Expédition Antarctique Belge à bord du Belgica, survenue entre 1897 et 1899, il devient l’un des premiers à utiliser des skis pour se déplacer sur la banquise de l’Antarctique.
Il y fait également la rencontre de Frederick Cook, avec qui il échange sur de nombreux sujets, à commencer par les Inuits ou les chiens de traîneaux. Au fil des années, les deux hommes deviennent très proches et conservent un réel lien d’amitié au point qu’Amundsen se range du côté de son ami lorsque Robert Peary vient lui contester le fait qu’il soit bien le premier homme à avoir atteint le pôle Nord.
C’est en 1903 que Roald Amundsen organise sa première expédition avec une équipe composée seulement de 6 hommes. En passant par le nord du Canada, il souhaite ouvrir le passage Nord-Ouest, reliant l’Atlantique au Pacifique. Une mission couronnée de succès trois ans après ses débuts, en 1906. L’équipage rejoint alors alors le Pacifique avant de prendre la direction de Nome, en Alaska. Un exploit retentissant, qui doit sa réussite à sa préparation et ses choix, notamment d’utiliser un bateau plus petits que ses prédécesseurs, le Gjøa (21 mètres),avec notamment un très faible tirant d’eau. Si l’équipage était parti avec un navire plus imposant, jamais il n’aurait été en mesure de traverser.
Pour l’anecdote, Amundsen ne savait rien de ce qu’il se passait dans son pays à cette époque. Or, à ce moment, la Norvège gagne son indépendance en se séparant du Royaume de Suède. En apprenant la nouvelle, Roald Amundsen envoie un télégramme au roi Haakon VII, afin de lui confirmer le succès de son expédition, mais aussi et surtout, dans le but de lui exprimer sa sympathie.
S’il avait pour ambition de devenir le premier homme à poser le pied au pôle Nord, Amundsen se fait devancer par Robert Peary et ses hommes, en 1909.L/’explorateur se tourne alors vers le pôle Sud, une terre qui reste à conquérir. L’expédition part au cours du mois d’août 1910. Au début du mois de septembre de la même année, Amundsen écrit au Britannique Scott, déjà en route à la conquête du Pôle Sud, afin de l’informer de son objectif.
L’arrivée s’effectue le 14 janvier 1911. Amundsen et ses hommes décident d’installer leur camp de base après avoir accosté dans un port naturel de la baie des Baleine, à l’Est de la Barrière de Ross. Le 19 octobre de la même année, Amundsen accompagné de quatre de ses hommes (Bjaaland, Hanssen, Hassel et Wisting) partent avec quatre traîneaux et 52 chiens. Ils fondent en direction du glacier Axel Heiberg. Après l’avoir franchi en l’espace de trois jours, l’équipe traverse une zone renommée la « Boucherie ». Afin de survivre, les quatre explorateurs doivent abattre 27 de leurs chiens. Ils traversent ensuite le « glacier du diable » ainsi que la « salle de danse du diable » avant d’arriver au pôle Sud. Nous sommes alors le 14 décembre 1911. Le retour, tout aussi compliqué, se fait le 25 janvier 1912. L’aller-retour aura duré 94 jours, pour une distance totale parcourue estimée à près de 2824 kilomètres.
En 1918, il devient le premier homme à traverser le passage Nord-Est, entre l’Antarctique et le Pacifique. Huit années plus tard, en 1926, il marque une nouvelle fois les esprits en devenant le premier individu au monde à se rendre aux deux pôles. En effet, il accompagne Umberto Nobile et survole le pôle Nord dans un dirigeable, qui part de Rome pour se rendre à Ny-Ålesund, dans le Svalbard, avant de reprendre son chemin. Deux années plus tard, Nobile repart, avant de connaître un terrible accident. Si les deux hommes se sont éloignés, l’explorateur norvégien, détenteur du brevet de pilote, tente d’aller le secourir. Quelques heures après sont départ, il ne donne plus aucun signe de vie.
Premier homme à avoir atteint le Pôle Sud, premier homme à avoir navigué par les passages Nord-Ouest et Nord-Est, mais également premier individu à s’être rendu aux deux pôles, Roald Amundsen est une légende du monde de l’exploration. Décédé de manière tragique le 18 juin 1928, à l’âge de 55 ans, il laisse derrière lui un lourd héritage. De là à le considérer comme le plus grand explorateur polaire au monde ? Ses faits d’armes semblent parler pour lui.