« Perdus dans l’Arctique », le récit de l’extraordinaire expédition Alabama.

Le film « Perdus dans l’Arctique », disponible depuis le début du mois de mars sur la plateforme Netflix et présenté au Festival de Berlin 2022, n’est rien d’autre que le récit d’une histoire bien réelle, celle d’une expédition tumultueuse au coeur de l’Arctique, au Groenland. Retour sur la formidable épopée du capitaine danois Ejnar Mikkelsen et de son équipier qui deviendra son fidèle ami, Iver Iversen.

À l’origine de cette expédition polaire, il y a une revendication, avancée par le célèbre explorateur Américain Robert Peary, selon laquelle le Groenland serait divisé en deux territoires distincts. C’est en 1906 qu’une première mission danoise est menée pour réfuter cette thèse : c’est l’expédition Danemark. Celle-ci, menée par les explorateurs Ludvig Mylius-Erichsen, Niels Peter Høeg Hagen et Jørgen Brønlund, est menée à bien durant deux longues années, permettant de cartographier une grande partie du Groenland, de recenser de nombreux fjords, et de rassembler un grand nombre de données scientifiques. Malheureusement, l’expédition Danemark connaîtra une fin tragique, et les trois principaux membres de son équipage ne survivront pas aux conditions extrêmes du Grand Nord. Bien que cette expédition ait permis de grandes avancées scientifiques mais également géographiques, les membres de l’expédition ne seront pas parvenus à ramener les éléments nécessaires pour contrer l’hypothèse de Peary…

Ainsi, pour des revendications géopolitiques, une seconde expédition est lancée en 1909, avec à sa tête le capitaine Ejnar Mikkelsen : c’est l’expédition Alabama. Il s’agit là de finir les recherches entreprises par la précédente expédition, mais aussi de retrouver les corps d’Erichsen et de ses compagnons, ainsi que leurs précieux carnets de voyage…

Au cours de cette expédition, le navire Alabama est pris par les glaces au large de l’île de Shannon. C’est alors que plusieurs groupes se constituent, tous chargés de diverses missions. Mikkelsen part donc sur les traces de son prédécesseur, Erichsen. Après un premier essai avec un de ses équipiers dont les membres n’auront pas résister au froid polaire, Mikkelsen tente une deuxième expédition, accompagné cette fois de l’unique volontaire, Iver Iversen, un jeune mécanicien qui a rejoint la flotte à Reykjavik afin de réparer l’Alabama. Iversen n’est alors qu’un jeune homme sans expérience, affrontant pour la première fois le froid arctique et les incertitudes des explorations polaires.

Commence alors un long et tumultueux périple de 28 mois, durant lequel les deux hommes n’affronteront que la rudesse de ces régions polaires, affrontant le froid glacial et les tempêtes de neige du rude hiver polaire, et même les attaques du seigneur de ces lieux, l’ours polaire. Les épopées durant l’été, avec le jour permanent, sont tout aussi harassantes, les deux hommes se traînant dans le flush, mélange d’eau et de neige fondante. Très vite, ils font face au manque de nourriture…

Ils seront alors contraints d’abandonner une partie de leur matériel, dont les traîneaux, journaux de bords et autres objets encombrants. Ils prendront soin de garder malgré tout leurs pellicules photos, qui illustrera, plus tard, leur formidable épopée… Les deux hommes parviennent à retrouver des dépôts de nourriture laissés par l’équipage d’Erichsen, quand ils n’ont pas été vidés, et s’emparent avec émotion des rapports et lettres essentiels que l’explorateur a laissé derrière lui, avec en son coeur des informations capitales.

Après de longs mois sans autre interaction humaine et dans des conditions extrêmes, les deux équipiers rejoignent la cabane de Danmarks Havn, où ils avaient prévu d’y retrouver le reste de l’équipage et engager le retour vers le continent… En vain… Aucun homme n’est retrouvé auprès de la cabane, ils ne seront pas non plus sur l’île de Shannon, où l’Alabama, abandonné, n’est plus qu’une triste épave. Le reste de l’équipage ont alors récupéré le bois de l’Alabama pour y construire un refuge. Les deux hommes entament alors, à regret, un troisième hivernage, nourris par l’espoir qu’un bateau ne vienne les sauver…

Et c’est en 1912 qu’enfin, le miracle se produit. Un baleinier norvégien les retrouve fortuitement durant l’été et leur porte secours. Les deux hommes alors portés disparus, feront leur grand retour dans le port d’Aalesund en Norvège, où ils seront accueillis par le consul du Danemark.

Au retour de cette expédition, qui durera trois longues années, Ejnar Mikkelsen rédige alors le récit de leur épopée dans un livre intitulé « Lost in the Arctic », mais dans lequel son ami et équipier Iver Iversen n’aura pas vraiment sa place, alors même que leur amitié a joué un rôle essentiel dans la survie des deux explorateurs. Ainsi, au cours des années 50, Mikkelsen se lance dans le réécriture de son récit et publie « Deux contre la glace ». C’est de cette deuxième édition mais aussi des écrits tenus par Iversen, délivrant de précieux détails quant à leur relation et leur épopée, que se base le film présenté au Festival de Berlin 2022 et disponible sur Netflix, « Perdus dans l’Arctique », à découvrir.