Retour de terrain : notre équipe en Arctique !

Cet été, Grands Espaces a enfin pu voir partir l’ensemble de sa flotte dans les contrées arctiques pour une saison d’exception : l’Explorer, nouveau yacht polaire de 12 passagers, réalise ses premières navigations dans les eaux gelées de l’Arctique et l’Ocean Nova, lui, est enfin remis à flot, après une longue sieste de deux années.

A cette occasion, l’ensemble de notre équipe qui vous accueille, vous conseille et communique auprès de vous le reste de l’année, se rend à tour de rôle sur le terrain afin de découvrir ou redécouvrir ces immensités polaires qui constituent le coeur de notre activité.

Aujourd’hui, moi, Laureline Armand, Responsable du contenu Web, tient à témoigner sur cette croisière d’exception que j’ai pu réalisé au Spitzberg, à bord de l’Ocean Nova.

L’arrivée au dessus de l’archipel du Svalbard est déjà un spectacle en soi : le front collé au hublot de l’avion qui nous mène vers la capitale la plus septentrionale au monde, je ressens déjà de l’émotion… L’émotion de redécouvrir ce monde polaire qui m’avait tant subjugué l’année passée, l’émotion d’être à nouveau coupée du monde, moi qui en temps normal, communique sur nos destinations à travers les réseaux sociaux, l’émotion d’enfin connaître ce navire polaire dont on me parle tant, l’Ocean Nova.

Si la première appréhension de ce navire est quelque peu déroutante, on se rend bien vite compte que ce qui nous apparait comme un véritable labyrinthe les premières heures de navigation devient bien assez vite, notre maison. Chacun prend rapidement ses habitudes, l’un scrute l’horizon aux jumelles à la recherche du célèbre plantigrade, l’autre perd son regard dans les grandes baies vitrées du salon panoramique, d’aucuns s’alimentent de récits polaires dans la bibliothèque feutrée.

Dès les premières heures de la croisière, le paysage qui s’offre à nous est irréel : des containers et vestiges miniers de Longyearbyen, nous passons aux pics enneigés de l’île du Spitzberg et ses premiers glaciers…. Faire face à ces colosses de glace laisse songeur, le silence arctique est brisé par les craquements de ces colosses aux mille reflets, donnant vie à cette immensité. Bien souvent, les phoques profitent du brash et des bourguignons vêlés par ces glaciers pour se laisser bercer par les flots arctiques, et faire le bonheur des photographes.

Et puis bien vite vient la rencontre avec le seigneur de l’Arctique. Lors de cette croisière, nous avons eu la chance inouïe d’observer l‘ours polaire dès le deuxième jour. Une fois le dîner avalé, l’équipe d’expédition nous embarque sur les zodiacs pour se rendre dans la baie d’Hamilton, où, sur un chapelet d’îles aux tons pastels, évoluent une femelle suitée de ses deux oursons, prenant un malin plaisir à déloger les oeufs des sternes arctiques qui s’agitent au dessus d’eux. Le moment est intense, presque solennel… L’émotion de retrouver cet être mythique est toujours aussi intense, tout comme la toute première fois.

Les découvertes s’enchainent, et je découvre, stupéfaite, l’immensité de la banquise, théâtre de vie animale, celle qu’on imagine à perte de vue, bien au delà de l’horizon. J’ai posé mon pied sur cette glace de mer tel le premier homme qui pose son pied sur la lune, avec une émotion puissante, de celle qui vous transit tout le corps.

Puis nous allons encore plus loin, à la lisière de toute carte bien connue du Spitzberg, là où 1% seulement des croisières expéditions n’ose aller : l’île blanche, Kvitoya, théâtre de nombreuses expéditions polaires infructueuses, laissant place aux mythes et légendes que l’on se raconte autour du traditionnel goûter servi à bord du navire. Coiffée de sa grande calotte glaciaire, l’île blanche resplendit sous le soleil d’été, et nous offre un spectacle étonnant : d’abord un ours qui vient nous renifler aux abords de l’Ocean Nova, puis une mère allaitant son petit de l’année, et enfin, un quatrième ours déambulant sur la grève avant de se creuser son « nid » dans une neige immaculée.

De retour vers le sud, nous longeant la fantastique barrière de glace d’Ausfona, 160 km de long. Ici, c’est un festival d’icebergs qui nous attend, exposés au devant du front de glace comme un galleriste expose ses oeuvres d’art. Spectres redoutés ou sources d’eau pure, ces cathédrales de cristal, toutes de turquoise, d’émeraude, de neige et d’azur signent ce paysage polaire. Aux abords de Brasvelbreen, le capitaine manoeuvre habilement notre navire polaire afin de nous approcher au plus près des bédières, ces cascades qui dévalent les glaces dans un flux puissant… mon coeur explose.

Et puis vient Alkefjellet, cathédrales de roches basaltiques qui s’élèvent au dessus de l’océan pour accueillir des centaines de milliers de guillemots de Brunnich venant s’y nicher pour l’été. Si les crissements et cliquetis de la glace venaient jusqu’ici bercer nos oreilles, les piaillements des oiseaux offrent un tout autre concert !

Et puis, le retour sur l’île du Spitzberg, ses fjords profonds, les couleurs mordorées de la toundra et la faune qui la foule…

Avant de partir, mon entourage me disait « Tu repars encore au Svalbard, tu connais déjà non ? » Non, on ne connaît jamais vraiment tous les secrets de cet archipel polaire, tous les recoins de tous les fjords, tous les glaciers qui ne cessent de vêler…Les couleurs du ciel vont et viennent au gré des saisons, les oiseaux migrent vers d’autres horizons, la faune vit en fonction de ses besoins, et non de nos envies…

Ainsi, j’ai vécu ce voyage comme le premier, et je rentre à chaque fois plus changée, car c’est en connaissant ces mondes fragiles que naît ou renaît le désir profond de les protéger…