L’Antarctique est un continent particulièrement hostile, inhospitalier, pour les hommes mais aussi pour les espèces qui peuplent le continent. C’est pourquoi la faune résistant au froid de cette partie du monde se concentre particulièrement sur les côtes et dans l’océan austral. Le coeur des terres, grand désert blanc, reste particulièrement vierge de toute présence animale. Découvrons les animaux bravant les conditions extrêmes de ces terres lointaines.
Ces petits crustacés à peine visibles, se nourrissant principalement de phytoplanctons, peuplent les eaux glaciales de l’océan austral. Le Krill antarctique, Euphausia superba, constitue une biomasse pouvant atteindre les 500 000 000 tonnes, ce qui en fait, avec les copépodes, l’une des espèces aquatiques les plus abondantes de la planète. Et ce n’est pas pour en déplaire aux espèces peuplant le continent antarctique… Chaque année, baleines, phoques, poissons, manchots et autres oiseaux engloutissent des millions de tonnes de ces minuscules crustacés, à la base de la chaîne alimentaire de ce bout du monde.
Krill antarctique, Euphausia superba ©Uwe Kils, Source Wikipedia
L’Antarctique est un bel endroit pour les passionnés d’ornithologie. En effet, quelques 43 espèces d’oiseaux vivent dans la zone australe, représentant environ 200 millions d’individus. Si cela ne représente que peu d’espèces par rapport à d’autres parties du monde, on compte parmi eux des espèces emblématiques qui font le bonheur des passionnés, comme les pétrels et les albatros, appartenant à la famille des Procellariiformes.
Sous ce nom barbare se regroupent les oiseaux austraux les plus nombreux : ceux qui se nourrissent au large. Un caractère commun apparaît également dans la forme du bec à narines tubulaires, dont le rôle est probablement multiple : développement de l’odorat pour l’orientation (repérer les proies au large, retrouver le nid), excrétion du sel largement excédentaire dans l’alimentation marine de ces oiseaux…
Pendant longtemps, les explorateurs désignaient les manchots comme des «sous oiseaux», mi–poissons, mi–oiseaux incapables de voler. Les études phylogénétiques modernes
nous éclaircissent sur les origines de ces animaux étranges et symboliques de l’Antarctique : leur ancêtre était apparenté aux pétrels et volait parfaitement… il y a de ça 60 millions d’années ! N’ayant pas de prédateur terrestre, ce proto-pétrel décida un jour d’abandonner le vol. Son corps s’est alors adapté au milieu marin, les ailes se sont réduites pour se transformer en ailerons, avec une phase intermédiaire où l’animal devait encore être capable de voler et de nager.
Pendant la majorité de leur évolution, les manchots ont vécu en mers chaudes. Ce n’est que « récemment » (moins de 10 millions d’années, refroidissement planétaire général) qu’ils se sont adaptés au froid en occupant à peu près leur aire de distribution actuelle. Les manchots ne sont donc pas des « sous oiseaux » mais le super résultat d’une évolution complexe et réussie.
Il existe dans le monde 17 espèces de manchots dont 8 sont propres aux régions antarctiques. Durant nos voyages en péninsule antarctique, nous avons la chance d’observer au moins 3 espèces: le manchot papou dont la population totale est d’environ 300 000 couples, le manchot Adélie dont la population totale est estimée à environ 2,5 millions de couples et le manchot à jugulaire, dont la population mondiale est estimée aujourd’hui à 7,5millions de pairs ! D’autres espèces emblématiques, peuvent également être observés en Antarctique : Les manchots empereurs, les manchots royaux ou encore les Gorfous sauteurs et macaroni.
Ces mammifères marins aux pattes en forme de nageoire se partagent aussi les territoires antarctiques. Grâce à leur épaisse couche de graisse, ces animaux parviennent parfaitement à résister aux températures glaciales.
Le phoque crabier est l’espèce la plus présente sur le continent et sa population a largement augmenté durant les dernières décennies; on en compte aujourd’hui plus de 15 millions d’individus. Cela s’explique en partie par la chasse à la baleine qui a eu lieu (et qui continue parfois de sévir) des années durant dans les eaux de l’Antarctique. La population de baleine baissant, cela a entrainé une augmentation du krill, générant ainsi la prolifération de certains phoques qui n’étaient pas ou peu chassés, tel que le phoque crabier.
Car oui, le phoque crabier se nourrit essentiellement de krill et non de crabes comme son nom pourrait le suggérer. On l’appelle « crabier » car dans les premières observations de cette espèce, on voyait dans ses excréments des petites coquilles qui ressemblaient à des petits crabes, qui s’avéraient donc être du krill.
Grand carnivore, le léopard des mers, lui, doit son nom à son manteau de fourrure tacheté et à son caractère de prédateurs. Bien qu’il se nourrisse également de krill comme les autres phocidés d’Antarctique, il peut aussi s’attaquer aux jeunes phoques et est reconnu pour sa férocité envers les manchots, qu’ils dévorent à l’aide de leur puissante mâchoire.
De même, phoques de Ross, phoques de Wedell, léopards des mers, éléphants de mer du Sud et otaries à fourrure peuplent les eaux et les côtes australes.
Les eaux glaciales de l’Antarctique sont peuplés par les plus grands mammifères marins, les baleines. C’est l’une des parties du monde les plus propices pour l’observation de ces géants marins. En effet, durant l’été austral, d’octobre à mars, de nombreuses espèces de baleines migrent vers le sud pour se nourrir et se reproduire. Il est alors fréquent d’observer les grandes baleines bleues, les baleines à bosse, des rorquals communs, cachalots…
L’orque, qui appartient à la famille des dauphins, est aussi un des cétacés qui peuplent les eaux australes. Ces mammifères voyagent régulièrement en groupe, rendant l’observation d’autant plus exceptionnelle.