Tété-Michel Kpomassie est né en 1941, au Togo. Membre de l’ethnie Mina, il ne se prédestinait absolument pas à devenir le premier Africain de l’histoire, à rejoindre le Groenland. Cependant, sa passion pour cette île s’est déclarée à la suite d’un grave accident, qui a bien failli lui coûter la vie. Né au sein d’une famille traditionnelle africaine, le jeune homme , lors de ses 16 ans, tombe nez à nez avec un python, alors qu’il cueillait des noix de coco. S’il s’en remet, son père souhaite qu’il devienne prêtre, comme pour célébrer la vie qu’il n’a pas perdu. Effrayé par cette idée, Tété-Michel fuit au Groenland, après être tombé sur le livre, « Les esquimaux du Groenland à l’Alaska ».

Alors qu’il se trouvait au sein de la bibliothèque évangélique de Lomé, Tété-Michel Kpomassie découvre un ouvrage intitulé « Les esquimaux du Groenland à l’Alaska ». Ce sera le début de son histoire d’amour avec le monde polaire. Dès lors, son seul et unique objectif est de rejoindre le Groenland, peu importe la façon d’y arriver. Son voyage débute très rapidement et durera en tout et pour tout, huit ans. Une aventure hors du commun, qui sera racontée plus tard dans un livre, « L’Africain du Groenland ».

Tete Michel Kpomassie - Explorateur

Tété-Michel Kpomassie, une aventure longue de huit ans

Tété-Michel Kpomassie, une histoire hors du commun 

À l’âge de 16 ans, Tété-Michel Kpomassie subit un véritable traumatisme, qui animera par ailleurs, sa volonté de quitter le Togo. Alors qu’il cueillait des noix de coco, ce dernier se retrouve nez à nez avec un python qui le fait tomber de son arbre. Heurtant le sol, le jeune homme s’évanouit. Il est alors ramené chez lui par ses frères qui ont tout observé de scène. Sa famille, très traditionnelle, tente de le soigner à l’aide de plantes locales. Toutefois, l’état du jeune garçon empire et son père décide de l’emmener voir une guérisseuse, dans une « forêt sacrée ». Remis sur pied, il rentre chez lui et apprend que sa famille, souhaitant rendre hommage à celle qui lui a permis de rester en vie, a décidé de le pousser en direction d’une carrière de prêtre. Une idée terrifiante à ses yeux, d’autant qu’il ne dispose d’aucun moyen de pression afin de faire changer d’avis son père.

Heureusement pour lui, un livre va venir tout bousculer. Alors qu’il se trouve à la Librairie Évangélique de Lomé, Tété-Michel Kpomassie tombe sur un ouvrage évoquant le Groenland. Fasciné par ce désert de glace, il s’imagine vivre sous -40 degrés, une température qui n’évoquait absolument rien pour lui à l’époque. Comprenant par la même occasion que ces terres ne comportent pas de serpents, sa hantise désormais, il se met en tête de tout faire afin d’y parvenir. Une manière de dire non à sa famille et de refuser le destin qui lui est promis. 

Quittant les siens et ses repères, Tété-Michel Kpomassie entame un voyage long de huit ans, qui va le mener jusqu’au Groenland. Traversant l’Afrique de l’Ouest, il passe par la Côte d’Ivoire, le Ghana ou encore le Sénégal. Il réussit à rejoindre l’Europe, en passant par la France, l’Allemagne puis le Danemark. Il s’agit alors de son dernier arrêt avant le Groenland, qu’il rejoint en 1965, soit huit ans après son départ. La singularité de cette aventure réside dans le fait que Tété-Michel Kpomassie n’avait aucun fond et surtout, aucune connaissance au sujet du Groenland, si ce n’est celles qu’il a pu lire dans son ouvrage. 

Le diable en personne ?

En arrivant sur place, Kpomassie est vite perçu comme le diable en personne. Premier homme issu du continent africain à avoir jamais mis les pieds au Groenland, ce dernier est pris pour le géant à la peau noire vivant dans les montagnes du Groenland, géant issu de la légende de Torngarsuk. Très vite toutefois, l’explorateur gagne la confiance des locaux, qui comprennent que l’homme n’est ici que pour vivre son rêve. En effet, il discute beaucoup avec les enfants qui le suivent et qui sont curieux de le voir, d’en apprendre plus sur ses racines. Heureux, Tété-Michel Kpomassie raconte comment il a dû leur expliquer ce qu’était un arbre et la façon dont il pousse. Ce dernier évoque également la vie en Afrique, les animaux qu’il peut y rencontrer ou encore son incroyable voyage. Un échange qui lui permet d’être rapidement adopté par la communauté inuite. Il est alors initié aux conditions de vie locales. L’expérience est tellement concluante que l’aventurier en vient même à considérer le Groenland comme étant sa propre patrie. 

Sur place, il y restera pas moins de deux ans. Apprenant la langue et les coutumes locales, il se fond dans la masse au point de devenir lui-même, un inuit. Après 24 mois passés sur place, il décide toutefois de rentrer. En effet, s’il aurait aimé passer le reste de sa vie sur place, il prend la décision de raconter son incroyable histoire. Prenant le temps d’écrire, il dévoile son ouvrage « L’Africain du Groenland » en 1980. Son livre retrace l’ensemble de son aventure et lui permet de gagner en reconnaissance. Traduit en huit langues, cet ouvrage, en plus d’être un best-seller, est une véritable source d’inspiration pour les personnes souhaitant en apprendre plus sur le Groenland, les inuits et leurs coutumes et ce, même la situation a bien évolué depuis. En effet, à l’époque de Tété-Michel Kpomassie, le Danemark n’avait pas entièrement imposé sa pâte sur la région. Résultat, les locaux vivaient encore des bienfaits de la nature. 

L’Africain du Groenland, un livre au succès indéniable

Tete Michek Kpomassie - Explorateur - Croisière Groenland

L’expérience anthropologique de Tété-Michel Kpomassie

Dans son ouvrage, l’explorateur dresse un portrait précis et détaillé des inuits avec qui il a passé une partie de sa vie. À l’image de Matthew Henson avant lui, Tété-Michel Kpomassie est frappé par le rôle de la femme au sein des clans. En effet, ces dernières sont échangées entre les hommes des tribus. Plus tard, il explique que cette façon de faire est surtout liée au mode de vie dangereux des inuits. Des hommes de famille, qui partent chasser ou pêcher, peuvent très bien ne jamais revenir. En agissant ainsi, les inuits permettent à l’ensemble de la communauté de continuer à vivre et profiter des bienfaits de la nature. 

C’est, selon ses dires, cet ensemble de différences culturelles qui l’a poussé à rentrer chez lui, afin de raconter et détailler son expérience. En arrivant en Europe, il est rapidement frappé par cet ensemble de différences et redécouvre un monde qu’il a quitté, mais qui semble être en constante évolution. Sur place, il commence l’écriture de son ouvrage et critique par la même occasion, celles et ceux qui, partis, ne reviennent jamais. À ses yeux, cette « double-culture » doit être partagée au reste du monde. Considéré comme un esquimau à part entière, il profite donc de son statut pour détailler avec précision cette période de sa vie. Son récit est incroyable mais mal perçu chez les siens. Amusé, il raconte plus tard, avoir éprouvé quelques difficultés à se faire comprendre, notamment en ce qui concerne les différents concepts de la neige, de la glace ou encore de la chasse sans arbres.

Tete Michel Kpomassie - Explorateur Groenland

Un apprentissage perpétuel

Afin de parfaitement se fondre dans la masse, Tété-Michel Kpomassie a été forcé de s’acclimater et de s’adapter à tout un ensemble de coutumes qui étaient bien loin des siennes. Tout d’abord, le froid. En venant du Togo, Tété-Michel Kpomassie a affirmé n’avoir jamais imaginé qu’il était possible de subir de telles températures. La nourriture ensuite. Les différents régimes auxquels il été habitué au cours de sa jeunesse et ses voyages, ont été remplacés par de la viande, de la graisse et des intestins de phoques ou encore, de la baleine. Enfin, la langue, qu’il a appris avec grand plaisir et qui lui a permis de mieux communiquer et appréhender la culture. 

Son seul regret, d’un point de vue culturel, concerne l’approche des inuits et des Groenlandais à l’alcool. Chez lui, cette boisson est destinée aux dieux, aux ancêtres avant d’être consommée par l’homme. Sur place, les ravages se font rapidement ressentir, d’autant que la promiscuité est de mise, au nom de la chaleur humaine. Aujourd’hui d’ailleurs, dans un pays en proie au chômage et au manque de visibilité, la jeunesse souffre et consomme de plus en plus d’alcool. Plus d’un adolescent sur quatre a tenté de mettre fin à ses jours. Dans tous les cas, si les premiers jours ont été compliqués, la finalité reste la même. Envouté par le Groenland, il se définit lui-même comme un amoureux de ce pays.

Âgé de 16 ans, Tété-Michel Kpomassie quitte le Togo par peur de ses parents. Son père souhaite effectivement faire de lui un prêtre. Soucieux de ne pas se tourner vers cette voie, il décide de tout abandonner après être tombé sur un livre évoquant le Groenland. Son aventure durera dix ans. Huit ans durant, il voyage à travers l’Afrique de l’Ouest et l’Europe, avant de quitter le continent pour se rendre sur l’île tant fantasmée. Son ouvrage, « L’Africain du Groenland », raconte son incroyable aventure et confirme un constat, Tété-Michel Kpomassie, est bien devenu un inuit à part entière !

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