Situé à l’Est du Groenland ainsi qu’à l’extrême Nord de la Norvège et de l’Islande, l’archipel du Svalbard gagne à rester discret. Sa position géographique reculée ainsi que la dureté des conditions climatiques rend l’accès difficile à ce lieu. Le naturel de la région est saisissant et ne cesse de surprendre celles et ceux qui osent s’y rendre. Découvrez donc sans plus attendre les formidables atouts de celle que les Vikings ont surnommé, « La Terre Froide ».
Un voyage au Svalbard ne s’improvise pas comme ça, l’histoire nous le prouvant. Les premières mentions officielles de la découverte de la région remontent à 1596. À l’époque, c’est Willem Barentsz, explorateur néerlandais qui évoque dans ses écrits une zone difficilement habitable, regorgeant de secrets visiblement bien gardés. C’est d’ailleurs lui qui, à la vue des montagnes de l’archipel, aurait donné son nom à l’île de Spitzberg (« montagnes pointues »).
Toutefois, de vieilles légendes vikings aiment à raconter que l’archipel fut découvert pour la toute première fois aux alentours du 12e siècle. Dans de vieux textes oubliés de 1194, il est effectivement fait référence aux « côtes froides » (Svalbard). Grands voyageurs, les intrépides guerriers nordiques seraient donc les premiers à y avoir posé le pied. Qu’importe après tout, puisque la région est remarquée et s’offre une place sur les cartes du monde. Une exposition nouvelle qui, dès le 17e siècle, permet d’attirer les regards de nombreux curieux, notamment des chasseurs de baleines prêts à y investir temps et argent afin de prendre part à ce juteux commerce.
Le monde évoluant rapidement, l’industrie minière prendra la suite à partir du 19e siècle et ce, jusqu’à la fin du 20e. Les ressources abondent et de nombreuses mines de charbon sont érigées. Aujourd’hui, le secteur est quasiment à l’abandon puisqu’une seule mine subsiste. Une stratégie assumée puisque les autorités souhaitent désormais se tourner vers de nouvelles sources d’énergie, dont l’éolien, une solution plus respectueuse de l’environnement. De quoi laisser le rôle de locomotive de l’économie locale aux secteurs du tourisme et de la recherche; d’autant que l’argent dépensé sur place reste au Svalbard et ne revient pas à la Norvège dans sa globalité puisque depuis 1925 et la signature du Traité de Svalbard, la région est une zone franche. Résultat, il n’y a aucune TVA qui y est imposée.
Partie intégrante de la Norvège bien que jouissant d’un statut d’autonomie un peu particulier, le Svalbard profite de sa particularité pour imposer quelques règles très strictes aux voyageurs désireux de le visiter. Soucieux de préserver son patrimoine, sa faune et sa flore, le territoire fait donc les yeux doux aux plus respectueux de l’environnement, d’autant que s’y rendre est quelque peu compliqué. En effet, seules quelques compagnies aériennes, telles que SAS, Norwegian Airlines et Finnair effectuent le voyage depuis Oslo en direction de l’aéroport de Longyearbyen, capitale de l’archipel située sur l’île de Spitzberg, l’une des deux seules îles habitées.
Sur place, les voyageurs auront l’occasion de participer à de multiples activités, toutes soumises à des arrêtés et des restrictions visant à assurer la qualité du service, mais également la protection des sites culturels concernés et des voyageurs. De fait, les tour-opérateurs sont invités à respecter des règles relativement strictes qui impliquent leur responsabilité en cas de dérapage et ce, que les activités se déroulent sur terre ou en pleine mer.
Le meilleur des moyens afin de visiter et comprendre la région reste le bateau. De nombreuses croisières polaires sont ainsi proposées aux touristes, notamment autour de l’île de Spitzberg en passant par la falaise d’Alkefjellet, l’île de la Terre du Nord Est et le détroit d’Hinlopen. Ces expériences en pleine mer se réalisent par petits groupes, généralement accompagnés d’un ou de plusieurs guides scientifiques. L’idée ici, est de permettre à celles et ceux qui ont décidé d’opter pour cette expédition polaire, de repartir avec une approche claire et détaillée de la région ainsi que des spécificités de Svalbard.
Grands Espaces est le spécialiste francophone depuis plus de 20 ans des croisières explorations polaires. Nos navires à taille humaine, 12 à 75 passagers, emmènent les voyageurs au coeur du Svalbard, royaume de l’ours polaire. Ces croisières expéditions sont accompagnées par une équipe de guides polaires, spécialistes de la région. En moyenne, vous retrouverez à bord au moins un guide pour 10 passagers, afin de transmettre un maximum d’informations sur ces régions passionnantes.
Le gouvernement ayant mis l’accent sur le respect de l’environnement et du microcosme local, la nature jouit de pratiquement tous ses droits au Svalbard. Si la flore de la région souffre très clairement du climat froid et rugueux, la température moyenne au sein de l’archipel étant de -5,7 degrés, 170 espèces y ont tout de même été recensées, réussissant à parfaitement s’adapter aux conditions météorologiques. Racines charnues, profondes et tenaces, autofécondation et autres phénomènes naturels, les plantes ont su développer divers stratagèmes au fil du temps afin de parfaitement s’acclimater aux conditions et survivre malgré un été relativement court et le manque de lumière. Bien évidemment, si le chiffre avancé est important, le Svalbard ne tient pas la comparaison avec le nord de la Norvège continentale et ses 500 espèces, qui elles, bénéficient de conditions plus avantageuses et propices à leur développement.
Outre le froid, la prolifération des plantes est également cadenassée par la toundra. Les immenses étendues de cette végétation typique des régions froides et polaires, rendent très difficile la croissance ainsi que le bon développement de la nature, en bord de mer notamment.
L’ours blanc fait partie des espèces les plus représentées au sein de la faune de Svalbard. Avec une densité assez importante, les décomptes effectués à la fin des années 2010 faisant état d’une présence d’environ 1000 ours sur le territoire, ce mammifère a su coloniser et apprivoiser les terres difficiles de l’archipel.
Second mammifère à avoir élu domicile au Svalbard, le renard arctique qui lui, se trouve un peu partout sur l’archipel. Plus petit qu’un renard roux classique, le renard arctique pèse entre 4 et 6 kilos et peut vivre jusqu’à 14 ans. Sa particularité réside notamment dans le fait que sa fourrure change en fonction des saisons. Blanc l’hiver, ce dernier mue lorsque l’été pointe le bout de son nez, son pelage virant alors au marron/gris. Une autre espèce de renard, appelé le renard bleu (qui n’a d’ailleurs de bleu, que le nom), garde le même pelage marron toute l’année. Toutefois, il ne représente que 3% de la population totale des renards sur l’archipel.
Des fourrures qui deux siècles durant auront attiré l’œil des trappeurs, qui n’ont pas hésité à multiplier les ruses et les pièges afin d’abattre des milliers d’entre eux. Très résistant au froid, le renard arctique voit sa population croître et décroître en fonction des saisons, à cause notamment de la nourriture qui se veut abondante ou difficile à trouver. L’été, le renard arctique va ainsi se cacher sous les colonies d’oiseaux et tenter de les chasser. L’hiver en revanche, la situation est un peu plus difficile à gérer. S’ils sont capables de résister au froid, les renards arctiques ne trouvent que très peu de nourriture, se contentant alors de suivre les ours polaires afin de se satisfaire des restes de leurs proies.
Le renne de Svalbard, qui est une sous-espèce du renne classique, a su s’adapter à son environnement et au grand froid afin de s’installer durablement dans la région. Mammifère le plus simple à observer au Spitzberg, le renne de Svalbard souffre d’une vue relativement médiocre, ce qui le pousse parfois à se rapprocher des dangers qui peuvent le guetter. Autrefois victime de la chasse, le gouvernement a décidé de revoir sa copie. Résultat, depuis 1983, il est toujours possible de chasser le renne, en quantités limitées toutefois. Véritable star de l’archipel, l’animal est souvent photographié dans son élément naturel. Le photographe Francis De Andres a d’ailleurs été nommé au Wildlife Photographer of the Year LUMIX People’s Choice Award de 2020 pour l’un de ses clichés représentants ces animaux.
Toute cette nature semble être parfaitement organisée afin qu’aucun être vivant ne manque de rien, chacun récitant sa partition à la perfection. Ainsi, il convient de souligner le rôle joué par les oiseaux au sein de ce fabuleux manège. En effet, ces derniers permettent aux rennes et aux renards de survivre. Avec 215 espèces différentes qui ont été observées par les ornithologues, dont une trentaine d’espèces qui revient de manière régulière afin de pondre. Parmi ces derniers, nous pouvons ainsi retrouver des espèces typiques du grand nord, dont la mouette Ivoire, les guillemots de Brunnich…
De fait, les oiseaux abondent et déversent des tonnes de fientes sur les sols pauvres en minéraux de Svalbard. Résultat, la terre se nourrit de cet engrais naturel et produit une flore dont les rennes viendront directement se délecter. Les renards arctiques eux, profitent également de ces colonies, notamment en été puisque cachés, ils n’hésitent pas à chasser ces oiseaux, leurs petits ainsi que leurs œufs.
L’humain, qui a compris l’intérêt de protéger l’ours polaire, a entrepris la mise en place de diverses mesures visant à lui permettre d’y vivre sereinement. Au sein de l’archipel, les îles de la Terre du Roi Charles ont par exemple annoncé l’interdiction de la chasse à l’ours polaire dès 1939 avant que le territoire norvégien n’opte pour la même décision, en 1973. Depuis, ce dernier profite de la banquise, notamment en plein hiver, lorsqu’il se décide à quitter les terres afin de rejoindre le nord.
Le secteur touristique et son développement ont également un impact non négligeable sur la protection des ours blancs. Dans le cadre de la visite d’une réserve naturelle, chaque touriste doit s’acquitter de frais d’entrée qui seront ensuite reversés à la recherche ou qui permettront la bonne tenue des opérations de sauvegarde de la nature et de surveillance de la faune, la flore mais également des visiteurs. Une stratégie payante puisqu’elle permet de prévenir de mauvais comportements.
Loin de tout, proche de peu, l’archipel de Svalbard peut se targuer d’avoir réussi à résister au phénomène du tourisme de masse, même si le secteur commence à s’y développer. Il faut dire que, sur place, se mêlent d’interminables périodes de nuit et de très longues journées ensoleillées… De quoi assurément déboussoler les plus aventureux. En revanche, faune comme flore se sont parfaitement adaptées à l’environnement rugueux de la région, prenant même le pas sur l’activité humaine.