A mi chemin entre la Norvège et le Pôle Nord, entre 74° et 81° de latitude nord et 10° et 34° de longitude est, un archipel émerge fièrement, déployant ses monts déchiquetés et ses vallées qui embrassent l’océan arctique. Cet archipel, c’est celui du Svalbard, que l’on appelle parfois communément le Spitzberg… Mais alors Spitzberg ou Svalbard ? Comment nommer réellement cet archipel? Petite histoire d’un territoire dont le nom a fait de nombreux émules.
Situé dans l’océan Arctique, l’archipel du Svalbard est le territoire le plus septentrional de la Norvège. Les Vikings, qui auraient découvert ces terres en 1194, l’ont baptisé ainsi en raison du climat des îles découvertes, quelles qu’elles soient, Svalbard signifiant « côtes froides ». On attribue cependant la découverte de ces terres à William Barentsz, qui, en 1596, aurait découvert plusieurs îles de l’archipel, dont l’île principale, qu’il appellera « Spitsbergen » en raison des montagnes pointues qui jonchent ses côtes. On a longtemps cru que cette île faisait partie du Groenland; les Pomores ces chasseurs originaires du Nord de la Russie, l’ont d’ailleurs prénommés Grumant, possible dérivation du nom Groenland.
Carte du Svalbard en 1758
Pendant des siècles, les auteurs qui portaient un interêt à ces îles nordiques ont adoptés l’appellation « Spitsbergen », ou « Spitzbergen » pour les germanophones. Mais en 1925, lorsque la Norvège acquièrent la souveraineté de ces territoires, ils décidèrent de réintroduire l’appellation Viking, le « Svalbard ». C’est alors qu’une dénomination précise mais néanmoins compliquée se mit en place. On associa donc le nom Svalbard à l’archipel entier, incluant l’île aux ours – Bjornøya- au sud, et l’île blanche – Kvitøya- au nord. Le nom de « Spitsbergen » fut alors attribué à l’archipel central, incluant l’île principale ainsi que la Terre du Nord-Est – Nordaustland -, Edgeøya et l’île de Barents -Barentsøya-, mais en excluant l’île aux ours, Hopen, la terre du roi Charles et l’île blanche. Ainsi, l’île principale fut appelée « Vest-Spitsbergen ».
Il a fallu de nombreuses années avant que l’on réalise qu’il n’était pas nécessaire de donner deux noms différents à un même archipel: Svalbard pour l’archipel complet, Spitzberg pour une grande partie de l’archipel… En 1969, la Norvège décide donc de réserver le nom de « Spitsbergen » à l’île principale de cet archipel, et dédie le nom de « Svalbard » à l’archipel entier, incluant donc l’île blanche, la terre du roi Charles, Hopen, et l’île aux ours.
Ainsi donc, les dénominations exactes aujourd’hui sont celles-ci. Malgré tout, beaucoup s’emploient à utiliser le terme de « Spitzberg » pour l’ensemble de l’archipel, tel qu’il a été employé entre 1596 et le début du XXème siècle.
L’archipel du Svalbard s’étend donc sur environ 62 000 km2 à travers trois îles principales : le Spitzberg (38 000 km2), la Terre du Nord-Est (14 500 km2) et Edgeoya (5 000 km2). Si cet archipel est presque aussi grand que l’Ecosse, sa population est bien moindre… En effet, seules environ 2750 personnes vivent sur ce territoire arctique, dont 2200 à Longyearbyen, communément définie comme la capitale de l’archipel du Svalbard. Le reste de la population réside à Barentsburg, la seconde plus grande ville du Svalbard, grande cité minière russe qui compte environ 500 habitants.
Barentsburg
Ainsi, le Svalbard, recouvert à 60% de glace, est malgré ses quelques bases scientifiques ou autres villes minières, une terre vierge de toute vie humaine. Une flore arctique, timide mais digne d’intérêt pour de nombreux scientifiques et visiteurs, prolifère ainsi sur des terres inexploitées. De même, une faune sauvage composée de quelques espèces s’établit sur ces terres en souveraine, sans devoir composer avec la présence de l’homme, ou presque. Ce sont ainsi les rennes, renards polaires, ours blancs, morses, phoques et une multitude d’espèces d’oiseaux qui sont les garants d’une vie terrestre sur ces terres sauvages.
Le Spitzberg reste aujourd’hui l’île la plus visitée du Svalbard. Accessible rapidement grâce à un aéroport basé à Longyearbyen, elle regorge de fjords majestueux, d’histoires d’exploration polaire et la faune y est omniprésente. Le reste de l’archipel du Svalbard, encore plus vierge, est une zone plus difficilement accessible, bloqué une partie de l’année par la banquise. C’est cet isolement qui donne ce côté exceptionnel à l’exploration de ces terres arctiques lointaines.