Les îles Galapagos, situées dans le Pacifique Sud, sont un refuge incroyable pour bien des animaux. Darwin a choisi d’y installer son laboratoire. C’est même là-bas que serait née sa « théorie de l’évolution et de l’origine des espèces » publiée en 1859. Le père de l’évolution a rédigé son chef-d’œuvre suite à un voyage de 5 ans qui l’a mené à différents endroits du monde dont les îles Galapagos.
Charles Darwin (1809-1882) n’a qu’une vingtaine d’années lorsqu’il embarque comme naturaliste bénévole à bord du navire Beagle, envoyé pour cartographier les côtes d’Amérique du Sud. Simple étudiant en théologie, il est envoyé à bord pour tenir compagnie au capitaine FitzRoy. Fasciné par la faune et la flore, qu’il découvre à chaque escale, il va vite s’imposer comme le naturaliste de l’expédition. Sur les cinq années d’expédition, Darwin passe les deux tiers du temps à terre. Il observe beaucoup, récolte des organismes vivants ou fossiles et conserve de nombreux spécimens. Il envoie plusieurs spécimens à Cambridge, accompagnés de lettres sur ses découvertes. Il construit petit à petit sa réputation de naturaliste.
Le 15 septembre 1835, Darwin débarque pour la première fois aux Galapagos. Cet archipel volcanique, situé à 970 kilomètres de l’Équateur est composé de 128 îlots et îles. Chaque archipel a ses propres espèces endémiques qui ont évolué en vase clos. Pendant son voyage, Darwin est impressionné par la continuité de la morphologie des animaux et des végétaux qu’il observe au fur et à mesure de la progression de l’expédition le long de la côte ouest de l’Amérique du Sud. Il observe une continuité paléontologique, Darwin constate que dans une même région les fossiles ressemblent beaucoup aux espèces actuelles. L’idée d’une histoire évolutive naît dans la tête de Darwin.
Explorer les îles Galapagos va fournir à Darwin des observations essentielles à la future élaboration de sa théorie de la sélection naturelle. Il rencontre certaines espèces qui sont uniques au monde, et même présentes uniquement sur une seule des îles. L’observation des pinsons va le conforter dans son idée. Darwin remarque que sur chacune des îles, les espèces de pinsons sont différentes. Il constate que les oiseaux vivants sur les différentes îles ont des becs de formes et de tailles différentes selon le type de nourriture le plus présent sur l’île dans laquelle ils vivent. Les oiseaux à gros bec vivent par exemple sur l’île où des arbres à noix poussent, les oiseaux qui vivent sur les îles où des plantes à graines poussent ont les becs plus fins. La forme des becs des pinsons s’est adaptée à la nourriture disponible. Les îles Galapagos ne sont pas le sujet principal du livre de Darwin sur l’origine des espèces, son voyage sur place a cependant été très important et fondamental pour la compréhension de l’évolution.
Charles Darwin a nommé sa théorie de l’évolution « sélection naturelle ». On observe des variations entre les individus d’une même espèce. Quand les variations sont héréditaires, une sélection peut s’appliquer. Quand les ressources ne sont pas illimitées dans la nature, les individus qui ont le plus de caractères adaptés à leur environnement ont plus de probabilité de survivre et d’avoir des descendants. Ce principe de sélection naturelle explique l’adaptation des espèces à leur environnement et comment les espèces dérivent les unes des autres.
Les oiseaux qui ont suscité l’intérêt de Darwin sont maintenant appelés les pinsons de Darwin, ce sont en réalité des passereaux. Les biologistes s’y intéressent et ils sont considérés comme un symbole vivant de la sélection naturelle. Bien après la mort de Darwin, plusieurs vagues de sécheresses frappent les Galapagos en 1977. La sécheresse entraîne d’importants dégâts sur la végétation et les quantités de graines disponibles diminuent tandis que la taille des graines augmente.
Un groupe de chercheurs se penche sur les conséquences de la sécheresse sur la morphologie des pinsons. Les pinsons à petit bec se nourrissent de petites graines et se sont donc retrouvés face à une limitation de leur nourriture. Leur taux de survie et leur taux de reproduction ont diminué. Les pinsons à gros bec, qui se nourrissent de grosses graines, ont pu continuer à se nourrir, ils se sont reproduits plus efficacement que les pinsons à petit bec. Les pinsons à gros bec ont donc eu l’avantage face à la pénurie de nourriture. Les proportions de pinsons à petit bec et de pinsons à gros bec se sont presque inversées après la sécheresse. La morphologie des pinsons à gros bec les a favorisés et la population a naturellement subi une sélection directionnelle.
Les chercheurs ont donc pu observer le phénomène de sélection naturelle un siècle après la découverte de Darwin, celui-ci avait donc bien raison !
L’exemple des pinsons de Darwin est resté emblématique, il illustre à la perfection les deux grands principes de Darwin : celui de l’évolution et celui de la sélection naturelle. La descendance des oiseaux a évolué et les oiseaux se sont adaptés à leur terrain. Les naturalistes du XIXème siècle pensaient que le climat était responsable de la morphologie des espèces. Chaque espèce a sa propre histoire évolutive et Darwin a pu observer que sous les mêmes climats, les mêmes animaux peuvent être très différents. Les idées révolutionnaires de Darwin devront cependant attendre un siècle pour être acceptées. Encore aujourd’hui la théorie de l’évolution intègre la théorie de Darwin concernant l’évolution de l’espèce dans une théorie plus générale qui tient compte des avancées dans le domaine de la génétique.
Aujourd’hui les îles Galapagos ont été déclarées patrimoine naturel de l’humanité par l’Unesco. Les touristes qui se rendent sur ces îles à l’heure actuelle peuvent visiter la station scientifique Charles Darwin fondée en 1959, plus de 200 scientifiques et volontaires y travaillent, ils étudient la géologique, l’océanographie et la biodiversité. de l’archipel. Ils cherchent également des solutions pour harmoniser l’activité humaine et le milieu naturel.