Démocratisé par la culture inuit, le chien de traîneau est utilisé dans les régions les plus froides, notamment en arctique où les hivers rudes nécessitent des équipements adaptés. Suivons la trace de ces curieux attelages et de leurs chiens, dont l’habileté et les caractéristiques physiques ont permis des traversées dans des contrées…hostiles.
Lorsque l’on observe le chien de traîneau tel qu’on le connait aujourd’hui, il est plutôt aisé de lire en lui son héritage. En effet, son comportement social rappelle étroitement celui du loup, dans le respect de la hiérarchie sociale, leur caractère indépendant et dominant, mais également la vie en meute.
Si les premiers indices semblent faire remonter l’apparition des chiens de traîneau à plus de 6 000 ans avant JC, ce sont les Inuits, peuples autochtones de l’Arctique, qui auraient démocratisé l’usage de ces chiens autour de l’an mille. En effet, les trappeurs utilisaient ces chiens comme moyen de transport en les attelant à des traîneaux lors de leurs migrations.
Retour de chasse en Arctique
On trouve également des traces d’utilisation de chiens de traîneau par des tribus nomades en Sibérie, au Nord du lac Baïkal. Les territoires hostiles et glacés et la pénurie de nourriture ont contraint les hommes à réfléchir à de nouveaux moyens de transport pour résister à des longs voyages sur la glace et dans la neige. Les tribus Samoyèdes, peuples semi-nomades de Sibérie, utilisent également leurs chiens depuis des décennies dans leur vie quotidienne : tantôt compagnon, berger ou chasseur, il est aussi guerrier et chien de traîneau. Ainsi, les peuples sibériens n’ont cessé d’améliorer l’art de la conduite des chiens de traîneau.
Samoyède et son attelage
Les premiers explorateurs français débarquent au XVIème siècle dans la péninsule canadienne, créant quelques tensions entre colonisateurs et Iroquois. Les chiens font alors partie du paysage indien. En effet, esquimaux et indiens des plaines ont en moyenne quatre chiens par personne. Les trappeurs franco-canadiens seront les premiers occidentaux à adopter le traîneau comme moyen de locomotion dès le XVIIème siècle.
Ce n’est véritablement qu’au XIXème siècle que l’utilisation du chien de traîneau se développe chez les Européens. Les premiers explorateurs polaires comme Nansen, Peary ou Amundsen redécouvrent l’utilisation du chien, grâce aux Inuits, et adoptent la technique pour conquérir pôle nord et pôle sud. A la même époque a lieu la première ruée vers l’or au Canada et en Alaska, durant laquelle les chiens ont un rôle primordial dans le transport de l’or de l’Alaska et du Yukon.
Expédition d’Amundsen en Antarctique – 1911 1912 –
De même, durant la première guerre mondiale, des pays nordiques comme la Norvège ont utilisé les chiens de traîneaux à des fins plus vitales, comme ambulances ou encore pour le ravitaillement des troupes dans des zones moins accessibles par des moyens de locomotions motorisés.
Il existe selon les peuples et les traditions différents types d’attelage et de traîneaux. Ainsi, en Arctique, les Inuits utilisaient plus communément le Qamutik, un traîneau de bois lourd qui permettaient le transport de charges sur des terrains plutôt accidentés. Par la suite, les européens ont modifié les modèles de traîneaux venus du Nord pour concevoir des modèles à panier surélevés, qui permettent le transport sur des terrains plutôt tassés, plus adaptés à leurs pistes enneigées.
Un attelage est souvent constitué de 4 à 12 chiens, et répond à une véritable organisation. Les « leaders » sont les chiens de tête ; rapides et obéissants, ils répondent directement aux ordres du « musher », l’homme qui dirige l’attelage. Les « chiens de pointe » sont placés derrière les chiens de tête, ce sont eux qui donnent le rythme et secondent les leaders. Les « chiens du centre » viennent ensuite, ce sont les moteurs du traîneau, de jeunes chiens la plupart du temps. Enfin, les « chiens de barre » sont en dernière position, juste devant le traîneau,; ce sont les chiens les plus puissants et ont pour mission de maintenir le traîneau sur la piste.
Mais d’ailleurs, savez-vous d’où vient le terme « musher » ? Les premiers conducteurs canadiens-français criaient « Marche » à leur attelage afin de faire avancer les chiens. Les explorateurs britanniques ont mal compris ce terme, le « marche » devenant alors « Mush »… C’est ainsi que l’on parle aujourd’hui de mushing pour la pratique du traîneau à chien et de « musher » pour la personne qui dirige un attelage.
Bien que l’avènement des moyens de locomotions motorisés tels que l’avion, l’automobile ou la motoneige aient pris une place prépondérante dans les déplacements dans les zones polaires, certains peuples autochtones tels que les Inuits continuent à se déplacer à l’aide des chiens de traîneaux pour leurs activités traditionnelles de chasse ou de liaison entre les communautés.
Cependant, la fonte des glaces en partie générée par le réchauffement climatique risque de remettre en cause la pratique. En effet, la banquise est de moins en moins praticable, et les anciens ont de plus en plus de mal à transmettre leurs techniques de chasse, de pêche et d’utilisation des chiens de traîneaux aux jeunes générations.
Une activité vouée à disparaitre, donc? Pas complètement, puisque la pratique des chiens de traîneaux est aujourd’hui largement utilisé à des fins touristiques ou encore comme un sport populaire dans certaines régions. Courses de courtes distances, courses d’endurance ou courses de sprint, ce sport est de plus en plus démocratisé notamment dans les pays nordiques ou au Canada, donnant une seconde vie à la pratique du traîneau à chiens.