Sarah Galtier est conseillère voyages au sein de l’équipe Grands Espaces, mais c’est aussi une dévoreuse de livres et une amoureuse des belles lettres. C’est avec une véritable poésie que Sarah vous conseillera chaque mois, son coup de coeur lecture ou cinéma, afin de vous faire voyager à travers les mots ou de belles images. Découvrez la sélection de Sarah, et comme elle, débutez le voyage à travers les livres !
Aujourd’hui, une femme de plus dont la plus est scrutée au sein de l’équipe de Grands Espaces…
Catherine POULAIN est une écrivaine française qui abandonne sa ville natale, Barr, dans le Bas-Rhin. Elle quitte la France à l’âge de vingt ans et pose son baluchon sur de multiples continents au gré de ses voyages. Elle est employée dans des conserveries de poissons en Islande à l’usine ou participe à des travaux agricoles en France et au Canada. Elle vit deux ans en Asie, devient serveuse à Hong Kong et travaille sur des chantiers navals aux États-Unis.
Puis, elle s’envole pour l’Alaska où elle exerce pendant dix ans le métier de marin-pêcheur : ce métier consiste à s’occuper à la fois du bateau dans ses travaux quotidiens, du filet mais également de participer à la pêche. Elle finit par être expulsée d’Alaska en 2003 par les services d’immigration américains pour travail illégal et rentre en France, riche de ses expériences. A présent elle partage aujourd’hui sa vie entre les Alpes de Haute-Provence et le Médoc où elle est respectivement bergère et ouvrière viticole.
De cette expérience en Alaska, naît son premier roman Le Grand Marin. Ce dernier devient un succès de librairie (70 000 exemplaires vendus dans les mois qui suivent la parution) et il finit par être récompensé en 2016 par de nombreux prix littéraires dont le prix Joseph-Kessel, le prix Ouest France prix du festival des étonnants voyageurs, après avoir été finaliste du prix Goncourt du premier roman.
« Le grand marin » c’est l’aventure d’une jeune femme, Lili Kolt, qui quitte Manosque dans les Alpes de Haute Provence sur un coup de tête “les bars ne désemplissent pas, la fumée et la bière, je pars. Tu es folle, ils se moquent… Ils se moquent toujours. Toute seule sur des bateaux avec des hordes d’hommes”.
Elle fuit son confort mais elle fuit surtout sa routine. Elle arrive à Anchorage en Alaska puis prend un avion et aperçoit Kodiak, où elle embarquera sur des bateaux pour la pêche à la morue, la pêche aux crabes, rudes et glaciales. Rencontrant des contacts de son ami pêcheur, elle part s’équiper, ça y est.
L’aventure commence comme ça, des rencontres dans un port ou dans un bar et la jeune femme part dans le vent brutal à l’assaut de vagues tantôt violentes tantôt berçantes, pour vivre le quotidien des marins ;
Ses nouveaux compagnons de travail et de vie. Ils lui apprennent les rudiments de la vie en mer car Lili dormira parfois à même le pont du bateau, dans de minuscules cabines, c’est la vie dure et salée qu’elle partagera avec eux. Elle apprend vite, sa détermination l’impose dans ce monde majoritairement masculin et naturellement, rejoint leur grande famille qui s’étend à terre dans les bars, les clubs de strip-tease et certains motels des ports. C’est à bord que Lili rencontrera le Grand Marin, donnant une toute nouvelle dimension, un nouveau cap, méconnu jusqu’alors dans son périple.
Il faudrait toujours être en route pour l’Alaska” c’est la phrase que l’on retient comme leitmotiv lorsque l’on tient pour la première fois entre nos mains ce roman. Emportée par cette couverture aux teintes perlées et bleues, aux tons rappelant la célèbre estampe “La Grande Vague de Kanagawa” plus connue sous le nom “La Vague” du peintre japonais Hokusai.
C’est avant d’arriver chez Grands Espaces que j’ai découvert ce roman et que j’ai sauté à pieds joints dans cet univers inconnu. L’océan, le Grand Froid ne m’étaient connus que par les écrits de Jack London. L’histoire de Lili est portée par une écriture tantôt poétique, cristalline, fournie de lames puis d’accalmies pour dépeindre les paysages grandioses de l’Alaska.
Des tempêtes, des vagues déferlantes à travers lesquelles percent des éclats de lumière et des moments doux de partage, d’amour et d’amitié.
“Rejoindre la haute mer. Déjà au sortir de la rade des crêtes d’écume chevauchaient les vagues”.
Mais également la rudesse de leur quotidien, l’âpreté et la dureté des mots, de certains préjugés sur le rôle d’une femme à bord. “Quelquefois encore, des petits poissons de roche sont broyés dans la poulie, ou déchiquetés contre les gardes de métal entre lesquels passe la ligne. Je relance à la mer ceux qui arrivent à ma portée d’un geste furtif et dérisoire que j’essaye de cacher aux autres, mes hommes, mes miens, devenus bêtes à éventrer dans la vaste boucherie, le fracas des moteurs, le déchaînement de l’océan.”
On partage leur quotidien en mer, la pêche, les quarts “Porté par le rugissement des moteurs, le roulement incessant de la vague et la conscience de tous ceux qui dorment dans le monde à cette heure. Comme s’il était l’unique éveillé de l’univers entier, vigile qui ne doit pas faiblir, ses amours terriennes devenues des galets brûlants qu’il caresse en lui et qui brillent dans la nuit.”
La vie à terre aussi, le retour aux quais où les marins s’adonnent à rattraper le temps perdu à coups de tournées de bières et de rencontres nocturnes.
C’est précis, poétique, c’est un souffle qui caresse la surface de l’eau, qui l’effleure et qu’on observe au loin. C’est un livre destiné à ceux qui aiment les grands espaces, comme nous, la mer et la poésie.
“– Peut-être aussi que je voulais aller me battre pour quelque chose de puissant et de beau, je continue en suivant des yeux l’oiseau.”
Sarah Galtier, conseillère voyages chez Grands Espaces, et dévoreuse de livre.