Sarah Galtier est conseillère voyages au sein de l’équipe Grands Espaces, mais c’est aussi une dévoreuse de livres et une amoureuse des belles lettres. C’est avec une véritable poésie que Sarah vous conseillera chaque mois, son coup de coeur lecture ou cinéma, afin de vous faire voyager à travers les mots ou de belles images. Découvrez la sélection de Sarah, et comme elle, débutez le voyage à travers les livres !
Isabelle AUTISSIER est une navigatrice française aux multiples dons et rêves, ingénieure agronome en spécialité halieutique, elle se spécialise dans la science de l’exploitation de la mer par le biais de la pêche ou bien de l’aquaculture. Résolue à ne pas se laisser mener par certains esprits selon lesquels
les métiers de la mer ne sont que pour les hommes, Isabelle obtient son diplôme et travaille comme enseignante à l’école maritime et aquacole. Elle mène de front son travail de professeur, construit un bateau et débute les courses au large, avant son tour du monde en 1991. C’est ainsi qu’elle devient la première femme à avoir accompli le tour du monde à la voile.
Elle rêvait depuis son enfance de partir en mer, s’est toujours passionnée pour les récits d’aventure et de navigation, c’est à présent son tour de nous faire voyager et de nous donner un goût de sel et de vent. « Soudain, seuls » est un de ses nombreux romans, ce dernier publié en 2015.
Un couple de trentenaire, parti faire le tour du Monde à bord de leur bateau ; Lassés de la vie parisienne, de son rythme effréné, en dépit des avis contraires de leur entourage répartis entre envie et réprobation. Ils partent à la découverte de nombreux paysages et destinations à la fois solaires et glacées. C’est au large de la Terre de Feu sur une île déserte en plein Atlantique Sud qu’ils se retrouvent coincés malgré eux. S’ensuit alors une reconnexion à la vie sauvage, complète et brutale où chacun doit réapprendre à vivre en communion avec la nature mais également avec l’autre, pour pouvoir survivre. « L’odeur ne ment pas, c’est le sens le plus instinctif. On peut mentir par le geste ou la parole, et même du regard. On ne peut pas mentir sur l’odeur. Les animaux le savent bien, qui en usent et en abusent pour dire leur peur ou leur désir. Si l’homme a cherché, de tout temps, à s’en écarter en se couvrant de parfum, n’est-ce pas pour cette unique raison ? »
La couverture de ce roman est simple, épurée non sans nous rappeler les tons chromatiques des peintures de Pierre Soulages ; Une invitation mystérieuse à découvrir ses pages. Il y a de nombreux récits de navigation qui virent au drame, que ce soit en pleine mer à bord d’un bateau ou de
navigateurs qui s’échouent et se retrouvent seuls face à eux-mêmes. Ce qui distingue la plume d’Isabelle c’est sa connaissance au sens large du matériel et des gestes marins, termes qu’elle adapte et emploie pour les novices que sont au départ nos personnages. Sa connaissance des lieux, des espèces rencontrées, des techniques mises en place pour parvenir à survivre et surtout, ce qui m’a plus intéressée : la psychologie des personnages. On assiste à la montée, chute de sentiments complexes tout à fait contraires et face auxquels nulle lutte n’est possible. Que ce soit sur cette île ou dans leurs corps, ce que nos personnages ressentent n’a rien de commun avec leur vie d’avant. D’un rêve éveillé aux couleurs chaudes et du soleil sur la peau ; Le paysage vire aux tons froids, à la dureté des éléments et à la glace, au vent. Comment peut-on ressentir du dégoût pour la personne que l’on
a choisie pour partager son rêve et probablement le dernier visage que l’on verra de sa vie ?
« Ils ne sont pas seulement abandonnés sans feu ni lieu, ils sont condamnés l’un avec l’autre, ou l’un contre l’autre. »
Au-delà d’un roman d’aventure il s’agit pour moi d’une aventure psychologique au dénouement pertinent, réel. L’intelligence d’un écrit où le lecteur arrive à se demander si les pensées les plus noires évoquées n’arriveraient pas à germer dans notre esprit si nous nous retrouvions dans cette
situation. « Avec ceux que l’on aime, même après une longue séparation, on reprend la conversation là où on l’a laissée. »
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