Bienvenue en Norvège ! Voici quelques repères pour vous orienter dans ce pays nordique méconnu et pourtant considéré par certains comme l’un des plus beaux du monde… à juste titre.
La Norvège fait partie des pays scandinaves, au même titre que la Suède, le Danemark et l’Islande. Contrairement à une idée répandue, la Finlande ne fait pas partie de cet ensemble, le finnois étant une langue sans aucun lien avec les langues scandinaves. On regroupe néanmoins l’ensemble de ces pays sous le terme de pays nordiques.
Par rapport aux autres pays nordiques, la géographie de la Norvège se distingue à bien des égards. D’abord par son étendue : la distance qui sépare le point situé le plus au Sud du pays (région de Kristiansand) et celui situé le plus au Nord-Est (région de Kirkenes) est en effet la même que celle qui sépare le point le plus au Sud… de Rome, soit environ 1750 kilomètres à vol d’oiseau. En outre, la Norvège s’étend plus loin au Nord que n’importe quel pays européen, puisque c’est sur son territoire que se situe la mythique falaise du Cap Nord, souvent présentée comme le point le plus septentrional du continent.
Remarquable, la Norvège l’est aussi par sa côte, lacérée de fjords sur presque toute sa longueur et bordée d’innombrables îles, en grande partie inhabitées. Le long de cette côte, la mer a également la particularité de ne jamais geler en hiver. Cette particularité, la Norvège la doit au Gulf Stream, ce courant marin qui vient baigner les côtes européennes et leur assure le climat tempéré que nous connaissons. Les régions côtières de la Norvège sont ainsi plus chaudes que d’autres régions de la planète situées à la même latitude. Par exemple, les hivers sont moins rigoureux à Tromsø, ville côtière du Nord du pays et « capitale des aurores boréales », que dans certaines régions du Sud du pays, à l’intérieur des terres.
La Norvège est également le pays européen le plus montagneux, devant l’Espagne et la Suède, avec un tiers de sa superficie située au-delà de la « limite des arbres ». Pour relier les deux plus grandes villes du pays (Oslo et Bergen), il faut ainsi partir pour une longue traversée à travers un immense plateau montagneux, le « Hardangervidda » – aussi connu des cinéphiles comme le lieu de tournage de « Hoth », la planète des glaces de la saga Star Wars.
Enfin, la Norvège présente la plus faible densité de population du continent européen, avec seulement 15 habitants au kilomètre carré. Le pays est ainsi 8 fois moins peuplé que la France métropolitaine et offre naturellement de vastes paysages sauvages.
Les clichés sur les Norvégiens sont nombreux. Commençons par déconstruire quelques mythes : non, les Norvégiens ne sont pas tous des sportifs acharnés, ni des Vikings barbus ou des militants écologistes, et tous ne vivent pas dans une cabane en rondins dans la montagne. Certes, les sports d’hiver, l’héritage historique du pays et le goût des grands espaces sont des thèmes importants formant ce que certains appellent « l’identité norvégienne ». Et il est vrai que les week-ends passés à la « hytte », ce chalet de bois appartenant généralement à la famille et situé hors de la ville (à la montagne, en bord de fjord ou en forêt) est une véritable institution.
Mais attention aux clichés : avec ses quelques 5 millions d’habitants, la Norvège est un pays contrasté et multiculturel. Alors qu’il était l’une des régions les plus pauvres du continent il y a un siècle, il est aujourd’hui l’une des plus prospères du monde. Pays moderne, la Norvège a néanmoins su préserver une série de traditions anciennes allant de l’artisanat (tricot, charpenterie, construction de navires, etc) aux danses traditionnelles (notamment le fameux « halling ») et aux innombrables dialectes parlés à travers le pays. La Norvège se montre aussi moderne par l’égalité homme-femme de ses citoyens et citoyennes, notamment en matière de revenus, à l’instar d’autres pays nordiques.
Son caractère multiculturel, la Norvège le doit notamment à sa population, à 17 % issue de l’immigration (12 % en France). Les différentes régions de la Norvège offrent également des traditions culturelles contrastées. On raconte volontiers des blagues sur les habitants de la région voisine et leurs mœurs ; certains habitants du Nord du pays apprécient particulièrement les plaisanteries sur les Søringer, ces « habits du Sud » – entendez : toute personne vivant au Sud du cercle polaire.
Le Nord du pays est également le foyer des Sámis, un peuple indigène dont la culture rappelle parfois celle des Amérindiens d’Amérique du Nord. Longtemps colonisés par le pouvoir norvégien, ils bénéficient aujourd’hui d’une certaine autonomie et ont leur propre parlement, situé à Karasjok. Ils sont en outre les seuls citoyens norvégiens autorisés à pratiquer une tradition ancestrale : l’élevage de rennes.
Découvrir la culture norvégienne, c’est aussi découvrir un « nationalisme doux », où de nombreux habitants ont conscience des atouts de leur pays, qu’il s’agisse de l’Etat-providence tant apprécié par la population ou de ses espaces naturels à couper le souffle. Loin d’être belliqueux ou revendicatif, l’amour des Norvégiens pour leur pays est une satisfaction calme d’habiter cette région d’Europe, souvent perçue par ses habitants comme une « île » séparée du continent, dont ils se sentent néanmoins proches.
Alors, les Norvégiens sont-ils froids ? Non, bien sûr. S’ils peuvent paraître distants ou timides pour des voyageurs latins, réputés plus expressifs, c’est qu’il est commun en Norvège de ne pas se mettre en avant et de ne pas envahir l’intimité d’autrui. Derrière cet apparent individualisme se cache une société solidaire et chaleureuse qu’il faut prendre le temps de découvrir, au-delà des clichés.
La Norvège est souvent présentée comme un modèle en matière d’écologie. Cette réputation est en partie exagérée. L’économie de la Norvège repose encore largement sur l’exploitation du pétrole, grande émettrice de gaz à effets de serre. La gestion de la faune sauvage du pays est aussi critiquée. La Norvège est en effet un des très rares pays à pratiquer la chasse à la baleine. Au cours des dernières années, elle s’est également montrée relativement hostile envers les faibles populations d’ours et de loups présentes sur le territoire, pourtant relativement inoffensives. Elle est aussi l’un des quelques pays dans le monde à pratiquer le « submarine tailings disposal », une technique très controversée consistant à déposer les déchets de l’industrie minière sur le fonds marin, plutôt que sous terre.
Pourtant, la Norvège fait effectivement figure de modèle à d’autres égards. La quasi-totalité du pays est ainsi alimentée en électricité dite « verte », issue principalement de sources hydroélectriques. Le pays présente la plus grande proportion de voitures électriques au monde, loin devant les Pays-Bas. Sa réputation de pays écologiste, la Norvège la doit également à l’œuvre de certains auteurs, se revendiquant de « l’écologie profonde », comme le célèbre Arne Næss. Ce courant philosophique, précurseur de l’écologie moderne, suggérait dès les années 1970 que la nature a une valeur à part entière, indépendamment de son utilité pour les humains. Enfin, les superbes paysages du pays, sa faune impressionnante (élans, rennes, bœufs musqués, renards polaires, orques, baleines à bosse, etc) et le goût d’une grande partie de la population pour les activités extérieures (de la randonnée au kayak en passant par l’alpinisme ou le ski) contribuent à en faire un pays « proche de la nature ».
Pour tout amoureux des grands espaces, la Norvège reste en effet un pays incontournable. Mais n’oublions pas pour autant la culture ! Entre les superbes églises médiévales en bois (les fameuses « stavkirke »), les charmants villages de pêcheurs des îles Lofoten, l’architecture moderne audacieuse de la capitale, la peinture d’Edvard Munch, la musique d’Edvard Grieg et l’artisanat Sámi, la Norvège a plus d’un tour dans son sac.
Bon voyage !