Les aurores boréales ont un certain pouvoir de fascination. Si aujourd’hui la science sait expliquer ce phénomène, les anciens les associaient à des histoires, mythes ou légendes. Partons à leur découverte !
L’étymologie offre un début de réponse. Le nom vient du latin ‘aurora borealis’. Aurora signifie lever du jour, qui est aussi le nom de la déesse romaine de l’aube. Borealis est une référence grecque au vent du nord. Les aurores boréales n’ont pas toujours porté ce nom, le premier à les avoir baptisées ainsi est Galilée. Une aurore boréale est une aurore polaire, certaines sont visibles dans l’hémisphère nord seulement, et d’autres dans l’hémisphère sud (aurores australes). On peut caractériser une aurore polaire par ses traînées de couleurs se mouvant dans le ciel. Elle est le signe d’une perturbation du champ magnétique terrestre par le vent solaire. Ce phénomène naturel et lumineux se produit autour des pôles magnétiques. Des nuages de matières chargées en énergie, en provenance du soleil, rencontrent l’atmosphère terrestre après avoir été repoussés par le champ magnétique qui protège la terre. Lorsque les nuages chargés de matières, comme les protons et les électrons, atteignent la terre, ils excitent les différents gaz présents dans l’atmosphère terrestre et les ionisent. Cette ionisation produit des particules de lumière qui forment les voiles de lumière observables.
Quand elles apparaissent au sud, en Europe, les aurores boréales prennent souvent des teintes rouges. Elles ont souvent suscité la frayeur des anciens qui considéraient alors les aurores polaires comme annonciatrices de calamités ou de guerres. Au 18ème siècle, un peu avant la Révolution française, une aurore rouge vive a été aperçue dans le ciel anglais et écossais, les observateurs étaient convaincus que cette annonce était révélatrice de guerre et de mort.
En Ecosse, si on nommait les aurores polaires ‘joyeux danseurs’, il s’agissait en fait d’anges déchus ou de guerriers des cieux menant un terrible combat.
Chez les Grecs et les Romains, Aurore, personnification du lever du jour et sœur de la lune et du soleil, parcourait le ciel dans son chariot, tous les matins. Elle prévenait son frère le soleil et sa sœur la lune de l’arrivée d’un nouveau jour. On peut comprendre la naissance de cette histoire gréco-romaine en observant les aurores boréales.
Ce peuple nordique vénérait Odin, le plus grand des dieux, qui habitait au Valhalla et préparait une série d’évènements, le Ragnarök, qui marquerait le début d’une nouvelle ère. Selon les croyances vikings, le Ragnarök devait être la plus grande bataille qu’Odin avait à mener, bataille pour laquelle il avait besoin des plus grands guerriers pour la mener à bien. Pour choisir ces guerriers, Odin envoyait les Valkyries, des vierges guerrières à cheval, munies de lances et boucliers chargées de conduire les guerriers jusqu’au Valhalla. Les Vikings considéraient les aurores boréales comme le reflet des armures de ces redoutables guerrières. Certaines légendes assimilent les aurores boréales au dernier souffle des soldats morts au combat.
Ce peuple autochtone du nord craignait et respectait les aurores boréales qui annonçaient un mauvais présage. Les Sames considéraient ces lumières comme les âmes des morts, elles étaient capables de remarquer leur présence et il était donc dangereux de faire des gestes, siffler ou chanter, pour ne pas risquer d’attirer leur attention et se faire emporter dans le ciel. Les aurores boréales pourraient même trancher la tête. Encore aujourd’hui, les Sames préfèrent ne pas sortir lorsque les aurores boréales apparaissent, juste au cas où…
Les Finlandais nomment les aurores boréales les ‘revontulets’, littéralement, les ‘renards de feu’. Ce nom renvoie à un mythe selon lequel les renards arctiques créaient les aurores. La vitesse de ces renards de feu qui courent dans le ciel déclenche des étincelles qui illuminent la nuit, leur grande queue frottant les montagnes environnantes. Une autre version raconte que les renards de feu projetaient la neige déposée au sol avec leur queue. Les flocons, lorsqu’ils retombaient au sol, reflétaient la lumière de la lune et faisaient naître les aurores boréales, ce qui expliquerait que les aurores boréales ne soient visibles que l’hiver puisqu’il n’y a pas de chutes de neige l’été. D’autres tribus estiment que les aurores boréales seraient le souffle des baleines de l’Océan Arctique.
Dans la baie d’Hudson, chez les Inuits, le ciel est un dôme géant courbé au dessus de la Terre et percé de trous. La lumière qui vient de l’extérieur, quand il fait noir, pénètre par ces trous. Les esprits des morts peuvent aussi se rendre dans les régions célestes. La voie du paradis passe par un pont étroit qui s’étend au dessus d’un précipice. Les esprits déjà au Paradis allument des torches pour guider les pas des nouveaux arrivants. Les aurores boréales sont ces torches.
Le folklore irlandais raconte que les aurores boréales soulageaient la douleur de l’enfantement. Les femmes enceintes ne devaient cependant jamais regarder directement les lumières. Leurs enfants pourraient, sinon, naître avec les yeux qui louchent.
Au Groenland, la légende raconte que les aurores sont l’esprit des enfants morts en couche qui dansent dans le ciel. Les Inuits du Groenland nomment les aurores ‘aqsamiit’, elles seraient les âmes des défunts qui jouent à la balle avec les crânes des morses. En Norvège, on voyait plutôt dans les aurores les âmes des vieilles filles qui dansaient au Paradis et saluaient toutes les âmes restées sur Terre.
Les aurores boréales sont souvent associées à un événement puissant, qui dépasse les simples pouvoirs des hommes. Apportant tantôt mauvaise fortune tantôt bonnes nouvelles, les aurores boréales étaient magiques et respectées et suscitent toujours une certaine fascination.