En cette période obscure, le Soleil est à l’honneur. Non seulement, il est entré il y a peu dans un nouveau grand cycle solaire, ce qui promet un beau spectacle pour les amateurs de féeries célestes – les aurores boréales – mais aussi, pour la première fois dans l’histoire humaine, une sonde spatiale vient d’atteindre et de traverser la couronne solaire. Enfin, une équipe internationale de scientifiques vient de réaliser pour la première fois un « mini soleil » en laboratoire, en parvenant à chauffer de la matière jusqu’à 120 millions de degrés pendant quelques minutes. Après l’année « noire », 2022 serait-elle l’année d’un retour à la lumière ? Et si vous en profitiez pour aller traquer les aurores à l’autre bout du monde ?
Lancée à folle allure – près de 587 000 kilomètres par heure –, la sonde Parker Solar Probe a traversé en décembre dernier la couronne solaire, la partie la plus externe du soleil, délivrant de spectaculaires et étincelantes images dignes d’un film de science-fiction de Stanley Kubrick. Outre ces images qui ont fait le tour du monde, ce sont les mesures et les prélèvements effectués par la sonde au cours de cette brûlante traversée qui intéressent les scientifiques : ces données seront exploitées pour mieux comprendre l’origine du champ magnétique solaire – sans lequel les aurores terrestres n’existeraient pas. Les aurores trouvent leur origine dans le frottement de notre haute atmosphère avec le vent solaire, des flots de particules qui s’échappent de la couronne solaire, où la température atteint le million de degrés. Cette couronne est constituée d’un plasma bouillant notamment mis en mouvement par le champ magnétique solaire dont le fonctionnement est encore mal connu – et contesté. Ce qui est incontestable, en revanche, c’est le souvenir impérissable que laisse la première vision d’une aurore boréale.
Observer sa première aurore boréale, durant la nuit polaire, sous une chaude parka, dans un paysage de fjords enneigés, est un moment rare. Des volutes vertes, parfois rouges ou mauves, se forment et dansent dans le ciel pendant de longues minutes, en un opéra silencieux qui a toujours fasciné et intimidé les peuples des hautes latitudes.
Les aurores boréales sont à l’origine de multiples mythes : les inuits y voyaient les âmes des défunts dansant ou jouant au ballon dans le ciel avec un crâne de morse, tandis que les finlandais y lisaient des chemins lumineux laissés par des renards polaires – des renards si rapides qu’ils laisseraient des étincelles dans le ciel.
La couronne solaire est à l’origine du vent solaire, un flux d’ions et d’électrons qui bombarde toutes les planètes de notre système stellaire. Des aurores sont visibles sur Terre aux plus hautes latitudes, mais elles ont aussi été observées sur Mars, Vénus, Jupiter, Saturne – et leur présence sur des exoplanètes, hors de notre système solaire, a été confirmée il y a peu. Il n’est toutefois pas nécessaire d’enfiler votre combinaison de spationaute pour profiter spectacle mythique du ciel qui s’embrase : un voyage en Islande ou en Norvège suffira – à condition d’être bien accompagné-e-s. Grands Espaces vous offre de nombreuses opportunités d’observer les aurores au travers de ses voyages dédiés.
La traque des aurores n’est pas chose aisée : il faut savoir choisir un site, interpréter les données astrophysiques (la fameuse « météo aurorale »), veiller parfois toute une nuit, à l’affût d’une première lueur à peine perceptible… qu’un œil expérimenté sait interpréter… Un travail auquel sont rompus nos guides experts depuis plus de 20 ans. Laissez-vous guider !
Aurore boréale dans les Alpes de Lyngen, Norvège – Image © Vincent Lecomte
Si le soleil s’était quelque peu endormi ces dernières années, voilà que l’astre s’est récemment réveillé. Et sa sortie des bras de Morphée fut pour le moins spectaculaire et inattendue : à l’été dernier, quatre groupes de nouvelles tâches solaires ont fait leur apparition – dont l’une possédant le diamètre de près de 10 fois celui de notre bonne vieille planète, la Terre. Cela faisait près de 2 ans, (depuis 2017) que la surface du soleil ne montrait quasiment aucune tache solaire : cela correspondait à ce que les scientifiques appellent un « minimum d’activité solaire »… Et après un minimum, vient le maximum.
Actuellement, il y a huit groupes de tâches solaires (14 janvier 2022). Chacun peut suivre quasiment directe la multiplication des tâches solaires en consultant le site dédié de la NASA
Naturellement, la multiplication des tâches solaires est une bonne nouvelle pour les amateurs d’aurores : c’est le signe que l’activité solaire bat son plein. Ce nouveau cycle a commencé en 2019, et depuis l’activité solaire ne cesse de croître.
Les tâches solaires, observées dès l’Antiquité, puis minutieusement étudiées par Galilée au XVIIe siècle, sont des zones légèrement plus « froides » à la surface du soleil (d’où leur couleur foncée). Leur origine est mal comprise, mais résulterait d’une moindre convection des gaz brûlants qui constituent le cœur du soleil, en lien avec des changements locaux du champ magnétique. Pour simplifier, la matière la plus chaude reste en profondeur au niveau des tâches solaires tandis que la matière la plus froide apparaît à la surface.
Or, ces variations du champ magnétique, c’est précisément ce que scrutent les « chasseurs » d’aurores : elles sont à l’origine des fluctuations du « vent » solaire, lequel amène des particules dans la haute atmosphère terrestre. Les frottements de ces particules, projetées sur la haute atmosphère à très grande vitesse, engendrent une ionisation des molécules de l’atmosphère terrestre ce qui est à l’origine de phénomènes lumineux. Pour simplifier, en arrachant des électrons à la matière de notre atmosphère, de minuscules courants énergétiques se créent et se soldent par des effets lumineux (un peu comme lorsqu’on ôte sa polaire dans le noir).
C’est donc avec une certaine impatience en attendant les prochaines élections solaires et la formation de nouvelles tempêtes solaires qui répercuteront en d’incroyables ballets auroraux.
Ouvrez-l’œil !
Aurore boréale dans les Alpes de Lyngen, Norvège – Image © Vincent Lecomte
Article rédigé par Vincent Lecomte, Docteur en écologie polaire et guide Grands Espaces