Bruno Guégan
Grand Nord
8 juin
16 juin 2015
Juin 2015
Bruno Guégan
Grand Nord
Après une première journée consacrée à la visite du cercle d’or Islandais : Thinvellir, Geyser, Gullfoss, le groupe a rejoint Akureiri par avion, et c’est dans un hôtel au bord du fjord, avec de la chambre vue sur les baleines qui laissent apparaitre quelques souffles que le groupe se repose. Aujourd’hui, la journée a commencé avec une autre visite de cascade : Godafoss, puis le premier arrêt ornithologique se fera autour de la rivière Laxa où les observations s’enchaînent : Harelde boréal, Arlequin plongeur, phalarope à bec étroit, Garrot d’Islande… et surtout pas besoin de jumelles, car ces oiseaux défilent à nos pieds occupés à conquérir le cœur de leurs biens aimées. Après une bonne soupe dans un restaurant typique à côté des vaches dans l’étable voisine, juste séparés par une fenêtre, nous rejoignons l’extraordinaire cascade de Detifoss, la cascade au débit le plus fort de toute l’Europe. Il y a encore beaucoup de neige et les routes sont encore coupées, nous poursuivons par la visite de quelques points chauds, et surtout, une promenade le long du Lac où les oiseaux se protègent d’une tempête rugissante, cela nous permet de très belles observations, notamment un plongeon imbrin qui est venu nous rendre visite avec sa plus belle livrée. Après cette journée bien remplie, nous dînons au bord du lac et constatons qu’ici, parfois, tout vole comme ce trampoline qui a traversé la route avant de finir dans le lac. En soirée, récapitulatif de la journée, avant un repos bien mérité.
C’est de bon matin que nous partons pour la découverte des champs de laves du Krafla. Une promenade de 2h30 autour du volcan rendu assez délicat d’accès, car la neige est encore présente et le chemin, détruit pendant l’hiver, n’est pas encore restauré, c’est donc en pionnier que nous avons effectué cette promenade qui restera dans les mémoires. Un petit détour au retour par une grotte d’eau chaude et la matinée se termine par un agréable déjeuner au bord du lac.
L’après-midi est consacré à l’ornithologie et ce fut un régal d’observations, toutes dans d’excellentes conditions, ainsi, nous avons pu voir défiler : Grèbes esclavon, macreuses noires, harelde boréale, garrot d’islande, oies et cygnes sauvages, plongeon catmarin, un vrai festival de « cannes » !
Après un bon dîner, les plus assidus sont repartis, longues vues sur l’épaule à travers la promenade des pseudos cratères au pied de notre hôtel. Difficile de s’arrêter dans un si beau site !
Aujourd’hui, la neige qui bloque certaines pistes nous oblige à faire un petit détour et c’est vers midi que nous atteignons le canyon d’Asbirgi, où, tout de suite, nous réalisons une petite promenade au son des bécassines des marais, des fulmars qui nichent sur les falaises, de la grive mauvis et d’un tarin des aulnes, hôte inattendu et rare en Islande.
Après un court ravitaillement, nous quittons ce site pour rejoindre Vesturdalur et faire une promenade de deux heures dans un décor extravagant d’orgues basaltiques : les difficultés du parcours sont largement compensées par la beauté des paysages.
Puis, nous avons rejoint un restaurant typique au milieu du port de Thorshofn, avant de rejoindre une bergerie non moins typique où nous passerons deux nuits, entourés de dizaines d’oiseaux qui manifestent par leur chant tout le bonheur de nous voir…
Possible ou pas possible ? L’incertitude plane sur la possibilité d’aller aux falaises à oiseaux en empruntant une piste assez difficile et que les services des routes islandaises considèrent comme « impassable », après avoir écouté notre hôte, et avec la bonne volonté de notre chauffeur, nous décidons de tenter notre chance.
Ce fut une belle réussite, près de 28 km d’une route splendide faite à pas de cheval, parfois sous des flocons de neige, qui nous a permis d’arriver aux grandes falaises à oiseaux. Les ornithologues les plus chevronnés sortent immédiatement leurs jumelles pour regarder des oiseaux qui sont… à leurs pieds. Tous les oiseaux de mer des falaises sont présents, à notre proximité, y compris une belle colonie de fous de bassan. Le spectacle pour nous durera cinq heures et c’est avec un peu de regrets que nous repartons vers notre hébergement, sans oublier de faire des haltes pour regarder lagopèdes, bruants des neiges et cygnes sauvages en grands groupes qui paradent, ainsi qu’un petit phoque. Pour beaucoup d’entre nous, le macareux à quelques mètres sous la neige est une image qui restera gravée longtemps dans notre mémoire !
Nous retournons à Ytra Lon pour une petite pause et pour mieux observer les lagopèdes qui entourent cette ferme. Ce soir, comme hier soir, nous serons bercés par le cri des oiseaux, barge à queue noire, bécassine des marais qui « chevrotte », bécasseau variable et aussi l’inimitable bruit de camion qui recule du pluvier argenté…
C’est à regrets que nous quittons ce havre de paix et d’oiseaux d’Ytra Lon, c’est vrai que ce site mériterait d’y rester quelques jours supplémentaires ! Nous prenons la route vers Raufarhöfn et avant d’atteindre ce village, nous nous arrêtons pour une promenade le long des falaises de Raudanes, une excellente occasion pour mettre en œuvre notre nouveau savoir lié à un petit cours d’ornithologie, fait hier soir par notre guide. La pratique est difficile, mais les conditions d’observation sont excellentes, accompagnées de bourrasques de neige, suivies de franc soleil.
À midi, nous déjeunons dans le seul restaurant de Raufarhöfn (ville mourante de quelques 400 habitants et qui voit sa population diminuer d’année en année, faute de travail et de poisson à pêcher, le visage de l’Islande que l’on n’ose souvent pas montrer), l’accueil et le repas sont agréables, avec en prime une vue imprenable sur le petit port où quelques eiders à duvet s’ébattent. Nous reprenons la route de Metrakkaslétta (la plaine aux renards), pas de renards, mais une succession de lacs et lagons peuplés de milliers d’eiders, la richesse locale.
Nous passons au point le plus septentrional de l’Islande : la pointe de Hraunhafnartangi, à moins de cinq kilomètres du cercle polaire, puis nous atteignons, après une promenade pédestre d’une heure, la pointe de Raudinipur. Là nous attendent toutes les espèces d’oiseaux marins et surtout de nombreux macareux qui se laissent observer à quelques mètres. Là encore, c’est avec beaucoup de difficultés que nous nous arrachons à ces falaises couvertes d’oiseaux, la petite promenade qui devait durer 1h30 durera en fait 2h30 !
Un petit tour dans le village de Kopasker, 180 habitants et autant de trolls, et nous rejoignons notre hôtel de Skududalur au milieu des marais et des chants d’oiseaux. Ce soir, nous serons encore bercés par nos rêves qui se confondent avec la réalité.
Route vers Husavik, petit port de pêche célèbre pour son spot de Whales Watching. Malheureusement, la mer est démontée et il nous semble plus raisonnable de renoncer à cette sortie qui nous est d’ailleurs déconseillée par la société de WhaleWatching, nous risquerions de regarder le plus souvent l’eau de mer de près, afin d’y restituer notre petit déjeuner, plutôt que les baleines au loin. Nous nous tournons donc vers le musée de la baleine, celui-ci est très intéressant et nous donne une bonne initiation aux cétacés. Puis, profitant d’un petit temps libre, chacun s’occupe un peu de ses obligations dans le bourg d’Husavik (cadeaux, courriers…) et prend le temps de visiter les magasins de proximité.
L’après-midi est une étape de liaison entre Husavik et la péninsule de Vatnes, seul la visite des vieilles fermes de Glaumbaer viendra interrompre notre route qui nous fait passer dans des endroits merveilleux de montagne à travers les neiges encore fraîches. Puis, vers 18h, après avoir pris possession de nos chambres, une balade ornithologique s’imposait sur un chemin longeant une belle rivière. L’occasion de voir un nid de pluvier doré et ses quatre œufs, une belle barge à queue noire, oies, chevaliers, grands gravelots…
Demain, dès les premières heures, nous partons à la chasse aux phoques !
Péninsule de Vatnsnes, la péninsule aux phoques bien nommée, après une piste sinueuse et spectaculaire avec des pentes de 18 %, nous atteignons le lieu dit Osar, où un nombre impressionnant de phoques se reposent sur une belle plage de sable noir. Nous pouvons admirer aussi la superbe arche de basalte, blanchie par le guano, le Hvitserkur.
Nous continuons notre route pour trouver une colonie de phoque plus facile à observer et ce fut le cas près de Tjôrn et nous commençons ainsi une observation de plusieurs heures tant des phoques affalés sur leurs rochers que des oiseaux de la plage dont certain désapprouvent notre présence en manifestant vocalement leur désarroi. Après un déjeuner pris dans la capitale Islandaise du phoque, Hvammastangi, nous prenons une piste pour traverser la montagne qui sépare Hrùtafjordur de hvammsfordur, celle-ci longe la rivière Laxàdalur, et nous montre les territoires particulièrement hostiles balayés par les vents de ces plateaux montagneux. C’est aussi le pays du célèbre Erik le rouge. Enfin, nous longeons le Breidafjordur pour rejoindre Grundarfjordur, ce petit village de pêcheurs, jumelé avec Paimpol sera notre lieu de repos pour les deux prochains jours.
En attendant, et avant le repas, nous faisons une petite marche de deux heures pour aller admirer le Kirkufjell, livre ouvert de géologie.
Nous voilà sur le Baldur, ferry qui traverse la Breidafjordur aux milles îles, et qui nous dépose sur l’île de Flatey (l’île plate) après 1h30 de navigation. Nous sommes dans un véritable paradis pour ornithologues, c’est très simple, c’est indescriptible et seul ceux qui sont venus ici peuvent comprendre, alors pour avoir la description de cette île, prenez le prochain voyage Grand Espaces. Il fait beau, le soleil est au rendez-vous et le vent s’est calmé. La mer est d’huile et, dessus, de nombreux points plus ou moins loin, mais le plus souvent à nos pieds, des oiseaux, des oiseaux, des oiseaux… et quelques maisons de pêcheurs, où vivent les cinq familles de l’île. Sur cette île, il y a aussi la plus petite bibliothèque d’Islande, un vrai petit bijou de culture. Dans ces conditions, vous comprenez mieux pourquoi nous avons frolé la mutinerie quand le Baldur revenant de sa rotation nous a fait revenir à la réalité, enfin, presque, car nous sommes encore en Islande.
Un arrêt, courses et visites diverses à Stykkisholmur et nous reprenons notre chemin en attaquant l’ascencion de l’Helgafell, ascencion très particulière car la tradition veut que celui qui accomplit la première fois l’ascencion verra ses trois vœux les plus chers se réaliser à trois conditions : prononcer les vœux face au levant, ne les révéler à personne, ne jamais se retourner ni parler pendant la durée de l’ascencion (Note de l’auteur : cette dernière condition fait qu’aucune femme n’a vu ses vœux réalisés à ce jour).
Retour à notre hôtel dans le port de Grundafjordur, face à la mer et les goélands Bourgmestres avant le dîner qui cloturera cette journée.
Dernier jour de notre périple Islandais et ornithologique. Nous prenons la direction d’Olafsvik, petit port dynamique de pêche, où Christophe Colomb, simple marin, a hiverné, collectant vraisemblablement des informations précieuses sur les véritables découvreurs de l’Amérique : Leifur Eriksson, fils d’Eric le rouge qui, lui, s’était installé au Groenland.
Puis, grâce à la gentillesse de notre chauffeur, nous avons emprunté une route (piste) minuscule qui nous a mené au phare d’Oudverdarnes, entouré de spectaculaires champs de laves qui arrivent jusqu’à la mer. Là, sur les falaises, nous retrouvons tous nos oiseaux préférés sur un fond noir, un peu sinistre, et avec un vent à décorner un viking. Nous continuons notre voyage en allant observer le rocher spectaculaire Lôndrangar, couvert bien entendu des éternelles mouettes tridactyles.
Après une restauration bien méritée à Hellnar, nous faisons une promenade de plusieurs heures dans le site d’Arnastapi ou mouettes tridactyles, orgues basaltiques et gouffres assurent le spectacle. Il est temps de rejoindre Reykjavik, mais avant, nous nous arrêtons à Borgarnes, juste le temps de rappeler le drame du « Pourquoi pas » le 16 septembre 1936 qui vit périr le commandant Charcot et son équipage, sauf un homme qui réussit à rejoindre la côte.
Sur la route, nous longeons le fjord de Hvallfordur, le tristement célèbre fjord des baleines, là ou se situe l’usine d’équarrissage des baleines qui, malheureusement, sont à nouveau chassées en Islande. Nous finirons ce voyage dans un des plus grand restaurant de Reykjavik dans une bonne humeur générale…