Marianne Duruel
Coordination et Photographie
19 septembre
3 octobre 2017
Du 19 septembre au 3 octobre 2017
Marianne Duruel
Coordination et Photographie
Partis respectivement de France et de Suisse, nous nous retrouvons, pour la majorité à Amsterdam pour notre vol vers Windhoek, la capitale de la Namibie. Formalités passées rapidement, nous sommes accueillis par Alexandre et Leslie. Bienvenue en Namibie! Nos derniers passagers arrivés, c’est au complet que nous prenons la route vers le Nord. Nous sommes sur les hauts plateaux du centre, entre 1900 et 1700 m d’altitude. Nous traversons d’abord la ville de Windhoek (330 000 h)par son secteur résidentiel. Créée au XIXe siècle par des colons métis venus d’Afrique du Sud, la ville a évolué au gré de l’histoire du pays. Développée par les Allemands pendant les 30 ans de leur occupation du pays, elle a connu une période britannique de 5 ans puis a été gérée de 1920 à 1990 par les Sud-africains. Au plus fort de l’apartheid, les quartiers noirs ont été construits à 10 km du centre-ville. Cela donne aujourd’hui le « township » de Katutura où vivent près de 150 000 personnes. A la sortie de la ville sont vendus des fagots d’herbe et des sacs de gousses d’acacias pour nourrir le bétail. En effet, très vite, nous roulons dans le bush à acacias des premières plaines du Kalahari. C’est la région des vastes propriétés des fermiers blancs. Ils sont environ 4500 à posséder ces terres d’élevage extensif pour la viande. La route devient étonnamment droite, des clôtures à perte de vue délimitent les fermes. De hauteur « classique » s’il s’agit de vaches, chèvres et moutons, du double, pour les antilopes (oryx, koudous, springboks…) et électrifiées en plus s’ils s’y trouvent des félins. Petit arrêt à Okahandja et nous voici de nouveau à chercher les petits phacochères qui se nourrissent au bord de la route dans l’herbe dorée. Soudain, c’est un oryx, des springboks… L’Afrique est bien là… Finalement, nous bifurquons vers la piste menant au Mount Etjo Safari Lodge. Le soleil se couche face à nous et le ciel s’embrase derrière les acacias… Ce soir, nous dormons dans une adresse célèbre, celle où fut signée la déclaration d’Indépendance de la Namibie par les Nations Unies en 1989. Nous dînons dans un cadre idyllique avant que les lions ne fassent de même… Puis regagnons avec satisfaction notre lit en cheminant sous une voie lactée de toute beauté.
Réveil dans un écrin de verdure au style quasi britannique, des flamants roses y commentent le lever du jour. Bientôt le soleil levant se reflète à la surface d’un plan d’eau parsemé de petits îlots où s’activent oies d’Égypte, pélicans blancs, sarcelles du Cap… Pour l’heure, notre guide de la réserve privée nous attend pour notre safari dans un improbable véhicule 4X4. La propriété couvre 40 000 ha ce qui explique la variété que nous pouvons potentiellement y voir. Nous croisons d’abord quelques beaux impalas mâles puis longeons le plan d’eau sur lequel s’activent des oies d’Égypte et leurs petits, des sarcelles du Cap… Les spatules sondent à grands coups de bec circulaires, les pélicans pêchent en bande tandis que quelques chevaliers sylvain arpentent la rive.
Nous prenons la piste dans la savane arbustive et croisons autruches et springboks. Ces derniers nous font une belle démonstration de leur rapidité en filant à toute allure avec démonstration de leurs sauts façon ressort d’où leur nom de springbok, « antilope sauteuse » en afrikaans. De grandes termitières sont disséminées de-ci de-là. Outarde Kori, inséparables, calaos à bec jaune en pleine parade nuptiale, guêpier à queue d’hirondelle, aigles de Bonelli, vautours africains, koudous, cobes à croissant, écureuils terrestres, girafes et un tout petit girafon de 2 mois, babouins, mangoustes rayées animent le paysage. Les flamants roses nous offrent une belle démonstration de leur technique de recherche de nourriture par filtrage de la vase rendue fluide par le piétinement du fond. Le lodge est difficile à quitter mais Etosha nous attend. Nous reprenons la route bordée du grès rouge du Mont Etjo. Les routes sont largement dégagées en Namibie afin d’avoir une meilleure vision des animaux et de servir de coupe-feu. Nous déjeunons à Tsumeb sur fond de jacarandas en fleurs puis faisons un arrêt au lac Ojikoto. Nous sommes dans un secteur calcaire propice à la formation de grottes et lacs souterrains… Là, c’est une doline. Le plafond de la grotte s’est effondré et le trou créé s’est rempli d’eau. Les Allemands y ont jeté leurs armes au moment de leur défaite en 1915. Alex nous fait une présentation générale de la Namibie et de son histoire. Nous arrivons à notre lodge, peu avant le coucher du soleil.
Entrés dans le parc d’Etosha dès son ouverture, nous commençons rapidement notre exploration. Soudain, une petite famille d’éléphants apparait dans le bush. Ils traversent paisiblement juste devant nous. De charmants petits diks-diks prélèvent délicatement leur nourriture dans les buissons au bord de la route. Les volatiles sont aussi présents: outardes à miroir blanc, gangas bi-bande… Soudain, génial! Lesley repère un léopard dans un arbre en train de manger. Il finit un impala chassé pendant la nuit. Il est superbe! En plus, les grands arbres étant rares à Etosha, il change plusieurs fois de position pour tenter de trouver une position plus confortable à la grande joie des photographes et cinéastes. Finalement, il finit par descendre finir son repas dans le bush. Waouhh! Quelques portraits d’impalas à face noire (endémiques) plus loin et nous voici à Namuloti où une famille de mangoustes rayées nous accueille. Nous continuons la piste dans la savane arbustive: gnous accompagnés de hérons gardes-boeufs, troupeaux de zèbres de Burchell, phacochères, impalas, oryx à l’élégant galop. Sur une souche est posé un autour chanteur, plusieurs fois des aigles ravisseurs boivent ou sont posés sur des arbustes. Nous assistons à la parade nuptiale du calao à bec jaune puis du calao Monteiro. Plus la matinée avance et plus les animaux recherchent l’ombre: outardes Kori, springboks par petits groupes, raphycére champêtre… Avant le retour à notre « bush camp », « cerise sur le gâteau », un second léopard se repose dans un arbre non loin du point d’eau. Il surveille de temps à autre les alentours. Ses possibilités de futur repas sont multiples…
Déjeuner, piscine, sieste, selon les goûts et nous repartons, passant d’un point d’eau à un autre. Une petite visite à notre léopard guetteur toujours à son poste. Une famille d’éléphants se repose, les plus jeunes couchés, les adultes en étoile pour mieux surveiller les environs. Les éléphanteaux sont des proies potentielles pour lions et hyènes. Et puis: un caracal, incroyable, vient de traverser devant une voiture. Il s’est couché sous un buisson et nous observe. Ses oreilles bien caractéristiques façon lynx pointent dans les herbes dorées. Quelle chance! Nous sommes maintenant vers le pan, zèbres, gnous, springboks y sont nombreux. La lumière se fait plus douce, les rangées d’animaux en train de boire se reflètent dans l’eau… Après avoir observé un jeune éléphant déraciner un arbuste pour manger de la terre au pied et des racines riches en sels minéraux, nous regagnons le lodge. Quelle journée!
Cette journée est sous le signe des éléphants. Dès l’entrée dans le parc, des éléphants se nourrissent dans le bush, superbement éclairés par le soleil levant. Nous retrouvons nos zèbres sur le pan et assistons au combat de deux étalons. Très spectaculaire… Au point d’eau suivant, 7 élands du Cap arrivent pour boire avec une extrême prudence. C’est la plus grande antilope africaine et également une rareté.
Des vols de travailleurs à bec rouge et des quantités de tourterelles animent les alentours des points d’eau de leurs allées et venues. Dans la savane, un serpentaire est en plein « marché »… Et, hop, un lézard… Arrêtés pour oberver des oryx, nous découvrons un petit raphicére champêtre couché exactement dans l’ombre d’un petit buisson. Il ne bouge pas, l’ombre est précieuse. Zèbres, gnous, springboks, bubales, girafes et éléphants… Nous observons les interactions de 4 beaux mâles. Deux d’entre eux sont manifestement de la même famille et les trompes s’entrelacent fraternellement. Tandis qu’une première famille a fini de boire et en est à la phase bains, bains de boue… Une famille menée avec vigilance par une grande matriarche arrive. Tout le monde boit puis les jeunes rejoignent ceux du bain de boue et l’animation est à son comble. Un éléphanteau court après un vanneau et s’étale dans la boue glissante… Les deux familles partagent manifestement ce moment de détente avec plaisir. Puis une matriarche donne le signal du départ et tout le monde repart sagement, bien aligné. Un éléphanteau en tient un autre par la queue… pour être en ligne, c’est en ligne. Le bestiaire africain continue à s’offrir à nous. Nous arrivons à un autre point d’eau juste au moment du départ d’une famille d’éléphants. Elle passe tout près de nous. Le petit dernier de la matriarche marche fièrement en tête. Sa mère a les yeux rivés sur lui. Les grandes femelles ont placé les éléphanteaux de l’autre côté d’elles. Mais… un petit traine et obtient ce qu’il veut: il se trouve seul face à nous et nous étudie avec soin puis repart vite oreilles déployées comme un grand… Au point d’eau suivant, nous assistons à l’éloignement d’un mâle, trop âgé pour rester dans son groupe familial, par une grande femelle exaspérée par son insistance à rester là. Mais c’est certainement dur de quitter le sein d’une famille aussi unie que celle des éléphants… Nouveau défilé familial dans la lumière dorée… Mais le festival n’était pas fini…
Les stars en sont, cette fois, les lions. Un mâle et deux femelles finissent leur sieste. On se roule d’abord sur le dos, se redresse un peu, baille et une petite toilette pour les femelles. Le lion dort toujours. Une des femelles part vers le point d’eau. La seconde se lève, va vers le lion et lui donne une bourrade de réveil… Il finit par se lever aussi et la suivre. Elle va boire. Lui a une tout autre préoccupation…
La belle semble proche de la période de reproduction. Il l’étudie de près et gueule entrouverte pratique le « flehmen », technique d’aspiration des phéromones souvent prélevées par le biais de l’urine de la femelle pour transmettre les informations concernant la proximité de l’oestrus.
Le soleil se couche sur un couple tout doré de lumière prêt semble-t-il à filer « à l’anglaise » pour 3 jours de reproduction intensive comme les lions la pratiquent… Et la journée n’est pas finie… Notre attente du soir au bord du point d’eau du lodge nous permet de voir se succéder: éléphants, girafes, un rhinocéros noir, une lionne et ses 3 lionceaux turbulents… Encore une bien belle journée!
La nuit s’achève sur un point d’eau paisible. Tandis qu’au loin retentit le puissant rugissement d’un lion, les gangas ouvrent le bal en venant boire bruyamment. Un couple de chacals à chabraque explore méticuleusement les alentours. A certains moments, ils glapissent et des congénères leur répondent. Nul doute, ce sont bien des canidés… Des vols mouvants de tisserins sociaux vont de l’eau à leurs « HLM » de nids accolés. Au fur et à mesure que le jour se lève, les visiteurs se succèdent: héron cendré, outarde Kori, springboks, un oryx mâle à la corne cassée… Ils sont de plus en plus nombreux: zèbres, oryx, gnous, springboks… La progression vers l’eau est lente, d’abord en ligne, puis tout le monde se regroupe et observe attentivement à 360°. Le stress est palpable. Un rocher peut être une tête de lionne immobile attendant sa proie. Le moindre mouvement rapide et c’est la panique, parfois pour le décollage d’une pintade… Un oryx, plus hardi que les autres, pénètre loin dans l’eau pour boire. Son reflet est superbe! Mais sa sortie rapide dans des gerbes d’eau révèle bien son angoisse. Nous laissons avec regrets ce spectacle permanent. Petit arrêt gonolek à ventre rouge, huppe africaine et nous roulons vers un autre point d’eau. Il s’avère très riche. On s’y presse: springboks, koudous, autruches, bubales, zèbres… Et d’autres colonnes de zèbres convergent encore vers l’eau. Finalement, nous sortons du parc. Petit arrêt shopping et c’est la route vers le Damaraland.
La route puis la piste sont incroyablement droites. Nous rentrons dans un secteur de « conservancy », des terres gérées par les communautés locales. Après le déjeuner, nous poursuivons notre route dans les paysages fabuleux du plateau d’Etendeka. Toute cette région illustre concrètement les énormes bouleversements géologiques lié à la formation du Damaraland, constitué de granites intrusifs passés à travers les montagnes du Damara et les dépôts du Karoo le long de vieilles fissures datant de 480 millions d’années, époque de la formation de la chaîne. Ces fissures ont été réactivées lors de la séparation des continents africain et sud-américain et la formation de la grande dorsale atlantique. Ces mouvements liés à la tectonique des plaques et notamment à un phénomène de subduction, une plaque tectonique qui coulisse sous une autre, ont permis l’apparition d’immenses volcans dans cette région du pays et un chaos de roches volcaniques de type basalte, dolérite… et de roches métamorphiques. Des collines de granit étalent leurs blocs éclatés, érodés… Nous nous arrêtons pour voir tout ça de plus près. La végétation s’est adaptée à ce milieu difficile tant par la chaleur intense du soleil que le manque d’eau.
Le Sterculia quinqueloba ou, familièrement, arbre à talc présente un tronc blanc (d’où le nom…) et s’accroche dans la moindre anfractuosité de rocher. L’Euphorbia virosa dresse tout autant ses candélabres que ses épines. Sa structure charnue en forme de colonnes renfoncées sur tous les côtés lui permet de se faire de l’ombre à elle-même… L’érosion délite les blocs de granit en chaos spectaculaires.
Nous atteignons la Grootberg Pass, à 1540 m d’altitude. Les roches environnantes sont ici basaltiques. Le panorama est époustouflant.
Sur les grands escarpements rouges et ocre apparaissent de plus en plus de grandes boules buissonnantes. Ce sont des euphorbes damarana dont la consommation est très toxique sauf pour le rhinocéros et le koudou. Un système de pompage éolien crée soudain un « miracle » vert au milieu de toute cette aridité. Un petit village avec des chèvres entoure le point d’eau. Les cigognes noires ne s’y sont pas trompées. C’est une de leurs escales… Des villageois viennent discuter avec Alex et Lesley. Les nouvelles ne sont pas bonnes: 2 lions qui se sont attaqués au bétail ont été tués la veille… La cohabitation hommes/faunes n’est pas toujours facile… Et ce n’est à nous Français qui n’arrivons pas vivre en harmonie avec quelques malheureux ours et meutes de loups qui pouvons émettre le moindre commentaire désagréable… Nous passons la barrière vétérinaire qui relie Etosha à la côte. Elle sépare le secteur des grandes fermes commerciales des fermes des communautés locales où peut sévir la fièvre aphteuse potentiellement transmise par les buffles. Nous voici arrivés à Palmwag: le lodge est dans un écrin de verdure. Ce soir, le coucher de soleil se fait sur fond d’histoires d’éléphants… Puis la nuit claire et la voie lactée bien visible incitent les amateurs de photos en pose longue à avoir la tête dans les étoiles. Merci à Daniel pour son imparable précision!…
Ce matin, nous partons explorer une concession de terres gouvernementales gérées par des privés.. Le paysage est une déclinaison parfaite d’ocre rouge en collines et canyons, roches et galets… Avant même l’entrée, nous repérons des femelles koudous, des oryx et des springboks.
Quelques aléas font que nous faisons une joyeuse séquence photos. Merci à Tony et sa famille pour leur imagination, elle est mise en œuvre par un professionnel averti… L’exploration commence par un petit canyon puis une belle perspective sur les « mesas » noyées dans une brume bleutée et les vallonnements rougeoyants qui nous entourent. L’arrivée sur une zone où pousse Welwitchia mirabilis nous amène à parler botanique. L’étrange fossile vivant existe depuis des millions d’années. Endémique du désert du Namib, elle pousse exclusivement sur une zone allant de l’Angola à Kuiseb. Les rhinocéros noirs en sont friands quand elles sont jeunes et tendres. Leurs racines deviennent énormes et se développent tant en profondeur que latéralement. Cela leur permet de survivre en se contentant de l’humidité nocturne mais pour démarrer, les graines ont besoin de beaucoup d’eau, celle des grosses averses d’orages. La plante ne développe que deux feuilles qui s’enroulent sur elles-mêmes se fendent et se dessèchent à leur extrémité. Bien étrange… Les plus vieux pieds, en Angola, auraient 2000 ans et leurs feuilles, s’il n’y avait ce système de désagrégation, feraient 200 m de long… Il y a des pieds mâles (petits cônes) et des pieds femelles aux gros cônes. Ces cônes sont mangés par les Damaras. Nous retrouvons aussi Bosquia Albitronca et les buissons d’Euphorbe damarana. Cette plante au latex blanc poison peut, étonnamment, être mangée sans problème par certains animaux alors que faire son barbecue au buisson sec de cette euphorbe est mortel pour l’homme… Nous reprenons la piste caillouteuse. Le paysage tout en aridité rougeoyante parait au premier abord vide. Pourtant, un couple d’outardes de Rüppell est en pleine chasse aux insectes. Deux buses augures planent au-dessus de nos têtes tandis que 4 femelles oryx s’éloignent du point d’eau. En effet, des résurgences liées aux rivières temporaires permettent l’existence d’un faune incroyablement riche, compte tenu des contraintes du milieu, et d’oasis de verdure au fond des canyons…
La piste suit les collines érodées, traverse les gués de rivières temporaires, en ce moment sec, mais approvisionnées en eau par les orages à la saison des pluies. Quelques nouveaux petits habitants sont repérés : écureuils terrestres et chacals à chabraque allant de leur démarche rapide d’une touffe d’euphorbe à une autre pour profiter de quelques instants du répit de leur ombre bienfaitrice… Il est étonnant de voir oryx, springboks et girafes avoir le pied si sûr dans cette caillasse, parfois partir dans un galop rapide, pour les premiers…
Plus on approche des points de résurgence où se déploie le miracle de l’eau, plus des petits sentiers, en étoile, apparaissent nettement et convergent. Un passage au lodge et nous prenons la route vers Vingerklip. C’est la journée des aléas et notre parcours s’en trouve un peu modifié. Nous avons ainsi l’occasion de découvrir le site de la « forêt pétrifiée ». Là, de vénérables fossiles de conifères datant de 280 millions d’années ont été transportés là par une vague d’eau et de boue au moment de la débacle de la période glaciaire.
Puis près de 1000 m de dépôts ont recouvert les arbres qui, sous la pression et en absence d’oxygène, se sont fossilisés. Les cellules se sont remplies de substances minérales, notamment de silice. L’arbre le plus haut fait 31 m de long. Sur certains morceaux, on voit très bien les anneaux de croissance. Le sentier nous permet également de retrouver les welwitchia mirabilis. Tout le site est protégé et tous ses trésors interdits à l’exportation évidemment. Nous continuons notre chemin vers la sentinelle du Vingerklip qui dresse sa haute silhouette blanche bien au-dessus du paysage.
Ce matin, chacun vaque à ses occupations avant le départ. La plupart monte au point de vue d’où le célèbre Vingerklip, sentinelle sédimentaire ayant fait de la résistance face à l’érosion intense environnante, y est superbement mis en perspective. Nous reprenons la route, cette fois, vers Twyfelfontein. Le paysage est toujours spectaculaire, même si nous sommes passés de la « symphonie en rouge majeur » au blanc mineur… Parfois, la faune anime un site. Des zèbres de Hartmann ou zèbres de montagnes nous observent au loin et jugent plus prudent de s’éclipser… Nous commençons notre visite du secteur de Twyfelfontein par une belle perspective sur la « montagne brûlée ». Cette structure géologique s’est constituée quand, sous l’effet de la chaleur et de la pression, il y a eu métamorphisation de schiste par une coulée de lave souterraine. Puis, nous descendons dans le petit canyon aux parois constituées d’orgues basaltiques. Un mopane a développé une racine qui se « lance à l’assaut » de la paroi… Après notre déjeuner dans un très beau cadre et « photos party » ou sieste, selon les aspirations de chacun, nous filons vers le lit de la rivière Huab. Passage par un petit village damara pour avoir des informations concernant nos amis éléphants et c’est parti. Dans le lit de la rivière, des Faidherbias albidas monumentaux se développent. Leurs graines ont besoin du passage par les intestins d’un éléphant pour germer… Soudain, notre premier ténébrion… Après avoir couru comme un fou, fait le mort. L’étrange coléoptère aux pattes avant plus courtes que celles de derrière fait le mort. Sa morphologie lui permet d’escalader rapidement les dunes sur la crête desquelles il se positionne, la tête en bas, attendant que le brouillard venu de la mer dépose de l’humidité sur son dos.
Une goutte finit par se former et glisser vers le bas: il boit…Rivière Aba Huab, l’affluent, puis Huab, 2 raphycéres champêtres s’enfuient à notre approche. Le vent souffle fort et c’est quasiment dans une tempête de sable que nous roulons sur le plateau de la rive nord. Un troupeau d’autruches semble en « suspension » dans le paysage lunaire. Un improbable village se profile au loin, c’est De Riet, habité par des Damaras exilés d’Afrique du Sud au temps de l’Apartheid. Invités à rentrer chez eux par Nelson Mandela, ils ont préféré rester là. Pourtant, le milieu est bien aride mais ils y font quand même de l’élevage et cohabitent harmonieusement avec les éléphants du désert.
Ils doivent juste protéger à certains endroits leur eau… Nous reprenons le lit de la rivière, soudain, ils sont là: les célèbres éléphants du désert du Namib. Il n’en reste que près de 300 sur le Damaraland et le Kaololand. Leur population était même descendue à moins de 100 dans les années 50-60. Ils présentent un certain nombre de caractéristiques spécifiques telles que l’espacement des naissances. La femelle peut allaiter son petit jusqu’à 6, 8 ans au lieu de 3, 4 ans habituellement. C’est une population à croissance lente car, non seulement ils ont moins de petits mais, en plus, avec moins de chances de succés… Plus il fait sec et plus ils sont dans le désert, se nourrissant des plantes adaptées à la sécheresse et ne buvant que tous les 3, 4 jours. Ce qui est impensable pour tout autre population d’éléphants.
Si la situation se durcit encore, une femelle peut aspirer de l’eau avec sa trompe dans son estomac pour en asperger son petit déshydraté…
Pour l’instant, ils sont 6, une petite famille, en plein repas dans le lit de la Huab où ils trouvent eau (en creusant parfois pour l’atteindre) et nourriture. Nous les observons longuement, ils passent tout près de nous. Génial! Puis nous profitons de beaux points de vue. Nous roulons dans un paysage désertique sublime pour atteindre un promontoire pour le coucher du soleil et, de surprise en surprise, soudain: un oryctérope!!! Incroyable!!!… L’étrange amateur de termites au « look » improbable: corps façon kangourou, nez façon cochon, oreilles façon âne… furette et creuse parfois, juste en contrebas de nous. C’est l’euphorie générale, quelle journée encore…
Tandis que les pintades de Numibie quittent leur perchoir de la nuit sur le toit de notre lodge, les pigeons roussards soignent leur toilette. Le soleil monte doucement derrière les collines et éboulis au creux desquels est bâti le lodge, parfaitement intégré au paysage. 5 minutes après le départ, nous sommes sur le site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO des gravures rupestres de Twyfelfontein.
Premiers arrivés « à la fraîche », le site est à nous. Ici, des chasseurs-cueilleurs bushmen ont trouvé de l’eau (une source), un site pour se protéger des intempéries et des prédateurs, un bon poste d’observation de la faune dans la plaine en contrebas (un atout pour des chasseurs). Réalisées avec des outils en quartz sur du grès, les gravures sont très bien conservées grâce au climat aride. Pourtant, elles datent de + ou – 4000 ans avant JC. Le bestiaire africain y est bien présenté: de nombreuses girafes et rhinocéros (les deux espèces pouvant mener à l’eau), oryx, koudous, zèbres, autruches. Plus rares sont les éléphants et les hippopotames. Un manchot du Cap et une otarie y sont aussi représentés. Mais l’emblème du site est un lion à mains humaines dont on pense qu’il pourrait être un chaman symbolique. C’est une interprétation actuelle, tout comme la carte des points d’eau… Dans la tradition de transmission orale de ces sociétés, on peut penser que, peut-être, ces gravures servaient à concrétiser la connaissance de leur environnement et comme relais d’informations.
Sur le site, on retrouve, entre les blocs de grès, des mopanes, des bosquias albitronea ou arbre du berger (on peut se reposer dessous sans risquer épines ou feuillage toxique), des petites touffes de petalidium… Les premiers donnent un bon bois de charpente, leurs jeunes tiges une « brosse à dents », leur écorce fraîche sert à faire des liens et le célèbre ver de mopane en provient. Cette chenille se mange crue ou cuite dans le Nord du pays. Le second fournit une sorte de café. Avant les premières gravures, on passe les vestiges de la petite maison de Michiel Levin qui a donné son nom au site en s’y installant: Twyfelfontein, la « fontaine douteuse » à cause de l’irrégularité de la source… Nous roulons, après, vers l’Atlantique. Premier arrêt dans une atmosphère bien différente… La plage est le lieu de prédilection des amateurs de « surf casting », la pêche au gros du bord de la plage. Les rouleaux y déferlent avec violence. En remontant vers Capa Cross, nous croisons des véhicules 4X4 « équipés pêche »: cannes à pêche fixées sur le devant et tout le nécessaire pour amener le véhicule sur la plage et s’y installer… Avant les pêcheurs, les côtes namibiennes ont attiré les explorateurs. Les premiers ont reculé devant leur aridité. Cape Cross témoigne du passage du navigateur portugais Diego Cão en 1486. Il y a planté une croix en pierre. Sur ces côtes, les marées sont de faible amplitude mais, lors de tempêtes, l’océan jette et laisse par endroit des plaques blanches de sel, d’ailleurs des salines existent. Le fameux courant de Benguela, s’il fait de cette côte une des régions les plus poissonneuses du monde grâce au phénomène de « up welling » qui remonte une eau froide très riche, lui donne un climat particulier. Une épaisse couche de brouillard en altitude voile le soleil régulièrement. Visite aux otaries à fourrure: le site est très peuplé, bruyant et odoriférant… Tandis que les mères vont et viennent entre la plage et l’océan, les petits attendent, s’impatientent en attendant la tétée du retour de la partie de pêche. Alors: ils hurlent… Les petits crient pour que leurs mères les reconnaissent et elles appellent leurs petits (voix et odeur comptent…). Parfois un jeune tente une « percée » et d’amadouer une autre otarie qui somnole. La réponse est toujours musclée. Nous constatons avec consternation un des méfaits de la pêche industrielle: des morceaux de filets sont incrustés dans les chairs de quelques otaries et nous ne pouvons rien faire… Finalement, nous roulons vers Swakopmund en espérant ne pas arriver trop parfumés à notre bel hôtel en bord de mer…
Aujourd’hui, nous quittons la station balnéaire de Swakopmund et son ambiance germanique pour le très industrieux port en eau profonde de Walvis Bay. Situé à 35 km, le port, lui, anciennement britannique, est le grand port de pêche de Namibie. Mais, c’est aussi un port marchand en plein développement. Les Chinois en sont les grands instigateurs et acteurs… D’abord, spécialisé dans le fret dont la surface portuaire est en train d’être doublée, l’activité de maintenance des navires est en expansion également avec une multiplication par deux des surfaces dédiées. Aussi, la population de la ville l’a été aussi. Des quartiers résidentiels fort chers s’ajoutent aux résidences secondaires des amateurs de pêche et de séjour en bord de mer à la fraîche… Pendant la saison chaude au moment des vacances de Noël. Puis apparait une vaste plateforme, il s’agit du lieu d’une autre activité historique de la région: la récolte du guano! L’activité, commencée par un Allemand dans les années 30 sur une vaste barge (équivalente de 3 terrains de foot…) était florissante. Le guano était transporté grâce à la ligne de chemin de fer Swakopmund-Walvis Bay. Dans les années 30-40, il rentrait dans la composition des bombes (nitrate, phosphate…) puis rentrait dans la composition des produits cosmétiques: la guanite… Maintenant, c’est un excellent fertilisant. Nous voici arrivés sur le secteur portuaire, nous échangeons nos 4X4 contre un bateau. Le capitaine est connu des habitants des lieux. Un grand pélican blanc attend manifestement le départ de la croisière avec impatience. A peine sommes-nous tous à bord qu’il s’agite et finit par monter à bord par la plage arrière… Il est gratifié d’un petit-déjeuner de sardines… Le glouton pèse 4 à 8 kg, les plus gros 12 à 15 kg… Les pélicans, ici, vivent près d’une trentaine d’années, car la pêche est aisée et abondante. Son cousin américain ne vit que 7 à 8 ans car il doit plonger trop profond pour se nourrir et devient aveugle avec l’âge. Plus loin, le spectacle est total quand nous tombons sur tout un groupe de dauphins communs et d’otaries en train de pêcher. La fébrilité gagne le bateau, ils ne ressortent jamais où on les attend… Mais le festival de sauts et plongeons est très réussi… Puis nous avons une visite. Un jeune otarie mâle monte à bord à son tour. Contre quelques poissons il se laisse observer: petites oreilles externes, vibrisses pour chasser (plus de terminaisons nerveuses que dans un doigt par vibrisse…), 800 poils au cm², 150 à 180 kg et, son drame… Il mange 12 à 13 kg de poissons par jour… Alors il devient un nuisible pour la pêche industrielle et on le massacre par milliers… Leur population est estimée à plus de 2 millions d’individus et, malheureusement, ils se reproduisent vite. Mais quand on sait que la marine namibienne ne possède que 3 navires pour contrôler la pêche illégale, notamment des bateaux espagnols, japonais, chinois et autres… C’est une bien maigre défense face aux bateaux-usines, avec 1100 km de longueur de côte, pour éviter le pillage de leurs ressources halieutiques… Alors, les otaries qu’il faut réguler… ont « bons dos »… En effet, des bateaux encore plus gros que les bateaux usines sont conçus pour décharger ces derniers en mer et livrer le poisson déjà conditionné vers les différents pays. Il ne reste plus qu’à mettre les étiquettes selon les marques. Un vrai pillage! Nous partons plus au large, l’occasion d’approcher des installations pour l’élevage des huîtres.
A de gros bidons sont fixées au fond 2 cordes auxquelles sont fixés tous les un mètre un sac avec 2000 huitres dedans. Ce sont des millions d’huitres qui sont produites dans les 4 fermes ostréicoles de Namibie pour fournir le marché asiatique. Elles ont là une croissance excessivement rapide grâce à la richesse des eaux. En 7, 8 mois, au lieu de 3, 4 ans chez nous, 1 an en Afrique du Sud, les huîtres sont consommables. Une petite visite à la colonie d’otaries et nous filons vers le large où des petits dauphins du Benguela, cette fois, ont été repérés. Finalement c’est l’heure du pique-nique: un des moments bien agréable de la croisière… Le retour se fait en compagnie des goélands du Cap. Après-midi balnéaire ou aérienne et dîner sur la jetée pour finir cette journée en beauté…
Swakopmund se réveille coiffée de brouillard comme à l’accoutumée. Nous, nous retournons vers le chaud direction les 50 000 km² du parc du Namib-Naukluft. Nous roulons vers Walvis Bay et une lagune bien abritée, lieu de prédilection des flamants roses. Effectivement, ils sont bien là. Becs dans la vase, leurs longues pattes rouges effectuent des petits pas de « danse » sur place pour pouvoir en filtrer le résultat. Mais les « danseurs de flamenco » sont loin d’être les seuls. Un couple de sarcelles du Cap, des avocettes élégantes, toutes sortes de limicoles: chevaliers guignettes, sylvains, tourne-pierres à collier… profitent du lieu. Sur un banc de sable, c’est tout un rassemblement de goélands du Cap, mouettes de Hartlaub, sternes caspiennes, sternes huppées, sternes royales… Un beau rassemblement!
Puis nous prenons la piste vers la « Kuiseb pass ». La piste est d’abord parfaitement rectiligne. Nous nous arrêtons pour aller voir de près des « Aloe dichotoma » ou « arbre à carquois » des Sans. Ils en utilisaient alors les branches fibreuses. L’arbre peut vivre près de 200 ans. Il se gorge d’eau dès qu’il pleut. Ses fruits sont mangés par les babouins. Nous reprenons le piste au milieu du rien… Si ce n’est quelques « Acacias erioloba », dont le nom vient de ses gousses en forme de lobe d’oreille, dans les lits des rivières temporaires.
Pour le moment, les seuls points verts au sol sont les touffes de salade d’autruche ou zygophylum. La piste part soudain à l’assaut de hauteurs, c’est la « Kuiseb Pass ». La Kuiseb marque la limite entre le sable et l’univers minéral. Les bouleversements géologiques et l’érosion nous permettent de profiter de beaux plissements de schiste, micaschistes, feldspath que nous suivons après.
Les affluents de la Kuiseb ont sculpté tout le secteur. Dans le lit de la Kuiseb, on retrouve le Faidherbia albida. Par endroits, on voit les petits sentiers résultant du passage de la faune sauvage pendant des milliers d’années. De place en place se détachent quelques springboks, oryx, autruches, zèbres de Hartmann… Finalement, nous arrivons au lodge de notre déjeuner. Ce midi, nous mangeons au « Ritz »… Le cadre en est très agréable et surtout, ils soignent et sauvent des suricates et en possèdent donc un petit parc. Une femelle et ses 2 petits font le « show ». Seule avec ses rejetons, elle veille sur eux farouchement et fait le guet avec un soin méticuleux…
Nous reprenons la piste jusqu’au « Bagdad café » local: Solitaire. Là, on trouve de vieilles voitures, pompes à essence… oasis en plein désert. Cette journée de transition se termine à Sesriem où nous installons dans un charmant petit lodge en plein désert.
Ce matin, nous avons rendez-vous avec les mythiques dunes de Sossusvlei. Elles font partie d’un gigantesque massif dunaire de près de 60 km de large qui s’étire de Walvis Bay à Lüderitz. Nous sommes dans le parc national du Namib-Naukluft, 120 km de large sur 600 km de long… Le site est classé patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2013. 65 km nous séparent de « Big daddy » avec à ses pieds le célèbre Deadvlei. La lumière du lever du jour dessine à merveille les circonvolutions des immenses dunes. Nous sommes face au plus vieux désert du monde: 80 millions d’années, mais aussi aux plus hautes dunes dont certaines font plus de 300 m de haut. Ombre et soleil jouent avec les silhouettes des barkhanes, les dunes en croissant et celles en étoile. Le sable a fait un incroyable voyage avant de venir se déposer là. En effet, originaire du Kalahari, il est transporté par les cours d’eau dans la rivière Orange qui l’emporte dans l’océan. Là, il rencontre le courant de Benguela qui le ramène vers la côte et le vent le « souffle » dans les terres où il poursuit son oxydation. Le sable clair, lui, vient du lit des rivières temporaires comme la Kuiseb dont l’embouchure est située à Pelican Bay. La végétation herbacée donne des reflets dorés à certaines zones des vastes dunes tandis que le sable, en fonction de la taille et du poids des grains de sable, y ajoute le noir de la magnétite et le blanc de la silice. L’ensemble se détache sur un superbe fond de dégradés d’ocre créé par l’oxydation du fer. Nous sommes face à de vénérables dunes rouillées… Dès que l’on s’approche des petits buissons ou touffes d’herbes, les empreintes laissées par les habitants des lieux racontent les histoires de la nuit: les springboks ont dormi là, les oryx ici, une gerbille aux petites pattes poilues a fait son marché de graines dans telle touffe d’herbe, des scarabées et ténébrions sont passés par-là… Tandis qu’une ligne compacte de personnes se forme sur la dune 45, nous continuons vers des espaces moins peuplés… Une fois les 65 km de route parcourus puis les 4 km de piste sablonneuse, nous partons explorer à pied. Tandis que les plus sportifs montent « big daddy », les plus contemplatifs et amateurs de photos partent sur sa branche ouest, celle qui domine Deadvlei directement. Sur la crête dunaire, plein d’empreintes: lézards de tailles variés, insectes divers, chacals… Nous croisons des petits lézards (Meroles cuneirostris) qui filent incroyablement vite et s’arrêtent soudain avec la queue parfois remontée comme un scorpion… Des petites araignées s’enfouissent dès notre approche. Des scarabées et ténébrions, champions de la vitesse sur dunes, nous laissent loin derrière… Puis c’est la joyeuse descente vers Deadvlei. Le site est un vrai régal pour les photographes et tout simplement d’une rare beauté. Nous en profitons un maximum et nous emplissons de l’ambiance et de cette nature minérale et pure, alors que sous l’effet de la température qui monte, le site se vide quasi complètement. Sur le chemin du retour, springboks, oryx et quelques gnous dans le lit de la rivière Tsauchab se sont mis à l’ombre. Déjeuner, sieste, piscine… Nous repartons en fin d’après-midi vers le canyon de Sesriem. Profond de 35 m et long de 3 km, il a été sculpté autrefois par la rivière Tsauchab. L’histoire géologique de la région y est « imprimée » depuis près de 20 millions d’années.
Les agglomérats de gros galets, plus petits ou sables étant liés à la puissance du courant de la rivière Tsauchab et donc à des variations climatiques importantes. En 2008-2009, il y avait 20 m de hauteur d’eau dans le canyon… Aujourd’hui, il est totalement asséché. Nous reprenons la route pour la dune Elim. Oryx, républicains sociaux en pleine construction de leur énorme complexe de nids et fourmis du désert du Namib forment le trio animalier tandis que descend le soleil et s’embrase notre extraordinaire perspective…
Début de matinée entre dunes et roches, air et terre, notre lodge est si bien fondu dans le décor… Puis c’est le retour sur la piste direction plein Est. A la sortie de Sesriem, encore quelques moringas ou arbres à beurre, car c’est dans leur tronc gorgé donc plus frais que les colons plaçaient leur beurre. D’abord plat, le paysage évolue avec des escarpements secs et très minéraux. Nous croisons régulièrement de la faune sur les vastes propriétés privées: quelques beaux troupeaux d’oryx, des springboks, autruches… En passant un col, quelques babouins sont en plein repas dans les graminées. Un gros mâle saute la clôture avec une facilité déconcertante. Après le déjeuner à Maltahöhe, nous continuons vers Mariental. Notre route passe alors la « Fish River », le second cours d’eau le plus important de Namibie et qui a façonné le second plus grand canyon du monde. C’est le canyon de la « Fish River ». Près de la ville de Mariental (près de 45000 habitants) a été construit le plus grand barrage de Namibie, celui de Hardap. La « Fish River » permet également l’irrigation des terres pour la production de carottes, maïs, surtout de la luzerne car c’est un secteur d’élevage laitier. Nous croisons quelques voitures à cheval qui ramènent les enfants en pension en ville. Eh oui, nous sommes dimanche… nous qui avions totalement perdu la notion du temps… Encore un peu de piste à Intu African suricate lodge. Après un petit repos, nous partons en safari dans la réserve de 10 000 ha. Nous avons changé totalement de paysage: nous sommes maintenant dans le Kalahari. Nous passons de somptueuses bandes de dunes rouges entre lesquelles poussent de grands acacias. Dans le sublime cadre, les habitants sont nombreux mais très farouches. Nos artistes photographes rêvent de la mythique photo de l’oryx au sommet d’une belle dune rougeoyante. Et bien, nous l’avons! Mais également avec springboks, koudous et autruches qui, le plus souvent, « prennent leurs jambes à leur cou »… Chez les springboks, cela donne un feu d’artifice de bonds gracieux et de course éperdue. Ce soir, nous avons de la chance. Par deux fois, nous apercevons des suricates. Pourtant, eux aussi sont très vifs et ont une fâcheuse tendance à plonger dans l’un de leur labyrinthe de terriers. Heureusement, le guetteur de service, lui, continue un peu sa mission avant de disparaitre à son tour. La petite vigie virevoltante fait la joie de tout le monde. Nous avons aussi le plaisir de pouvoir observer un couple des très discrets otocyons. Ces cousins des renards ont de remarquables oreilles dont le côté « antennes paraboliques » leur permet de repérer leurs proies à l’oreille… Un orage a donné quelques gouttes, incroyable à cette saison. Maintenant il tourne en vent et si les grains de sable ocre filant sur les rides du substrat sont très esthétiques, ils ne facilitent pas l’opération coucher du soleil festif… Néanmoins, l’astre flamboie parfaitement et se couche derrière dunes et acacias tandis que nous savourons cet agréable moment de convivialité partagé, un verre à la main…
En ce dernier matin namibien, nous avons rendez-vous avec les Bushmen. Les petits hommes, beaucoup plus menus que les autres habitants du pays, nous font une démonstration de leurs techniques de survie dans ce milieu si aride. Comme toutes les ethnies de tradition orale, ils sont excellents pour le mime et les récits avec force gestes éloquents et commentés dans leur langue si particulière, ponctuée de clics. Le premier, nous mime la technique de la chasse à l’oryctérope. Le si difficile à voir et étrange animal est très friand de termites.
Pour ce faire, il n’attaque pas la termitière par le haut, mais par sa base, moins dure. Il creuse avec beaucoup d’efficacité grâce à ses puissantes griffes et, à l’aide de sa longue langue collante engouffre les termites qui l’attaquent. Très occupé, il devient une proie facile pour les chasseurs. Une fois tué, ils le ramènent près de la termitière et l’ouvrent là car il a avalé les termites tellement vite, sans les mâcher, que certains des termites sont encore vivants. Ainsi, les termites sont libérés et la termitière peut continuer de fonctionner et un autre oryctérope pourra, lui aussi, être attiré par la termitière et tué à son tour… Chez l’oryctérope, qui est un animal gras, la chair est consommée, les griffes servent d’ornement et la graisse, après cuisson, sert à s’enduire le corps. C’est un excellent répulsif contre les insectes. Le second Bushman s’arrête devant un acacias melifera. L’arbuste, outre ses branches et branchettes armées d’épines en hameçon, a la particularité de donner une résine appréciée par les Sans (l’autre nom des Bushmen) mais aussi des outardes Kori. Elle devient un appât pour attirer les grands oiseaux et les prendre au collet. Avec l’écorce, ils font une décoction pour lutter contre la toux et soigner les bronches. Les branchettes, une fois mâchées, servent de « brosse à dents ». Ensuite, tous ensemble, ils reconstituent une chasse traditionnelle.
D’abord, ils étudient au sol les indices de présence de proies potentielles. Traces de passage récentes, crottes plus ou moins fraîches sont des signes à « lire » pour savoir comment mener la chasse. Il faut savoir d’où vient le vent… Chacun a un rôle bien précis en fonction de ses talents et aptitudes: traqueur, tireur à l’arc… Une fois leur proie repérée, ils tirent des flèches empoisonnées à l’aide de la substance contenue dans le corps d’une larve. Ils doivent alors suivre l’animal jusqu’à ce qu’il s’écroule. Puis, ils vont chercher de l’aide pour porter la viande s’il s’agit d’un gros animal. Après, on danse et on chante pendant 2 ou 3 heures pour remercier. Enfin, s’il est un élément vital en plein désert, c’est bien l’eau et là aussi les petits hommes du Kalahari savent admirablement bien gérer les ressources à leur disposition. C’est l’autruche qui est alors mise à son insu à contribution. L’oeuf d’autruche est plein de ressources.
Percé délicatement en tournant une pointe de flèche, on le vide de son continu qui est évidemment consommé. Rempli l’eau, il est enterré par le chasseur au pied d’un acacia, par exemple. La cachette connue de lui seul, lui permettra de trouver sa réserve d’eau fraîche en cas de besoin. Mais l’oeuf d’autruche fournit aussi, coupé en deux, des coupelles. Sa coquille permet de fabriquer bracelets et colifichets.
Réduite en poudre et mélangée à de l’huile, c’est un bon onguent. Lesley, qui nous traduit les récits, nous raconte un peu son enfance de Nama. Il nous évoque ses souvenirs d’oeufs d’autruche cuits par sa grand-mère et son grand-père dans le lit d’une rivière. L’oeuf est alors enterré dans le sable et le feu est fait dessus. On laisse cuire 30 minutes et tourne l’oeuf pour une nouvelle fois 30 minutes.
L’oeuf est cuit… Quelle connaissance du Kalahari! Voilà une bien belle façon de terminer notre découverte de ce passionnant pays dans lequel on passe de surprise en surprise. Dernières pistes et routes et la boucle est bouclée. A bientôt à vous toutes et tous pour de nouvelles explorations sous les cieux étoilés…