Marianne Duruel
Coordination et Photographie
25 septembre
9 octobre 2016
Du 25 septembre au 9 octobre 2016
Marianne Duruel
Coordination et Photographie
Partis de différents aéroports, nous nous retrouvons tous finalement. L’ambiance est tout de suite au beau fixe. Certains d’entre nous ont déjà partagé d’autres découvertes ensemble et c’est avec grand plaisir que nous repartons vers de nouveaux horizons.
Arrivée à Johannesburg, en temps et en heure après un excellent vol, nous embarquons pour Windhoek. Là, Erwan et Stéphane nous accueillent. Bienvenue en Namibie! Nous prenons la route vers le Nord du pays. Le paysage est très sec. C’est la seconde année sans pluie et, là, nous sommes au zénith de la sécheresse. Windhoek, la capitale, compte tenu des changements climatiques synonymes d’une succession de sécheresses et d’inondations, a connu un fort accroissement de population. Ainsi, la ville est passée de 200 000 à 400 000 habitants en une dizaine d’années sous l’effet de l’exode rural. Cela reste une petite capitale, certes, mais pour un pays de 2 millions d’habitants vivant sur 824 290 km²…
Les jacarandas sont déjà en fleurs et arborent un beau bleu violet. A la sortie de la ville, sont vendus des fagots d’herbe et des sacs de gousses d’acacias pour nourrir le bétail. La route devient étonnamment droite, pour nous Européens… Des kilomètres de clôtures longent la route. Elles délimitent les fermes. Des propriétés XXL puisqu’une petite représente 3 à 4000 ha et une grande 50 000 ha et plus… L’élevage extensif y est pratiqué. Quand on vient de nos régions de verts pâturages… ces gigantesques surfaces d’acacias aux silhouettes tortueuses et décharnées, cette herbe jaune rase et filiforme étonnent. Et plus, encore, le bétail s’en sort bien et n’est pas du tout maigre. Belle adaptation! Au long du parcours, les plus vigilants d’entre nous aperçoivent quelques oryx, bubales rouges… mais la grande majorité profite des babouins et phacochères. A partir d’une certaine heure (après les heures les plus chaudes, ils ne sont pas fous…), ils se nourrissent au bord de la route. En effet, les terres d’élevage étant bien utilisées, les bords de routes deviennent de bonnes tables pour ceux qui réussissent à passer les clôtures « musclées » des vastes domaines. Sur ces terres se côtoient bétail et faune sauvage.
La plupart des propriétés font de la publicité pour leur lodge, réserve privée d’observation ou de chasse. Les trophées des plus beaux ongulés comme les koudous, les oryx… sont vendus très chers. Ici la taxidermie est un vrai business. Espérons que cette activité permette effectivement de protéger, de financer la protection de la faune sauvage. La viande de ces animaux abattus se retrouve sur les tables des lodges. Même si l’idée nous révulse en tant qu’amateurs de safaris photos… mais ce ne sont pas des animaux d’élevages industriels, transportés vivants sur de longues distances et ils sont proprement abattus dans la nature d’un coup de fusil… En attendant, les petits phacochères dodus se goinfrent, à genoux, dans l’herbe dorée.
Finalement, nous arrivons au Mount Etjo Safari Lodge. Le cadre est très agréable et le barbecue, le bienvenu… Il faut dire que nous dormons ce soir dans une adresse célèbre, celle où fut signée la déclaration d’Indépendance de la Namibie par les Nations Unies en 1989.
Au matin, nous découvrons de jour le lieu où nous avons dormi. C’est superbe! Des quantités d’ouettes d’Egypte pique-niquent sur les pelouses, tout comme quelques flamants roses sur un petit point d’eau. Et, derrière quelques arbustes, un vaste plan d’eau agrémenté d’îlots regorge de vie: marouettes à bec jaune, cormorans à gorge blanche, spatules, pélicans blancs… Un couple de foulques caronculées est en pleine confection de leur nid. J’ai un peu de mal à récupérer tout mon petit monde. Notre guide de la réserve privée nous attend pour notre safari. L’exploration commence. Les oiseaux sont légions: gonolek rouge et noir, francolins à bec rouge, de Swainson, mahali à sourcils blancs, inséparables rosegorge… Il faut dire que la réserve privée couvre 40 000 ha. Nous croisons nos premiers représentants des ongulés namibiens: springboks, oryx, élands du Cap, koudous, girafes, des zèbres de montagne de Hartmann aux pattes rayées jusqu’aux sabots et ventre blanc, nos premiers dik-diks damaras (le dik-dik étant la plus petite antilope d’Afrique) aux pattes si fines…
Nous rencontrons tout un groupe de babouins en déplacement avec leur encadrement de sécurité parfaitement orchestré par les grands mâles dominants, des damans de rochers, des mangoustes rayées. Des empreintes de léopard sont bien visibles sur la piste, mais le bel animal reste, lui, invisible. Quelques « visiteurs » originaires d’Afrique du Sud: les étranges gnous à queue blanche se sont bien acclimatés à leur nouveau milieu. Quant aux cobes à croissant et lechwes, c’est uniquement le plan d’eau et la verdure environnante qui permet à ces amateurs de zones humides de subsister. Soudain, au détour de la piste, nous croisons « l’ange gardien » des rhinocéros: dans un 4X4 surpuissant et surélevé, accompagné de chiens, il est équipé, comme un véhicule militaire d’une arme de forte puissance avec viseur, peut-être à vision nocturne… et silencieux. Lutter contre le braconnage est devenu en Namibie, comme dans toute l’Afrique australe, une lutte de tous les instants menée par les privés, des militaires et la police.
Nous rencontrons peu après un éléphant et des rhinocéros blancs. Ils nous offrent leur meilleur profil… et nous pouvons bien observer leur mâchoire carrée qui les différencie des rhinocéros noirs, amateurs de feuillage, eux, à la mâchoire « pointue ». Puis, c’est la « cerise sur le gâteau »: un peu plus loin, les rhinocéros sont proches de nous, ils se déplacent encore plus près de nous et le mâle se met à faire une cour assidue à madame. Cette dernière, d’abord lascivement couchée, se relève. Le grand animal se montre tendre, nez à nez, dans une sorte de danse. La belle semble satisfaite par ces attentions mais « l’affaire » en restera là pour plus de discrétion peut-être… Un beau moment d’intimité partagée pour nous! Encore quelques impalas et nous quittons la piste pour le lodge. Là, deux grands mâles éléphants profitent de la « table » et du « bar »… Il est à nouveau bien difficile de quitter ce beau spectacle et le lodge mais d’autres lieux nous attendent.
Nous reprenons la route bordée du grès rouge du Mont Etjo. Les routes sont largement dégagées en Namibie afin d’avoir une meilleure vision des animaux et de servir de coupe-feu. De temps à autre, un inselberg de granit a résisté à l’érosion et dresse sa silhouette pointue. Nous déjeunons en route puis faisons un arrêt au lac Ojikoto. Nous sommes dans un secteur calcaire propice à la formation de grottes avec lacs souterrain… Là, nous sommes face à un lac très proche des « cénotes mexicains ». Un colombar à front nu, fréquent dans l’Okavango, semble s’être égaré au bord de ce lac… Mais le parc national d’Etosha est notre prochaine étape et nous repartons, non sans avoir apprécié la dextérité avec laquelle des jeunes femmes font un tressage africain des cheveux. Il en restait encore pour 2 heures de travail…
Notre arrivée au lodge, peu avant le crépuscule, est un régal. Pendant le coucher du soleil vu de la terrasse face du point d’eau, un phacochère mâle assoiffé (il a bu non-stop pendant des minutes entières), des impalas, un chacal à chabraque nous ont rendu visite.
Départ pour une journée entière consacrée au parc d’Etosha, nous sommes parmi les premiers à l’entrée. Rapidement, les photographes s’activent: les charmants petits dik-diks (ils font à peine 5 kg), seuls ou en couple, sont encore engourdis de la nuit et, donc, moins prompt à s’enfuir. Nous croisons quelques gnous et des impalas au pelage foncé par l’humidité. Au premier point d’eau, des hyènes rentrent de leurs pérénigrations nocturnes, boivent un peu et continuent leur chemin. Puis, à leur tour, 2 charmants petits chacals viennent boire. C’est le moment où les prédateurs peuvent encore être en action, la preuve… et les autres animaux se font rares. Un grand mâle girafe nous fait une parfaite démonstration de leur technique de précision pour se nourrir dans les acacias bien épineux: les feuilles délicatement détachées du bout des lèvres, les branchettes effeuillées à la langue, les branchettes avec épineux mâchées précautionneusement bouche grande ouverte (vu aux jumelles: heureusement que le palais est renforcé…).
Près d’un lodge, toute une famille de mangoustes rayées s’affairent: les petites créatures bavardes creusent avec énergie dans une nuage de poussière, à la recherche d’insectes. Au point d’eau suivant tout un vol de gangas fait un repérage. Nous continuons notre chemin. Le parc couvre, aujourd’hui, 22 000 km², dont 4972 de pan qui signifie plat et porte bien son nom… D’abord réserve de chasse, le parc créé par les Allemands occupait 99 000 km² avant la rétrocession des terres aux Himbas qui en avaient été dépossédés lors de sa création.
Nous passons de secteurs de bush, au pan salé, des « forêts » de mopanes… Dans les zones à buissons d’acacias des raphicers champêtres, la seconde plus petite antilope par la taille, arbore ses grandes oreilles comme veinées puis s’enfonce dans le bush dense. Les points d’eau se succèdent, certains artificiels, d’autres de résurgence, le spectacle est sublime. Les animaux se succèdent par espèces pour boire. Koudous, phacochères, girafes, éléphants… Ces derniers sont incontestablement les maîtres des lieux. La tension est palpable et le stress permanent. Quitter chaque point se fait toujours à regrets mais la multiplicité des situations nous en montre énormément sur le comportement de la faune. Certains points d’eau sont plus paisibles, chacun semble s’y sentir en sécurité, mais le moindre jeu de quelques jeunes chahuteurs peut déclencher en un éclair un vrai vent de panique. C’est, alors, une véritable « envolée de moineaux », puis, tout le monde se fige à distance respectable du danger potentiel. Il faut dire que chez les éléphants le stress lié au braconnage est sensible, quand on les connaît bien. Une petite famille menée par une matriarche accompagnée de son petit nous fait bien comprendre que nous devons rester à distance. Au point d’eau suivant, les petites familles se sont regroupées et le calme est revenu. Cerise sur le gâteau du parc: les rhinocéros noirs nous permettent aussi de belles prises de vue. Un peu plus tard dans la journée, 4 beaux mâles éléphants « échangent » à propos de la hiérarchie entre eux. Intéressant, d’autant que la lumière est superbe… Quelle belle journée !
Aïe! Hier, il manquait juste un moment exceptionnel au récit: à un point d’eau déserté de toute présence en début de safari, un couple de léopards, en pleine période des amours (sinon solitaire), est passé à découvert furtivement. Mais juste ce qu’il fallait pour permettre à quelques artistes d’immortaliser la scène. C’était l’émotion!!!
Aujourd’hui, journée entière consacrée au parc national d’Etosha et à son célèbre pan. Juste pour donner l’échelle, il a fallu 2 ans pour clôturer entièrement le parc. Même si le parc a connu une diminution de sa superficie par rapport à celle d’origine, cela explique sa richesse autant que sa variété de biotopes.C’est au petit jour que nous quittons à regret notre sympathique petit lodge. Au début, tout est calme. Les ongulés se méfient encore de la proximité de la nuit et donc de la présence encore potentielle de prédateurs. Rapidement, nous découvrons un premier rhinocéros noir. C’est une belle bête dont les formes rebondies et les cornes ressortent parmi les grands toupets dorés de sauge sauvage. Peu de temps après, un second rhinocéros noir est repéré par Stéphane parmi les buissons épineux du bush. Nous voyons son museau sortir des buissons: il nous hume pour étudier la situation et juge plus prudent de s’enfoncer dans la végétation. Il a raison, car de toute évidence la guerre contre le braconnage fait rage ici. Des voitures sont fouillées. Les policiers recherchent la présence de drones, utilisés pour repérer les malheureux rhinocéros dont la corne est en kératine, donc parfaitement inefficace par rapport à ses supposées vertus médicinales aphrodisiaques ou curatives contre le cancer… Des chiens font partie des équipes de travail, des hélicoptères…
Il faut dire que le déclin de la population est exponentiel et qu’à la vitesse où la population chute, il n’y aura bientôt plus trace de cette espèce emblématique. Ces trafics d’animaux morts ou vivants dans le monde alimentent le 3e marché le plus lucratif après la drogue et les armes. La mafia chinoise est très puissante et la lutte souvent inégale… Mais c’est l’économie de régions, voire de pays, et la survie de populations entières qui dépendent de la présence de cette grande faune pour engendrer un tourisme animalier. On comprend alors qu’au-delà de l’intérêt pour ces animaux et la passionnante exploration de cette nature et de ces écosystèmes complexes, l’enjeu est tout simplement celui de la survie dans une Afrique dont la population dépasse le milliard d’habitants et alors que son agriculture, le plus souvent de subsistance, est soumise aux dures conséquences des changements climatiques: sécheresse drastique, pluies torrentielles…
Mais revenons à notre safari car le « festival » des outardes Kori commence. En couple, la plupart du temps, les grands volatiles, les plus grands oiseaux à voler avec leurs 20 kg, sont tantôt en train de boire à un point d’eau, en train de déambuler avec grâce ou à l’ombre des arbustes, les ailes un peu écartées pour se « rafraîchir »… Régulièrement, de ravissantes petites antilopes, raphicères champêtres aux grandes oreilles nervurées, sont surprises par notre arrivée et s’éclipsent. Ce sont les seules antilopes à recouvrir leurs excréments pour ne pas se faire repérer par les prédateurs… La discrétion est mère de sûreté…
Les grandes silhouettes élégantes des girafes ponctuent le paysage tandis que nous traversons les secteurs d’acacias. Sur la pan, springboks et oryx sont les plus nombreux. Ce pan a été rempli une fois sur ces 20 dernières années. Il a alors mis 2 ans à sécher. Il est vraiment surprenant pour nous de constater la présence de cette faune dans des milieux aussi arides. C’est réellement le miracle de l’adaptation.
Des autruches déambulent à grandes enjambées, des outardes, dont la très belle outarde korhaan au cou et poitrail noir, 2 jeunes lions (une femelle et un jeune mâle) sont couchés dans un mince filet d’eau… Et encore quelques chacals pressés qui boivent rapidement à un point d’eau et filent. Aux points d’eau, tout ce petit monde se croise selon une hiérarchie d’accès à l’eau bien établi, formant un extraordinaire « ballet » du grand bestiaire africain.
Notre matinée débute par un nouveau safari dans Etosha. À l’entrée, des femmes himba vendent de petits objets artisanaux. Certaines repartent avec quelques colifichets. La peau des femmes himba, passée à un mélange d’ocre et de graisse, semble de velours.
Dans le parc, aigles ravisseurs et autruches nous accueillent, mais point d’ongulés. Les quelques rencontres sont fugitives. Au stop technique, un tisserin masqué à tête rousse s’active frénétiquement à la construction de son nid. Il devient la star du lieu. En partant, nous laissons d’autres personnes suivre les « allers et retours » de l’architecte… En sortant, nous nous arrêtons à un dernier point d’eau et là, après « Waterloo, morne plaine », c’est l’explosion de vie. L’arche de Noé s’anime: girafes, oryx, koudous, zèbres, springboks, élands du Cap…
Autant nous avons eu l’occasion d’observer des points d’eau où le stress était palpable, là, tout est paisible. Certains springboks sont même couchés. Pour nous, le message est clair: il n’y a pas de prédateurs dans le coin!
Après un petit arrêt café et récupération de nos bagages, nous partons vers le Damaraland. La piste nous entraîne dans les régions Nords profondes. D’abord, c’est celle de l’élevage extensif des populations locales relogées sur ces terres d’état suite à leur éviction du parc national. Lorsqu’il s’agit de chèvres, le sol devient malheureusement rapidement pelé. Parfois, quelques « maisons », de bric et de broc, sont celles d’Héréros employés dans des fermes. Non loin de la piste, quelques étranges silhouettes sont en fleurs. Il s’agit du Pachypodium Lealii. Son tronc a la forme un peu en bouteille de ces arbres qui stockent l’eau pour les moments plus difficiles. Ses branches sont couvertes d’épines « assassines » et ses fleurs d’un blanc immaculé. Un porc-épic en a croqué un peu l’écorce de la base. La nourriture juteuse est toujours la bienvenue dans ces régions si arides… Le Sesamothamnus Guerichii, lui, présente un tronc plus clair qui semble comme peler. Au sol les blocs sont calcaires. Nous continuons vers Kamanjab. C’est jour de paie et la ville est fort animée.
Après le déjeuner, nous poursuivons notre route dans des paysages fabuleux vers le plateau d’Etendeka. Toute cette région illustre concrètement les énormes bouleversements géologiques liés à la formation du Damaraland, constituée de granites intrusifs passés à travers les montagnes du Damara et les dépôts du Karoo le long de vieilles fissures datant de 480 millions d’années, époque de la formation de la chaîne. Ces fissures ont été réactivées lors de la séparation des continents africain et sud-américain et la formation de la grande dorsale atlantique. Ces mouvements liés à la tectonique des plaques et notamment à un phénomène de subduction, une plaque tectonique qui coulisse sous une autre, ont permis l’apparition d’immenses volcans dans cette région du pays et un chaos de roches volcaniques de type basalte, dolèrite… et de roches métamorphiques. De véritables « églises gothiques » de granite étalent leurs blocs éclatés, érodés…
Une végétation s’est adaptée à ces milieux rudes tant par la chaleur intense du soleil que du manque d’eau. Le Sterculia Quinqueloba arbore un tronc très clair et s’accroche dans la moindre anfractuosité de rocher. L’Euphorbia Virosa dresse tout autant ses candélabres que ses épines. Sa structure charnue en forme de colonnes renfoncées sur tous les côtés lui permet de se faire de l’ombre elle-même…
Nous atteignons la Grootberg Pass, à 1540 m d’altitude. Nous sommes sur les terres d’une « Conservancy » c’est-à-dire gérées par les communautés locales. Ici, par exemple, le lodge à proximité est géré par les locaux.
Les roches environnantes sont ici basaltiques. On aperçoit en contrebas une gigantesque « ceinture ». C’est la barrière vétérinaire qui relie Etosha à la côte. Elle sépare le secteur des grandes fermes commerciales des petites chefferies et fermes des communautés locales où peut sévir la fièvre aphteuse.
Sur les grands escarpements rouges et ocre apparaissent de plus en plus de grandes boules buissonnantes. Ce sont des euphorbes damarana dont la consommation est très toxique. Nous voici à Palmwag: le lodge est dans un « décor de cinéma », face à une oasis bienvenue dans cette aridité extrême.
Départ du lodge tandis que des petites hirondelles isabelline se chauffent sur le chaume des toits, nous voilà partis et déterminés à profiter au maximum de notre exploration de la région. La concession sur laquelle nous sommes couvre 5000 km² de terres gouvernementales gérées par des privés. Des résurgences liées aux rivières temporaires permettent l’existence d’un faune incroyablement riche, compte tenu des contraintes du milieu. Nous retrouvons les buissons d’Euphorbe damarana. La plante au latex blanc poison peut, étonnamment, être mangée sans problème par certains animaux alors que faire son barbecue au buisson sec de cette euphorbe est mortel pour l’homme… Pour un rhinocéros noir, par exemple: il la mange sans avoir besoin de boire, dort appuyé contre pour se mettre à l’ombre… Une plante idéale pour lui. Le koudou, le raphicére champêtre en mangent aussi sans dommages. L’éléphant, lui, en consomme les racines. À la surface du sol, des petits éclats de cristaux de quartz, de silice, des petits bouts d’agate cassée…, tout rappelle l’histoire géologique agitée du lieu. Pour nous autres venus d’Europe, le paysage tout en aridité rougeoyante paraît au premier abord vide. La piste, par moments, comme pavée « court » sur les collines érodées, traverse les gués de rivières temporaires, en ce moment sèches, mais approvisionnées en eau par les orages à la saison des pluies. Au fond des vallées, des résurgences permettent l’apparition d’oasis de verdure. Avant d’y parvenir, alors que l’air est encore très agréable, avec un peu de vent, quelques petits habitants sont repérés malgré un mimétisme parfait: outardes de Rüppel (endémique du Namib), gangas, écureuil terrestre et… des girafes au pied incroyablement sûr dans cette caillasse. Des ronds, dits « ronds de zèbres » sont visibles, de-ci de-là. Ils correspondent aux endroits où les petits équidés dorment. Les pierres s’en trouvent repoussées vers l’extérieur. Plus on approche des points de résurgence où se déploie le miracle de l’eau, plus les petits sentiers, en étoile, convergent. Nous sommes chanceux: des oryx, des springboks et… des éléphants. Les célèbres éléphants du désert du Namib. Ils sont seulement près de 300 sur le Damaraland et le Kaololand. Leur population était même descendue à moins de 100 dans les années 50-60. Ils présentent un certain nombre de caractéristiques spécifiques telles que l’espacement des naissances. La femelle peut allaiter son petit jusqu’à 6-8 ans au lieu de 3-4 ans habituellement. C’est une population à croissance lente, car non seulement ils ont moins de petits, mais en plus avec moins de chances de succès… Plus il fait sec et plus ils sont dans le désert, se nourrissant des plantes adaptées à la sécheresse et ne buvant que tous les 3-4 jours. Ce qui est impensable pour toute autre population d’éléphants. Si la situation se durcit encore, une femelle peut aspirer de l’eau avec sa trompe dans son estomac pour en asperger son petit déshydraté… Les oryx se suffisent dans les grands moments d’aridité, des 2 % d’eau contenus à la base des tiges sèches. Des lions, les fameux lions du désert, réussissent aussi à survivre dans ces conditions extrêmes. C’est en partie grâce à la présence de leur « ange gardien », le professeur Stander de l’université de Cambridge. Leur population menacée a pu croître, passant d’une vingtaine d’individus au démarrage du programme à 150 aujourd’hui.
Dans cet environnement hyper aride, cet accroissement de leur population ne se fait pas sans conflits avec les populations locales : les lions s’attaquent au bétail des populations rurales qui, en représailles, les piègent et les tuent au fusil ou en les empoisonnant.
En 1998, le professeur Stander a commencé un projet de recherche intensive sur les lions du désert (Projet de conservation des lions du désert) dans le but de recueillir des données écologiques solides, de trouver des solutions aux conflits hommes-lions, et de développer une stratégie de conservation. Les lions âgés de plus de deux ans sont équipés de colliers émetteurs radio ou satellite. Ils sont suivis et observés afin d’enregistrer leur comportement, leurs mouvements, leurs modèles de groupe, la reproduction et la mortalité. Le suivi se fait à l’aide du GPS et de la technologie satellite, par un avion léger (équipé de matériel de radio-pistage) et par véhicule. Les observations directes et le suivi des lions sur le terrain pendant de longues périodes sont le principal moyen de collecte de données. L’accent est mis sur les lions qui se dispersent et occupent de nouveaux habitats, et sur ceux qui vivent près des communautés locales. Les conflits hommes-lions sont traités par l’élaboration de plans de gestion des conflits localisés: installation de projecteurs à détection de présence près des enclos où est enfermé le bétail la nuit… Mais pour l’heure, les éléphants sont là: profitons-en! Nous aurons le plaisir de déjeuner non loin sur le bord d’un petit canyon, sublime! Au retour, un autre groupe arrive en même temps que nous au lodge: c’est un vrai festival! Et notre safari du coucher du soleil est à l’image de cette journée exceptionnelle…
Nous démarrons cette fois vers le Sud. Les éléphants ont quitté leur oasis riche en joncs juteux au pied de notre lodge. Nous faisons de même, mais le Damaraland nous laisse en tête de bien belles images, une symphonie de rouges, de rondeurs et d’étrangetés: un autre univers… Nous passons à nouveau la barrière sanitaire vétérinaire et nous engageons sur une piste large comme une départementale. Sur les vastes étendues qui nous entourent, le plateau se délite et, au pied des « pattes d’oie » formées par l’érosion, une végétation plus verte et plus haute se développe. Parfois, 1 ou 2 girafes dressent leur élégante silhouette et nous observent de leurs grands yeux candides.
Nous traversons quelques tout petits villages aux maigres cahutes de tôles et de planches. Nous sommes toujours dans le secteur des conservancy.
Les Damaras qui vivent ici sont pauvres et font comme ils peuvent pour survivre d’un peu d’élevage: quelques maigres vaches, des ânes, quelques chèvres et poules. L’organisation en conservancy leur permet de s’assurer quelques ressources supplémentaires grâce à la venue de touristes.
Les concessions, les lodges et les camps leur rétrocèdent une partie des bénéfices. Les grands espaces sont bien là et c’est toujours étonnant de, soudain, tomber sur une de ces fermes… En fait, eux ont « lu » la végétation: la présence de Salvadora persica, arbuste très vert, est synonyme de présence d’eau à peu de profondeur. L’installation d’une petite éolienne permet de monter l’eau: la vie peut commencer là. Nous passons dans un secteur qui est un véritable couloir de vent. Il amène de l’humidité et la végétation y est plus dense. Nous faisons un petit stop. Nous retrouvons les Euphorbia Virosa, entre autres… Un peu plus loin, les endémiques outardes de Rüppel fourragent dans la caillasse, des springboks broutent. Vu de nos véhicules, il est difficile d’imaginer qu’il y a suffisamment pour se nourrir. Et pourtant, les babouins, les girafes sont là aussi. Au loin, des dunes se profilent. En réalité, il s’agit de sable plaqué sur les montagnes par le vent venu de la mer.
L’orientation des dépôts de sable nous en donne facilement la direction. Pour partir explorer ce secteur, nous laissons les remorques à bagages dans un « village » version locale. Une éolienne façon western permet d’avoir de l’eau. Des petites bicoques aux murs en torchis et toit de tôle ondulée sont entourées de clôtures en bois de récupération, tout comme les enclos pour les bêtes. Dans une grande cage, quelques poules caquettent. La famille de la fermette la plus proche s’active autour d’une carriole en tôles de récupération. On y atèle 4 ânes. Le quotidien local n’est pas un « long fleuve tranquille »… Nous reprenons la piste dans le grand vallonnement rougeoyant.
Nouveau petit stop; au sol, nous trouvons plein d’empreintes et les pistes suivies régulièrement par la faune. La dernière passée est une girafe. Sur ce sol ingrat, la vie s’organise: une fourmilière est en pleine activité. Elle est entourée par une « ceinture » ocre : les fourmis ont déposé tout autour les plus gros grains de sable… Notre premier ténébrion fait le mort. L’étrange coléoptère aux pattes avant plus courtes que celles de derrière est pourtant le champion local de la vitesse. Sa morphologie lui permet d’escalader rapidement les dunes sur la crête desquelles il se positionne, la tête en bas, attendant que le brouillard venu de la mer dépose de l’humidité sur son dos. Une goutte finit par se former et glisser vers le bas: il boit… Arrivés dans le secteur envahi par le sable, la végétation est plus verte, nous rencontrons des autruches, des springboks, des oryx. Nous roulons vers un bel escarpement de grès et profitons du point de vue du sommet d’un petit mont en dolérite, la plus dense des roches volcaniques. Test fait et confirmé… Blocs éclatés, recouverts de « vernis » du désert… Nous faisons tout un parcours dans le cours de la rivière Huab. Si oryx et koudous sont bien au rendez-vous, pas d’éléphants… Mais nous en avons déjà tellement bien profité, de ces extraordinaires éléphants du désert! Notre lodge est fabuleux et après un excellent déjeuner et petite pause, nous partons vers Twyfelfontein à la découverte de gravures rupestres classées au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. La lumière est superbe dans le chaos rocheux rouge. 2 petits écureuils terrestres nous accueillent et nous parcourons la galerie d’art à ciel ouvert. L’héritage laissé par les chasseurs-cueilleurs Sans, il y a plus de 3000 ans, vaut le détour.
Cette riche journée prend fin avec les orgues basaltiques et les cendres fossilisées de la Montagne brûlée…
Aujourd’hui, nous remontons un peu vers le Nord puis plein Ouest vers la Squeletton Coast. Son lugubre nom vient des nombreuses épaves d’infortunés marins jonchant encore ses rivages… Pour l’heure, nous croisons de temps à autre les grandes tiges fines des acacias de Robertson. Nous sommes dans le désert du Namib, un milieu aride où il tombe moins de 100 mm d’eau par an. Nous descendons doucement vers la mer et des zones hyper arides où il tombe moins de 10 mm d’eau par an. Namib, en langue nama, signifie: le rien… Comme dit Stéphane: » mission d’aujourd’hui: trouver le rien »… C’est le résultat de la présence d’un anticyclone super puissant qui bloque tout passage de dépression. Le phénomène est amplifié par la cellule froide créée par le courant de Benguela, venu de l’Antarctique. Ce secteur désertique en est la conséquence directe. Toutes sortes de particularités en résultent comme le système des vents que nous expérimentons depuis que nous sommes arrivés. Le matin, un agréable vent d’Est rend la température agréable. Puis, le système cellule d’air froid du Benguela et cellule chaude au-dessus du désert,s’équilibrent. Le vent tombe totalement et la température grimpe à vitesse grand V… Puis un vent d’Ouest puissant prend le relais. Si on ajoute le phénomène du brouillard qui se forme sur la côte du fait du contact des eaux froides du Benguela et du désert surchauffé… On a une petite idée de la complexité météorologique de la région… Près de cette excellente piste qui longe à nouveau la barrière vétérinaire, des oryx nous regardent passer calmement. La végétation change et nous retrouvons l’étrange Welwitchia mirabilis. Nous sommes en plein Namib central, à une cinquantaine de kilomètres de la côte. Là, de l’Angola à Swakopmund, on trouve cette sorte de fossile vivant qui existe depuis des millions d’années. Les rhinocéros noirs en sont friands. La végétation finit par disparaitre complètement puis revenir progressivement sous forme de petits buissons « callés » sur une micro-dune.
Et nous arrivons sur la côte. Les plages du Namib se déroulent sur près de 1000 km de long et 40 km de large. C’est le lieu de prédilection des amateurs de « surf casting », la pêche au gros du bord de la plage. Nous croisons des véhicules 4X4 équipés pour: cannes à pêche fixées sur le devant et tout le nécessaire pour amener le véhicule sur la plage et s’y installer… Avant les pêcheurs, les côtes namibiennes ont attiré les explorateurs. Les premiers ont reculé devant leur aridité. Cape Cross témoigne du passage du navigateur portugais Diego Cão en 1486. Il y a planté une croix en pierre. Sur ces côtes, les marées sont de faible amplitude mais malgré tout, lors de tempêtes, l’océan passe et laisse par endroits des plaques blanches de sel, ocre de sol « posé » sur de l’eau salée. Le fameux courant de Benguela, s’il fait de la côte namibienne une des régions les plus poissonneuses du monde grâce au phénomène de « up welling » qui remonte une eau froide et très riche, lui donne un étrange climat. Une épaisse couche de brouillard en altitude voile le soleil. Dernière petite étape avant le déjeuner et… Erwan repère un caméléon namaqua. Il fait l’objet de toute notre attention…
Après le déjeuner, nous rendons visite aux otaries à fourrure de Cape Cross. L’endroit est très peuplé, bruyant et odoriférant… Tandis que les mères vont et viennent entre la plage et la mer, les petits attendent. Beaucoup s’impatientent en attendant le retour de la partie de pêche de la femelle. Alors, ils hurlent… Les petits crient pour que leurs mères les reconnaissent dans cette foule dense et mouvante.
Et les mères appellent leur petit… Ils se reconnaissent à la voix et à l’odeur… Parfois un jeune tente une « percée » et d’amadouer une autre otarie qui somnole. La réponse est toujours musclée. Nous en avons même vu utiliser une stratégie plus directe: je fonce et me mets à téter direct… Echec garanti… C’est peut-être avec quelques relents de poisson que nous arrivons à Swakopmund. La ville à l’architecture très germanique, en son centre, est LA station balnéaire de Namibie. Ce soir: excellent buffet près de l’historique gare…
Aujourd’hui, changement d’activité, ce matin nous troquons nos 4X4 pour un bateau. Nous quittons la station balnéaire de Swakopmund, construite en damiers autour de son phare rouge et blanc par les Allemands pour le très industrieux port en eau profonde de Walvis Bay. Situé à 35 km, le port, lui, britannique, est le grand port de pêche de Namibie. Mais, c’est aussi un port marchand en plein développement.
D’abord spécialisé dans le fret dont la surface va encore être doublée, l’activité de maintenance des navires est en expansion également avec une multiplication par 2 des surfaces dédiées. Aussi, la population de la ville a été multipliée par deux et, après les résidences secondaires des amateurs de pêche, nous pénétrons dans un secteur en pleine expansion. Au large, d’étranges silhouettes, comme des « pas de tir » pour fusées, se devinent dans le brouillard. Il s’agit de plateformes pétrolières mobiles inactives compte tenu du cours actuel du baril.
Elles sont normalement en action au large de l’Angola. Nous passons une vaste plateforme, il s’agit d’une autre activité historique de la région: la récolte du guano! Cette activité est fort rentable: sur une superficie de 17000 m², 600 à 1000 tonnes de guano sont récoltées chaque année et vendues 300 à 400 dollars US la tonne… Pour l’heure, nous arrivons sur le secteur portuaire d’embarquement des croisières touristiques. Près du rivage, on trouve des flamants roses. Ils viennent se reproduire en masse là, pendant l’hiver européen et quelques-uns se sont sédentarisés. Embarquement pour notre croisière privée à bord d’un catamaran, le capitaine est manifestement un homme d’expérience et son assistant prépare les petits poissons. Les goélands du Cap le savent bien et arrivent aux premiers sifflements. Ils manoeuvrent avec adresse pour déjouer les facéties des marins et lutter contre la concurrence… Le pélican blanc, seul, est beaucoup plus calme.
Nous naviguons d’abord à l’intérieur du port: porte-containers en cours de déchargement, flotte de pêche… Cette dernière est d’ailleurs étonnante, en effet, le premier parti politique après l’Indépendance, la SWAPO, ayant été aidé par Cuba et surtout l’Union Soviétique, certains bateaux sont d’anciens « namsov » avec faucille et marteau… Par « reconnaissance », les Russes avaient obtenu 100 % des droits de pêche sur cette zone si riche du Benguela pour 10 ans avec rétrocession de 7 % aux Namibiens… 10 ans, un peu prolongés… Les équipages 100 % russes, au départ, sont devenus mixtes, d’où le nom donné à ces bateaux. Il faut ajouter à cela les prises étrangères de bateaux confisqués pour pêche illégale, notamment des bateaux espagnols dont certains ont été transformés en patrouilleurs. C’est une bien maigre défense face aux bateaux-usines japonais, chinois et autres… pour éviter le pillage de leurs ressources halieutiques… Alors, les otaries ont « bon dos » et il faut les réguler… Des bateaux encore plus gros que les bateaux usines sont conçus pour les décharger en mer et livrer le poisson déjà conditionné.
Il ne reste plus qu’à mettre les étiquettes… Un peu plus loin, une otarie dort en faisant la planche, nageoires hors de l’eau en « tunnels », ainsi sorties, elles font panneaux solaires et permettent une bonne régulation thermique. Bientôt, la calme croisière évolue: des dauphins!
D’abord de grands dauphins torsiops, font des apparitions furtives et chacun est à l’affût, surtout les photographes et cameramans. Ils ne ressortent jamais là où on les attend… Puis ils jouent avec les bateaux et, là, s’ils sont plus proches, « l’affaire » n’en est pas plus aisée… Nous partons plus au large, l’occasion d’approcher des installations pour l’élevage des huîtres: une spécialité locale. Les naissains, avant importés du Chili, sont maintenant produits sur place. Dans un bâtiment chauffé, on reproduit les conditions nécessaires à sa production: un choc thermique et non une montée lente de la température de l’eau comme c’est le cas naturellement ici. Puis mis en pleine mer dans des paniers, 10 entre 2 bidons flottants, les huîtres ont une croissance excessivement rapide grâce à la richesse des eaux. En 8 mois, au lieu de 3-4 ans chez nous, les huîtres sont consommables. D’autres visiteurs arrivent: des petits dauphins du Benguela, cette fois.
Une petite visite à la colonie d’otaries et notre déjeuner sont un des moments bien agréables de la croisière… Une petite balade digestive riche en pôles d’intérêts selon les goûts, surtout pour les photographes dont les sujets ne manquent pas et c’est le retour. Notre journée mer se finit évidemment par un dîner en bord de mer…
La sortie de la ville de Swakopmund est brutale et en prise directe avec le désert. Notre traversée d’une bonne partie du parc national du Namib-Naukluft nous offre d’abord de belles perspectives sur la vallée de la lune. Les oeuvres conjuguées de l’histoire géologique et de l’érosion donnent des paysages étonnants. On comprend que cette région soit de plus en plus souvent le terrain de jeux de certains cinéastes… Finalement, dans cet univers minéral, les premiers arbres dignes de ce nom sont des « Acacias erioloba » dont le nom vient de ses gousses en forme de lobe d’oreille. Nous traversons une des rares zones de nidification du grand vautour oricou et ce, grâce à la présence de ces acacias.
On voit nettement ici les « lignes de vie », ces lits de rivières asséchées où déferlent ponctuellement d’impétueux courants et où la nappe phréatique n’est pas trop en profondeur. Nous croisons quelques girafes et autruches. Effectivement, un point d’eau n’est pas très loin. D’un petit observatoire en bois, nous observons là des animaux beaucoup plus farouches qu’ailleurs. Ils sont beaucoup moins habitués aux touristes… Il y a là de nombreux zèbres de Hartmann (ou de montagne), des autruches dont une femelle qui part vite plus loin avec ses 12 autruchons et des oryx. Des groupes de zèbres partent au galop puis nous étudient à distance respectueuse. Leurs silhouettes se détachent à contre-jour sur les crêtes des collines.
Quelques vautours oricou vont et viennent, survolant le point d’eau et autour. Nous retrouvons dans le paysage toutes sortes de roches et de substrats: collines de dolérite, roches métamorphiques, donc recuites, comme le gneiss sur un plateau de grès. Dans cette région où jadis vivait une riche faune avec, notamment, éléphants et rhinocéros… Il ne reste que les espèces rencontrées au point d’eau auxquelles s’ajoutent de place en place quelques girafes et petits groupes de springboks. Espérons que nous ne laisserons pas l’Afrique devenir une terre sans grande faune si ce n’est quelques rares survivants. La gestion actuelle en Namibie est une lueur d’espoir, souhaitons qu’elle brille au-delà de ses frontières…
Pour le moment, nous traversons une région de collines arides dont les seuls points verts sont les touffes de salade d’autruche ou zygophylum. Des orages passés expliquent leur couleur. Elles sont d’autant plus présentes que rejetées de tous les régimes herbivores à cause de leur amertume. Les affluents de la Kuiseb ont sculpté les complexes assemblages de schistes, micaschistes, feldspath que nous suivons après. Les origas ovalifolia ne semblent pas rebutés par cet univers minéral sur lequel, par endroits, on voit les petits sentiers résultant du passage de la faune sauvage pendant des milliers d’années. Mais, quelle incroyable épopée a eu lieu là… En effet, pour fuir leur engagement pour partir combattre en Europe, lors de la seconde guerre mondiale, deux géologues allemands antimilitaristes, en poste en Namibie sont venus se cacher là avec des provisions et un chien. Un livre: » The sheltering desert » raconte leur histoire, ponctuée d’anecdotes. Bien évidemment, les provisions furent vite épuisées et il fallut bien chasser et même pêcher dans les trous d’eau de la Kuiseb. Leur technique principale de pêche était celle de la prise de poissons-chats dans des sortes de nasses. Or, après une période de succès, les prises n’étaient manifestement pas perdues pour tout le monde… Après enquête, le pillage était l’oeuvre de hyènes… L’hiver étant froid à 1000 m, ils s’étaient aménagé des abris de fortune dans des grottes. Sans la moindre information, ils en sont sortis la guerre finie depuis un certain temps… Leur retour à la civilisation leur a valu un emprisonnement… symbolique d’un jour… Nous longeons à nouveau les barrières de fermes privées mais par ici, l’aridité est telle que ce sont surtout des lieux de villégiatures où l’on vient pour se ressourcer et profiter de la présence de faune sauvage. Cela représente souvent un travail colossal, car il faut supprimer les kilomètres de clôtures, utilisées pour la répartition des secteurs de pâture des bovins, afin d’éviter de bloquer des animaux coutumiers du fait de suivre la repousse des végétaux après les orages. Le petit canyon de la rivière Kaub abrite de grands arbres qui ressemblent à des acacias, mais n’en sont pas: faidherbia albida. Et nous passons le Tropique du Capricorne! Le déjeuner pris dans lieu où quelques petits rescapés ont un énorme succès: des suricates… C’est aussi l’occasion d’observer de près « l’aloe dichotoma » ou arbre à carquois des Sans qui en utilisaient les branches fibreuses et « l’Hoodia », coupe-faim des mêmes Sans dont l’industrie pharmaceutique exploite les principes comme coupe-faim mais aussi pour lutter contre le cholestérol et l’hypertension. La suite de notre parcours nous amène à Solitaire, le « Bagdad Café » local, carrefour historique et réputé pour l’excellence des pâtisseries du propriétaire d’origine de l’étape… Après avoir longé le massif du Naubluri, des montagnes « marbrées » de leurs cônes de déjection, quelques dunes pétrifiées, traversé les terres rachetées par le gouvernement aux fermiers pour réunir le parc du Namib à celui du Naukluft en cette vaste entité de près de 50 000 km², nous arrivons au Mirage, notre lodge bien réel…
Ce matin, départ aux aurores, nous avons rendez-vous avec les grandes dunes… L’impatience est grande tandis que nous attendons l’ouverture du parc parmi les premiers véhicules arrivés. La lumière rasante du soleil levant commence à « jouer » avec les formes. L’humidité de la nuit donne au paysage plus d’intensité. Le site débute par 60 km de route, bordée de dunes saumonées de plus en plus proches puis 5 km de piste de sable. Tandis qu’au loin des montagnes sombres marquent l’horizon, les grandes dunes à la couleur ocre profond ressortent de mieux en mieux. Les ombres en magnifient les courbes. Chacune d’entre elles présente une originalité. On aimerait pouvoir toutes les immortaliser…
Parfois, une autruche ou un oryx viennent agrémenter le tableau. Dans les creux, entre les dunes, la couleur devient beaucoup plus claire, presque blonde. De loin, on dirait du sable différent. Il s’agit en fait de végétation basse. Quant aux « griffures » noires qui zèbrent certaines d’entre elles, c’est de la poussière d’hématite. C’est la partie la plus accessible de la mer de sable, le site de Sossusvlei. Au pied des dunes se trouvent les « vlei », des étendues argileuses, plates rarement remplies d’eau. La plus célèbre est Dead Vlei avec ses acacias morts en contrebas de l’immense dune « Big Daddy ». Mais, d’où vient tout ce sable?… Le sable du Namib vient de loin, du secteur désertique du Kalahari à des centaines de kilomètres. Transporté par les vents dominants soufflant du Nord-est, il vient s’échouer dans la rivière Orange. Cette dernière le transporte jusqu’à l’océan. Là, le fameux courant de Benguela associé au phénomène d’upwelling ramène alors le sable qui se dépose peu à peu sur les plages avant d’être transporté par le vent à l’intérieur des terres. Ce long et complexe transport des fines particules a ainsi créé celui qui est considéré comme le plus vieux désert du monde, âgé de 80 millions d’années… et a formé les dunes les plus hautes du monde, telles celles de Sossusvlei qui atteignent 300 m de haut. Leur couleur rouge est due à l’oxyde de fer. Le désert est traversé par plusieurs cours d’eau éphémères qui sont pratiquement toujours à sec et parfois bloqués par des dunes. C’est le cas de Dead Vlei, la célèbre cuvette d’argile blanche dont le nom vient de l’anglais dead, mort, et de l’afrikaans vlei, lac ou marais, au coeur des dunes… Après quelques arrêts au niveau des plus belles perspectives, nous passons la dune 45, une célébrité où se masse toute une foule. Sa crête, en contre-jour, est parcourue par une file ininterrompue de touristes… Nous continuons jusqu’à proximité de Dead Vlei où tout est beaucoup plus calme. Nous formons deux groupes: l’un rejoint le site par le bas tandis que les plus téméraires passent par la grande dune qui dresse sa haute silhouette face à nous. Mais nous ne sommes pas pressés et bien décidés à ne rien manquer des « signatures » de l’extraordinaire vie du désert. Nous trouvons d’abord des empreintes de hyène brune. La belle discrète dont nous avons, comme de coutume, croisé plusieurs fois le chemin, est passée cette nuit par la dune, en quête de son dîner… Notre petit groupe, seul dans son ascension, monte tranquillement en profitant de la vue. C’est sublime! Sur les flancs de sable orangé, les pistes sont variées: en pointillés pour les ténébrions, ligne centrale et pointillés pour les lézards et geckos, petites empreintes un peu floues pour les gerbilles dont les doigts de pied sont protégés par des touffes de poils… Il est vrai qu’ici l’adaptation a « fait des miracles »: le plus connu est le ténébrion. En effet, ce coléoptère escalade les dunes, puis, face au vent marin chargé d’humidité, la tête vers le bas, il attend que le brouillard se condense sur sa carapace rugueuse et finisse par couler jusqu’à sa bouche. Le courant de Benguela générateur de brouillard est une des clés de la survie de nombre de ces habitants des dunes. Outre les ténébrions, il y a aussi tous les nombreux « fantômes » du désert qui ne sortent que la nuit. Il y a la « dame blanche » ou « araignée qui roule ». Cette dernière, pour fuir la chaleur ou l’attaque d’une guêpe, se met en boule et se laisse rouler. Elle descend ainsi à raison de 44 tours par seconde soit en tournant aussi vite que la roue d’une voiture à … 320 km/heure… Et les fourmis, ici, 2 espèces se sont totalement adaptées à cette vie extrême tant en terme de température que de sécheresse. Et la taupe dorée… Notre ascension nous amène à dominer complètement Dead Vlei. Les silhouettes de ceux qui le parcourent sont minuscules… Nous nous imprégnons de l’ambiance puis c’est la descente: un moment ludique! Nus pieds pour un contact direct avec ce sable à l’incomparable douceur, nous élançons vers le bas avec chacun son style: version kangourou pour Stéphane, version photographe pour Jean-Pierre, version course éfrénée et coups de frein pour d’autres, version calmes enjambées et glissades pour d’autres… Une fois en bas, nous explorons le Vlei, ses arbres séculaires « pétrifiés » par le climat désertique à la sombre silhouette se détachant sur le paysage environnant. Vieux de près de 1000 ans, ces acacias morts côtoient les quelques acacias verts du pied des dunes, là où la nappe phréatique n’est pas trop profonde. Pour les photographes, le lieu est mythique et chacun immortalise le site avec enthousiasme. Il faut dire que nous sommes dans les meilleures conditions: encore une belle lumière, pas trop de monde… Il suffit de marcher un peu dans le superbe cadre pour pouvoir profiter du site sans personne… De retour aux véhicules 4X4, heureusement, nous reprenons la piste de sable pour rejoindre le lieu qui a donné son nom à ce secteur de dunes: Sossusvlei. Au retour, tandis que nous ressortons tranquillement, toute une foule attend les improbables navettes pour aller d’un point à l’autre, certains ont perdu patience, se sont engagés imprudemment sur la piste sablonneuse et en sont à pousser…
Le soleil est monté depuis notre arrivée, il faut dire que depuis le lever du jour nous n’avons pas vu le temps passer, le paysage n’est plus le même. Les dunes sont comme délavées, semblent avoir perdu de la hauteur. Les passagers des véhicules qui arrivent maintenant ne savent pas ce qu’ils ont manqué, nous, oui, et nous sommes encore comme remplis de toute cette beauté…
Notre autre étape est Sesriem, un canyon profond de 35 m et long de 3 km a été sculpté autrefois par la rivière Tsauchab. C’est une spectaculaire illustration de l’histoire géologique de la région. Le coucher de soleil vu du Mirage met un point final à cette mémorable journée!
Route vers le Kalahari, pistes pour le Kalahari serait plus juste… dans des paysages spectaculaires. Peu de temps après le départ, certains auront la chance de faire la rencontre de l’otocyon. Ce charmant petit canidé aux grandes oreilles, il est d’ailleurs parfois appelé « le renard à oreilles de chauve-souris », plutôt diurne en hiver et nocturne en été, vit en famille comprenant un couple adulte et ses jeunes. Les couples sont très unis, dorment dans le même terrier, chassent ensemble. Les contacts sociaux au sein de la famille sont très importants. Tous les membres se soutiennent et se protègent mutuellement. Essentiellement insectivore, grand amateur de termites, l’otocyon se préserve de ses prédateurs, comme le chacal et les grands rapaces, grâce à sa rapidité et son incroyable capacité d’esquive. Il peut en effet inverser totalement sa direction de fuite ventre à terre, sans perdre de vitesse… Nous longeons pendant un certain temps les limites d’une petite propriété de 180 000 ha… Zèbres, oryx, gnous à queue blanche originaires d’Afrique du Sud et de toute évidence fort bien acclimatés là ponctuent le paysage aride. Peu à peu, on retrouve des fermes actives. En effet, plus on va vers l’Est et plus on a de chance d’avoir des pluies. Au Nord de Windhoek, on considère qu’il faut 10 ha de terrain par tête de bétail. Ici, c’est 30 ha par vache et, quand l’aridité est trop importante, on élève caprins et ovins. Alors, apparaît souvent le problème du surpâturage et donc de la progression du désert. Nous sommes à 300-400 m de plus en altitude par rapport à notre point de départ de ce matin. La végétation est plus haute, plus buissonnante et donc plus favorable pour les koudous. Stop, au passage d’un petit col, le milieu est minéral et austère. En cherchant des plantes spécifiques à nous montrer, Erwan et Stéphane manquent presque de marcher sur un varan des rochers. Ce dernier, sombre parmi des pierres sombres, avait adopté la stratégie de défense: je m’aplatis et je reste parfaitement impassible… Il la garde malgré toute cette agitation autour de lui. Cela donne bien le temps d’en profiter. Il finit par considérer que la situation n’est pas si dangereuse, se détend et nous étudie aussi. C’est l’occasion d’assister à son étude de proximité à l’aide de sa langue fourchue. Les photographes tentent de se synchroniser avec le varan… Et la position rafale est bien utile mais moins méritante… Mais, parlons flore: d’abord, Sarcocaulon heritieri. Cette plante sert de bougie aux bushmen. Son écorce embaume, un peu comme de l’encens. Puis, le « bushman tea » ou « resurection bush », une plante incroyable qui semble morte, complètement desséchée mais, après quelques heures dans une bouteille d’eau, donne des feuilles toutes vertes comme si de rien était… Les Bushmen en font une excellente infusion, d’où le nom. Nous repartons finalement… Après le passage du col, pas si loin, se trouvent les montagnes Tsaris. Là, se trouve le premier et seul producteur de vin de Namibie. À 20 km, à vol d’oiseau des dunes, les roches sont calcaires, le brouillard apporte de l’humidité et la vigne pousse… Non loin de la piste, des massifs rocheux aux nombreux éboulis sont exactement le milieu qui convient aux oréotragues et nous les scrutons dans leur recherche car c’est vraiment l’ultime possibilité de les voir.
Soudain, la chance, incroyable: le couple est là, tout au bord de la piste, à grignoter dans un buisson… Le mâle ne pèse que 10 kg et la femelle environ 13 kg. Seuls les mâles possèdent des cornes droites d’environ 8 cm. Cette petite antilope, appelée aussi oréotrague sauteur ou Sassa, est perchée sur des petits sabots très pointus, adaptés aux parois rocheuses. Très agile, l’oréotrague peut se déplacer sur des falaises qui nous paraissent infranchissables. Il peut faire des petits sauts à la verticale, a un pelage très épais qui amortit les chocs en cas de chute et peut se laisser tomber de 25 m de haut… Pour marquer son territoire, le mâle dépose sur des tiges du musc sécrété par ses glandes pré-orbitales (bien visibles). En attendant, qu’ils sont fins, ce petit couple et leur jeune! YES!!! Notre parcours nous entraîne sur un vaste plateau vers les villes dites « romantiques »… Elles portent les noms des femmes des officiers qui ont négocié les terres aux locaux: Maltahöhe, Mariental… Maltahöhe est le chef-lieu des Namas, cousins assez proches des Sans ou Bushmen. Ils sont assez clairs de peau, parlent avec des clics. Nous faisons un petit stop technique chez Brian et son artisanat traditionnel local. Puis, nous passons Mariental. À l’approche de notre lodge, les petites dunettes ocre rouge se muent en dunes plus conséquentes: les couloirs de dunes du Kalahari. Notre lodge au bord d’un pan est charmant. Pendant le déjeuner, les visites au point d’eau, en face de nous sont incessantes: oryx, gnous, autruches qui boit et s’asperge en même temps… Après une sieste pour certains, une partie de boule pour d’autres… nous partons explorer les terres de la réserve. Cela revient à passer d’un couloir créé par le vent dans les dunes à un autre… Et, à chaque arrivée tout en haut, la vue crée des exclamations: le vallonnement est tapissé d’herbe dorée, les côtés sont ocre-rouge coiffés de sable nu, la faune est là. Un mâle autruche couve. Courageusement, il ne déserte pas à notre arrivée. Des springboks s’enfuient dans un feu d’artifice de bonds gracieux. Et le soleil se couche tandis que nous plaisantons un verre à la main… La vie est belle!!!
Démarrage un peu particulier ce matin, nous avons rendez-vous avec les Bushmen. De jeunes Sans, l’autre nom des Bushmen, sont là pour nous reconstituer leur mode de vie de chasseurs-cueilleurs. Chacun, à son tour, évoque une activité dans le si particulier langage des clics. Le premier, avec une gestuelle très élaborée, nous explique la technique de la chasse à l’oryctérope. L’étrange animal nocturne à queue de kangourou, nez de cochon, oreilles d’ânes… est très friand de termites. Il n’attaque pas la termitière par le haut, mais par sa base, moins dure. Il creuse avec beaucoup d’efficacité grâce à ses puissantes griffes et, à l’aide de sa longue langue collante engouffre les termites qui l’attaquent. Très occupé, il devient une proue facile pour les chasseurs. Une fois tué, ils le ramènent près de la termitière et l’ouvre là car il a avalé les termites tellement vite sans les mâcher que certains des termites sont encore vivants. Ainsi, la termitière peut continuer de fonctionner et un autre oryctérope pourra, lui aussi, être chassé à son tour… Chez l’oryctérope, qui est un animal gras, la chair est consommée, les griffes servent d’ornement et avec la graisse, après cuisson, ils s’en enduisent le corps. C’est un excellent répulsif.
L’acacias melifera, outre ses branches et branchettes armées d’épines en hameçon, a la particularité de produire une résine appréciée par les Sans mais aussi des outardes Kori. De là à en faire un appât pour attirer les mêmes outardes pour les prendre au collet, il n’y a qu’un pas… Avec l’écorce, on fait une décoction pour lutter contre la toux et soigner les bronches. Les branchettes, une fois mâchées, servent de « brosse à dents ».
Nous assistons ensuite à une démonstration de la manière dont une chasse traditionnelle se passait. Le petit groupe de chasseurs étudie au sol les indices de présence de proies potentielles. Traces de passage récentes, crottes plus ou moins fraîches sont des signes à « lire » pour savoir comment mener la chasse. Il faut savoir d’où vient le vent… Chacun a un rôle bien précis en fonction de ses talents et aptitudes: traqueur, tireur à l’arc, porteur de viande… Les Sans étaient des nomades qui, tributaires de la faune, la suivaient en fonction des migrations. Leur habitat était ainsi conçu pour pouvoir se déplacer facilement: de branches et d’herbe, parfois recouverts de peaux. C’était avant que le Namib ne soit parcellisé en fermes… Leurs terres communales sont au Nord-est du pays.
Vient ensuite l’évocation du scorpion, l’un des petits hommes est penché au-dessus d’un trou. Il présente l’entrée d’une structure en zig-zag. Ses prédateurs, suricates, mangoustes, otocyons, le situent en écoutant attentivement puis en creusant fébrilement. Hier soir, en cherchant les suricates, nous avons eu l’occasion de voir le résultat de ces sondages… Le jeune chasseur nous explique, en associant language des clics et mime, le cas de la piqûre. Il faut alors faire rapidement un garrot puis une corne de springbok joue le rôle de l’aspi-venin. Mais, au préalable, il a tué le scorpion. En effet, si le venin est dans la queue, l’antidote se trouve dans le corps. Il faut l’écraser avec des plantes et l’appliquer sur la plaie. Après 2 ou 3 h, la douleur s’atténue…
Un cocon coupé des 2 côtés devient, alimenté de tabac local, un cigare… Plus vital, l’oeuf d’autruche, vidé de son contenu évidemment consommé, est rempli d’eau et enterré au pied d’un arbre. Il fournira l’eau indispensable aux chasseurs partis de longues heures marcher dans l’aride et chaud Kalahari. Pour ne pas se faire voler leur précieux liquide, ils doivent mémoriser tous les endroits où sont cachés les oeufs. L’oeuf d’autruche sert aussi comme instrument de cuisine, à fabriquer des colliers, bracelets et de médicament contre les douleurs de ventre des bébés. Réduit en poudre après avoir été brûlé, elle sert à masser, associée à de la graisse animale. Les petits fruits de Boscia albitrunca donnent lieu à un mime un peu particulier… concernant les aléas intestinaux liés à sa consommation…
Enfin, c’est l’échange sur l’évaluation des âges respectifs de nos hôtes et des nôtres. Il semble que cela soit aussi difficile d’un côté comme de l’autre…
Et nous voilà partis pour boucler la boucle… Nous doublons régulièrement des charrettes tirées par des chevaux. Parfois, un poulain gambade derrière. Petit arrêt technique à Doradis, la piste s’arrête là et le bitume prend la relève. À l’approche de la ville de Windhoek, nous retrouvons au bord de la route des phacochères et babouins qui festoient dans les blondes graminées. D’autres babouins sont grimpés dans les acacias. Il faut dire qu’ils sont en fleurs, de vraies douceurs pour eux. La majorité des arbres et buissons est couleur poussière, mais dans les lits de rivières asséchés et dès que la nappe phréatique est peu profonde, ils virent au vert. Ici, c’est le printemps!…
Nous, nous partons vers l’automne, le groupe commence à s’éclater qui vers Le Cap et sa région pour prolonger le voyage, qui vers Marseille, Paris et… Merci à vous tous pour avoir partagé ces aventures avec nous! Merci à Erwan et Stéphane pour tout ce que vous nous avez fait découvrir…
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Messages
Marianne, merci pour tes commentaires sur un voyage que j’ai fait une semaine avant toi. Cela me facilite la tâche car je n’ai pas eu droit à un résumé qqconque et ma mémoire n’est plus ce qu’elle était. Nous aussi avons vu des scènes inoubliables et les mêmes paysages époustouflants. La suite et fin svp!!!!! Amitiés Hélène
Quelle bonne idée nous avons eu de faire ce trip en Namibie ! À l’évidence, notre groupe n’était pas fait de « perdreaux de l’année » et nous avions tous déjà beaucoup bourlingué de par le monde, certains d’entre nous résidant même en Afrique. C’était, quant à nous, le troisième voyage dans ce merveilleux pays. Des touristes exigeants en quelque sorte, qui n’allaient pas s’en laisser conter. Hé bien, nous en avons eu plein les mirettes, il faut le dire. D’accord ! Les animaux étaient au rendez-vous, les paysages aussi et nous pouvons difficilement nous plaindre du gîte et du couvert. Mais nul doute que Marianne est non seulement photographe, mais également géologue, ornithologue, botaniste, entomologiste, spécialiste des fourmis et des éléphants et que sais-je encore… Parfaitement secondée par nos deux guides et chauffeurs, Erwan et Stéphane, Français à moitié Africains par alliance et tout aussi qualifiés sur la faune, la flore et les ethnies namibiennes. Un accompagnement idéal pour visiter ce très beau pays.
Mais nous remercions tout particulièrement Marianne pour ce compte-rendu précis et exhaustif, non dénué de talent littéraire, qui va enrichir un peu plus nos souvenirs de cette belle saga namibienne. Elle a su nous faire partager sa passion pour le monde animal, végétal et minéral et cela constitue une véritable valeur ajoutée. Merci Marianne !