Bruno Guégan
Grand Nord
11 novembre
16 novembre 2014
Novembre 2014
Bruno Guégan
Grand Nord
C’est assez tôt ce matin que nous sommes partis pour une découverte de Winnipeg, cette cité de 600 000 habitants s’étale le long de la Red River, présentant tantôt ses immeubles en pierres calcaires, tantôt ses villas de standing et typiques du Nord américain, mais aussi des quartiers plus pauvres et traditionnels.
Après un petit tour dans le quartier Saint Boniface, où se trouve la plus grande communauté francophone au Canada en dehors du Québec, c’est un lunch qui nous attendait au restaurant « Chez Sophie » situé sur un pont avec vue panoramique sur la Red River.
L’après-midi, nous avons visité le merveilleux musée des civilisations du Manitoba, où nous avons pu situer Churchill tant du point de vue de l’écologie que de l’ethnologie, puis en fonction de chaque centre d’intérêt, certains sont allés visiter le tout nouveau musée des droits de l’homme, alors que d’autres sont allés « magasiner ».
Demain, de bonne heure, nous partons pour Churchill à la rencontre des amis préférés de Grands Espaces : les ours polaires !
Après un petit vol de deux heures nous voilà enfin à Churchill, c’est une fraîcheur hivernale qui nous accueille, il fait effectivement -20°C en ressenti malgré un splendide soleil. Nous montons dans un bus typique régional, avec un chauffeur non moins typique qui vit à Churchill depuis 41 ans et qui nous fait découvrir ce site : la prison des ours (24 clients en ce moment que nous ne pouvons voir, car il ne faut pas qu’ils s’habituent à l’homme), une vue superbe sur la toundra où déjà nous accueillent un petit renard polaire et notre premier ours à l’horizon. Puis, tour de Churchill et de son port avec découverte, accompagnés par des gardes armés de la réserve, des fortifications érigées par les Anglais pour défendre leurs intérêts, et conquises par le célèbre navigateur La Pérouse sans même avoir à combattre. Après un lunch bien mérité, nous avons découvert le centre d’interprétation du Parc national de Wapusk et temps libre à Churchill avant de prendre notre hébergement et d’assister à notre première conférence sur les ours blancs, car demain, nous entrons dans le vif du sujet…
Quelle « j’oursnée » ! C’est de bonne heure que nous prenons un autobus pour le camp des buggy situé à environ 30 km de Churchill. À peine avons-nous quitté le bourg qu’une femelle et son petit traversent la route, devant nous, et vont rejoindre la taïga d’un pas nonchalant. Jean Philippe MacCarthy, notre guide canadien, nous accueille et donne quelques consignes de sécurité. L’énorme engin démarre et alors que nous commençons à trouver notre équilibre dans ce spacieux tout-terrain, une deuxième mère ourse avec un jeune se dirigent droit sur nous, s’approchent à quelques mètres et d’un air dédaigneux poursuivent leur route. Puis c’est un ours vautré dans la neige qui lui ne daigne même pas lever la tête, et un peu plus loin, c’est trois ours qui se chamaillent avec une certaine virulence. Nous restons là à les observer pendant plus d’une heure, en profitant de déjeuner en admirant ce spectacle incroyable. Plus tard, nous continuons notre chemin et c’est au gré de nombreux arrêts que nous observons 1, 2, 3, 4 puis 5, puis 10 et c’est en tout 25 ours qui combleront notre « j’oursnée ». Au retour, ce sont deux gerfauts que nous avons pu observer chassant sur la toundra… de quoi pouvons-nous rêver pour demain ?
Les journées se suivent et… ne se ressemblent pas. Aujourd’hui, c’est un petit vent glacial (-24°C ressentis) qui nous accueille dès le saut du lit. En conséquence, les ours se cachent derrière des bosquets de saules, souvent dans un petit creux afin de s’économiser au maximum. Nous sommes en pleine tempête Arctique, tout le monde est enthousiasmé par ce spectacle exceptionnel que nous pouvons observer et parcourir bien abrités dans notre Toundra Buggy. Des ours, il y en aura moins que la veille, ils seront surtout moins visibles, mais la qualité des observations compense largement le nombre. Quel plaisir d’observer, d’abord deux adultes jouant sur un étang gelé, puis un jeune et sa mère qui viendront rechercher quelques algues presque à nos pieds pour tromper leur faim. Puis un adulte vautré dans la neige qui nous laissera tranquillement prendre notre lunch de mi-journée, et enfin un gros mâle qui viendra directement sur notre buggy. De la plate forme extérieure, quelle étrange sensation que de regarder cet animal les yeux dans les yeux à moins de trois mètres ! Et nous n’oublierons pas non plus cette image de la petite hermine qui se faufile sous la neige, et plus loin dans le blizzard, la silhouette du lagopède. Pendant cette promenade, une chercheuse d’une association canadienne d’étude et protection est venue nous expliquer ses recherches en nous présentant les principales caractéristiques de l’ours polaire. Ajouté à la conférence et aux explications de Jean-Philippe, nous commençons à être « oursement »(1)compétent.
Et ce soir au retour -34°C ressentis, il n’y a pas beaucoup de moustiques dehors…
(1)Expression de Churchill, dans le Charolais nous disons « vachement ».
Aujourd’hui, petit break d’ours, il fait -20°C, mais il n’y a pas de vent et le ciel est découvert, nous avons ainsi le loisir de profiter d’un merveilleux lever de soleil. Nous partons dans la taïga proche pour une initiation aux chiens de traîneaux. Après un court voyage en autobus, nous arrivons chez un musher du peuple des Métis (peuple issu de l’alliance d’Amérindien et de Français). Celui-ci nous fait découvrir sa passion, faite de respect et d’amour de ses compagnons qu’il soigne comme de grands champions. Après une séance de kinésithérapie pour chien, où nous ne pouvons qu’admirer la grande complicité du chien et du maître, nous nous initions à la conduite des traîneaux et enfin nous partons pour une balade avec des attelages de six chiens. Au retour, un bon chocolat chaud, mérité, nous attend, ainsi que la remise des diplômes, en présence de deux très jeunes chiots qui sont passés de bras en bras. L’après-midi fut studieux d’abord avec la visite commentée de l’art Inuit, suivie d’une conférence sur les aurores boréales et de quelques notions sur l’Arctique.
Journée blanche, il a neigé une bonne partie de la nuit, nous rejoignons notre buggy en longeant un paysage typique de l’Arctique. La banquise est maintenant constituée, et nous savons que les ours seront sans doute déjà partis pour essayer d’attraper leur casse-croûte préféré : le phoque. Mais peu importe, cette vision exceptionnelle du blanc total d’où émergent quelques fantômes sous la forme de maigres épinettes en drapeau, nous fait oublier l’absence d’ours, d’autant que parfois le soleil perce le manteau neigeux et engendre de nombreux arrêts pour des photos dignes des plus belles aquarelles. Puis, sur un observatoire, nous pouvons admirer quelques instants le blanc faucon Gerfaut avant que celui-ci parte chasser sur la toundra. Avec nous, une chercheuse de Polar Bear International en profite pour nous présenter ses recherches sur le mode d’estimation du poids des ours à distance à partir de photos, ce qui permet notamment d’évaluer la santé des populations de Churchill, moment studieux, mais ô combien passionnant pour nous qui connaissons si bien ces animaux maintenant. C’est la fin, après des « au revoir » émus à Jean-Philippe, notre guide-chauffeur Canadien, nous embarquons pour l’aéroport, destination : Winnipeg (chez Winnie l’ourson). Il n’y plus maintenant qu’à trier les quelques milliers de photos de nos 33 acteurs d’un moment.
Pour ceux qui ne sont pas encore venus, à l’année prochaine !
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