18 septembre
29 septembre 2014
18 septembre 2014
En ce 18 septembre, nous nous envolons depuis Paris, Genève ou Bruxelles pour Moscou, passage obligé et première étape de notre voyage vers le Kamchatka. Nous y passons la nuit puis la matinée du 19, consacrée à une visite de la ville se terminant par la célèbre Place Rouge. En fin de journée, nous entamons un vol de 8h au-dessus de la Sibérie. Il y a autant d’heures de vol que de fuseaux horaires à traverser, et nous survolons ainsi le plus grand pays du monde pour nous rendre tout au bout de la Sibérie et de l’Extrême-orient russe, vers cette terre de volcans qu’est le Kamchatka…
À 9h30 ce 20 septembre, l’avion se pose sur le tarmac de l’aéroport de Yelizovo, tout proche de la ville de Pétropavlovsk-Kamchatsky, ville principale du Kamchatka, où vit 60 % de la population totale. Après un passage à l’hôtel et un déjeuner dans un sympathique petit restaurant de la ville, nous voici partis pour un tour de ville qui commence par l’église orthodoxe récemment construite sur les hauteurs de la ville, pour continuer par le marché, et finir par le musée régional, bonne introduction à l’histoire naturelle et humaine du Kamchatka. Ce soir, après un dîner à l’hôtel, nous ne tardons pas à regagner nos chambres : il s’agit d’être ne forme demain pour notre premier vol en hélicoptère du voyage, vers le lac Kuril, où les ours affluent pour pêcher les saumons venus frayer. Tout un programme qui mérite une bonne nuit de sommeil !
Le temps, plutôt couvert et pluvieux hier, s’est levé aujourd’hui, nous permettant d’effectuer le vol prévu vers le lac Kuril. Sur la route de l’héliport nous découvrons les volcans Avachinsky et Koryaksky qui dominent la ville de Pétropavlovsk et la baie Avacha. Ils ne s’étaient pas dévoilés hier, cachés derrière des nuages bas, mais les voici à présent, imposants et saupoudrés de neige tombée ces derniers jours sur les hauteurs. Après quelques formalités à l’héliport, nous sommes conduits vers notre hélicoptère. Une fois en l’air, nous dominons la baie Avacha, longeons les côtes escarpées vers le sud et survolons les vallées et les pentes des volcans Gorely et Mutnovsky.
L’automne a tout juste commencé et déjà les bouleaux se parent de jaune, tandis que sur les pentes des montagnes et des volcans alternent les verts des pins de Sibérie et les bruns-rouges des roches volcaniques. Après un peu plus d’une heure de vol, le lac Kuril est en vue. Avant de s’y poser, nous apercevons déjà d’en haut nos premiers ours du Kamchatka, occupés à pêcher les saumons rouges venus frayer dans le lac. À peine arrivés, nous sommes accueillis par deux ours, qui passent tranquillement à quelques dizaines de mètres de nous à travers les herbes hautes.
Nous partons tantôt en petit bateau à moteur, tantôt à pied vers la rivière Ozernaya par où remontent les saumons depuis la mer d’Okhostk et sur laquelle une passerelle en bois est installée. Dans un cas comme dans l’autre0 nous nous délectons du spectacle de ces plantigrades occupés à pêcher. Plus gros que leur cousins des Pyrénées, ils ont ici des griffes de 7 à 8 cm, idéales pour attraper et tenir le saumon pour le déguster. Certains passeront juste à côté de la passerelle sur laquelle nous nous trouvons !
En fin d’après-midi nous reprenons l’hélicoptère pour retourner à Pétropavlovsk, en survolant notamment la caldera Ksudach et son lac turquoise. Une belle première journée de Nature au Kamchatka !
Ce matin, le temps est incertain et il s’avère qu’il n’est pas possible de se rendre à la Vallée des Geysers. Il faut donc adapter le programme en attente d’un jour plus favorable pour effectuer ce vol. Flexibilité est ici le maitre mot et fait partie de l’aventure au Kamchatka.
Nous partons donc à l’aventure aujourd’hui en bus sur la seule route du Kamchatka allant vers le nord. Celle-ci mène à l’ouest au village d’Esso, notre objectif du jour, situé à 520 km de Pétropavlovsk, et à l’est vers Ust-Kamchatsky d’où la rivière Kamchatka se jette dans l’océan Pacifique. Au-delà, pratiquement plus de route dans toute la partie nord du Kamchatka, appelée Koryakie (du nom de l’éthnie Koryac). La route que nous empruntons, qui n’est goudronnée que sur sa première partie, est bordée par la taïga ou forêt boréale, composée principalement de bouleaux qui en cette saison se parent d’or. Nous longeons la rivière Bistraya qui se jette dans la mer d’Okhotsk, puis la rivière Kamchatka, la plus grande de la région qui coule dans une large vallée bordée par de part et d’autre par les chaînes volcaniques dites du milieu et de l’est. Une vallée empruntée au XVIIe et XVIIIe siècles par les cosaques russes, premiers européens à avoir foulé le sol du Kamchatka, avides de peaux de zibeline, renard et autre loutre de mer…
En fin de journée nous arrivons à Esso, qui signifie mélèze dans la langue du peuple Even. Ici vivent environ 2000 habitants, et dans les montagnes alentour quelques éleveurs de rennes nomades, que nous irons rencontrer demain…
La journée s’annonce belle et ensoleillée aujourd’hui et c’est pourquoi nous allons en profiter pour effectuer les deux vols prévus dans la région d’Esso. Le premier nous mène à travers les montagnes vers un campement Even d’éleveurs de rennes. Nous nous posons dans une petite vallée à 1000 m d’altitude, où se trouve une « choum », tente dans laquelle vivent ici 5 personnes. Ce sont des nomades, qui suivent les rennes en fonction des sources de nourriture disponibles.
A notre arrivée, les hommes vont chercher le troupeau qui se trouve plus loin dans la montagne. Au bout de quelques minutes nous voyons apparaître au-dessus d’un talus quelques têtes surmontées de bois, puis rapidement c’est tout le troupeau qui déferle, telle une vague, pour arriver jusqu’à nous. C’est alors un enchevêtrement de bois qui défilent devant nous, rutilants sous le soleil. Des bois de toutes tailles, selon qu’ils appartiennent à des jeunes, des mâles ou des femelles. Les hommes font ensuite tourner le troupeau pour attraper un animal plus faible au lasso, dont l’heure est arrivée. Une grande partie de la viande sera vendue à Esso, la peau, les abats et les bois seront également utilisés. Rien n’est laissé au hasard par les éleveurs Even, pour qui le renne est partie intégrante de leur mode de vie et de leur culture. Une vie au grand air, qu’ils ne troqueraient pas lorsque vient la belle saison, et pourtant si rude dans ces montagnes l’hiver…
En début d’après-midi, nous reprenons l’hélicoptère pour effectuer un survol du groupe des volcans du Klyuchevskoy, qui porte le nom du plus haut volcan du Kamchatka, encore actif. Nous commençons par survoler le volcan Tolbachik, composé de plusieurs cônes datant de la grande éruption de 1975-76, et surtout d’un ancien cratère – une caldera – d’environ 4 km de diamètre, recouverte en partie d’un glacier. La vue de cette « montagne béante » est réellement impressionnante, et le mélange de la glace et de la roche volcanique ajoute au caractère grandiose du tableau qui défile sous nos yeux éblouis. L’hélicoptère oblique ensuite vers le nord pour rejoindre le volcan Klyuchevskoy, majestueux cône à la forme presque parfaite et plus grand volcan actif d’Eurasie. Il est recouvert de glace et de neige et des fumerolles s’en échappent. Tout simplement superbe ! Le temps suspend son vol, tandis que le notre atteint l’altitude de 4500 m ! Le tout sous une superbe lumière et un ciel d’un bleu limpide. Que demander de plus ?
Pourtant, il nous faut déjà bientôt redescendre et nous nous posons à Klyuchi où notre bus nous attend pour regagner Esso. En route, nous nous arrêtons devant un champ de lave, puis sur la rivière Kamchatka, au-dessus desquels s’élève la chaine que nous venons de survoler… Un dernier clin d’oeil pour la route ? Un renard roux est aperçu qui la traverse et peu avant Esso, deux ours bruns sur un bras de rivière…
Notre deuxième jour à Esso est consacré à la culture Koryak, peuple autochtone du nord du Kamchatka, et surtout Even, peuple nomade arrivé au Kamchatka en 1852 et dont les descendants vivent à Esso et dans les alentours. Pour ce faire, nous visitons ce matin le musée du village et cet après-midi la reconstitution d’un campement Even. Entre temps, nous profitons du beau temps pour déambuler dans les rues du village d’Esso, avec ses maisons en bois et leurs jardins potagers. En fin de journée, nous rejoignons le centre culturel du village pour assister à un spectacle de danses traditionnelles Even, Koryak et Itelmen donné par une troupe de danseurs professionnels. Un agréable moment en musique et en chansons, qui termine en beauté cette journée culturelle.
Le réveil sonne tôt ce matin, car il nous faut reprendre la route pour Milkovo d’où nous espérons – si le temps le permet – pouvoir voler en fin de matinée vers la vallée des Geysers. Une fois sur place nous constatons que le ciel est couvert, et en effet les pilotes confirment à notre guide russe Anna que le temps n’est pas favorable pour le vol. Entre temps nous faisons la connaissance d’un archéologue habitant la ville et parlant anglais, qui accepte de passer un moment avec nous pour nous parler de sa ville. Nous nous rendons ensuite au musée qui présente la culture Itelmen ainsi que l’histoire de l’arrivée des cosaques au Kamchatka et de la création de la forteresse de Verkhne-Kamtchatki, aujourd’hui site archéologique situé à 15 kilomètres de Milkovo. Après le déjeuner nous repartons direction Apachi, un lieu-dit où se trouvent des sources chaudes et notre hôtel pour la nuit. Une fois sur place, certains profitent de la piscine chaude et en plein air pour se délasser, avant de se retrouver tous pour le dîner, autour de quelques verres de vodka…
Nous quittons ce matin notre hôtel d’Apachi pour partir plein ouest, en direction de la mer d’Okhotsk. Cette mer, longtemps fermée aux bateaux étrangers, reste mythique, tant par la biodiversité qu’elle abrite que par son histoire : c’est du port d’Okhotsk, sur la côte sud sibérienne, que partirent les bateaux de la 1ère expédition de Vitus Bering en 1728 pour rejoindre la côte ouest du Kamchatka ; mais également ceux de sa 2e expédition, le St Pierre et le St Paul, qui en 1740 gagnèrent la baie Avacha…
Après quelques pas sur la plage et un bol d’air iodé, le bus nous emmène au bout de la route, à Oktyabrsky, village de pêcheurs et poste frontière militaire, en partie abandonné suite à la Perestoïka. Un village de contrastes, avec ses immeubles délabrés, sa récente conserverie de poisson et ses toutes nouvelles éoliennes… Nous faisons ensuite escale pour le déjeuner à Ust-Bolsheretsk, petite ville de 2000 habitants située à l’emplacement de l’ancienne forteresse cosaque du même nom, fondée en 1703. Après un arrêt au bord de la rivière pour observer les pêcheurs de saumon, nous reprenons la route vers Pétropavlovsk. En début de soirée, notre bus bifurque vers Paratunka où nous allons passer une soirée « étonnante », selon les dires de nos guides. Là, nous sommes accueillis par Sacha et Macha, qui en effet nous étonneront… Le résultat : nous rentrons à l’hôtel en chantonnant !
Aujourd’hui, pas d’hélicoptère ni de bus au programme, mais un petit bateau, qui nous emmène explorer la Baie Avacha. C’est pour nous l’occasion d’observer les formations géologiques particulières qui bordent ses côtes, telles les « trois frères », roches qui marquent l’entrée de la baie ; mais aussi des orgues ou colonnes basaltiques dans lesquels sont parfois taillés arches et grottes. Tour à tour, nous partons en zodiac pour se rapprocher de ces côtes et y observer quelques oiseaux, comme les cormorans pélagiques, goélands à manteau ardoisé, macareux huppés ou mouettes des brumes (aux pattes rouges). Pendant ce temps-là, à bord, une séance de pêche à la ligne s’organise, tandis qu’un plongeur de l’équipage nous ramène oursins et crabes, que nous dégusterons ensuite. Enfin, nous observons une colonie de lions de mer de Steller au repos sur une grève de l’un des ports de Pétropavlovsk. De retour en ville en fin d’après-midi, nous en profitons pour faire quelques achats au marché au poisson. Et sur la route du restaurant, nous observons les derniers rayons du soleil couchant, qui colorent de rose les volcans Koryaksky et Avachinsky…
Le temps est idéal aujourd’hui pour effectuer notre dernier vol, vers la caldera Uzon et la vallée des Geysers. En chemin, nous passons non loin du volcan Zhupanovsky, qui vient d’entrer en éruption ! En effet, un panache de cendres s’en dégage. Plus loin, nous nous approchons du volcan Karymsky, duquel s’échappe également un beau panache ; puis nous survolons le cratère du volcan Maly Semyachik recouvert d’un lac acide. Notre hélicoptère se pose ensuite dans la caldera Uzon, où les couleurs sont splendides, puis dans la célèbre vallée des Geysers que nous visitons à son tour. Les geysers fusent, les mares de boue bouillonnent et le soleil révèle ce paysage hors du commun ! Au retour, nous avons la surprise de nous poser devant le lac Karymsky, dominé par le volcan du même nom. Encore un panorama différent, et tout aussi superbe, comme le Kamchatka sait en offrir. Pour terminer, l’hélicoptère fait une dernière escale dans la vallée de Nalychevo, où des sources chaudes permettent des bains relaxants en pleine nature.
Devant l’hôtel ce matin ce n’est pas notre bus qui nous attend, mais un véhicule 6×6, destiné à nous conduire sur une piste qui mène aux pentes du volcans Gorely. Avant d’en prendre la direction, nous nous arrêtons à l’institut de volcanologie pour en apprendre davantage sur les phénomènes volcaniques et les volcans du Kamchatka. En chemin vers le volcan Gorely, nous nous arrêtons pour observer tantôt des bouleaux centenaires, tantôt le panorama sur le volcan Vilyuchisky, où encore les couleurs automnales chatoyantes de la végétation.
Arrivés devant le champ de lave du volcan Gorely, notre destination du jour, il s’avère que notre véhicule tombe en panne. Cela ne nous empêche pas de visiter les lieux, faits de chemins tortueux, sculptés dans la lave solidifiée il y a 40 000 ans, jusqu’à une grotte dans laquelle nous pénétrons. Le temps alterne entre pluie, soleil et vent, nous offrant ici ou là un arc-en-ciel, et rendant ce paysage à la fois mystérieux et lunaire. En attendant qu’un autre véhicule vienne nous chercher, nous revenons sur les connaissances acquises lors de ce voyage et nous nous « réchauffons » avec un peu de vodka achetée à un sympathique mineur russe venu à notre rencontre dans un engin à chenille. Une aventure pour le moins hors du commun, et dont nous nous souviendrons ! C’est cela aussi le voyage et ses imprévus de toutes sortes…
Demain nous quitterons cette terre de volcans que nous avons eu la chance de découvrir ; sur les traces des peuples du Kamchatka, des cosaques, de Béring, de Steller, des ours bruns ou des saumons ; avec en tête de merveilleux paysages, aux couleurs chatoyantes…