Nathanaël Vetter
Arctique et Antarctique
1 juillet
11 juillet 2022
Nathanaël Vetter
Arctique et Antarctique
Certaines photos d’illustrations ont été prises lors de précédentes croisières au Spitzberg. Lorsque le voyage sera terminé, nous publierons les photos de la croisière. Le manque de connexion internet nous empêche de recevoir les photos en temps réel.
En ce 1er juillet, nous partons pour un voyage hors du commun, vers les terres arctiques du Spitzberg. Mais en ce jour de grandes vacances, les grèves perturbent les départs et retardent notre décollage. Nous finissons par partir en milieu d’après-midi et après quelques heures de vol se dévoilent les reliefs somptueux du Svalbard, chaines rocheuses, névés, glaciers, terres charbonneuses. Nous prenons conscience que nous arrivons dans un autre monde. Toute l’équipe Grands Espaces nous accueille à l’aéroport de Longyearbyen avant d’embarquer à bord de notre très confortable bateau, l’Explorer.
Après les présentations, les premières informations et un copieux dîner, nous regagnons nos cabines pour une nuit de sommeil bien méritée. L’Explorer appareille pour une contrée qui nous est encore inconnue.
Nous sommes au matin de notre premier jour de croisière. Le temps est nuageux et l’Explorer fait route vers le Nord entre l’Ile du Spitzberg et l’avant-Terre du Prince Charles.
La mer est calme et quelques oiseaux pélagiques accompagnent notre sillage : le photogénique macareux moine, quelques fulmars et mouettes tridactyles. Le décor est impressionnant : sommets acérés constellés de plaques de neige tandis que de multiples glaciers jalonnent notre paisible navigation. Un morse peu farouche approche notre navire et curieux nous observe du coin de l’œil. Nous faisons notre première sortie à Engelskbukta en zodiac pour nous rendre au fond de cette baie et observer guillemots à miroir, eiders à duvet, bernaches nonettes et quelques sternes arctiques. Sur un banc de sable, devant le glacier, des phoques veaux marins se reposent tandis que deux d’entre eux nous gratifient d’un véritable ballet aquatique. Après ces belles observations matinales nous rentrons au navire et nous continuons notre veille à la passerelle à la recherche du plantigrade de ces lieux…
En début d’après-midi, nous naviguons entre les îles du Nord-Ouest et passons devant Smeerenburg, un ancien site baleinier situé sur l’île Amsterdamøya où nous observons une colonie de morses qui se prélassent au soleil. Nous dépassons Indre Norskøya où nous redoublons de vigilance dans notre recherche car des ours y ont été observés dernièrement… mais ces derniers ne se montrent pas.
C’est quelques miles plus loin, à Flathuken que nous repérons une mère ours et deux petits. De loin, nous apercevons la petite famille qui longe la côte vers le fjord suivant. Appréhendant le dénivelé, la mère ours se laisse glisser sur un névé tandis que les petits la suivent et dévalent la pente de neige, nous nous régalons de les voir ainsi se jouer du terrain ! Arrivée sur la berge, ils se mettent à l’eau et nagent vers un îlot rocheux au milieu de la baie, les deux jeunes bien serrés derrière leur mère et la truffe hors de l’eau. Cette petite terre rocheuse est alors leur terrain de jeu et le site d’une très belle observation : à la recherche de nourriture, nous les observons se délecter des œufs des sternes arctiques qui nichent à cette époque sur cet îlot protégé des renards arctiques.
Ce fut une magnifique observation pour cette première journée en terre polaire, tandis que nous reprenons notre route vers la terre du Nord-Est et sa banquise.
Après un copieux petit-déjeuner et la distribution des combinaisons spéciales zodiacs, nous partons pour une sortie dans un fjord peu fréquenté car mal cartographié : le Lady Franklinfjord, profond d’une trentaine de kilomètres. A son extrémité le monumental glacier Franklin bien visible avec plus de 4 kilomètres de front de glace…
Nous progressons à faible allure dans la banquise de fjord disloquée. Notre zodiac slalome entre les plaques de glace. Un phoque barbu de belle taille se hisse sur un « floe » et nous observe, débonnaire, avant de replonger. Quelques phoques annelés nagent à faible distance de notre embarcation. A l’horizon nous observons la brume arriver. Il est temps de rentrer, mais nous sommes loin de l’Explorer, le vent a compacté la banquise et le retour est délicat. La brume descend très vite et nous ne voyons pas plus loin qu’une cinquantaine de mètres. Notre guide Nathanaël vérifie la position du navire sur son GPS qui confirme notre cap. Après une dizaine de minutes de navigation dans le brouillard, nous apercevons notre camp de base : l’Explorer ! Tout le monde est heureux d’avoir pu vivre ce moment fort dans la banquise et dans des conditions usuelles au Svalbard, mais exceptionnelles pour nous. Ce matin la croisière est réellement devenue expédition !
Dans l’après-midi, nous débarquons à terre pour une petite randonnée au Cap Lady, sur la Terre du Nord-Est. C’est une péninsule qui raconte l’histoire géologique multiple du Svalbard. Notre guide nous explique la formation de certaines roches, pourquoi il y a autant de diversité sur ce cap… Nous trouvons des monceaux de roches déchiquetées par le gel, donnant parfois des feuillets ouverts comme des livres.
Contre toute attente, nous découvrons une végétation nanifiée multiple. Nous observons nombre de lichens, comme le Xanthoria élégance aux couleurs orangées, le rhizocarpon et quelques lichens de la famille des ombilics.
A notre grande surprise, la flore est présente également et pousse dans un espace extrêmement réduit entre les pierres. On a pu admirer le pavot du Svalbard, les céraistes arctiques, les saxifrages blanc-rosé (sp), les saxifrages cernua à fleurs blanches, les potentilles jaunes (sp)… personne n’aurait imaginé les trouver dans ce désert polaire !
Nous sommes tellement absorbés par ces découvertes minuscules qu’il devient difficile de détacher le regard du sol… ! Mais Nathanaël nous hèle pour parler du bois flotté et de son importance dans la géopolitique du Svalbard.
De retour à bord, un gâteau encore tiède nous attend. Nous levons l’ancre aussitôt et faisons route plein Nord vers la banquise par mer calme.
Aux petites heures du matin, nous atteignons la banquise… Nous sommes à 81° 25’ Nord et notre guide Nathanaël a commencé sa veille. Le temps est relativement dégagé, la banquise est éparse car le vent est nul et la lumière est splendide. A la passerelle, l’ambiance est fébrile. Tout le monde est attentif et impliqué. Nous voulons tous découvrir la faune de cet oasis arctique. Chacun derrière ses jumelles cherche, observe les anfractuosités de la glace, chaque parcelle est scrutée. A tribord, un phoque barbu est étendu sur une plaque de glace. Il nous observe lascivement. L’Explorer approche à très faible allure. Les passagers sont à la proue du navire et sont hypnotisés par ce mammifère si placide. A l’arrière du navire, un arc en brume sublime ce panorama exceptionnel.
Nous longeons la banquise à la recherche d’un éventuel ours polaire, notre guide repère un dos, puis souffle, un deuxième et un troisième… ! Nous distinguons très bien un dos de baleine, puis sa queue. Nathanaël reconnait d’un coup d’œil 3 baleines franches du Groenland. C’est une observation particulièrement rare et exceptionnelle car cette espèce a été décimée par le passé et en danger critique d’extinction aujourd’hui. Son dos reconnaissable sans aileron et avec deux bosses, ses marques blanches sur le côté sont autant de caractéristiques qui ont permis de les identifier avec certitude. Elles nagent à fleur d’eau pendant une vingtaine de minutes et nous distinguons bien leur dos, et leurs queues lorsqu’elles plongent. Puis elles finissent par disparaitre sous la banquise, leur habitat naturel. Nous et notre guide sommes bouche-bée.
En début d’après-midi une petite brume confère à ces lieux une ambiance surnaturelle. Nous en profitons pour embarquer dans un zodiac pour une croisière au cœur de ce désert de glace. Nous sommes entourés de « floes » aux formes surprenantes laissant apparaitre le bleu pastel de leur partie immergée. Nous sommes réellement sur une autre planète. Quelques mouettes tridactyles virevoltent, des guillemots à miroir survolent notre embarcation et un mergule nain pas farouche nous approche, tournoie sur lui-même et plonge grâce à ses petites ailes, à la recherche de nourriture. Avant notre retour à bord, notre guide nous dépose en zodiac sur une plaque de glace où nous débarquons. C’est un moment inoubliable que de marcher sur la banquise. Tout le monde se photographie pour immortaliser cet instant irréel.
Aujourd’hui fut une journée hors norme où l’on a pu lire le plaisir, la joie, la satisfaction d’avoir vécu des moments uniques et inoubliables.
Il est bientôt temps de faire route vers le sud et de quitter cet univers glacé pour de nouvelles découvertes cette fois sur la terre ferme du Svalbard.
Après avoir laissé la banquise derrière nous, l’Explorer a navigué toute la nuit pour atteindre la côte Nord du Spitzberg au petit matin. Face à nous, l’immense détroit d’Hinlopen large de 5 miles nautiques. Nous progressons entourés de montagnes érodées jusqu’aux falaises d’Alkefjellet. C’est un haut lieu de nidification de plusieurs espèces d’oiseaux arctiques.
Ces falaises de dolérite sont un véritable livre ouvert sur la géologie du Svalbard et c’est elle qui dicte l’écosystème de ce site. On peut y observer une colonie près de 100 000 guillemots de Brünnich, petits oiseaux noir et blanc de la famille des alcidés. Ils nichent sur chaque rebord de la falaise, dans chaque anfractuosité et protègent bec et ongles leur oisillon du prédateur local : le goéland Bourgmestre qui a élu domicile a proximité. Notre zodiac longe le pied des falaises tandis que tournoient au dessus de notre embarcation des milliers de guillemots bien reconnaissables à leurs cris moqueurs. Nous apercevons sur un névé tout proche un renard polaire tenant dans sa gueule une proie et regagnant son terrier.
A l’extrémité de ces falaises, quelques cascades déversent leurs eaux de fonte sous-glaciaire et projettent une eau très turbide. Pendant toute cette observation, nous sommes le témoin d’un spectacle ininterrompu qui nous amuse beaucoup : des dizaines d’escadrilles de guillemots volant au ras de notre zodiac ou à fleur d’eau et rentrant sur leur minuscule parcelle de falaise pour nourrir leurs oisillons. C’est un véritable ballet volant formant des arabesques dans le ciel bleuté.
Nous retrouvons notre confortable bateau pour une navigation au large de la très esthétique calotte glaciaire de Valhallfonna dont l’épaisseur moyenne est de 350 mètres. A la sortie du détroit d’Hinlopen, nous pénétrons dans le Sorgfjorden dans lequel nous apercevons à son extrémité, le glacier de Dunér.
Une promenade est prévue à terre à la découverte d’un lieu historique : Eolusneset, lieu d’une bataille en 1693 entre 40 bateaux baleiniers hollandais et 2 bateaux corsaires français qui leur disputaient l’huile de baleine. Une croix érigée en 1855 en haut de la colline honore de sa présence, cette bataille navale. A proximité, se trouvent une vingtaine de tombes de baleiniers datant du 17 ème siècle encore très bien conservées. Le sol est pierreux, mais la vie éclot au début de l’été avec l’apparition de nombreuses fleurs naines : le pavot du Svalbard, la saxifrage à fleurs opposées … Un petit bécasseau violet vient nous distraire alors qu’il semble picorer dans l’eau son repas du soir. Quelques sternes arctiques plongent à la recherche de petits poissons et un vol d’eiders à duvet mâles passe à proximité. Nous poursuivons notre balade et passons par une cabane de trappeurs du 20ème siècle, puis à travers plusieurs « plages surélevée » liée à la fin de la période glaciaire.
Sur le chemin du retour, notre guide aperçoit quelques rennes du Svalbard broutants dans la toundra, alors nous décidons de nous approcher lentement et le plus discrètement possible. Curieux comme nous, les rennes s’approchent aussi et semblent nous contempler attentivement avant que l’un d’eux plus craintif parte en courant et entraine avec lui ses congénères.
De retour à bord, des petites pâtisseries concoctées par notre chef nous attendent. Encore une belle journée de découvertes, différentes des précédentes qui nous a permis d’en apprendre encore plus sur cette terre riche d’histoires arctiques.
Rendez-vous est donné aux passagers à 06h00 du matin à la passerelle pour chercher les baleines, dans un lieu où elles sont régulièrement de passage : l’entrée du Woodfjorden. Le temps est magnifique, le ciel est dégagé et le soleil brille. Le panorama est somptueux. Nous sommes entouré de montagnes, la mer est calme et nous sommes tous munis de nos jumelles et scrutons intensément la surface de la mer. Aucun signe de présence de cétacés quand notre guide Nathanaël aperçoit à bonne distance 3 ours. Il faut une excellente vue pour les identifier, même aux jumelles. L’Explorer se détourne pour approcher l’archipel des îles Andøyane et progressivement, nous commençons à les apercevoir. Assez mobiles, nous pouvons voir une mère et ses deux petits se promener sur la surface d’un des îlots.
Cet archipel est une réserve ornithologique, aussi, nous devons rester à 300m des îlots. Nous allons passer une petite heure à les observer se balader, se mettre à l’eau et nager d’une île à l’autre, se rouler dans la toundra et arpenter les petites falaises. Depuis la grande passerelle de l’Explorer où nous sommes en hauteur nous les voyons très bien et grâce aux jumelles prêtées par Grands Espaces, chaque attitude peut être observée.
Nous reprenons notre navigation pour nous rendre à Texas Bar, notre prochain lieu de débarquement. Ici se trouve une cabane de trappeurs authentique construite en 1927 et très bien conservée dans laquelle nous allons pouvoir entrer. Cela tient plus d’un abri en bois avec deux couchettes exigües, un petit poêle et quelques planches en guise d’étagère, mais le tout avec une petite touche « cosy ». Nous montons jusqu’à un point de vue sur le fjord et découvrons une espèce de fleur pas encore observée ; la Pédiculaire, quelques stries glaciaires et de nombreux blocs erratiques. Au sol, beaucoup de fleurs sont présentes car il y a ici un micro climat. Le point de vue est splendide sur tout le fjord avec au milieu notre bateau d’expédition, l’Explorer.
Le temps est toujours incroyablement beau alors nous partons pour une longue randonnée entre pentes escarpées, passages rocheux et plaques de neige. Nous progressons d’une colline à l’autre avec pour toile de fond, une enfilade de glaciers : le glacier de Monaco distant d’une dizaine de kilomètres, mais aussi les différentes langues glaciaires de Germaniahalvoya. Nous surplombons ce paysage à couper le souffle et nous ne cessons de nous extasier sur ce qui nous est donné de contempler. Après 2 heures d’effort, la récompense est impressionnante : nous arrivons sur un promontoire qui surplombe le glacier Erikbreen, ce qui était le but final de cette randonnée. Mais notre guide s’était bien gardé de nous révéler cette surprise inoubliable. Nous utilisons nos dernières forces pour descendre vers la berge où un zodiac viendra nous chercher pour ré-embarquer. Nous venons de parcourir environ 5 kilomètres et 300 mètres de dénivelé. En sortant de la petite anse, nous pouvons admirer des roches de toute beauté, plissées par du métamorphisme.
Une visite des machines est organisée avant la courte navigation jusqu’au pied du glacier de Monaco, assurément l’un des plus beaux du Svalbard. Son front de glace atteint par endroit 50 mètres de hauteur. Une coupe de crémant de Bourgogne nous est servie sur le pont, face à ce mur de glace gigantesque. Grace à l’attention constante de notre guide et au doigté de notre capitaine, nous dinerons avec pour panorama, le célèbre glacier de Monaco.
De l’avis du groupe, ce fut une journée mémorable.
Après une courte navigation dans la nuit, nous étions au mouillage à 4h30 du matin entre les îles d’Ytre et Indre Norskøya. Ce matin encore, le temps est splendide, pas de nuages, grand soleil et température clémente. Nous partons en zodiac pour faire le tour de d’Ytre Norskøya et vérifier l’absence d’ours avant de débarquer. La côte est rocheuse, mais nous trouvons un lieu propice pour débarquer. Nous foulons le sol d’une île qui accueillit une grande station baleinière danoise dès 1617. Ici se trouve le second plus important cimetière baleinier du Spitzberg. On peut apercevoir les tombes de 165 marins assez courageux ou fous pour avoir décidé de venir y faire fortune…
Nous montons jusqu’à un point de vue qui fait face à la pleine mer, droit vers le Pôle Nord. Ici, 400 ans plus tôt les baleiniers guettaient tout comme nous la présence de baleines. A cet instant, nous avons la sensation de mettre nos pas dans ceux des baleiniers. Assis sur des rochers nous scrutons l’horizon à la recherche d’un souffle annonciateur de cétacés. A proximité, une falaise accueille une colonie de macareux, qui est ici à la limite de son aire de répartition. Quelques mergules nains tentent de décoller péniblement le ventre plein, tandis que les goélands bourgmestres, comme à leur habitude, épient la falaise, prêts à chiper un œuf ou à s’emparer d’un frêle oisillon…
De retour à bord, nous nous dirigeons vers Smeerenburg où se trouve une petite colonie de morses de laquelle nous nous approchons. Quelques-uns s’ébattent en bord de plage tandis que d’autres sont vautrés les uns contre les autres pour conserver leur température. Nous entrons en début d’après midi dans le Bjornfjorden pour jeter l’ancre devant le célèbre glacier Smeerenburgbreen. Le glacier est monumental avec 3,8 kilomètres de front de glace pour une hauteur d’environ 45 mètres. Nous partons en zodiac à la découverte de ce géant majestueux par un ciel bleu azur sans un seul nuage.
Nous traversons le brash à faible allure pour atteindre la distance minimale de sécurité. La glace crépite, le glacier gronde régulièrement quand soudain un bruit plus sourd nous parvient : le glacier vient de « vêler » sous nos yeux. Des centaines de mouettes tridactyles se précipitent à la recherche de nourriture. L’une d’elle tient dans son bec un petit poisson tandis que d’autres la poursuive pour lui dérober sa proie. La querelle se passe à un mètre au dessus de notre zodiac ; spectacle qui nous amuse beaucoup.
C’est une excursion magique de 3 heures que nous venons de réaliser au plus près des glaciers avec par moment le moteur éteint pour écouter la musique de la glace. Grand privilège que tout le monde a conscience de vivre…
De retour à bord, notre commandant positionne son navire face au glacier pour un dîner-barbecue sur le pont en compagnie du commandant et de son équipage. La magie opère jusqu’en fin de soirée où le ciel bleu est toujours au rendez-vous et le soleil, notre fidèle compagnon depuis 3 jours.
Le moment est venu de quitter ces lieux et poursuivre notre itinéraire vers d’autres belles découvertes à venir.
Au cours de la nuit, nous pénétrons dans le large Kongsfjorden où l’histoire a laissé des traces très intéressantes. Nous distinguons à tribord la station scientifique de Ny Alesund et sur la rive opposée, Ny London sur l’île de Blomstrand que nous allons visiter ce matin. Après le petit-déjeuner et les délicieux pancakes du chef de l’Explorer, nous débarquons sur une plage de galets après avoir fait une navigation de reconnaissance « ours », afin de sécuriser notre visite. Un petit chemin bien tracé nous mène aux deux maisonnettes de bois qui surplombent cette belle anse. En arrière plan se trouvent les restes d’un camp minier qui exploitait le marbre local dans les années 1911-1913. Demeure encore les vestiges rouillés d’un train qui transportait cette matière première jusqu’aux bateaux, une cuisinière et quelques outils épars. L’une des carrières est encore visible, tout comme la grue qui permettait de déposer le marbre sur le petit train. La balade se poursuit jusqu’à une colonie de sternes arctiques installées sur les ilots d’un petit lac. Elles piaillent, se chamaillent et tournoient dans les airs. Nous faisons le silence complet pour écouter le doux chant du Bruant des neiges. Une Harelde boréale s’approche de la rive pour nous observer. Mais plus rare, nous avons la chance d’observer le Tournepierre à collier et le Labbe à longue queue. En regagnant la berge et notre zodiac, nous découvrons une espèce pas encore observée depuis le début de notre croisière : le Cassiope tetragone, jolie petite fleur dotée de clochettes similaires à notre muguet.
Nous déjeunons rapidement pour profiter pour la troisième journée consécutive du grand beau temps. Pendant le repas, nous avons jeté l’ancre au pied d’une colonie de mouettes tridactyles : devant la falaise d’Ossian Sarsfjellet. Nous partons pour une randonnée au sommet de cette falaise de 360 mètres. Entre pierres, mousse et différentes fleurs, nous progressons tranquillement quand nous apercevons un renne au détour d’un gros rocher.
Nous l’observons brouter la végétation quand dans notre dos et sans signe annonciateur, un petit renard polaire poursuit son chemin à une dizaine de mètres. Nous le suivons du regard grimper jusqu’au sommet puis disparaitre. Nous croisons des scientifiques qui ont pour mission de poser des GPS aux mouettes afin d’étudier leurs déplacements. Nous les avions aperçus du bateau, accrochés à mi-hauteur des falaises en pleine mission. Arrivés au sommet, nous pouvons voir le ballet aérien des mouettes tridactyles, mais aussi leurs comportements installés sur les minuscules espaces horizontaux qu’elles se sont créé au milieu des falaises.
Le point de vue à 360° est splendide sur le fjord et les hauts sommets avoisinants, glaciers, petits îlots et vols ininterrompus des oiseaux. En redescendant, nous croisons un superbe lagopède du Svalbard picorant dans la toundra et deux Bruants des neiges : un mâle adulte nourrissant son petit. Nous repérons un petit groupe de rennes. Notre guide nous invite à nous assoir et de ne pas faire de bruit ni de mouvement brusques. Et comme si nous faisions partie intégrante de cette généreuse toundra, les rennes s’approchent de nous tout en broutant la végétation, absorbant mêmes les petites fleurs qui tapissent le sol. Pendant une dizaine de minutes, nous avons pu observer attentivement ces rennes : leur pelage qui mue, leurs bois encore recouverts de velours…
Il est temps de rentrer à bord et de poursuivre la visite de ce fjord au plus près du glacier du Roi.
Mais avant notre guide organise une conférence sur… les glaciers ! cela permet de revoir un peu de vocabulaire et préciser certaines notions. Nous comprenons également leur rôle dans le climat mondial et leur capacité à archiver le passé.
Nous mangeons devant ce monstre de glace puis sortons sur le pont observer cet environnement atypique. Nous assistons a un gros vêlage qui créé un immense iceberg bleu intense, puis l’Explorer fait demi-tour et nous partons vers la sortie du fjord. Avant de regagner nos cabines pour un repos bien mérité, nous allons scruter la surface de la mer et chercher un éventuel souffle de baleine. A bord de l’Explorer, les journées d’observations peuvent ne jamais prendre fin…
Nous nous réveillons ce matin au cœur d’un paysage bien différent des jours précédents. Devant l’étrave du navire une longue bande de sable à fleur d’eau. En toile de fond, la chaine montagneuse de l’Avant-Terre du Prince Charles longue de près 90 kilomètres, dont les sommets dépassent les 1000 mètres d’altitude. Le temps est ensoleillé et la visibilité optimum. Nous débarquons sur une plage couverte en grande partie par du bois de flottage issu des grands fleuves de Sibérie.
Nous avons appris hier que sur cette plage une colonie de morses y avait élu domicile. Mais aucun individu n’est visible à l’horizon. Nous nous attardons auprès d’un petit lac, lieu de reproduction et de nidification de diverses espèces d’oiseaux arctiques, dont le superbe Bruant des neiges, la belliqueuse sterne arctique et le Tournepierre à collier.
Nous les observons un moment, puis nous continuons notre découverte de ce site vers le nord et les balises installées judicieusement pour indiquer aux navires ce banc de sable. A peine visible, nous distinguons la petite colonie de morses, profondément endormie que notre présence ne gène visiblement pas. Nous suivons à la lettre les consignes de notre guide Nathanaël, à savoir : rester groupés, peu de bruit et pas de mouvements brusques. Nous atteignons la distance minimum autorisée : 30 mètres ! Pendant cette superbe observation, régulièrement, nous scrutons l’horizon afin de s’assurer qu’un ours n’est pas dans les parages. Un autre morse apparait évoluant dans les vagues en bord de plage. Curieux, tout comme nous, nous nous observons mutuellement un bon moment à quelques mètre : il est ici dans son élément (l’eau) et peut facilement adapter la distance qu’il souhaite avec le groupe.
Nous regagnons ensuite notre zodiac tout en observant les différents oiseaux nous approchant à quelques mètres et en écoutant leurs chants que nous commençons fièrement à reconnaitre. Une nouvelle espèce est observée : le grand gravelot.
De retour à bord, notre navigation reprend vers le St-Jonsfjorden au fond duquel deux glaciers monumentaux seront le but de notre croisière-zodiac cet après-midi. Tout d’abord l’Osbornebreen dont le front de glace atteint 2,5 kilomètres de large et le Konowbreen, un peu moins large ; 1,5 km tout de même… ! Nous progressons entre de petits icebergs et sur plusieurs nous trouvons des phoques barbus placides qui observent ces étranges êtres humains en combinaisons noires et jaunes. Il y a ici une grosse densité de phoques que l’on découvre au pied de ces glaciers, comme nul par ailleurs depuis le début de cette croisière.
Le doux cliquetis de la glace qui pétille nous entoure tandis que nous assistons à quelques vêlages annoncés par de bruyantes détonations. Un Labbe parasite est posé sur un petit iceberg, l’occasion pour nous de lui tirer le portrait. De retour à bord, Nathanaël nous propose une conférence attendue de tous sur le maitre de ces lieux, l’ours polaire.
Pas encore épuisés de notre journée, Nathanaël propose aux motivés une randonnée après le dîner. Pour d’autres, ce sera une soirée de repos avec pour décor le fjord et ses glaciers. Vers 21h, le zodiac nous mène à terre, à Gjertsenodden, accompagnés de passagers de marque : le commandant du navire se joint à nous ainsi que deux autres membres de l’équipage qui n’ont pas souvent l’occasion d’aller à terre. Nous grimpons sur la crête d’une moraine sur des amas de pierres d’origines très variées, jusqu’au point de vue qui domine le glacier de Gaffelbreen. La vue est alors magnifique. Nous redescendons par un autre versant au sol couvert de mousse et de fleurs éparses, dont quelques rares Pédiculaires laineuses. Nous ne tardons pas à croiser quelques rennes qui trouvent ici de quoi se gaver pendant l’été arctique : une mère et son petit qui restent à bonne distance et trois autres individus, curieux qui nous contournent en ne nous quittant pas du regard. Nous rejoignons la rive où se trouve une petite cabane de villégiature d’environ 4m², faite de rondins de bois et datant des années 1960. A l’intérieur, le strict minimum, une couchette, une minuscule table, quelques gamelles, deux livres et du bois. Il est temps de rentrer à bord de notre confortable Explorer pour un repos bien mérité.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Bonjour ,
Je souhaite vérifier que les messages arrivent à Patricia et Eddy Chazot .
Bonne journée
Coucou
Je viens de voir votre journal
Extra les rencontres
Ici tout va bien
Bull mange bien
Bisous Dom
Belles decouvertes et paysages hors normes. Vous devez en prendre plein les yeux. Exceptionnel. On pense à vous. Bisous
Chère Catherine et David avez vous déja vu les baleines? Bisous Patricia
A Patricia et Eddy:
Quels paysages féeriques ! Vous devez avoir des etoiles pleins les yeux 🤑 vous sentez-vous l’âme d’explorateurs découvrant des terres encore vierges? Profitez, profitez à fond de cette parenthèse magique! Toutes mes pensées vont vers vous .🥰🥰❤❤❤
Hello les esquimaux
Régalez vous avec les yeux et le ventre aussi vu les douceurs que vous prépare le chef. Profitez à fond bisou
Ok ok Patricia. Mais le périple et les découvertes ne changent en rien?😍😍😍😍
Merci beaucoup à l’équipage d’avoir réalisé ton rêve !!! Avec de l’audace encore de l’audace et toujours de l’audace….
Hâte de voir toutes ces belles photos bisous bretons