Benjamin Dy
Destinations Nordiques et Antarctique
19 juin
28 juin 2024
Benjamin Dy
Destinations Nordiques et Antarctique
Jean Robert Couplet
Fabrice Jonckheere
Guide polaire
Rémi Suchowierch
Guide naturaliste
Élodie Marcheteau
Géologie
Bernard Manuel
Compétences médicales en milieu isolé
Jean-Marie Seveno
Photographe
Justine Forest
Conseillère voyage
Certaines photos d’illustrations ont été prises lors de précédents voyages. Lorsque celui-ci sera terminé, nous publierons les photos de la croisière.
C’est depuis l’aéroport Charles de Gaulle que notre aventure commence ce matin. Nous rejoignons Justine, notre directrice de croisière, et faisons connaissance avec le Docteur Bernard et Hélène, notre guide. Nous prenons place à bord de l’avion affrété spécifiquement pour Grands Espaces et survolons la Belgique, les Pays-Bas et la Norvège, apercevant au loin les montagnes pointues du Spitzberg.
Le nom « Spitzberg » signifie « montagnes pointues » en allemand. Le Spitzberg est l’île principale de l’archipel du Svalbard.
Nous atterrissons dans l’après-midi, et le décor change radicalement. La petite piste d’atterrissage nous montre à quel point nous sommes au bout du monde, dans un paysage à la fois sauvage et majestueux.
L’autre partie de l’équipe nous attend pour visiter la vallée de l’Adventdal. Cette vallée spectaculaire est située à proximité de Longyearbyen. C’est également ici que se trouve la Réserve mondiale de semences du Svalbard, souvent surnommée la « Banque mondiale des graines ». Cette installation souterraine sécurisée conserve une vaste collection de graines du monde entier, visant à préserver la biodiversité végétale pour les générations futures en cas de catastrophe.
Nous avons également eu un moment de temps libre pour explorer la ville de Longyearbyen. À 18h15, les choses sérieuses commencent. Nous nous équipons de gilets de sauvetage et rejoignons l’Ocean Nova, qui est au mouillage. Quelques embruns, des sourires, et une excitation palpable à l’idée de monter à bord de notre nouvelle maison pour les 10 jours à venir. Nous découvrons notre navire et son équipage. Merveilleux, nous y sommes. Après l’exercice de sécurité obligatoire et un premier dîner à bord, nous nous retrouvons au salon panoramique pour un premier briefing sur les zodiacs, les ours et l’AECO.
L’AECO, ou Association of Arctic Expedition Cruise Operators, est une organisation dédiée à la gestion responsable et à la protection de l’environnement arctique par les opérateurs de croisières. Notre chef d’expédition, Benjamin, nous explique les règles et les bonnes pratiques à suivre pour minimiser notre impact sur cet écosystème fragile.
L’équipe est à présent complète et en profite pour se présenter : Fabrice, passionné par le Groenland, Élodie, notre géologue, Jean-Marie, le photographe, et Rémi, qui travaille dans ces régions polaires depuis plusieurs années. Après cette longue journée, nous regagnons nos cabines, impatients de nous réveiller en baie de la Croix.
La journée d’hier a été celle de l’embarquement et de la découverte de l’Ocean Nova. Aujourd’hui est désormais notre première vraie journée en Arctique. Nous y sommes ! Qu’en sera-t-il ? À quoi pouvons-nous nous attendre ? La réponse ce soir.
Dès l’aube, le temps est couvert et une petite pluie sans conséquence nous accompagne toute la matinée, avec néanmoins quelques rayons de soleil qui apparaissent avant notre déjeuner.
Nous nous réveillons à 79°06’ de latitude Nord, face au glacier du 14 Juillet. Pour arriver jusqu’ici, nous avons navigué toute la nuit. Cette appellation du 14 Juillet est en hommage à la fête nationale française et porte ce nom en raison des nombreuses explorations effectuées par divers explorateurs de l’Hexagone.
Après un copieux petit-déjeuner, nous démarrons notre première activité, qui est en fait double : nous embarquons tous à bord des zodiacs puis, pendant que certains vont effectuer une marche de découverte des pelouses côtières à la rencontre, entre autres, des rennes du Svalbard et de différentes espèces de fleurs telles que les saxifrages à feuilles opposées, d’autres entament une découverte des falaises depuis leur embarcation. Ces falaises sont habitées par plusieurs espèces d’oiseaux, parmi lesquelles le fameux macareux moine, emblème de la Ligue française pour la Protection des Oiseaux, également appelé « perroquet des mers », ainsi que ses cousins le guillemot de Brünnich, le guillemot à miroir, mais aussi la mouette tridactyle, le goéland bourgmestre et la bernache nonnette. Cette découverte se poursuit par une approche du glacier du 14 Juillet… puis les rôles s’inversent : au bout d’une heure, les uns débarquent pour marcher et les autres embarquent pour découvrir les falaises.
La fin de ces activités coïncide avec l’heure du déjeuner. Durant le repas, notre navire se déplace jusqu’à se retrouver face au glacier de Lilliehöök, l’un des plus imposants de l’archipel du Svalbard.
L’après-midi est consacrée à nous immerger dans le monde merveilleux des glaces.
Nous effectuons une très belle sortie en zodiac face à ce mastodonte de glace dont le front mesure une dizaine de kilomètres de large. Cela commence par une traversée du brash, autrement dit une accumulation de fragments de glaçons en dérive. Ce brash est le résultat de la destruction d’autres formes de glace de taille plus importante. Ces glaçons servent de support aux nombreuses mouettes tridactyles et sternes arctiques qui viennent se nourrir dans ces eaux riches en petits poissons. Au-delà des nombreuses observations de ces laridés, notre sortie est ponctuée de plusieurs vêlages, c’est-à-dire des parties du glacier qui se détachent pour dériver en mer.
Nous sommes désormais en fin d’après-midi, il est temps de rentrer pour assister au pot du commandant de bord.
Arrive le temps du dîner, qui démarre vers 19h30. Nous terminons la soirée par un récapitulatif de la journée ainsi qu’une présentation du programme de demain. C’est à ce moment que l’Ocean Nova reprend sa route vers le Nord en direction du Woodfjord.
En début de journée, nous nous interrogions sur la grandeur de la journée. Les merveilles de la nature ont eu raison de notre interrogation… vivement demain.
La journée commence à Woodfjord, une impressionnante cicatrice glaciaire située sur l’île principale du Spitzberg. Ce système de fjords est dominé par des sommets de différents âges et compositions : des montagnes de vieux granite côtoient des pentes rouges du Dévonien.
Nous débarquons à quelques encablures au sud de Mushamna. Notre randonnée nous mène vers des sommets parsemés de névés blancs et de toundra aux nuances jaunes et vertes. À 300 mètres de notre groupe, un renard polaire fait une brève apparition, peut-être attiré par les lagopèdes posés un peu plus en amont.
Après deux heures et demie d’exploration, nous reprenons la mer, qui scintille sous un grand soleil sans le moindre pli. Un rorqual apparaît furtivement à la surface. Le bateau pénètre ensuite dans le Liefdefjorden et jette l’ancre devant Texas Bar, une cabane de trappeur insolite construite en 1927 par le chasseur Hilmar Nois.
Nous entamons une marche le long de la rivière saisonnière qui descend du glacier en amont jusqu’à la zone lacustre en contrebas, le long du rivage. En gravissant les zones d’éboulement, nous découvrons un petit rapide serpentant entre les détours de glace. Discrètement nichée dans le sol caillouteux au-dessus, une couvée d’oies bernaches se fond dans le paysage.
Au loin, quelques passagers s’adonnent à une visite en zodiac de l’estran et des îles abritant de riches colonies de mouettes tridactyles. Puis, nous reprenons le bateau en direction du glacier de Monaco.
Pendant cette traversée, notre chef d’expédition nous dévoile avec enthousiasme les plans pour demain, concentrés sur la région nord-ouest, le pays de la glace… La flexibilité devient ainsi notre maître-mot. Rémi prend ensuite le relais et enrichit notre expérience en revenant sur notre observation du renard, détaillant avec précision ses caractéristiques uniques, tandis qu’Élodie nous captive en partageant les secrets captivants de la géologie et du Dévonien.
Sur le pont 5, l’équipe nous a préparé une surprise. Nous partageons un moment convivial autour d’un verre, aux pieds des majestueuses glaces, avant de reprendre notre route hors du fjord.
Ce soir, dans ce décor somptueux et irréel, nous nous sentons véritablement transportés dans un rêve, réalisant que ce voyage n’est que le début d’une aventure exceptionnelle.
Après une soirée mémorable devant le somptueux glacier de Monaco, l’Ocean Nova a repris la mer, naviguant toute la nuit en direction des 7 îles (Sjuøyane), un regroupement de petites îles situées au nord de Nordaustlandet, la Terre du Nord-Est. Au petit matin, nous franchissons le cap mythique des 80° de latitude Nord : nous n’avons jamais été aussi proches du Pôle Nord ! Ce sont maintenant quelques 1100 km qui nous séparent de ce point tant recherché par les explorateurs polaires.
Notre première sortie de la matinée sur le site de Chemsideøya, à proximité de l’île de Lagøya, est l’occasion de nous remémorer l’histoire de ces visionnaires, ces hommes qui ont eu le courage de parcourir ces contrées éloignées par passion de la découverte ou pour le prestige de leur pays. Sur cette plage de granite où nous débarquons, des « graffitis », sous forme d’assemblages de pierres, ont immortalisé le nom de certains navires ayant parcouru ces contrées.
Un phoque barbu est observé sur une plaque de banquise, tandis que le reste de la baie offre des eaux turquoise sous le ciel bleu et le soleil estival.
Tout le monde profite de la douceur matinale dans un cadre exceptionnel, rythmé par le cri des sternes arctiques.
Après une courte navigation, nous atteignons notre première banquise ! Quel spectacle magnifique et touchant que cette banquise flottante, s’organisant en grandes plaques étendues, en structures chahutées ou en petits glaçons isolés. Une mer d’huile, le soleil et la douceur de l’air nous accompagneront toute l’après-midi. En zodiac, il est agréable de slalomer entre les floes, de s’émerveiller des hummocks qui culminent parfois à 3 ou 4 mètres de hauteur ou d’observer un phoque barbu tout proche. Cette glace de mer a quelque chose de magique, qui invite à l’imagination et à la contemplation, mais aussi à l’exploration ! Par groupes, nous descendons sur de grandes plaques de banquise, une première expérience pour la plupart, une expérience attendue depuis des années pour certains, celle d’une vie. Quel sentiment incroyable en effet de se trouver sur cette eau salée dans l’océan Arctique ! Un souvenir qui marquera l’esprit et le cœur. Sitôt réembarqués, ici et là, des mergules nains, des guillemots de Brünnich et des goélands se prêtent au jeu de l’observation, passant parfois à quelques dizaines de centimètres des zodiacs.
Toujours sous un grand soleil, nous retournons (parfois à regret) à bord de l’Ocean Nova. La soirée s’organise entre les récapitulatifs de notre journée par notre équipe d’expédition et l’atelier photo de fin de soirée.
Le navire repart vers le détroit d’Hinlopen et s’éloigne progressivement des côtes. Bientôt, la brume nous encercle ; il est temps de prendre du repos avant la suite de l’exploration du Svalbard demain.
Aujourd’hui, la journée a été riche en découvertes pour nos passagers. Après un départ matinal en zodiacs, nous avons rejoint la falaise d’Alkefjellet, sous un ciel bleu sans vent. Le panorama, dominé par la blancheur éclatante de la banquise, était simplement spectaculaire.
Les dolérites d’Alkefjellet se dressent alors devant nous, austères et majestueuses, formant des piliers noirs qui s’élancent vers le ciel azur. Ces formations rocheuses semblent défier le temps et les éléments. Au-dessus de nos têtes, des milliers de guillemots tournoient en une danse aérienne frénétique. Leurs cris résonnent, créant une réelle symphonie sauvage. Ils se chamaillent, décollent et atterrissent avec une grâce désordonnée, nous plongeant au cœur de leur colonie effervescente. Nous avons l’impression de faire partie de cette vie grouillante ! Incroyable.
Cet endroit est l’un des plus emblématiques de l’archipel du Svalbard. Une ambiance vivante et particulière y règne, où la nature impose sa loi avec une grandeur brute et fascinante. La lumière joue avec les falaises, accentuant les contrastes entre le noir des dolérites et le bleu éclatant du ciel.
Notre quête du renard polaire a été couronnée de succès grâce au regard affûté du docteur Bernard. Ce renard blanc, parfaitement camouflé, a captivé chaque regard. Nous avons poursuivi notre exploration le long de la falaise, animée par les cris des guillemots, des mouettes tridactyles et des goélands bourgmestres. L’activité est intense et parfois féroce, chaque oiseau se battant pour un espace précieux.
Cap ensuite sur Torellneset, où trois groupes se sont formés pour observer les morses sur une échouerie. Le premier groupe a découvert un promontoire surplombant une mer glacée, où ils ont vu les guillemots de Brunnichs nager sous l’eau, avec les morses en toile de fond. Le deuxième groupe a opté pour une marche plus courte, menant directement à l’échouerie, offrant un spectacle impressionnant de ces majestueux mammifères.
Le troisième groupe a profité d’une balade en zodiac pour explorer la mer environnante. Les passagers étaient émerveillés par la proximité avec ces créatures impressionnantes, dont la tranquillité contraste avec leur taille imposante.
La journée s’est terminée en beauté avec un barbecue surprise sur le pont numéro 5, sous le soleil arctique. Les rires et les conversations animaient le pont, tandis que le chef d’expédition nous dirigeait vers le front glaciaire du Brasvellbreen. Là, nous avons admiré les bédières et les cascades dans la lumière rasante illuminant le front glaciaire, clôturant ainsi une journée exceptionnelle et mémorable au cœur du Svalbard. Le contraste des couleurs, les jeux de lumière sur la glace, tout était réuni pour créer une fin de journée parfaite, gravée dans les mémoires de chacun.
Réveil sous un magnifique soleil, une rareté pendant cette croisière.
L’Ocean Nova a navigué vers le nord pour rejoindre le fjord de Murchison pendant la nuit.
Nous débarquons pour une marche sur le site de Kinnvika, une station scientifique érigée en 1957 par les Finlandais et les Suédois pour l’Année géophysique internationale. Le but principal de cette mission scientifique était d’étudier la courbure de la Terre. Le site a été restauré en 2007 à l’occasion d’une nouvelle Année polaire internationale, les scientifiques y feront des études sur la calotte glaciaire du nord-est.
Un groupe de « grands marcheurs » vise un sommet à quelques kilomètres. Le désert polaire domine, nous nous trouvons dans la terre la plus aride de l’archipel. Aride mais nous pouvons observer de magnifiques saxifrages aux teintes violettes éclatantes. Un renard polaire est aperçu et nous avons la chance d’observer des rennes venus à notre rencontre avec un jeune faon de l’année.
Un groupe de « petits marcheurs » se concentre sur les constructions de Kinnvika. Notre guide nous fait visiter les différents bâtiments : le sauna bien sûr (les Finlandais sont passés par là !), mais aussi le dispensaire, un atelier rempli d’outils d’époque, et le baraquement principal, où il est facile d’imaginer la vie des scientifiques de l’époque tant les bâtiments sont bien conservés.
Il faut savoir que cette station a été rénovée en 2007 pour le cinquantenaire de ce lieu empli d’histoire.
Enfin, ceux qui ne souhaitent pas marcher profitent de ce paysage de désert polaire incroyable depuis le zodiac.
L’après-midi commence par les désormais quotidiens briefings et récapitulatifs du jour. Benjamin nous dévoile ses intentions pour la journée de demain. Bernard, notre médecin et guide, nous propose un récapitulatif surprenant et plein d’humour sur l’eau salée de l’océan. Fabrice aborde un thème très intéressant sur les épisodes de guerre dans l’archipel.
En milieu d’après-midi, nous débutons une croisière en zodiac dans le fjord de Lady Franklin, peu exploré par les navires de croisière. Nous sommes seuls au monde. Nous approchons la banquise encore bien présente, elle s’étend sur plusieurs kilomètres. Le calme des eaux nous permet d’entendre des morses au loin, les jumelles confirment les vocalises. Nous débarquons sur une baie proche pour une longue marche. Notre équipe d’expédition souhaite nous emmener sur un promontoire afin de nous faire découvrir la banquise vue de haut !
L’ambiance est lunaire, la lande à pavot arctique prédomine. Les gélifractes de grès parsèment notre itinéraire. Le soleil est toujours éclatant, le point de vue époustouflant. De cette hauteur, les morses sont toujours en vue et nous apercevons un nombre incalculable de phoques sur la banquise, à quelques kilomètres. Une tâche plus imposante et très suspecte attire notre attention, mais malheureusement, il est impossible de s’approcher. Nous retournons à l’Ocean Nova après cette longue et superbe journée, des paysages qui resteront gravés dans nos mémoires !
Ce matin, les lève-tôt ont constaté un changement de paysage : l’Ocean Nova avait abandonné la côte pour la banquise lointaine, à la recherche de la dernière case à cocher dans notre bestiaire polaire : l’ours.
À 5 heures du matin, la passerelle était en ébullition. Les officiers cherchaient la meilleure route pour atteindre chaque passage, chaque polynie et chaque plaque fissurée, tandis que les guides recherchaient le meilleur angle pour scruter chaque bosse, chaque teinte beige, chaque mouvement. Les commandes de gouvernail et les optiques de jumelles, trop sollicitées, criaient grâce sans cesse, mais leurs utilisateurs n’en faisaient fi, tout occupés à leur quête.
Le programme quotidien, cependant, prit son cours comme à l’accoutumée : douce annonce du réveil par notre chef d’expédition nous annonçant le programme du jour et la météo à 7h00, suivie d’un copieux petit déjeuner à 7h30.
C’était alors le moment de parcourir les ponts extérieurs, entourés de blanc, de gris, de bleu ; surveillés par des groupes de guillemots au vol battu, par quelques bandes de mergules rasant l’eau, par quelques fulmars économes de battements d’ailes, et même des mouettes voyageant seules. La féerie de ces précieux moments ne pouvait être interrompue que pour une impérieuse raison : la conférence d’Elodie à 9h00 sur la géomorphologie du Svalbard, où elle décrivit les pics alpins sculptés par la cryoclastie, les cuvettes emplies par les névés, les vallées et fjords érodés par les glaciers. Ce paysage nu de toute végétation nous devenait lisible et compréhensible.
Un nouveau passage à l’extérieur, les yeux écarquillés par tant de beauté, mais toujours focalisés sur la quête de l’ours, à l’instar des guides toujours agrippés à leurs jumelles en passerelle.
S’ensuivit la conférence de Rémi sur la flore du Svalbard et ses stratégies d’adaptation.
À 12h30, nous prenons un repas bien mérité après ces travaux de recherche et d’acquisition de connaissances. Puis, quasiment sans répit, toute sieste étant prohibée chez Grands Espaces, nous assistons à la conférence très humaniste de Fabrice sur l’histoire des baleiniers, si ancrée au Svalbard depuis le 16ème siècle.
Les brumes de banquise étant largement dissipées, le paysage s’est élargi quasiment jusqu’à l’horizon, intensifiant cette extraordinaire impression de désert marin et polaire, et permettant à nos guetteurs d’augmenter sensiblement leur champ d’exploration, toujours sans relâche, mais toujours sans succès.
Petit briefing vers 17h00, nous indiquant la route pour demain, avec un cheminement vers Smeerenburg. Notre chef d’expédition, rassurant ceux qui auraient pu douter de ses chances de trouver l’ours dans cette banquise dérivante et cachotière, pouvait nous dire comme Polyeucte : « Vous me connaissez mal, la même ardeur me brûle, car le désir s’accroît quand l’effet se recule. »
Pour poursuivre notre instruction, Hélène nous présenta alors un panorama précis de l’infiniment petit du grand Nord : diatomées et copépodes, phytoplancton et zooplancton, avec une surprise de taille : l’exploration au microscope relayée sur écran géant d’un prélèvement de plancton réalisé la veille sur son zodiac.
Apéritif et repas.
Soirée conclue ? Que nenni !
C’est à 20h55, alors que le dessert se terminait (mousse aux deux chocolats, tout de même), que l’ours apparut sur bâbord, randonnant paisiblement sur son territoire de vie habituel, la banquise. Magnifique observation depuis les ponts, le salon panoramique et la plage avant, émouvant aux larmes certains d’entre nous, en ébahissant d’autres, les plus réservés cachant leur émotion sous des questions pratiques, les plus extravertis bondissant de joie à s’en tordre les chevilles. La brume ajoutait un côté mystique à cette scène déjà empreinte de magie, renforçant l’émotion de voir cet animal emblématique déambuler majestueusement dans son habitat naturel. Après avoir cherché cet instant depuis 4 heures du matin, c’est précisément au moment où nous nous sommes réunis pour dîner que l’ours fit son apparition, comme pour nous rappeler la beauté de la nature sauvage et imprévisible.
Enfin, il était là, le mythe du grand Nord, le seigneur de la banquise, l’espoir des expéditionnaires, la récompense des guides, le Graal du chef d’expédition.
C’est donc repus et comblés que chacun d’entre nous ira dormir ce soir, rêvant comme dans toute histoire d’amour à la prochaine rencontre…
Ce mercredi 26 juin, malgré une mer houleuse et un temps brumeux typique du Svalbard, nous avons entrepris de découvrir l’île de Buchananhalv. Ce lieu est remarquable pour ses formations de grès rouge datant d’environ 400 millions d’années, qui colorent la côte nord-ouest du Spitzberg d’une teinte unique.
Pour cette excursion, nous nous sommes répartis en trois groupes. Le groupe des grands marcheurs s’est aventuré jusqu’au sommet d’une colline rocailleuse, où ils ont eu la chance de rencontrer un renne. Tout au long de leur ascension, ils ont découvert la diversité végétale et ses adaptations au climat de l’archipel.
Pendant ce temps, un autre groupe est resté sur l’estran, s’émerveillant devant quelques oursins, étoiles de mer, traces de rennes et de renards. Le dernier groupe a embarqué pour une croisière en zodiac dans le fjord Klinckowström, où un ballet aérien et aquatique fascinant les attendait : Fulmar boréal, Guillemot de Brünnich, Labbe parasite, Grand Labbe. Chaque espèce ajoutant une touche de vie à ce décor glacé.
L’Ocean Nova a navigué toute la nuit depuis le magnifique glacier de Smeerenburg. Ce matin, la brume enveloppe toujours le Kongsfjord, ou Baie du Roi, nous plongeant dans une ambiance à la fois mystérieuse et typique du Svalbard.
Notre première sortie en zodiac nous permet de nous approcher du spectacle que nous admirons depuis plusieurs heures, alors que la brume se dissipe progressivement : le majestueux front de glacier du Kongsfjord, long d’environ 4 kilomètres, formé par la confluence de deux langues glaciaires. Les icebergs aux teintes bleues électriques se détachent sur une eau colorée de rouge par les sédiments gréseux riches en oxydes de fer provenant des moraines latérales, arrachées aux dépôts dévoniens au fond du fjord. Ici, le calme règne, seulement interrompu par les petits claquements des bulles d’air expulsées des icebergs, ou par quelques vêlages, avant que le silence ne retombe. Nous nous sentons seuls au monde, mais la vision de plusieurs phoques barbus, posés sur des plaques de banquise ou nageant dans le brash, nous rappelle que la vie est partout dans ces contrées extrêmes. Avec leurs longues vibrisses et leurs corps massifs, ces phoques arctiques peuvent atteindre 300 kilos et constituent une proie potentielle pour l’ours polaire. Toutefois, près du glacier, les phoques ne se sentent pas menacés et nous pouvons les observer à loisir, leurs visages sereins tournés vers nous.
Nous les quittons pour revenir au bateau en slalomant entre les blocs de glace et les icebergs, jetant un dernier regard sur ce glacier magnifique, symbole de notre voyage dans les glaces de l’Arctique.
Pendant que nos guides présentent un récapitulatif de nos observations matinales, l’Ocean Nova remonte légèrement le Kongsfjord pour se positionner devant le site d’Ossian Sarsfjellet, destination de notre sortie de l’après-midi et ultime marche du séjour.
Dès le débarquement, le spectacle des débris de glace sur la plage à marée basse inspire la créativité photographique et l’imagination. Au son des « kittiwake » des mouettes tridactyles, le groupe progresse rapidement sur les pentes de micaschistes, avançant sur la toundra où les dryades à huit pétales et le pavot arctique s’épanouissent. Arrivés au sommet, nous contemplons la Baie du Roi, avec une vue désormais dégagée sur Ny-Alesund, la station scientifique internationale où environ 200 scientifiques résident actuellement. Au cours de notre descente, nous observons des rennes se régalant des fleurs de la toundra. Peu après, un renard polaire passe à quelques dizaines de mètres, offrant une rencontre furtive mais mémorable. Près de la plage, un lagopède alpin parade devant notre groupe avant de s’envoler vers le sommet de la colline.
Après ces belles observations, nous retrouvons la chaleur et le confort de l’Ocean Nova pour une dernière soirée ensemble, marquée par un retour en images sur notre séjour et le verre d’amitié du capitaine.
Benjamin revient d’abord sur l’itinéraire et le voyage parcouru. Ensuite, Jean-Robert nous dévoile sa vidéo montée avec un drone. Accompagnée d’une musique soigneusement sélectionnée, elle nous replonge dans ces contrées, faisant resurgir tous les souvenirs. Jean-Marie enchaîne avec un récapitulatif en images, et Justine se joint à eux pour annoncer les gagnants du concours photo. Françoise et Charles-Florian se distinguent par leurs œuvres originales, marquant les esprits.
L’émotion est palpable chez beaucoup, le voyage ayant été riche en découvertes, observations et rencontres longtemps attendues, comme celle avec l’ours polaire et la banquise.
Un tel voyage marque l’esprit mais surtout le cœur, car au-delà des rencontres avec la faune sauvage, ce sont aussi des rencontres humaines qui resteront gravées, faisant de ce voyage au Svalbard un souvenir indélébile.
Dernier petit-déjeuner à bord de l’Ocean Nova, nous voilà au mouillage face à Longyearbyen dans l’Isfjord. Nous débarquons en zodiac et rejoignons le centre-ville de bon matin. Pendant que certains visitent les musées, d’autres contemplent les œuvres dans la galerie photo ou encore achètent quelques pulls norvégiens dans les boutiques de la rue principale.
En milieu d’après-midi, il est temps de quitter le sol du Svalbard. Alors que l’avion décolle, nous regardons par les hublots les montagnes pointues et enneigées qui défilent lentement, ces fjords nous rappelant les moments vécus dans ces magnifiques fjords. Quelle immensité. Une certaine nostalgie s’installe, teintée d’un profond sentiment de bien-être. Nous avons été témoins de cette nature changeante et sauvage.
Ce voyage nous a offert bien plus que des paysages à couper le souffle ; il nous a connectés à une partie du monde où la beauté naturelle règne en maître, et où chaque instant semblait suspendu hors du temps.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
J’ai lu le résumé avec beaucoup de ferveur ceci plus les différentes photos reçues par watshap me permettent de participer gratuitement 😀😀au voyage Bonne continuation , chez nous enfin du soleil avec 29degrés
Bonjour
Je rejoins les Grands espaces le 18 Juillet pour le svalbard.
Un avant goût du voyage…..J’ai vraiment hâte d’y être.
Que de belles photos que de beaux moments partagés…..Du bonheur à l’état pur.
Bon voyage à vous tous et à bientôt
Superbe résumé mais on attend le jeudi 27 et le le retour à terre. 😉😊