Nicolas Hanuise
Biologiste
Tromsø, capitale des aurores boréales et Iles Lofoten
28 janvier
4 février 2023
Le guide et chef d’expédition
Tromsø, capitale des aurores boréales et Iles Lofoten, à bord de l’Explorer
Toutes nos photos d’illustrations ont été prises lors de précédentes croisières. Lorsque le voyage sera terminé, nous publierons les photos de la croisière. Le manque de connexion internet nous empêche de recevoir les photos en temps réel.
Samedi 28 janvier 2023
Nous sommes arrivés à Tromsø, ville norvégienne située au-delà du cercle polaire arctique. Notre bateau, l’Explorer, nous attend quai et sous la neige. Nous embarquons au fur et à mesure de nos arrivées, au cours de l’après-midi. A bord, nous nous retrouvons très vite autour de boissons chaudes. A l’extérieur, il neige à gros flocons et la nuit est déjà tombée. Les journées sont encore courtes à cette période, par 69° Nord. L’immersion en Norvège est totale. Nous restons à quai pour notre dîner – typiquement norvégien- puis nous partons en début de soirée, direction le Nord et les Alpes de Lyngen.
Dimanche 29 janvier
Nous avons jeté l’ancre dans la nuit vers 3 heures du matin près de l’île de Skjervøy. Au lever du jour, c’est-à-dire aux environs de 9 heures, nous levons l’ancre. La mer est formée, et les conditions ne sont à première vue pas les meilleures pour l’observation de cétacés. Qu’à cela ne tienne, nous sommes têtus ! Nos efforts payent bientôt car nous repérons 3 ailerons d’orques dont celui proéminent d’un mâle. Les orques se dirigent vers une zone peu profonde où l’Explorer ne peut pas s’engager. Nous poursuivons notre route et ne tardons pas à trouver un deuxième groupe d’orques. Les orques s’approchent du bateau. Il y a là une famille composée d’une dizaine d’individus dont un tout petit collé à sa mère et un très grand mâle.
Après une belle matinée d’observations, nous nous dirigeons vers notre prochaine destination : le village de Hamnnes sur Uløya. Ce petit port toujours en activité nous offre l’occasion, rare dans le grand nord, de voir des bâtiments de bois antérieurs à la 2e guerre mondiale, aujourd’hui protégés.
Dans le petit musée, des objets anciens nous replongent dans un autre temps et son exposition de photos de 1900 d’une native du village nous montre la vie d’antan avec son charme et sa dureté. Nous quittons Hamnnes en fin d’après-midi, la nuit est déjà tombée. Certains profitent du jacuzzi, d’autres du sauna et d’autres encore, d’un temps calme de lecture. A 18h nous retrouvons nos guides Nicolas et Marie pour un point programme et météo. Puis Nicolas nous fait une présentation sur la Norvège, sa géologie, sa géographie, son histoire et sa politique ! Enfin le commandant June nous présente son équipage presque au complet et nous levons notre verre à ce début de voyage, à l’équipage et à nos belles observations du jour. Alors que nous pensions la journée terminée, le ciel se dégage soudain… nous passons notre soirée en compagnie des aurores boréales…
Lundi 30 janvier
Pendant que nous dormions, pendant que nous rêvions au spectacle incroyable de cette aurore boréale aussi brève que remarquable aperçue avant d’aller nous coucher hier soir, l’Explorer avait poursuivi sa route en direction du sud-ouest, dans le bras de mer abrité qui sépare l’île de Senja de la Norvège continentale. Au matin, nous nous trouvons dans l’Andfjorden, et nous dirigeons au large du village d’Andenes situé à la pointe nord de l’île d’Andøya. Ces eaux, situées non loin de la fosse sous-marine de Bleik sont connues pour abriter de nombreux cétacés, en particulier une population de cachalots sédentaires qu’il est possible d’observer tout au long de l’année.
Après le petit-déjeuner, pendant que nous parcourons les derniers milles en direction d’Andenes, Marie nous propose une conférence sur les orques et revient sur les belles observations de ces mammifères réalisées hier dans le Kvænangen. Alors que nous approchons de notre destination, elle aperçoit soudain deux ailerons d’orques qui disparaissent rapidement. Nous redoublons d’efforts à la veille, et ce sont bientôt plusieurs souffles qui se découpent sur les silhouettes enneigées des montagnes au loin. Nous nous rapprochons et identifions de nombreux cachalots occupés à respirer en surface ! Les conditions d’observation sont idéales, le vent est faible et un soleil orangé, bas sur l’horizon, illumine de rose le paysage. Seule une petite houle résiduelle pourrait nous déranger, mais le spectacle est tel que nous l’oublions rapidement. Tour à tour, les immenses cétacés nous gratifient d’un véritable bouquet final, dressant leur queue à la verticale avant de plonger vers les profondeurs du fjord à la recherche de nourriture…
Laissant à regret ces géants des mers derrière nous, nous reprenons le chemin du sud : pendant le déjeuner, une navigation courte nous mène devant le petit village de Skrollsvika, où l’Explorer vient mouiller à quelques encâblures des jetées du port. Nous débarquons à terre, utilisant pour la première fois les deux zodiacs entreposés sur le pont de notre navire, et profitons des dernières heures de clarté pour effectuer une petite marche. Nous rejoignons un ancien fort, utilisé par les Allemands pendant l’Occupation puis par l’armée norvégienne, et aujourd’hui abandonné. Situé à la pointe de l’île de Senja, il permettait de contrôler efficacement la navigation dans les voies maritimes intérieures, et il nous offre maintenant un splendide point de vue sur les montagnes blanches et le paysage hivernal qui nous entoure. Sur les chemins d’accès enneigés, nous découvrons les empreintes de rennes et d’élans, mais ne réussissons pas à apercevoir les animaux qui les ont laissées… En revanche, nous avons la chance de découvrir un phoque commun qui profite de la marée basse pour se reposer sur un rocher au milieu d’une petite baie !
De retour à bord, Marie nous propose maintenant une intéressante présentation des cachalots : les performances étonnantes de ces grands plongeurs n’ont maintenant presque plus de secret pour nous ! Après le dîner toujours savoureux de notre chef Ed, nous nous relayons pour poursuivre l’observation du ciel, dans l’espoir d’assister à un nouveau spectacle féérique. Quelques privilégiés ont la chance d’observer une belle aurore boréale, mais le spectacle est interrompu par une mer de nuages qui viennent l’obscurcir. Il est alors temps de rejoindre nos cabines pour dormir, alors que l’Explorer s’engage dans le Vestfjord pour rejoindre la pointe des îles Lofoten.
Mardi 31 janvier
Cette nuit, l’Explorer a parcouru le Vestfjord pour nous mener à la pointe sud des îles Lofoten. Alors que s’annonce le petit-déjeuner, nous entrons dans le port du village de Reine dont nous partons bientôt à la découverte. Première étape : l’ascension de la colline de l’île d’Olenilsøya, au sommet de laquelle s’offre une superbe vue sur les montagnes environnantes. Les lueurs du soleil levant illuminent de rose ce paysage grandiose !
Deuxième étape : nous partons en zodiac parcourir le chapelet d’îles et d’îlots qui entourent Reine, chacun abritant rorbus et séchoirs à poisson. Au passage, nous observons un pygargue à queue blanche posé sur un rocher, sa silhouette se découpe sur les reliefs enneigés. Troisième et dernière étape de notre visite : nous débarquons enfin directement au centre du village de Reine, au milieu des traditionnels rorbus rouges, ces maisons de pêcheurs qui donnent à l’endroit son aspect de carte postale. Avant de regagner l’Explorer, nous nous arrêtons quelques instants devant la pêcherie locale et les séchoirs à poisson, caractéristiques de l’activité de pêche aux îles Lofoten.
Après le déjeuner et une courte navigation d’une heure, nous rejoignons le petit port de Nusfjord. Une tempête de neige succède d’un coup au soleil de la fin de matinée, puis cesse tout aussi rapidement. Nous pouvons alors partir marcher dans ce village, exemple préservé de l’architecture en bois traditionnelle de la fin du XIXè siècle. Rorbus rouges, maisons d’habitation blanches et bâtiments de travail peints en ocre jaune donnent à l’ensemble son cachet unique. C’est sur un passage dans l’unique boutique-café du lieu que nous terminons notre visite, dégustant une boisson chaude en profitant de la vue sur les quais enneigés, auxquels sont amarrés deux bateaux de pêche.
De retour à bord et la nuit à peine tombée, une première aurore boréale se donne en spectacle, avec de magnifiques arcs joignant les crêtes du fjord, avant de faiblir sous l’assaut des nuages. Après le dîner, le feu d’artifice reprend et se poursuit pendant de longues heures, au gré des vents qui successivement dégagent le ciel ou l’obscurcissent. Nous suivons alors les évolutions de l’aurore qui tantôt se replie timidement vers le nord, tantôt se déploie majestueusement sur la voûte céleste ! Mais les aiguilles tournent et la fatigue nous gagne, et nous rejoignons peu à peu nos cabines…
Mercredi 1er février
Après avoir passé la nuit au mouillage devant Nusfjord, l’Explorer lève l’ancre et part avant l’aube en direction d’Henningsvær. Cet appareillage matinal nous permet de débarquer tout de suite après le petit-déjeuner, pour aller à la découverte de cet important port de pêche. Marie et Nicolas nous emmènent tout d’abord le long des quais où sont amarrés quelques bateaux de pêche, et où nous pouvons observer (et sentir) quelques caisses remplies de cabillauds fraîchement pêchés. Plus loin, tout au sud du village, nous découvrons le terrain de football local, situé sur une petite presqu’île et cerné d’un grand nombre de séchoirs à poisson. Sur certains d’entre eux, les premiers poissons de la saison de pêche 2023 viennent d’être suspendus deux par deux : il leur faudra quelques mois du climat local pour sécher jusqu’au stade qui permettra leur conservation longue durée selon cette technique traditionnelle.
Après un peu de temps libre qui nous permet de visiter les boutiques et galeries du village, nous regagnons l’Explorer qui reprend la mer en direction de l’est. Nous laissons derrière nous les îles et îlots qui dessinent les nombreux canaux qui font d’Henningsvær une véritable « Venise des Lofoten ». Direction Skrova, une petite île de 2,5 kilomètres carrés qui marque la limite sud-est des Lofoten. Malgré sa taille réduite, son sommet enneigé culmine à une altitude de 258 mètres. Pour nous dégourdir les jambes, c’est là-haut que nos guides nous proposent de nous conduire ! Si la proposition est acceptée par une partie du groupe, d’humeur montagnarde, l’autre préfère un choix plus proche du niveau de la mer… Accompagnés par Marie, les premiers atteignent le point culminant de l’île où un splendide panorama à 360° les attend sur toute la chaîne des Lofoten. Les seconds suivent Nicolas dans un chemin enneigé qui traverse une forêt de bouleaux puis serpente entre les rochers, avant de surplomber de petites plages de sable clair aux eaux transparentes.
Tous se retrouvent à bord de l’Explorer à la tombée de la nuit, et le navire reprend sa route en direction du nord pour venir mouiller un peu plus tard à l’abri de l’île d’Ulvøya, dans le détroit du Raftsundet qui sépare les îles Lofoten des Vesterålen. Malgré la nuit, la lumière de la lune presque pleine nous permet d’admirer le paysage qui nous environne : des montagnes enneigées nous entourent sur tout l’horizon et se reflètent dans une mer aussi lisse qu’un lac, et à la surface de laquelle une fine couche de glace est en train de se former. Après une dégustation de spécialités locales et le traditionnel dîner, nous avons de nouveau la chance d’observer une aurore boréale ! Les mots viennent à manquer pour décrire l’intensité et les formes sans cesse renouvelées de ce spectacle dont on ne se lasse pas… Seule la fatigue des nuits de veille finit par nous faire abandonner le pont supérieur du navire pour retrouver nos cabines.
Jeudi 2 février
Nous nous réveillons toujours à l’ancre près de Ulvøya et nous montons dès 9 heures à bord de nos zodiacs après un copieux petit-déjeuner. La mer est si calme qu’une fine couche de glace de mer s’est formée pendant la nuit. Nous naviguons dans la baie située au Nord du Trollfjord quand 3 petites têtes de phoques sortent de l’eau pour nous observer. Ce sont des phoques communs ou veaux-marins. Nous avançons encore mais le fond de la baie est fermé par une fine couche de banquise dont un harle huppé semble garder l’accès.
Nous rebroussons donc chemin et entrons cette fois dans le Trollfjord, petit fjord de petit fjord de deux kilomètres de long et 100 mètres de large seulement. Du haut des parois abruptes nous observent quelques pygargues à queue blanche. Notre vaisseau « amiral » l’Explorer nous suit pour nous récupérer au fond du fjord. Nous remontons à bord pour une magnifique navigation dans le détroit du Raftsund qui sépare l’archipel des Lofoten à celui des Vesterålen. Après une heure de navigation, nous sommes sur le point de remonter dans nos zodiacs pour une sortie dans le dédale des îles d’Ingelsfjord, mais nous repérons au loin dans le fjord, une forme suspecte. C’est un élan ! L’observation de cet animal pourtant massif est difficile tant il est timide. Il s’agit du plus gros cervidé dont le mâle peut peser jusqu’à 800 kg. Ni une ni deux, nous montons dans nos zodiacs. Ce n’est pas un élan mais 5 qui nous gratifient d’une formidable observation. Une mère et son jeune et 3 autres adultes semblent former un petit groupe pour l’hiver.
Après près d ‘ 1h30 de sortie nous remontons à bord. Il est quasiment 14h quand nous passons à table. L’après-midi est consacré à la navigation. Nous naviguons maintenant en direction de Tromsø. En fin de journée, Nicolas nous présente le programme du lendemain ainsi qu’un récapitulatif sur le pygargue à queue blanche, tandis que Marie nous présente un récapitulatif sur l’élan. Après le dîner Nicolas nous fait une conférence sur les aurores polaires. Dans le ciel, quelques lueurs vertes commencent déjà à se dessiner. La nuit promet d’être longue…
Vendredi 3 février
Laissant derrière nous les îles Lofoten et les Vesterålen, nous avons navigué toute la nuit vers le nord, et c’est peu avant le petit-déjeuner que l’Explorer vient se ranger à quai en plein centre-ville de Tromsø. Le ciel est dégagé, une journée hivernale, belle et froide, s’annonce !
Nous nous divisons en plusieurs groupes, car certains d’entre nous ont réservé des excursions optionnelles à l’extérieur de la ville. Les premiers à quitter le bord partent pour une journée sportive : plusieurs heures dans un traîneau tracté par des chiens ! Si le passager peut tranquillement profiter du voyage, le conducteur, ou musher, doit lui courir après le traîneau… un effort physique à même de nous aider à conserver une température élevée malgré le grand froid ! A mi-parcours, un arrêt est toutefois prévu pour inverser les rôles..
Un peu plus tard, un deuxième groupe prend le départ d’une promenade plus calme, dans des traîneaux qui cette fois sont tirés par des rennes. Nous participons également au nourrissage du troupeau, puis partageons un traditionnel repas sami avant de revenir à Tromsø.
Le troisième groupe, enfin, profite de la journée pour visiter la capitale du grand nord norvégien. Accompagnés par Marie et Nicolas, nous parcourons les principales rues de la ville et découvrons ses principaux sites d’intérêt : cathédrale en bois, bibliothèque aux parois de verre ou encore les nombreuses statues et plaques qui parsèment la ville et évoquent sa riche histoire de dernier port avant l’Arctique !
Dans l’après-midi, nous nous retrouvons tous à bord de l’Explorer pour nous réchauffer après cette journée passée au grand air. Il est temps de songer à la fin du voyage, et Marie nous présente un diaporama retraçant cette semaine de découvertes passée entre les Alpes de Lyngen et les îles Lofoten. Nous revivons les nombreuses observations animalières du séjour : orques, cachalots, phoques ou encore élans… Quelle chance d’avoir pu profiter de ces belles conditions au cœur de l’hiver norvégien !
Après dîner, une aurore boréale est visible malgré les lumières de la ville ! Son arche verte surplombe celle du pont de Tromsø, qui relie la bien nommée capitale des aurores au continent. Nous sortons ensuite en groupe à l’Ice Bar, un bar de glace décoré sur le thème des expéditions polaires. Sous le regard d’un élan de glace, nous partageons un moment de convivialité avant de rejoindre nos cabines pour la dernière nuit à bord.
Samedi 4 février
Nous nous réveillons ce matin sous la neige, tombée en abondance pendant la nuit. Marchant vers les taxis qui nous reconduisent à l’aéroport, nous laissons en creux nos empreintes sur le quai de l’Explorer, que nous laissons derrière nous à regret… Mais il faut bien laisser la place pour une nouvelle aventure !
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