Élodie Marcheteau
Géologie
9 octobre
18 octobre 2023
Élodie Marcheteau
Géologie
Certaines photos d’illustrations ont été prises lors de précédents voyages au fil du Zambèze. Lorsque le voyage sera terminé, nous publierons les photos de ce voyage.
Cette première journée marquant le début de notre aventure au coeur de l’Afrique australe est placée sous le signe de la rencontre : celle entre membres de notre groupe tout d’abord, puis celle avec la Terre africaine.
Depuis Johannesburg, nous relions rapidement Victoria Falls, survolant la savane arborée et boisée. En reliant le lodge A Zambezi qui sera notre cocon pour deux jours, nous observons les premiers babouins en bordure de route, sautant au milieu des arbustes.
Après une courte pause au lodge, nous poursuivons notre découverte de cette région de Victoria Falls par une croisière sur le fleuve Zambèze. Frontière naturelle entre la Zambie au Nord et le Zimbabwe au Sud, le Zambèze est le 4eme plus grand fleuve d’Afrique. Sur ses eaux calmes en cette fin de journée, nous naviguons en nous laissant surprendre par les brèves apparitions d’hippopotames respirant en surface, puis ce sont les éléphants sur les berges zambiennes qui nous ravissent par leurs tentatives de cache-cache dans les arbres.
La croisière se poursuit alors que le soleil décline, colorant les eaux et le ciel d’un rose pourpre. Sur le chemin du retour, nous avons la chance de contempler un crocodile se reposant sur le sable de la berge, puis des vols d’ibis noirs au ras de l’eau. L’apogée de notre excursion est ce troupeau d’éléphants se lavant et se rafraîchissant à l’eau du Zambèze : une vingtaine d’individus, mâles, femelles et jeunes, rassemblés autour de cette eau essentielle. L’atmosphère est à la joie et aux jeux dans le groupe d’éléphants, en résonance avec l’émerveillement et les sourires émus qui ornent nos visages.
Remplis de ces premières images de l’Afrique australe, nous pensons déjà à notre visite du lendemain qui s’annonce grandiose: la découverte des chutes Victoria.
Les premiers rayons du soleil nous extraient avec douceur de cette nuit de ressourcement au A Zambezi River lodge. Car c’est au petit matin, lorsque l’air est encore frais et le soleil rasant, que nous nous acheminons vers la tant attendue découverte des chutes Victoria.
Ce n’est pas la vue des chutes qui interpelle de prime abord: ce sont les grondements sourds, suivis bientôt par des gouttelettes dans l’air qui se font de plus en plus nombreuses et épaisses. Le nom de « Mosi oa Tunya », le nom des chutes d’après la tribu locale des Makololo, prend tout son sens: nous approchons de « la fumée qui gronde »! Bientôt les chutes se dévoilent à nos regards. Avec leur hauteur maximale de 108 mètres le long d’un canyon étroit s’étendant sur 1,7 kilomètres, les chutes Victoria impressionnent par leur aspect minéral, contrastant avec les multiples arc-en-ciel qui apparaissent au gré des embruns virevoltant.
Les chutes Victoria nous racontent ici plusieurs histoires : d’une part, celle de leur découverte par le missionnaire écossais David Livingstone en 1855, qui leur donna leur nom en l’honneur de la Reine Victoria, souveraine du Royaume-Uni. D’autre part, celle d’une terre marquée par la présence de l’Homme depuis le Paléolithique, avec ses pierres taillées et objets sculptés datés entre -3 millions d’années à -12000 ans. Enfin, la roche elle-même, du basalte, nous fait constater les éruptions volcaniques ayant eu lieu dans cette zone il y a 180 millions d’années, alors que l’Afrique commençait à se séparer de l’Amérique du Sud. Chaque pas résonne avec ces histoires naturellement entrecroisées, avec comme point commun : l’eau puissante et intemporelle du Zambèze.
Au gré de notre parcours, à l’ombre des arbres en bordure des chutes, nos regards sont attirés par deux guibs sylvatiques broutant tranquillement. Les cris plaintifs de calaos trompette nous font bientôt lever les yeux, pour découvrir leur regard auréolé de rouge et leur casque gris. Puis c’est tout un groupe de singes verts qui gambade près de nous, ramassant graines et feuilles sur leur passage.
Après cette balade le long des chutes qui nous a permis de voir la voie ferrée sur laquelle circule depuis 1905 le Royal Livingstone Express, l’après-midi se déroule au calme et à l’abri de la chaleur au lodge. Chacun en profite pour se balader, observer les phacochères tondant la pelouse, ou se reposer avant la journée de demain, prometteuse de nouvelles découvertes. La soirée nous fait apprécier un dîner sous tente, en bordure du Zambèze, rythmé par des chants traditionnels. Les yeux commencent à fatiguer, mais ils portent en eux les pétillements d’une journée riche et mémorable. La nuit s’annonce courte car c’est avant l’aube que nous nous lèverons demain, pour notre premier safari!
C’est avant le lever du soleil que commence notre troisième journée au Zimbabwe. A la fraîcheur du matin, nous prenons place dans les voitures spécialement aménagées pour notre premier safari au coeur du parc national du Zambezi. Les coeurs sont enjoués à l’idée de ce que nous allons pouvoir découvrir ce matin. Les yeux grand ouverts malgré l’heure matinale, nous commençons notre exploration du parc. Bien vite, nous observons des buffles, dissimulés derrière quelques arbustes. Puis ce sont des éléphants, femelles accompagnées de jeunes éléphanteaux, qui s’approchent lentement de notre véhicule, certains passant devant, avant de se perdre derrière les arbres.
Ici, les éléphants laissent leurs traces : outre les déjections, les arbres portent les marques de leur appétit. Les éléphants mangent en effet les feuilles des arbres, mais aussi les graines et une partie de l’écorce. Certains baobabs portent même des grillages sur leur tronc pour les protéger des défenses des éléphants. Heureusement aujourd’hui, les éléphants jouissent d’un espace qui s’étend au delà du parc du Zambezi, celui-ci faisant partie de la zone de conservation Kaza TFCA, à cheval sur 5 pays d’Afrique australe dans laquelle les éléphants sont libres de circuler. Dans cette zone de plusieurs centaines de milliers de kilomètres carrés, les éléphants en ce début de saison sèche jouissent de leur possibilité d’accès aux points d’eau en bordure du Zambèze.
Le safari se poursuit avec l’observation d’un petit groupe de girafes et d’un grand nombre d’impalas. A mesure que nous nous rapprochons du Zambèze, la faune liée au milieu aquatique apparaît : aigle pêcheur, cobes à croissant, martins-pêcheurs, et crocodiles nous offrent un spectacle splendide sur les bords du fleuve. C’est le moment pour l’un de nos guides de nous exposer la vocation et l’activité de l’unité anti-braconnage qui agit activement au sein du parc. Détection d’activités, arrestation des braconniers en collaboration avec la police zimbabwéenne, soin et relâchement des bêtes blessées par les pièges font partie de leur quotidien, de même que la sensibilisation des populations, à commencer par les plus jeunes. Son intervention suscite intérêt et interrogations sur les relations entre hommes et animaux.
Sur ces réflexions, nous achevons notre premier safari par la contemplation de deux Koudous, les « fantômes gris » tellement ils sont en capacité de passer inaperçus dernière les branches. Seuls les trahissent parfois leurs cornes en spirales… L’observation de zèbres marque la fin de la visite. Notre retour est rythmée par les vols de calaos à bec jaune, de balbuzards et de guêpiers à front blanc.
Après cette première expérience, nous quittons le lodge A Zambezi pour prendre la route vers Hwange. Les quelques heures de route pour rejoindre notre prochaine destination sont l’occasion de découvrir la vie locale dans cette région, à mesure que nous nous éloignons de Victoria Falls. Mines de charbon, villages, cultures et animaux domestiques bordent la route, alors que quelques babouins chacma tentent parfois de traverser devant notre bus.
En début d’après-midi, notre groupe arrive finalement à Iganyana Lodge, en bordure de Dete Vlei, lit d’une rivière asséchée, attirant malgré tout bon nombre de mammifères, dont des hippotragues noirs qui s’approchent sans peur du bassin en bordure du lodge.
Notre fin d’après-midi nous permet de jouir d’un second safari, durant lequel nous découvrons le parc National de Hwange. Là, les éléphants sont à chaque points d’eau, les matriarches et femelles protégeant en permanence leurs petits éléphanteaux, parfois âgés de quelques mois seulement. Chaque groupe attend son tour pour boire, se rafraîchir ou s’asperger d’eau argileuse. Le coucher du soleil sur le retour nous permet d’admirer en ombre et lumière des cobes à croissant, girafes et gnous bleus, sur teinte rosée du soleil couchant. Fatigués mais heureux, nous profitons du dîner en terrasse et du feu de camp pour partager nos ressentis de cette intense journée.
La prochaine s’annonce tout aussi active, et c’est le sourire aux lèvres que chacun va se coucher dans sa tente, impatient des découvertes qui s’annoncent pour le lendemain.
C’est de nouveau très tôt que nous nous levons ce matin, après notre première nuit sous tente, entrecoupée par des rugissements de lion. Bien en sécurité dans nos espaces clos, l’ambiance extérieure n’a pas empêché chacun de se reposer et d’être prêt pour découvrir une nouvelle partie du parc national de Hwange dans lequel nous allons rester la journée entière.
Une légère brise nous rafraîchit en quittant le Lodge Iganyana. Mais très vite les esprits s’échauffent lorsque surgissent sur la route devant nos véhicules une meute de lycaons. Canidé peu apprécié par les populations locales, le lycaon est toutefois très rarement vu à Hwange où vivent seulement 200 individus environ. Nomades sauf pendant la période de mise bas, les lycaons sont difficilement cantonnés à un territoire. La vision, quoi que furtive, de la quinzaine de femelles, mâles et petits donne le ton de la journée : la chance sera avec nous !
En continuant notre progression au sein du parc, bien vite nous rencontrons plusieurs types d’ongulés bien reconnaissables par leur petite taille: impalas, dikdik, ibox, s’éloignant souvent à petits bonds à notre approche. Les koudous, eux, se confondent aisément avec les troncs et les branches grisâtres. La présence de ces « fantômes gris » tels qu’ils sont nommés ici se fait bien souvent par la vision des cornes spiralées portées par les mâles.
Après avoir contemplé une première harde d’éléphants buvant à un point d’eau, la deuxième surprise de cette matinée est la présence de 3 lionnes accompagnées d’une jeune femelle se reposant à l’ombre d’un large acacia. Vraisemblablement repues d’un bon repas, elles se déplacent tranquillement chacune leur tour pour conserver la fraîcheur de l’ombre à mesure que le soleil monte dans le ciel.
Nous repartons bientôt pour la poursuite de notre safari, qui va nous permettre de voir un crocodile, des zèbres parcourant la savane herbeuse, des girafes à l’ombre des tecks ainsi que des calaos terrestre du Sud. Bientôt notre chemin nous amène à une découverte improbable par sa rareté dans le parc Hwange : une femelle guépard accompagnée de deux petits, à couvert dans un bosquet à proximité d’une proie fraîchement tuée. Chacun garde le silence devant ce spectacle espéré et pourtant inattendu. La rencontre fortuite avec un membre de l’unité de conservation de la vie sauvage du Zimbabwe nous apprend qu’il n’y a que 18 guépards à Hwange, mais que notre observation va permettre d’en référencer un nouveau.
Cette rencontre mémorable reste dans tous les esprits, alors que nous revenons paisiblement vers une zone d’eau où nous allons admirer la toilette et les interactions entre différentes hardes d’éléphants. Avec plus d’une soixantaine d’individus évoluant et barrissant devant nous, les petits jouant et se roulant dans les zones boueuses, ces grands mammifères nous offrent un spectacle éblouissant.
De retour au lodge, les sourires sont sur tous les visages. Et c’est autour du feu que la journée se termine, immortalisée par plusieurs éléphants venant boire à quelques mètres seulement de nous.
Le réveil matinal nous amène à rejoindre nos tentes après cette journée incroyable pour un repos plus que mérité. Demain c’est un nouveau transfert, un nouvel épisode de notre parcours de l’Afrique australe qui nous attend.
En cette cinquième journée de voyage, le soleil est déjà haut quand nous nous réveillons. Aujourd’hui, pas de safari, mais de nouveau un départ pour la prochaine étape sur notre chemin d’exploration de l’Afrique australe : le Chobe, sur lequel nous attend le Zambezi Queen.
Nous quittons Hwange avec cette sensation de reconnaissance pour cette terre qui nous a offert des spectacles exceptionnels. Durant les quelques heures de transfert, nous découvrons les villages bordant les routes, formés de quelques maisons traditionnelles en boue séchée et paille, autour desquelles les troupeaux domestiqués de chèvres, ânes et vaches déambulent. Notre guide zimbabwéen nous partage des anecdotes sur son pays et nous renseigne sur la terre de ses ancêtres. Le passage devant une exploitation de charbon est l’occasion d’échanger sur les ressources du pays.
Bientôt, nous arrivons à la frontière avec le Botswana, près de Kasane. Après plusieurs passages de postes frontière, nous passons finalement en Namibie, pays dans lequel nous resterons durant tout notre séjour sur le Chobe. La rivière Chobe est en effet la frontière naturelle entre le Botswana au Sud et la Namibie au Nord, dans ce couloir étroit et particulier correspondant à la bande de Caprivi. Héritage de la colonie du Sud-Ouest africain allemand, la bande de Caprivi porte le nom du chancelier allemand Leo van Caprivi qui, en 1890, suite à des négociations avec le Royaume-Uni, parvient à obtenir le territoire de la bande de Caprivi contre Zanzibar, au cours du traité Heligoland-Zanzibar. Cette acquisition a pour but pour le 2eme Reich de créer un raccourci depuis le Botswana pour le transport des minerais et ressources de la colonie vers le Mozambique et l’océan Indien. Ce projet ne verra néanmoins jamais le jour, du fait de la non-navigabilité des chutes de Victoria et des gorges de Batoka. Toutefois, malgré l’impossibilité de mener à bien ce projet, la Namibie a conservé sa frontière en forme de corridor jusqu’à aujourd’hui.
En fin de journée, transportés en bateaux en aluminium à fond plat, nous rejoignons le Zambezi Queen. Après un accueil chaleureux par le personnel et le point sécurité par le chef de bord, nous profitons de la soirée sur le pont, éblouis par les éclairs zébrant l’horizon côté Botswana.
Déjà depuis le bateau, la faune des berges du Chobe nous émerveille : des hérons gris côtoient des bergeronnettes pie, pendant que des cormorans africains déploient leurs ailes pour exposer leur ventre au soleil.
Pour la première fois depuis le début de notre séjour, la pluie tombe. Les grondements du tonnerre résonnent avec les gouttes qui explosent sur la structure du bateau. L’heure est au repos, car dès demain de belles observations de la faune des bordures du Chobe nous attendent.
L’orage a résonné durant la nuit au-dessus du Zambezi Queen. Cette pluie, annonciatrice de la fin de la saison sèche, est la bienvenue pour les animaux et les populations vivant sur les rives du Chobe. Toutefois, le matin, tout est déjà sec malgré quelques nuages gris dans le ciel. C’est juste après le lever du soleil que nous débutons notre journée par une croisière d’observation des oiseaux. Avec plus de 400 espèces répertoriées, les rives du Chobe sont idéales pour les néophytes ou les passionnés d’ornithologie.
Bien vite, les yeux ne savent plus quoi regarder, tellement la vie ailée est partout. Les cormorans africains déploient leurs ailes pour faire sécher leurs plumes, pendant que l’arhinga d’Afrique nous suit du regard depuis la berge.
Bien que le thème soit aux oiseaux, la nature nous présente également d’autres créatures typiques des rivières de ces latitudes : des crocodiles, tout d’abord, dont seuls dépassent de l’eau les yeux, les narines et la partie dorsale, dans une danse silencieuse dans l’eau. À plusieurs reprises toutefois, c’est sur la berge, au soleil et la gueule ouverte, que nous les contemplons. Dans cette posture immobile, les crocodiles régulent leur température corporelle.
C’est à proximité de l’un d’eux que nous apercevons le jacana africain, surnommé l’oiseau de Jésus, qui grâce à son faible poids et ses longs doigts se déplace aisément sur les nénuphars, semblant ainsi marcher sur l’eau. Plus loin, ce sont des regroupements de centaines de becs-ouverts africains que nous découvrons, passant d’un bord à l’autre de la rivière. À un autre endroit, les arbres regorgent de cigognes à bec jaune et de cormorans à poitrine blanche. Des martins-pêcheurs pie ainsi que des guêpiers carmin prennent la pose depuis des branches d’arbre, un œil sur le varan du Nil à la recherche d’œufs de crocodile. En rentrant vers le Zambezi Queen, ce sont des aigles pêcheurs que nous contemplons, majestueux avec leur bec jaune et les reflets bruns sur leurs ailes.
Encore deux autres sorties rythment notre journée, dédiées à la faune en général cette fois. Nous nous aventurons plus loin sur le Chobe, admirant tour à tour les hardes d’éléphants, les troupeaux d’impalas, les koudous, les babouins chacma, les pukus, les buffles et les girafes venant boire ou se rafraîchir à l’eau du Chobe. Les yeux remplis par cette journée colorée à fleur d’eau, nous admirons le coucher du soleil depuis le pont du Zambezi Queen. La fin de soirée arrive vite, chacun va se coucher dans l’impatience du lendemain.
La pluie tombe tandis que les rideaux s’ouvrent doucement dans les cabines du Zambezi Queen. Le changement de saison s’amorce, un petit pull s’impose pour la première sortie de la journée dédiée à l’observation des oiseaux. Alors que la pluie cesse, c’est un autre chemin que nous empruntons par rapport à hier, nous permettant de découvrir des chenaux plus étroits, bordés de hauts roseaux et recouverts de nénuphars. Les oiseaux ici jouent à cache-cache. Alors que seuls les chants de la bouscarle caqueteuse nous parviennent, le jacana d’Afrique se confond avec les nénuphars sur lesquels il se déplace délicatement. Plus loin, ce sont des aigles pêcheurs qui cette fois prennent la pause, leur regard perçant à l’affût de nos mouvements. Dans l’eau, certains arhinga nagent la tête dressée, dans une posture qui leur doit le nom d’oiseau serpent.
Après un retour sous la pluie, le ciel s’apaise de nouveau, nous permettant de découvrir un village en bordure du Chobe.
Accueillis par une jeune femme du village, nous découvrons les habitations typiques en boue séchée et paille, entourées de palmiers dont les branches sont utilisées pour le vannage et la confection de cordes. Nous découvrons l’histoire du village, son organisation sociale, ses défis actuels, entre inondations du fleuve et éloignement par rapport à l’accès aux soins. Nous sommes ensuite conviés à assister aux danses traditionnelles du village, et pour certains même, à danser ! Après avoir profité de cette ambiance chaleureuse et festive, nous rentrons sur le Zambezi Queen, les chants des femmes résonnant encore dans nos oreilles.
Pour cette dernière après-midi sur le Chobe, nous prenons le temps. La contemplation est à l’honneur, tant des éléphants, des crocodiles que des babouins chacma ou des hippopotames jouant dans l’eau. Les buffles, avec leur piqueboeuf attitré, se regroupent en troupeau près du rivage, pendant que les impalas dégustent tranquillement l’herbe des berges. Le soleil descend déjà alors que nous rentrons au Zambezi Queen, laissant son aura rougeoyante dans le ciel comme dans l’eau.
Autant d’images et de couleurs qui sont d’ores et déjà gravés dans la mémoire de chacun.
C’est autour d’un dîner africain que nous nous réunissons ce soir, rythmé par les danses et les chants de l’équipage.
Sur ces musiques, la soirée se termine. Un nouveau voyage nous attend dès demain matin, celui vers le delta de l’Okavango.
Ce matin marque notre dernier réveil à bord du Zambezi Queen. Pendant que certains finissent leurs valises, d’autres profitent des dernières contemplations des rives du Chobe. Il semble que les aigrettes d’Afrique et les becs ouverts nous disent au revoir de leurs battements d’ailes.
Nous nous préparons à quitter cette vie aquatique pour des contrées plus contrastées. Mais avant cela, il nous faut quitter la Namibie pour rejoindre le Botswana, de l’autre côté de la rive Est du Chobe. Après quelques formalités à la frontière, nous nous préparons à embarquer dans des petits avions-taxis qui nous permettront, après une heure de vol depuis Kasane, d’atterrir sur une piste en terre au Sud-Est du delta de l’Okavango.
À la sortie de l’avion, une chaleur sèche et intense nous enveloppe. Les sables du Kalahari sont plus présents que jamais, diffusant les rayonnements solaires de ce début d’après-midi. Nous rallions le lodge en ayant un avant-goût des safaris qui nous attendent. En bordure des pistes sableuses, les animaux sont nombreux : une autruche couve une dizaine d’œufs fraîchement pondus, des girafes, des éléphants et des impalas se détachent sur la verdure de la plaine d’inondation.
Après un accueil chaleureux et une brève installation au Rra Dinare Lodge, nous repartons déjà pour notre premier safari officiel dans la réserve.
Seulement quelques minutes passent avant d’apercevoir des groupes de girafes passant gracieusement devant nos véhicules ou jouant à se battre avec leurs longs cous.
Bientôt, ce sont des zèbres des plaines qui passent en trottinant, se distinguant des zèbres du Cap que nous avons pu voir dans le parc national de Zambezi par la présence de rayures ombrées et l’absence de motif en grille sur le train arrière. Des éléphants mâles apparaissent ici et là au niveau des chenaux, près de buffles qui nous regardent en dégustant l’herbe bien charnue.
Les guides/gardes nous emmènent alors voir un spectacle mémorable et touchant : deux lions d’environ 6 ans qui dorment l’un près de l’autre à l’ombre d’un acacia.
Malgré notre présence, les félins ne prêtent guère attention à nous et semblent rêver et dormir profondément. Nous les laissons poursuivre leur sieste, ne sachant pas si nous les verrons s’activer aujourd’hui, les lions pouvant dormir jusqu’à 20 heures par jour.
Nous sommes ensuite conduits vers un bord de rivière afin de profiter du coucher de soleil en partageant un verre. Le ciel se pare tour à tour de rouge, de rose et de violet, alors qu’un petit croissant de lune brille dans le ciel.
À la nuit tombée, nous repartons vers le lodge à la lumière des spots. L’occasion durant ce safari nocturne d’observer une civette africaine, un chacal à dos noir, un porc-épic et des lièvres sauteurs.
C’est autour du feu de camp que nous nous retrouvons pour évoquer le programme du lendemain et partager nos premières impressions de la découverte du delta de l’Okavango.
Après le repas, chacun se retire dans sa tente en suivant les chemins sur pilotis aménagés pour permettre le passage des animaux à travers le lodge. Bercés par les bruits de la savane, le sommeil fait vite son œuvre, car une longue journée nous attend demain.
Le soleil n’est pas encore levé sur le lodge Rra Dinare lorsque les rangers nous réveillent. La journée s’annonce chaude, alors, tout comme les animaux, nous profitons de la fraîcheur du matin pour sortir. C’est le cas des buffles qui se sont regroupés juste devant la terrasse du lodge, broutant l’herbe verte. Ce premier spectacle de la journée en annonce bien d’autres…
Nous rencontrons en effet rapidement un groupe de girafes, puis un éléphant se délectant d’herbes qu’il nettoie activement en les plongeant dans l’eau avec sa trompe avant de les manger. Un véhicule croisé sur notre route nous informe de la présence de prédateurs non loin de nous. Après quelques minutes sur les routes sableuses de la réserve, nous voici arrivés devant 2 lionnes étendues à l’ombre des arbustes.
Leurs grands yeux nous observent, puis se tournent vers un troisième individu : un lion occupé à manger une carcasse d’impala. Tout d’abord concentré sur son repas, le jeune lion de 2 ans se lève bientôt pour s’éloigner en emportant ce qu’il reste de sa proie. Les lionnes, pensant y voir là le signe que leur tour est venu pour manger, se rapprochent du jeune mâle, qui leur fait bien vite comprendre que son repas n’est pas terminé.
Spectacle incroyable que celui de ce lion occupé à manger sa proie et à la défendre. Nous les laissons, lui et les lionnes, pour poursuivre notre exploration de la réserve. Nous retrouvons alors des troupeaux de zèbres des plaines, des impalas, des tsessebes et découvrons pour la première fois des cobes de lechwe, un type de cobe essentiellement présent dans le Delta de l’Okavango et la bande de Caprivi.
Puis nous arrivons au départ de notre prochaine activité sur l’un des bras de l’Okavango : une balade en mokoro, la pirogue traditionnelle, encore utilisée aujourd’hui sur de nombreux fleuves et cours d’eau en Afrique australe, notamment pour la pêche. Confortablement installés par deux dans les « gondoles », nous nous laissons bercer par les lents mouvements de l’embarcation poussée grâce à une longue perche en bois. Sur les herbes de la rivière, nous découvrons de minuscules grenouilles, certaines beiges, d’autres tachetées. Sur l’eau, le calme règne, la Nature toute entière semble nous porter.
Après ce moment apaisant, nous reprenons l’exploration de la réserve. Des paysages scéniques se dévoilent devant nos yeux : zèbres, impalas, gnous bleus, babouins Chacma cohabitent, pendant que des ibis, des becasseaux et des hérons goliath s’envolent. Après avoir croisé plusieurs hardes d’éléphants, nous rentrons au lodge. Le soleil est déjà haut, la chaleur intense.
Après quelques heures de repos, pour certains dans la fraîcheur de la piscine, nous sommes de nouveau dans les véhicules, pour partir explorer la partie plus désertique de la réserve. Entre les arbustes asséchés, impalas et rolliers à longs brins côtoient les rares autruches et circaètes bruns. Cette partie de la réserve est en effet plus aride, les trous d’eau se font rares, et la verdure est quasiment absente. C’est à l’ombre de l’un des rares arbres bien feuillus qu’une hyène tachetée se repose. Malgré notre proximité, elle reste allongée, relevant de temps à autre la tête. Animal grégaire, la hyène est pourtant seule à cet endroit. Nous n’avons pas l’occasion de chercher la présence potentielle de ses congénères : nous sommes informés d’une autre scène que nous allons découvrir bien vite : un jeune girafon a été tué par des lionnes à proximité. Nous nous rendons sur place, c’est en effet un groupe de 4 lionnes et un jeune mâle que nous trouvons, se reposant à l’ombre des arbustes. Le girafon a été en grande partie dépecé.
Alors que le soleil décline, nous laissons derrière nous cette scène, nous acheminant vers une autre zone de la réserve. C’est au coucher du soleil qu’il nous est donné de voir l’animal le plus difficile à observer ici : un léopard, installé sur la branche d’un grand arbre. Majestueux avec ses tâches noires sur son pelage beige doré, il prend la pose avant de descendre tranquillement de sa branche, passant entre les véhicules, avant de s’engouffrer dans des buissons bas.
Ce soir, les sourires sont sur tous les visages : nous avons rencontré au cours du séjour tous les grands prédateurs, dans des conditions exceptionnelles. La dernière soirée ensemble est joyeuse, bien que chacun sache que le voyage touche à sa fin.
Le retour vers l’Europe débute demain.
Cette dernière journée dans le delta de l’Okavango débute par un lever de soleil majestueux, éclairant d’une lumière rosée la terrasse du lodge Rra Dinare. En ce jour de départ, certains préfèrent profiter de quelques heures de sommeil supplémentaires, du temps pour contempler ce paysage exceptionnel et préparer les valises. Pour d’autres, cette dernière matinée est l’occasion de vivre une expérience exceptionnelle, au cœur du métier de nos guides-rangers : la traque. Alors que l’objectif premier de cette sortie était de retourner sur la carcasse du girafon en espérant y retrouver les lions, très vite les rangers remarquent des traces de pas fraîches sur notre route. Nous voilà alors tous le nez tourné vers le sable, cherchant des indices, des pistes fraîches. La dextérité de notre chauffeur nous fait rester au plus près des traces, évitant les mopanes et les buissons d’acacia de la savane arbustive. Pendant près de deux heures, les empreintes sont suivies, parfois perdues puis de nouveau retrouvées. Des traces d’urine projetées sur les arbres à celles de repos dans le sable, rien n’échappe à nos rangers. Alors que le doute commence à s’installer, un signe évident de la présence de prédateurs dans les environs est découvert : une carcasse d’impala bien nettoyée, autour de laquelle les empreintes sont très fraîches. Les cœurs se mettent à battre plus fort, la rencontre est proche ! Quelques minutes plus tard, à l’ombre des acacias, se trouvent étendus ceux que nous suivons à la trace depuis plusieurs heures : 4 guépards, le ventre bien rond. Ces 4 frères sont connus dans la réserve. Âgés d’environ 4 ans, ils restent toujours ensemble, à part lors des périodes de reproduction. Après avoir félicité nos traqueurs, nous restons silencieux devant cette scène paisible. Les guépards se déplacent vers un autre coin d’ombre, ce qui nous permet de contempler leurs corps élancés, leur pelage tacheté et leur ventre blanc. Nous pourrions rester ainsi des heures durant. Mais l’heure du départ se rapproche et il est temps de se préparer à quitter Rra Dinare.
Après avoir chaleureusement remercié nos hôtes et nos guides-rangers, nous quittons le lodge pour emprunter une dernière fois les pistes sableuses du delta de l’Okavango. À bord de l’avion-taxi qui nous emmène vers Maun, la vue sur la partie sud du delta est incroyable : les zones de marais permanents teintées de vert de la végétation et de bleu des plans d’eau et des méandres contrastent avec les zones arides aux couleurs grises.
C’est à Maun que le groupe commence à se séparer, certains prolongeant leur voyage vers d’autres horizons.
L’occasion pour chacun de faire le bilan d’un voyage fabuleux, durant lequel il nous a été donné de voir des prédateurs rares comme le léopard et le guépard, et d’assister à des scènes exceptionnelles de la vie des mammifères et des oiseaux en étant au plus près d’eux, au cœur de paysages magnifiques.
Après une escale à Johannesburg, notre groupe rejoint l’Europe, avec encore dans les yeux les images des éléphants buvant dans les multiples bras de l’Okavango ou du Chobe, dans les oreilles les rugissements des lions et les grognements des buffles, sur les chaussures la poussière des parcs nationaux. C’est toutefois dans le cœur de chacun qu’est désormais inscrite cette histoire contée par la Nature.
Nul doute qu’un prochain chapitre s’écrira prochainement…
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Il n'y a pas de messages pour le moment
N'hésitez pas à leur en laisser un !