Vincent Lecomte
Écologie Polaire
7 juillet
17 juillet 2023
Vincent Lecomte
Écologie Polaire
Christian Kempf
Président Fondateur de Grands Espaces
Hélène Le Berre
Ethologue
Mathéo Ganadu
Guide polaire
Rémi Suchowierch
Guide naturaliste
Jean-Marie Seveno
Photographe
Frédéric Bouvet
Croisières Polaires au Spitzberg
Dr Laurent Balp
Médecin d'expédition
Marielle Suzeau
Co-fondatrice et directrice
Certaines photos d’illustrations ont été prises lors de précédentes croisières au Spitzberg. Lorsque le voyage sera terminé, nous publierons les photos de la croisière. Le manque de connexion internet nous empêche de recevoir les photos en temps réel.
Il est 8hoo du matin, le petit déjeuner vient d’être servi, une douce odeur de croissant chaud se distille dans les couloirs. Nous ouvrons les rideaux, le Spitzberg nous apparait, beau, sauvage, presque hostile. Les grandes montagnes aux pointes noires du Crossfjord sont plongées dans les nuages. Nous sommes au pied du glacier du Lilliehook, cette anse de glace occupe l’horizon.
Vient le temps de la première sortie zodiac, après un briefing de sécurité, nous découvrons pour la première fois cet univers. Le glacier apparait, véritable chaos de glace, ce colosse de 10 km, encercle toute la baie, rejetant ses icebergs d’un bleu cristallin.
Nous cheminons dans cette immensité, des fulmars boréaux frôlent les vagues, et en l’espace d’une seconde, disparaissent. Une petite colonie de mouettes tridactyles est observée, l’occasion pour les guides de détailler les caractéristiques de cette espèce aux capacités surprenantes. Le vent froid vient réveiller les corps encore endormis, un vêlage, les esprits anesthésiés. Les informations apportées par nos orateurs intensifient le gigantisme de l’intéressé.
Après le repas, le bateau prend la direction de la baie du Roi. Sur le chemin, nous entendons Vincent notre chef d’expédition. « Baleine à tribord ! »
L’assemblée se rue sur les fenêtres du salon panoramique. Au micro : » Baleine à midi »
Au moins trois baleines, sont là, apparaissant à intervalle régulier. Leurs nageoires caudales cisaillant les flots avec grâce. Après identification, les passagers de l’Océan Nova ont eu l’honneur de voir la reine du monde animal, la baleine bleue. Après 30 minutes d’une intensité totale, les passagers frigorifiés rentrent dans l’habitacle, les yeux humides. C’est sans doute à cause du vent, affirment-t-ils.
Après un transit en zodiac, nous mettons pied pour la première fois sur cette terre sauvage, le groupe se divise pour satisfaire les demandes de tous. Un groupe souhaite gravir, et observer la baie par le haut, un autre scruter les falaises à oiseaux. Cet écrin de biodiversité permet l’observation de milliers de mouettes, à fleur de rocher, défiant la gravité. Les marcheurs sont stoppés dans leur élan par un renne, couché, se reposant sur la toundra. L’animal ne bouge pas à l’approche des marcheurs, une certaine plénitude transparait.
A table au salon panoramique, nous rencontrons le maitre des lieux, le capitaine, une coupe à la main nous trinquons. Après cette magnifique journée, le bateau fonce, fendant les vagues, le vent gronde. Cap au Nord.
Nous nous réveillons sous une tempête de ciel bleu. Certains d’entre nous sommes sur le pont depuis 5h30 à profiter de ces conditions extraordinaires. Il fait 10°C et le vent souffle fort, 28 noeuds, soit un peu plus de 50 Km/h.
Nous nous trouvons sur la côte Nord de l’île du Spitzberg par 79°39’ de latitude Nord et 13°44’ de longitude Est. Nous sommes face au glacier de Monaco dans le Liefdefjord, littéralement le fjord de l’amour qui tire son nom du bateau éponyme datant du 17ème siècle. Pour nous y rendre, nous avons navigué toute la nuit depuis la baie du Roi et avons laissé sur notre tribord les 7 glaciers puis la baie de la Madeleine et avons continué vers l’Est.
Ce glacier constitue le point qui sépare la Terre Albert 1er de la Terre Germania; l’un des sommets environnants porte d’ailleurs le nom de l’Empereur Guillaume. Les autres points culminants atteignent les 1000mètres d’altitude, conférant au site un panorama des plus spectaculaires de ces contrées.
Le glacier de Monaco présente un front de glace d’environ 5km tandis que sa longueur atteint 50km pour rejoindre le glacier Lilliehook, lequel était le coeur de notre activité matinale d’hier.
Nous sortons en zodiac admirer ce paysage de plus près et apprenons par nos guides que ce glacier « surge » épisodiquement, autrement dit il avance… néanmoins, d’un point de vue global, il recule lorsque l’on compare les données enregistrées depuis des dizaines d’années.
Les mouettes tridactyles, fulmars et sternes arctiques nous accompagnent tout le long de notre périple: nous pouvons ainsi admirer leurs divers balais aériens à la recherche de nourriture.
Dans l’après-midi, nous nous rendons sur le site du glacier Erikbreen. Il s’agit d’un glacier qui ne se jette plus en mer et dont la moraine se présente en face de lui, créant un lac glaciaire à son pied. Un groupe de marcheurs se rend sur les hauteurs pour admirer ce géant des glaces tandis qu’un second groupe explore la toundra riche d’une flore incroyable: dryades à huit pétales, silènes acaules, saules arctiques ou encore saxifrages à feuilles opposées sont légion ici. Par ailleurs, on peut découvrir les restes d’un piège à renard polaire, espèce très prisée des trappeurs d’antan pour sa fourrure douce, soyeuse et surtout connue pour être la plus chaude au monde.
Pour clore cette sortie des plus agréables, notre équipe de guides nous prépare une surprise en nous offrant un verre de l’amitié qui scelle un peu plus les liens déjà établis.
Ce n’est que le début du séjour mais les expériences vécues sont si riches qu’il nous semble être présents sur ces terres depuis bien plus longtemps, et il nous tarde d’être demain, impatients de découvrir de nouveaux horizons.
Nouvelle journée dans la peau d’explorateurs, nous nous faisons réveiller par des secousses et des chocs contre la coque de l’Océan Nova. Contrairement à ce qui nous été annoncé, nous voici en terre promise, celle qu’on espérait tous, la banquise, territoire de l’ours. Il est environ 6h et le thermomètre affiche 2 degrés. Un tableau féerique s’offre devant nous avec une neige qui tombe à gros flocons sur ce territoire. La visibilité est réduite, mais nous distinguons, malgré tout, la banquise, cette masse importante de glace qui s’étend à perte de vue. Nous avons passé le mythique 80ème parallèle de latitude Nord, celui-là même que quelques fameux explorateurs ont franchi avant nous. Nous sommes au bout du monde, au Nord de la Terre du Nord-Est, plus exactement au Nord de l’île de Lagøya.
Nous progressons lentement dans ce chaos de glace constitué de plaques plus ou moins compactes. Leur enchevêtrement forme des hummocks, des amas de glace servant d’abris aux jeunes phoques.
Nous distinguons d’abord des tâches noires au lointain, qui s’avèrent être des morses ; tout autour, des oiseaux, notamment Guillemots de Brünnich, Fulmars boréaux et Mouettes tridactyles, sont à la recherche de nourriture. Il n’est pas encore 8h du matin, quand un premier ours est observé par l’un de nos guides. Très rapidement, un autre guide observe 2 autres ours, dont un accompagné, semble-t-il, de son petit. Les 4 ours sont à proximité l’un de l’autre, mais assez loin du bateau encore, qui tente une approche progressive. Deux ours sont en déplacement, un autre est allongé sur la banquise et enfin, le dernier se nourrit d’une carcasse de morse…
Pour en profiter au maximum, chacun fait silence total, seuls les appareils photos crépitent. Spectacle incroyable, nous sommes de vrais privilégiés d’être en présence de 4 ours polaires. Ce que nous pensions dans un premier temps être un ourson, s’avère être une jeune ourse femelle de l’an passé. Très tolérants, ces ours nous permettent une approche singulière, et nous assistons à moult comportements et attitudes. Nous observons des scènes de toilettages, de nourrissage, et également à des interactions entre les individus : un imposant mâle se nourrit en premier face à nous, repoussant par des grognements la jeune femelle qui tente de s’approcher. Les deux autres individus sont semble-t-il des femelles qui attendent leur tour.
Autour des plantigrades, de nombreux oiseaux viennent également se nourrir en picorant les restes éparpillés par les ours. Parmi ces oiseaux, Goélands bourgmestres, Mouettes tridactyles et surtout la rare Mouette blanche sont présents. Cette dernière n’est présente que dans la banquise et est un très bon indicateur de la présence de l’ours.
C’est parce qu’il y a une carcasse que ces ours sont présents ; sinon, nous les observerions individuellement. Ce spectacle nous permet 7 heures d’observation sans arrêt, du jamais vu pour l’équipe de Grands Espaces. Après un dernier passage devant la jeune femelle qui se bâfre de gras à son tour, nous reprenons la navigation et faisons route vers le détroit de Franklin.
Ce détroit est situé entre l’île de Lagøya et la Terre du Nord-Est. Durant la route, Christian Kempf revient sur l’extraordinaire observation d’ours. Après le dîner, nous sortons en zodiacs et déambulons dans les labyrinthes de glace du détroit pour finir cette journée riche en émotions.
Toute la nuit, nous continuons notre navigation dans le détroit d’Hinlopen dans l’objectif d’atteindre la terre du nord-est dans l’après-midi. La visibilité est très bonne tôt ce matin mais dès 7h30 un brouillard dense tombe tant et si bien que nous perdons de vue la côte, et ce, jusqu’à notre arrivée devant l’île de Walhbergoya vers 8h30.
Le brouillard rend le paysage mystérieux et nous n’apercevons même pas l’île depuis l’Ocean Nova. Nous partons à travers le brouillard à 9h20 à bord des zodiacs avec nos guides, avec pour objectif de découvrir la colonie d’oiseaux qui niche sur une des falaises de l’île.Après seulement quelques minutes de zodiac, le brouillard laisse place à d’immenses falaises maritimes de 60 m de hauteur abritant plusieurs dizaines de milliers de couples de guillemots de Brünnich et de mouettes tridactyles.
Le spectacle est saisissant, ces falaises que nous découvrons à travers ce brouillard fantomatique, le bruit de milliers de guillemots ainsi que l’odeur caractéristique des colonies d’oiseaux. Ces oiseaux nichent perchés dans les falaises dans des nids qui paraissent souvent en équilibre précaire. A cette période de l’année les 2 œufs de ces oiseaux ont dû éclore et laisser la place aux oisillons qui restent bien au chaud sous leurs parents.Les goélands bourgmestre veillent sur des promontoires en marge des colonies. Ce sont des oiseaux opportunistes qui peuvent se nourrir d’œufs ou d’oisillons.
A 11h nous sommes de retour au bateau pour apprécier quelques minutes après une conférence de Vincent sur la bioacoustique des oiseaux. Nous y apprendrons entre autres que leurs chants ne sont pas innés mais acquis par apprentissage social, à l’inverse du cri qui lui est inné comme chez les nourrissons. Durant le repas, la navigation a repris.
A 14h la chance est avec nous et le brouillard se lève pour laisser la place à un paysage époustouflant : la calotte glacière de la terre du nord-est. Cette barrière de glace de 160 km de long se dresse devant nous. C’est la plus étendue de tout le Spitzberg et la 3 ème plus grande du monde.
A 14h50 les zodiacs sont à l’eau et nous commençons à longer cette immense barrière de glace. De nombreux icebergs dont certains très impressionnants se sont détachés de la calotte suite à des vêlages et nous pouvons en apprécier la taille et la beauté de très près. La mer est d’huile, la lumière douce. Nous apprécions tantôt le silence, tantôt le bruit des cascades qui par endroit jaillissent du glacier. Quelques-uns d’entre nous auront la chance de faire une observation furtive d’un phoque annelé.
A 17h15 nous sommes de retour sur le bateau et nous apprécions de pouvoir nous réchauffer dans nos cabines ou au salon panoramique en continuant de regarder ce paysage grandiose.
A 18h Christian Kempf notre chef d’expédition reviendra sur les observations faites le matin dans les colonies d’oiseaux et répondra également à toutes les questions que nous nous posons sur la calotte glaciaire que nous venons d’observer. L’Ocean Nova reprend sa route, nous arriverons demain à l’île blanche.
Lorsque nous nous réveillons ce matin après plus de neuf heures de navigation le long de l’interminable falaise de glace de l’Austfonna (la calotte est), la mer est très calme mais brumeuse. Nous sommes encore à une dizaine de miles d’Andréeneset, le cap à l’extrémité sud-ouest de la mythique Île Blanche (Kvitøya). C’est une mince langue de terre qui émerge de dessous la calotte de glace qui recouvre 99% de l’île. Lors de la réunion matinale quotidienne de l’équipe d’expédition à 7h30, nous envisageons une série d’activités et de conférences sur le navire pour parer à l’éventualité que cette brume assez dense nous empêche d’embarquer pour la croisière zodiac prévue. Mais, oh miracle, le fantôme bienveillant d’Andrée a soufflé pour dégager le brouillard du rivage au moment même où le navire mouille l’ancre.
Après un bon petit déjeuner, la croisière débute à 9h15 et elle s’annonce somptueuse : un soleil timide apparaît dans une ouverture bleue et la mer est d’huile, certes le sommet de la calotte est encore nimbé de nébulosités mais cela ajoute de la délicatesse à ce paysage rare.
Nous nous dirigeons vers l’extrémité nord de cette mince bande de terre pour longer la côte vers le sud. Au début, tout est calme, nous passons entre les nombreuses plaques de banquise qui parsème encore les alentours d’Andréeneset. Les oiseaux habituels sont là mais en petit nombre : quelques Mouettes tridactyles, des Fulmars, deux ou trois Guillemots à miroir, puis, plus près de la côte, des Eiders encore en couple, preuve que les femelles n’ont pas encore pondu dans cet extrême est de l’archipel qui reste froid plus tard que l’ouest, baigné par le Gulf Stream. Des caquètements nous signalent le passage d’un couple de Plongeons catmarin en vol vers le nord.
Nous avançons lentement à cause des nombreux hauts-fonds traîtres pour nos hélices et enfin, Vincent repère un ours qui nage devant son zodiac.
Nous nous regroupons pour nous approcher tout doucement et un deuxième ours est repéré debout dans l’eau au bord de la plage, il plonge régulièrement la tête dans l’eau. Ce comportement, ainsi que la présence d’une douzaine de Fulmars autour lui, nous indique qu’il se nourrit : est-ce une proie fraîche ou une carcasse ? Le premier ours est sorti de l’eau et s’éloigne assez rapidement du rivage : c’est un ours plutôt peureux.
Nous continuons notre approche lente de l’ours qui mange mais lui aussi est assez peureux et quitte des lambeaux de graisse blanche qui dépassent à peine la surface, il s’agit d’une carcasse de mammifère marin mais lequel ?
Nous arrivons au-dessus et apercevons à quelques mètres de fond, un immense os de mandibule arquée : il pourrait bien s’agir des restes d’une grande Baleine franche du Groenland morte il y a largement plus d’une année. Une Mouette ivoire attirée par la graisse rance qui émerge de l’eau, est perchée au sommet d’un névé de neige pointu. Les deux ours peureux se sont rejoints (s’agit-il d’une mère et son grand ourson d’un an et demi, proche de l’émancipation ?) et disparaissent dans un creux, non loin de la modeste stèle érigée en mémoire des trois membres de l’expédition d’Andrée qui sont morts ici en 1897 après le naufrage de leur ballon sur la banquise.
Nous continuons notre balade côtière et un troisième ours qui dort est aperçu pas très loin du rivage mais lorsqu’il se réveille à notre passage, lui aussi s’éloigne.
Cela fait plus de deux heures que nous sommes sur l’eau, mais Fréderic, notre guide, repère ses morses assez loin sur un glaçon. Si quelques zodiacs retournent se mettre au chuad sur le bateau, d’autres vont admirer le sympathique spectacle de cinq morses, dont deux très gros, hissés sur un tout petit fragment de banquise. Des animaux qui se laissent approcher très gentiment à quelques dizaines de mètres sans se remettre à l’eau. S’en suit un assez long retour à pleine vitesse vers l’Ocean Nova pour le déjeuner.
Les conditions météo sont tellement exceptionnelles que à 14h30 nous repartons en croisière zodiac vers la carcasse de baleine pour voir si les ours y sont revenus. La brume a entièrement disparu de la calotte et celle-ci expose entièrement ses longues courbes de lentille quasi-parfaite à nos regards et, nous y apercevons trois ours qui montent et jouent : il doit certainement s’agir d’une mère et deux très gros oursons mais c’est très loin et rien n’est sûr.
De son zodiac, Vincent aperçoit un autre ours qui nage exactement au même endroit que ce matin et lui aussi sort de l’eau mais au lieu de s’éloigner du rivage, il le longe pour se diriger vers la carcasse de baleine. Nous restons en retrait mais lorsqu’il parvient à la carcasse, nous avançons et cet ours se laisse approcher de plus près que celui de ce matin. Il est visiblement bien portant, c’est-à-dire bien gras, et après avoir arraché quelques lambeaux, il repart.
De retour au bateau, et après une bonne boisson chaude pour se réchauffer, Rémi nous présente une bonne conférence qui nous donne les détails de la tentative de conquête du Pôle Nord en ballon par Andrée et ces deux coéquipiers, Frænkel et Strindberg, tous morts tragiquement en ces lieux.
Après les sublimes observations d’hier, ces ours vers cette carcasse de baleine, le sommeil fut prompt à venir, les rêves tournés vers nos prochaines aventures d’explorateurs polaires.
Ce matin, comme très souvent nous regardons par le hublot de notre cabine et nous découvrons le brouillard qui nous enveloppe.. Les plaques de banquise que nous côtoyons surgissent comme sorties du néant et disparaissent absorbées par la brume dense. Au cours de la navigation, peu à peu le brouillard s’éclaircit laissant place à une brume lointaine et à l’approche d’Isispyten, la brume s’en est allée, laissant place à quelques rayons de soleil. Décision est prise de réaliser une croisière Zodiac après le petit déjeuner.
9h30 : Laurent nous fait un exposé sur l’homme et le froid. Il nous parle pêle-mêle de thermorégulation, du spermophyle, du tardigrade dont les adaptations au froid sont exceptionnelles, de gelures et d’hypothermie et la façon de les combattre. L’exposé est plus rapide que prévu car la brume a disparue et laisse place à une bonne visibilité.
10h15 : les embarcations sont prêtes pour un départ vers cette ancienne pointe devenue maintenant une ile. En 2003 cette pointe était encore rattachée à la calotte de la Terre du Nord-Est et progressivement mais inexorablement, la glace recule. En 2008, l’île était à un kilomètre de la glace pour aujourd’hui être à deux kilomètres. Les glaciers sont les sentinelles de notre climat : nous devons tout faire pour les sauver, il est encore temps.
Notre visite de cette petite île commence par sa partie ouest encore chargée de banquise et inaccessible. Contournant alors par l’autre coté nous avons pu voir des icebergs, une banquise moins large nous laissant le passage vers la cote ouest. Les zodiacs filent vers cette pointe quand nous sommes stoppés par des sternes qui pêchent. Le ballet majestueux de ces grandes voyageuses nous montre leur habilité, la grâce de leur vol. A certains moments, elles n’entraient plus que leur deux ailes au dessus de l’eau, le corps entièrement immergé.
Deux fulmars regardant le spectacle qu’ils ponctuent par leurs cris rauques, nous poursuivons jusqu’à la partie opposée à notre point de départ dans une petite baie où se sont accumulées les plaques de banquise mais aucune n’a les conditions requises pour y débarquer.
Dans ces conditions météorologiques magiques, devant un tel spectacle nous n’avons pas vu le temps passer et Vincent nous rappelle qu’il est l’heure de retourner au bateau. Sitôt le dernier Zodiac débarqué, le repas est annoncé. La salle de restaurant comme depuis le départ est chargée de mots, de rires, d’émotions montrant l’enthousiasme de nous tous pour ces contrées fabuleuses.
Notre chef d’expédition prend la décision d’aller vers le détroit d’Hinlopen, car la brume arrive et la banquise n’est pas apte à pouvoir la conquérir de nos pas. Le bateau s’ébroue lentement et met le cap plein sud.
Mathéo à 15h30 nous parla de la vie au Svalbard, les chiens de traîneau, la nuit polaire, les excursions, les pièges de cette nuit et de cette glace. Ses histoires vécues avec les ours nous ont fascinés. Les questions furent nombreuses et la discussion n’est pas encore terminée.
Une très belle navigation a suivi, la banquise, un arc en brume toujours spectaculaire nous a ravi. Ce phénomène rare est comparable à l’arc en ciel. Les gouttelettes de brume , plus petites que la pluie, n’entraînent donc pas de diffraction et font un magnifique arc blanc au milieu de ce brouillard polaire.
A 17 heures, les ateliers se mettent en place. Un sur la cartographie où sont expliqués tous les détails se trouvant sur les carte marine, les cartes de glace et de vent si utiles au chef d’expédition pour prévoir les itinéraires et les promenades zodiac ou terrestres. Un autre sur les baleines avec des fiches pour apprendre à reconnaître ces mammifères marins si secrets et dont chaque apparition fait naitre une émotion certaine chez toutes les personnes du bateau. Enfin un atelier sur la photographie pour que votre appareil photo n’ait plus de secret pour vous, pour vous concentrer sur la composition de votre image.
A 22h nous sommes en approche de Vibebukta qui aurait du être le lieu de notre activité vespérale. Malheureusement un brouillard dense nous empêche de réaliser notre sortie. Mais sortant du brouillard comme un vaisseau fantôme, un morse sur une petite plaque de banquise est repéré depuis le bateau. D’abord une masse sombre enveloppée de brume puis au fur et à mesure que le bateau approche les traits du morse se distinguent mieux puis deviennent nets malgré cette brume épaisse. Un jeune peu farouche qui toutefois devant la masse du bateau finira par plonger. Nous verrons ses pattes arrières disparaître dans l’océan.
Nos songes , cette nuit, seront tournés vers cette dernière apparition fantomatique.
Ce matin, nous nous réveillons en face de l’île de Wahlbergøya sous un ciel bleu tempétueux. Très tôt, notre équipe d’expédition repère deux ours dormant sur la plage. Après une annonce matinale et la mise à l’eau des zodiacs, nous nous dirigeons vers la plage où l’un des ours semble festoyer autour d’une carcasse, peut-être celle d’un morse. Nous observons longuement cet ours mâle à travers une lumière somptueuse, puis une femelle ours fait son apparition, accompagnée de ses deux oursons en plein apprentissage. Une fois la place libre, les trois nouveaux arrivants se dirigent vers le bord de plage pour entamer le festin. Nous les observons un bon moment, jusqu’à ce que le mâle décide de les chasser de la zone. Après cette scène et ces observations fabuleuses, notre chef d’expédition, Vincent, dirige ses troupes vers une échouerie de morse sur la pointe sud de Ardneset.
Nous découvrons avec passion ces curieux pinnipèdes aux longues défenses d’ivoire avant de retourner au bateau pour l’heure du déjeuner. Après quelques heures de navigation, l’Océan Nova arrive dans Palanderbukta où nous visitons une très grande autre échouerie de morse, plus d’une centaine d’individus. Nous les observons cette fois-ci depuis la terre, ces animaux réalisent des vocalises qui résonnent au travers des falaises. Une ambiance incroyable.
Ensuite, nous sautons dans nos zodiacs en direction du glacier Palanderbreen, où nous entamons une randonnée à travers les moraines et les plages surélevées. Nous y trouvons divers fossiles, notamment des brachiopodes et des coraux. Nous marchons jusqu’à la langue de glace et observons de plus près ces torrents d’eau qui traversent les bédières.
Après cette journée bien remplie, l’équipage nous prépare un barbecue surprise sur le pont du navire.
En ce matin du 15 juillet, des nuages ont recouvert le ciel, les jours se suivent et ne se ressemblent pas au Svalbard. Et tandis que l’Ocean Nova poursuit la navigation en direction du site d’Alkefjellet, Mathéo nous propose une conférence sur le morse (Odobenus rosmarus), où nous apprenons qu’avoir été chassé entre autres pour son ivoire, il a été le premier animal de l’archipel à être protégé en 1952. Après cette conférence passionnante, ce fantastique pinnipède n’a plus de secrets pour nous.
Et tandis que nous écoutions Mathéo, le navire s’est approché de Alkefjellet, où les falaises abruptes, abritent de fantastiques colonies d’oiseaux. Impatients de découvrir ce nouveau site, nous embarquons rapidement à bord des zodiacs, et approchons le site là où les cascades déversent l’eau de fonte du glacier Odinjokulen qui surplombe les falaises.
Puis nous avançons tranquillement, découvrant avec émerveillement des centaines de milliers d’oiseaux, Guillemots de Brünnich bien sûr, mais aussi Mouettes tridactyles, Goélands bourgmestres, un couple de Bernaches nonnettes, surveillant leur poussin, des Bruants de neiges. Nous écarquillons les yeux, fascinés par le ballet de ces oiseaux, qui vont et viennent , véritables escadrilles des airs, frôlant nos bonnets, pour venir atterrir sur les pans des falaises, maladroitement parfois, mais le plus souvent habilement, se frayant une place parmi cette multitude d’oiseaux.
Soudain, par le biais des radios VHF, La voix de Vincent retentit : le zodiac de tête a aperçu un renard polaire. Nous approchons et pouvons observer à loisir ce bel animal : sa fourrure presque bicolore se fond dans le décor de pierres et de roches. Le renard déambule le long des falaises, sur les parties vertes, à la recherche d’une proie à attraper. Il semble lorgner d’un œil gourmand un goéland qui déchiquette une mouette sur le bord d’un rocher.
Après cette belle et longue observation, nous repartons vers l’extrémité nord de cette falaise, là où le glacier vêle ses icebergs dans les eaux du détroit de Hinlopen. Nos guides nous font admirer les différentes couches de roches, l’une de marbre, l’autre de dolérite, une roche basaltique..
Alors que nous déjeunons, l’Ocean Nova reprend sa route vers le nord, en direction du Sorgfjord (le fjord des soupirs), à Eolusneset. Sur cette pointe, balayée par les vents, une page historique du Svalbard s’est déroulée. Nos guides nous emmènent, en effet, à la découverte d’un cimetière de baleiniers. Ce lieu nous ramène quelques siècles auparavant quand les navires de l’Europe entière venaient chasser les baleines au large des côtes du Spitzberg, jusqu’à quasiment les exterminer. Nombre de ces marins périrent dans des conditions terribles , et le gel et le froid rendant impossible l’enterrement, les corps étaient donc recouverts de pierres . Ces monticules de rochers et cailloux nous touchent, et la croix dominant la pointe nous offre un point de vue spectaculaire sur la baie et
la toundra alentour. Une hutte de trappeurs nous rappelle à une autre période de l’histoire, quand les renards étaient traqués. Nos guides aperçoivent des rennes, et nous observons les différentes plantes de la plaine arctique, pavot et oseille arctique, anémones…et autres fleurs boréales.
Après avoir s’être enfoncé dans le molissol, et maculé nos bottes, nous retrouvons les zodiacs pour un retour au bateau. Il ne nous reste plus qu’à nous réchauffer avec un délicieux dîner bien mérité.
Aujourd’hui réveil dans une brume épaisse donnant une ambiance mystique au bateau et ses entourages. Arrivé au fjord de la Croix, le voile nuageux laisse soudain place à un soleil radieux en bout de chemin. La sortie du jour s’annonce pleine de surprise.
Nous faisons cap sur Regnarneset, un cap situé au fond du Krossfjord. Notre équipe d’expédition nous propose plusieurs alternatives de ballades. Certains restent dans les zodiacs pour une croisière en mer le long du cap. Ils ont la chance d’observer des macareux, des eiders et un inoubliable renard bleu !
D’autres débarquent à terre et débutent une ballade en direction d’une hutte originale, orange fluo qui dénote avec un certains charme dans le paysage alpin qui nous entoure.
Le Loyd Hôtel est une ancienne hutte de trappeur datant de 1912 réhabilitée pour les voyageurs. Tout le confort y est présent du poêle à bois avec sa réserve et même quelques bouteilles de vodka !
Enfin un dernier groupe s’attaque à la grande randonnée du jour, une ascension dans la toundra en pente douce à modérée. Les rennes font part de leur présence curieuse tandis que nous avons la chance d’observer quelques bécasseaux violets se chamailler proche de leurs poussins.
Au sol nous remarquons des formes de roches harmonieuses, comme une mosaïque géante. Nos guides nous expliquent le curieux phénomène des sols polygonaux qui forment ces parfaits amoncèlements dûs au phénomène de gel-dégel intense.
Une odeur florale parsème le parcours, les silences acaules et autres saxifrages colorent le paysage de leurs vives teintes violettes. Une très belle matinée avec un soleil parfait, dans cette magnifique toundra arctique.
L’après-midi, l’équipe d’expédition nous emmène pour notre dernière croisière zodiac du voyage. Une excursion à travers un petit fjord menant au glacier de Tynair. En chemin, nous rencontrons de magnifique macareux moines, aussi appelés clowns des mers à cause de leur bec et le contours de leurs yeux de couleurs vives et éclatantes ! Les observer voler ou plonger autour du zodiac est un plaisir pour les yeux. Nous avons la chance d’observer sur les flancs abruptes de la montagnes plongeant dans le fjord, un troupeau de rennes jouant les funambules sur les pentes escarpées.
Le glacier se dévoile subitement à nous, d’une majesté rare, encaissé dans un fond de fjord étroit. Le front de glace s’élève à plus de 150m de hauteur, le glacier prend une superbe forme incurvée sur sa partie droite mettant à nu la roche polie par le travail de la glace. Une superbe cascade jaillit de la base de cette langue morte pour terminer sa course dans l’eau turquoise et trouble du fjord. Quelques sarrasins finissent de parfaire le paysage, en reflétant leurs faces à la lumière du soleil toujours radieux.
Il est maintenant temps pour nous de quitter de lieu fabuleux et de retourner à l’Ocean Nova, qui quitte le fjord pour naviguer toute la nuit jusqu’à Longyearbyen. Point final de cette croisière de rêve, qui nous a réservé tant de surprises qui resteront gravées dans nos mémoires.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Génial! Le beau temps semble au rendez-vous et les animaux aussi 🙂 Profitez bien!!
Salut à vous,
ATTENTION DEMAIN ALERTE 1
CANICULE!!!!
Ne pas trop travailler
Rester au frais
Ceux qui voient des ours polaires
Il faut absolument boire vous êtes dans un état de déshydratation .
Allez bises à vous trois
Et le bonjour à ceux qui le méritent sur le bateau
Papa/Steph
Maman , papa
Vos premières aventures ont l’air magnifiques.
Maman j’espère que tu pourras rencontrer ce que tu attends le plus depuis tout ce temps: les fameux ours polaires .
Vivement les photos mais au vu de ce que je peux lire , j’imagine que papa a déjà pris plus de 500 photos ( au moins )
Je vous fais pleins de bisous et profitez à fond .
Anne so
On commence à rêver, c’est magnifique ! Profitez bien .
Monique et Jacques
coucou a Marie-Christine et Anne Marie, chaque jour nous suivons vos excusions via le carnet de voyage, Profitez de chaque instant de ce magnifique voyage, en espérant que les ours polaires seront au rdv, Bisous a vous
« Ils ont de la chance mes frères, mais ils me manquent un peu. Et c’est quand que grand-papa il rentre parce que j’ai un petit travail pour lui! »
Profitez bien, ça a l’air magique! C’est la pâte (folle) de la lapin de zeko qui vous porte chance? 😅 on vous fait des gros bisous, pressés d’entendre vos récits. Gros bisous on vous aime ❤️
Nous vous imaginons remplis d’émotion, à la lecture de ce que vous vivez, et sommes tous les jours un peu plus impatients de recevoir le récit de vos aventures. Vous attendiez tant ce voyage alors gravez chaque minute bien précieusement, et nous nous réjouirons de partager ce périple à votre retour.
Bisous à vous 4, on vous aime 💗
Les 5 Sousa
Yusha ne te fais pas de souci, on va bientôt rentrer.
On passe des magnifiques vacances.A bientôt gros bisou a tous , De la part de tous.
Mais c’est le rêve ce voyage! Tellement chouette que vous ayez pu observer autant d’ours polaires 🐻❄️🤩! Profitez bien!
Nous on se met en route pour Tahiti 🏝️😊
Plein de bisous
Quel bonheur cela a dû être pour vous tous d’assister à ce magnifique spectacle des ours polaires et surtout pour toi Franck qui en rêvait tellement ❤️
J’espère que vous allez encore avoir de belles surprises pour la suite de votre superbe voyage
Je pense bien fort à vous tous , bises à toi Jean Marie et j’embrasse bien fort mon mari Franck
Pour Marielle &Christian
J’aime bcp lire les carnets de croisières qui me replongent dans les bons souvenirs 😍mais c’est vraiment trop la chance le nb d’ours observés cet été et déjà 4 pour vous et tout ce temps pour faire de magnifiques photos je présume 🤩!! Je vais continuer de vous suivre avec plaisir 👍
Bises Normandes
Quelle aventure ! Le spectacle polaire a l’air d’être au rendez-vous, pour votre plus grand bonheur. Je suis heureuse que vous puissiez profiter de ces magnifiques paysages et de ses animaux. Profitez un maximum et prenez plein de photos pour continuer de nous faire voyager en rentrant 🩷❄️🐻❄️
Des gros bisous à tous les 4, Agathe
Incroyable!! Encore plus d’ours. Quelle chance! J’espère que vous n’avez pas trop froid. En tout cas ça vaut la peine 🙂 et les paysages ont l’air splendides!! 🧊
Petite tempête à la maison après la canicule, mais alles guet, Olivia est passée voir le jardin. Donc la détente dans le grand nord peut continuer 🤗
Des bisous!
Margaux
Wouah encore des ours hier 😃quelle chance vous avez !!!! Ça fait vraiment envie 😍 et les nouvelles brochures sont arrivées hier 😉 photos magnifiques , Grands espaces nous fait rêver 🤗 amitiés à tous et continuez d’apprecier tous ces moments inoubliables
Marianne
Vous paraissez chanceux !des découvertes et des rencontres exceptionnelles !profitez bien et ramenez nous de belles photos .l’appareil de picpic doit chauffer. Bizou
Chantal et Dominique