Christian Kempf
Président Fondateur de Grands Espaces
11 juillet
20 juillet 2022
Christian Kempf
Président Fondateur de Grands Espaces
Vincent Lecomte
Écologie Polaire
Nicolas Garanger
Antarctique
Fabrice Capber
Guide Polaire
Alain Desbrosse
Spitzberg
Frédéric Bouvet
Croisières Polaires au Spitzberg
Certaines photos d’illustrations ont été prises lors de précédentes croisières au Spitzberg. Lorsque le voyage sera terminé, nous publierons les photos de la croisière. Le manque de connexion internet nous empêche de recevoir les photos en temps réel.
Nous voici tous réunis à Paris Charles de Gaulle en ce dimanche soir 10 juillet pour un nouveau départ vers le grand nord. Certains d’entre nous ont attendu 2 ans ce départ, Covid-19 oblige. Mais ce Grand Nord appartient à ceux qui se lèvent tôt, c’est à 5 heures que nous rejoignons les comptoirs d’enregistrement du vol charter affrété spécialement par Grands Espaces. C’est en moins de 5 heures de vol – et sans décalage horaire – que nous arrivons à Longyearbyen. Un horizon à la fois si lointain et si proche, mais tellement dépaysant. Le survol de la vallée de l’Adventdalen en guise de bienvenue fait déjà monter en nous l’excitation du séjour à venir. Nous sommes accueillis à l’aéroport par Christian Kempf accompagné de son équipe ! Avant de prendre possession de nos cabines à bord de l’Ocean Nova, une excursion en bus nous mène à travers Longyearbyen et une partie de l’Adventdalen. L’histoire de la création de cette ville minière de 2500 âmes et de l’Arctic Coal Company par John Munroe Longyear en 1906 nous est contée par les guides. Dans l’Adventdalen, des rennes et des bernaches nonettes viennent déjà nous faire un premier clin d’œil, alors que les linaigrettes, ces fleurs en boules de coton, embellissent les alentours de la vallée.
Un moment nous est également accordé pour visiter à pied Longyearbyen, son centre-ville, ses boutiques et musées. C’est à 17h que nous rejoignons le bateau et nos cabines. Le bateau quitte Lonyearbyen après l’exercice d’abandon pour remonter les 105 km de l’Isfjord avant de mettre le cap plein nord vers la Baie de la Croix en longeant la longiligne Île du Prince Charles. L’équipe de guides nous est présentée par Christian puis il est l’heure de dîner. C’est ballotés par la houle que nous nous endormons en cette première nuit de jour polaire en Arctique.
Après avoir été bercés par les ondulations de l’Océan Arctique, nous ouvrons les yeux sur des paysages à la fois mystiques et mystérieux : de la brume vient ourler les sommets englacés du Fjord de Lilliehook. Ca y est, nous sommes dans la Baie de la Croix et allons à la découverte de ce magnifique fjord après notre premier déjeuner parfaitement orchestré à bord de l’Ocean Nova.
Munis de nos équipements polaires, de nos appareils photos et de nos jumelles : il est temps d’aller à la rencontre de ce monde polaire que nous attendions tous depuis des mois, des années maintenant.
Le spectacle est saisissant, tous les oiseaux du fjord se sont donnés rendez-vous pour nous offrir un théâtre de vie : des fulmars font des allers et retours dans ce ciel couvert, des guillemots de Brünnich et miroirs nous apprennent à les distinguer, petits fantômes de l’Opéra.
Nous avons ensuite la chance de rencontrer des eiders à duvet, des goélands bourgmestres : prédateurs avertis opportunistes qui ont le même mode opératoire que les labbes parasites. L’entrevue ne s’arrête pas là, puisque des grands labbes viennent compléter le tableau, mergules nains, bernaches nonettes , mouettes tridactyles, sternes arctiques : si offensives lorsqu’il s’agit de défendre leur progéniture, plongeon catmarin et le clou du spectacle, l’apothéose : un couple de mouettes de Sabine, venant du nom du célèbre naturaliste connu au 18ème siècle.
C’est avéré, confirmé par nos ornithologues : ils n’ont pas encore été observés depuis le début de la saison et de nombreux spécialistes auraient fait des milliers de kilomètres pour avoir l’opportunité de les observer quelques secondes ! Il n’en existe qu’une vingtaine de couple au Spitzberg.
Nous rentrons enfin, après quelques vêlages et la brève mais proche rencontre avec un phoque barbu ! Pour pouvoir nous réchauffer et découvrir les mets de notre cuisinier.
C’est ensuite le temps de reprendre nos fidèles embarcations pour aller à la découverte du Glacier du 14 juillet et ses plages, sur lesquelles nous irons découvrir et parler d’Histoire : celle de la pierre et de la végétation. Lichens, mousse nous sont offerts par une toundra accueillante nous permettant de fouler son tapis de nos pas.
Enfin, nous terminons cette excursion par l’observation de macareux en plein envol et sur le bord de falaises. Sur le flanc, un troupeau de rennes est en train de paitre.
La journée n’est pas finie, une conférence présentée par Christian Kempf sur l’introduction au Spitzberg nous donne de nombreuses informations avant de rencontrer officiellement notre capitaine : le ton est donné, champagne et discussions avant de nous diriger vers notre dîner.
Croire que cette journée se finirait sur la note sucrée du délicieux cheesecake était bien trop aisée, nous arrivons dans la somptueuse Baie de la Madeleine, embrumée, énigmatique avec son nuage de brume et sa variation de tons de bleus. Elle nous offre une belle fin de journée, de soirée, prêts à aller se coucher sur ces images fraîches à nos esprits, la voix de Jean-Robert nous prévient de la présence d’un ours, qui n’a visiblement lui, pas envie de dormir. Avant cela, nous avions déjà pu saisir l’activité flegmatique de morses à travers nos jumelles.
Le célèbre plantigrade marche à vive allure sur le flanc de falaise d’un fjord à l’entrée de Smeerenburg, nous resterons ainsi pas moins d’une demi-heure à le voir escalader, cheminer, à travers pierres et toundras. Comment finir une journée aussi merveilleuse ? Par un arc-en-ciel venu auréoler le sommet d’une montagne ensoleillée.
Il est l’heure d’aller se coucher, gardons encore quelques surprises pour les jours prochains !
L’Océan Nova a fait route vers le nord, franchissant dans la nuit la latitude de 79° Nord. A l’aube, le navire d’expédition se positionne devant l’un des glaciers les plus majestueux de l’Archipel, le glacier de Monaco. Un front de glace de plus de 5 km de large s’étend devant nous, amphithéâtre bleuté à la surface crevassée et torturée par une histoire glaciaire plurimillénaire : l’Arctique dans toute sa splendeur.
Nos zodiacs filent sur une eau arborant une belle teinte cyan, en direction de ce mur bleu crevé par quelques immenses arches et grottes de glaces. Cette sortie est l’occasion d’observer des roches moutonnées que les géologues appellent parfois les « dos de baleine », des îlots entièrement polis tels des galets — par le travail d’abrasion des glaces au fil des millénaires : ici, il y a 18 000 ans, s’étendait une immense calotte polaire de plusieurs kilomètres d’épaisseur, et qui parvenait aux latitudes de Berlin, Londres et New York.
Des sommets noirs et pointus se découpent sur le ciel, tandis que des flancs de collines rouge sang dévalent vers la rive sud-est du fjord : ces grès dévoniens se sont formés il y a environ 400 millions d’années. L’histoire géologique du Svalbard est un livre à ciel ouvert, un voyage dans le temps fascinant de plus de milliards d’années, dont la lecture se fait à vue d’œil, les roches étant majoritairement à nu. Nous observons tout cela depuis nos zodiacs ballotés par des ondes marines provenant de la chute lointaine (mais spectaculaire) de lambeaux glaciaires.
Des « coups de canons » se font entendre, surnom donné à ces fractures et vêlages réguliers de cette immense langue glaciaire dont le bassin d’alimentation se situe près de la calotte polaire de l’île du Spitzberg. Des phoques barbus pointent leurs museaux curieux hors de l’eau glaciale et mystérieuse du fjord. Des guillemots à miroirs, aux pattes rouge vif, s’approchent de nos frêles embarcations. A la robe blanche et immaculée, quelques rares mouettes ivoire nous survolent : cet oiseau mythique est le seul oiseau connu de l’hémisphère nord capable de nidifier sur la glace, et de traverser en vol une calotte polaire.
L’après-midi, sous un ciel clément, une marche est organisée pour atteindre le front de glace d’Erikbreen, et observer l’étrange toundra Arctique aux fleurs multicolores : nous sommes en plein été polaire, un été bref mais coloré par le rose fuchsia du Silène Acaule, le jaune crème des Dryades à huit pétales et le vert sombre des saules polaires, arbrisseaux rampants aux étonnantes dimensions : ne croissant que quelques millimètres de croissance par an à peine, nous observons des individus d’un demi-mètre de diamètre, probablement pluri-centenaires. Certains sont en fleurs, montrant leurs premiers bouquets d’étamines.
Un bloc erratique, gigantesque sphère de granite transportée par d’anciens glaciers et déposée au milieu de la toundra, abrite une tanière de renard, auréolée des traces d’un festin, des plumes et ossements d’oies à bec court. Des tâches orange vif d’un lichen emblématique de l’archipel, Caloplaca elegans, égayent ce paysage lunaire. Des bois de rennes ornent ce décor irréel, entre langues glaciaires étincelantes et parois verticales noires.
Des labbes parasites défendent leur territoire, leurs cris se mêlant aux piaillements du bruant des neiges, que nous observons voleter à quelques mètres. L’un des labbes simule une blessure, se dandinant maladroitement, une stratégie pour attirer les intrus ou les prédateurs loin du nid.
Près d’un lac périglaciaire, nous découvrons une belle piste d’ours : un plantigrade est venu, il y a peu, se désaltérer dans ce lac. La vigilance, assurée par nos guides, est constante au Spitzberg, royaume des ours et non des humains.
Un ours, justement, fera son apparition quelques heures plus tard, au loin, sur une île à l’entrée du Fjord : nous l’observons depuis l’Ocean Nova se reposer dans la toundra, discret, léthargique, levant la tête et se déplaçant quelques secondes, avant de retomber dans un lourd sommeil, typique à cette époque de l’année pour certains individus.
Hier soir, après avoir vu brièvement un souffle de petit rorqual, nous avons quitté l’ile de Moffen où la cinquantaine de morses mâles somnolaient tranquillement. Peu attentifs à notre passage il n’ont pas eu l’envie de venir proche du bateau afin de nous faire découvrir leurs talents de plongeurs et de nageurs. Ils ont préféré continuer leur sport favori : la sieste au chaud collés les uns contre les autres. Quelques individus plus courageux s’ébrouaient dans l’eau en nous faisant profiter de leur mélodie cacophonique.
La nuit fut calme, douce propice aux rêves d’aventure, de trappeurs, d’ours et de glace. Pas une seule vague à l’horizon, pas un seul petit morceau de glace ou de souffle de baleine. Alors place à Morphée.
De réveil de bon matin, nous sommes en approche de l’archipel des 7 îles. Nous décidons alors de faire un débarquement sur l’ile de Phippsoya à Isflakbukta (la baie de la glace). Depuis le bateau, nous avions vu une hutte de trappeur qui est la hutte la plus boréale du Spitzberg. Arrivés sur cette île, quatre ateliers sont mis en place. Vincent, proche de la hutte nous fait découvrir la rude vie des trappeurs comme l’a si bien écrit Jorn Riel dans ses histoires polaires. Christian un peu plus loin, nous raconte avec passion l’histoire de la trappe et des trappeurs. Alain, derrière la lagune nous parle de ce phénomène géologique que sont les plages surélevées. Et enfin Fabrice nous fait partager ses connaissances sur les morses nombreux ici auparavant. Sur le chemin du retour les adolescents de notre groupe découvrent une femelle Eider à duvet en grande difficulté sur la plage. Leur enthousiasme fougueux les motive à lui porter secours et donc courir chercher un des vétérinaires de l’équipe. Nicolas leur a alors rappelé les obligations que nous avons vis à vis des animaux dits « sauvages » et une leçon sur le cycle de la vie.
De retour sur le bateau, pendant que les passagers se restaurent, quatre courageux embarquent sur un zodiac afin de faire le tour de certaines îles pour y découvrir l’ours qui y serait caché. Rien. Puis ils naviguent guidés par le commandant du bateau jusqu’à Rossoya.
Alors Cap au nord, les conditions météorologiques sont favorables pour aller explorer la banquise. Elle est loin environ au 81° parallèle nord. Donc 4 à 6 heures de navigation.
Christian décide donc d’organiser un atelier sur les oiseaux du Spitzberg avec Frédéric et Alain. Un grand succès la bibliothèque est remplie d’ornithologues en herbes, aux questions aussi diverses que variées
Puis une conférence sur « l’homme et le froid » animée par Laurent, le médecin de l’expédition qui réunit l’ensemble des passagers afin d’appréhender la mécanique humaine et les usages pour se prémunir contre les températures extrêmes de ces régions.
Peu de temps après, les premiers tout petits morceaux de banquise font leur apparition dans une brume épaisse. Le bateau ralenti, les morceaux se font plus denses puis plus rares. Dans cet environnement mystérieux, nous ne pourrions pas voir surgir un monstre marin comme le redoutaient les navigateurs autrefois, ou entendre le chant des sirènes pour nous attirer vers des contrées hostiles ou voir surgir des flots Zeus et son trident. Rien de cela, quelques guillemots de Brunnich bien loin de leur lieux de nidification viennent égailler cette atmosphère fantastique et bien habituelle du grand nord.
De la glace à perte de vue. nous sommes le 14 juillet, comment pouvons nous fêter cet événement au milieu de la banquise ? Sur la banquise. Christian et le capitaine finirent par trouver une plaque où nous pourrions tous débarquer. Les opérations débutèrent avec une grande joie de tous les passagers. Un zodiac, puis le deuxième puis le troisième et à ce moment le commandant annonce « fin des opérations tout le monde à bord ». La banquise est extrêmement changeante et les plaques menacent la sécurité des passagers. Changement de direction, nous allons tous nous retrouver au pont 5 à l’arrière du bateau pour fêter dignement la fête nationale française.
Un petit discours de Christian, un verre à la main et nous pouvons tous trinquer, la bonne humeur est de mise à tel point que les guides se retrouvèrent en face d’une cinquantaine de paparazzi comme les stars d’une équipe sportive.
Après une journée remplie de blanc, de gris, d’émotions et de joie nous allons tous nous coucher pour des rêves de banquise.
Ce matin, l’Ocean Nova se réveille par 81°30 au milieu des plaques de banquise, parsemées de mares de fonte. Le tout nimbé d’une brume qui ajoute à ce spectacle gelé une touche fantasmagorique. Le petit déjeuner rapidement terminé, un débarquement en zodiacs sur une plaque de glace de mer pluriannuelle permet enfin à tous les passagers de concrétiser un des objectifs affichés de ce voyage : marcher sur la banquise. Crêtes de compression, hummocks, bummocks … l’occasion est parfaite pour quelques explications sur la physique de la glace de mer, suivi d’une petite partie de boules de neige endiablée entre les enfants et les guides avant le retour au navire pour un déjeuner bien mérité.
La seconde excursion de la journée se fera toujours dans la banquise, mais en zodiacs cette fois. Le brouillard se lève suffisamment pour laisser le soleil percer les nuages et faire apparaitre un arc en brume. L’Ocean Nova prend un air de bateau fantôme alors que les zodiacs circulent entre les plaques de glace, sous lesquelles évoluent au gré des courants cténophores et holothuries … S’ensuit une conférence de Christian Kempf sur la formation de la banquise puis une vente de livres accompagnée de dédicaces de l’auteur.
La journée aurait pu s’arrêter là, l’Ocean Nova reprenant sa route et quittant les dernières plaques de banquise en direction du Sud-Est. Mais chez Grands Espaces, on n’est pas là pour jouer au sudoku ou faire des mots croisés en attendant d’aller se coucher. Il est 21h, le navire est maintenant près de l’île Charles XII, sur laquelle une belle surprise nous attend : ce ne sont pas 1 ni 2 mais 3 ours qui sont repérés depuis la passerelle. Bravant la pluie et une mer un peu formée, les zodiacs sont de nouveaux à l’eau pour un tour de l’île et une observation d’un peu plus près de cette maman ours et ses 2 oursons déjà bien grands. Cette dernière est méfiante et préfère remonter tranquillement avec ses oursons sur les hauteurs de l’île, à l’abri de nos regards indiscrets. Tant pis, le message est passé, nous la laissons tranquille et faisons le tour de l’île pour rechercher l’un ou l’autre morses, habitués des lieux. Mais c’est finalement un 4e ours qui sera le centre de l’attention !
Celui-ci est massif, bien nourri et plutôt coopératif. Il prend la pause quelques minutes avant de se coucher nonchalamment dans un névé, portant un intérêt très limité à ces curieuses créatures multicolores.
Vers 4h du matin le bateau fait une pause au large de Storoya (la Grande Île), Vincent et Christian montent à la passerelle pour observer si les Morses sont présents : ils sont là sur la grande plage. Le bateau reste sur place sans mouiller l’ancre pour ne pas réveiller les passagers des cabines de l’avant du bateau.
À 9h, tous les zodiacs sont à l’eau mais la houle provoque des embardées assez fortes à l’échelle de coupé et l’embarquement des passagers serait un peu risqué, la sortie est donc annulée. La brume descend à ce même moment et un débarquement pour approcher les morses n’aurait pas été possible.
Cette brume va être présente tout au long de la journée avec heureusement, quelques éclaircies qui nous permettront de faire une sortie merveilleuse puis des observations de paysages extraordinaires.
Les zodiacs rembarqués, l’Ocean Nova reprend sa navigation vers le sud-ouest et la matinée est ponctuée d’une série de conférences : la banquise par Christian, les Morses par Fabrice et un résumé sur la Sterne arctique, la grande voyageuse, par Vincent. À défaut de voir des morses, Fabrice nous en a appris de belles sur ces gros animaux amphibies dans un exposé brillant et drôle.
En début d’après-midi, soudainement la brume se lève et entre les bancs encore disséminés, nous apercevons des pans de la grande falaise de glace de la Calotte du nord-est (Austfonna) longue de 160 km. Nous sommes au niveau du cap d’Isis, cap autrefois, lorsque ces rochers émergeaient de dessous la calotte mais îles aujourd’hui que la falaise de glace s’est retiré d’environ 1 km.
Nous profitons de cette ouverture pour nous lancer à la découverte de ses îles en zodiac pour un premier groupe ou pour longer la falaise de glace sur plusieurs kilomètres pour un deuxième. La mer ondule encore sous une longue houle souple, le soleil perce presque avec des arcs en brume qui s’arrondissent au-dessus des lambeaux de brume qui persistent encore et des petits icebergs étincelants ou bleus tanguent à la surface des flots : nous sommes dans un paysage merveilleux.
De l’autre côté de l’île, une lagune abritée nous permet de tenter un débarquement mais c’est à ce moment précis qu’un ours est aperçu par les passagers, rembarquement immédiat !
Nous observons cet ours un peu lointain depuis la sécurité des zodiacs mais il se montre peu actif et se couche. Heureusement, il y a plusieurs espèces d’oiseaux intéressantes à observer sur cette lagune : des nuées de Sternes arctiques, la colonie de l’île est importante et elles plongent souvent non loin des zodiacs, un couple de Grands labbes et un de Labbes parasites, quelques Goélands bourgmestres, des Eiders à duvet et des Bécasseaux violets mais aussi quelques espèces plus rares comme le Plongeon catmarin, la Harelde de Miquelon, un petit canard à longue queue et un magnifique mâle d’Eider à tête grise, sans doute le plus bel oiseau du Spitzberg.
En rentrant vers l’Ocean Nova, le ciel est redevenu plus gris, le ressac est toujours aussi sonore et le paysage prend une tournure plus dramatique, un peu à la mode des gravures romantiques de l’Arctique du XIXe siècle.
De retour à bord, le récap (ours, phénomènes optiques arctiques, oiseaux) précède le dîner qui lui-même est suivi d’une projection du film « La tente rouge » au salon panoramique. C’est le récit romancé du naufrage du dirigeable d’Umberto Nobile « Italia » sur la banquise en 1928.
À la fin du film et avec un timing impeccable, nous entrons dans le champ d’icebergs du BrasvelBreen, auxquels la brume donne un aspect fantomatique.
Enfin, la journée se termine vers minuit devant les cascades d’eau claire qui se déversent du sommet de la falaise de glace. Notre commandant, le capitaine Barrios, nous fait la gentillesse d’approcher le navire au plus près de la paroi de glace pour que tout le monde puisse voir les cascades bruyantes à travers la brume qui décidément, aura nimbé toute notre journée.
Aujourd’hui, tôt sur le pont, force est de constater que la brume nous enserre toujours depuis hier soir. Notre chef d’expédition s’adapte immédiatement et propose une route directe vers les falaises d’ALKEFJELLET. Les nuages se dissipent lors de l’approche. L’équipe des guides prend en main les zodiacs dans un vent soutenu qui lui aussi va disparaître rapidement.
Cap sur le front de glace au nord des falaises. Magnifique observation de plis de glace et de la géologie particulière du site constituée de strates de basalte et de marbre. La navigation de la flottille de pneumatiques se poursuit au pied des falaises monumentales. Rapidement, nous trouvons les renards en maraude (dont un en vive explication avec un guillemot adulte, celui-ci parviendra à s’échapper).
Les myriades d’oiseaux se répartissent en radeaux et sur les falaises. L’activité est intense et la population semble bien nombreuse cette année. Quelques apiques permettent de bonnes approches qui font la joie de photographes.
Puis, un morse croise notre route au large. Nous sommes ensuite de retour à bord pour le repas et nous mettons cette fois-ci le cap sur l’ancien site scientifique de KINNVIKA.
L’Ocean Nova prépare son mouillage, l’équipe de spotters guette. L’opération de débarquement est minutieusement organisée. Et surprise, de la passerelle, l’un de nos guides aperçoit un ours.Changement de plan, on part sur les zodiacs pour tenter une observation ! C’est aussi cela, une croisière d’expédition : de la flexibilité et beaucoup de soif d’aventure !
L’animal est de très bonne taille (l’une des plus belles observations d’ours chez Grands Espaces) après des hésitations il rejoint la côte permettant 2 bonnes heure d’observation, avec une bonne approche à quelques dizaines de mètres. Le célèbre plantigrade se laisse dès lors photographier et nous gratifie de quelques déplacements sur la rive.
De la base, l’Ocean Nova nous attend pour embarquer et rallier le mouillage où l’équipage nous sert le repas surprise de ce séjour qui tient bien ses promesses : un barbecue polaire aux sonorités joyeuses sur le pont ! A demain pour de nouvelles aventures !
Après avoir navigué la nuit dernière sous un ciel encore couvert, nous nous réveillons ce matin dans une ambiance de grand soleil triomphant au-dessus de la baie de Breibogen, sur la côte nord de l’île Sptizberg. Cette grande baie ouverte vers le Nord marque le point de jonction entre la Péninsule des Rennes et le cap de Biscaye, zone autrefois nommée par les basques qui vinrent ici harponner les troupeaux de baleines franches au XVIème siècle.
Une fois les léviathans exterminés, ce sont les morses qui furent l’objet de la cupidité humaine. Des échoueries de plusieurs centaines de ces monstres marins dotés de deux gigantesques canines furent massacrées à coup de hallebardes dans le seul objectif de récupérer cet ivoire. En témoigne aujourd’hui le cimetière d’ossements blanchis par les siècles, gisant sur le cordon de galets qui ferme un « barachois », lagune qui communique à la mer par un goulet suffisamment profond pour qu’il soit impraticable en bottes. Nous organisons donc un transfert avec les zodiacs en rive gauche du goulet où se trouve une hutte à l’architecture inhabituelle. En forme de tente canadienne, elle est entièrement construite de rondins tirés des innombrables bois flottés venus s’échouer au Spitzberg par la grâce des courants de l’Océan glacial arctique qui charrie les troncs transportés par les fleuves sibériens jusque dans cet archipel polaire.
Nous continuons notre route vers l’extrémité nord-ouest de l’archipel, au cœur historique de la chasse à la baleine organisée par les diverses nations européennes : France, Pays-Bas, Norvège, Dannemark. Sur Norskoya, l’île des Norvégiens, nous accostons sur le site historique de Smeerenburg, autrement dit, le « village de la graisse ».
Nous entâmons immédiatement l’approche d’un groupe d’une cinquantaine de morses, entièrement constitué de mâles venus profiter ici du sable fin de la plage pour muer tranquillement sous un soleil définitivement caniculaire pour le Spitzberg : 20°C, une température peu habituelle sous ces latitudes du Haut Arctique. La meute de gros tas lascifs se laisse admirer à une trentaine de mètres par tout le groupe des passagers de l’Ocean Nova baigné par les effluves puissantes du Morse n°6 (version locale d’un parfum célèbre sous d’autres latitudes) où le musc le dispute aux vapeurs roboratives des coques fermentées issues des émanations buccales et annales de tous ces grands mâles plongés dans une sieste odorante.
Par moments, certains se réveillent d’un rêve où manifestement ils s’ébattent avec quelque pulpeuse morsette et tentent de se débarrasser de quelque insistant prurit par un grattage frénétique de leurs immenses nageoires griffues. Un grand mâle tout gris et puissamment pustuleux (un caractère sexuel secondaire aux effets dévastateurs sur la gente féminine morse) sort de l’onde pour rejoindre ses compagnons qui eux, sont en pleine vaso-dilatation, leur donnant une teinte rose porcine après quelques heures sous ce soleil de plomb pour ces latitudes.
En arrière du groupe, les restes de fours destinés à transformer la graisse des baleines en barils d’huile, finissent de lentement se désagréger au fil des tempêtes hivernales qui rongent le ciment gris fait de chaux et de matière grasse indurée. Leurs grandes formes circulaires gardent l’empreinte des immenses chaudrons dans lesquels on a fait disparaître des troupeaux entiers au XVIème siècle.
Nous reprenons les zodiacs pour traverser le détroit qui nous sépare de Danskoya, l’île des Danois où une anse abritée des vents, ouverte vers le Nord et le Pôle Nord, fut le point de départ des expéditions d’Andrée (ballon gonflé à l’hydrogène) en 1897 puis, quelques années plus tard, de l’américain Whellman (dirigeable, également à l’hydrogène fabriqué sur place, à base d’acide sulfurique et de limaille de fer), toutes deux infructueuses et qui se soldèrent, pour Andrée, par la mort dramatique des trois explorateurs suédois sur l’île Blanche, tout à l’Est de l’archipel et dont on ne retrouva, tout à fait par hasard, les restes, que trente ans plus tard.
Le traditionnel récapitulatif de la journée tenu à 18h30 nous révèle les derniers secrets de la vie trépidante des morses suivi d’une interrogation écrite surprise de notre professeur de Sciences Naturelles, Vincent, consacrée à la détermination des oiseaux des îles.
Un apéritif surprise convie tout un chacun sur le pont 5 où Adrien, notre barman, a sabré quelques bouteilles d’un breuvage pétillant pour célébrer cette journée mémorable. Le plantureux dîner englouti par un aéropage affamé et définitivement conquis à la nouvelle ligne esthétique en vogue sous le 80ème parallèle de longitude nord, j’ai parlé de celle replète du morse, nous enfourchons une ultime fois nos zodiacs pour une croisière devant le front du glacier de Smeerenburg, tout au fond du fjord du même nom.
Les différentes langues de glaces crépitent régulièrement au son des vêlages dont l’écho se répercute d’un front à un autre. Sur l’eau, les Mouettes tridactyles pêchent leur morue polaire pendant que les Guillemots à miroir dérivent sur leur bourguignon individuel et que les Phoques annelés observent prudemment nos embarcations entre deux plongées. D’une arche du glacier sort une énorme patte de granit griffue, preuve irréfutable de la présence des tornarssuks, ces êtres mythiques rodant au fond des calottes glaciaires. A 22h30, nous grutons une dernière fois les zodiacs à bord avant de nous diriger vers le bar pour les libations rituelles en l’honneur du soleil de minuit sans qui, un voyage au Spitzberg ne se conçoit pas.
Après de magnifiques observations de paysages et d’animaux ces derniers jours, nous ne sommes pas rassasiés. Le Spitzberg a tant à nous offrir qu’il est normal d’en vouloir toujours plus, l’appel de dame nature est plus fort. De nouvelles aventures nous attendent dans la Baie du Roi ! Ce matin le temps est doux avec 11°C et un ciel couvert mais offrant une bonne visibilité horizontale, ciel qui laisse néanmoins entrevoir des coins de ciel bleus. On aperçoit au loin les glaciers dont la fonte rapide donne aux eaux de la baie cette couleur ocre en raison de la boue qu’elle y déverse quotidiennement. Nous voyons de l’autre côté de la baie la station scientifique de Ny-Ålesund et les sommets qui nous entourent atteignent des altitudes de 1200 à 1400 m.
Une première excursion ce matin conduit sous la colonie d’oiseaux d’Ossian Sarsfjellet où des milliers de mouettes tridactyles cohabitent bruyamment avec des guillemots de Brünnich çà et là. Deux renards polaires nous font le show dès notre arrivée en bord de falaise, un bien sympathique spectacle. Ils sont là à fureter sous les colonies d’oiseaux pour se nourrir qui d’un œuf, qui d’un poussin malchanceux tombé du nid. Mais il est temps de mettre pied à terre pour une balade dans ce jardin botanique de toundra avec une magnifique vue sur l’ensemble de la Baie du Roi. Un jeune renne mâle nous accueille à la plage, il nous accompagnera avec quelques congénères tout au long de notre escapade entre roches et fleurs sur un site de toute beauté. Mais il est déjà temps de reprendre les zodiacs pour retourner vers l’Ocean Nova où notre déjeuner nous attend.
Le début d’après-midi est consacré à la dernière croisière en zodiac de cet exceptionnel séjour sous ces hautes latitudes. Cette sortie nous mène le long des fronts des glaciers du Roi et de la Couronne. Les trois couronnes, des massifs montagneux imposants culminant à 1225 m, nous toisent et offrent un spectacle vertigineux. Ces massifs qui représentent les couronne norvégienne, danoise et suédoise, semblent surveiller le site.
On ne se lasse pas de naviguer entre icebergs et bourguignons et dans le brash, et encore moins d’admirer ces quantités gigantesques de glace qui s’élèvent devant nous. Les vêlages sont fréquents, certains spectaculaires. La chance nous sourit encore en ce dernier jour avec un festival de phoques barbus dans cet environnement de glace qu’ils affectionnent. Il s’agit de l’espèce la plus grande des eaux polaires avec 2,5 m de long et pouvant dépasser les 400 kg ! Plusieurs d’entre eux se reposent sur des bourguignons et nous observent en montrant leurs visages couleur rouille en raison de l’oxydation de dépôts ferrugineux accumulés dans leurs poils lorsqu’ils fouillent les sédiments marins.
Nous regagnons l’Ocean Nova en naviguons hors du fjord vers Longyearbyen que nous atteindrons demain matin. En route, nous passons devant Ny-Ålesund qui est également une ville d’importance historique car, après avoir été une exploitation de charbon, c’est de là que de nombreuses expéditions de chasseurs du Pôle Nord sont parties, dont les célèbres Roald Amundsen et Umberto Nobile en 1926 et 1928 respectivement. Actuellement près de 100 scientifiques y passent l’été, seule une quarantaine d’entre eux y demeure en hiver.
Le début de soirée est consacré à la préparation de nos bagages avant le traditionnel pot d’au revoir du commandant. Puis les guides nous ont fait une petite surprise avant le dîner : un diaporama complet retraçant ce magnifique voyage. Ce dernier n’est bientôt plus qu’un souvenir certes, mais un souvenir remarquable et hors du temps dans un environnement ultra sauvage où l’empreinte visuelle humaine est restée modeste malgré la richesse de son Histoire. Notre dernière nuit à bord est une promesse de beaux rêves !
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Chères amies de Sollies Pont, je suis votre voyage grâce à Nicole qui m’a donné l’adresse mail et je trouve les photos magnifiques alors en réel ce soit être encore plus beau. Je me suis bien occupée des chats, tout va bien. Grosses bises à vous trois.
Bon voyage les amies
C’ Trop beau !!
Plumeau Juju
De très belles photos , magnifiques
Profites en bien Nicole , ainsi que tes amies
Bisous
En Ardèche, à 19h, il fait 35°.
Nous levons notre verre de mojito à votre santé 😃
Bonne exploration 🐻❄️🦭
Un début de voyage très prometteur! les photos nous offrent un peu de fraîcheur bienvenue ici où il a fait 38°
Belle continuation à tous.
Bisous
Profitez bien les photos sont magnifiques. Grand contraste avec le temps ici.
🤩
Quel beau récit. Je suis vraiment contente Nicole que tu aies pu réaliser ton rêve, avec tes deux amies. Régalez-vous bien. Moi je profite de ces belles photos et ces intéressants compte rendus.
Avec une canicule de 38 d il fait bon suivre votre rafraîchissant périple
Belles photos
Bises à MCL et Po
*j’espère que ce message sera lu aux intéressés par le guide ;D*
Coucou Jean Claude et Véronique, nous suivons votre aventure avec grand plaisir. Nous sommes certain que vous vous régalez ! Nous espérons que les morses n’ont pas attaqué votre zodiac !! Haha. Nous avons hâte de vous avoir au téléphone.
Bisous des Boliviens.
Merci beaucoup pour ces récits fantastiques !
C’est un plaisir de suivre les aventures des plus jeunes filles de l’équipage , ainsi que de leurs grands parents !
On attend la suite
Quelle bonheur de vous retrouver, et partagé ce beau voyage chaudes bises 😃 Ardéchoise et au plaisir de partagé un bon glaçon bonne continuation❄❄🍸🐻
Que de beaux spectacles, on en rêve
On t’accompagne par la pensée Nicole et les copines
C’est formidable
Gros bisous des messins
15 juillet profitez de ce magnifique voyage et de la fraîcheur bisous 😃
Quelle rafraichissement de suivre votre voyage. Belle mise en bouche pour nous !
Tout de bon pour la suite !
Martine
Quelle chance et quel émerveillement de lire le cr de votre périple Raphael Leonie et Christiane, au cœur de cette incroyable nature. on pense à vous et on a hâte de partager tous vos souvenirs. On vous embrasse
Une pensée pour Marie Christine et Pierre Olivier.
Bisous 😘 😘
A Nico, bon anniversaire…
Bonjour les copines !
De loin de très loin même ! nous voyageons avec vous et découvrons des paysages somptueux !
Profitez bien 🤩🤩
Bises de nous deux 😘
Votre voyage est incroyable et nous fait rêver ! Nous vous embrassons tous très fort, en ce dimanche 17 juillet, jour anniversaire de Gabriel.
Raphael Leonie, Christiane Au plaisir de vous retrouver riche de ce voyage et de ces découvertes ! Profitez bien de ce paysage exceptionnel et de cette nature préservée. Voyager, c’est vivre. L’aventure vaut la peine. Voir le monde de ses yeux est mille fois mieux que les rêves.
Aux cachons, on n’a pas les ours mais on a des glaçons ! 🧊
Quel régal de lire votre aventure 🤩
A très bientôt 🍹
Gros bisous à vous quatre😘
Petit coucou Ardechois
Je pense bien à vous malgré le travail ….
Profitez bien rapportez nous de belles images 😍
Bisous
Cc les amies
C bientôt le retour vous en aurez des choses à nous raconter !!
Attention au choc thermique. Ce jour 38 a Sollies pont
Bises Dd plumeau Juju
Corine Cusin et Paulette
Avec Dorian nous vous suivons jour apres jour et aimerions bien être avec vous .
quelles magnifiques observations ….. vous devez vous régaler ….. et vous me donner envie d’y retourner …. encore une fois !
De grosses bises à partager avec Christian et Alain
Un coucou particulier à Christian que je remercie pour ses infos sur les ours. Et s’ils se souviennent de moi, à Alain et Laurent qui étaient nos extraordinaires guides Spitzberg 2018 ! ! Bravo aux photographes pour les merveilleuses photos. Merci pour nous faire vivre de chez nous votre aventure.
Bon retour, choc thermique assuré …..☺, merci d’avoir partagé avec nous tous cette magnifique expédition au plaisir de vous retrouver bises