Nicolas Hanuise
Biologiste
8 juillet
19 juillet 2024
Nicolas Hanuise
Biologiste
Antoine Lochin
Guide naturaliste
Christian Kempf
Président Fondateur de Grands Espaces
Certaines photos d’illustrations ont été prises lors de précédents voyages. Lorsque celui-ci sera terminé, nous publierons les photos de la croisière.
Après être arrivés la veille de nos points de départ en France ou en Suisse, nous voici ce matin à Oslo. Dans l’après-midi, nous embarquons pour notre vol en direction du Spitzberg. Nous atterrissons en début de soirée au petit aéroport de Longyearbyen, où nos guides Antoine et Nicolas nous attendent pour nous mener jusqu’au port.
Là, nous embarquons sur l’Explorer où nous retrouvons Christian Kempf, le président fondateur de Grands Espaces, qui nous accompagnera tout au long du voyage pour nous faire profiter de sa grande connaissance du Svalbard, qu’il fréquente depuis plus de 50 ans !
À peine sommes-nous à bord que l’Explorer appareille, et nous assistons à l’instruction de sécurité obligatoire avant de rejoindre le large. Nous nous réunissons ensuite au salon pour une présentation générale de l’esprit de ce voyage de découverte : Christian nous fait part de son souhait de rejoindre l’est de la Terre du Nord-Est, et de nous faire visiter des lieux encore largement inexplorés.
Après dîner, nos guides procèdent à une présentation rapide de la vie à bord de l’Explorer, puis nous délivrent quelques consignes sur la sécurité et le respect de l’environnement local. Ensuite, c’est le moment de récupérer les équipements prêtés par Grands Espaces : combinaisons chaudes pour les sorties en zodiac, peignoirs pour le sauna et le jacuzzi, et bien sûr jumelles pour l’observation de la faune sauvage. Pendant ce temps, l’Explorer poursuit sa navigation vers la sortie de l’Isfjord, et tandis que la légère houle commence à faire rouler le navire, nous rejoignons prudemment nos cabines pour la nuit.
Après une douce nuit de navigation depuis le port de Longyearbyen, nous arrivons ce matin dans la Baie de la Croix. Il est encore tôt, quelques minutes avant le petit déjeuner, et déjà une annonce joyeuse résonne dans les coursives du navire : « Un ours vient d’être repéré ».
Quelle surprise ! Voilà moins de douze heures que nous sommes à bord, et nous apercevons déjà notre premier ours. De mémoire de nos guides, cela est absolument rarissime !
Pendant de longues minutes, nous avons l’immense plaisir d’observer ce plantigrade sur la plage. Il se repose à proximité d’une carcasse de morse, et après quelques instants, il se lève et commence à aller vers la mer. Il se met à l’eau et nous assistons à un festival de cabrioles ! Quel moment hors du temps !
Après cela, le navire remet le cap sur notre objectif initial : le majestueux glacier Lilliehöök !
Nous y sommes après une heure de navigation. Nos guides en profitent pour nous faire un briefing sécurité zodiac, et puis, c’est enfin l’heure de notre première sortie !
Nous partons d’abord en direction d’une petite baie à l’est du glacier et nous apercevons rapidement une colonie de phoques communs ! Ils sont plus d’une vingtaine à se reposer sur des rochers à fleur d’eau. Plusieurs nagent aussi autour de nous, notamment des jeunes de l’année !
Sur la plage qui surplombe la colonie, nous apercevons bientôt un renard polaire, évoluant rapidement, il semble chercher de la nourriture. Plusieurs oies à bec court partent bientôt, paniquées. Quel spectacle de la vie animale !
Nous partons ensuite pour le front du glacier, d’une hauteur imposante d’une cinquantaine de mètres. Nous sommes subjugués par sa splendeur ! Sur l’eau, quelques fulmars boréaux et mouettes tridactyles se reposent sur la glace dérivante : brash, bourguignons, icebergs. Il y en a de toutes les tailles et de toutes les formes !
De retour à bord, nous déjeunons en navigation. Rapidement, nous renfilons nos combinaisons chaudes et rembarquons en zodiac pour une nouvelle aventure. Notre yacht polaire nous dépose au pied de la falaise de Cadiopynten. Nous la longeons ainsi en zodiac et avons la chance d’apercevoir une grande quantité d’oiseaux, notamment des macareux moines, des bernaches nonnettes et des oies à bec court, ces dernières accompagnées de leurs jeunes oisons !
Ensuite, après un rapide transfert en zodiac, nous débarquons au pied de la cabane de Camp Zoé, vestiges de l’époque des trappeurs, notamment Henry Rudi, surnommé « the Polar Bear King » car ayant tué plus de 700 ours à lui tout seul. Nous grimpons ensuite sur les hauteurs et apercevons un groupe d’une quinzaine de rennes, dont un jeune de l’année. Autour de lui se trouvent des femelles. Nous passons de longues minutes à les regarder évoluer dans cette riche toundra composée de lichens et de mousses.
De retour aux zodiacs, nous prenons la direction du fond du fjord de Tinayrebukta pour y admirer un glacier suspendu ! En route, nous croisons un phoque barbu, un beau spécimen d’environ 300 kg se reposant sur un morceau de glace. L’approche est silencieuse et méticuleuse, nous pouvons ainsi l’observer en toute tranquillité !
De retour à bord, notre équipe d’expédition nous rassemble au salon, où tout l’équipage nous attend. Il est l’heure, après environ 24 heures de croisière intense, de faire de véritables présentations à l’occasion du cocktail du commandant.
Puis, après le dîner, Christian ainsi que Nicolas et Antoine nous donnent des informations concernant la journée de demain. Nous revenons ensemble, à travers différentes questions et échanges, sur les nombreuses observations de la journée.
Cette nuit, nous naviguons vers le nord, direction le Raudfjord pour demain !
Nous avons navigué toute la nuit vers le nord du Spitzberg, et c’est peu avant l’heure du petit-déjeuner que l’Explorer pénètre dans le Raudfjord. Le « fjord rouge » tient son nom des vieux grès rouges du Dévonien, qui colorent les reliefs de sa côte orientale, tandis qu’à l’ouest se dressent encore les montagnes pointues qui ont valu son nom au Spitzberg.
Nous embarquons dans les zodiacs pour rejoindre la presqu’île de Buchanan, qui divise le fjord en deux, et débarquons sur une petite plage jonchée de bois flotté. L’objectif de la matinée est de rejoindre un petit sommet situé à plus de 150 mètres d’altitude, et nous commençons aussitôt notre ascension. La marche se déroule sur un sol désertique parsemé de pierres fendues par le gel ou arrangées en remarquables sols polygonaux, dans une végétation pauvre néanmoins parsemée de quelques fleurs de saxifrages et de dryades, et de coussins de silène acaule. Peu de vie animale ici, à part les traces laissées par le passage des rennes et des oies. Près d’un petit lac, un labbe parasite observe les environs. Depuis le sommet voisin, c’est maintenant à nous de profiter du splendide panorama : la vue sur les pics triangulaires et les glaciers, sur les deux bras du fjord et sur l’Explorer qui au loin donne l’impression de n’être qu’un modèle réduit. Le vent a chassé les nuages du matin, et un beau soleil illumine maintenant ce décor incroyable !
La descente nous ramène vers les zodiacs, et nous rejoignons l’Explorer pour déjeuner au terme d’une traversée du Raudfjord pour le moins humide ; la brise a en effet levé quelques beaux rouleaux ! Notre yacht polaire se replace un peu plus au nord devant la baie d’Hamilton. Relativement abritée du vent, elle sera notre terrain de jeu de l’après-midi.
Nous voici partis vers le pied de la grande falaise à oiseaux qui marque l’entrée d’Hamiltonbukta, et après quelques instants à observer le va-et-vient continu des mouettes tridactyles et des guillemots de Brünnich, c’est un renard polaire qui attire notre attention ! Il est en maraude dans les rochers, et quadrille la zone avec méthode, reniflant chaque caillou et inspectant la moindre anfractuosité, en quête de quelque chose à se mettre sous la dent. Autour de lui, des bruants des neiges inquiets poussent des cris d’alarme.
À l’approche du majestueux front de glacier, quelques icebergs bleutés sont échoués sur un haut-fond. Nous partons ensuite explorer une petite baie annexe en observant les roches moutonnées caractéristiques des processus d’érosion glaciaire. Sous des langues de glace inactives, des bédières s’écoulent dans le fjord en un bourdonnement bruyant, tandis que des guillemots à miroir nagent tranquillement près de nos embarcations. Un peu plus loin, des îlots abrités accueillent des populations d’eiders à duvet et de sternes arctiques : nous avons ainsi l’opportunité d’observer ces espèces d’oiseaux à proximité de leurs sites de nidification.
De retour sur l’Explorer, Christian nous réunit au salon pour une introduction générale à l’Arctique et au Spitzberg. L’heure du repas vient interrompre ses explications, et nous nous retrouvons après dîner pour faire le point sur la météo et l’itinéraire de demain en direction d’Alkefjellet. Sur notre route, plus tard dans la soirée, nous longeons la côte de l’île de Moffen, où nous observons une échouerie d’une cinquantaine de morses.
Vient ensuite l’heure de rejoindre nos cabines tandis que l’Explorer continue sa navigation.
À la suite d’une nuit de navigation entre le Raudfjord et le détroit de Hinlopen, nous sommes à l’aube devant la spectaculaire falaise d’Alkefjellet.
Après un petit déjeuner avancé pour découvrir dès que possible ce site, nous embarquons en zodiac pour aller approcher cette falaise aux alcidés. Sur ces colonnes de dolérite érodées en nombreuses corniches nichent des dizaines de milliers de guillemots de Brünnich, un grand nombre d’entre eux sont aussi posés sur l’eau en immenses radeaux.
Nous admirons les guillemots, mais aussi les mouettes tridactyles et les goélands bourgmestres installés ici au milieu de leur garde-manger. Le spectacle de cette explosion de vie associée à la hauteur de ces falaises est impressionnant !
De retour à bord en fin de matinée, notre navire met le cap vers le fjord de Wahlenberg et plus précisément vers la baie de Palander. Des morses sont censés être présents ici, c’est pourquoi nous sommes plusieurs aux jumelles à chercher des traces de ces pinnipèdes.
En effet, après quelques instants de recherche, nous apercevons une importante échouerie de morses, agglutinés sur une plage ; ils sont plus d’une centaine ! Quel spectacle époustouflant !
Ainsi, rapidement, les zodiacs sont mis à l’eau et nous débarquons à terre afin d’approcher l’échouerie. Nous y allons avec toute la délicatesse possible. Sur notre droite, des dizaines de morses se prélassent dans l’eau, certains approchent pour assouvir leur curiosité. Nous prenons le temps d’observer la vie de ce groupe, principalement des femelles et des jeunes ; il y a toujours une étonnante effervescence lors d’immenses rassemblements comme celui-ci.
Après ce cadeau de nature sauvage et brute, nous retournons sur notre yacht polaire. Nous nous retrouvons ensuite au salon. Nicolas nous présente ainsi un récapitulatif sur les différents pinnipèdes, et Antoine enchaîne ensuite sur une présentation sur les morses. Nous connaissons ainsi tous les détails de leurs mœurs.
Nous poursuivons ensuite notre navigation dans le Wahlenbergfjord, en longeant ses côtes arides, paysage de désert polaire par excellence. Au loin se dresse la calotte glaciaire d’Austfonna ; elle recouvre une immense partie de la Terre du Nord-Est et se jette ici en mer, sous la forme d’un grand dôme de glace, nommé « Etonbreen ».
De nombreux icebergs dérivent dans le fond de ce fjord, et nous en profitons pour faire une navigation exceptionnelle entre les glaces.
Nous passons ensuite à table pour le dîner, légèrement plus tôt que d’habitude, car ce soir nous ressortons en zodiac pour découvrir la petite baie de Kløverbladbukta.
Étant très abritée, cette petite anse abrite encore des restes de banquise côtière, un refuge idéal pour les phoques et donc des ours.
Et en effet, après moins de quinze minutes de sortie, un ours est aperçu ! Un jeune mâle, se reposant sur un névé de neige. Nous l’observons pendant de longues minutes, dans un silence d’or. Il est peu actif, mais parfaitement serein, lève la tête par moments, s’étire de tout son long, et repose la tête… quelle observation !
Nous continuons ensuite dans la baie, et apercevons bientôt deux cadavres de phoques annelés. Serait-ce le récent festin de notre ours ? Nous apercevons aussi des dizaines de rennes dans cette riche toundra, un phoque barbu sur une plaque de banquise ainsi qu’une centaine d’oies à bec court… quelle vie !
Sur le retour vers le bateau, nous repassons voir l’ours, toujours aussi paisible. Puis nous rentrons pour de bon au navire où un cocktail spécial nous attend pour fêter cette journée exceptionnelle !
Pendant ce temps, le navire met le cap pour le fjord de Lady Franklin, au nord de la Terre du Nord-Est. Nous y serons demain matin.
L’Explorer a navigué toute la nuit autour de la calotte de la Terre du Nord-Est, quittant le fjord de Wahlenberg où nous étions hier soir pour remonter le détroit d’Hinlopen vers le nord, embouquer le détroit de Franklin et rejoindre ce matin le fjord de Lady Franklin. Cette région du Svalbard est encore assez peu explorée, et nous partons en zodiac pour explorer ce long bras de mer.
Après avoir exploré une petite baie voisine et contourné quelques îlots, nous nous approchons du glacier de Franklin, long bras gelé qui descend de la calotte glaciaire de Vestfonna. Le clapot levé par le vent de sud-est vient heurter de gros icebergs bleutés, blocs détachés du front de glace, échoués à proximité. Nous débarquons à l’abri sur une petite plage, et entamons une marche le long de la bordure du glacier. Après 30 minutes d’ascension, nous atteignons un petit sommet d’où se découvre un superbe panorama à 360 degrés. D’un côté, nous dominons la surface crevassée de la calotte et observons les bédières, ces rivières de fonte qui se déversent en cascades bruyantes dans un lac. De l’autre, l’étendue du fjord parsemé de majestueux icebergs !
Nous rejoignons nos zodiacs et partons pour un raid en direction du front de glace du deuxième bras du glacier, plus au sud. Après l’avoir longé pendant quelques instants, nous prenons la direction de l’Explorer, poussés par les vagues et le vent. Avant de rejoindre notre yacht polaire, nous assistons stupéfaits au détachement et au retournement d’une bonne moitié d’un gigantesque iceberg !
Notre navire se dirige ensuite vers la sortie du fjord, longeant l’îlot de Tomboloøya et l’île plate de Lågøya. C’est là que nous nous arrêtons pour nos activités de l’après-midi.
Après l’exploration du fjord de Lady Franklin (du nom de la veuve de l’explorateur qui a disparu avec 129 hommes en 1845 sur la route du passage du Nord-Ouest), l’Explorer prend la route du Nord, vers la banquise.
Ce samedi, nous nous sommes réveillés au fond du majestueux Wahlenbergfjord, dans la baie de Kloverblad. Dès l’aube, nos guides ont scruté les côtes à la recherche d’un ours. Ne trouvant rien depuis le bateau, ils décident de lancer deux zodiacs pour explorer les baies environnantes. Soudain, un appel radio retentit : un ours repéré ! Nous avons tous embarqué sur les zodiacs et nous sommes approchés en groupe. Devant nous, une jeune ourse nous a offert un spectacle inoubliable : nageant gracieusement entre les plaques de banquise, jouant avec une bassine en plastique qu’elle avait trouvée. Après un moment magique à l’observer sécher sur la terre ferme, nous l’avons respectueusement laissée poursuivre sa route, retournant ensuite au bateau pour un déjeuner bien mérité.
Cet après-midi, nous avons mis le cap sur Ardneset dans l’espoir de voir une colonie de morses. Pendant la traversée, Jean-Marie a captivé les passagers avec un atelier photo, tandis que Rémi, toujours attentif, a repéré un autre ours sur une petite île voisine. Les zodiacs ont été déployés dans l’espoir d’une rencontre rapprochée, mais un épais brouillard, apportant une ambiance mystérieuse, réduisait la visibilité. L’ours est resté une silhouette fantomatique sur la crête, nous offrant seulement une vision lointaine avant de disparaître. Sur le chemin du retour, une dernière surprise nous attendait : un morse émergeant des eaux pour une ultime rencontre. De retour à bord, nous avons célébré ces moments uniques avec un cocktail bien mérité.
En ce jour la fête nationale française, nous nous sommes réveillés au cœur de la banquise, à 81°41’ de latitude Nord. Dans ce paysage immaculé, nous avons exploré une vaste plaque de banquise à bord des zodiacs, une expérience inoubliable enrichie par les connaissances de nos guides. Après cette aventure glaciale, nous avons repris notre route vers l’île Charles XII, en apprenant davantage sur la faune et les phénomènes arctiques grâce aux conférences à bord. La journée s’est terminée par des observations de morses autour de l’île Charles XII et la rencontre d’un renard polaire avec son pelage d’hiver. Après le dîner, nous avons mis le cap sur Foynoya, tout en écoutant une intervention inspirante de Christian Kempf sur les valeurs de Liberté, Égalité et Fraternité en Arctique.
Aujourd’hui, nous sommes au sud-ouest de Kvitøya, l’île blanche, un endroit où l’expression « bout du monde » prend tout son sens. La météo est calme, avec une brise légère et une houle douce, offrant des conditions idéales pour explorer ce lieu mythique. La calotte glaciaire qui recouvre presque toute l’île se détache du ciel dans un blanc diffus parfait, créant une ambiance exceptionnelle.
Notre équipe d’expédition propose une croisière en zodiac autour d’Andreeneset, célèbre pour l’expédition de Salomon August Andrée qui a tenté de survoler le pôle Nord en ballon à hydrogène à la fin du XIXe siècle. Bien que le vent se lève et que la mer s’agite, la progression en zodiac reste confortable, ajoutant une touche polaire à notre aventure. Nous sommes le seul navire à explorer cette île à cette période de la saison, ce qui renforce le sentiment d’isolement et d’exclusivité.
En chemin, nous observons une première échouerie de morses, principalement des femelles avec leurs petits, sur un îlot rocheux au milieu des flots déferlants. Nous restons à bonne distance pour ne pas les déranger. D’autres groupes de morses apparaissent ensuite, et soudain, un appel radio annonce la présence d’un ours polaire. Il dort à 200 mètres de la côte sur une plaque de neige. À notre approche, il lève la tête, sent l’air, puis nous observe sans se dresser. Nous le contemplons quelques minutes avant de poursuivre notre route.
De retour à bord pour le déjeuner, nous profitons de ce moment pour échanger nos impressions sur ces rencontres incroyables.
L’après-midi, notre navire se dirige vers l’extrême nord-est de l’île, le point le plus éloigné de notre voyage. Notre chef d’expédition nous explique les défis de naviguer dans ces eaux non cartographiées. Avant d’atteindre notre destination, Antoine, notre guide, raconte l’expédition d’Andrée, une histoire émouvante qui résonne particulièrement alors que nous contemplons cette île depuis le salon panoramique.
Pour la suite de la journée, plusieurs options s’offrent à nous. Certains passagers peuvent participer à un raid en zodiac plus aventureux, remontant du cap d’Hornodden jusqu’à Kraemerpynten, le point le plus au nord-est de Kvitøya. Les zodiacs sont mis à l’eau, nous permettant de découvrir un paysage mêlant glace et roche sous un soleil perçant. La mer calme et la brise glaciale qui descend de la calotte glaciaire créent une ambiance arctique inoubliable.
Ceux qui préfèrent rester à bord profitent d’une navigation scénique jusqu’à Kraemerpynten. Les derniers zodiacs sont alors mis à l’eau pour que tout le monde puisse profiter de ce lieu exceptionnel. Le vent glacial n’altère en rien la lumière exceptionnelle de la fin de journée.
Nous sommes fascinés par une impressionnante échouerie de morses, et observons également une grande variété d’oiseaux, dont la harelde boréale, la mouette blanche et l’eider à duvet.
La sortie se termine devant un spectaculaire front de glace, teinté d’une couleur rougeoyante due à une algue qui se développe sur la glace. Une dernière navigation entre des icebergs d’un bleu azur couronne cette journée exceptionnelle.
De retour à bord, nous assistons à une conférence de Christian et à la remise des prix du concours de dessin pour enfants. Nous terminons cette magnifique journée polaire en rêvant aux aventures du lendemain, bercés par les flots et les rayons du soleil polaire.
Ce matin, nous nous réveillons près de la calotte glaciaire de Bråsvellbreen, s’immobilisant à quelques encablures. Les zodiacs sont lancés vers les centaines d’icebergs dérivant au gré des courants sous un ciel azuré. Ces géants de glace, issus de la calotte, se déplacent, s’immobilisent et se retournent avec fracas, révélant des formes aux multiples nuances de bleu.
Les zodiacs s’approchent ensuite des bédières, ces rivières glaciaires qui s’écoulent depuis les hauteurs. Nous slalomons joyeusement entre ces sculptures de glace, profitant des rayons du soleil arctique. Nous sommes des invités privilégiés, zigzaguant dans ce dédale de glace, savourant ces instants suspendus dans le temps.
Nous sommes éblouis par une majestueuse cascade de 16 mètres de haut. Ses torrents turquoise tracent un sillon bleu sur la glace avant de disparaître dans les eaux en contrebas. C’est la première cascade de ce séjour magique en terres polaires.
Après cette expérience, nous naviguons vers les îles Bastian. En route, notre guide nous propose une conférence captivante sur le comportement des animaux aux pôles, suscitant de nombreuses questions. Une nouvelle annonce de notre chef d’expédition interrompt cette présentation : une sortie est proposée sous un ciel magnifique teinté de couleurs orangées.
Dès le début de cette sortie, nous repérons une ourse sur une île proche, cachée parmi des rochers sombres. Son pelage crème, sa gueule brunie et son air abattu se distinguent. Non loin d’elle, son ourson gît, décédé. L’ourse semble faire son deuil, touchant doucement l’ourson de son museau, comme pour le protéger encore. C’est une scène de vie brute, à la fois fascinante et touchante. Nous l’observons respectueusement, le cœur lourd de ressentir son désarroi.
L’ourse se déplace lentement sur son promontoire, nous scrutant de loin. À quelques centaines de mètres, nous apercevons deux échoueries de morses, flegmatiques mais curieux de notre présence.
D’un côté, des femelles et leurs petits, de l’autre, des mâles aux longues défenses. La présence de l’ourse ne les inquiète pas, par leur nombre et leur taille imposante.
Après un retour rapide à bord de nos zodiacs, nous rejoignons le pont pour une surprise : un barbecue organisé en plein air. Enveloppés dans nos parkas, nous savourons de nombreux plats, entourés de ce paysage polaire dont nous ne nous lassons pas.
Baignés dans ce rêve arctique mystique, nous allons nous coucher, impatients de découvrir les nouvelles aventures que nous réserve la journée suivante. Chaque jour apporte son lot de surprises et de découvertes.
Ce matin, nous nous réveillons dans le fjord de Murchison, à 80° de latitude nord, prêts à passer notre dernière journée en Terre du Nord-Est. Ce fjord est imprégné d’histoires anciennes et récentes. Au XVIIIe siècle, les trappeurs Pomors, originaires de la presqu’île de Kola en Russie, ont fait de ce lieu un centre de piégeage pour les animaux à fourrure (ours, renards) et à ivoire (morses). Ces précieuses ressources étaient collectées pour orner les monastères orthodoxes. Aujourd’hui, deux grandes croix orthodoxes en bois, érigées sur des îles du fjord, témoignent encore de cette époque.
La matinée est dédiée à la visite de Kinnvika, un site d’histoire plus récente. C’est une station scientifique construite pour l’année géophysique internationale de 1957-1958, en collaboration entre la Suède et la Finlande. Dix bâtiments en bois, bien préservés, sont éparpillés sur le site. Nous explorons certains de ces bâtiments, découvrant la vie des scientifiques qui y ont étudié la météorologie, les aurores boréales et le magnétisme terrestre. Nous ressentons l’ambiance des lieux, du dortoir à l’atelier, en passant par les toilettes et, bien sûr, un sauna, fidèle à la tradition scandinave.
Depuis notre départ de Longyearbyen, nous avions l’habitude de visiter des territoires sauvages où les traces humaines se limitaient à des vestiges de baleiniers ou de huttes de trappeurs. Kinnvika, avec ses structures imposantes, nous offre un contraste frappant. Certains d’entre nous se lancent dans une randonnée autour du site pour admirer les superbes paysages de la baie de Murchison depuis les hauteurs. Ce désert glacé, parsemé de pavots arctiques scintillant sous le soleil, nous émerveille par sa beauté. Il révèle une nouvelle facette de cette région polaire, après les glaciers et les nunataks de l’ouest et les calottes glaciaires de l’est. Trois rennes nous suivent du regard tout au long de notre promenade.
D’autres marcheurs préfèrent flâner tranquillement aux alentours de la station, absorbant la richesse de cet environnement apparemment austère mais incroyablement riche. Avant de retourner à bord du bateau, quelques courageux se laissent tenter par un bain polaire inoubliable.
En début d’après-midi, nous nous dirigeons vers Claravågen, au nord du fjord de Murchison, une baie presque totalement fermée. Nos zodiacs naviguent à travers un labyrinthe de lagunes mystérieuses, passant de l’une à l’autre par des passages de tailles variables. Nous gardons l’œil vif, car de nombreuses espèces d’oiseaux déjà rencontrées durant notre voyage se rassemblent ici, nous offrant une occasion idéale de réviser nos connaissances ornithologiques. Les goélands bourgmestres, guillemots, eiders, et autres ne sont plus des mystères pour nous. Le plancton abonde également, avec des cténophores iridescents captivants. Nous apercevons aussi des méduses à crinière de lion çà et là, témoignant de la richesse insoupçonnée des eaux de l’océan Arctique.
La fin d’après-midi est consacrée à diverses activités : présentation des autres voyages Grands Espaces, récapitulatifs de notre itinéraire, et collecte des meilleures photos des passagers pour déterminer qui a su le mieux capturer l’essence de ce voyage, avec une récompense à la clé.
En soirée, notre médecin Arash, notre chef d’expédition et notre guide Nicolas, partagent leurs expériences professionnelles en Antarctique, donnant lieu à des échanges informels enrichissants. La nuit tombe doucement, emplie de nostalgie, alors que nous nous dirigeons vers le dernier jour de notre expédition polaire.
Aujourd’hui, nous nous réveillons sous un soleil éclatant et un ciel complètement dégagé devant le glacier du 14 Juillet, situé dans la baie éponyme.
Cette baie et ce glacier, nommés en hommage à notre fête nationale, nous rappellent que le Prince Albert Ier de Monaco a cartographié et étudié ces lieux de manière approfondie au début du XXe siècle. Il a laissé en souvenir des noms attribués aux baies, montagnes, et glaciers qui parsèment ce paysage magnifique.
À 8 h 45, deux activités sont proposées aux passagers : une marche sur la plage de la baie pour découvrir une colonie de mouettes tridactyles, nichant sur des roches vieilles de plus d’un milliard d’années, et une sortie en zodiac pour observer de près des colonies de guillemots de Brünnich, qui cohabitent avec des guillemots à miroir et des macareux moines. C’est la première occasion de cette croisière-expédition d’observer des macareux nichant sur des falaises. Les appareils photo crépitent pour immortaliser ces oiseaux au bec coloré, en vol ou au repos sur les eaux du fjord de la Croix.
Entre ces activités, nous faisons un bref arrêt au voilier de Jean-Louis Étienne, permettant à Christian Kempf de monter à bord, invité par l’équipage et son propriétaire.
Le temps passe malheureusement trop vite, et il nous faut déjà retourner au navire pour déjeuner et poursuivre notre route vers le glacier de Lilliehöök. Notre navire jette l’ancre en début d’après-midi devant ce glacier. Sous un ciel toujours radieux et des températures estivales polaires, nous partons pour notre dernière croisière en zodiac. Le front de glace, qui s’étend sur près de 7 km et s’élève entre 30 et 50 m de haut, nous émerveille et les cartes mémoires des appareils photo se remplissent à nouveau. Les vêlages s’enchaînent régulièrement pour notre plus grand plaisir alors que nous naviguons dans un brash dense.
Notre chef d’expédition, nous propose une conférence sur les bulles, qui s’avère être une invitation à attacher tous les zodiacs ensemble devant le front du glacier pour partager un verre en célébration de la fin de ce magnifique voyage. Nous amorçons ensuite notre retour au navire et croisons un phoque barbu se reposant sur un iceberg. Il nous laisse l’approcher et se laisse photographier sous tous les angles.
De retour à bord, les préparatifs de départ s’accélèrent : les bottes doivent être rendues, les comptes réglés, les passeports récupérés, et le programme de la journée de départ est distribué. Le commandant conclut cette dernière session dans le salon panoramique en partageant un verre avec nous et en nous exhortant à prendre des mesures pour protéger les mondes polaires. Le dîner s’ensuit, puis les valises sont préparées pour le départ. Toutes les bonnes choses ont malheureusement une fin !
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
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