Christian Kempf
Président Fondateur de Grands Espaces
Compte-rendu du réveillon aux Carpates
29 décembre 2018
5 janvier 2019
Pologne et Cracovie
Le guide et chef d’expédition
Du 29 décembre 2018 au 5 janvier 2019
29 décembre 2018 : Découverte de la vieille ville de Cracovie by night
Après un vol matinal de Genève et de Paris, l’entier du groupe se retrouve en début d’après-midi à l’aéroport de Varsovie pour embarquer dans un petit avion à hélices à destination de Cracovie où il fait déjà nuit. En effet, la Pologne est dans le même fuseau horaire que la Suisse et la France, mais vu qu’elle se trouve tout à l’est du fuseau, il fait nuit beaucoup plus tôt. Nous retrouvons également Elsbeth, notre guide polonaise, qui accompagnera ce voyage aux côtés de Marielle, Christian et Élodie.
À peine arrivés à l’aéroport Jean-Paul II de Cracovie, notre bus et son chauffeur nous emmène au centre-ville afin de prendre possession de nos chambres. Le repos est de courte durée, car nous enchainons directement avec une visite guidée du centre de Cracovie en compagnie de notre guide francophone Sofia. Nous commençons notre visite par le parc « Planty » long de 4 kilomètres et qui entoure le noyau historique de la vieille ville de Cracovie. Nous y pénétrons par la porte Saint-Florian qui se trouve sur le rempart Nord de la ville et déambulons jusqu’à la « Grande Place ». Les lumières de Noël donnent une ambiance de contes de fées à cette visite. Après 30 minutes de temps libre où nous nous promenons librement dans le marché de Noël et dans la halle aux draps, nous assistons à 20h au morceau de musique joué par le trompettiste. Ce dernier joue chaque heure de la journée et de la nuit en haut de la tour de l’Église Notre-Dame se trouvant sur la Grande Place. Par temps de pluie, de fausses notes peuvent se faire entendre ; cela prouve donc que ce n’est pas un enregistrement, mais bel et bien un signe que le trompettiste joue en temps réel !
Après avoir humé de bonnes odeurs de nourriture au marché de Noël de la Grande Place, la faim commence à se faire sentir et nous nous dirigeons vers notre restaurant « Miel et vin » où nous mangeons typiquement polonais ; du fromage de chèvre en friture en entrée, des brochettes de viande et de légumes servis sur des sabres et accompagnés d’une petite cérémonie de flambage. Il commence à se faire tard, nous rentrons à notre hôtel. Une journée chargée nous attend le lendemain !
30 décembre : Visite du Musée d’Auschwitz-Birkenau et des mines de sel de Wieliczka
En effet, la journée fut chargée ! Ce matin, les participants ont le choix entre deux activités ; visite du Musée d’Auschwitz-Birkenau ou d’un complément de visite guidée de Cracovie avec Sofia.
Pour le groupe souhaitant aller à Auschwitz, nous quittons notre hôtel autour des 8h pour prendre la direction plein Ouest en direction de Katowice puis Oswiecim. En sortant de la ville, Christian nous remet l’histoire de la Pologne dans le contexte européen, revient sur les enjeux liés à la Deuxième Guerre mondiale et l’horreur des camps de concentration.
Le Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau à Oswiecim est composé de 2 complexes : Auschwitz I, première et plus ancienne partie du camp crée à la mi-1940 sur le site d’une caserne de l’armée polonaise de l’avant-guerre et régulièrement agrandie au fur et à mesure des besoins ; la deuxième partie, Auschwitz-Birkenau II, la plus grande partie des camps qui comptait 90’000 prisonniers en 1944. C’est dans ce camp que les nazis ont construit la plupart des installations qui devaient servir à l’extermination des juifs d’Europe. Sous l’impulsion d’anciens détenus du camp, le Musée fut très rapidement créé, peu de temps après la libération, en juin 1947, afin de préserver le site pour les générations futures et de sauvegarder la mémoire des victimes d’Auschwitz.
La visite du Musée se déroule avec des guides francophones spécialistes du site d’Auschwitz. Nous visitons les baraquements, les chambres à gaz et les crématoires où des familles entières attendaient la mort. Les différentes salles sont ornées de panneaux commémoratifs, de témoignages et de photos d’époque. Les deux tonnes de cheveux de femmes exposés dans le Musée sont l’une des preuves les plus bouleversantes des crimes perpétrés dans le camp. Nous voyons également différents objets qui appartenaient aux détenus ; des lunettes, des peignes, du cirage à chaussures, des prothèses ; de simples objets du quotidien que les déportés ont emporté dans leurs valises. La visite est très intéressante et chargée d’émotion. Elle permet de mettre une réalité sur les photos de ces camps que nous retrouvions dans nos livres d’histoire quand nous étions sur les bancs d’école.
Après cette visite, nous nous remettons en route direction Cracovie afin de chercher le reste du groupe qui est resté dans la vieille ville. Ces derniers ont visité avec Sofia le quartier juif ainsi que le Musée d’Ethnologie. Nous mangeons rapidement, encore une fois une nourriture typiquement polonaise, des raviolis farcis avec de la viande, du fromage et du chou. L’après-midi est placée sous le signe de la découverte des mines de sel de Wieliczka.
Le site est inscrit depuis 1978 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO et comprend un total de neuf niveaux et 300 kilomètres de galeries. Les galeries sont à une température de 14 à 16 degrés Celsius et l’air très riche en Chlorure de Sodium est, parait-il, très bon pour la santé. Il y a même un centre de cure pour les personnes avec des problèmes d’asthme. La visite de la mine dure environ 3 heures et le circuit parcourt seulement 1 % de la surface totale des galeries ! Nous avons visité de superbes chambres taillées dans le sel, des lacs souterrains, de majestueuses charpentes et des sculptures uniques en leur genre. Nous avons parcouru 3 kilomètres de galeries sinueuses, descendu 800 marches et sommes descendus jusqu’à 135 mètres sous terre.
La suite de la journée a également été placée sous le signe du « souterrain ». En effet, nous prenons la direction de la Place Centrale « Rynek » et nous nous enfilons dans un caveau voûté. Un excellent canard nous est servi, encore une autre spécialité polonaise qui clôt cette belle journée !
31 décembre 2018 : Réveillon dans le château de Dubiecko
Après la visite d’une partie du Château de Wawel à Cracovie, nous reprenons la route plein Est en direction de Rzeszow pour rejoindre le Château de Dubiecko où nous allons passer la soirée du Réveillon. Nous arrivons au château de Dubiecko vers les 16h, et nous nous installons dans nos chambres afin de nous préparer. L’apéritif est servi dès 18h30 dans une des salles du Château. Nous prenons ensuite place dans la magnifique salle spécialement aménagée pour l’occasion et commençons par un amuse-bouche de canard aux oignons caramélisés puis un roulé de lapin aux champignons. Entre les plats, plusieurs animations, jeux et moments musicaux se succèdent dans la salle adjacente. Puis, le plat principal et les desserts nous sont servis. À la surprise générale, le repas ne s’arrête pas après les desserts, mais recommence avec un immense buffet qui comprend des entrées froides en tout genre ainsi que des desserts ! Après la deuxième tournée de dessert, une nouvelle assiette chaude nous est servie ; du flétan et de la pieuvre sur un lit de betterave rouge. Il est rare de voir une telle abondance de nourriture ! À 23h30, nous sortons sur l’esplanade du Château de Dubiekco où l’équipe de cuisine a monté des tables entières avec des verres de champagne ainsi qu’un sanglier à la broche qui s’apprête à se faire découper. Nous assistons à un magnifique spectacle avec des cracheurs de feu ainsi qu’aux feux d’artifice lors des premières minutes de 2019. Bonne année à tous !
1er janvier 2019 : Le circuit des églises en bois
Le premier jour de l’année 2019 commence par un brunch dans les salons du Château, puis nous reprenons la route en direction de Sanok, ville de 40 000 habitants traversée par la rivière San. C’est dans cette ville des contreforts des Bieszczadzki que nous retrouvons Robert Bankosz, guide francophone spécialiste des églises en bois des Carpates ; il leur a consacré un livre et de nombreuses publications. Ces églises sont un mélange de l’architecture catholique romaine avec celle de l’église orthodoxe de l’Est. Elles sont adaptées au climat local à l’extérieur et richement décorées à l’intérieur ; ces églises en bois, matériaux abondants dans la région, sont typiques de la chaine des Carpates et sont inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les peintures murales en sont une des caractéristiques principales et ont été, pour la plupart rénovées.
En fin d’après-midi, nous reprenons le bus en direction de Lutowiska ; nous nous rapprochons de plus en plus des Bieszczadzki ; une des régions les plus reculées de Pologne située dans la chaine des Carpates, une région de moyenne montagne à cheval entre plusieurs pays d’Europe de l’Est dont la Pologne, la Slovaquie et l’Ukraine avec des sommets qui culminent entre 1300 et 1400 mètres pour la partie polonaise. La région des Bieszczadzki abrite un parc national sur une superficie de 292 km² dont une partie est inclue dans la réserve de biosphère des Carpates orientales. C’est la seule et unique région d’Europe où l’on trouve toute la grande faune ; des loups, ours, bisons et lynx. Le rêve pour tous les passionnés d’écologie animale !
La soirée se déroule dans la salle à manger de l’hôtel avec une atmosphère chaleureuse entre nourriture typique, feu de cheminée et accordéoniste endiablé.
2 janvier 2019 : Écomusée et dégustation de bière
À 8h30, le bus part de notre hôtel de Lutowiska et traverse les paysages enneigés de cette région des contreforts des Carpates ; il a neigé toute la nuit et une vingtaine de centimètres recouvrent la forêt. En milieu de matinée, nous arrivons à l’écomusée de Sanok ; la tradition des musées en plein air vient de Scandinavie et permet de valoriser l’histoire populaire. Lorsqu’une maison ou une église doit être détruite ou est condamnée pour quelconque raison, des bénévoles s’attardent à démonter la bâtisse et la reconstruire dans un musée en plein air. Dans le cas de l’écomusée de Sanok, seulement deux constructions sont d’origine ; la maison juive et la caserne de pompiers. Le musée en plein air est une reconstitution d’un village type il y a environ un siècle avec des commerces, des habitations et la traditionnelle place du village avec le puits et le marché. Nous visitons la maison du coiffeur, du vendeur de tabac et du pharmacien avec tous les objets typiques de l’époque. La Poste, élément central du village servait également de bureau des télégraphes. Suite à la visite à pied, nous faisons également un tour en calèche qui permet d’aller plus loin dans le village reconstitué. La matinée se termine autour d’un feu avec un verre de vodka et une saucisse grillée.
Nous reprenons le bus pour une quarantaine de minutes pour aller manger dans un ancien moulin, après une rapide visite des installations de moulage du grain, nous enchainons avec la visite de la micro-brasserie Ursa Maior à Uherce Mineralne, qui signifie « la Grande Ourse ». Ce nom a été donné en raison de la présence de ce mammifère dans la région des Bieszczadzki et le fait que la constellation de la Grande Ourse soit bien visible dans la région en raison d’une faible pollution lumineuse. Nous sommes accueillis par la fondatrice de la brasserie qui a commencé à brasser avec un self-made kit chez elle, puis de fil en aiguille, s’est lancée dans une production plus grande, mais toujours artisanale. Les différentes étapes de la fabrication sont détaillées puis place à la dégustation. Nous dégustons trois bières différentes ; une ambrée, une I.P.A avec du malt belge et une American Golden Ale citronnée. Les étiquettes de ces bières sont très originales. Elles font référence à des lieux, personnages ou animaux des Carpates avec évidemment la représentation régulière de l’ours.
Alors que la nuit tombe et la neige recouvre petit à petit ce paysage fait de collines débonnaires, nous reprenons notre chemin en direction de notre hôtel à Lutowiska. Lors du trajet en bus, Christian nous parle de la grande faune d’Europe ; ours, bisons, lynx et loups. Il met en avant les différentes caractéristiques de chaque espèce, les aires de répartition ainsi que les enjeux liés à la chasse et au braconnage.
Avant le repas, nous assistons à la très intéressante conférence de Marcin Lisowski, l’un des chefs des garde-frontières de la région. Il nous parle des mouvements migratoires entre l’Ukraine et la Pologne, aux rôles des gardes-frontières, des différentes méthodes que les gardes-frontières utilisent pour se déplacer sur le terrain et répond à de nombreuses questions au vu de l’enthousiasme des participants !
3 janvier 2019 : Musée du parc national, repas ukrainien et traineaux dans la forêt
Durant la nuit, il a neigé environ une vingtaine de centimètres et le vent a soufflé fort formant alors d’importantes congères. Le programme initial était alors de monter au col Muczne dans le parc national des Bieszczadzki, de rencontrer les forestiers et observer les bisons dans la réserve. Au vu des conditions de neige et de routes, il nous est impossible de monter jusqu’au col, les forestiers nous l’ont fortement déconseillé. Même en dehors des régions polaires, il faut faire preuve de flexibilité et d’adaptation !
Nous mettons en action le plan B ; nous arrivons dans le village de Ustrzyki Dolne où nous visitons le Musée du Parc National où nous sommes accueillis par une guide qui nous parle du Parc des Bieszczadzki. Elle met en évidence les différents biotopes, les étages de végétation et la faune. Actuellement, dans l’enceinte du parc, il y a environ 3 meutes de loups de quelques individus, 80 ours bruns, plusieurs centaines de bisons européens qui peuvent peser jusqu’à 500 kg, puis des lynx qui représentent l’emblème du parc. Nous visionnons également un film sous la forme d’un diaporama-photos qui met en évidence plusieurs endroits du parc au grès des quatre saisons.
Pour le repas de midi, nous nous enfonçons un peu plus dans les montagnes des Carpates pour rejoindre un restaurant en lisière de la forêt et au bord de la rivière San. Le restaurant, une sorte de grand chalet en rondins de bois s’appelle « Wilcza Jama », littéralement « La tanière du loup » est assez original, car il recèle une quantité astronomique de trophées de chasse ; des loups, cerfs, ours et même des têtes d’oryx. L’après-midi est ponctuée par un trio de musiciens ukrainiens ; le chalet vibre aux sons de la musique locale. Nous faisons même une petite promenade digestive jusqu’à la jolie église en bois de Smolnik.
La soirée est très festive entre balades en traineaux tirés par des cheveux, feu de bois au milieu d’une clairière en pleine forêt, saucisses grillées et « bygosh » ; ce plat typiquement polonais à base de choux. C’était une belle soirée dans la forêt enneigée et au coin du feu !
4 janvier 2019 : Visite de la ville de Lviv en Ukraine
À 5h30, le bus part de notre hôtel de Lutowiska et nous prenons la direction de la frontière ukrainienne à Kroscienko où nous accueillons notre guide Edita qui va nous aider pour les formalités douanières. Heureusement, à cette heure si matinale, il y a peu de véhicules en direction de l’Ukraine. Pour nous, citoyens de la Suisse ou de l’Union Européenne, nous n’avons plus l’habitude de traverser une telle frontière où, parfois les formalités peuvent durer des heures. Nous passons rapidement la douane polonaise puis les procédures sont moins fluides à la douane ukrainienne ; les douaniers prennent leur temps ! Une fois les formalités réglées, nous traversons les bourgades de Kyriv et Sambir ; cette partie de l’Ukraine proche de la frontière avec la Pologne où l’exode rural et le chômage font rage. Nous quittons petit à petit les Carpates et roulons dans les grandes plaines, ces terres riches et fertiles parcourues par le Dniestr, ce fleuve long de 1000 kilomètres qui va se jeter dans la Mer Noire.
Nous prenons la direction de la vieille ville et roulons sur Antonovycha, une artère de plus de 8 kilomètres. Dans les faubourgs de Lviv, des marchands ambulants vendent nourriture, sapins de Noël et autres pacotilles. En effet, ce sont les derniers préparatifs avant les festivités du Noël orthodoxe qui commencent le 6 janvier. Une deuxième guide nous rejoint, elle s’appelle Alexandra, est ukrainienne, habite Lviv, et parle un français parfait. Elle nous emmène pour un tour d’environ deux heures dans la vieille ville de Lviv. Nous commençons avec l’opéra où nous ne pouvons malheureusement pas rentrer, car en période de Noël, il y a jusqu’à trois représentations par jour. Nous déambulons dans les ruelles pavées du centre jusqu’à la place du Marché avec ses magnifiques bâtiments aux teintes pastel de l’époque austro-hongroise. Nous visitons également la plus ancienne église arménienne d’Europe fondée en 1363 avec de magnifiques fresques, dont celles des apôtres et de Saint-Jean Baptiste. Après un petit arrêt dans une chocolaterie et un café pour se réchauffer, nous terminons la visite par la Cathédrale avec une architecture de type gothique.
Après une quarantaine de minutes de libre au Marché de Noël, nous rejoignons notre restaurant puis, en fin d’après-midi, dans une ville de Lviv en pleine effervescence grâce aux fêtes du Noël orthodoxe, nous reprenons notre route en direction de la Pologne et retraversons ces villages ruraux périphériques où les habitants font souvent le choix d’une migration vers l’Union Européenne.
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