Rémi Favre
Polaire et Animaux Marins
2 juin
11 juin 2024
Rémi Favre
Polaire et Animaux Marins
Sophie Tuchscherer
Guide
C’est à Paris que nous faisons la connaissance de notre guide Sophie qui volera avec nous jusqu’à Oslo où nous passerons la nuit avant notre départ tant attendu pour le grand nord demain. A l’arrivée à Olso, nous constatons notre chance avec la météo : il y fait plus beau et plus chaud qu’à Paris ! Nous profitons certains de repos, d’autres de la capitale Norvégienne : la beauté de son fjord et de ses nouveaux quartiers nous offre un beau décor pour une balade en bord de mer. L’opéra et le musée Munch sont de belles découvertes. Nous rentrons dîner et profitons d’une petite collation tous ensemble sous un soleil encore vif avant de regagner nos chambres pour la « nuit » car demain, nous nous lèverons aux aurores, destination : le Svalbard.
Notre réveil matinal n’a pas entravé notre bonne humeur et encore moins notre impatience d’arriver au Svalbard. La route est longue mais à l’arrivée le plaisir est vrai : les 4 ºC de l’air marin vif et frais de la baie nos revigore. Après un temps libre à la capitale Longyearbyen où nous nous restaurons et profitons de quelques boutiques et musées (dont celui de la conquête polaire), nous embarquons enfin.
Nous faisons la connaissance de Rémi, notre chef d’expédition qui nous souhaite la bienvenue et nous présente le bateau. Après l’exercice de sécurité de rigueur, nous larguons enfin les amarres et quittons le port. Nous suivons un petit briefing de sécurité de nos guides avec les instructions de base sur la navigation, la sécurité et les normes strictes de ces terres protégées ainsi que la distribution des combinaisons et du matériel pour ces latitudes extrêmes.
Nous en profitons ensuite pour nous installer dans nos cabines ou déjà photographier ces décors si loin de notre quotidien alors que nous naviguons en nous engageant vers l’un des bras de l’Isfjord pour notre belle aventure. Le dîner est servi alors que les premiers morceaux de glace font leur apparition autour de nous, de plus en plus gros et de plus en plus denses. Cela donne à notre dîner un air d’irréel ; quelle belle entrée en matière! De plus, l’idée de Rémi est maligne : aller jeter un coup d’oeil au bout de ce bras de mer, le long de la banquise de fjord : cette glace protégée, encore rattachée à la terre depuis l’hiver est un terrain de chasse et de repos pour la faune. Nous espérons y croiser des animaux (en plus des nombreux fulmars, eiders, guillemots et autres oiseaux déjà nombreux au rendez-vous ). Et cela paye : alors que nous parcourons la ligne qui sépare l’eau libre de la glace, un morse est repéré sur cette dernière.
Un beau gros jeune qui se repose et se laisse approcher de très près : nous sommes comblés et nos appareils crépitent car malgré l’heure déjà avancée, la nuit ne viendra plus et notre voyage sera aussi placé sous le signe de la lumière. Nous sommes de nombreux amateurs (et professionnels) de la photo alors cette cerise sur la gâteau (surtout au moment du dessert) n’est pas pour nous déplaire, bien au contraire!! Un peu plus tard, un deuxième morse est aperçu et là encore nous pouvons observer de très près les détails de son anatomie : ses défenses, sa peau épaisse et dense et même ses vibrisses, sortes de moustaches ultra sensibles sont perceptibles à l’oeil nu. Quel animal intriguant! Nous le regardons longtemps, fascinés et regroupés sur le pont. Et nous emportons déjà un magnifique souvenir de cette région au charme puissant.
Après une longue navigation toute la nuit cap à l’ouest, nous passons au matin le 80º degré de latitude nord avec un petit sentiment d’aventure inédite. Nous ancrons dans le Sorgfjord, « le fjord des soupirs » pour une marche vers les hauteurs, au point de vue de Crozierpynten. Les plaques de neige où nous nous enfonçons parfois jusqu’à mi-cuisse, la glace, les rochers acérés fracturés par le gel et les collines battues par des vents furieux nous donnent des airs d’aventuriers et nous comprenons mieux l’enfer qu’ont dû endurer baleiniers, scientifiques ou membres d’expéditions d’autrefois dans ces coins reculés.
Nous savourons la vue sous les commentaires de nos guides avant de redescendre sur les névés en « mode luge », un vrai plaisir enfantin ! Après le déjeuner, lors d’un petit temps de navigation vers le Lomfjord, Sophie nous fait une conférence sur l’histoire du Svalbard et celle des baleiniers ; ces hommes qui ont donné à l’archipel une histoire riche et mouvementée dont la présence a laissé de rares sites, tous protégés aujourd’hui. Nous profitons ensuite de la proximité d’une plaque de glace sur laquelle repose un petit groupe de morses pour faire une sortie en zodiac.
Affalés les uns sur les autres, le petit groupe se laisse photographier alors que nous contournons leur esquif gelé, prenant soin de ne pas les déranger mais suffisamment près pour observer les détails de leur cocasse anatomie. Nous faisons un tour dans la baie voisine, dominée par la splendide calotte glaciaire de Valhallafonna avant de retourner au bateau sous un ciel gris nappé de brume. La visibilité est suffisante pour tenter une navigation jusqu’au fond du bras de mer pour scruter la lisière de la glace de fjord. Entre-temps, nous prenons le pot de bienvenue (omis la veille tant les activités furent intenses) et avons l’occasion de saluer officiellement le capitaine et tous les membres d’équipage dont certains que nous ne connaissions pas jusqu’alors.
Nous enchaînons avec un délicieux dîner qui, sitôt terminé, se solde par la montée en passerelle afin de profiter de la vue plongeante sur la banquise de fjord pour une meilleure observation. Tout le monde joue le jeu : nous scrutons aux jumelles ce superbe décor inconnu. La mer gelée et les grandes plaques qui fondent doucement abritent pourtant beaucoup de vie : morses, phoques barbus et nuées d’oiseaux sont au rendez-vous.
Une vraie carte postale ! Plus tard, le long de la rive, un petit renard polaire tenant une proie marche d’un pas alerte et nous devons mettre en place un nouveau vocabulaire nuancé de descriptions précises pour que tous le repèrent. Nous longeons ensuite la côte est du Spitzberg et sommes ébahis par tant de blanc devant les calottes et les glaciers qui se succèdent. La fine brume qui se dépose avant l’heure du coucher termine de donner un aspect onirique à ces décors du grand froid. De beaux rêves s’annoncent…
Aujourd’hui, nous nous réveillons à l’abri de l’île de Whalenberg, pour échapper au vent qui agite le détroit d’Hinlopen, ce grand corridor qui sépare le Spitzberg de la Terre du Nord-Est. Le ciel est encore bouché, mais il n’y a plus de brouillard ; la glace est bien présente et forme de grandes plaques.
Nous commençons la navigation et tout le monde est en passerelle, les jumelles vissées sur les yeux : aujourd’hui, nous scannons tous les recoins à la recherche de la Bête ! Après seulement quelques minutes, nous repérons un renard polaire qui a commencé sa mue : celui-ci prospecte la bande côtière d’un îlot en trottinant. Nous nous dirigeons vers Vaigattbogen, un golfe formé de deux baies avec chacune un front glaciaire et de la banquise de fjord encore solide : le biotope parfait pour notre animal.
C’est vers 10 h 30 que Sophie nous alerte : un ours se déplace sur la banquise compactée contre la rive par la houle et le vent ! Tout le monde est rassemblé à la passerelle pour une première observation, avant de rapidement décider la mise à l’eau des zodiacs. Pendant le temps de grutage, l’animal a déjà parcouru du chemin et longe maintenant la côte à quelques centaines de mètres. Une fois arrivés à son niveau, notre ours vient à notre rencontre en sautant de plaque en plaque et en plongeant parfois dans le brash disloqué : quel bonheur ! Arrivés en lisière de banquise à portée de nos objectifs, nous observons clairement qu’il s’agit d’une jeune femelle.
Celle-ci repart ensuite vers le rivage, remonte sur la banquette côtière après avoir dégusté quelques laminaires et poursuit sa route vers la banquise de fjord de Nordre Vaigattbukta. Nous rentrons alors au bateau : quelle chance incroyable d’avoir pu admirer cette ourse dans son environnement de prédilection !
Nous poursuivons la navigation et retrouvons notre ourse au loin sur l’étendue de banquise et nous sommes impressionnés par le chemin qu’elle a déjà parcouru. Rémi nous donne alors l’exercice de repérer nous-mêmes le sujet pour parfaire notre entraînement.
Arrivés à Søre Vaigattbukta, Rémi repère au loin un deuxième ours sur la banquise ! Celui-ci est très loin et nous tentons de le trouver nous-mêmes pour appliquer notre entraînement. Mais cet ours ne nous facilite pas la tâche car en plus d’être à plus de 3 km, il a décidé de se coucher sur la glace ! Certains abandonnent la quête, mais les plus assidus le repèrent enfin : l’ours s’est remis en marche et nous pouvons mieux le distinguer. Nous quittons néanmoins les lieux car la distance qui nous sépare est bien trop importante.
L’après-midi est consacrée à la navigation pour rejoindre la Terre du Nord-Est. Celle-ci n’est pas aisée car les nuages bas réduisent la visibilité et des bandes de banquise nous imposent quelques détours. C’est l’occasion de trier nos photos et pour certains, de procéder à une pause tactique. Quelques morses au repos en lisière de pack récompensent l’effort des guetteurs en passerelle. Rémi nous anime ensuite une conférence générale sur la géographie de l’Arctique.
En fin d’après-midi, le ciel se découvre un peu et nous distinguons pour la première fois la Terre du Nord-Est, pourtant si proche ces derniers jours ! Nous nous dirigeons vers Torellneset où nous mouillons l’ancre pour la nuit. Après le dîner, nos guides nous emmènent en zodiac slalomer entre les plaques de banquise de pack qui dérivent, portées par de très forts courants : c’est impressionnant ! Après avoir étudié les multiples nuances de bleu, gris, vert et blanc des icebergs échoués sur les hauts-fonds, Sophie nous fait découvrir le silence de l’Arctique.
Sans nos bruits (moteur, frottement des vêtements, paroles), nous entendons le bruissement d’une escadrille de guillemots en vol et le souffle des morses. Un couple de plongeons catmarins nous survole et trois guillemots à miroir se dirigent vers nos embarcations. Ce grand bol d’air après une après-midi de navigation nous fait beaucoup de bien !
Nous levons l’ancre ce matin pour quelques heures de navigation vers la partie sud du détroit de Hinlopen avant le petit déjeuner que nous savourons avec un superbe paysage. Une neige légère tombe sur ce bras de mer encore parsemé de blocs de glace, aussi bien de banquise que d’icebergs dérivants. Soudain, l’imposante grande barrière de glace de Bråsvelbreen se dessine devant nous. Ce mur qui marque la limite de la calotte est d’une longueur impressionnante : plus de 160 km de glace continue ! Nous la contemplons un moment puis mettons les zodiacs à l’eau pour une balade le long du front glaciaire et entre les plaques de glace.
Un silence profond nous enveloppe alors que nous coupons les moteurs. Puis nous louvoyons entre les floes et profitons du ciel qui se dégage, donnant au décor de jolies couleurs pastels. De retour à bord, après le déjeuner, nous rebroussons chemin pour remonter le détroit car non seulement la distance pour contourner serait trop longue mais il est aussi impossible de passer vu la quantité de glace. Le retour est d’ailleurs épique : les plaques, de plus en plus denses, forment un bouchon entre les îles du détroit et le vent et les courants les condensent alors que nous franchissons le point critique de leur concentration. Il faut toute la dextérité de Stig, notre capitaine, pour franchir cet obstacle inhabituel. Nous suivons les manœuvres depuis la passerelle et louons son habileté et sa concentration absolue pour franchir ce passage délicat et sortir des glaces. Alors que nous continuons sur une voie maintenant plus dégagée, Sophie nous présente un thème de circonstance : une conférence sur les glaces. Après ça, nous sommes incollables sur les icebergs, calottes et tous les noms de la banquise, leur formation et particularités.
Nous dînons ensuite avant de nous arrêter devant les superbes falaises de dolérite de Alkefjellet. Ces dernières sont le refuge de dizaines de milliers de guillemots de Brünnich, ces oiseaux maintenant familiers qui nichent sur ces rocs à pic dans la mer. Ils sont si nombreux qu’ils forment des nuées, des milliers de taches dans le ciel clair malgré l’heure tardive. Nous ressortons en zodiac et savourons la splendide lumière, imprimant ces images aussi bien dans nos appareils que sur nos rétines.
Nous terminons la sortie par le glacier d’Odin, un étroit mais haut pan de glace recouvert de neige où … surprise : deux renards polaires gambadent tout en haut sur la poudreuse. Leur pelage encore blanc en début de mue se fond dans le blanc du décor. Magique ! Nous rentrons à bord ravis de cette merveilleuse aventure et enfilons pour certains déjà les pyjamas quand un appel de nos guides nous convoque en passerelle : une mère ours et son petit sont aperçus sur la belle et vaste calotte glaciaire de Valhallfonna. Nous les observons à la jumelle et à la longue-vue avant de suivre le mouvement : malgré la « nuit », les zodiacs sont mis à l’eau et nous tentons de nous rapprocher des ours qui continuent leur route le long de la grève, indifférents et déterminés.
Après leur observation et quelques clichés, le vent et les vagues forcissent. L’heure tardive et la trajectoire des ours qui s’éloignent à nouveau nous poussent à choisir de rentrer. Fourbus mais conquis, c’est avec plaisir que nous retrouvons la chaleur et le confort du bateau qui nous accueille. Nous avons passé aujourd’hui tous les tests d’explorateurs polaires et nous nous sentons comblés et profondément heureux après cette journée placée sous le signe de l’aventure
Ce matin, nous sommes à l’ancre à Kinnvika, dans le fjord de Murchison, devant une ancienne base scientifique érigée pour l’Année géophysique internationale en 1957-58 puis réutilisée pour l’Année polaire internationale en 2007-2008. Nous sommes éblouis dès le réveil par une tempête de ciel bleu ! Enfin ! Après trois jours dans les brumes d’Hinlopen, le soleil est plus qu’apprécié ! Le cadre est magnifique : le désert polaire de roches crème typiques de cette partie de la Terre du Nord-Est, avec en fond, la calotte glaciaire de Vestfonna.
Nous ne pouvons débarquer à Kinnvika car le pack a été comprimé contre la côte par le vent du sud. Il y a encore des étendues de banquise de fjord entre les îles de Murchisonfjord et nous voyons au loin de nombreux phoques sur la glace, ainsi que des traces d’ours bien marquées et prometteuses.
Nous sortons les zodiacs pour explorer les lieux, en commençant par la lisière de banquise pour observer quelques eiders à duvet, puis un phoque barbu dans l’eau et enfin cinq hareldes boréales !
Après un repérage de l’île d’Indre Russøya, nous débarquons pour pouvoir enfin marcher après trois jours de navigation dans les glaces d’Hinlopen : quel bonheur de nous dégourdir les jambes dans un paysage aussi exceptionnel après les aventures de la veille ! Nous montons à un petit point de vue marqué pour la navigation et repérons au loin l’une des deux seules croix orthodoxes érigées par les trappeurs pomors. Depuis ce point haut, nous comprenons mieux l’élévation des plages « fossiles » par le rebond isostatique. Nous nous dirigeons vers les belles traces d’ours vues dans la neige : celui-ci a même descendu un talus en luge ! Nous poursuivons par la visite d’une micro-lagune jonchée de bois flottés mais aussi de quelques plastiques.
De retour à bord, nous restons à l’ancre pour le déjeuner puis reprenons la route plus au nord. Nous devons contourner des hauts-fonds et croisons plus au large : nous en profitons pour nous reposer après nos aventures nocturnes et traiter nos nombreuses photos.
En fin d’après-midi, nous arrivons au sud de l’île de Lagøya jusqu’aux limites de la zone cartographiée sur la carte marine. À peine arrivés sur la zone de mouillage, Sophie repère à 5 km une ourse et son ourson de l’année sur la banquise qui recouvre le fjord de Lady Franklin ! L’ancre est jetée, les zodiacs mis à l’eau et nous filons pour couvrir les 3 km qui nous séparent de la lisière de banquise. Pendant ce temps, la maman et son petit ont déjà parcouru une grande distance et sont environ à 1 km à l’intérieur du fjord. Nous nous déplaçons en parallèle de leur trajectoire et repérons un beau phoque barbu siestant non loin de nous… L’ourse passe au loin derrière, feignant de ne pas s’y intéresser, son petit trottinant derrière elle… puis tourne, s’approche, intime à son ourson de rester en arrière et prend une position de lancement de charge caractéristique… Elle s’élance ! Mais trop tôt : le phoque qui semblait si bien endormi était aux aguets et a plongé sans délai dans son trou de respiration ! C’était une scène incroyable !
Après cette tentative, nos ours semblent s’intéresser à nous et se dirigent droit vers la lisière de glace où nous patientons, silencieux : ils nous offrent alors un spectacle mémorable et émouvant, à quelques mètres seulement de nos embarcations ! Puis, ils reprennent leur prospection côtière vers l’ouest en passant derrière une lagune. Nous contournons une pointe et retrouvons la mère et son jeune de l’autre côté, plus à l’intérieur de la banquise. Après quelques clichés d’au revoir, nous revenons à l’Explorer pour le dîner : quelle observation exceptionnelle !
Après cet intense moment d’émotion, nous faisons demi-tour vers le nord-ouest du Spitzberg pour de nouvelles aventures.
C’est sous un ciel gris et venteux que nous nous réveillons ce matin, l’Explorer à l’ancre dans la baie de l’île de Ytrenorskøya.
Nous commençons la journée avec de l’exercice : une randonnée vers le sommet de l’île où un cairn marque le point de vue de ce site utilisé autrefois par les baleiniers. Nous entrevoyons d’ailleurs les restes d’une tombe, éloignée des 164 autres un peu plus loin sur ce site historique protégé et commençons la belle marche.
La tâche n’est pas des plus simples : la neige épaisse et compacte couvre une bonne partie du début du chemin et nous nous enfonçons régulièrement lors de notre progression. Les mousses et roches sont parfois glissantes, mais la récompense d’arriver au sommet, doublée d’une superbe vue sur la baie et le bateau, efface notre fatigue.
Un vol de bernaches nonnettes et leur cri dans le silence arctique nous surprend, de rares bruants des neiges font leur apparition au même titre que les premières sternes de l’année qui commencent à arriver après leur migration monumentale.
Après la descente, fourbus mais revigorés, nous regagnons le bateau pour le déjeuner. Celui-ci navigue entre des fjords de toute beauté et le paysage, doublé d’un soleil maintenant radieux, est à couper le souffle. Le café à peine terminé, nous reprenons les zodiacs et débarquons sur une belle plage de sable fin qui est elle aussi pleine de vestiges du temps passé : entre des planches de bois et briques brisées se trouvent des restes de fours à graisse du temps des baleiniers.
Nous pensons à tous les pauvres bougres qui, engagés de plus ou moins bon gré lors des campagnes de chasse, terminaient parfois leurs jours ici dans des conditions abominables. Après une course tonique sous les embruns et avoir regagné le bateau, le second capitaine nous mène pour une navigation panoramique devant le sublime glacier de Smeerenburg que nous longeons sur tout son front.
Les couleurs sont magnifiques et la beauté du décor saisissante. Nous continuons ensuite en direction de la baie de la Madeleine où nous sortons pour notre dernière excursion de la journée en vue d’un autre fameux personnage de l’Arctique : le morse.
Un petit groupe se repose en effet au soleil sur une plage de sable et nous faisons une approche silencieuse et respectueuse de ces gros pinnipèdes. Placides et conscients de leur puissance, ils semblent à peine remarquer notre présence et ne s’en inquiètent pas outre mesure, continuant leur sieste bien entamée. Nous les observons et photographions sous plusieurs angles avant de regagner le bateau pour le soir.
Nous dînons sous une lumière toujours vive et échangeons nos émotions du jour autour d’un bon repas, profitant ensuite des conseils de photographes et talents de chacun pour nous offrir une petite projection avec nos meilleurs clichés. Un régal pour les yeux et une vision différente de l’Arctique pour chacun d’entre nous qui nous plonge dans l’émerveillement et la réflexion sur ce monde aussi rude qu’il est fragile.
Ce matin, la mer est calme et, même si le ciel est couvert, la visibilité horizontale est excellente. Nous débarquons pour visiter la Réserve Naturelle d’Ossian Sarsfjellet, au fond de la Baie du Roi. La colonie de mouettes tridactyles a permis l’installation de la toundra sur ces reliefs morainiques d’un ancien socle glaciaire.
Nous sommes déjà accueillis par des rennes du Svalbard, plus petits et trapus que leurs congénères continentaux scandinaves ou canadiens. Nous gravissons les premières pentes pour photographier un individu isolé, puis toute une famille, dont un faon de l’année en train de téter le lait très riche de sa mère : ce jeune a déjà bien grandi depuis sa naissance printanière !
Après quelques pauses, nous gagnons un beau point de vue donnant sur la Baie du Roi : le paysage est magnifique ! À peine arrivés au sommet, un renard est repéré et descend la pente : nous le suivons, mais celui-ci s’est déjà engagé dans la pente en direction de la colonie.
Nous descendons rejoindre la plage où nous revoyons notre goupil dans les pentes escarpées, en train de tenter sa chance sous les nids des mouettes et guillemots.
Après manger, les nuages se sont dissipés et le ciel bleu apparaît enfin. Le soleil illumine les Trois Couronnes (Dana, Svea et Nora), sommets emblématiques du Kongsfjord représentant les trois principaux pays scandinaves : le Danemark, la Suède et la Norvège. Les couleurs se mélangent pour former un tableau magnifique : ciel bleu moucheté de nuages lenticulaires, montagnes aux strates grises et ocres pastel, eaux turquoise et ocres, glaciers et icebergs blancs, gris et bleus.
Nous sortons à nouveau les zodiacs pour visiter la baie formée par les glaciers du Kongsvegen (La Route du Roi) et du Kronebreen (Glacier de la Couronne), dont les fronts étaient encore communs l’an passé, mais aujourd’hui en train de clairement se séparer au pied de la montagne de Garwoodtoppen.
Nous croisons un jeune morse en pause sur un petit iceberg : celui-ci nous offrira un hilarant spectacle de mise à l’eau la moins énergivore du monde en se laissant littéralement glisser dans l’eau, immergeant d’abord seulement sa tête, en attendant que le reste de son corps massif suive très mollement la gravité terrestre.
Nous longeons la barrière de glace de plus en plus découpée, entrons dans le brash, et sommes bientôt accueillis par un phoque barbu nageant entre les glaces flottantes. Plus loin, un beau phoque barbu se repose sur son iceberg plat et n’est absolument pas préoccupé par notre présence : les appareils photos crépitent.
Soudain, un claquement retentit. Nous tournons la tête et assistons à un petit vêlage ou naissance d’un iceberg par la chute d’un morceau de glacier dans l’eau. Un autre morceau tombe, puis c’est toute une colonne glaciaire qui s’effondre avec un grondement de tonnerre dans la baie ! La gerbe d’éclaboussure est impressionnante et de belles ondulations agitent les nombreux bourguignons et growlers (respectivement petits et moyens icebergs) sur le plan d’eau jusqu’à présent si calme.
De retour au bateau, l’ancre est levée et nous naviguons vers le glacier de Blomstrand, vers l’entrée du Kongsfjord. Nous effectuons alors (avec un peu d’appréhension tout de même) notre baptême de bain polaire ! Après tout, nous l’avions réclamé… Une fois la zone de mise à l’eau sécurisée, nous nous immergeons un par un, encordés, avec chacun sa technique… et rejoignons la chaleur accueillante du jacuzzi et du sauna. Réflexion faite, la température des eaux de l’Océan Glacial Arctique est toujours trop chaude !
Nous reprenons des forces au dîner devant le panorama majestueux de la Baie du Roi et des Trois Couronnes.
Nous arrivons en matinée dans la baie de Trygghammna, un site magnifique où le paysage change radicalement d’un côté à l’autre de l’anse : à l’est, c’est la neige et la glace qui dominent, à l’ouest, la toundra dont les tons déjà verts contrastent avec le blanc environnant.
Nous débarquons à Alkhornet pour une belle marche à flanc de montagne et montons sur un petit promontoire à la vue dégagée sur la mer et les pics voisins, observant le vol planant des fulmars ; celui, plus lourd, des oies bernaches, et déjà le très acrobatique labbe parasite qui montre toutes ses aptitudes lors d’une course poursuite aérienne.
Un renard qui furette est repéré, puis un autre très haut dans la montagne avant de disparaître entre les crêtes. Voici un troisième qui apparaît sur la toundra, son pas sautillant, sa queue en panache encore aux couleurs de l’hiver.
Nous poursuivons notre route sur les mousses rebondies entre le « glouglouti » d’un ruisseau et le cri perçant des mouettes, avant de retourner à bord pour naviguer vers l’intérieur de l’Isfjord et déjeuner pendant la navigation.
Nos guides scrutent les côtes et les bords de la banquise de fjord pour optimiser les dernières chances d’observations avant d’organiser notre dernière sortie en zodiac dans le fjord de Eckmanfjord, le long de ses falaises fendues d’impressionnantes colonnes de temps géologiques anciens et d’une petite cascade. Des oies à bec court et une bernache filent en volant alors que nous regagnons le bateau pour un sprint sur les eaux presque transparentes, laissant voir les hauts fonds et des prairies d’algues.
De retour à bord, nos guides nous présentent une conférence sur l’ours blanc alors que nous mettons cap sur Longyearbyen, certains profitant du jacuzzi et du sauna lors de la traversée dans ce splendide décor.
À notre arrivée, nous partageons un pot de départ et trinquons à cette magnifique croisière avant de profiter de notre dernière soirée. Nous assistons à une petite projection des photos de Rémi, notre chef d’expédition, qui nous rappelle tous les bons moments de ce formidable voyage. Nous dînons ensuite dans une ambiance bon enfant. Ce n’est qu’à regret que nous préparons nos valises ; il faut bien anticiper le retour, mais nous nous réjouissons de retrouver nos proches auxquels nous aurons tant à raconter !
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Coucou Yonyon et Mathieu !
J’espère que vous allez bien et que tout se passe bien !
On pense bien à vous, depuis que vous êtes partis le soleil est revenu !
On suit vos aventures de près, on a hâte de la suite !
Yon couvres-toi bien, et Mathieu revient pas avec des photos floues !
La bise au jeune morse 🙂
Pour Pauline Fiesta va très bien. Bon voyage à tous
Hello, j’espère que vous profitez des sublimes paysage.
Message pour Laura B :
Mía va bien, elle est adorable, te fais bcp de bisous et de surprises dans la boîte aux lettres 😀
Coucou les pirates😎
trop contente que vous ayez pu voir autant d’animaux, j’espère sincèrement que le vlog de pro suit son cours et que les photos sont mémorables…
Bises d’Ollie, Good et Uguette !!
Coucou Pauline !
Profite bien de ton voyage ça a l’air super 🙂
Ta petite Izzy va bien et te fait des bisous ! Elle profite du soleil.
Hâte que tu reviennes pour raconter ton voyage 🙂
Des bisous !!
Salut les aventuriers !
J’espère que tout se passe bien !
Vous en prenez pleins les yeux purée quelle chance !
Profitez bien, on vous attend pour l’apéro autour d’un bon petit bbc pour que vous nous racontiez cette aventure !
Gros bisous de votre Lélé