Christian Kempf
Président Fondateur de Grands Espaces
11 août
22 août 2024
Christian Kempf
Président Fondateur de Grands Espaces
Alain Desbrosse
Spitzberg
Jean Robert Couplet
Élodie Marcheteau
Géologie
Raymond Perrin
Arctique
Bernard Manuel
Compétences médicales en milieu isolé
Rémi Suchowierch
Guide naturaliste
Pour débuter cette aventure polaire, c’est à 6h45 à l’hôtel de Keflavik que le rendez-vous est donné.
En effet, si la majeure partie des passagers est arrivée la veille pour passer la nuit à l’hôtel, d’autres ont pu d’ores et déjà explorer une partie de l’Islande en vue de ce départ.
À 7h15 le bus prend la route direction Ísafjörður, d’où nous embarquerons à bord de l’Ocean Nova.
Cette traversée de l’Islande nous permet d’apprécier ses paysages aux reliefs escarpés, commentés par Christian Kempf notre chef d’expédition pour ce voyage, et Remi, l’un de nos guides polaire, qui nous apportent au fil du trajet des information sur l’île et son économie, son histoire et sa géographie.
Durant le trajet, nous longeons les fjords de l’île avec ses plages de sable noir, mais aussi l’intérieur des terres, où nous découvrons de vastes étendues désertiques de champs de lave solidifiée, recouverts de mousse verte. Au milieu de ces paysages contrastés, des moutons islandais parcourent librement les landes et les prairies (mais aussi les routes, où notre bus est tombé nez à nez avec certains d’entre eux à plusieurs reprises), leur laine épaisse de couleur brune ou crème vient ponctuer le relief ardu de l’Islande. Nous pouvons aussi observer le long de notre route les fameux chevaux islandais, réputés pour leur petite taille et très adaptés aux conditions difficiles du climat de l’île et du terrain accidenté. Durant le trajet, nous marquons plusieurs arrêts pour profiter de ces paysages si singuliers, dont un pour observer une groupe de phoques communs.
À 17h, nous rejoignons l’Ocean Nova, notre navire polaire pour les 12 prochains jours, où nous faisons la connaissance du reste de l’équipe à savoir Elodie, Jean-Robert et Alain.
Après une présentation générale du voyage et de l’équipe au salon panoramique, nous savourons un bon repas avant de rejoindre nos cabines pour une bonne nuit de sommeil, cependant quelque peu mouvementée par la houle, après ce long voyage.
Après avoir quitté le port d’Isafjordur en début de soirée, nous vivons au rythme des vagues notre dernière nuit d’obscurité complète avant de profiter, pour le reste de notre séjour, du jour continu, avec une descente de plus en plus prononcée du soleil sur la ligne d’horizon.
Le vent est tombé durant la nuit, et c’est sous un ciel gris avec une visibilité excellente que nous nous réveillons. La couleur monotone du ciel n’enlève rien à l’excitation du spectacle extraordinaire qui s’offre à nous dès les premières heures du matin : à quelques dizaines de milles marins de notre position, les côtes du Groenland se dessinent ! D’abord perçues comme une masse compacte et floue, tel un monochrome de gris sur le ciel uniforme, les détails deviennent progressivement plus nets à mesure que nous nous approchons, poursuivant notre navigation vers le Nord. Les sommets en forme de pics et d’arêtes s’étirent vers le ciel, certains atteignant plus de 3000 mètres d’altitude sur cette côte dite de « Blosseville », en référence à l’explorateur français Jules Alphonse Poret, baron de Blosseville. Cet officier de la marine française partit en 1833 au Groenland en tant que Lieutenant de la « Lilloise » afin de surveiller la pêche et d’explorer les côtes groenlandaises.
Alors que nous longeons cette côte formée par l’accumulation de milliers de mètres de laves basaltiques, Élodie, l’une de nos guides, nous propose une conférence sur le volcanisme du Groenland et de l’Islande. À cette occasion, nous revenons sur cette période clé, dite du Paléogène (-66 à -23 millions d’années avant aujourd’hui), au cours de laquelle le Groenland devint la plus grande île du monde, en raison de l’ouverture des rides de la mer du Labrador, aujourd’hui inactive, et de celle de l’Atlantique Nord, le séparant définitivement de l’Amérique du Nord et de la Scandinavie par la croissance de la ride médio-atlantique. L’activité de cette ride majeure, longue de plus de 16 000 km, associée à la présence d’un point chaud, est à l’origine de la formation de l’Islande, constituée à 99,7% de laves, et de sa croissance continue grâce à une expansion océanique de 2 à 3 centimètres par an, débutée il y a 16 millions d’années.
C’est après cet exposé que notre navire se trouve en vue du plus haut sommet du Groenland, situé dans la chaîne montagneuse basaltique de Watkins. Avec ses 3694 mètres d’altitude, le Gunnbjorn Fjeld domine la zone de son sommet pyramidal recouvert de neige. Raymond Perrin le situe dans cette dentelle de titans de pics et de sommets.
Ce spectacle rocheux est bientôt remplacé par une vision plus proche : celle des premiers icebergs, impressionnants par leurs dimensions, devant lesquelles on ne peut que se sentir tout petit, ainsi que par leurs formes qui suscitent l’imagination. Après un magnifique tabulaire, c’est un donjon à deux tours dont nous croisons la route, nous dominant de ses 50 mètres de hauteur pour 350 mètres de long.
Il est lézardé de stries d’un bleu profond, et depuis la passerelle, Christian Kempf, spécialiste des icebergs, nous commente cette navigation glacée.
Bien d’autres se laisseront contempler au cours de la journée, éclairés par les rayons du soleil qui brillent depuis le début d’après-midi.
C’est dans ce cadre magique qu’Alain Desbrosse, l’un de nos guides, qui enchaîne les voyages Grands Espaces depuis 1999, nous présente l’écologie des différentes espèces de baleines de l’Atlantique Nord et du Pacifique, en particulier celle de la baleine à bosse, cette grande migratrice qui, en cette saison, utilise cette route le long des côtes groenlandaises pour remonter vers les eaux froides et se nourrir en abondance. La baleine franche du Groenland est également abordée, celle-ci restant davantage dans les eaux de l’océan Arctique, mais aujourd’hui rarement observée en raison de sa faible population, qui ne s’est jamais relevée des siècles de chasse intensive dans ces contrées.
En fin de journée, notre chef d’expédition, Christian Kempf, nous présente le Groenland dans le cadre des régions polaires, avec ses grandes régions, dont le Parc national du Nord-Est, existant depuis 1974 et agrandi en 1988, ainsi que notre itinéraire prévisionnel pour la fin de journée et les jours suivants.
Bien qu’elle puisse être un allié puissant, la météo peut également devenir, dans ces contrées, un adversaire qui a toujours le dernier mot. Ainsi, alors que la brume se lève et devient plus épaisse en fin de journée, il nous faut renoncer à un débarquement qui ne nous permettrait pas d’être en sécurité face à la menace bien réelle de l’ours polaire.
Alors que chacun trinque au début de cette belle aventure lors du cocktail de bienvenue du commandant, notre navire change de cap pour continuer sa remontée vers les Alpes de Liverpool, que nous longerons durant la nuit : il en est ainsi de la croisière-expédition, une adaptation aux contraintes imposées par la Nature, ses vents et ses mers.
En début de soirée, l’Ocean Nova dépasse le Kap Brewster et commence sa progression dans l’immense embouchure du Scoresby Sund, le plus grand fjord du monde.
Le Commandant et le chef d’expédition nous gratifient d’une navigation parmi des icebergs géants, dont le plus haut atteint 80 mètres, toujours aux couleurs polaires d’une extraordinaire parhélie, ce phénomène où le soleil semble se démultiplier.
Le ciel est en feu, et les icebergs prennent des teintes orangées irréelles. Bien difficile, devant ce spectacle, de penser à se coucher !
L’Ocean Nova, dans la nuit claire, nous a menés à l’entrée de l’immense fjord du Roi Oscar, dans le détroit de Davy. À bâbord se trouve le fjord de Carlsberg et son glacier, du nom de la célèbre marque de bière danoise qui a sponsorisé bien des expéditions arctiques. En face, l’île de Traill, devant les Alpes de Stauning. Pas de brume, juste un discret voile nuageux, et une température de 8°C.
La première excursion en zodiac tant attendue arrive enfin : nous allons partir ! Petit déjeuner tranquillement avalé, nous sommes prêts pour une sortie à terre prévue dans le fjord de Dromme. Mais aussitôt, le monde polaire nous rappelle que nos plans, nos projets, nos intentions ne sont que de simples calembredaines face à la réalité arctique : c’est Élodie qui découvre une tache claire se déplaçant rapidement là-bas, derrière le long névé sur la plage, juste à la limite du sable noir. Un ours, un vrai, notre premier ours ! Ravissante peluche au loin, qui malheureusement nous empêchera de débarquer. Tant pis, et même tant mieux : nous allons naviguer en zodiac pour l’observer à distance raisonnable.
Les conditions de navigation sont très confortables, avec un petit vent et une mer calme. Mais l’ours disparaît finalement derrière un long talus avant que nous puissions l’observer depuis nos petites embarcations, nous orientant vers l’entrée du fjord de Dromme. Ce nom de « fjord des rêves » était une moquerie envers celui qui l’avait décrit comme bien plus grand qu’il n’est en réalité ! Mais pour nous, il restera le fjord des rêves, car nous y découvrirons tour à tour notre second ours, placide et observateur, perché sur une haute moraine, ainsi que quelques tribus d’eiders et de hareldes de Miquelon, des goélands vaquant sur la plage, un vol d’oies à bec court, et même trois lointains bœufs musqués.
L’Ocean Nova nous avait suivis dans ce fjord, et c’est en retournant déjeuner que nous nous sommes trouvés face à face avec de merveilleux et immenses tombants de roches et éboulis rouges.
Route au nord-ouest, entre l’ancien site minier de Nyhavn, avec ses vieux bâtiments et sa piste d’atterrissage abandonnée, et la hutte et le bateau au mouillage de la patrouille SIRIUS, laquelle nous a rendu visite au moment du café. Une visite sympathique, mais aussi une vérification de notre conformité.
Névés, falaises et éboulis sur tribord, montagnes presque valaisannes sur bâbord.
À 14h30, une session boutique est organisée par Thimoté au salon panoramique avant une présentation sur le bœuf musqué par Élodie.
Vers 16h, nous embarquons pour une croisière en zodiac devant l’île de Traill. Le paysage qui s’offre à nous est saisissant : les formations de basalte s’étendent à perte de vue, marquées par des couches de sédiments aux teintes variées qui révèlent les secrets géologiques de cette terre ancienne. À l’horizon, les montagnes dressent leurs silhouettes imposantes, tandis que quelques sternes arctiques volent gracieusement autour de nous. Nous approchons alors d’un iceberg tabulaire, bleu de froid, émergeant des eaux comme une forteresse glacée. Sur l’un des zodiacs, un moteur capricieux ajoute une touche d’imprévu à cette aventure, mais loin de gâcher l’expérience, cela semble renforcer la bonne humeur et l’excitation parmi les passagers.
Après le dîner, nous avons eu droit à une belle promenade dans un décor merveilleux de roches aux palettes de couleurs variées. Les reflets du soleil sur l’eau calme et turquoise contrastaient magnifiquement avec les couleurs rougeâtres des montagnes environnantes, si singulières au Groenland, créant une ambiance de sérénité absolue. Cette lumière dorée du soir, combinée aux explications in situ par Élodie et Alain sur les roches colorées, les roches peintes et les anciens schistes, a ajouté une dimension éducative à cette excursion onirique.
Après cette dernière sortie, nous rejoignons nos cabines pour passer une bonne nuit de sommeil pendant que l’Ocean Nova nous conduira dans le système de fjord jusqu’à la baie de Foster.
Notre nuit de navigation dans le réseau des fjords s’achève en beauté alors que nous traversons le Sofia Sund pour atteindre le Cap Humboldt, un lieu chargé d’histoire, nommé en l’honneur du célèbre explorateur qui a parcouru les côtes de l’Amérique du Sud. Là, nous débarquons pour explorer un site côtier empreint de mystère et de mémoire.
Notre première découverte est une hutte de trappeur, soigneusement rénovée pour la patrouille Sirius et entretenue par l’ONG Nanok. Elle se dresse fièrement, telle une sentinelle du passé, prête à offrir refuge comme autrefois, lorsqu’elle servait de base pour la chasse au début du 20ème siècle. Les lieux sont restés intacts, presque figés dans le temps. Les vestiges d’une autre époque – des bateaux, des ponts, des structures bâties et même un ancien système de captage d’eau – témoignent de la vie qui animait jadis ce coin reculé du monde. Mais ce qui frappe encore plus, ce sont les traces des habitations thuléennes, une preuve émouvante de la pertinence de ce lieu à travers les âges.
Plus haut, sur une terrasse maritime ancienne, nous découvrons des cercles de tentes et des caches à viande datant de l’époque des Paléo-Esquimaux. Ces découvertes archéologiques nous connectent à un passé lointain, où l’ingéniosité humaine affrontait des conditions extrêmes pour survivre.
Un groupe de randonnée se forme ensuite pour gravir un sommet au sud. Là-haut, le paysage se dévoile dans toute sa splendeur. La vue sur le Sofia Sund est époustouflante, presque irréelle, baignée dans une lumière pure et cristalline. Les formations géologiques de la côte nord dessinent un panorama à couper le souffle, un spectacle grandiose qui récompense les efforts des marcheurs. La beauté brute et silencieuse de cette terre offre un moment d’émerveillement, une communion avec la nature sauvage, indomptée et majestueuse.
Un groupe de randonnée se forme ensuite pour gravir un sommet au sud. Pendant leur ascension, une rencontre inattendue les attend : un bœuf musqué solitaire se tient non loin d’eux, majestueux dans son environnement naturel. Cet animal imposant, capable de supporter les hivers les plus rudes grâce à son pelage dense, semble escalader les pentes escarpées avec une aisance surprenante. Les randonneurs, frappés par la noblesse de cet animal, observent en silence, conscients du privilège d’assister à un tel spectacle. Après cette rencontre, un lièvre arctique fait son apparition, bondissant à travers les rochers. Sa fourrure blanche immaculée contraste avec le sol rocailleux, ajoutant une touche de douceur à ce paysage rigide.
Pendant ce temps, deux zodiacs longent la côte, lorsque l’un des moments les plus saisissants de la journée se déroule : un combat entre deux bœufs musqués. Ces colosses, véritables titans de la toundra, s’affrontent avec une puissance brute. Leur crâne cornu s’entrechoquent avec force. Lorsqu’ils chargent, ces animaux peuvent atteindre des vitesses impressionnantes, allant jusqu’à 60 km/h lors de ces affrontements. Ainsi, quand deux mâles se heurtent de front, une vitesse combinée de 120 km/h est subite à l’impact. Un spectacle époustouflant qui témoigne de la robustesse de ces animaux emblématiques du Grand Nord.
Après un repas et une sieste bien mérités pour clôturer cette matinée forte en émotions, Christian Kempf, notre chef d’expédition, nous informe de la suite du programme : en raison des mauvaises conditions météorologiques que nous traversons, nous mettons le cap vers le nord, en direction de la banquise. Il profite aussi de ce moment pour faire un récapitulatif de nos récentes observations, avec un focus particulier sur les ours polaires.
Rémi, notre guide passionné, nous captive ensuite avec une conférence sur le bœuf musqué, cette créature aussi fascinante que robuste. Enfin, Jean-Robert nous emmène dans l’univers des patrouilles en chiens de traîneau de l’unité Sirius, qui nous avait honoré de sa visite à bord il y a deux jours.
Nous continuons notre route dans une mer légèrement houleuse, enveloppés par la brume passagère qui caractérise aussi les étés dans le Grand Nord. À chaque instant, la nature semble nous murmurer ses secrets, et nous, en silence, devenons ses auditeurs éphémères. Nos guides, quant à eux, seront nos veilleurs, aux aguets durant la nuit, alors que nous atteindrons la banquise, dans l’espoir d’apercevoir le maître des lieux dans son environnement le plus caractéristique.
Des bruits sourds de glace raclant la coque nous avertissent tôt le matin (aux alentours de 5 heures) que nous avons atteint les marges de la banquise disloquée. Partis depuis hier après-midi en direction du nord, nous avons fait bonne route par vent de face en direction de l’île Shannon. De gros amas de vieille banquise pluriannuelle flottent tout autour du bateau, qui garde une bonne allure de marche.
Au fil de la matinée, les floes, ces plaques de banquise, se font plus rares, noyés dans la brume polaire qui nous entoure. Un petit vent aigre et humide de nordet nous plonge dans l’atmosphère des premiers explorateurs de ces contrées, venus sur des bateaux à voile en 1823 sous le commandement de Douglas Clavering, capitaine anglais de la frégate royale Shannon. Une mouette ivoire, espèce mythique de ces contrées blanches, nous double de son vol léger, à la recherche de quelque morue polaire ou d’un reste de carcasse de phoque laissé par un ours.
Plus tard dans la journée, toute l’équipe a passé la matinée en veille à la passerelle et au salon panoramique, avec pour objectif : le seigneur de la banquise. Élodie repère deux « tâches » en boule sur une vaste plaque de banquise bien plane. Au bord du radeau, nous constatons qu’il s’agit d’une mère ourse et de son jeune de deux printemps. Ils se déplacent de quelques centaines de mètres, nous laissant apprécier la souple démarche chaloupée du mangeur de phoques. La femelle se repositionne au bout de quelques centaines de mètres en position d’affût à l’aglou, le trou de respiration du phoque annelé, sa proie de prédilection. Son jeune se tient précautionneusement à une centaine de mètres de sa mère, lové au sommet d’un petit hummock. Elle lui a enseigné depuis deux ans ce comportement qui garantit le plus grand silence pendant les interminables heures d’attente au-dessus du rond d’eau noire d’où sortira peut-être le casse-croûte hebdomadaire nécessaire aux deux affamés. Absolument indifférents à notre présence, les deux ours nous régaleront de leur immobilité. Des restes de carcasse au loin sur la même plaque de banquise nous laissent néanmoins supposer que leur dernier festin n’est pas si lointain que cela…
Profitant des vastes chenaux qui laissent suffisamment d’eau libre pour descendre les zodiacs, nous partons à la découverte de l’univers glacial. Nous sommes dans une zone où les plaques de banquise annuelle dominent, marquées par les piscines bleutées d’eau de fonte qui les parsèment. Le décor est dominé par les innombrables icebergs à la dérive : icebergs tabulaires vêlés par les plateformes du nord du Groenland, gros icebergs tout arrondis, issus de la dérive pluriannuelle des géants de glace qui descendent lentement en direction de Terre-Neuve, où ils deviendront un danger pour le trafic maritime. Un vol de bernaches en route vers les latitudes tempérées nous survole, tandis que quelques labbes à longue queue et labbes pomarins patrouillent ces immensités sous le ciel de plomb de ce bout du monde que nous avons atteint aujourd’hui, par plus de 75° de latitude nord.
À peine remontés à bord, Christian détecte une belle plaque qui permettra un débarquement de tous nos passagers pour cette expérience originale d’une petite marche sur cette eau congelée, la banquise en pleine dérive vers le sud, poussée par le petit vent du nord qui a sévi toute la journée. Les zodiacs viennent accoster au bord de la plaque sur laquelle nous déambulons un long moment, découvrant sa surface rugueuse immaculée, ses piscines bleutées d’eau de fonte, percées du trou hivernal de respiration d’un phoque.
Après ce retour à bord, nous retrouvons le chaud et sec cocon de l’Ocean Nova et continuons à profiter du paysage des glaces sur notre route vers le sud.
Pour conclure cette journée polaire, les sabres à champagne sont de rigueur au salon panoramique, où nous célébrons cette aventure en bulles pétillantes.
Pour débuter cette nouvelle journée, Élodie nous offre une conférence sur la banquise, nous permettant de comprendre en profondeur comment elle se forme et l’incroyable écosystème qu’elle abrite. Après avoir exploré cet univers glacé, c’est au tour de Raymond Perrin de nous plonger dans l’histoire fascinante de l’expédition de la Germania et de la Hansa de 1869-1870, un récit qui nous ramène aux premières explorations polaires.
Après le déjeuner, l’après-midi s’articule autour de plusieurs ateliers. Jean-Robert et Raymond animent un atelier consacré à la cartographie, afin d’apprendre à lire et interpréter ces précieux outils de navigation dans les régions polaires. De son côté, Rémi propose un atelier de photographie, où il partage ses astuces pour capturer la beauté austère des paysages arctiques. Pendant ce temps, Élodie et Thimoté mettent en place la boutique à bord, l’occasion de se procurer quelques souvenirs ou de la lecture pour agrémenter le voyage.
En milieu d’après-midi, nous quittons l’île de Bontekoe avant d’apercevoir l’imposant front du glacier de Waltershausen, étendant ses 13 kilomètres de longueur avec majesté.
Une sortie zodiac est organisée pour profiter pleinement de ce paysage hors du commun et le spectacle est saisissant : des parois striées de teintes bleues et grises, se dressent devant nous. De nombreuses cavernes de glace sont creusées dans ce colosse gelé, leurs ouvertures sombres contrastant avec la clarté des parois environnantes. Le tout semble figé dans le temps, mais nous sommes accueillis par des phoques annelés qui, avec malice, montrent le bout de leur nez avant de replonger rapidement sous l’eau glacée. Leur va-et-vient ajoute une touche ludique à notre excursion, transformant l’observation en un jeu où il faut deviner où ils ressortiront la prochaine fois. Plusieurs individus se prêtent à ce spectacle, tandis que des sternes arctiques planent avec grâce au-dessus de nos zodiacs, ajoutant une touche de vie et de légèreté à cette scène polaire. Alors que nous longeons le glacier, nous avons même la chance d’assister à un vêlage au loin, lorsque des blocs de glace se détachent avec fracas et tombent dans la mer, créant une imposante vagues qui viennent onduler agiter nos embarcations. Ce moment anime le tableau qui se trouvait face à nous, le rendant encore plus spectaculaire.
Après un dîner convivial à bord, une excursion en zodiac est organisée dans le Moskusoksefjord. Nous partons explorer les côtes sauvages à la recherche des célèbres bœufs musqués qui peuplent ces terres. Nous en apercevons quelques-uns, leur silhouette massive se détachant sur l’horizon alors qu’ils broutent paisiblement, indifférents à notre présence.
Vers 22h30, nous regagnons le bateau après cette dernière sortie nocturne. La plupart d’entre nous rejoignent ensuite leurs cabines pour une nuit de repos bien méritée après une journée riche en découvertes. Pendant ce temps, certains prolongent encore un peu cette belle journée en se retrouvant au salon panoramique, savourant un dernier cocktail sous la douce lumière du crépuscule polaire.
Samedi 17 août, notre chef d’expédition nous réveille par une annonce un peu plus matinale qu’à l’accoutumée. Il est 7 h, et Christian témoigne du bonheur qu’il a de nous présenter le fjord dans lequel l’Ocean Nova s’est positionné au petit matin. Nous nous trouvons devant le front de glace du mythique glacier de Nordenskiöld, dans le système de fjords François Joseph.
Quel fantastique spectacle illumine nos yeux en ce réveil : un fjord étroit entouré de sommets rocheux incroyables culminant à plus de 2 000 m d’altitude. La journée débute tambour battant ! Pendant le petit-déjeuner, notre navire se positionne à l’entrée d’un fjord voisin, théâtre de nos opérations du jour.
Notre équipe d’expédition nous propose une sortie à terre au début du fjord Kjerulfs, sur le site connu sous le nom de Paradisdal ou fjord du Paradis. Nous débarquons en début de matinée en bord de plage, où nous découvrons rapidement un condensé de l’histoire de cette région, avec des vestiges de la culture des « gens de Thulé », les ancêtres des Inuits actuels peuplant le Groenland.
Notre guide Alain nous présente les dernières traces des habitations de ce peuple venu vivre sur ces terres arides il y a plus de 1 000 ans. Les fondations des maisons semi-enterrées sont encore parfaitement visibles, ainsi qu’ici et là, quelques caches à viande dont ils se servaient pour stocker le gibier chassé. Alain nous déniche même quelques outils façonnés par ce peuple, dont une pointe de lance et divers autres outils. Un fantastique retour dans le passé qui comble notre imaginaire.
Ensuite, Christian nous propose une visite de la hutte de trappeur à quelques mètres du site ancien. Ce petit abri se trouvait être un relais pour les trappeurs qui venaient relever leurs pièges parfois sur des dizaines de kilomètres et utilisaient cet endroit comme une halte pour la nuit.
Prestations sommaires, mais tout s’y trouve pour être protégé des intempéries : poêle, allumettes et combustibles, ainsi qu’un couchage pouvant accueillir jusqu’à cinq trappeurs.
Un condensé d’histoire de ces pionniers de l’Arctique.
Nous constituons ensuite trois groupes. Christian et Raymond emmènent quelques-uns des passagers en croisière zodiac, tandis que d’autres forment un groupe de promeneurs et un groupe de randonneurs.
Sur ces pentes de toundra, des dizaines de bœufs musqués sont présents à quelques centaines de mètres de notre site de débarquement.
Les différents groupes débutent : les randonneurs gagnent le premier plateau pour une tentative d’approche des bœufs musqués, tandis que les promeneurs s’attardent sur le monde du tout petit. Nos guides nous transmettent de précieuses informations sur les fleurs, roches et autres phénomènes d’érosion glaciaire qui parsèment les paysages montagneux qui nous entourent.
Après une petite heure de déambulation, Christian indique par radio au reste de l’équipe qu’un ours a été repéré à quelques kilomètres. Les groupes de marcheurs retournent à la plage, et nous embarquons tous à bord de nos embarcations.
Tous à bord des zodiacs, une superbe scène se dévoile sous nos yeux : un petit groupe de bœufs musqués au premier plan, et puis, au loin, le seigneur de l’Arctique qui déambule, ne prêtant guère attention aux ruminants préhistoriques. Après ce magnifique spectacle, nous retournons à bord de notre navire pour le déjeuner.
L’après-midi, notre équipe d’expédition nous propose une longue croisière en zodiac pour s’enfoncer à l’intérieur du fjord. Nous devinons rapidement au loin quelques icebergs plus gros que la moyenne. Et quelle ne fut pas notre surprise à l’approche de ceux-ci : nous nous trouvons au cœur d’un cimetière d’icebergs, endroit où les fonds marins remontent, bloquent et rassemblent de véritables cathédrales de glace. Ce ne sont pas quelques-uns, mais des dizaines d’icebergs géants qui se présentent devant nous ! Le spectacle est d’une rare beauté : certains font une quarantaine de mètres de hauteur et plusieurs centaines de mètres de long. Nous naviguons entre ces géants des mers arctiques, avec parfois des approches côtières pour admirer les dizaines de bœufs musqués qui saupoudrent le paysage déjà grandiose.
Nous poursuivons plus loin dans le fjord. Passé cet ensemble de glace, le paysage change nettement. Des plaines alluviales avec des cônes de déjection immenses adoucissent les pentes. Le soleil perce à travers les nuages, c’est à ce moment-là que l’alerte est donnée. Un second ours est repéré sur ces pentes, paisiblement couché au milieu des bœufs musqués, très haut dans la montagne.
Encore une magnifique vision de la force et de la quiétude animale de ces êtres aux confins de l’Arctique. Après trois heures de navigation, nous retournons au navire, émerveillés par tout ce spectacle.
La journée n’est pas terminée pour autant : un barbecue polaire est organisé au pont 5, sur la terrasse, pour une mémorable soirée arctique.
La température douce permet de profiter de la vue. Et quelle vue !
Nous sommes de retour face au glacier de Nordenskiöld, avec en point de mire le mont Petermann, sommet pyramidal enneigé qui domine la masse de glace. Nous venons tout simplement de prendre notre repas face au point culminant du parc national du Nord-Est, et l’un de ses plus beaux glaciers, un souvenir inoubliable.
Nous quittons vers 21 heures cet univers de titans, ces sommets qui se déroulent adans la châine du point culminant du Parc national, pour redescendre le fjord de l’Empreur François Joseph et découvrir encore des ours : une femelle et son jeune, et un autre individu, portrant le nombre d’ours vus au gré de ce voyages exceptionnel à 9.
La fin de soirée est réservée à une navigation scénique jusqu’à Attestupan, la plus haute falaise côtière du monde avec 1 800 m de précipice. Point d’orgue de cette fantastique journée polaire où tous les superlatifs furent employés.
Depuis Attestupan, la falaise côtière la plus haute du monde avec ses 1 800 mètres d’abrupt dominant la mer, l’Ocean Nova a navigué dans le fjord François Joseph toute la nuit pour s’engouffrer dans l’une de ses branches nord-ouest : l’Isfjord. C’est en son cœur que nous nous réveillons ce matin, sous un soleil timide mais dont chacun apprécie la présence et la douce chaleur, après plusieurs jours de ciel gris. Ses rayons subliment le paysage époustouflant qui nous entoure, avec ses sommets saupoudrés de neige fraîche, marquant leur haute altitude de 1 700 à 2 000 mètres. Parmi ces géants de pierre qui nous dominent de toute leur hauteur, héritage d’une histoire géologique de plus d’un milliard d’années, se distingue le Petit Cervin avec son pic ressemblant à une dent, pointe atteignant 1 740 mètres au-dessus du magnifique glacier de Jaette. Sur la rive opposée, ce sont les monts Lacroix avec des sommets dépassant les 2 000 mètres qui s’étirent vers le ciel, gardiens paisibles de ces contrées isolées.
C’est dans ce cadre époustouflant que nous débutons notre première activité de la journée : une activité doublement réjouissante car ce ne sont pas un mais deux fronts glaciaires que nous nous apprêtons à découvrir : celui de la Jaette tout d’abord, avec ses quelque 2,5 kilomètres de large, puis celui de De Geer, légèrement plus étendu. Comme à chaque approche de glacier, nos repères sont déstabilisés : sommes-nous à 500 mètres ou à 50 ? Les sens nous jouent des tours devant ce spectacle de glaces aux palettes de blancs qui ponctuent la surface hérissée du glacier, agrémentée ici et là de poussières sombres provenant des moraines. Tel une mâchoire acérée, le front de glace est découpé d’une multitude de dents pointues, parfois zébrées de longues veines bleues, fruit du gel d’eau de fonte piégée dans des fractures. Des grottes pouvant atteindre 8 à 10 mètres de hauteur, façonnées par des rivières sous-glaciaires, offrent une vue de l’intérieur du glacier, parfois ornementé de délicates strates de glace témoignant de la croissance passée de cette masse d’eau gelée. Comment ne pas être ému en pensant qu’en effet, devant nos yeux, ce sont des milliers d’années d’histoire de la calotte du Groenland qui s’écoulent jusqu’à nous à travers ces deux langues glaciaires de plusieurs dizaines de kilomètres ? Un spectacle intemporel, devant lequel il est facile de rester des heures à contempler en silence la beauté brute de la nature.
Après ces moments incroyables passés au plus près des glaces, le navire nous emmène dans une vallée adjacente, le Rendal, nommé ainsi par l’explorateur Nathorst qui, en 1899, y vit 12 rennes, quelques décennies avant leur disparition définitive de la région vers 1930. Depuis ce front de delta dont les sédiments blanchâtres se dispersent en front de mer, les terrasses se succèdent, recouvertes d’une toundra dense, lieu de vie de nombreux bœufs musqués. Près de la plage de galets de granite et de gneiss roulés, une cabane de trappeur est l’occasion de revenir sur cette période de forte présence humaine sur ces côtes du nord-est du Groenland, lorsque fourrures, peaux et ivoires étaient prisées dans les sociétés européennes des années 30. Aujourd’hui, alors que la trappe et la chasse « industrielle » n’ont plus cours sur ces côtes, la plupart des anciennes huttes de trappeurs peuvent être visitées comme témoignage d’un passé faisant partie intégrante de l’histoire du Groenland, tandis que certaines d’entre elles sont encore entretenues et utilisées par la patrouille Sirius, garante de la protection du parc national sous l’autorité danoise. C’est depuis ce lieu que notre groupe évolue à la découverte de la vallée glaciaire et de ses trésors, à travers l’observation d’une dizaine de bœufs musqués qui nous regardent d’un œil pacifique, les bouvillons de l’année courant innocemment et se réfugiant parfois dans les longs jarrets de leur mère. Certains pourront observer une nuée d’une bonne centaine de sizerins blanchâtres, tournoyant et se posant devant nous, pour notre plus grand plaisir d’observateurs naturalistes. Bien qu’en partie défleurie, la toundra nous réjouit avec ses taches rouges de myrtilles, ses céraistes blanches, ou encore ses épilobes arctiques. Les roches sont joliment ornées de lichen de type Xanthoria elegans, portant bien son nom tant sa couleur orangée habille magnifiquement le monde minéral dans lequel nous évoluons.
Une ascension de quelques terrasses nous amène à un point de vue sensationnel sur le fjord : de là, c’est maintenant à nous de nous sentir géants, alors que l’Ocean Nova a la taille d’un jouet, et les zodiacs qui nous attendent dans la baie celle de fourmis ! Après cette merveilleuse promenade riche en observations, notre navire reprend sa navigation dans le fjord François-Joseph, le plus grand fjord du parc national du nord-est, avec ses 210 kilomètres de long. C’est en soirée que défilent devant nos yeux les formations colorées d’Antarctic Sund, signature minérale d’une période où les continents étaient rassemblés en une terre unique, un supercontinent nommé Rodinia, la « Terre Mère » en russe. Ces roches sédimentaires marquent une époque où le Groenland se situait au sud de l’équateur, sous un climat chaud et humide bien différent de l’actuel, menant au dépôt abondant de carbonates et d’oxydes de fer, à l’origine de cette palette extraordinaire de couleurs qui alternent dans un dégradé fabuleux, hors du commun. Nous avons la chance d’être là pour contempler la magnificence de la nature dans toutes ses formes !
Après une lecture passionnante de l’un de nos guides sur l’histoire des trappeurs, à travers les écrits de Jon Riel dans ses Racontars arctiques, chacun trouve le chemin de sa cabine, fatigué mais heureux de cette journée typique de croisière expédition, encore bien remplie, mais surtout d’une richesse incroyable.
Chacun est aux aguets dès l’aube, prêt à entendre, avec toute la clarté d’esprit nécessaire, le fameux « Mesdames, Messieurs, bonjour, il est sept heures trente et nous sommes aujourd’hui… », ce mantra de notre réveil, véritable pierre de touche de notre journée.
Et ce matin, les nouvelles sont excellentes : une météo clémente, aucun autre navire à l’horizon. Nous savons depuis hier soir qu’une croisière en zodiac est prévue. C’est donc avec enthousiasme que nous attendons devant la coupée, après avoir pris notre petit déjeuner, enfilé nos tenues de mer, préparé nos appareils photo, et signé la déclaration de sortie du navire.
L’Alpefjord !
Que peut-on encore attendre de l’Alpefjord après les merveilles des jours précédents, les découvertes ornithologiques de la randonnée d’hier, et l’incroyable spectacle des roches peintes ?
L’Ocean Nova, stationné à l’entrée du dit Alpefjord, dans l’Iskapetfjord, nous a permis d’embarquer vers 9h15 pour nous diriger tranquillement vers un glacier semblant barrer le fjord. Cependant, il ne fallut pas longtemps pour s’apercevoir que ce glacier, qui envahissait le bras de mer, laissait tout de même un passage libre devant son front tourmenté, nous permettant de nous enfoncer plus loin au cœur des Alpes de Stauning. La beauté des deux glaciers convergents, mélangeant leurs moraines latérales en un flot rocheux, gravillonneux et sableux formant une moraine centrale, était saisissante. La vie de ce glacier, entouré de ses frères moribonds ou disparus, se lisait dans les profondes entailles en U entre les pics enneigés qui atteignent 2500, voire presque 3000 mètres.
Quelle leçon de géologie que ces roches granitiques vieilles de 900 000 ans, témoins de la formation de la chaîne calédonienne, que l’on retrouve de la Belgique à l’Écosse, du Groenland aux Appalaches.
Au pied de ce glacier, bien sûr, quelques glaçons épars, et sur ces glaçons, surprise, quelques phoques, qu’ils soient barbus ou annelés, mais tous cabotins et photogéniques.
Partagés entre l’observation des oiseaux et des paysages, entre les sciences de la vie et celles de la terre, c’est le goût de l’aventure qui nous a poussés plus loin, dans un Alpefjord de plus en plus étroit, sinueux, encadré de dépôts morainiques gigantesques, allant des sables aux roches véritablement erratiques, jusqu’à ce que nous soyons raisonnablement contraints de stopper devant un nouveau glacier qui bloquait notre route.
Le retour de cette longue expédition s’est fait à toute allure, tempérée cependant par le vol nonchalant d’un goéland qui nous a longuement survolés, tandis qu’un petit groupe de plongeons croisait notre route un peu plus haut.
Puis ce fut le déjeuner, bien mérité, pendant que Christian nous préparait un après-midi studieux avec des conférences sur la naissance, la vie et la mort des icebergs, puis sur l’ours dans tous ses états : zoologie, éthologie, représentation sociale et aspects économiques, historiques et actuels, place dans la chaîne trophique et impacts des pollutions et des changements climatiques.
Il fallait d’ailleurs cette aisance oratoire pour expliquer ensuite le programme concis mais chargé de la journée de demain, et même les premiers éléments de la complexe journée d’après-demain, lorsque nous quitterons notre croisière à Constable Point.
Entre-temps, comme une pause, une diversion, nos guides ont mis en place plusieurs ateliers thématiques sur le catalogue de la saison prochaine chez Grands Espaces, suscitant un vif intérêt.
Il sera bien temps plus tard de penser au retour. Ce soir, blue moon et espoir de baleines…
En mer, nous faisons route vers Ittoqqortoormiit. Les conditions sont parfaites, la mer est calme, et l’air vif. Au large des côtes de la Terre de Liverpool, nous avons la chance d’observer d’immenses nuées de Mergules nains, ces petits oiseaux marins typiques des régions arctiques, qui virevoltent au-dessus des flots, créant un spectacle fascinant.
En vue de notre prochaine étape, la visite du village d’Ittoqqortoormiit, notre guide Rémi, un musher émérite, nous propose une conférence captivante sur les Qimmiqs, les chiens de traîneaux groenlandais que nous rencontrerons bientôt.
Ensuite, notre Chef d’Expédition prend la parole pour nous préparer à l’arrivée au village. Il nous explique l’implantation d’Ittoqqortoormiit. Le plan de la visite est détaillé, les points d’intérêt expliqués, et surtout, les comportements respectueux à adopter. L’importance du respect des traditions et des habitants est soulignée, nous rappelant que nous sommes invités dans un lieu où les modes de vie ancestraux se mêlent à la modernité.
Cet après-midi, nous débarquons pour découvrir ce lieu où l’on ressent immédiatement la rudesse et la beauté de l’Arctique. Nous sommes invités par les guides à déambuler dans le village, en passant l’église, un lieu simple mais chargé d’histoire, ou encore à l’office de tourisme où nous avons l’occasion d’admirer des vêtements traditionnels en peau de phoque et d’ours. Un villageois nous offre une dégustation de viande de bœuf musqué.
Un autre habitant nous invite à assister au nourrissage de sa meute de chiens de traîneaux. Par ailleurs, nous avons l’occasion d’être accompagnés de chiots se promenant en liberté dans le village, peu farouches, ils demandent l’attention des visiteurs du jour.
Nous poursuivons notre visite en découvrant quelques peaux d’ours, étendues au vent et fruits de chasses récentes, ainsi que les monuments érigés en l’honneur du commandant Charcot et de l’explorateur Ejnar Mikkelsen, deux figures emblématiques de l’histoire locale. Chaque recoin du village semble imprégné d’un passé riche en exploits et en survie, où la nature impose ses lois.
Après cette immersion dans la vie du village, nous regagnons le bord du navire pour les récapitulatifs de fin de croisière.
Un cocktail est offert par le commandant, l’occasion de partager nos impressions et nos souvenirs. À travers les vitres du salon panoramique, nous apercevons le petit aéroport de Constable Point d’où nous décollerons demain.
Nous rejoignons ensuite le restaurant pour le dernier dîner à bord, où nous célébrons un anniversaire et faisons honneur à toute l’équipe hôtelière de l’Ocean Nova et à Yamila, qui mentionne chaque membre sous nos applaudissements. Un Ban Bourguignon est lancé en l’honneur de l’équipe de Grands Espaces, dont l’agence est présente à Beaune.
Après cette belle journée, certains se retrouvent au bar du salon panoramique pour un dernier verre, afin de trinquer à la fin de cette belle croisière, tandis que d’autres regagnent leur cabine en vue du réveil matinal, pour le départ du lendemain.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Bon voyage à tous,
une bise à Marie Françoise et Serge