Sophie Tuchscherer
Guide
20 janvier
28 janvier 2022
Sophie Tuchscherer
Guide
Après tant de doutes quant à notre départ vue la situation actuelle et l’incertitude générale, nous sommes franchement soulagés de voir enfin notre départ confirmé. Le grand Nord nous ouvrira enfin ses portes. Notre départ très matinal nous mène à Roissy où le vol pour Oslo, à l’heure, se fait sans encombres. Nous faisons connaissance avec notre guide Sophie qui nous aide aux formalités d’embarquement ainsi que d’autres passagers et Laura, stagiaire pour cette croisière. Nous voilà dans le premier avion, bientôt suivi du 2e et dernier avant notre destination, recouverte d’un manteau blanc. Le vent du nord souffle lui aussi à la sortie, nous accueillant dans un froid moins vif que nous l’aurions cru. Vite nous faisons route vers le Grand Large où l’équipage souriant nous accueille et nous assigne nos cabines. Le confort douillet du bateau nous enveloppe tel un cocon de lumière et de chaleur, contrastant avec l’obscurité du dehors.
Nous procédons directement à l’exercice de sécurité mené par Zibi notre second et à la présentation du bateau et du service par Per notre chef hôtellerie. Nous faisons connaissance avec les autres passagers, ravis d’être à bon port eux aussi. Un succulent repas consistant nous est servi, plus que bienvenu après les heures de vol et d’attente. Notre guide s’apprête à faire une petite ronde de veille “aurores boréales” mais est déjà devancée par un passager, Vincent, qui avide et curieux de découvrir le ciel, a repéré une trainée verte qui se révèle être notre première aurore. Bien que timide, elle s’étend de plus en plus et nous émerveille complètement! Quelle belle surprise de bienvenue! Nous la contemplons avant que le froid et la fatigue n’aient raison de nous et allons nous coucher bien au chaud, déjà plein de belles images en tête.
Après une nuit de sommeil, bercés par une houle parfois taquine, nous prenons un petit déjeuner à une heure raisonnable, avantage d’être en petit comité sur ce navire, comme à la maison. Nous retrouvons une table abondante et bien garnie, arme indispensable pour attaquer une journée dans le froid nordique. Et ça tombe bien puisque nous avons mis cap au nord, dans la baie de Skjærvøy où nous espérons la présence de cétacés, dont les orques, convoitées au menu des photographes. Mais la météo maussade ne semble pas jouer en notre faveur même si elle nous offre de gros flocons dignes d’un Noël d’enfance.
Qu’à cela ne tienne, le commandant Lexter au pilotage et notre guide aux jumelles poursuivent les recherches. L’intuition du capitaine paye : plusieurs groupes d’oiseaux talonnés par les bateaux de pêches nous font soupçonner la présence de cétacés et l’excitation est à son comble lorsque Sophie repère les premiers ailerons: les fameuses orques sont de la partie! Un petit groupe d’une demi-douzaine d’individus nous font grâce de leur présence. Rassemblement général sur le pont, nous oublions le froid devant la magie de l’instant. Laura repère un aigle pygargue à queue blanche, planant majestueusement au dessus de nous. Coup du hasard ou clémence divine; la neige cesse et une éclaircie illumine la scène, juste le temps de l’observation, avant de s’assombrir à nouveau.
Nous réalisons notre chance et partons heureux pour le déjeuner où un menu typiquement nordique de poissons nous est servi. Nous continuons d’observer les flots mais la faune s’est éloignée pour aujourd’hui et l’obscurité tombe. Nous profitons de ce moment pour assister dans le salon confortable à la présentation de la Norvège donnée par Sophie. Nous en apprenons plus sur ce pays plein de contrastes. Après un temps libre, une autre aurore est observée, celle-ci plus belle et étendue encore que sa petite soeur de la veille: la vitesse à laquelle elle se déplace et son étendue nous subjuguent. Nous la contemplons longtemps avant le récap’ de notre guide qui passe en revue les observations de la journée et nous présente l’itinéraire (concocté avec les recommandations du capitaine) prévu pour les jours à venir: plutôt que de voguer vers le sud où nous risquons une houle et des vents forts, nous resterons dans le secteur, dans le fjord de Kvænangen où nous passerons la nuit à l’abri et continuerons, nous l’espérons, des observations le lendemain. Nous dinons dans une bonne ambiance et poursuivons la conversation avec notre petit groupe enchanté et enchanteur.
Après une bonne nuit de sommeil, nous attaquons la journée sous un ciel plus clair que la veille et poursuivons dans la baie de Kvænangen, plus au nord, pour tenter de voir à nouveau des animaux marins. Entre temps, nous recevons les instructions de sécurité pour le zodiac et le réglage des gilets afin d’être parés en cas d’observation. Et cela paye: notre attente est de courte durée : Sophie repère deux ailerons d’orques au loin, vite suivis par des souffles de baleines !
Notre commandant se dirige immédiatement vers eux pour une meilleure appréciation et les conditions optimums de la mer et du vent nous permettent de mettre les zodiacs à l’eau.
Après un moment d’hésitation où la mer est silencieuse et les cétacés s’y cachent, nous voyons à nouveau apparaitre les ailerons. Nous profitons alors d’un des plus beaux spectacles qui nous soient donnés de voir : les orques surgissent en groupes de plusieurs dizaines d’individus, dont des jeunes et des tout petits, des bébés même, qui nous attendrissent en suivant la troupe sous l’oeil averti des mamans. Au fil de l’observation, d’autres orques se joignent à eux et le spectacle est complet: ils sont une cinquantaine au total selon nos évaluation !! Nous n’en croyons pas nos yeux et ne sommes pourtant pas au bout de nos surprises: les baleines, jusque’à présent invisibles, reviennent soudain pour notre plus grand bonheur.
Ce sont trois baleines à bosses qui nagent gracieusement dans les eaux sombres. Nous distinguons clairement les marques de leur queue, empreinte identitaire propre à chaque individu. Nous les approchons en maintenant une limite de respect et de bon sens. Elles fendent les flots et restent proche du zodiac; nous réalisons la chance que nous avons de les avoir pour nous tous seuls, unique bateau de la baie, seuls spectateurs de cette chorégraphie de la nature. Un choix cornélien (dans le bons sens du terme) s’offre même à nous: poursuivre à une centaine de mètres vers les baleines ou de l’autre côté vers l’imposant groupe d’orques ? L’ironie d’une telle situation montre à quel point nous sommes privilégiés. Devons nous en arriver à tirer à pile ou face? Nous retournerons vers les orques plus tard mais optons pour les baleines dont les apparitions plus fugaces nous offrent un ballet synchronisé plein de poésie et de majesté. Même notre guide Sophie nous avoue que c’est une observation exceptionnelle!
Pour couronner le tout, un aigle de mer s’invite, ses rémiges se détachant comme des ombres chinoises dans la lumière blafarde. Et ce n’est qu’après plus d’une bonne heure au milieu de ces colosses que nous sommes rejoints par un bateau de safari d’observation, venu lui aussi profiter du spectacle. Au bout d’une autre longue demi-heure, il faut bien se résoudre à rentrer. Un repas s’impose, nous reprenons des forces, gardant un oeil sur les cétacés par les fenêtres de la salle à manger en faisant route vers Reinsfjord.
Nous profitons des dernières lueurs pour mettre pied à terre et nous dégourdir les jambes pour une petit promenade dans d’épaisses couches de poudreuse. Là encore, la sensation d’être seuls au monde nous saisit. Plus tard, une conférence de notre guide sur les baleines à bosse et les orques s’imposent : notre curiosité sur ces géants des mers est assouvie. Peu avant le point récap’, la présentation de l’équipage nous permet de faire la connaissance de ceux sans qui nous n’irions pas bien loin. Nous partageons une coupe et quelques rires pour un agréable moment avant le repas du soir (avec une mention spéciale pour la sauce au romarin de la souris d’agneau du chef Norman). Après une rapide inspection du ciel (cette fois-ci couvert- on ne peut pas tout avoir !), nous échangerons autour d’un thé au salon et nous couchons, le ventre et la tête bien remplis.
Au matin de cette journée grise, le vent souffle tout autant (si ce n’est plus) que la veille malgré notre position abritée au fond du fjord. Et ce, à une telle puissance qu’une aussière n’a pas résisté et s’est déchirée, le capitaine devant faire face à cette situation en pleine nuit et déplacer le bateau par sécurité pour nous protéger un peu plus loin; une tâche bien difficile à ces horaires et dans ces rudes conditions. Nous quittons donc le fjord au matin avec une houle soutenue, scrutant l’horizon pour peut-être une rencontre à aileron ou à nageoire.
Et là, sous nos yeux ébahis, à quelques dizaines de mètres du bateau à peine nage un groupe d’une dizaine d’orques ! Rien ne nous a préparé à la magie incroyable que nous allons vivre : ces animaux, que nous savons joueurs, sont très interactifs et affairés. Non seulement ils s’approchent mais reviennent plusieurs fois à quelques mètres du Grand Large, de nombreux petits tout aussi curieux que les adultes. Leur comportement, légèrement inhabituel, nous intrigue : il semble que les petits aient aujourd’hui école !
Nous nous rendons compte qu’il s’agit d’une sorte d’entraînement et de pratique : près de chaque adulte immobile et semi émergé, les jeunes (parfois tout petits) répètent le même mouvement de nombreuses fois; sortent le dos, respirent et replongent en un petit arc de cercle sous l’oeil des adultes, attentifs et patients. Ils sortent aussi régulièrement la tête et font de petits bonds montrant leur gorge après un « spy-hopping » étudié. Le groupe vient même semble-t-il nous saluer, nageant en plusieurs aller retour tout contre la coque du bateau presque immobile. L’observation homme-animal est mutuelle et deux individus plongent même en se retournant, montrant leur flancs et leur ventre, contraste saisissant de taches blanches sous la surface. Nous ne pouvons que nous incliner face à leur intelligence et leur force et les regardons disparaitre sous la coque avant de reprendre la route.
Nous voguons jusqu’à Uløya où le petit village de Havnnes sera notre halte, toujours à bonne distance des vagues et du vent du large, trouvant dans ce hameau aux quais recouverts de glace un écrin de nostalgie qui nous rappelle les images d’antan: l’échoppe d’autrefois, transformée en petit musée expose différents objets de la pêche ou de la vie quotidienne typiquement norvégiens, depuis des tableaux des rudes paysages environnants, maquettes de bateaux faites par les locaux, caisse massive aux miles boutons de la boutique, boîtes aux publicités pour du tabac à chiquer, en passant par des bouées de marins ou moufles de laines, sculptures et chapeau de feutre, tout nous fait voyager dans le temps. Nous nous attendons à chaque instant à voir entrer un marin de “pêcheurs d’Islande” en vareuse dans ce lieu insolite. L’impression est encore plus forte avec l’exposition photo de Anne Giæver qui fut sans doute l’une des premières à photographier la vie de ce hameau du grand nord vers 1900. Les images, pleine de poésie et de vérité rappellent à certain un goût d’enfance et d’autrefois.
De retour à bord, nous profitons d’une boisson chaude avant d’assister à la visite de la salle des machines avec Tiger, le matelot aux machines, enthousiaste et communicatif.
Le récap se passe dans la bonne humeur et nous visionnons les vidéos et photos de cette merveilleuse journée avant de passer à table où là encore nous attend un bon repas. La soirée se passera à échanger sur la vie de nos ancêtres et partager de belles histoires autour d’un dernier thé avant de retrouver la douceur de nos couettes.
Ce matin commence dans le village de Havnnes que nous quittons, petite bourgade isolée, chargée d’histoire qui nous a accueilli pour une nuit calme et reposante. Le cadre est posé pour cette journée particulière: le bateau largue les amarres et longe les alpes de Lyngen vers les Lofoten pour une journée et une nuit de traversée. Nous quittons le port sur une mer étale mais savons que certains passages seront un peu plus mouvementés ; nous avons tout de même de quoi nous occuper malgré le roulis et la neige qui brouille le décor de ces paysages scéniques.
Tout d’abord nous suivons un petit cours de Norvégien par notre guide et parlons déjà quelques mots de la langue. Pas simple mais notre entrain et notre concentration sans faille montrent l’emprise que ce pays a déjà sur nous et nous voyons l’ouverture d’esprit des Norvégiens sur la diversité : la pluralité dans les mots, les accents et les dialectes jusqu’à la création d’une nouvelle langue : le néo-norvégien. Ce tourbillon nous étourdi mais nous en redemandons, mémorisant même des phrases entières, en bons élèves.
Un peu plus tard, nous continuons sur le même thème avec une conférence sur la littérature norvégienne (ou française traitant du grand Nord). Un grand choix de livres nous est recommandé: des grands classiques aux récits de voyages en passant par des contes. Nous échangeons, débattons, partageons, allant même jusqu’à philosopher. La réflexion nous creuse l’estomac et nous enchaînons avec le repas comprenant certains mets de la nourriture norvégienne comme le hareng (dont on énumère les vertus), les crevettes ou le “brunost”, cet étrange fromage typique. Les fruits sont de la partie à tous les repas.
Après le café, nous prenons l’air sur le pont pour nous accorder avec l’atmosphère ambiante et nous imprégner de la nature environnante aussi rude que fragile : les montagnes acérées aux sommets enneigés, les quelques villages éparses d’une poignée d’âmes seulement, le ciel gris et bas sont notre décor. Puis nous voilà à observer Tromsø avec un premier repérage de certains sites en prévision de notre future visite : d’une part le téléphérique dans les hauteurs et à ses pieds la cathédrale arctique à l’architecture originale, de l’autre les tremplins de saut à ski, le port avec ses nombreux bateaux à quai dont plus loin le Polstjerna, le phoquier du musée Polaria que nous visiterons à notre retour. Sur les flots se prélassent des eiders, hareldes et dans le ciel volent des choucas et même un pygargue à queue blanche.
Une visite de la passerelle est organisée ensuite avec les explications de Zibi, le second. C’est une chance incroyable pour nous d’accéder à ces endroits normalement fermés et de mieux comprendre le fonctionnement du poste de pilotage et de ses machines insolites. Nous enchaînons avec une conférence sur la Norvège pendant la deuxième Guerre Mondiale comme nous naviguons près des fjords qui furent le théâtre de ces événements tragiques et marquants et sommes captivés par cette présentation participative. Pour égayer à nouveau l’ambiance ensuite, Sophie nous enseigne un jeu de société viking, le Hnefatafl, et nous nous affrontons à tour de rôle pour des matchs serrés.
Vient ensuite l’heure du dîner, préparé avec toujours autant de soins et de talent par notre chef Norman suivi d’une tisane dans une ambiance chaleureuse au salon. Mais un couloir de vent se lève et une houle mauvaise a finalement raison de nous et nous sommes plusieurs à rejoindre nos cabines pour un épisode mouvementé et agité que nous tentons de troquer contre une nuit de sommeil.
C’est dans un sublime paysage monochrome, celui du Trollfjord que le Sjøveien se réveille, petit-déjeunant encore dans les toutes premières lueurs. Nous sommes ébahis par la beauté du site : les pans de montagnes noires tranchent avec le blanc de la neige et les falaises à pic se resserrent comme un étau autour du fjord encaissé. À nouveau seuls au monde, nous décidons de profiter du paysage grandiose et de la proximité des montagnes pour mettre le zodiac à l’eau. Quel vertige! La neige tombe en cascades inversées, soufflées par le vent puissant en un tourbillons rageur. Nous poursuivons jusqu’à l’entrée du fjord mais le grain s’épaissit et les flocons se transforment en grêle…il est temps de rentrer au bateau. Nous remontons dans l’air vif avec le sentiment d’être des explorateurs épris de liberté et mettons le cap sur Henningsvær.
En route, nous en profitons pour déjeuner léger; les vagues s’agitant et remuant notre navire pourtant bien solide. Notre arrivée à Henningsvær est la bienvenue et mettre pied à terre nous procure un sentiment de satisfaction et de bien-être. Nous faisons le tour du village en passant par le point de vue depuis les séchoirs à morue et le terrain de foot et la rue principale bordant les quais. En route, notre guide nous explique le fonctionnement des séchoirs, technique inchangée depuis des siècles, et de l’importance de la pêche à la morue dans la société des Lofoten et de tout le pays. Ce mignon village aux lumières chaleureuses est une belle halte avant de continuer.
En attendant, une petite conférence sur les mythes, contes et légendes norvégiens nous est donnée par Sophie qui nous y présente les trolls, hyldre, peuple caché, elfes et autres mystérieux représentant du folklore local. Notre âme d’enfant ressurgit à l’évocation de ces êtres étranges.
Svolvær est notre prochaine escale. Nous y découvrons une véritable ville! Contrastant avec les rares minuscules bourgades visitées jusqu’alors, Svolvær fait figure de gros bourg : sa place principale, ses boutiques, son port, son église et ses quais s’offrent à nos yeux et sens, habitués depuis le début du voyage au silence et à la solitude boréale. Qu’à cela ne tienne; nous nous y plongeons totalement et prolongeons même l’expérience en allant au ice-bar. Ce bar, unique en son genre, est fait intégralement de glace : des dizaines de sculptures taillées dans pas moins de 250 tonnes de glace retracent la mythologie nordique et les personnages de contes et légendes, en accord parfait avec le thème étudié. Certaines œuvres dont Kraken, le monstre des mers, sont particulièrement réussies. Une des passagères réalise son rêve de toujours en glissant sur un toboggan de glace sous l’oeil amusé des autres passagers. L’ambiance est excellente et ne fait que s’améliorer quand un verre d’alcool à la camarine noire nous est offert : nous trinquons en norvégien et saluons même dans la langue du pays lorsque nous quittons les lieux, surprenant nos hôtes qui sourient et saluent en retour.
Une fragile aurore boréale se dessine timidement dans le ciel embrumé sur le chemin du retour mais se dissipe trop rapidement à nos goûts.
Et comme les émotions creusent, c’est avec un grand appétit que nous retrouvons les plats de notre chef avant de vaquer chacun à ses occupations; certains profitant de la civilisation pour sortir, d’autres pour récupérer une bonne nuit de sommeil en vue de la journée pleine d’aventures du lendemain qui nous attend.
C’est dès l’aube que nous sentons tous aujourd’hui une mer fort agitée et ses effets indésirables. Avons-nous froissé Njord, dieu viking de la mer en ne parlant hier que de Thor et d’Odin? Nous en fait-il payer le tribu? Toujours est-il que nous sommes nombreux en posture plus horizontale que verticale alors que nous atteignons la pointe sud des Lofoten. Heureusement le capitaine nous met à l’abri pour une navigation côtière dans les baies bordées de petits villages tels que Reine au charme incontournable ou Sakrisøy avec ses maisonnettes jaunes tranchant sur le blanc environnant.
Le temps d’une dérive pour prendre le brunch préparé par l’équipe hôtelière, parfait compromis dans de telles conditions, nous profitons également de la vue depuis la salle à manger.
Nous donnons rendez-vous plus tard au salon où nous est donnée une conférence sur les explorateurs norvégiens et suivons les captivantes histoires de Nansen, Amundsen, Johansen ou Heyerdahl, épopées formidables de ces hommes qui bravèrent tous les dangers pour des aventures à peine croyables aux issues souvent incertaines.
Après une courte pause, notre équipe hôtellerie nous invite à une tradition tout à fait norvégienne : le “kaffe & kake” : du thé et café servis avec des petites boules à la cannelle que Sophie agrémente en plus d’une dégustation de bonbons typiquement norvégiens, allant du délicieux chocolat au lait au terrible bonbon du troll.
Et spontanément dans la chaleur du salon s’en suit un moment de discussion et de poésie : Martine, l’une des passagères nous lit des tankas (poèmes de style japonais) de sa plume. Nous sommes à l’écoute, bercés par une mer maintenant beaucoup plus calme.
Certains font ensuite un peu de lecture, échangent des photos ou font quelques parties de Hnefatafl avant le repas du soir. Ce dernier, décidément couleur locale aujourd’hui commence avec une assiette norvégienne faite de saucisson de renne et de “kaviar”, sorte de spécialité à la rogue et aux œufs de poisson, une découverte!
Après le dessert, Sophie nous alerte sur une possible aurore dans le ciel. D’abord faible et hésitante, il n’y a plus de doute possible lorsqu’après quelques instants passés sur le pont à la scruter pour les plus téméraires, elle se développe et éclaire ce beau ciel de janvier. Lorsqu’elle s’amenuise, nous rejoignons nos quartiers pour profiter de la mer clémente et récupérer en vue de la journée bien complète qui nous attend demain.
C’est donc à Tromsø que le Grand Large arrive ce matin enneigé. Avant le petit déjeuner, nous avons le temps d’observer la manœuvre du capitaine et de l’équipage se mettant à quai en plein centre, parfait emplacement. Bien vêtus et bien chaussés, nous partons à la découverte de la ville. Certains ont quartier libre, d’autres profitent d’une excursion en terre sâmé, brève immersion dans le monde mystérieux des gardiens des rennes à l’intérieur des terres. Nous nous retrouvons après le déjeuner, échangeant sur nos impressions diverses.
Il est temps d’entamer notre programme de l’après midi: nous commençons donc par le musée Polaria à l’architecture plus qu’originale qui rappelle des blocs de glace qui s’enchevêtrent et où sont présentés le monde des glaces, des films panoramiques ainsi que des aquariums avec des représentants de la faune marine locale et arctique. Après un rapide passage à la boutique achalandée pour quelques cadeaux et souvenirs, nous continuons vers le musée Polaire.
L’exposition temporaire y expose de nombreux exemplaires de cartes marines et d’exploration dont le légendaire et rare original de Willem Barentsz lorsqu’il découvrit le Svalbard.
Sophie nous fait un tour guidé avec commentaires et nous fait revivre les aventures polaires des explorateurs, agrémenté cette fois de nombreux objets, documents, photographies, maquettes ou enregistrements de la vie quotidienne de tous ceux qui ont affronté les terribles conditions qu’impliquent les périples d’un voyage vers le vrai Nord. Les (més)aventures de ces héros polaires nous fascinent et leur courage nous impressionne.
Nous repartons pour une activité cette fois plus moderne et technologique: la montée en téléphérique vers les hauteurs pour une vue sur Tromsø. Après la traversée du grand pont et un passage devant la cathédrale arctique, nous atteignons la station de départ et entrons dans la nacelle qui nous emporte en quelques minutes à 421m d’altitude pour une vue panoramique de la ville, entraperçue entre les flocons de neige virevoltants. Quelques pas dans la poudreuse pour certains, un chocolat chaud pour d’autres et nous redescendons ensuite pour retrouver le centre et notre bateau.
C’est bien malheureusement notre dernière soirée à bord et le pot de départ nous est bientôt servi. Nous remercions l’équipage et le commandant qui ont su avec leur professionnalisme non dépourvu de gentillesse, contribuer largement à ce voyage réussi. Nous partageons photos, adresses mails et sourires avant de passer à table pour un dîner délicieux et surprenant, Per, notre responsable cuisine se surpassant d’idées et de saveurs.
Nous continuons encore longtemps de bavarder au salon, avides de prolonger ces agréables moments passé en compagnie les uns des autres et à bord de ce navire que nous ne somme pas prêts d’oublier; repoussant la douloureuse tâche de faire nos valises, synonyme d’un départ trop précoce à notre goût. Mais certains parlent déjà de revenir…
A bientôt donc Grand Large et mers du nord ensorcelantes !
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
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