Mathieu Ramus
Histoire et Faune Arctique
29 octobre
9 novembre 2023
Mathieu Ramus
Histoire et Faune Arctique
Jean Robert Couplet
Élodie Marcheteau
Géologie
Antoine Lochin
Guide naturaliste
Nicolas Hanuise
Biologiste
Nathalie Ansel
Directrice commerciale
Certaines photos d’illustrations ont été prises lors de précédentes croisières en Antarctique. Lorsque le voyage sera terminé, nous publierons les photos de ce voyage.
Notre avion approche d’Ushuaia, et déjà nous sommes impressionnés. Des pics acérés se dévoilent entre des pans de brume. Le vent souffle, et quelques flocons de neige dansent devant nous. Deux heures nous suffisent pour arpenter les quelques rues de cette étrange ville de bout du monde, accompagnés par nos guides Antoine et Nicolas. Nous sommes heureux de nous réfugier au chaud sur l’Ocean Nova où nous attendent Mathieu, notre chef d’expédition, et le reste de l’équipe.
Une longue traversée est prévue pour rejoindre la péninsule, et à peine l’exercice de sécurité bouclé, l’Ocean Nova quitte doucement le port pour rejoindre le Canal Beagle, déjà quelque peu agité. Les premiers pétrels et fulmars accompagnent notre bateau. Nous faisons connaissance avec l’équipe d’expédition autour d’un verre de bienvenue, et Mathieu nous présente la carte des vents et des glaces avant de dérouler le programme des prochains jours. Le salon se vide rapidement après l’excellent diner concocté par notre chef Floro. La journée a été longue, nous nous retirons dans nos cabines, reprendre des forces pour entamer notre expédition en péninsule Antarctique.
Après un début de navigation relativement abrité dans le canal du Beagle hier soir, nous avons quitté l’abri des côtes en milieu de nuit et l’Ocean Nova s’est retrouvé balloté par les éléments. L’Antarctique se mérite, et le vent et la houle nous rappellent que la traversée de l’océan Austral est rarement un long fleuve tranquille ! Au petit matin, nous découvrons le paysage grandiose et tourmenté du passage de Drake : ciel gris, mer hachée, brusques rafales qui font gîter le navire… Les estomacs sont mis à rude épreuve et nombreux sont ceux qui préfèrent lutter contre le mal de mer depuis leur bannette !
Dehors pourtant, les rois de l’azur s’en donnent à cœur joie : profitant du gradient de vent au ras des flots et des ascendances autour du bateau, les oiseaux des cinquantièmes hurlants vont, viennent, virent en un incroyable ballet aérien. Certains longent parfois les sabords du salon panoramique à quelques mètres seulement, planant avec une déconcertante impression de facilités.
En début d’après-midi, nous nous réunissons dans la bibliothèque de l’Ocean Nova d’où nous pouvons admirer à loisir les différentes espèces qui suivent notre sillage. Nicolas nous aide à les identifier : prions, damiers du Cap, pétrels géants, albatros fuligineux ou à sourcils noirs, et bien sûr les plus grands, les albatros hurleurs. Quelques-uns d’entre nous ont même eu la chance de voir passer un petit groupe de dauphins ; à partir de photos et de leur description nous déterminons qu’il s’agissait de dauphins sabliers reconnaissables à la forme caractéristique des motifs blancs qu’ils portent sur les flancs.
La projection d’un film sur Jean-Baptiste Charcot nous permet de mieux connaître la vie de ce grand explorateur polaire, et de découvrir les lieux où il a mené ses deux expéditions en Antarctique il y a plus d’un siècle. Après l’excellent dîner servi au restaurant (et que nous sommes plus nombreux à apprécier que le non moins excellent déjeuner servi quelques heures plus tôt), une légère éclaircie dans le ciel laisse espérer une amélioration des conditions météo. Comme un heureux présage pour la journée de demain, de belles lumières du soir viennent conclure cette première journée passée en mer en direction du continent blanc.
Une deuxième nuit en mer se termine, elle fut légèrement agitée, néanmoins, nous constatons qu’une grande partie d’entre nous est maintenant habituée au mouvement du navire.
Ce matin, la mer s’est calmée, le vent a chuté à 10 nœuds, la température est de 3 degrés et la houle de face qui nous freinait hier vient maintenant sur notre travers tribord, nous permettant donc d’avoir une bonne vitesse.
Avec cette météo relativement agréable, nous allons pouvoir faire de multiples activités à bord et cela tombe bien, car notre équipe d’expédition nous a concocté un succulent programme.
Nous commençons donc cette journée de navigation à travers les 60èmes rugissants par une conférence habilement menée par Nicolas et Myrtille qui nous proposent une introduction à l’Antarctique, à travers l’histoire de sa découverte et sa géographie toute particulière, en mettant l’accent sur le fait que ce continent est bel et bien le lieu des superlatifs, il est en effet le plus froid, le plus sec, le plus venteux, le plus haut…
Suite à cela, c’est Antoine qui prend la parole et nous explique l’extraordinaire conquête du Pôle Sud en 1911, qui verra le norvégien Amundsen devenir le conquérant du Pôle tandis que l’expédition du Britannique Scott tournera au désastre…
Nous nous retrouvons ensuite pour le repas du midi, les tables se remplissent à nouveau, chacun s’amarine et retrouve petit à petit l’appétit. C’est ensuite au tour de notre médecin d’expédition Laurent, qui est aussi habile photographe, de nous rassembler au niveau de la bibliothèque pour discuter photos, et notamment avoir les bonnes astuces pour photographier dans les régions polaires. Ces conseils nous seront primordiaux lorsque nous serons sur le terrain !
Après quelques pas à l’extérieur pour profiter de la vue sur la mer à l’infini et observer les quelques damiers du cap qui suivent, sans relâche notre navire, nous prenons la direction du salon panoramique. Élodie nous y attend pour une présentation de la formation géologique du continent Antarctique… Un vaste sujet, mais qu’elle a su rendre tout à fait compréhensible !
Alors que la fin de journée approche, et que notre navire file toujours à une vitesse de 10 nœuds, nous nous rassemblons pour écouter Mathieu, notre chef d’expédition qui nous récapitule la journée et nous donne les plans pour la journée de demain. En effet demain sera un grand jour puisque nous arrivons dans l’après-midi aux Shetland du Sud, les premières glaces et les premiers Manchots ! Nous avons tellement hâte !
Puis notre capitaine, Gabriel, vient se joindre à nous, bien occupé jusqu’alors par la partie navigation, nous sommes très heureux d’enfin le rencontrer.
Ce soir, nous assistons à un fabuleux reportage sur la faune antarctique, nous permettant ainsi d’en apprendre toujours plus sur ce continent exceptionnel !
Après une rude nuit nous nous sommes réveillés avec nos premiers icebergs : tabulaires, biscornus, pointus, blancs, bleus… On a pu en avoir plein les yeux.
Le Drake reste toujours agité pour la première activité de la journée : La biosécurité. Nous préparons consciencieusement notre matériel en aspirant les petits interstices, les poches… travail méticuleux pour ne pas emmener de graines ou de spores avec nous. A ce travail manuel, a suivi le briefing IAATO et zodiac et nous étions fin prêts pour notre premier débarquement promis pour l’après-midi.
A 14 h l’équipe expédition part en reconnaissance, nous sommes tous dans les starting blocks. Le débarquement est confirmé et à 15 h : nous commençons à débarquer et à découvrir le site d’Half-moon. Nous sommes émerveillés par la présence des 3 espèces de manchots. En effet, en plus des 2 espèces connues sur le site, les manchots papous et les manchots à jugulaires, nous avons observé un manchot adélie.
L’ambiance feutrée au début de notre déambulation dans la neige, sous un ciel bas, a laissé la place progressivement à une ambiance hivernale. La chute de neige se densifie, le vent se renforce, la mer se lève. Il est temps de rentrer au bateau. Un bonheur que d’être accueilli par Adrian avec un bon chocolat chaud ! Il nous réchauffe alors que nous ressemblons à des bonhommes de neige.
De retour au bateau, les prévisions de vent ne nous permettent pas de poursuivre dans les Shetland. Le navire repart, cap au sud, vers la Péninsule avec l’espoir de nouvelles activités pour le lendemain.
La soirée est occupée par deux beaux récap d’Antoine et Nicolas sur la glace et les observations ornithologiques de la journée. Suivi d’un bon repas et enfin d’un bon repos bien mérité.
C’est sous un ciel bleu que nous nous réveillons ce matin, le soleil dardant ses premiers rayons sur les icebergs géants. L’Ocean Nova a navigué toute la nuit sur les eaux agitées du détroit de Bransfield séparant les îles South Shetland de la côte ouest de la Péninsule Antarctique. Bientôt, nous approchons du lieu de notre première activité de la journée, la crique de Cierva Cove, dans la partie occidentale de la Terre de Graham. Alors que l’Ocean Nova se positionne face aux glaciers, nous pouvons déjà observer sur tribord la base de recherche argentine de Primavera.
Mais c’est avant tout le paysage scénique qui nous absorbe : les glaciers Gregory et Breguet nous offrent un spectacle époustouflant de cirques glaciaires immaculés et de séracs, bordés de nombreux icebergs de toutes formes, tantôt blancs, tantôt bleus. La montagne ici domine, et impose le respect et le silence, seulement interrompu par les cliquetis du brash, agité par le passage des zodiacs.
Alors que les pétrels des neiges et les sternes antarctiques frôlent parfois nos têtes, un phoque de Weddell est aperçu, allongé au loin sur la banquise côtière. Le laissant à son repos sur la glace, nous terminons cette première croisière zodiac grandiose par un parcours entre les icebergs éclairés de soleil. Les contrastes de couleurs et de lumière ici sont saisissants, et ne peuvent laisser indifférent.
De retour à bord, un temps de pause et d’intégration s’impose avant notre seconde sortie de l’après-midi.
C’est un tout autre paysage vers lequel nous nous dirigeons cette fois: les petits îlots de roches métamorphiques verdâtres de Hydrurga Rocks. Dès la sortie du navire, les colonies de manchots se distinguent sur les plateaux peu élevés des terres émergentes. Après une approche prudente pour éviter les hauts fonds, nous entrons dans un étroit passage où nous attendent nos guides. Un accès aménagé par leurs soins permet d’accéder à un premier point d’observation de deux otaries à fourrure et un phoque de Weddell, dormant profondément sur la neige.
De l’autre côté, des rassemblements de manchots à jugulaires s’ébattent et vocalisent. Pour certains, c’est déjà le début de la saison de reproduction, tandis que d’autres semblent chercher leur place. Plus loin vers un petit col, nous arrivons à la hauteur d’une île voisine, peuplée de cormorans antarctiques déjà installés pour couver, partageant amicalement l’espace avec des manchots à jugulaire. En cette fin d’après-midi, la magie polaire a envoûté chacun de nous. L’envie de rester encore, pour s’imprégner de chaque battement d’aile, de chaque reflet du soleil dans l’océan, de ces moments suspendus, est présente dans tous les coeurs.
Il nous faut néanmoins retourner à bord de l’Ocean Nova, où après un récap sur le phoque de Weddell et un point sur le programme de demain, la soirée est animée par l’observation, au loin, d’une baleine à bosse. Malgré le changement de cap de notre capitaine pour tenter de la suivre, elle ne nous aura offert que ce salut furtif de sa nageoire caudale.
C’est dans une atmosphère joyeuse que se termine cette journée bien remplie. L’Ocean Nova repart tranquillement vers le Sud, où de nouvelles découvertes nous attendent.
La nuit fut très calme, la première depuis notre départ d’Ushuaia. Nos rêves sont certainement bercés par les superbes images gardées dans nos mémoires, parmi lesquelles les merveilleux paysages enneigés, les pics pointus s’étirant gracieusement jusqu’à la mer, ces glaciers vêlant des icebergs géants, cette mer translucide où le fond teinté de noir et de blanc alterne avec la blancheur du pied des glaces flottantes, et tous ces animaux, les phoques de Weddell et les otaries à fourrure se prélassant sur la neige, les oiseaux volant de toutes parts et bien sûr les manchots en pleine activité de pêche. Que de belles images gravées dans nos mémoires, nous rappelant à chaque instant la chance que nous avons de pouvoir vivre de tels moments.
Ce matin, le ciel est d’alternance de gris et de bleu, le soleil qui aiguise ses rayons joue avec les reflets sur l’eau et sur les glaces, donnant une impression de majesté à ce monde qui nous entoure.
Après le petit déjeuner, une sortie est organisée à Portal Point. Le départ est retardé car la couche de neige est importante et les travaux de génie civil sont plus importants que prévus. Une fois le chemin dégagé, nous nous engageons pour une promenade. D’un côté, une superbe baie avec des glaciers au loin qui déversent leurs icebergs dans la mer, de l’autre côté, l’étendue de la mer, calme où se reflètent les nuages et les montagnes alentour. Le ciel est en constante transition, allant des bleus clairs jusqu’au noir profond. Pas une minute sans que ce théâtre ne change d’aspect ou de couleur, toujours en perpétuel mouvement. C’est une merveille pour les yeux. Enfin, une courte randonnée pour arriver jusqu’au sommet de cette colline de neige. Là, le spectacle est encore plus époustouflant. À 360 degrés, toute la magie de cette baie s’ouvre à nous. Des montagnes aux sommets pointus, la mer emplie d’icebergs, de bourguignons et de glace de fjord, et toujours ce ciel teinté de noir et de bleu changeant à chaque instant. Dans une petite avancée, un phoque dort sereinement. Nous avions pu entendre un peu avant le chant si particulier de ses congénères. Un phénomène rare qu’il convient d’apprécier.
De retour au bateau, fatigués pour certains d’avoir arpenté les pentes enneigées de cette petite colline, pour d’autres ravis de leur croisière en zodiac, l’heure du repas est déjà là.
Très vite, une autre expérience commence, à savoir la navigation depuis le bateau dans Wilhelmina Bay. Nous cherchons des baleines. Nous n’avons pas trouvé de cétacés mais un très beau phoque de Weddell sur un petit iceberg.
Le bateau passe très près de son perchoir de glace, nous avons donc pu bien le regarder. Dans ce passage, un glacier majestueux ferme la baie et de part et d’autres de hautes montagnes sombres surmontées de la calotte jettent parfois des langues glaciaires dans la mer déjà encombrée des résultats de ces vêlages. La fin de la baie est proche, le bateau effectue son demi-tour et va de nouveau serpenter entre les glaces pour trouver son chemin et sortir de ce dédale.
La mer libre apparaît, le bateau file vers notre prochaine destination. La neige tombe de nouveau abondamment. Pendant ce court moment de pause, Nicolas nous apprend tout ce que nous devons savoir sur les manchots sans jamais avoir osé le demander. Nous avons enfin l’explication tant attendue : manchots ou pingouins ? La phylogénèse nous prouve bien que les deux espèces sont différentes, nous montrant ainsi le génie de la nature. Deux espèces différentes d’animaux ont su se développer indépendamment l’une de l’autre pour finalement se ressembler afin de s’acclimater à des conditions de vie proches. Nicolas nous a aussi parlé de leur reproduction, des difficultés liées au dérèglement climatique.
Ensuite, Nathalie a ouvert la boutique Grands Espaces pour que chacun puisse rapporter un autre souvenir de ce voyage.
Nous nous dirigeons prestement vers la baie de Fournier où une croisière en zodiac est prévue. La neige nous accompagne tout au long de notre chemin, rendant le paysage plus secret, comme si sa grandeur ne voulait pas être révélée. La neige est toujours présente lors de notre arrivée dans la baie. Du frasil, première étape de la formation de la banquise, se forme à la surface de l’eau. Un gros iceberg se dessine derrière le rideau de neige à la nuit descendante, cette silhouette massive est enveloppée de neige, le rendant presque invisible. Notre balade débute, nous cherchons des baleines, des orques, des phoques, malheureusement ce ne sera pas pour cette fois. Les animaux aquatiques ont décidé d’aller pêcher ailleurs ce soir. Après avoir admiré le front de glace, nous retournons au bateau, certains transis de froid mais heureux de cette navigation si particulière.
Ce matin, la voix de notre chef d’expédition nous réveille plus tôt que d’habitude, à 6h, mais c’est pour une bonne raison. Nous sommes en vue du Cap Renard et tout proches de l’entrée du Canal de Lemaire. Les conditions ne sont pas idéales, une brume assez épaisse nous suit depuis hier soir, mais nous avons par moments quelques éclaircies laissant apparaître les pics enneigés du Canal.
Nous arrivons ensuite à la partie la plus étroite, avec seulement 1600 mètres de large. De chaque côté, des pics verticaux de plus de 700 mètres, recouverts de neige et de glace… Quel spectacle. Quelques icebergs nous barrent la route, mais notre capitaine manœuvre parfaitement l’Ocean Nova pour les contourner.
Nous finissons la traversée du canal pour arriver sur l’île de Petermann, un lieu mythique puisque le commandant Charcot y effectua son second hivernage. Le débarquement s’annonce un peu mouvementé, le vent s’est levé et il commence à neiger. Mais les navettes en Zodiac commencent à débarquer sur l’île où nos guides nous attendent après avoir préparé le terrain.
L’île est enneigée, on y retrouve des milliers de manchots papous qui déambulent, dans un spectacle toujours aussi cocasse. Quelques cormorans survolent les lieux, ainsi que des pétrels géants, toujours à surveiller les différentes colonies.
Le chemin qui a été préparé par nos guides nous emmène d’abord autour d’une petite cabane qui appartient à l’Argentine. Un peu plus loin, une croix, en hommage à trois Britanniques du BAS (British Antarctic Survey) décédés en 1982.
Nous pouvons ensuite monter vers un magnifique point de vue. Le vent souffle toujours fort, mais cela permet aussi de pousser un peu les nuages et de découvrir le paysage qui se tient face à nous. De la glace qui descend des pics, des icebergs, et ces milliers de manchots autour de nous.
Plus haut, on peut apercevoir le cairn en l’honneur du Commandant Charcot. Mais on ne peut y accéder, il est au milieu d’une zone de nidification de papous.
Le chemin nous emmène enfin de l’autre côté de l’île, à la rencontre des derniers manchots qu’il nous manquait, les Adélie. Ils nichent en hauteur et nous pouvons nous approcher à bonne distance.
Petit à petit, nous rembarquons sur les Zodiacs, alors que le vent souffle toujours fort. Mais cette sortie restera gravée dans nos mémoires !
De retour à bord, l’Ocean Nova commence à reprendre sa route vers le Canal de Lemaire. Le ciel se dégage, ce qui nous permet d’admirer ces pics et ces falaises qui se jettent dans ce canal très étroit. Quel spectacle magnifique.
Après le déjeuner, le navire prend la direction de notre prochaine sortie, l’île de Cuverville, connue pour ses milliers de manchots papous. Ce sera notre dernière activité en péninsule Antarctique.
Arrivés sur place, comme à l’accoutumée, l’équipe de guides part sur la zone de débarquement pour préparer le terrain. Mais, une annonce nous informe que finalement, nous ne débarquerons pas et nous ferons une croisière en Zodiac. La plage de débarquement est trop encombrée d’icebergs. Les Zodiacs sont mis à l’eau, le ciel se couvre et devient menaçant. Il recommence à neiger et le vent se lève. Nous partons tout de même vers l’île, qui est entourée par une forêt d’icebergs de toutes tailles.
En nous approchant de l’île, nous observons rapidement plusieurs colonies de milliers de manchots papous. Il y en a partout et à tous les étages… Derrière nous, des icebergs de toutes les formes et de toutes les variations de bleus nous entourent. Un magnifique spectacle dans des conditions… très polaires… Le vent a encore forci, les conditions commencent à être difficiles. Notre chef d’expédition décide de raccourcir la sortie. Tout le monde retourne au navire. En moins d’une heure, la mer s’est levée et c’est à très faible allure, avec un vent fort de face, que nous rentrons à l’Ocean Nova.
Une dernière sortie en péninsule dont nous nous souviendrons, dans des conditions polaires et dans un scénario magnifique.
Pendant le dîner, le navire prend lentement la direction vers le Nord et l’île de la Déception, notre prochaine étape.
Réveillés avec en vue l’île de Déception, nous avons pu admirer la navigation dans l’entrée du port Foster. La navigation était prudente et intéressante. Le ciel s’éclaircit en laissant place à des rayons de soleil, présageant d’une journée agréable. Nous traversons la baie en direction de Pendulum Cove, où nous devons effectuer un débarquement. La caldeira en noir et blanc se révèle avec ses reliefs doux. On dirait des estampes japonaises. Une mise à jour des conditions météorologiques par le commandant et le chef d’expédition nous oblige à changer de programme. Le vent va forcir et le départ de la baie doit être avancé. Nous irons à Whalers Bay (la baie des Baleiniers) pour être sûr de profiter de ce site incontournable. Quelques dizaines de minutes après cette annonce, le temps s’obscurcit, la neige tombe et le vent se lève.
Nous débarquons sur Whalers Bay dans des conditions polaires. Le vent redouble de force. Nous avançons en regardant nos pieds à travers les vestiges des installations de cette station baleinière. Des cuves énormes, des baraquements, le hangar…
Malgré la météo mauvaise, nous sommes heureux de nous dégourdir les jambes au cours d’une marche le long de la plage en direction de la fenêtre de Neptune. Les rafales de vent nous empêchent l’accès à un endroit trop dangereux, mais nous sommes récompensés par l’observation d’un léopard de mer qui se repose. Nous l’avions espéré, et il est là, majestueux et serein.
Le retour est plus intense avec le vent de face. Les rafales s’intensifient jusqu’à atteindre peut-être 80 km/h. La neige nous fouette le visage. L’embarquement dans les zodiacs est sportif, la mer s’est levée et il y a des vagues. Nous sommes ramenés sans heurt jusqu’au bateau grâce à nos bons pilotes. Nous apprécions le confort du bateau chauffé. La tempête s’est bien levée, l’Ocean Nova repart en direction des Shetlands du Sud. Les conditions ne permettent pas de refaire des activités extérieures, alors le commandant nous offre une navigation à proximité des îles Shetland jusqu’à l’île du Roi Georges. Nous avons le privilège d’observer 3 rorquals communs, une observation tant attendue, l’euphorie est à son comble. Une diversion inattendue pendant l’excellente conférence d’Élodie sur la formation et la géologie des îles Shetland. Ensuite, c’est le spectacle des damiers du Cap qui suivent le bateau avec les couleurs de la fin du jour.
Température extérieure : 3 degrés, vent à 25 nœuds, secteur nord.
Après une bonne nuit de navigation, nous progressons dans le Détroit de Drake. Le soleil illumine le réveil des passagers avec l’observation d’un magnifique iceberg tabulaire que l’Ocean Nova fait le tour.
Le programme est soutenu aujourd’hui. Notre chef d’expédition met à profit les conditions de mer clémentes pour proposer des conférences et des ateliers.
L’équipe des guides est sollicitée pour compléter les informations scientifiques et historiques du séjour sur la Péninsule. Les sorties et les observations ont été nombreuses dans des conditions très polaires, et place est faite au partage des connaissances.
Nous commençons par une conférence magistrale de Nicolas sur les Albatros, qu’il a étudiés pendant de nombreux mois en région sub-antarctique.
Puis un atelier sur la cartographie est mis en place sur les grandes tables du restaurant. Myrtille et Jean Robert replacent les observations dans leur contexte géographique. Mathieu présente la préparation de la navigation avec les cartes des glaces et les fichiers météo. Nicolas et Antoine expliquent les rudiments de la navigation avec le calcul de la route et les coordonnées marines, tandis qu’Elodie propose une introduction aux cartes géologiques.
Antoine présente dans la foulée l’expédition internationale Antarctica qui a traversé la totalité du continent dans les années 90, en traîneaux à chiens avec la participation de Jean Louis Etienne.
Ensuite, Elodie intervient sur le traité de l’Antarctique et les gisements miniers existants sur les côtes et sous la glace du continent.
En soirée, Myrtille présente le léopard de mer, phoque imposant, grand prédateur de l’Antarctique, dont nous avons pu observer un spécimen sur une plage à l’île Déception. Nathalie revient également sur l’île de Déception pour apporter un complément d’information sur la station baleinière et l’histoire de la chasse aux cétacés en Arctique et en Antarctique.
La soirée de cette petite université polaire se clôture avec la projection du documentaire Antarctica de Luc Jacquet.
Des lignes de grains passent à notre ouest, matérialisant le front dépressionnaire que nous longeons vers le nord.
La nuit sera tranquille.
Nous nous réveillons ce matin au milieu du passage de Drake. L’océan austral nous laisse du répit jusqu’à présent, car la mer n’est pas très forte. Ainsi, nous avons pu bien dormir cette nuit, et la journée sera bien chargée au vu du tableau des activités concocté par notre équipe d’expédition.
Après un excellent petit-déjeuner, nous retrouvons Jean Robert au salon panoramique en milieu de matinée pour écouter avec passion sa conférence sur l’expédition de la Belgica dirigée par Adrien De Gerlach entre 1897 et 1899. Accompagné notamment par Amundsen et l’Américain Cook, ils réalisent le premier hivernage en Antarctique et rapportent énormément de données scientifiques et cartographiques.
Ensuite, c’est au tour de Laurent et Myrtille de nous apporter quelques informations sur les GPS au travers d’un atelier. Nous étions loin d’imaginer la complexité d’un tel système !
Entre chaque conférence, nous enfilons nos vêtements les plus chauds et sortons sur les ponts extérieurs, en effet, nous sommes toujours suivis par une multitude d’oiseaux marins : pétrels géants, albatros à sourcils noirs, mais aussi quelques albatros à tête grise !
Nous passons ensuite au restaurant pour déguster un délicieux repas, puis nous remontons au salon panoramique où Laurent nous attend pour nous parler de l’homme et le froid, notamment les risques d’une exposition prolongée à des températures négatives (gelures…) mais aussi comment s’en prémunir et comment réagir en cas d’accident dû au froid.
Plus tard dans l’après-midi, Myrtille nous réunit pour nous parler des mammifères marins, un sujet que beaucoup attendent, surtout après notre magnifique rencontre avec les rorquals communs il y a peu.
Ainsi, nous en apprenons davantage sur les différentes espèces de baleines, notamment les odontocètes (baleines à dents) et les mysticètes (baleines à fanons). Nous avons la chance d’entendre entre autres leurs chants, et d’avoir des explications précises à ce sujet grâce au talent d’acousticienne de notre guide.
Après le dîner, un merveilleux spectacle avec un coucher de soleil magnifique sur l’océan austral s’offre à nous… Le tout agrémenté par de nombreux oiseaux marins, suivant inlassablement notre navire. Pour finir en beauté notre journée, nous nous réunissons au salon pour un quiz polaire à propos de notre croisière organisé par nos guides.
Plusieurs équipes de 4 à 6 personnes se forment afin de s’affronter sur une vingtaine de questions… Après de longs débats et de nombreux rires, le quiz est fait, mais deux équipes sont à égalité… Une question départagera les deux équipes : Combien d’œufs sont consommés chaque jour à bord ?
Les vainqueurs repartiront avec de nombreux lots, mais tout le monde quittera la salle avec le meilleur des cadeaux… Un grand sourire aux lèvres et l’agréable sensation d’avoir vécu une magnifique journée.
Dernière nuit de navigation agitée en pleine mer. La traversée du passage de Drake tire à sa fin. Ce matin, le soleil brille, et un bon vent du nord a dégagé le ciel. Au loin, apparaissent déjà les sommets enneigés de la Terre de Feu, tandis que dans le sillage de l’Ocean Nova, continuent à voler albatros, pétrels et damiers. À la proue du navire, ce sont des dauphins sabliers qui viennent jouer avec la vague d’étrave.
Le programme culturel se poursuit avec une conférence de Jean-Robert sur le courant circumpolaire antarctique, ce grand courant marin qui coule d’ouest en est dans l’océan Austral. Nous découvrons son rôle fondamental qui isole le continent Antarctique du reste de l’océan mondial et lui assure ainsi un fort endémisme.
Après le déjeuner, nous retrouvons Nicolas au salon panoramique pour une présentation sur les Terres Australes et Antarctiques Françaises. Il nous évoque ce territoire particulier où il a eu l’occasion de séjourner, qui s’étend de la Terre Adélie, sur le continent Antarctique, aux îles subantarctiques du sud de l’océan Indien qui forment les archipels de Crozet, Kerguelen et Amsterdam.
En fin d’après-midi, alors que l’Ocean Nova approche du canal du Beagle, l’équipe d’expédition nous réunit une dernière fois. En plus des informations sur la journée de débarquement de demain, c’est l’occasion de revenir en images sur les moments forts de notre croisière. Laurent procède à la remise des prix du concours photo dans les quatre catégories suivantes : faune, paysage, vie du bord et artistique. Puis Antoine et Jean-Robert nous présentent un petit film retraçant le voyage et ses étapes en Antarctique depuis notre départ d’Ushuaia, avant que Mathieu ne revienne sur quelques moments forts, comme le premier débarquement à Half-Moon ou la croisière fantomatique dans les brumes de la baie de Fournier. Alors que nous attendons le capitaine pour un mot d’au-revoir, un grand groupe de dauphins obscurs fait son apparition et entoure le navire pendant de longues minutes pour notre plus grand plaisir…
Nous rejoignons ensuite le salon pour écouter le capitaine et trinquer une dernière fois au succès de ce beau voyage, permis grâce au professionnalisme de l’équipage et aux compétences de l’équipe des guides !
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Vous allez vivre une expérience absolument fabuleuse … Nous pensons très fort à vous. Envoyez nous de belles photos de façon à nous donner envie. Des gros bisous de France
PS : J’espère que la mer est docile et que tout se passe bien 🙂
Nous guettons vos messages et photos mais cela semble encore compromis …encore sur le flanc j’imagine … courage vous devez tenir le bon bout et le jeu en vaut à coup sûr la chandelle. On vous embrasse
pour M. et Mme CHAVOT
Bonjour Papy et Mamie,
J’espère que vous allez bien et que vous n’avez pas le mal de mer.
J’ai lu qu’il y avait de grosses vagues et je m’inquiète pour vous.
Je vous souhaite un joyeux Halloween.
De notre côté, nous avons déjà fêté Halloween, je suis allée chez les voisins du 4ème et du 5ème, puis au salon de manucure, puis aux magasins d’à côté, Mc Do, Bo et Mie (boulangerie), et j’ai rapporté plein de friandises. J’ai passé un super Halloween et je vous souhaite un encore meilleur que le mien.
Nous commençons nos vacances et partons à Milan aujourd’hui.
Je vous aime beaucoup beaucoup.
Je vous enverrai d’autres messages les prochains jours.
Gros bisous
Mila
Pour Alain et Michèle Fouchet.
Vous aurez un meilleur temps dés le passage du Drake sera franchi …. cela va devenir époustouflant.
Bonne continuation et vivement les photos avant votre ressenti de visu.
Bien à vous.
Jean-Michel et Isabelle
Bises des 2 Jumels
Pour Jean et Babette,
Début de croisière un peu….beaucoup agité, semble-t-il ! Je sais que vous avez le pied marin et que la récompense sera belle au fil des jours. Ouvrez toutes grandes vos mirettes. Nous comptons sur vous pour nous narrer vos aventures.
Bises d’André et moi même.
Cc les filles. La journée a du être géniale ☺️. Les photos sont superbes. On veut bien en voir encore 😁😁👍🏼. Aujourd’hui le temps avait l’air plus dégagé. Profitez en à fond. Des gros bisous 😘
Coucou Babette et Jean CHAVOT
Les résumés et photos journaliers sont très intéressants. Icebergs, glaciers et toute cette faune incroyable. Savourez ces instants magiques. Bonne continuation. Bisous
A l’attention de Jean et Elisabeth Chavot,
Coucou Papy et Mamy ! Nous sommes toujours très heureux de suivre votre périple avec papa et maman et de découvrir les belles vidéos avec les animaux et les icebergs géants ! C’est vraiment magnifique on ira sûrement quand on sera plus grands ! On vous embrasse très fort 😘
Très joyeux soixante-cinquième anniversaire Maman ! Tes enfants pensent fort à toi. Gros bisous 🥳