Sophie Tuchscherer
Guide
27 février
7 mars 2022
Sophie Tuchscherer
Guide
Photos d’illustration, prises lors de précédentes croisières en Norvège. Le manque de connexion internet nous empêche la réception de photos en temps réel.
Cette deuxième journée de voyage commence par un copieux petit déjeuner devant les larges fenêtres panoramiques du salon qui nous permettent d’embrasser la vue sur le fjord de Lyngen et ses montagnes aux sommets recouverts de neige. Nous contemplons leurs sommets acérés, tout droit sortis des eaux avant de porter notre attention sur un sujet important: les instructions zodiac, données par notre guide Marie. Les directives, claires et concises, abordent l’usage et la sécurité à bord de ce moyen de transport pratique et mobile. On nous attribue dans la foulée nos gilets de sauvetage et nous voilà bientôt à destination de notre première sortie: le village de Hammnes. Ce petit port toujours en activité depuis des millénaires nous offre l’occasion, rare dans le grand nord, de voir des bâtiments de bois antérieurs à la 2e guerre mondiale, aujourd’hui protégés.
Une visite dans son musée est incontournable : ses objets anciens nous replongent dans un autre temps et son exposition de photos de 1900 d’une native du village nous montre la vie d’antan avec son charme et sa dureté. Après un tour dans la boutique à l’ancienne, nous faisons une balade entre les édifices de bois épargnés par les incendies systématiques lors du retrait des troupes allemandes : les maisons au toits végétaux, les garde-mangers surélevés et les séchoirs à morue où y pendent quelques représentantes décapités et soigneusement apprêtées pour le séchage.
Nous regagnons le bateau et quittons ce lieu hors du temps. Nous goûtons déjà quelques spécialités locales au déjeuner pendant que nos guides se relayent aux jumelles à la recherche de cétacés. Mais ceux-ci ne montrent pas le bout de leurs évents et nous choisissons l’archipel de Folløya pour une promenade entre les mousses et la neige épaisse.
Nous sommes surpris par la quantité et les variétés de baies et de lichen qui semblent résister mieux que personne aux rigueurs de l’hiver et recevons des commentaires de botanique et biologie par nos guides. Nous terminons par un point de vue depuis les hauteurs avant de retourner à bord où nous attend un bon goûter, concocté par Per, notre chef hôtellerie.
Après un temps libre, nous assistons à une petite présentation de la Norvège par Sophie où la vie quotidienne, culturelle, politique, géographique et historique nous y est racontée puis c’est au tour de Marie de nous présenter le récap’ de cette belle journée en photos et commentaires ainsi que la présentation de l’itinéraire et des activités du lendemain. Et ceux sans qui y accéder serait impossible nous sont présentés : l’équipage au presque complet nous est présenté; il n’en manque qu’un : il faut bien qu’un officier pilote le bateau! Nous découvrons cette charmante équipe qui nous accompagnera dans les prochains jours.
Un verre de bienvenue nous est servi et nous trinquons à la santé les uns des autres et de notre beau voyage qui commence bien. Après le dîner, nous échangeons dans le commode salon, certains font quelques pas sur le vaste pont et chacun regagne ensuite ses quartiers pour la nuit.
Nous nous réveillons dans le fjord d’Alta. Face à nous, la ville semble bordée d’une couverture de neige. Seules les maisons de bois, tournées vers la mer, dépassent de l’enveloppe hivernale dans laquelle la ville est plongée.
Après un copieux petit déjeuner, nous partons au musée sur l’art rupestre d’Alta. Ces gravures représente le plus grand ensemble connu d’art rupestre d’Europe du Nord.Classé au patrimoine de l’UNESCO, les gravures les plus anciennes datent de 6200 ans. Nos guides nous ont prévenu que durant l’hiver, la neige recouvre et préserve le site. Seule la partie intérieure nous est accessible. Nous profitons également d’une exposition temporaire sur les 13 espèces de prédateurs que l’on trouve en Norvège. Entre belette, vison d’Europe, martre des sapins, on retrouve entre autre le loup, le lynx, deux espèces d’ours mais aussi, le glouton ! Cette exposition a pour but de changer notre regard et de faire tomber les préjugés qui portent sur les prédateurs.
Nous rentrons à bord en nous arrêtant en chemin pour voir la cathédrale des aurores boréales. Cette cathédrale aux allures moderne, vêtue de titane, qui a tant fait polémique. Nous reprenons notre navigation, toujours en direction du Nord,. Mais alors que nous longeons les côtes du parc national de Seiland, un radeau de Hareldes boréales est aperçu. Ce sont de magnifiques canards plongeurs qui vivent dans les eaux côtières de l’Atlantique Nord. Le mâle, reconnaissable entre mille, arbore en toute saison une longue queue effilée noire.
Puis quelques instants plus tard, ce sont des ailerons qui sont aperçus au loin. Ce sont des lagénorhynques ou dauphins à bec blanc qui semblent pêcher à quelques miles de là. Nous nous approchons, mais ce sont eux qui nous font le plaisir de venir à notre rencontre pour profiter de nos vagues à l’étrave du bateau. Nous ne savons qui, des hommes pendus aux bastingages ou des dauphins nous fixant de leur oeil malicieux, est le plus curieux. Nous restons en leur compagnie durant un long moment.
Puis le jour commence à tomber sur les montagnes enneigés du Seiland. Sophie nous propose alors un cours de norvégien dont nous ressortons quasiment bilingue. C’est ensuite au tour de Marie de nous présenter le récapitulatif de la journée. Entre itinéraires parcourus et programmes à venir, elle revient sur les grand moment de la journée. Elle nous apporte quelques précisions sur les plages surélevées, le rebond post-glaciaire mais aussi les cétacés dont nos jolis dauphins à bec blanc font partie. Nous finissons sur un bon dîner marqué par une sauce au romarin exquise…. Fini ? C’était sans compter l’arrivée des aurores boréales, qui ce soir nous font le plaisir d’occuper le ciel en compagnie des étoiles.
Après une nuit passée à l’ancre dans une petite baie, nous naviguons vers Gjesværstappan, cet archipel d’îles et réserve naturelle d’oiseaux. Nous avons bien conscience que nous sommes tôt dans la saison et que peut-être nos amis à plumes ne seront pas encore revenus au rendez- vous…c’est sans compter sur la générosité de dame Nature qui nous offre une abondance d’observations d’oiseaux et avec elles un vrai cours de sciences naturelles. Nous nous trouvons vraiment chanceux de voir autant de variétés. Jugez plutôt : mouettes tridactyles et goélands ouvrent le bal. D’impassibles cormorans dessinent leur profil sombres sur les roches balayées par les vagues. Puis nous distinguons des guillemots miroirs (certains ont déjà leur plumage nuptial avec leurs taches blanches si reconnaissables) et leurs cousins (de Brünnick ou de Troïls, difficile à dire) et plus proche de nous des groupes d’hareldes et d’eiders, mâles et femelles.
Notre excitation grimpe en voyant soudain la silhouette fuselée caractéristique (et si bien pensée) d’un jeune fou de Bassan planant au loin…Un adulte est aperçu et il se rapproche, suivi de deux autres congénères et commence alors un authentique ballet de chasse: ils planent, rôdent autour du navire, prennent de la hauteur et fondent subitement dans les flots à la recherche de poissons.
Nous arrivons même à bien les photographier (et ce n’est pas peu dire !) Quel animal imposant. Et c’est après une minutieuse observation que notre guide Marie déniche au milieu des flots ce qui serait le graal pour plus d’un ornithologue : des eiders à tête grises ! Quatre mâles et une femelle
posés sur les flots. Nous sortons la longue vue pour mieux distinguer leurs couleurs incroyables; on dirait qu’ils sont maquillés tant leurs teintes sont vives et diverses. Quelle chance!!
Les oiseaux inspirent les hommes et nous organisons une petite partie de pêche à l’arrière du bateau. Il est bientôt l’heure du déjeuner et nous restons dans ce lieu merveilleux le temps d’un bon repas. Un dernier cadeau des airs nous est offert: un pygargue à queue blanche vole
lentement dans les airs avant de disparaître dans le gris du ciel.
Pour nous aussi il est temps de continuer encore plus au nord, toujours plus au nord. Et c’est dans une atmosphère particulière et recueillie que nous dépassons le point mythique du cap nord depuis les flots, la haute falaise de cet endroit majestueux nous dominant de ses 307m. Les conditions sont difficiles mais réelles et la houle fière et puissante nous rappelle à quel point nous sommes dans une zone ultime et exposée. Aucune côte, île ou montagne ne nous protège plus…
Nous naviguons le long du littoral sauvage et prenons (forcément) pour la première fois la route vers le sud. Plus tard, nous faisons escale dans le tout petit village de pêcheurs de Skarvåg pour une petite promenade de santé et visitons une pêcherie où quelques locaux trient, dépècent et préparent cabillaud, églefins ou crabes royaux vivants que nous pouvons même soupeser.
En quittant les lieux, mère nature nous offre une dernière surprise de taille : Marie aperçoit une tête émergeant à peine des flots: c’est un phoque gris qui nous observe de loin…il s’enhardit au point de se glisser sous l’eau jusqu’à nous et nous regarde de dessous la surface…quelle belle rencontre! Mais nous ne pouvons nous attarder, la nuit commence à tomber et il nous faut rejoindre le bateau.
Après un temps libre, nous avons le petit récap’ de route par Marie qui passe aussi en revue les nombreux oiseaux et animaux observés aujourd’hui avec de nombreuse explications. Per notre responsable hôtellerie nous présente les crabes royaux que lui et le chef vont nous concocter ce soir: les pattes impressionnantes finiront en un délicieux hors-d’oeuvre avec sa sauce maison. Après le repas, certains profitent du sauna et d’autres se couchent sans l’espoir d’une aurore puisqu’il neige à gros flocons…ce qui n’en donnera que des paysage plus beaux encore demain !
Nous naviguons depuis le petit matin en direction de Honninsvåg où nous jetons l’ancre à l’abri du vent. Honninsvag, située au Sud de l’île de Magerøya, a la particularité d’être la dernière petite ville avant le Cap Nord. Nous débarquons en zodiac sur le quai enneigé. La ville de 2500 âmes est calme et nous marchons prudemment dans les rues blanches. Nous nous rendons en premier lieu devant la statue de Bamse. Ce chien de race Saint-Bernard vécu à Honningsvåg dans la famille Erling Hafto capitaine du baleinier le Thorodd. En 1939 quand la guerre éclate, le commandant et son navire sont réquisitionnés par l’armée norvégienne. Bamse les suit. Puis au fil de leurs pérégrinations les menant jusqu’en Ecosse, Bamse sauvera la vie de deux marins du Thorodd et deviendra de ce fait la mascotte officielle de la marine norvégienne. Cette statue à Honningsvåg lui rend hommage. Mais de manière générale, de la statue de Balto à New-York, à celle de Bamse en passant par Patsy Ann à Juneau, ces statues témoignent de la proximité du chien et de l’homme depuis presque 40 000 ans et du lien indéfectible qui règne entre les deux espèces plus particulièrement dans les régions du Grand Nord.
Notre taxi nous attend maintenant et nous partons direction le Cap Nord.Quelle aventure ! Le chemin est en lui même toute une épopée. La route enneigée est difficilement praticable. Nous devons donc progresser une grande partie du trajet en file indienne derrière le chasse-neige. Nous ne sommes pas nombreux ce matin à nous rendre au bout de l’Europe ! Le paysage valloné immaculé de blanc est d’une grande beauté. Le ciel, lui, se pare de mille nuances de bleu qui rendent les lumières du Grand Nord inégalables.
Nous arrivons enfin au Cap Nord par 71°10’ de latitude Nord. Léonie d’Aunet le décrira si bien dans son livre : « Derrière le cap Nord il y a toutes les habitations de l’Europe, devant il n’y a plus que la mer insondable et les glaces éternelles ». Nous disposons ici de quelques petites heures avant le dernier convoi de retour. Entre statue commémorative, salle de musée, petite chapelle, nous profitons de ce lieu mythique au sommet de l’Europe continentale. Au bas de la falaise de 307 mètres de haut, la mer semble déchainée été comme hiver…. Nombre de marins s’y sont cassés les dents des siècles durant.
Nous passons une nuit plutôt agitée et bien que nous soyons maintenant amarinés, nous sentons la force des vagues qui diminuent ensuite pendant notre sommeil. Nous arrivons dans le détroit de Vargsundt, au pied du parc national du Seiland que nous longeons à l’aube. Ce matin nous offre
un ciel bas et une mer calme. Les montagnes sont saupoudrées d’une neige fraiche qui continue de tomber par intermittence et rends plus délicate l’observation aux jumelles. Un guillemot miroir volant au ras de l’eau est quand même repéré ainsi que quelques eiders alors que de tranquilles goélands observent notre passage en rangs serrés sur un rocher.
Nous débarquons dans le village le plus au sud de l’île pour une petite balade afin de prendre l’air et nous dégourdir les jambes. Nos guides en profitent pour nous montrer des exemples de la vie quotidienne, des constructions de bois ou de la vie locale dans ce petit coin.
Nous repérons des traces de lièvre au milieu des sorbiers et bouleaux qui bordent la route où les congères nous arrivent jusqu’à la taille. Nous profitons du calme pour faire un instant de “silence nordique”: chacun se tait et nous écoutons le silence dans un recueillement commun. Nous rentrons au bateau après une bonne marche et le repas est pris en faisant route vers le nord est, après un joli passage dans le détroit qui porte le nom de “petit fjord de la baleine”.
C’est à la sortie du fjord en direction du large que nous continuons de chercher des représentants de cétacés décidément timides en cette période et mettons le cap sur l’île de Sørøya pour jeter l’ancre et passer la soirée. Marie nous fait une petite conférence sur les fjords et leur géologie et nous comprenons mieux la formation du relief de ce pays. Puis, une visite machine est organisée avec Andrej, notre chef mécanicien qui nous explique le fonctionnement du bateau en nous faisant découvrir les moteurs, machines et salle de contrôle dans les entrailles de notre navire tout récemment rénové.
Nous prenons un apéritif et le dîner est ensuite servi dans une ambiance agréable et chaleureuse; nous discutons longtemps après ce dernier et nous couchons finalement alors que quelques flocons se remettent à tomber.
Nous levons l’ancre très tôt dans la matinée et nous dormons encore lorsque l’Explorer longe les côtes de Leisundet. Nous arrivons au moment du petit déjeuner à l’entrée du Kvænangen. Quelques petits bateaux de pêcheurs sont rassemblés sur ce qui semble être un bon coin de pêche. Nous pouvons même distinguer 2 gros poissons qui remontent dans un filet. Les oiseaux sont là aussi : de nombreux goélands juvéniles et adultes attendent leur part. Tout à coup, un aigle pêcheur ou Pygargue à queue blanche est observé. Il vole au-dessus du bateau de pêche. Son envergure et sa silhouette massive sont reconnaissables entre mille. Nous le regardons voler et nous apercevons parfois sa queue blanche signe que l’on a bien affaire là à un adulte. Il nous fait ensuite le bonheur de passer assez proche du bateau. Nous pouvons observer son bec jaune puissant et ses ailes dont les rémiges légèrement recourbées vers le haut montrent son adaptation parfaite pour le milieu aérien. Une superbe observation.
Nous continuons notre navigation.
Quelques vols de guillemots de Troïls absents il y a quelques jours encore nous confirme que nous sommes déjà au début du printemps. Venus du large, ils migrent en petits groupes, volant en ligne en direction des falaises ou bientôt ils se reproduiront. Nous passons la matinée à naviguer puis nous jetons l’ancre au nord de Karlsøy. Cette petite île de 70 âmes où c’était installée une communauté de hippies. Nous partons en zodiac pour débarquer. Nous observons deux cormorans huppés de très près, puis un vol de 5 plongeons imbrins ! Au moment du débarquement ce sont deux lagopèdes alpins qui sont surpris de notre visite. Tout de blanc vêtu, parfaitement cachés dans la neige, nous ne les avions pas vu.
Nous marchons aux abord d’une grande tourbière. Les bouleaux harassés par les vents ont une allure de fin du monde. L’ambiance est étrange mais appréciable car si différente des paysages que l’on a vu jusqu’alors.
Nous rentrons enfin au bateau où Sophie nous fait une petit conférence sur les aurores boréales : de leur mythes aux explications scientifiques. Puis c’est un récapitulatif en images de notre voyage qui nous est présenté, l’occasion de se remémorer toutes nos belles découvertes.
Si la plupart d’entre nous a choisi l’excursion d’immersion sâmé pour l’activité du matin, certains ont préféré l’activité de chiens de traineaux et s’éloigner ver l’intérieur des terres pour cette aventure typique et palpitante ! À notre retour, nous avons rendez-vous avec nos guides pour découvrir Tromsø et ses musées : Polaria et son cinéma panoramique qui nous donne bien envie de découvrir les régions de l’Arctique encore bien plus au nord, puis le musée des expéditions polaires où nos guides nous racontent les folles histoires de ceux qui ont bravé les éléments, de gré ou de force, dans ces terres extrêmes: baleiniers, trappeurs, marins ou explorateurs en quête d’aventures ou de nouvelles terres à conquérir. Nous ressortons songeurs en pensant à tous ces destins.
Puis changeons de sujet et prenons la direction du téléphérique de l’autre côté de la ville après avoir passé le grand pont qui relie l’îlot où est bâti la ville au continent. Nous nous élevons bientôt dans la nacelle du téléphérique qui nous emmène à 421 m d’altitude pour une vue superbe de la ville sous les lueurs du couchant.
Après une courte et fraîche promenade dans la neige sur les hauteurs, nous profitons de la vue panoramique pour une pause café accompagnée de “kanelboller”, ces délicieuses brioches à la cannelle typiquement norvégiennes. Le vaste ciel montre ses premières étoiles… Nous redescendons et passons devant la cathédrale arctique, ce bel édifice à l’architecture originale et moderne bien que des années 60.
Et, petite surprise agréable: nous prolongeons le monde des glaces avec la visite d’un lieu surprenant: le Icebar. Ce bar aux panneaux et sculptures taillés ou gravés dans la glace représentent des animaux polaires ou certains explorateurs. Nous posons sur le trône des morses et dégustons un verre de bienvenue à la liqueur d’airelles. Nous déambulons dans ce lieu original avant de regagner le bord pour notre dernière soirée. Le chef s’est surpassé avec de nombreux plats pour le plaisir de nos palais de cet ultime repas dans le grand nord.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
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David et Ann