Fabrice Jonckheere
Guide polaire
2 juin
13 juin 2023
Fabrice Jonckheere
Guide polaire
Audrey Roustiau
Arctique, Groenland et Islande
Laureline Armand
Responsable des contenus Web
Dr Laurent Balp
Médecin d'expédition
Marie Pellé
Biologiste
Jean Robert Couplet
Fabrice Capber
Guide Polaire
Certaines photos d’illustrations ont été prises lors de précédentes croisières au Spitzberg. Lorsque le voyage sera terminé, nous publierons les photos de la croisière. Le manque de connexion internet nous empêche de recevoir les photos en temps réel.
Le point de départ de cette croisière qui va nous mener au Spitzberg en longeant les glaces de mer du Sud-Est du Groenland en passant par l’île isolée Jan Mayen, est une terre de feu, de glace, entourée d’eaux, autant de couleurs figées dans le drapeau de ce beau pays, l’Islande. C’est sur la péninsule de Reykjanes – la péninsule des fumées – sur laquelle se situe l’aéroport de Keflavik où nous venons d’atterrir en ce milieu d’après-midi, que nous visitons deux sites caractéristiques de cette terre volcanique : le pont entre deux continents de Brú Milli Heimsálfa et les sources chaudes de Gunnuhver.
Le pont entre deux continents de Brú Milli Heimsálfa est un aspect géologique de premier ordre observable au Sud de la péninsule de Reykjanes : le rift créé par l’écartement de la plaque Nord-américaine et de la plaque eurasienne de part et d’autre de la dorsale médio-atlantique. Depuis le pont, nous surplombons l’une des nombreuses fissures provoquées par l’éloignement de ces deux plaques tectoniques. Les paysages alentours de laves figées et la côte découpée au loin sont magnifiques.
Avec 200 volcans actifs et une éruption tous les 4 à 5 ans, l’Islande est le « paradis des vulcanologues » selon les dires des célèbres vulcanologues alsaciens Maurice et Katia Krafft qui se rendaient régulièrement en ces terres incandescentes avant de rejoindre pour toujours un autre paradis. Les fumerolles soufrées de Gunnuhver ne sont qu’un échantillon des multiples facettes du volcanisme islandais. La variété des couleurs que nous observons correspond aux différents minéraux (soufre, gypse, hématite, etc.) arrachés aux profondeurs de la terre et déposés en surface par les remontées de gaz et d’eaux chauds.
Il est désormais temps de rejoindre l’OCEAN NOVA dans le port de la capitale Reykjavik, littéralement « baie des fumées ». Il s’agit de la capitale la plus septentrionale du monde. Avec son l’agglomération, Reykjavik regroupe les deux tiers des 370 000 habitants du pays. Cette ville agréable se situe précisément à l’endroit où s’installèrent les premiers colonisateurs norvégiens guidés par le viking Ingólfur Arnarson en l’an 874 bien qu’elle n’ait été réellement fondée qu’en 1786.
Une fois à bord de notre navire et l’indispensable exercice d’abandon effectué, nous prenons notre premier repas en mer avant d’assister à la présentation de l’équipe des guides qui vont nous accompagner tout au long de ce périple succinctement présenté par Marie, la cheffe d’expédition.
Après une nuit de navigation notre chef d’expédition annonce le petit déjeuner à 8h.
Nous faisons route vers la banquise dans une mer formée, de belles éclaircies nous permettent d’observer des oiseaux de mer que nous ne reverrons probablement plus au Spitzberg : Fous de Bassans, Pingouins Tordas, et d’autres qui se retrouvent plus au nord : Mouettes Trydactiles, Macareux, Goélands Bourgmestres, Guillemots, Sternes, Mergules Nains.
Une baleine croise notre route.
L’équipe d’expédition dispense les briefings sécurité et consignes de l’AECO et l’après-midi, nous recevons les bottes pour les sorties.
Fabrice, notre guide historien, nous fait une conférence magistrale sur les baleiniers et l’industrie baleinière depuis les origines.
Après cette belle présentation, c’est le commandant qui nous rejoint au salon panoramique pour le traditionnel « cocktail du Commandant ». Une première journée d’expédition bien remplie avec beaucoup d’informations.
Alors que l’Ocean Nova poursuit sa route, chacun se repose, parce que demain, c’est un tout nouveau monde qui s’ouvre nous, celui de la banquise.
L’Ocean Nova se réveille dans les brumes boréales. Les premières plaques de glaces apparaissent à l’horizon.
L’équipe de guides, levés aux aurores, repère depuis le salon panoramique une dizaine de phoques du Groenland étalés paresseusement sur des plaques de glace. Nos premiers pinnipèdes.
La banquise s’épaissit. L’Ocean Nova y pénètre vers 10h du matin. Peu après, dans une polynie, apparaissent au loin des souffles. Des baleines à bosses. Leur ronde majestueuse autour du navire attire sur les coursives.
Fascinés par ce spectacle et accompagnés par les explications des guides naturalistes, les passagers prennent photos sur photos.
Puis Marie, notre chef d’expédition décide de faire une sortie en zodiac dans la banquise. 2 heures durant, les embarcations se perdent dans ce paysage blanc et bleu.
Nous naviguons après le déjeuner dans cette glace dense mais fractionnée. En début d’après midi, Audrey donne sa conférence sur le baleinier néerlandais du XVIIIe siècle, Hidde Dirks Kat. Une histoire extraordinaire d’un hivernage forcé au large du Groenland. Quelques minutes après, un autre groupe de baleines à bosse croise le navire.
Le calme revenu, Laureline ouvre la boutique Grands Espaces dans le salon d’observation.
Puis Fabrice présent un récap sur les baleines que nous avons vues aujourd’hui, suivi de celui de Marie sur les oiseaux que nous avons rencontrés depuis le début du séjour : macareux, pingouins, goélands…
La soirée se poursuit après le diner par des conversations entre guides et passagers.
Marie, notre chef d’expédition, réveille l’ensemble des passagers à 8 heures. Le ciel est toujours bas mais le brouillard s’est un peu levé; la température extérieure est de 2°C. L’équipe de guides et l’équipage scrutent depuis un petit moment déjà la mer et les plaques de banquise à la recherche d’éventuels phoques et baleines, sans résultat malheureusement. La navigation de cette nuit a été plus difficile que prévue pour l’Ocean Nova. Le navire a en effet dû louvoyer entre plusieurs plaques et langues de banquise, réduisant ainsi fortement sa progression vers le Nord. Nous n’avons pas encore réussi à doubler en latitude le Scoresbysund, le plus grand fjord du Groenland.
À 10h00, Fabrice donne une conférence sur la banquise, accompagné par Jean Robert pour une explication sur la « fabrication » des cartes de glace que l’équipe de guides utilise quotidiennement pour définir et affiner le trajet durant cette croisière-expédition. La chronique littéraire de Marie en fin de matinée doit malheureusement être reportée en raison de la mer bien formée qui rend de nombreux passagers un peu malades. À 12h30, c’est l’heure du déjeuner.
En début d’après-midi, le soleil tente quelques incursions furtives et la mer se calme un peu. C’est le moment idéal pour Marie pour lancer sa chronique littéraire, nous présentant de nombreux livres polaires, de récits biographiques aux livres pour enfants en passant par les romans policiers scandinaves. Un ensemble composé d’une trentaine de livres est mis à la disposition des passagers pour les dix prochains jours. Jean-Robert prend la suite des opérations et propose aux passagers une conférence sur les courants marins. La fin de l’après-midi est passée à contempler la mer qui commence à scintiller sous les rayons du soleil.
La brume des deux derniers jours nous a enfin quittés et tout le monde s’en réjouit. L’équipe de guide s’attèle pendant ce temps-là à la préparation du débarquement sur l’île de Jan Mayen, où nous arriverons le lendemain matin. Leurs plans sont présentés aux passagers lors du récap’ du jour à 18h00. Un excellent dîner s’ensuit, conclu par l’apparition inattendue de deux groupes d’hyperoodons boréaux qui s’approchent du navire. Nous dénombrons au moins 5 individus dans ce groupe. Leurs déplacements incessants pour chasser autour du navire entraînent une valse des passagers entre bâbord à tribord pendant de longues minutes.
Chacun savoure sous quelques flocons de neige cette observation exceptionnelle. A 21h30, un film sur le célèbre Jean-Baptiste Charcot est proposé aux passagers pour terminer cette belle journée en mer.
Nous nous sommes endormi bercés par le souvenir de ces très rares hyperoodons boréaux aperçus la veille.
Pendant la nuit nous avons été bercé par les ondulations lentes du bateau sur les flots de la mer du Groenland. Puis vers le matin le bercement se réduit pour ne devenir qu’un discret frémissement du bateau sur des eaux plus calmes. Le premier réflexe est d’entrouvrir le rideau de la cabine. Si jusque là, Poséïdon n’avait pas été clément avec nous, il nous montrait là sa grande clémence, la mer était d’huile et le ciel sans nuages.
Comme nous l’apprendrons plus tard de la part des militaires norvégiennes qui nous ont accueillies, cette conjonction de phénomènes ne se produit qu’une dizaine de jours par an. Les incantations de la veille avaient donc parfaitement fonctionné.
Après un petit déjeuner rapide, une longue matinée nous attendait, nous voilà prêts pour l’embarquement dans les Zodiac. Après deux allers-retours, nous nous retrouvons tous sur la plage, rappel une dernière fois des règles AECO et nous voilà séparés en trois groupes. Une grande marche pour aller découvrir un col permettant une vue sur la côte Nord-Est de l’île. Une moyenne marche pour aller jusqu’au premier point de vue. Une petit marche pour rester sur la plage. Une certaine liberté était de mise en effet sur l’ile de Jan Mayen sur laquelle il n’existe plus aucun mammifère, le dernier renard ayant été malheureusement tué vers les années 1940. Pas de danger d’ours donc, protocole moins contraignant contrairement au Svalbard où des règles plus strictes seront appliquées.
Arrivés au premier point de vue, une vue magnifique s’offre à nous. A nos pieds une longue étendue de sable noir s’évanouit au loin dans la mer d’un bleu vert splendide. Sur notre gauche un éperon basaltique délimite la partie la plus au sud de cette plage. Sur notre droite s’élève le Beerenberg, le volcan qui culmine l’île à plus de 2200m d’altitude . Ce volcan ceinturé à sa base de nuages blancs nous laisse voir son sommet sur lequel on peut imaginer une calotte glacière. La longue route rectiligne de cailloux volcaniques nous conduit vers un second point de vue plus proche du volcan puis encore plus loin vers un col duquel nous pouvons apercevoir le coté Nord-Est de l’île, son lac et sa bande de lagune l’isolant de la mer.
Chemin faisant, nous avons rencontré marcheurs entraînés, un papa en sueur portant sur ses épaules son fils fatigué, des photographes en quête du cliché exceptionnel, des promeneurs profitant des conditions météorologiques exceptionnelles pour ce morceau de terre au milieu de nulle part.
Par chance après cette jolie marche, il nous restait un peu de temps pour faire le tour du promontoire situé au nord de la Baie des morses dans laquelle nous avons débarqué. Par petit groupe nous allons voir de plus près ces formations géologiques volcaniques.
Un peu plus loin, nous retrouvons notre belle plage de sable noir vue plus tôt depuis la route avec son bois de flottage. Le volcan s’enveloppe de nuages plus denses mais nous laisse toujours voir son sommet. D’abondantes colonies d’oiseaux nous accueillent, nous pouvons voir pêle-mêle, fulmars boréaux, guillemots à miroir, guillemots de Brunnich, mouettes tridactyles, mergules et macareux moine. Après cette page ouverte sur l’ornithologie du grand Nord nous retournons par petits groupes au bateau pour le déjeuner.
Nous reprenons notre navigation, contournant l’île par sa côte Sud-Ouest qui nous permet d’admirer le volcan avec une autre vue et de voir les glaciers dévalant de la calotte pour se perdre jusque dans la mer. Mais pour combien de temps encore? Déjà des nuages gris chapeautaient le sommet devenu invisible, la clémence des éléments n’aura duré que le temps de notre visite, un véritable miracle.
Au cours de cette paisible remontée vers le Nord, nous sommes alerté par une message de Marie qui a aperçu au loin des souffles de cétacés venant vers le bateau. La conjonction de leur route inverse à la notre et de l’erre du bateau fait que nous ne pouvons identifier l’espèce de passage.
Au cours de l’après-midi, Audrey nous informe sur tout ce que nous avions voulu savoir sur Jan Mayen sans jamais avoir osé le demandé. La formation de l’île, la dorsale nord-atlantique, la tectonique des plaques, le petit bout de terre arraché au Groenland, le volcanisme avec cette dernière éruption de 1985. Son climat avec ses courants marins et aériens. Son histoire entre les Pays-Bas et la Norvège, entre la chasse à la baleine et les observations scientifiques, son rôle pendant la seconde guerre mondiale et actuellement. Tant de découvertes pour un si petit bout de terre au milieu de cet océan.
Avant le dîner, le récap du jour est organisé par les trois Fabrice.
Fabrice 1 nous parle d’une philosophie inuit : Imaqa
Fabrice 2 nous nous évoque l’Hyperoodon boréal, cette baleine très rare
Mais où est le troisième Fabrice? Fabrice nous indique que l’hyperoodon Boréal se nourrit essentiellement d’un petit calamar le ….. Fabricii. Nous nous retrouvons pourvu d’un Fabrice supplémentaire le temps de cette conférence.
Le repas du soir permet à tous, passagers et équipe de guides de relater cette magnifique journée passée au delà du cercle polaire.
Après le repas, un film sur le grand explorateur Amundsen est diffusé avant de retourner à nos rêves et de nous laisser bercer par Poséïdon, Zeus et Eole.
La journée fut consacrée à la navigation entre Jan Mayen et le Svalbard. En début de matinée, l’Ocean Nova a dépassé le 73ème parallèle, avec une vitesse moyenne de navigation de 11 nœuds.
Durant la matinée, Laurent et Fabrice Capber ont présenté une conférence sur l’homme et le froid / les animaux et le froid, présentant les stratégies physiologiques comme extérieures pour l’Homme et les animaux typiques de l’Arctique pour s’adapter et vivre dans un environnement dominé par les températures froides.
Après le déjeuner, nous avons assisté à la projection du film « La glace et le ciel » de Luc Jacquet, biologiste ornithologue ayant hiverné en Terre Adélie, présentant le parcours du chercheur Claude Lorius, glaciologue sur la base Charcot en Antarctique, puis à Dumont d’Urville. Ses recherches pendant près de 30 ans ont permis de mettre en évidence la possibilité de décrire la composition de l’atmosphère par analyse des bulles d’air piégées dans la glace, et d’alerter, de manière précoce, l’impact de l’Homme sur le réchauffement à l’échelle de la Terre.
Tout au long de la journée, nous avons pu observer mouettes tridactyles et fulmars autour du bateau.
L’après-midi a été occupée par la conférence donne par Fabrice Jonckeere sur les routes maritimes dans l’Arctique, enjeux économiques, environnementaux et géopolitiques qui posent aujourd’hui la question de l’ouverture de la route arctique Nord-Est et Nord-Ouest.
En fin de journée, Marie, notre cheffe d’expédition a fait un point météo pour la navigation du lendemain et l’arrivée prévue au Negribreen (côte Est du Spitzberg) le 9 au matin, ainsi que sur la carte des glaces au niveau du Svalbard, et notamment d’Edgeoya par rapport au programme prévisionnel.
En soirée, certains passagers ont vu des dauphins à bec blanc de manière furtive, qui ont continué leur route vers vers le large.
Au coucher, l’Ocean Nova poursuit sa route vers le Svalbard, passant 74° Nord, à une vitesse de noeuds.
Nous nous réveillons ce matin sur une mer plutôt calme : le Spitzberg n’est plus qu’à quelques heures de navigation. En attendant, notre équipe d’expédition a prévu de quoi nous occuper à bord pour cette dernière journée en mer. Après notre petit-déjeuner, nous assistons à une conférence de Marie sur les mammifères marins. Baleines à bosse dont la technique de chasse leur vaut le surnom évocateur des « engouffreuses », hyperoodons, baleine bleue ou le plus grand mammifère au monde, tous ces cétacés n’ont plus de secrets pour nous. Nous revoyons leurs techniques de communication par ecolocation déjà évoquées par Fabrice lors d’une précédente conférence. Après une courte pause, nous profitons de la projection du documentaire « Sonic Sea » qui évoque la pollution sonore que subissent ces mammifères marins.
Déjà, les premiers pics enneigés du Spitzberg apparaissent au loin : terre en vue ! Nous nous réjouissons de pouvoir enfin découvrir cette île que nous avons tant imaginé… Le soleil illumine la mer de mille reflets. Mais d’abord, c’est Adrian, notre chef hôtelier qui nous appelle pour le déjeuner.
Après une courte sieste pour certains, c’est à 15h que nous nous retrouvons au salon panoramique pour participer au « Quizz polaire » organisé par nos guides, une façon de voir si nous avons pu ingérer toutes les informations données ces derniers jours durant les nombreuses conférences. Autant de questions qui donnent la victoire à l’équipe « Belouga », qui n’a pas choisi son nom par hasard…
Le quizz terminé, nous nous précipitons sur les ponts : l’Ocean Nova longe désormais les côtes du Spitzberg. Le printemps polaire est bien là, ayant couvert ses monts et toundras d’un manteau de neige scintillant sous le soleil.
Le spectacle est saisissant. Les appareils photos crépitent. Une baleine à bosse laisse apparaître sa nageoire caudale pour très vite retrouver les profondeurs marines. Marie nous présente alors une introduction au Svalbard, tandis que les guides ont leurs jumelles vissées sur les yeux à la recherche de vie…
Après le dîner, durant lequel nous avons pu souhaiter l’anniversaire de Jean-Robert, l’un de nos guides, les espaces communs et les ponts sont investis pour profiter du spectacle qui défile sous nos yeux. Une banquise disloquée borde les côtes et se fait doucement bercer par la mer. Marie nous annonce que des morses se prélassent sur l’une d’entre elles. Nous sommes à distance mais nous pouvons apercevoir une mère et son petit qui joue.
La lumière du soleil de minuit illumine les paysages englacés…Cette arrivée au Spitzberg nous donne un magnifique avant goût de la longue journée qui nous attend demain…
Nous entamons notre première journée d’exploration in situ du Sud-Est du Spitzberg. A notre réveil, nous nous trouvons positionnés devant le large front de glace du glacier Negribreen à 78°30’ de latitude nord. Le temps est typiquement « svalbardien » avec un ciel couvert, cinquante nuances de gris et une visibilité horizontale parfaite. Le Negribreen se situe au sud-est de la Terre Olav V. Les paysages alentours sont fabuleux. On se sent seul au monde dans cet environnement si unique.
Le Negribreen tire son nom du Baron Christoforo Negri, un géographe italien du 19ème siècle. Ce glacier a la particularité de « surger » ou glisser, c’est-à-dire d’avancer rapidement sur une courte période. Ce fut le cas en 1936, année au cours de laquelle il avait avancé de plus de 30 km. Le Negribreen présente un front de glace de plus de 20 km de long que nous allons parcourir en zodiac ce matin. Nous nous sommes d’ailleurs levés plus tôt que d’habitude tant il nous tardait de découvrir ce monde de glaces. Et le spectacle fut au rendez-vous !
Les très nombreux icebergs présents devant le glacier laissent pressentir une activité soutenue. Effectivement, nous avons eu la chance d’observer un « vêlage » sur toute la hauteur du front. La navigation dans ce champ d’icebergs entre floes (plaques de banquise) çà et là, est fantastique, des plus petits icebergs dénommés « bourguignons », au plus gros spécimens que nous contournons et prenons en photo allègrement.
La variété de couleurs des ces massifs gelés est incroyable. Des mouettes blanches – un oiseau splendide, rare et emblématique de l’Arctique -, des labbes parasites, des guillemots à miroir et des mouettes tridactyles viennent nous saluer tout au long de cette balade entre glaces de terre et de mer. En fin de sortie, un jeune phoque barbu nage entre les zodiacs, aussi surpris et curieux que nous sans doute. Véritable amoureux des glaces, c’est souvent en solitaire devant les fronts de glace qu’il se laisse apercevoir. Il s’agit de la plus grande espèce de phoques de l’Arctique avec ces 2,5 m de long pour un poids pouvant dépasser les 300 kg !
De retour sur l’Ocean Nova pour déjeuner, nous nous remettons lentement de ce premier contact rapproché avec le Spitzberg, et nous nous réchauffons, car même en été il fait froid ici ! Le navire se dirige désormais vers le détroit de Freemansundet au Sud-Est, entre les îles de Barentsøya et Edgeøya, nommées respectivement en l’honneur de Willem Barents – le découvreur du Spitzberg en 1596 – et d’un baleinier anglais du début du 17ème siècle, Thomas Edge. Au cours de la navigation vers Kapp Lee situé au nord-ouest d’Edgeøya pour un débarquement, des morses sont observés en mer et sur des floes. C’était de bon augure sans doute, car un groupe de 70 à 80 morses mâles nous attendaient sur la plage de Kapp Lee.
Nous débarquons loin du groupe pour ne pas l’effaroucher, quelques rennes encore en livrée hivernale blanche nous accueillent à la plage. Il s’agit d’une sous-espèce de rennes qui a évolué différemment des autres rennes du fait de son isolement ici au Svalbard.
Le renne du Svalbard a le museau plus court, il est également plus trapu que ses congénères russes ou canadiens. Depuis la plage, des labbes parasites s’en prennent à une pauvre mouette tridactyle qui fait ce qu’elle peut pour leur échapper et ne pas leur laisser les proies qu’elle vient de pêcher. La nature est parfois cruelle. Nous observons également des échassiers tels le bécasseau violet et le phalarope à bec large.
Nous entamons ensuite une approche du groupe de morses se reposant le long de la plage. En chemin, nous croisons un vaste cimetière de morses massacrés ici par les baleiniers dès le 17ème siècle, puis par les chasseurs pomores venus de Russie au 18ème siècle, et découvrons trois huttes construites en 1904 et 1968 respectivement par des trappeurs norvégiens puis des scientifiques. Les populations se reconstituent petit à petit ces dernières décennies, et c’est un groupe de mâles conséquent que nous pouvons observer.
Un véritable enchantement que d’admirer ces énormes mammifères pouvant peser plus d’une tonne et demie ! Des mâles de différents âges empilés les uns sur les autres, se chamaillant, éructant, pétant, se grattant… que du bonheur pour les naturalistes en herbe que nous sommes. C’est pendant près d’une heure que nos yeux ébahis ne lâchent pas d’une seconde ce spectacle rare que seuls quelques privilégiés peuvent admirer. Et comme si cela ne suffisait pas, des jeunes individus espiègles se sont approchés par la mer et nous ont offert des scènes de jeu incroyables à quelques mètres de la plage, juste devant nous. Un souvenir d’une vie que seul l’Arctique sait procurer !
L’Ocean Nova reprend la mer pour rejoindre le sud-ouest du Spitzberg en soirée. Après le dîner, le récapitulatif habituel nous est présenté par Fabrice C., Laurent et Marie. Nous revenons bien sûr sur cette extraordinaire observation de morses, et échangeons sur d’autres sujets du jour.
Après une nuit de navigation pour rallier le Hornsund, notre chef d’expédition annonce le petit déjeuner à 8h.
Nous faisons route vers Hferpynten où l’équipe d’expédition souhaite procéder à un débarquement. Pendant ce temps de navigation, notre guide Jean-Robert nous présente une conférence captivante sur les glaciers.
A l’arrivée sur le site une reconnaissance des guides sur le terrain conduit à une annulation de l’opération. Les conditions météos ne sont pas optimales. Beaucoup de vent, des grains soutenus et la brume qui s’intensifie poussent à la prudence.
Une fois l’équipe à bord nous faisons route vers le front glaciaire de Vestre Burgerbukta, mais celui-ci est obstrué par la banquise de fjord que nous n’avons pas le droit de pénétrer : nouveau cap sur son voisin le Ausstre Burgerbukta.
Le paysage gigantesque est illuminé par un rayon de soleil très spécifique à l’Arctique. C’est féerique.
Les 2 glaciers du fjord de l’Ouest sont accessibles. Les zodiacs sont mis à l’eau et une exploration commence. Nous pouvons tourner autour d’icebergs au bleu intense, longer le front de glace et pénétrer dans l’entrée d’une lagune encore recouverte de banquise. Un phoque barbu nous observe timidement dans un petit passage d’eaux libres.
Les mouettes tridactyles sur les bourguignons, les mergules et les guillemots à miroir et quelques eiders sont l’objet de nombreuses prises de vues. Après plus de deux heures de sorties, nous retournons à bord nous réchauffer autour de chocolats chauds.
L’Ocean Nova fait route vers le fond du Hornsund à vitesse lente dans le Brepollen. Le panorama est incroyable et émouvant. Dans la mer d’huile d’un gris profond se reflètent les monts enneigés qui nous surplombent. Nous sommes entourés de front de glace, la vue porte loin vers les nunataks et les montagnes environnantes. On aperçoit de près un phoque barbu sur son floe. Il nous regarde évoluer tranquillement.
Puis vient l’heure de barbecue sur le pont extérieur dans ce paysage du bout du monde.
Le vent monte un peu nous reprenons notre navigation vers le Bellsund où nous arriverons demain matin.
Réveil matinal a 7h pour contempler le paysage grandiose à l’approche du Bellsund. Les roches du Crétacé alternent avec celles des tertiaires et ce faisant nous offrent un panel saisissant de l’histoire géologique de l’archipel.
Le petit déjeuner avalé, nous voilà embarqués dans les zodiacs pour une marche à Ahlstrandodden. D’antiques huttes de trappeurs, cernées de restes de bélougas marquent le début de la progression dans une toundra renaissante, parsemée de saxifrages. Les opérations sont interrompues par un cri : un ours. En effet a quelques encablures se promène un ours blanc sur le rivage, probablement en quête des phoques annelés présents dans ces eaux.
Les zodiacs se dirigent à vive allure vers la zone et l’affut commence. Chacun retient son souffle, l’œil vissé aux jumelles. Des rennes, un phoque annelé, des bécasseaux violets et des eiders agrémentent cette recherche.
A 12h30 se termine l’observation. Le déjeuner est interrompu par une cinquantaine de bélougas sur le bâbord du navire.
A force d’observations, l’équipe de guide identifie un autre ours en maraude. Point ivoire dans la toundra, il marche en direction de quelques rennes. Ceux-ci prennent peur et dévalent la pente pendant que le plantigrade continue son chemin mine de rien.
1 heure durant ce spectacle s’offre à nous. Nous décidons afin de respecter les temps de navigations qui nous attendent de repartir vers le Nord. Nous parcourons à cette occasion donc le Bellsund a la recherche de vie animale.
A 16 h, Fabrice donne sa conférence sur l’Ours polaire, suivie d’une sortie zodiac dans le fjord de la Recherche. Ici se trouve un glacier bordé par une lagune d’eaux dormantes. Il faut franchir une barrière de glaces dérivantes afin d’y parvenir. A vitesse réduite, chaque zodiac a force de persévérance, trace sa route dans ces eaux englacées . Un phoque annelé nous observe, curieux. Il passe sous les zodiacs, disparait, réapparait.
La glace tinte, dérivante. La lagune entre le glacier et la passe rocheuse est bordée d’une langue de terre qui la protège de la houle extérieure.Nous revenons à bord de l’océan Nova a pleine vitesse, heureux de cette journée riche en observations.
Réveil matinal pour l’équipe de guides ce matin : ils sont dès 6h00 à la passerelle afin de spotter un deuxième ours dans l’Ekmanfjord. Un individu est repéré à 6h30 mais très vite perdu par l’équipe. Après le petit-déjeuner, les passagers de l’Ocean Nova se voient proposer une croisière zodiac afin de participer aux recherches de l’ours dans la moraine frontale du glacier. Nous ne le retrouverons malheureusement pas mais effectuons tout de même une belle balade le long de la banquise de fjord.
Celle-ci réserve de belles observations en vol ou sur la glace d’eiders à duvet mâles et femelles, mélangés à des eiders à tête grise, de goélands bourgmestres et de guillemots à miroir. Un renne décide même de traverser sur la glace entre la moraine frontale et la terre ferme !
La navigation en front de banquise se révèle de temps à autre sportive pour les guides et les passagers. Des chenaux s’ouvrent et se ferment entre les morceaux de glace devant le front de banquise, obligeant les zodiacs à écarter et à se faufiler entre eux. Certains passagers se révèlent être des experts dans le maniement du pic à glace. En fin de balade, un phoque barbu vient se prélasser au loin sur la banquise de fjord, visiblement peu intéressé par nos allers et venues.
Lors du déjeuner, l’Ocean Nova reprend sa route et nous emmène vers Skansbukta, un petit bras de fjord situé dans le Billefjord. Durant les quelques heures de navigation, les passagers assistent à une conférence d’Elodie sur le charbon au Svalbard et les différentes mines qui ont été ouvertes sur l’archipel lors des deux derniers siècles.
En fin d’après-midi, nous arrivons sur le site de Skansbukta et effectuons une petite balade sous la neige le long de l’ancienne exploitation minière de gypse. À deux reprises durant le XIXème siècle, des Norvégiens sont venus à cet endroit pour exploiter ce minéral avant de conclure, après une saison d’exploitation, que les quantités de gypse étaient trop faibles pour être commerciales et que le gisement se composait essentiellement d’anhydrite.
Deux cabanes (dont une où il ne reste que les fondations), une petite voie de chemin de fer, quelques wagonnets et de nombreux tas d’anhydrite sont aujourd’hui les seuls vestiges qu’il reste de ce fiasco minier. Sur les pentes du fjord, de nombreux rennes paissent et la toundra héberge de nombreux oiseaux : bruants des neige, bécasseaux violets qui se chamaillent, mouettes tridactyles… Marie se lance dans une étude botanique de la zone avec quelques passagers.
L’heure tourne malheureusement vite et il nous faut rentrer au navire. La fin de la croisière approche et les préparatifs de fin de voyage doivent démarrer. Les passagers ont le droit à un résumé en image de cette belle croisière par Marie, suivi du pot du capitaine, puis des résultats du concours photo et , enfin, le programme de la journée de désembarquement. Après le dîner, c’est l’heure de rendre les bottes puis de faire sa valise. La nuit sera courte !
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
À Simone, Jean Claude et à tous les passagers. Profitez de tous ces moments fabuleux. On suit pas à pas votre périple cela doit être magique et magnifique. À bientôt sur le carnet de voyage
A Claude COURRIEU :
Maman, mamie, nous suivons ton magnifique voyage. Profites bien de tous ces moments et paysages fabuleux. Fais nous de belles photos ! bisous. Chantal, Maëlys et Marie.
Hoi Audrey & Dominique!
Hoe gaat het ? Is het ontbijt lekker? I’ll stop here, you must already be too impressed by my level in Dutch 😀
I hope you’re both enjoying this trip. Seems you have seen some nice things already! Hope it will be so all along 🙂
PS: Dominique do not hesitate to « borrow » Audrey’s camera if she takes too many pictures. Or else I’ll have to correct her future 100-page photobook again, with unpronounceable location names (which must bring many points at Scrabble though) and I will take me sooooo many hours hahaha
De rekening gaar en tot ziens !
Claire
Bisous aux Bousille! Profitez bien! J’ai hâte de voir vos photos et d’entendre le récit de vos aventures!
Des paysages grandioses, des sensations, les baleines qui sont au rendez-vous, etc… tu dois avoirs pris de magnifiques clichés! Un voyage sans doute à la hauteur de tes espérances.
Amitiés,
Claire et Jean-Louis Daudier
À Simone et Jean-Claude ! Belles destinations, avec visiblement des paysages à couper le souffle.
Une température plus haute de notre côté, pour notre séjour ! Hâte d’entendre le récit de ce nouveau voyage. Bises à vous 2. Charline
Hello Audrey et Dominique,
il semblerait que vous ayez trouvé un temps splendide après les premiers jours dans la brume.
Vous avez eu la chance de croiser des baleines à plusieurs reprises.
Je suppose que les appareils photo ont fonctionné à plein régime !
Profitez bien de ces superbes paysages.
Bises
Coucou Maman
Bravo maman, mamie me montre de images de ton voyage!
Je dors avec ta photo dans le lit chez mamie.
Tu me manques un peu, je compte les dodos avec de beaux rêves avec toi.
Gros bisous sur ton nez!
So very sad skype without the Queen !!
Fortunately she ‘ll be there next Sunday.
hahaha
Een goed einde van uw verblijf
Quel beau périple ! Dommage qu’un mariage ait bloqué notre envie de grands espaces… mais nous voyageons au travers de vos récits…super. Bon vent à Marie et Chantal en particulier.
bises