Marie Pellé
Biologiste
31 mai
11 juin 2024
Marie Pellé
Biologiste
Benjamin Dy
Destinations Nordiques et Antarctique
Fabrice Jonckheere
Guide polaire
Frédéric Bouvet
Croisières Polaires au Spitzberg
Nathalie Ansel
Directrice commerciale
Dr Laurent Balp
Médecin d'expédition
Certaines photos d’illustrations ont été prises lors de précédentes croisières en Antarctique. Lorsque le voyage sera terminé, nous publierons les photos de ce voyage.
Le ciel est bas sur l’Islande. Nous avons rendez vous en fin d’après midi à bord de l’Ocean Nova, blotti dans le port de Reykjavik. Pour certains d’entre nous, la journée sera consacrée à arpenter les rues de la vieille ville. Le reste du groupe atterrit dans l’après midi. Pour tous cependant, l’enjeu sera de tenter d’apercevoir les jets de lave de parfois plus de 60 mètres de hauteur s’échappant de la faille volcanique de 3 à 4 km de long à quelque dizaines de kilomètres de Reykjavik.
Le volcan est en effet entré en éruption pour la deuxième fois en moins de 6 mois, perturbant fortement la vie des habitants de la péninsule de Reykjanes. Les routes autour du volcan et de la ville de Grindavik sont toutes coupées, le volcan est inaccessible. Le groupe arrivant à l’aéroport est accueilli par Nathalie, la directrice de croisière. Ils ont la surprise de se voir proposer un petit tour de la péninsule, commenté par Fabrice, notre guide d’expédition. Un arrêt est prévu le long de la faille séparant les deux plaques continentales Nord-Américaine et Eurasienne, puis vers une plateforme nous permettant d’observer les fumerolles de Gunnuhver, supports aux explications de Fabrice sur ce pays « de feu et de glace » marqué par une activité sismique intense. Sur la route vers Reykjavik, apparaissent soudain des lueurs rouges et des fumées. Nous avons la chance d’apercevoir la faille volcanique, effectivement fort active.
Ravis, nous rejoignons le cocon de l’Océan Nova ou Marie, notre chef d’expédition et l’équipage nous attendent, sourire aux lèvres, pour un excellent premier diner. A l’issue de cette longue journée, le restaurant se vide rapidement. Nous rejoignons nos cabines, bercés par la houle. Nous voilà en mer.
L’océan Nova se réveille dans une mer légèrement houleuse et grise. Apres le petit déjeuner, Marie, notre chef d’expédition présente, avec forces cartes et schémas,
l’itinéraire de l’expédition et la philosophie de l’aventure. Le ciel se dégage progressivement offrant une vue splendide pour la suite.
S’ensuit une observation depuis les ponts extérieurs de la faune de long des côtes des Westfjords. Fous de Bassan, globicéphales, Guillemots, Fulmars ; Goélands et Torda sont visibles depuis le navire. Une description géologique détaillée des falaises permet de mieux comprendre davantage la formation et l’évolution de la géologie locale.
Dans l’après midi une nous passons le Cap Horn du Nord, dénommé ainsi par les marins en hommage au Cap Horn Austral Benjamin et Fabrice interviennent pour expliquer la vie sur place. Fréderic donne sa conférence sur les oiseaux arctiques puis le cocktail du commandant réunit l’ensemble des passagers et de l’équipe dans un moment convivial de détente.
Après une bonne nuit sur mer calme, transportés par les connaissances de Frédéric sur les oiseaux des contrées boréales, la douce voie de Marie nous réveille pour notre petit déjeuner. En ouvrant les rideaux de la cabine, quelle ne fut pas notre joie de nous voir en bordure de banquise. Celle ci est extrêmement dense, au moins 80-90% de couverture. Le but de la matinée est une croisière Zodiac en lisière de la banquise.
Le petit déjeuner avalé nous voilà tous partis dans nos cabines, impatients de sortir à la découverte de cette glace de mer à l’origine d’un écosystème important. Malheureusement, la force des vents durcit, la mer se creuse un peu plus et les rafales se font beaucoup plus violentes. Il devient impossible de sortir les embarcations de l’Ocean Nova. Un peu dépités, nous repartons tous nous changer. Mais quel spectacle fabuleux avons nous pu voir depuis les ponts extérieurs. Cette glace toujours en perpétuel changement, en dérive, bouclant complètement la côte est du Groenland de sa ceinture blanche nous empêchant de nous approcher plus près. Aucun doute, les éléments seront plus forts que nous ce matin. Frédéric, tel un magicien va nous faire un exposé sur l’origine du mot Arctique. Oscillant entre l’étoile polaire et la grande ourse, entre la mythologie grecque et romaine, entre mesure précise et imagination, entre navigation et astrologie. Mais dès le début de l’exposé, un mergule de quelques
grammes a stoppé net la conférence, fait se lever tous les auditeurs, et entrainé Frédéric sur une petite explication sur cet oiseau emblématique du Groenland .
Le repas est annoncé, une petite sieste agréable le suit. Les conditions météorologiques ne s’arrangent pas… Certains préférent à bon escient se reposer. En début d’après midi, Fabrice nous invite à une conférence sur « l’Océan Nova est-il un brise-glace ?» : les explications sont précises entourés d’exemples. Fabrice nous parle de carènes, de coques, de transatlantiques, de frégates. Le Sarpik Ittuk, retrouve les côtes où il a navigué de longues années où il reliait les différentes communautés.
Aujourd’hui agrandi, modernisé il nous sert de base arrière pour nos expéditions avec toujours la même loyauté. Ensuite, Benjamin, Fabrice et Laurent nous invitent à une mise au point suivis d’ateliers pour améliorer la prise en main de nos appareils photos. Sont abordés de nombreux points techniques tels flou de bougé, profondeur de champs, RAW, sauvegarde, collimateurs… La mer se creuse encore un peu plus et une fois le repas terminé l’équipe nous propose de regarder film au salon panoramique. Certains, pris par le mal de mer, préfèrent aller se coucher en espérant que demain la mer sera plus clémente.
Dès le petit matin, le doux bercement qui nous avait endormis se transforme en secousses plus énergiques qui agitent notre sommeil. À 8h30, les tables du petit déjeuner sont plus clairsemées que d’habitude. Les équipes d’expédition, d’hôtellerie et médicales ravitaillent les passagers qui souffrent du mal de mer ou qui préfèrent ne pas affronter les embardées de plus en plus fortes du navire avec des fruits, du pain, des comprimés qui soulagent le mal de mer et des boissons.
Les paquets de mer heurtent régulièrement les baies vitrées de la salle à manger, qui heureusement sont prévues pour cela et sont extrêmement solides. Aujourd’hui, la seule activité proposée aux passagers non-alités, étonnamment nombreux, est le passage sur la passerelle où le commandant Valery Memedov nous accueille avec générosité et une sérénité très rassurante pour assister au spectacle extraordinaire, pour les frêles humains que nous sommes, de la nature déchaînée. Certaines vagues dépassent la hauteur du salon panoramique sur le pont 4, dont le plancher est à sept mètres, et nous surplombent largement à la passerelle. En début d’après-midi, les rafales de vent atteignent les 55 nœuds, avec une moyenne à 48 nœuds, et les vagues sont à 6-7 mètres, avec quelques-unes, de temps en temps, qui dépassent les 10 mètres. Parfois, les trombes d’eau qui s’abattent violemment sur les vitres de la passerelle avec un bruit d’explosion sourde nous donnent l’impression d’être dans un sous-marin !
Au milieu de l’océan déchaîné, l’Ocean Nova avance malgré le vent plein nord et les vagues qui le frappent presque de face légèrement sur bâbord (30°). Certes, la vitesse est quasiment divisée par 2, à 5 nœuds, mais heureusement, le Gulf Stream avance vers le nord comme nous et nous donne une vitesse GPS de 6 nœuds (par rapport à la planète et non par rapport à la masse d’eau dans laquelle nous nous déplaçons). À l’intérieur du navire, les mouvements sont parfois amples, parfois brutaux, mais l’Ocean Nova est solidement construit ; c’est un bateau expérimenté qui en a vu d’autres. Tout le monde se sent en sécurité dans ce cocon que tout l’équipage a rendu cosy. Et pourtant, ce n’est qu’une mince coque d’acier qui nous protège des éléments très hostiles et déchaînés, au milieu desquels les merveilleux fulmars semblent tout à fait à l’aise. En effet, tout au long de la journée, jusqu’au plus fort de la tempête, ces oiseaux incroyables pesant moins d’un kilo nous ont accompagnés, petites boules de plumes portées par de longues ailes solides mais souples, jouant avec les rafales violentes et les vagues énormes.
À 17h, le plus fort est passé et le vent a molli vers les 35 nœuds. Les vagues s’assagissent et quelques passagers émergent de leurs cabines vers le salon panoramique, d’où le spectacle reste grandiose et le bar a ouvert. Un dîner léger est servi à 19h30 et la salle à manger est presque complète. Au dehors, les fulmars sont plus nombreux et leurs arabesques gracieuses autour du bateau nous enchantent ; des mouettes tridactyles apparaissent aussi. Ces nombreux oiseaux annoncent la proximité de l’île de Jan Mayen que nous apercevons vers 20h20.
Cette petite île volcanique, seulement 54 km de longueur, culmine à 2277 m au volcan Beerenberg, dont la dernière éruption remonte à 1985 : c’est le volcan actif le plus septentrional du globe. Sa découverte incontestée remonte à 1614 par un navigateur néerlandais au nom compliqué, qui a été simplifié à Jan Mayen par son premier cartographe. Elle sert de base à des baleiniers mais n’est revendiquée par aucune nation jusqu’en 1929, date à laquelle elle est annexée par la Norvège pour y établir une station météorologique.
Aujourd’hui, l’île compte environ 18 habitants résidant à la base d’Olonkinbyen et composant les équipes de la station météorologique, de la station radio et du personnel de maintenance. Ce nombre augmente en été avec l’arrivée de divers scientifiques. À quelques kilomètres de la base, une piste d’atterrissage permet le ravitaillement et le lien avec la Norvège située à 950 km, par une rotation aérienne mensuelle ; seul le carburant et le gros matériel sont amenés par bateau une fois par an.
L’Ocean Nova aborde la pointe sud de l’île vers 21h, puis longe la côte est à l’abri du vent : quel soulagement pour tous de retrouver des eaux plus calmes ! Nous pouvons admirer confortablement les falaises abruptes et déchiquetées de basalte noir qui abritent une multitude d’oiseaux, surtout des fulmars et des mouettes tridactyles. Les vols de mergules nains, eux, se dirigent vers les éboulis où ils nichent.
Les oiseaux représentent la partie principale de la faune de l’île, depuis que les renards polaires ont été exterminés par les trappeurs norvégiens au début du XXe siècle. Comme la banquise n’atteint plus ces côtes, il est peu probable qu’ils recolonisent Jan Mayen un jour. Le dernier ours blanc vivant a été aperçu en 1990 et une carcasse récente a été découverte en 2022.
Notre navigation côtière se poursuit et nous apercevons les installations d’Olonkinbyen, puis celles du terrain d’aviation un peu plus loin ainsi que de nombreuses antennes et dômes radio. Bientôt, un magnifique cône de tuff volcanique apparaît. L’érosion par la mer ayant causé son effondrement partiel, on aperçoit la multitude de couches formées par les éruptions successives.
Quelques petites trouées bleues dans les nuages entretiennent l’espoir d’apercevoir le sommet du volcan Beerenberg (la montagne des ours), mais notre veille jusqu’à minuit ne sera pas récompensée. Nous apercevons toutefois l’un des glaciers qui dévale les pentes raides du volcan jusqu’à la mer, avant d’aller nous coucher au terme de cette journée agitée.
Le réveil se fait sur une mer plus calme. Le bateau reprend vie. Petit déjeuner requinquant, visite de la passerelle et conférences de Fabrice sur l’histoire des baleiniers à travers le monde. La matinée passe vite et les observations des environs marins restent sans résultat. Seulement quelques fulmars boréaux accompagnent le navire, mais la lumière est là. La matinée aura en effet été bercée par un bref retour solaire et les ponts sont rouverts. Repas dans un restaurant comble et les visites de la passerelle avec les officiers reprennent entre 14h30 et 15h. Une conférence sur la banquise de Marie prend le relais, puis les visites de la passerelle reprennent jusqu’à un original apéro islandais au grand salon avec des produits locaux achetés à Reykjavik. Point sur la navigation vers 18h. Nous avons du retard pour toucher les côtes sud du Spitzberg. Bien que la tempête soit derrière nous, le vent de face, encore de 30 nœuds, ralentit notre progression. Récap sur les différences entre manchots et pingouins suivi du dîner. En soirée, les passagers se rassemblent au grand salon autour de la projection du film « La Tente rouge ». Demain, une autre journée en mer nous rapprochera des côtes sud du Svalbard.
Nous nous réveillons sur une mer plus calme mais le vent de face ralentit encore et toujours notre progression. Les fulmars boréaux et quelques mouettes tridactyles accompagnent l’Ocean Nova sous le soleil. Après le petit déjeuner, nous sommes conviés au salon panoramique pour une matinée sciences naturelles.
Nous commençons par une conférence très intéressante sur les cétacés donnée par Benjamin. La matinée se termine sur une intervention de Frédéric concernant la vie amoureuse et familiale des oiseaux. Notre ornithologue passionné est malheureusement interrompu par l’heure du déjeuner. Après le repas de midi, nous sommes à nouveau conviés au salon panoramique pour une conférence sur les Vikings menée par le Normand du groupe : Fabrice. Qui d’autre qu’un NorMan pour parler des hommes du Nord ? L’après-midi se poursuit avec une conférence sur l’homme et le froid de Laurent, notre médecin. Nous faisons le point sur le programme avec Marie en fin d’après-midi puis arrive l’heure du dîner. La soirée se termine avec un «carnet de vie » lors duquel Fabrice nous raconte son incroyable expérience comme gardiens de chiens dans le village d’Uummannaq sur la côte Ouest du Groenland. Enfin, demain nous devrions arriver à destination, sur les côtes sud du Svalbard.
Ce soir, après plusieurs jours en mer, nous atteignons les côtes du Spitzberg. Une série de conférences prépare notre arrivée. Nathalie nous propose une introduction à l’histoire du Svalbard à travers la toponymie, et Marie enchaîne avec une présentation sur la géographie. Baleiniers, trappeurs, vallées glaciaires, calottes, glaciers n’ont plus de secrets pour nous. Les sommets enneigés de l’archipel se profilent vers 17 h, alors que Benjamin entame sa riche conférence sur « les sabots de l’Arctique », une introduction à l’écologie du renne à travers le cercle circumpolaire. Les appareils crépitent dès la conférence terminée. Des pics d’un blanc immaculé bordés de glaciers se détachent sur un ciel azur.
Vers 22 heures, le bateau jette l’ancre et nous embarquons sur les zodiacs pour une première sortie, vers le glacier de Torell dans la baie de Skoddebukta. La mer est agitée, le vent souffle mais l’arrivée sur le glacier est magique. D’imposants séracs se découpent, tout de bleus et de gris. Le glacier gronde, mais ne vêle pas. Longtemps, nous longeons le front de glace, coupant régulièrement les moteurs pour profiter de la sérénité de la baie, seulement troublée par les vols des fulmars et guillemots, ainsi que par le crépitement du brash.
Retour à bord bien après minuit, le sourire aux lèvres. L’Ocean Nova reprend sa navigation vers la banquise.
Après cette merveilleuse sortie d’hier soir devant ce front de glace, dans le brash, les bourguignons et les icebergs, changement de décor.
Nous faisons route plein sud et nous commençons à voir quelques plaques de glace de mer éparses. Le but de la journée est devant nous, la banquise.
Après avoir viré à l’est, contourné la pointe sud du Spitzberg, représentée par la petite île de Sorkappoya que nous distinguons assez mal de l’île principale, nous commençons à remonter progressivement vers le nord.
La banquise, assez lâche au début, se fait au fur et à mesure plus compacte. Le vent encore fort grossit la mer qui, malgré la présence de la banquise à quelques encablures du bateau, reste formée. Pour des raisons de sécurité, le capitaine ne veut pas engager l’Océan Nova à l’intérieur de cette masse de glace assez dense.
En longeant cette glace flottante et en la voyant de plus en plus dense, nous espérons bien évidemment y trouver la faune qui vit sur celle-ci. Des phoques sont aperçus et depuis le salon panoramique, Frédéric nous fait un bref rappel de la vie du phoque commun qui réalise ses nids dans les crêtes de concrétion où vont se cacher les petits.
Un morse est vu. Nous sommes suivis depuis le départ, et encore plus le long de cette banquise, par des multitudes d’oiseaux : guillemots, mergules, mouettes tridactyles, goélands bourgmestres, fulmars.
Mais bien entendu, celui que tout le monde voudrait voir se fait discret, pas une trace. Certains passagers en ont vu, mais malheureusement, après vérification par l’œil aguerri des guides, ce sont surtout des caillours qui sont identifiés. Mais les efforts ne sont pas relâchés.
Pendant cette épopée le long de la banquise, Laurent nous relate dans une causerie la vie passionnante d’un des très grands explorateurs : Jean-Baptiste Charcot. L’histoire démarre avec la singulière décision de son grand-père qui permettra à son père de devenir le célèbre neurologue de l’hôpital de la Salpêtrière, un des pères de la neurologie et de la psychiatrie françaises. Sa réputation dépassait très largement les frontières et s’étendait jusqu’en Amérique du Sud. Sa vie d’enfant, ses études, ses qualités, la défense de l’équilibre animal, sa vie familiale, sa passion pour les bateaux, le respect et l’admiration pour ce père qui l’a quitté trop tôt, mais lui a permis d’assouvir sa passion de marin. Les explorations du Commandant Charcot ont toujours été réalisées dans un but scientifique et les résultats ont toujours été au rendez-vous malgré les conditions difficiles de leur réalisation. Cette causerie se termine malheureusement en septembre 1936 par le dernier voyage où Charcot montrera la noblesse qui était en lui en restant à son poste jusqu’à la fin.
Ensuite, Frédéric nous parlera du cycle de la vie des guillemots, en particulier du rôle respectif du mâle et de la femelle.
Vers 16 heures, le bateau fait demi-tour afin de revenir sur la côte ouest du Svalbard sans malheureusement avoir pu détecter un ours.
Fabrice commence vers 16h30 sa conférence sur les routes maritimes du nord quand la voix de Frédéric se fait entendre dans les haut-parleurs du bateau : « Un petit rorqual à 100 m devant le bateau qui va passer par tribord, puis deux baleines à bosse, puis de nouveau deux petits rorquals. Les souffles se multiplient, nous passons dans une zone où les cétacés sont nombreux. Les passagers regardent, admiratifs, le ballet de ces gros animaux montrant leur force et grâce. Les photographes sont à pied d’œuvre et le cliquetis des appareils est important.
Pendant plus de trente minutes, nous assistons à ce spectacle magnifique dans cette partie très poissonneuse car même le radar du bateau reçoit les échos de ces bancs de poissons. Les oiseaux ne sont pas absents de ce spectacle car des milliers de guillemots surfent sur les vagues ou volent en escadrille autour de cette zone.
Après le repas, Benjamin nous relate une tranche de sa vie québécoise en nous donnant l’extrême envie d’aller visiter cet autre bout du monde où la francophonie est très présente.
Notre bateau file vers notre prochaine destination, Bellsund, où nous devrions être demain matin.
L’Ocean Nova se réveille à l’entrée du Bellsund sous un grand soleil. Sitôt le petit déjeuner terminé, nous embarquons dans les zodiacs en direction de la terre ferme. Nous débarquons à Kamp Millar où deux groupes se forment.
Le premier marchera jusqu’à la colonie de mergules, le second restera en contrebas des névés et des pierriers. Les groupes s’arrêtent pour photographier une harde de rennes en pâturage puis reprennent leur marche vers la colonie d’oiseaux.
L’ascension se déroule au mieux. Au sommet, un panorama magnifique s’offre à nous.
Nous redescendons rejoindre le groupe resté en bas et nous dirigeons vers les cabanes de trappeurs toujours entretenues avec soin. En colonne, nous rejoignons les zodiacs et regagnons le navire.
L’après-midi, l’Ocean Nova navigue le long de la banquise du fjord de Mijenfjorden.
Un phoque au loin est aperçu ainsi que des guillemots à la lisière de la glace. Sur sa route en direction de Recherchefjorden, une trentaine de bélugas entourent le navire. Nous stoppons le navire afin de les observer.
Une heure et demie plus tard, nous lançons les zodiacs afin de parcourir le Recherchefjord. Nous passons la lagune où subsiste une frêle banquise devant le glacier. Puis nous parcourons les branches latérales du fjord où nous apercevons des rennes traverser à pied sec.
Sur le chemin du retour, nous apercevons des morses sur le rivage opposé. Nous avisons une grève où débarquer et lentement approchons de l’échouerie. La rencontre avec les morses dans le silence et l’observation mutuelle dure une vingtaine de minutes.
Nous réembarquons et regagnons l’Ocean Nova où nous attend le dîner. L’Ocean Nova appareille vers une nouvelle destination.
Très tôt, sous une météo très calme, nous entrons en baie de la Croix. Bientôt, l’Ocean Nova pose l’ancre devant le site de Signehamna où nous débarquons dès 9 heures pour une grande et une petite marche dans la vallée.
D’un point de vue imprenable sur le glacier de Lilliehook, nous nous enfonçons dans la toundra et les montagnes. Quelques rennes sont aperçus sur les versants. Un renard arctique traverse un lac gelé en direction de colonies de sternes sur de petites îles qui ne tardent pas à s’envelopper de nuées d’oiseaux en colère.
L’observation est très belle et nous continuons notre route vers différents sommets et points de vue.
Trois heures plus tard, nous sommes de retour au site de débarquement pour retourner au navire au milieu de vols d’eiders à tête grise. L’Ocean Nova lève l’ancre et se dirige vers le glacier de Lilliehook où nous passerons l’après-midi. La météo devient encore plus clémente et lorsque nous partons sur la baie, l’eau est un miroir pour le front du glacier.
Vêlages, innombrables mouettes tridactyles, guillemots de toutes espèces, eiders à duvet et à tête grise, tout y est. Les lumières resplendissent sur le glacier tout l’après-midi et nous rentrons, ébahis par tant de spectacles, seulement vers 19 heures.
Ce soir, il fait toujours aussi bon dehors et un barbecue sur le pont extérieur du navire vient conclure cette journée idyllique en baie de la Croix. La météo aura été radieuse sur ce fjord de la côte ouest du Svalbard et les sourires à bord finissent de rendre à cette journée son caractère exceptionnel.
Pour notre au revoir au Spitzberg, le soleil ne nous quitte plus, l’air nous caresse de sa douceur et la mer est un miroir.
Après une nuit pour « circumnaviguer » l’Avant-Terre du Prince Charles en venant de la Baie du Roi, l’Ocean Nova jette l’ancre à quelques encablures de Poolepynten, une pointe de gravier et de sable où quelques morses se prélassent.
Après le petit déjeuner, Marie nous a prévu une petite sortie pour voir ces créatures indolentes (lorsqu’elles se sont hissées sur la grève) d’un peu plus près et humer leur fumet, nauséabond pour les uns, fascinant pour les autres.
Dès notre retour à bord, l’Ocean Nova traverse le détroit du Forland-Sundet pour entrer dans le Saint John’s Fjord et à 14 h 30, un groupe de randonneurs se rend à terre. Ils grimpent dans la toundra des pentes du Lowzowfjella croisant quelques rennes et les premières saxifrages, dryades et autres pédiculaires hirsutes en fleurs, vers un point de vue splendide sur le fond du fjord encore englacé et sur le Gaffelbreen à leurs pieds.
Pendant ce temps, un deuxième groupe part en croisière zodiac et eux ont la chance d’observer des mammifères marins de quatre espèces différentes : un morse, des phoques barbus, annelés et communs.
Nous entendons aussi un miaulement lointain : c’est le chant d’amour du plongeon catmarin, le “chat marin” et nous avons la chance, après une approche patiente, d’observer la parade nuptiale du couple.
C’est notre dernière soirée à bord et le programme est chargé : instructions précises pour le départ demain, résumé de notre voyage en photo magistralement présenté par notre cheffe d’expédition Marie, suivi de l’apéritif de l’au revoir et des salutations de notre commandant, qui est allé jusqu’à s’excuser pour la tempête que nous avons subie. Après le dîner, c’est la proclamation des résultats du concours photo : bravo aux gagnants des cinq catégories. Ensuite, c’est le moment des derniers verres échangés avec les nouveaux amis qu’on quittera demain, mais avec des souvenirs merveilleux plein la tête.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Pour Mireille et Jean Pierre…… je vous suis « avec passion » …. Je constate que la mer n’a pas été bien douce avec vous les premiers jours !!
La banquise semble être bien là, vous devez la savourer
Mireille,il me tarde de voir tes photos de fulmars et de mergules…. et j’espère en voir aussi beaucoup d’ours !
bonne continuation