Vincent Lecomte
Écologie Polaire
8 juillet
19 juillet 2024
Vincent Lecomte
Écologie Polaire
Maxime Barthelme
Photographie Polaire
Fabrice Jonckheere
Guide polaire
Rémi Suchowierch
Guide naturaliste
Fabrice Capber
Guide Polaire
Frédéric Bouvet
Croisières Polaires au Spitzberg
Audrey Roustiau
Arctique, Groenland et Islande
Jean-Marie Seveno
Photographe
Sarah Galtier
Conseillère croisières
Certaines photos d’illustrations ont été prises lors de précédents voyages. Lorsque celui-ci sera terminé, nous publierons les photos de la croisière.
Bienvenue dans la famille Grands Espaces !
Le rendez-vous est pris : nous nous retrouvons à l’aéroport de Paris avec la grande majorité de notre groupe et rencontrons notre chef d’expédition Vincent, notre directrice de croisière Sarah et notre guide Fred.
Après les présentations faites, nous embarquons à bord de notre avion en direction de l’hôtel à Oslo : la nuit sera courte… car nous nous dirigerons vers Longyearbyen en début de matinée par notre dash 80 en partant à la rencontre de l’autre partie du groupe, venu de Suisse. Une annonce est faite par notre directrice de croisière pour nous donner les informations d’horaires et de points de rendez-vous lorsque nous poserons le pied à terre, en grande hâte.
Nous arrivons à Longyearbyen, capitale du Spitzberg aux sommets auréolés d’une légère brume conférant à notre paysage une ambiance très énigmatique, située à l’ouest de l’archipel du Svalbard, ville minière et charbonnière. Nous sommes enfin en Arctique !Fondée en 1906 par John Munro Longyear, point de départ de notre croisière expédition, nous arpentons les rues de cette ville aux portes de l’arctique après avoir fait le plein de souvenirs car nous savons que nous n’en aurons pas le temps nécessaire au retour.
Le temps de découvrir les musées, quelques saxifrages et driades, nous faisons route vers le bateau et découvrons notre résidence pour les semaines suivantes. Notre équipe d’expédition se présente à nous ainsi que notre responsable hôtellerie, Yamila.Il est temps de se rendre à table après avoir découvert le programme du lendemain, direction la Baie du Roi. Les flots nous accompagnent doucement vers nos cabines pour profiter d’une nuit au rythme des vagues.
L’Ocean Nova se réveille à l’entrée du fjord du Roi. Il s’immobilise devant la réserve naturelle d’Ossian Sars, du nom du biologiste marin norvégien éponyme, taxidermiste des animaux aquatiques et spécialiste de la pêche des espèces pélagiques, en visite au Spitzberg en 1878.
Nous débarquons sur la grève encombrée de glace en dérive depuis le glacier du Roi.
Nous entamons une marche vers un promontoire de 105 mètres au-dessus de la mer. Un renard arctique, assis sur un rocher, observe notre manège sans bouger. Nous nous en approchons à pas de « loup ». Sans crainte, il nous dévisage, demeure immobile avant de lentement se déplacer dans notre direction puis de décrire une élégante volte. Un silence admiratif l’accompagne, avant de disparaître derrière un surplomb.
Nous poursuivons notre ascension, étudiant au passage des bois de rennes au sol, selon toute apparence arrachés à leur propriétaire, preuve de la prédation par un ours. Au sommet, à quelques pas en surplomb de la falaise où se pressent des milliers de mouettes tridactyles, une harde de rennes paisse en toute tranquillité. Leur pelage indique une mue récente.
Nous redescendons après deux heures et demie de marche et regagnons le navire pour nous délecter d’un déjeuner bien mérité. L’Ocean Nova se repositionne à Ebeltofhamna, une lagune située en face du glacier du 14 juillet.
Un morse d’âge avancé git sur la grève, éventré par un ours passé ici il y a peu. Les zodiacs quadrillent la zone afin d’en retrouver la trace. Au passage, nous croisons la route de deux phoques annelés jouant à nous observer autour des zodiacs, de quelques rennes isolés dans la toundra, d’oies bernaches et d’eiders.
La lumière issue des moraines avoisinantes illumine les eaux bleues gorgées de sédiments glaciaires. La teinte brune et rouge des montagnes parsemées de névés blancs nous rappelle l’ancienneté de ces terres vénérables (plus de 700 millions d’années) et le phénomène de rebond isostatique qui a permis à ces socles sédimentaires, autrefois sous l’eau, de remonter de quelques mètres suite à la fin de la dernière période glaciaire il y a de cela 10 000 ans.
Nous rentrons au navire pour « le récap » consacré au renard polaire, présenté par notre guide Rémi.
S’ensuit le cocktail du commandant et son discours d’accueil en sa demeure de nombreux mois par an.
Nous restons en éveil, en observation de la présence potentielle d’un ours en maraude le long de ces berges, pourvu que notre surveillance porte ses fruits durant la nuit.
Nous nous réveillons ce matin à 78°38’ de latitude nord. L’Ocean Nova stationne devant le glacier de Smeerenburg, dans le Bjørnfjord (fjord de l’ours). Ce fjord prolonge le fjord de Smeerenburg. Tout comme le glacier du même nom, ce fjord tient son nom de la cité baleinière de Smeerenburg située à quelques encablures de là sur Amsterdamøya (l’île d’Amsterdam). Smeerenburg signifie « ville de la graisse » en hollandais. Ce nom résume à lui seul le sort réservé aux dizaines de milliers de cétacés découverts dans cette région par Willem Barents en 1596. C’était effectivement la grande époque de la ruée vers la graisse de baleine, qui tout au long du XVIIe siècle décima la quasi-totalité des baleines du Spitzberg. L’huile extraite de cette graisse était conditionnée sur place en barils puis envoyée dans toute l’Europe. Elle était utilisée pour l’éclairage urbain principalement.
La matinée est consacrée à une longue croisière en zodiac devant le front de glace du glacier de Smeerenburg. C’est notre premier contact avec la glace grandeur nature ! Ce front glacé, qui se dresse par endroits à plus de 70 mètres, est très impressionnant. Les paysages alentour, jalonnés de montagnes pointues entrecoupées de glaciers, sont typiques de cette région du Spitzberg. La beauté du site ne doit pas nous faire oublier ses dangers. Les vêlages de séracs, dont un très impressionnant, nous rappellent combien la nature peut être à la fois belle et cruelle. Ils nous font également réfléchir à l’avenir des régions arctiques, bien plus soumises aux effets des changements climatiques que le reste du monde.
Au cours de cette sortie, de nombreuses espèces d’oiseaux sont observées (guillemots, mouettes tridactyles, goélands bourgmestres, labbes parasites, eiders à duvet, etc.), ainsi qu’un phoque annelé et un phoque barbu. Ce dernier, très curieux, s’est laissé observer pendant de longues minutes, un régal pour les naturalistes en herbe que nous sommes.
Vers 13h, l’Ocean Nova reprend sa route vers le nord pour contourner le Spitzberg et atteindre demain le détroit d’Hinlopen. La navigation sera longue, les guides sont à l’affût de la moindre présence suspecte le long des côtes. En effet, dans cet environnement d’apparence austère, la vie animale est bel et bien présente partout, et l’ours polaire peut surgir à tout moment. Nous longeons dans un premier temps Danskøya (l’île aux Danois), puis Amsterdamøya ainsi que Smeerenburg, dont il ne reste que quelques socles vestigiaux de fours que nous apercevons au loin derrière une échouerie de morses.
En route, nous faisons une halte à Sallyhamna en milieu d’après-midi pour y effectuer une sortie sous un soleil radieux. Il s’agit d’un autre site baleinier où des vestiges de fours à graisse et une tombe de baleinier sont encore visibles. Une hutte de trappeur norvégien érigée en 1937 est également présente. C’est sur ce site, l’un des mieux préservés du Spitzberg, que nous nous imprégnons de cette dure vie des hommes venus ici pour exploiter une ressource animale que l’on croyait, à l’époque, inépuisable.
En début de soirée, le récapitulatif traite de divers sujets tels que le glacier de Smeerenburg, le phoque barbu ou le concours photographique proposé lors de cette croisière.
Ce n’est que notre deuxième jour d’expédition polaire, mais nous avons l’impression d’être partis depuis bien plus longtemps tant les découvertes se succèdent !
Nous nous réveillons à 7h15 en face du site d’Alkefjellet, situé au nord de l’île du Spitzberg.
La falaise de dolérite, une roche magmatique plutonique, offre une zone de nichage à des dizaines de milliers de guillemots de Brünnich et à quelques couples de goélands bourgmestres et de mouettes tridactyles. Les zodiacs sont mis à l’eau peu après 8 heures et nous partons découvrir ce site magnifique pendant plus de trois heures. Nous approchons des colonnes de dolérite afin d’admirer de près ces oiseaux et leurs incessants allers-retours dans le détroit d’Hinlopen pour se nourrir. Nous arrivons à proximité d’une cascade rugissante, accompagnée d’un arc-en-ciel aux couleurs enchanteresses.
Notre attention est à deux reprises détournée de ces alcidés car deux renards se meuvent sous les falaises, en recherche eux aussi de nourriture. Ils se laissent photographier sous toutes les coutures pour notre plus grand plaisir.
Le deuxième trouve un guillemot dans un pierrier en bas de la falaise et se met à le dévorer devant nous. Les appareils crépitent pour immortaliser cette très belle observation.
Après un copieux déjeuner, Audrey donne une conférence sur la découverte du Svalbard en 1596 par Willem Barentsz. Une heure plus tard, c’est déjà l’heure de l’activité suivante : une sortie pédestre dans la baie de Palander (Palanderbukta en norvégien).
Après un court transfert en zodiac, nous nous voyons proposer trois activités : une croisière en zodiac pour ceux qui ne veulent pas marcher, une marche moyenne sur la calotte de Vega et enfin une marche longue pour monter bien en hauteur sur cette calotte. Nous nous répartissons rapidement en trois groupes et partons à nouveau pour trois heures d’excursion. Cette marche sur une calotte est une première pour beaucoup d’entre nous. Nous devons enjamber ou parfois même sauter au-dessus de bédières dont les eaux bleu-turquoises dévalent à grande vitesse le lit qu’elles ont creusé à la surface de la calotte. Ceux qui sont restés sur la plage ont l’immense chance de pouvoir observer un gros phoque barbu avec un glacier en toile de fond. Nous sommes tous reconnaissants de ces merveilleuses observations et mesurons l’immense chance d’être ici, ensemble, et de profiter de cette ambiance arctique.
À 19 heures, c’est l’heure de l’habituel récapitulatif. Vincent teste les passagers sur leurs connaissances ornithologiques avec un quiz avant de présenter les principales caractéristiques du guillemot de Brünnich. Audrey enchaîne ensuite avec une courte explication sur la géologie de la falaise d’Alkefjellet et comment celle-ci s’est mise en place. Après le dîner à 19h30, nous sommes tous « réquisitionnés » pour « spotter » dans le détroit d’Hinlopen, c’est-à-dire chercher des ours aux jumelles depuis la passerelle ou le salon panoramique de l’Ocean Nova. Le seigneur de l’Arctique fréquente régulièrement ces lieux et nous espérons très bientôt voir le bout de son museau.
Les plans de la journée ont changé pendant la nuit, et c’est avec surprise que nous nous réveillons dans un nouvel endroit, au fond du majestueux Wahlenbergfjord, dans la baie de Kloverblad. À l’aube, nos guides scrutent les côtes à la recherche d’un ours. N’ayant rien trouvé depuis le bateau et animés par l’esprit d’aventure, ils décident de lancer deux zodiacs en reconnaissance, explorant les baies alentour à la recherche d’un plantigrade.
Soudain, un appel radio retentit : un ours a été repéré ! L’excitation monte alors que tous les passagers embarquent sur les zodiacs. Nous nous approchons en formation groupée, et là, devant nous, se tient une jeune femelle ourse. Elle nous offre le privilège de l’observer pendant des heures, naviguant gracieusement entre les plaques de banquise et jouant avec une bassine en plastique trouvée au fond de l’eau. Après avoir nagé longuement, elle grimpe sur la terre ferme, se roule dans l’herbe pour se sécher, puis poursuit son chemin. La scène est magique. Respectueusement, nous la laissons continuer sa route, retournant au bateau pour un déjeuner bien mérité.
L’après-midi nous mène vers Ardneset, avec l’espoir de voir une colonie de morses.
À bord, Jean-Marie organise un atelier photo dans le salon panoramique, captivant l’attention des passagers. En pleine navigation, Rémi, toujours à l’affût, repère un autre ours sur une petite île à quelques encablures de notre destination. L’annonce retentit depuis la passerelle de commandement, et tous se précipitent sur les ponts extérieurs, jumelles en main.
Le chef d’expédition, déterminé à offrir une autre rencontre mémorable, décide de mettre les zodiacs à l’eau. Nous nous dirigeons vers l’île, mais un brouillard épais descend rapidement, enveloppant l’île dans une ambiance mystique. L’ours, silhouette fantomatique, se déplace sur la crête, sans jamais redescendre vers nous.
Nous poursuivons notre tour de l’île, naviguant sur une mer formée. De l’autre côté, nous apercevons à nouveau l’ours, une silhouette lointaine sur la crête, avant qu’il ne disparaisse définitivement. Nous comprenons alors que, parfois, c’est la nature elle-même qui décide du spectacle.
Sur le chemin du retour, nous sommes comblés par une dernière surprise : un morse émerge des eaux, offrant une ultime rencontre. De retour à bord de l’Ocean Nova, nous nous réunissons dans le salon panoramique, levant nos verres en célébration de ces deux premières rencontres avec les ours, savourant chaque moment de cette journée épique autour d’un cocktail « le verre de l’ursidé » bien mérité.
Une journée de navigation placée sous le signe de la recherche de la banquise.
Nous voguons plein nord et vers 13 h, nous coupons le 81ᵉ parallèle : le navire est alors à 999 km du pôle Nord. Pendant la matinée, Fabrice nous a présenté ses connaissances sur les morses, des animaux auxquels il porte visiblement une grande affection.
Après le déjeuner, nos guident animent des ateliers sur les différentes sortes de cartes : météo et des glaces, marines, géologiques et topographiques.
Enfin, c’est vers 17 heures que l’Ocean Nova aborde une banquise compacte mais très morcelée et l’atmosphère est on ne peut plus polaire : le plafond est bas et il neige par intermittence, quelle ambiance ! Pendant les deux prochaines heures, nous allons longer cette banquise trop compacte pour que l’Ocean Nova puisse s’y aventurer avec aisance. De nombreuses paires de jumelles scrutent les plaques de glace à la recherche du seigneur des lieux, l’ours. Malheureusement, la visibilité ne facilite pas notre tâche mais à l’inverse heureusement, de nombreux oiseaux et quelques phoques animent ce paysage glacé. En effet, la glace de mer est le support d’une chaîne alimentaire, dont le premier maillon est les algues microscopiques qui poussent sur sa surface sous-marine. Rémi nous expose dans une présentation brillante, tous les autres aspects de cette banquise que nous sommes venus de si loin pour voir.
Après le dîner, le commandant Barrios manœuvre habilement son navire entre les plaques pour s’enfoncer plus profondément dans cette vaste étendue blanche où nous passerons la nuit, ou plus exactement, nos heures de sommeil (bien méritées !), pendant que les guides se relayeront dans l’espoir de nous réveiller pour observer un ours plus réel que celui qui sera dans les rêves de nombreux passagers.
En ce jour de fête nationale française, nous nous réveillons au coeur de la banquise : nous nous trouvons par 81°41’ de latitude Nord. Entre nous et le Pôle Nord, aucune activité humaine, juste le monde des glaces avec ses habitants que sont les guillemots, mergules, fulmars et autres ours, morses.
La température est de circonstance, mais pas polaire, il fait 3°C. Une légère brume est présente mais notre regard porte sur 500 mètres, cela suffit amplement pour réaliser une première activité, à savoir embarquer sur les zodiacs et rejoindre une plaque de banquise suffisamment importante pour que l’ensemble des passagers et des guides puissent s’y déplacer en toute sécurité. Cette expérience hors du commun restera très certainement ancrée dans nos souvenirs les plus mémorables de ce séjour.
Pour couronner cet instant, une collation chocolatée nous est offerte. Après 30 – 40 minutes à « ressentir » la glace, nous reprenons place à bord des zodiacs pour effectuer une promenade entre les plaques de glace. Nous profitons des connaissances de nos guides pour enrichir un peu nos connaissances acquises au cours des conférences sur le sujet.
Dès notre retour à bord, l’Ocean Nova se remet en route avec pour objectif l’île Charles XII.
Durant ce trajet, en fin de matinée, Vincent nous propose la fin de sa conférence sur l’ours polaire. Dans l’après-midi, c’est Fabrice qui présente une conférence articulée autour de deux thèmes : « Qu’est-ce que l’arctique ? » et « Les brise-glaces ».
Au regard de notre avancée, notre équipe de guides nous propose un récapitulatif : Vincent évoque les activités de fin de journée et de demain avec notamment le fait d’atteindre la mythique Île Blanche, une annonce accueillie chaleureusement par l’ensemble des passagers.
Fabrice, quant à lui, aborde les divers phénomènes optiques observables, notamment en arctique. Ensuite, c’est Frédéric qui intervient sur le thème du fulmar boréal, cet oiseau pélagique à l’aspect d’albatros (en toute logique car ils sont cousins) qui suit les bateaux, flirte avec les vagues sans quasi le moindre battement d’ailes et dont l’une des particularités est d’avoir une glande de dessalage de l’eau de mer lui permettant ainsi de boire.
Vers 18h, nous voici à l’île Charles XII, du nom du roi de Suède (1682 – 1718). Les zodiacs prennent la mer et rapidement plusieurs groupes de morses sont observés à plusieurs reprises autour de l’île, essentiellement des groupes de femelles accompagnées de leur jeune. En fin de sortie, c’est un renard polaire en pelage d’hiver que l’on aperçoit en maraude à proximité du rivage.
Après le dîner, nous prenons la direction de Foynoya, du nom de Foyn (1809 – 1892), inventeur du canon à harpon pour les baleiniers. Au cours de ce trajet, Christian Kempf, président fondateur de Grands Espaces, intervient devant l’assemblée pour évoquer les notions de Liberté – Égalité – Fraternité en arctique.
Nous arrivons sur site très bientôt, une belle nouvelle journée nous attend le lendemain.
Aujourd’hui, la météo est calme, une brise souffle et la houle ressentie est légère mais perceptible. Très bonnes conditions pour le lieu mythique où nous nous situons. En effet, nous sommes au sud-ouest de Kvitøya, l’île blanche. Site fameux, où l’impression de bout du monde n’est pas qu’une expression imagée. L’ambiance est exceptionnelle, la calotte présente sur la quasi-totalité de cette île se détache du ciel dans un blanc diffus parfait.
Notre équipe d’expédition nous propose une croisière en zodiac autour d’Andreeneset, lieu non moins mythique de l’expédition de Salomon August Andrée, qui a tenté le survol du pôle Nord en ballon à hydrogène à la fin du XIXe siècle. Le vent s’élève et la mer s’agite, mais la progression en zodiac reste tout à fait confortable. Les conditions sont polaires, bien plus qu’ailleurs dans l’archipel. C’est ce qu’on recherche en venant dans ce lieu reculé de l’Arctique. Nous sommes d’ailleurs le seul navire à passer la journée autour de cette île à cette période de la saison.
Nous croisons rapidement une première zone de repos de morses, des femelles avec leurs petits, par dizaines, échouées au milieu d’un îlot rocheux parmi les flots déferlants. Une magnifique vision, nous restons à bonne distance pour ne surtout pas déranger les pinnipèdes.
Nous poursuivons notre prospection, d’autres groupes de morses se laissent apercevoir. Puis un appel radio retentit : un ours polaire est repéré ! Il dort à 200 mètres de la côte sur une plaque de neige. À notre approche, il lève la tête, sent l’air, puis nous observe sans jamais se dresser. Nous le contemplons plusieurs minutes avant de reprendre notre route.
Le ballet des morses continue : il est temps pour nous de retourner à bord de l’Ocean Nova pour le déjeuner.
L’après-midi, notre navire prend la direction de l’extrême nord-est de l’île, point le plus éloigné de notre voyage. Un lieu où seulement quelques bateaux osent faire cap. En effet, Vincent, notre chef d’expédition, nous présente toutes les difficultés d’une navigation dans ces eaux non cartographiées. Avant d’atteindre notre destination pour les activités de l’après-midi, Antoine, notre guide, nous propose un récit sur l’expédition d’Andrée. Entendre le récit de ces explorateurs, précurseurs, avec une vision depuis le salon panoramique sur cette île, point d’orgue de cette tragique aventure, nous remplit d’émotion et nous mesurons la chance d’être ici à ce moment précis.
Notre équipe nous présente ses intentions pour la suite de la journée. Pour certains, la croisière va prendre une véritable allure d’expédition. Un raid en zodiac de plusieurs miles est proposé pour ceux souhaitant goûter à l’adrénaline d’une sortie plus engagée qu’à l’accoutumée, dans des lieux sauvages et peu fréquentés. L’idée est de remonter du cap d’Hornodden jusqu’à Kraemerpynten, point final à l’extrême nord-est de Kvitøya. Quatre zodiacs sont mis à l’eau, nous découvrons le monde de la glace et de la roche entremêlé. Le temps est très calme, le soleil perce. Nous naviguons entre récifs et petits îlots. De nombreux morses croisent notre route. Nous ressentons une légère brise glaciale descendre le long de la calotte surplombant la terre. L’ambiance arctique est exprimée dans sa plus belle et pure expression, un souvenir inoubliable.
Les passagers ne souhaitant pas participer à cette sortie engagée profitent d’une navigation scénique à bord du navire jusqu’à Kraemerpynten. Puis les derniers zodiacs sont mis à l’eau pour que tout le monde profite du lieu final. Le vent s’est levé, glacial, mais la lumière est exceptionnelle.
Une superbe échouerie de morses, décidément présents en masse ce jour à Kvitøya, attise encore un peu plus notre fascination pour ce singulier pinnipède.
Nous observons un grand nombre d’oiseaux, parmi eux la harelde boréale, une mouette blanche et autres eiders à duvet.
Nous terminons la sortie en face d’un front de glace spectaculaire, terminaison de la calotte. Celle-ci prend une teinte rougeoyante étonnante. Nos guides nous expliquent que cet éclat écarlate est dû à une algue qui se développe sur la glace. Une dernière navigation entre des icebergs d’un bleu azur infini comble nos yeux pour une dernière vision sur cette île blanche, lieu de tous les superlatifs. Une conférence de Christian et la remise des prix du concours de dessin proposé aux enfants concluent cette magnifique journée polaire !
Nous attendons avec hâte les aventures promises au lendemain, bercés par les flots… nous profitons des rayons de soleil polaire illuminant l’Ocean Nova.
L’Ocean Nova se réveille sur le chemin de la calotte glaciaire de Bråsvellbreen. Il s’immobilise à quelques encablures de cette dernière. Les zodiacs s’élancent vers les icebergs, ici par centaines, sous un ciel azuré aux allures de paradis. Issus de la calotte glaciaire, ils dérivent au gré du courant, s’immobilisent et se retournent avec fracas. Nous pouvons y voir des formes soumises aux multiples variations de bleus.
Les zodiacs s’approchent ensuite des bédières, ces rivières qui s’écoulent du haut de la glace en surplomb. Notre groupe slalome joyeusement entre ces sculptures de glace, profitant des rayons que le soleil arctique daigne nous donner. Invités des lieux, nous zigzaguons dans ce dédale de glace qui nous est réservé… quelques instants suspendus dans le temps.
Nous observons une cascade de 16 mètres de haut, majestueuse, impressionnante. La première de ce magique séjour en terres polaires. Ses torrents impétueux turquoises dessinent sur la glace un sillon bleu et disparaissent dans les eaux en contrebas.
Nous reprenons la navigation en vue de notre prochaine excursion, vers les îles Bastian. Durant ce temps, notre guide Fabrice nous présente une conférence très instructive sur les comportements des animaux aux pôles, suscitant de nombreuses questions auxquelles il répond avant que retentisse une nouvelle annonce de notre chef d’expédition.
Une sortie est proposée par notre équipe d’expédition, toujours sous un temps magnifique auréolé de couleurs orangées. Dès le début de la sortie, nous repérons une ourse sur une île à proximité, cachée dans de sombres roches. Elle se distingue par un pelage crème, sa gueule brunie et son air abattu. Non loin d’elle, son ourson est à terre, décédé. Elle semble faire son deuil, elle vient le toucher de son museau… semble encore le protéger. Une scène de vie à l’état pur, une scène de perte, à la fois intéressante et touchante. Nous observons respectueusement, mais c’est aussi le cœur lourd que nous ressentons son désarroi.
Elle se meut avec lenteur sur son promontoire, nous scrutant à distance.
À quelques centaines de mètres, nous accédons à deux échoueries de morses, flegmatiques quoique curieux de notre présence. Des femelles et leurs petits d’une part, des mâles aux longues dents de l’autre.
La présence de l’ours ne les alarme aucunement tant leur nombre et leur taille imposants leur permettent de s’en garder. Nous restons silencieux, humbles. Et après un retour rapide à bord de nos zodiacs, nous rejoignons avec surprise le pont supérieur du bateau. Un barbecue surprise y est organisé par l’Ocean Nova. Lovés dans nos parkas, nous découvrons sur le pont du bateau de nombreux plats, dans ce paysage polaire dont nous ne nous lassons pas.
Baignés dans ce rêve arctique mystique, nous allons nous coucher, prêts à vivre les nombreuses aventures que nous réserve la journée du lendemain… à chaque jour sa surprise, à chaque journée ses découvertes.
Ce matin, nous nous réveillons dans le fjord de Murchison à 80° de latitude nord. Nous allons passer notre dernière journée en Terre du Nord-Est. Ce fjord est riche en histoires anciennes et récentes. En effet, ce sont les trappeurs Pomors venus de la presqu’île de Kola, en Russie, au XVIIIe siècle qui y ont fait du piégeage des animaux à fourrure (ours, renards) et à ivoire (morses) une spécialité. Ils collectaient ces fourrures et ces ivoires pour orner les monastères orthodoxes. Deux grandes croix orthodoxes en bois, érigées sur des îles du fjord, sont encore visibles de nos jours.
Notre matinée est consacrée à la visite de Kinnvika, un site à l’histoire bien plus récente. Il s’agit d’une station scientifique construite dans le cadre de l’année géophysique internationale 1957-1958, conjointement par les Suédois et les Finlandais. Une dizaine de bâtiments en bois bien conservés sont dispersés sur le site.
Nous visitons certains d’entre eux et plongeons dans la vie des scientifiques venus ici étudier la météorologie, les aurores boréales ou le magnétisme terrestre. Ainsi, nous humons l’atmosphère de l’atelier, du dortoir entre autres, et même des toilettes ! Sans surprise, nos amis scandinaves n’ont pas omis de bâtir un sauna. Depuis notre départ de Longyearbyen, nous étions habitués à l’exploration de territoires sauvages où les traces de présence humaine se limitaient à des vestiges très anciens de sites baleiniers ou plus récents de huttes de trappeurs. Nous visitons là une station plutôt conséquente ! Certains d’entre nous sont partis en randonnée autour du site pour admirer les paysages magnifiques de la baie de Murchison depuis les hauteurs.
Ce désert froid, parsemé de milliers de pavots arctiques scintillant au soleil, offre un spectacle étourdissant. Il montre une autre facette de cette contrée polaire, après les glaciers et les nunataks de l’ouest et les calottes glaciaires de l’est. Trois rennes nous surveillent tout au long de la balade. D’autres explorateurs polaires ont préféré s’adonner plus longuement à une déambulation paisible et enrichissante aux alentours de la station. Il y a tellement à dire sur cet environnement d’apparence austère et vide, mais si riche. Avant de retourner sur l’Ocean Nova, quelques intrépides se sont adonnés à un bain polaire mémorable.
Le début d’après-midi nous mène à Claravågen, au nord du fjord de Murchison. Il s’agit d’une baie quasiment fermée. C’est dans un dédale de lagunes mystérieuses que nos zodiacs nous mènent. Nous passons d’une lagune à l’autre par des passes plus ou moins larges et profondes. Nous gardons les yeux grands ouverts, car de nombreuses espèces d’oiseaux déjà observées au cours de notre voyage sont concentrées dans ces lagunes. C’est l’occasion parfaite pour réviser nos connaissances ornithologiques. Goélands bourgmestres, guillemots, eiders, etc. n’ont plus de secrets pour nous. Le plancton était également abondant et bien visible, notamment des cténophores iridescents étonnants. De plus, des méduses à crinière de lion sont observées çà et là pendant cette sortie. Les eaux de l’océan glacial arctique sont d’une richesse insoupçonnée.
La fin d’après-midi est consacrée, quant à elle, à diverses activités : présentation des autres voyages Grands Espaces, de l’itinéraire, récapitulatifs, collecte des meilleures photos des passagers pour savoir qui aura su tirer le meilleur profit imagé de son voyage avec une récompense à la clé !
En soirée, notre médecin Arash, notre chef d’expédition Vincent et l’un de nos guides, Nicolas, évoquent leurs expériences professionnelles respectives en Antarctique, expériences autour desquelles des échanges informels ont lieu. La nuit nous mène doucement et avec nostalgie vers le dernier jour de notre expédition polaire.
Nous nous réveillons aujourd’hui sous un soleil radieux et un ciel complètement dégagé devant le glacier du 14 Juillet, situé dans la baie éponyme.
Cette baie et ce glacier, nommés en l’honneur de notre fête nationale, nous rappellent que le Prince Albert Ier de Monaco a extensivement cartographié et étudié ces endroits au début du XXe siècle avec toute son équipe de chercheurs et a laissé en souvenir des noms aux baies, montagnes, et glaciers qui parsèment le paysage.
À 8 h 45, les passagers se voient proposer une double excursion : une marche sur la plage de la baie vers une colonie de mouettes tridactyles, qui nichent sur des roches âgées de plus d’un milliard d’années, et une sortie en zodiac pour observer de près des colonies de guillemots de Brünnich, qui cohabitent avec des colonies de guillemots à miroir et de macareux moines. C’est la première fois dans cette croisière-expédition que nous avons la chance d’observer des macareux nichant sur des falaises. Les flashs crépitent pour immortaliser ces oiseaux au bec très coloré en vol ou en repos sur les eaux du fjord de la Croix.
Pendant le passage d’une activité à la suivante, nous effectuons un court arrêt au voilier de Jean-Louis Étienne, le temps que Christian Kempf puisse monter à bord, invité par l’équipage et son propriétaire.
Le temps passe hélas trop vite et il nous faut déjà retourner au navire afin de déjeuner et de poursuivre notre route vers le glacier de Lilliehöök.
L’Ocean Nova jette l’ancre en début d’après-midi devant ce glacier. Sous un temps toujours splendide et des températures polaires estivales, nous partons pour notre dernière croisière en zodiac. Le front de glace, long de près de 7 km et haut de 30 à environ 50 m, nous laisse bouche bée et les cartes mémoires des appareils photo se remplissent à nouveau. Les vêlages s’enchaînent régulièrement pour notre plus grand bonheur pendant que nous naviguons dans un brash dense.
Vincent, notre chef d’expédition, nous propose une conférence sur les bulles… qui se révèle être une invitation à rassembler et attacher tous les zodiacs ensemble devant le front du glacier et à partager un verre pour fêter la fin de ce beau voyage. Nous amorçons ensuite notre retour au navire avant de tomber nez à nez avec un phoque barbu se reposant sur un iceberg. Il nous laisse l’approcher et se laisse photographier sous tous les angles.
De retour au navire, les choses s’accélèrent. Les bottes doivent être rendues, les comptes soldés, les passeports récupérés, et le programme de la journée de départ est fixé. Viennent ensuite les résultats du concours photo, du concours de dessin pour les enfants, le récapitulatif en images de Jean-Marie et enfin le film réalisé par Maxime avec son drone. Le commandant de l’Ocean Nova vient conclure cette dernière session dans le salon panoramique en partageant un verre avec nous et en nous exhortant à faire un premier pas vers la protection des mondes polaires. Le dîner s’ensuit, puis les valises sont préparées pour le départ. Toutes les bonnes choses ont malheureusement une fin !
Dernier réveil à bord, derniers « chers passagers, chères passagères » prononcés par notre chef d’expédition, Vincent. Nous voici au port de Longyearbyen, sous un ciel bleu et un soleil qui nous auront suivi une grande partie du voyage. C’est la fin de cette expédition polaire, au-delà du 81e parallèle. Au plus proche de nos espérances, au plus loin possible dans le nord.
Les animaux et les paysages nous auront accompagnés pour conférer une dimension magique à ce voyage, et c’est le cœur plein et le sourire aux lèvres que nous prenons notre vol à destination d’Oslo.
Lors du dernier dîner partagé, les conversations et les souvenirs fusent déjà. Il est temps d’aller se coucher. Notre vol vers Paris nous attend demain matin pour clôturer cette belle aventure arctique.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Un petit coucou à la famille Herodet. Je suis avec attention le voyage de mon petit frère et de sa Lolo.
Chez nous 35° cette après midi.
Gros bisous du Sud de la France
Je regarde ce matin les épisodes de cette belle expédition (et en profite pour rechercher la signification de tous les mots inconnus : saxifrage, driade, eider, serac … petit clin d’oeil à mon papa). Ici, l’ours a les traits de Griotte et le renard ceux de Plum. Une tendre pensée pour mes parents et leurs amis.
Hello Audrey and Dominique !
Hope your trip is going well. Seems so when I see the pictures Audrey shares with us. By the way Dominique, I would greatly appreciate if you could prevent Audrey from taking thousands of pictures… Otherwise I will have to spend hours checking her photobook 😀
Audrey, I am currently working on how to make over the basement for your next visit in my new apartment. Will be great I am sure as I have great taste.
Enjoy the rest of your trip!
See you soon
Claire
Un petit bonjour à Sarah à qui je souhaite une croisière des plus belles possibles
Très bon anniversaire à Michel EGRAZ
Profitez bien de ce voyage qui est un de nos meilleurs souvenirs
Bises de nous tous
De gros bisous à Marie-Pierre et Pascal. Nous suivons vos aventures et on vous envie !
Profitez bien de ces beaux moments, on compte sur vous pour nous restituer toutes ces connaissances à votre retour. Attention, on vous fera peut-être un quiz aussi 😉
Petit message à mes chers parents Hugues et Michèle.
J attends impatiemment que la Toune me donne la signification des mots recherchés 😁
A la lecture je vous devine heureux de profiter de tant de beauté décrite.
Papa j espère que tu as gagné le concours ornitho ! Bises fort