Jonathan Zaccaria
Antarctique et Arctique
19 août
2 septembre 2019
Croisière expédition Spitzberg Groenland
Jonathan Zaccaria
Antarctique et Arctique
Photos d’illustrations, prises lors de précédentes croisières dans le Grand Nord. Les photos de la croisière seront mises à disposition lorsque le voyage sera terminé. Le manque de connexion internet nous empêche de recevoir les photos en temps réel.
Paris / Longyearbyen (78°13’N, 15°37E’)
Pour commencer notre aventure vers le Grand Nord, nous nous retrouvons au terminal 3 de l’aéroport de Paris Charles de Gaulle dès 5h45 du matin. Une partie du groupe, dont les passagers arrivant de Suisse, a déjà pu faire connaissance dès la veille, à l’hôtel Ibis.
De Paris, un avion de la compagnie ASL, spécialement affrété par Grands Espaces, nous attend.
Le Commandant de bord, fort sympathique, commente les différentes étapes de notre vol. Nous franchissons le Cercle polaire au Nord de la Norvège puis traversons la mer de Norvège qui nous sépare de l’archipel du Svalbard.
Quatre heures plus tard, avec même un peu d’avance en raison de vents favorables, nous plongeons dans l’air frais et vivifiant de Longyearbyen. 78° de latitude nord, 4°C et des montagnes enneigées… nous sommes au Spitzberg.
Avant d’embarquer à bord de notre navire polaire l’Ocean Nova, nous partons en autocar pour une excursion dans la vallée de l’Advent, « l’Adventdalen », sous la conduite de nos guides, Alain et Bruno.
Après l’arrêt au pied du panneau signalant le danger que représentent les ours à la sortie des dernières habitations, nous remontons la vallée de l’Advent au milieu des vastes étendues de toundra peuplées de bernaches nonnettes et de rennes du Spitzberg, espèces magnifiquement adaptées à la survie dans ces contrées polaires.
À un peu plus d’un kilomètre du port s’étend la petite ville de Monsieur John Munro Longyear : Longyearbyen. Fondée en 1906, c’est aujourd’hui la plus grande « ville » de l’archipel avec 2 100 habitants de 44 nationalités différentes. C’est un lieu bien singulier. Avec ses baraques en bois sur pilotis profondément ancrées dans le sol, ses gazoducs, son hôpital, ses bars, sa boîte de nuit et… son UNIS : l’Université la plus septentrionale du monde.
Les écoles sont protégées par de hauts grillages. En aucun cas pour éviter une évasion des jeunes écoliers vers des contrées plus douces, mais bien pour les protéger. L’ours fait ici partie du quotidien. À l’entrée de la banque de Longyearbyen, un panneau demande aux clients de déposer leurs armes à l’extérieur !
Longyearbyen, c’est aussi ses 7 mines de charbon, ses wagonnets sur leurs téléphériques. Seule la mine N°7 est encore en exploitation. Son charbon alimente la centrale thermique et fournit ainsi l’électricité nécessaire à cette ville du haut Arctique. La statue, devant le supermarché, est là pour rendre hommage aux mineurs du Svalbard.
Autour des habitations, de nombreux skidoos attendent les premières neiges. Les importantes meutes de chiens nous font imaginer les belles escapades hivernales.
Sur les collines environnantes, de larges antennes ont retenu notre attention. Ces infrastructures permettent d’étudier les aurores boréales : magie des hautes latitudes qui illuminent la longue nuit polaire.
Les deux dernières heures sont consacrées à une découverte individuelle de la ville, qui à la visite du musée polaire situé dans les bâtiments de l’université, qui à faire marcher le petit commerce de pulls norvégiens, d’artisanat d’art local, d’eau fossile d’iceberg mise en bouteilles ou peluches et autres souvenirs qui attesteront notre passage dans la ville la plus septentrionale du monde !
Nous embarquons à bord de l’Ocean Nova à 17h00. Après avoir écouté les importants conseils de sécurité et participé à l’exercice d’abandon obligatoire, nous faisons plus ample connaissance avec notre équipe d’expédition, dirigée par Jonathan, qui nous présente le voyage. Gilda, responsable des services hôteliers, donne quelques précieux conseils sur la vie à bord, puis nous larguons les amarres et quittons l’Isfjord, pour mettre le cap au Nord.
Après le dîner et la distribution des bottes, chacun regagne sa cabine pour un repos bien mérité !
Bienvenue à bord pour 15 jours d’expédition polaire !
Élisabeth
Notre coursier des mers longe l’île du Prince Charles, il fait beau avec toutefois un léger tangage.
Dès 4 heures du matin, les veilleurs de Grands Espaces ont repéré des taches blanches sur la toundra, des taches caractéristiques de nos amis à poil blanc. Un zodiac est envoyé pour confirmer cette observation, car les hauts fonds ne permettent pas à notre bateau de s’approcher. Ils sont là au rendez-vous près d’une carcasse de cachalot et c’est à 5 heures que tout le monde est invité à participer à une croisière zodiac pour les approcher.
Cette approche se fait lentement, mais les taches blanches dorment tranquillement, même si un museau levé témoigne de leur connaissance de notre présence. Ce n’est qu’après une heure de patience que ces ours daignent se déplacer d’un pas de sénateur vers la carcasse du cachalot ; cette mère et ses deux oursons nous offrent alors un spectacle unique, très proche et sans danger que nous pourrons contempler pendant plus d’une heure. Le repas des rois de l’Arctique, fait de macaronis de cachalot permet une longue observation de ces trois individus et c’est avec un peu de regret que nous rentrons au bateau pour un petit déjeuner bien mérité.
Nous passons le cap aux oiseaux pour nous diriger vers un site connu pour la présence fréquente de morses. Après une patrouille en zodiac le constat est à regret négatif… on ne gagne pas toujours, c’est une croisière expédition !
Nous repartons vers le sud afin d’échapper à un coup de vent prévu dans la région. Nous naviguons à nouveau le long de l’île du prince Charles, mais, cette fois-ci, en la longeant côté bâbord ; des baleines, en nombre, agrémentent cette nouvelle navigation : rorqual commun et petit rorqual pêchent entourés d’une nuée d’oiseaux sans se soucier de notre présence.
À 15h, Bruno présente une conférence sur l’histoire du Spitzberg qui est interrompue par la présence, à proximité du bateau, de nouveaux cétacés.
Puis c’est la traditionnelle « recap » sur les observations de la journée. Ours et baleines sont commentés par Alain et glaciers rocheux par Élodie, tandis que les dernières informations sont données par notre chef d’expédition.
À 17h, c’est le pot du capitaine, celui-ci nous accueille chaleureusement en souhaitant à tous d’être des acteurs joyeux pour la réussite de ce voyage.
À 18h tout le monde rembarque dans les zodiacs, cette fois-ci pour une petite marche sur la pointe de Poolepynten, où des morses se prélassent.
Nous ferons une approche par la plage en admirant les bois flottés venus de Sibérie, les traces de rennes, de renards et d’ours. Notre présence n’intrigue pas les morses et leur profond sommeil nous rappelle que nous sommes levés depuis 5h ce matin et qu’il est temps de faire de même si nous voulons tenir ce rythme endiablé. Bonne nuit !
Bruno
Nous avons navigué toute la nuit pour arriver vers 6H30 dans le Bellsund, un système de plusieurs fjords (dont celui de La Recherche), qui pénètrent à 80 km à l’intérieur des terres. Ces fjords sont riches en grandes colonies d’oiseaux et les toundras peuplées de rennes. La météo paraît clémente malgré un ciel un peu gris, et la mer est calme.
Ce matin, nous débarquons sur le site de Bamsebu, à l’entrée du fjord Van Keulen, pour une marche. Trois options sont proposées : certains partent pour une longue marche qui les mènera de l’autre côté de la baie, sur une autre plage.
Le site de Bamsebu est chargé d’histoire. Anciennement les baleiniers du début du 20e siècle y ont massacré les bélugas qu’ils piégeaient au filet en les rabattant dans les baies. Plusieurs ossuaires sont aujourd’hui visibles sur la plage, nommée « white whale beach ».
Au cours de nos promenades, nous observons les quelques variétés de plantes de la toundra adaptées à ces régions, dont la saxifrage et ses minuscules fleurs roses. Les fleurs sont rares à cette période, car l’automne s’installe. Il a d’ailleurs neigé il y a quelques jours et les sommets avoisinants sont saupoudrés de blanc.
Une vieille carcasse d’ours nous permet d’apprécier la taille de la patte et des griffes. Plus loin, un très beau mâle renne se repose. Au bord de l’extinction, au début du 20e siècle, le renne a été ensuite protégé et a repeuplé les côtes. On peut le trouver sur les pentes et surtout dans les vallées. Adapté à son environnement, il est plutôt trapu, et il survit en hiver grâce à ses réserves et en grattant la neige pour trouver du lichen. Les longs marcheurs en croiseront une dizaine.
Des traces d’ours assez fraîches sont visibles près de la côte. Certains, chanceux, dans le groupe des moyens marcheurs, ont aperçu des bélugas le long de la plage. Ces cétacés reviennent donc par ici, après avoir déserté les lieux suite aux massacres.
Puis, les petits et moyens marcheurs remontent à bord des zodiacs pour rejoindre l’autre plage, sur l’anse Fleur de Lys (du nom du navire de Henri de Bourbon) où ils seront rejoints par les grands marcheurs. À Ahlstrandodden, quelques vieilles barques des baleiniers jonchent la plage. Un phoque veau marin se prélasse sur un rocher au milieu de la baie. Des bécasseaux violets cherchent leur nourriture à marée basse.
Au fil de la matinée, le ciel s’est totalement dégagé et le soleil est là, rajoutant une belle lumière sur cette magnifique anse.
Nous profitons d’un très bon déjeuner, et, en début d’après-midi, l’équipe des guides part en repérage sur un site situé au nord du Bellsund, vers le détroit de Aksel. Un ours a été repéré, mais est à bonne distance du site que nous souhaitons explorer.
Une marche est à nouveau au programme. Nous débarquons à Camp Millar, sur une plage d’anciens chercheurs d’or. Le Britannique Ernest Mansfield a tenté, un peu partout sur la planète, de trouver différents minerais. Il tenta de trouver de l’or au Spitzberg, mais sans succès.
Des mergules nains nichent ici sur les pierriers en été. Le mergule nain est le plus petit des Alcidés, cousin du pingouin et des guillemots, et l’oiseau marin le plus abondant en Arctique. Actuellement, ils sont tous partis plus au Sud. Il reste quelques mouettes tridactyles. C’est donc un terrain favorable pour le renard arctique.
Comme le matin, trois groupes de marche sont constitués. Au cours de notre balade, nous avons droit à une très belle observation d’un renard qui descend d’un pierrier à la recherche des quelques morceaux de rennes dispersés ici et là. Il est déjà en pelage d’hiver : tout blanc. Il s’approche très près de certains d’entre nous, et, aucunement farouche, il nous offre un véritable show : marquage, roulades, course à droite et à gauche, poses… ! Les photographes sont servis !
Deux autres groupes, plus éloignés de la plage, poursuivent leur marche quand tout à coup, Alain annonce à la radio « ours à terre ! ». On regroupe les passagers en arrière, pour rebrousser tranquillement chemin (« non, pas le temps pour les photos ! ») et regagner la plage où les autres groupes commencent déjà à remonter sur les zodiacs.
Il s’agit d’une femelle ours adulte identifiable, car elle porte un collier émetteur. En effet, les chercheurs ne posent des colliers qu’aux femelles, car les mâles ont des cous trop larges et le perdent souvent. Notre ourse dormait tranquillement derrière l’un des milliers de blocs erratiques. Comme nous le répétons aux voyageurs : l’ours peut être n’importe où et peut surgir à n’importe quel moment.
Manifestement autant surprise que nous, mais calme, elle se détourne et fait marche arrière.
Grand moment… Tout le monde a réagi avec calme et sang-froid, et en moins de 15 minutes, tout le monde avait quitté la plage pour regagner le navire.
Après avoir raccompagné les voyageurs à bord de l’Ocean Nova, nos guides patientent un moment à bord des zodiacs pour voir si elle revient vers nous. Bien que toujours visible aux jumelles, elle reste éloignée, et nous reprenons donc notre navigation.
Avant le dîner, notre équipe d’expédition nous propose le « récap » journalier » : Alexandre nous parle des morses (odobenus rosmarus), que nous avons vus la veille et Xavier des plantes arctiques.
Plus tard, dans la soirée, la houle fait un peu danser notre navire et nous regagnons nos cabines. Cap sur le Groenland !
En mer, entre montagnes pointues et pays vert.
Dans le Grand Nord, pas de nuit : pas de mi-nuit. D’autant que notre départ du Spitzberg vers l’ouest décale notre horloge, retardant la mi-nuit d’une heure, raccourcissant la veille en allongeant la veillée.
Le repas du soir avait pourtant eu lieu juste avant que la sortie du Bellsund nous livre à la pleine mer, mer indigne et un peu agitée qui mit bientôt quelques estomacs à l’envers et quelques GPS à l’endroit.
En mer dès le matin, donc. Route au 240, 10 nœuds vers la longitude zéro que nous franchirons vers 11 heures, dans une ambiance méritée de croisière tranquillisée seulement animée du tri des stupéfiantes photos de la veille, des lectures de racontars de Jorn RIEL et d’échanges de stratégies antiémétiques pour une éventuelle récidive houleuse. La conférence de Xavier sur les mammifères marins nous apprendra, entre autres, que la peau de phoque hisse l’alpin sur le glacier et le pinnipède sur le glaçon. Un souffle de baleine à trois heures viendra vers midi valider cette excellente présentation.
Le délicieux repas de midi, conclu par une époustouflante linzerstruddel rassura les œsophages incertains, avant une petite sieste (rare chez Grands Espaces !!!)
C’est donc repu et réveillé que le public enthousiaste accueillit la conférence d’Alain et Christophe sur l’ours (nous apprîmes que l’ours grume comme un taste-vin bourguignon…).
Lors du récap journalier, le renard arctique d’Anouck, le fulmar de Bruno, la plage surélevée d’Élodie nous rendent plus savants en attendant le repas du soir où Oleg à la canne à pêche, Floro au piano et Edgar en salle nous présentaient la morue arctique.
Soirée cinéma : « Poisson noir, » requiem pour orques et violons qui nous mis l’alarme à l’œil : plus jamais à Marineland !!!!
Le premier coucher de soleil de l’été austral, prévu à 23h15 se cachera derrière les nuages, jaloux de tant de beauté et de science !
Banquise de l’Est du Groenland
Après une calme nuit de navigation, le réveil est à couper le souffle. Nous sommes au milieu de la banquise de la côte Est du Groenland ; entre floes disloqués et brume, le décor est magique. L’Ocean Nova avance lentement en poussant et brisant les plaques de banquise arborant de magnifiques mares de fonte aux couleurs turquoise. La banquise, ce paysage emblématique de l’arctique qui fait rêver et a été redoutée par de nombreux explorateurs partis à la conquête des pôles, s’offre à nos yeux.
C’est confortablement installés sur les ponts extérieurs de l’Ocean Nova que nous naviguons au travers de cette étendue blanche qui peuple l’imaginaire collectif. Le soleil joue à cache-cache avec la brume donnant une ambiance de bout du monde au lieu. Seuls au milieu de la glace, rien ne nous rappelle la civilisation que nous avons laissée derrière nous, il y a seulement quelques jours.
Jonathan, notre chef d’expédition, décide de programmer une croisière Zodiacs. C’est à travers les floes de banquise disloqués que nous approchons cet environnement dynamique et vivant ; des mergules nains, des fulmars boréals, un phoque et bien d’autres organismes microscopiques peuplent cette étendue blanche. La monotonie des floes est interrompue par des hummocks qui prennent des formes les plus originales.
Tout d’un coup, au détour d’un hummock, notre Capitaine Oleg Klaptenko repère un ours ! Une jeune ourse peu farouche et plutôt curieuse marche entre les plaques. Le spectacle est époustouflant ! Voir un ours polaire marcher sur la banquise dans son milieu naturel est un moment fort d’une croisière expédition. Nous observons, à faible distance, cette ourse qui semble être en bonne forme. Elle transite entre les plaques, nage puis se roule sur la glace afin d’ôter le sel marin sur son pelage. Un spectacle naturaliste extraordinaire. Nous décidons de rentrer au navire afin de laisser l’ourse à sa vie solitaire sur la glace. Un dernier coup d’œil à l’ourse depuis les coursives et nous continuons notre périple sur la banquise.
Après le déjeuner, l’équipe d’expédition ayant repéré une plaque de bonne grandeur et épaisseur, nous décidons de débarquer. Marcher sur de l’eau de mer gelée est un rêve qui se réalise pour certains !
Puis, c’est l’heure de la conférence donnée par Xavier et Élodie qui permet de mieux comprendre la formation, le rôle et les enjeux de la banquise dans le contexte actuel du réchauffement climatique.
Lors du récap quotidien, Alexandre nous met en perspective les expéditions scientifiques du bateau La Recherche et évoque le « voyage d’une femme au Spitzberg » de Léonnie D’Aunay ; Alain nous donne de plus amples informations sur l’ourse que nous avons observée le matin sur la banquise ; Jonathan, quant à lui, nous expose les plans pour le lendemain. De nouvelles aventures nous attendent !
Les derniers floes de banquise se détachent au loin ; l’Ocean Nova continue sa route. Le navire met le cap sur le Groenland, plus précisément sur l’île de Clavering. Le soleil se couche pour la première fois depuis le départ du Spitzberg. Les lumières qui se reflètent sur la banquise sont magnifiques. Encore une belle journée en Arctique !
En cette matinée du 24 août, nous arrivons sur la côte est du Groenland sur une mer formée. Aujourd’hui, nous sommes plongés dans l’Histoire des Inuit et explorateurs de la côte Est du Groenland sur l’île Clavering. Cette île culmine à 1650 mètres dans la baie Gael Hamke à 74°N. C’est au sud de cette île, sur un site dénommé Doednabukta, que nous débarquons pour des randonnées de différents niveaux.
Doednabukta est riche en histoires anciennes et récentes, aussi bien d’Inuit que d’étrangers. En effet, c’est ici que le Britannique Douglas Clavering croisa en 1823 la route des derniers Inuit rencontrés dans ce secteur alors que les populations autochtones étaient déjà bien connues sur la côte ouest du Groenland depuis plus d’un siècle. Ce groupe de 12 personnes était sans doute les derniers survivants de la Culture de Thulé. Depuis, de nombreuses découvertes archéologiques nous en disant plus quant à ce peuple si isolé du reste du monde ont été faites en ces lieux à partir des années 1930. Les restes de plusieurs habitations inuit ont été découverts. Nous y découvrons les restes de plusieurs habitations de cette culture de Thulé, ainsi qu’une cabane de la patrouille Sirius (*)
L’après-midi, l’Histoire plus récente présente Eskimonæs. C’est ici que l’une des stations de la plus importante expédition scientifique danoise jamais organisée a été construite en 1931. Cette station a été utilisée par les scientifiques jusqu’en 1939, puis elle a servi de quartier général pour la « patrouille des traîneaux » aussi connue sous le nom de « patrouille Sirius », pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Ces patrouilles étaient constituées de volontaires danois et norvégiens accompagnés de conducteurs de chiens groenlandais et avaient pour mission de patrouiller entre 70° et 77°N pour repérer toute activité allemande suspecte.
En effet, les Allemands étaient venus ici installer des stations météorologiques dès le début de la guerre afin d’obtenir des informations stratégiques sur la météo en Atlantique Nord. La station, dont nous avons découvert les ruines lors de notre balade, fut incendiée par les Allemands en 1943 suite à une altercation avec la patrouille qui a fait un mort du côté de cette dernière, puis elle subit un bombardement américain la même année. Deux cabanes en bord de plage nous ouvrent leurs portes et nous pouvons imaginer la vie des soldats venant y trouver refuge au cours de leurs expéditions. Le tas de bois et les allumettes sont toujours prêts pour leur permettre d’allumer un feu dès leur venue.
Les balades nous ont aussi permis de prendre contact avec le bœuf musqué en observant çà et là des traces, crottes, poils ou ossements. Omingmak, comme le nomment les Inuit, n’est pas loin. Nous espérons le voir dans les jours à venir, peut-être demain ?
La fin d’après-midi se termine par un récapitulatif, Élodie et Alain nous ont transportés dans l’époque de la culture de Thulé. Puis Alexandre nous a présenté la patrouille Sirius…
La fin de journée se termine par une navigation proche de nos premiers gros Icebergs !
« Bonjour… bonjour ! », la douce voix de Jonathan nous sépare de nos rêves.
Nous avons encore en tête les images d’hier soir. La rencontre avec nos premiers gros icebergs, notre premier coucher de soleil, les lumières incroyables de cet automne boréal…
Les discussions s’animent au restaurant. Nous évoquons les idées reçues de l’inconscient collectif, comme cette image du Groenland, littéralement « La terre verte », que nous rêvons tous blanc.
La réalité est plus nuancée. Les côtes escarpées proposent des variations de rouge, de jaune, de gris… L’immense calotte de l’île déverse son trop-plein de glace çà et là grâce à de gigantesques langues de glaces. Nous sommes impatients de sortir nous frotter à ces géants.
Notre première activité de la journée est une balade près du glacier de Waltershausen. Un front de glace de plus de 15 kilomètres de largeur et une longueur incroyable de plus de 50 kilomètres reliant la calotte aux eaux de l’Atlantique.
Nous débarquons à l’ouest du glacier et entamons une petite marche pour atteindre un point de vue donnant sur le glacier. Le résultat est époustouflant, saisissant… chacun trouvera l’adjectif adéquat. L’Ocean Nova est un jouet perdu au milieu de l’immensité. D’un côté, les eaux du fjord, de l’autre les glaces du Waltershausen. La hauteur nous permet de comprendre la dynamique des glaciers, géants en perpétuel mouvement dont le seul but est de rejoindre la mer.
Une fois remontés à bord, le capitaine nous propose une navigation le long du front de glace, nous observons les séracs, les bédières, les arches formées par les rivières sous-glaciaires…
Le temps d’une petite sieste après le repas, et nous voici de nouveau sur nos zodiacs. En effet, la météo est encore une fois exceptionnellement bonne, il serait dommage de ne pas en profiter.
Le navire s’est repositionné à l’entrée de Geologuefjord. L’équipe d’expédition a repéré plusieurs groupes de bœufs musqués. Un autre habitant emblématique du monde polaire, que l’on retrouve seulement en Amérique du Nord et au Groenland.
La première partie de l’après-midi est consacrée à l’observation des dizaines d’icebergs qui stationnent dans la baie. Ces œuvres d’art éphémères sont plus impressionnantes les unes que les autres. L’érosion de l’eau, la fonte et les vents ont sculpté des formes d’une variété exceptionnelle. Les dimensions sont impressionnantes. Nous parlons ici de « glaçons » de plusieurs dizaines de mètres.
Le site fait penser à la visite d’un musée, avec une scénographie mettant en valeur chaque iceberg en fonction de ses dimensions et de ses formes. De la même façon que l’on découvre un tableau, nous nous approchons, et la sensibilité de chacun fait le reste…
Nous serons sans aucun doute tous d’accord pour dire que le plus impressionnant de tous fût « l’arche ». Un iceberg de plus 40 mètres de haut, complètement vidé de sa matière jusqu’à obtenir une immense arche tenant par on ne sait quel miracle. Une certaine solennité se dégage de ce monument. Sa silhouette rappelle une cathédrale, peut-être celle de Strasbourg avec son unique flèche…
Nous nous retrouvons sur une plage du Kapp Ovibos, littéralement le cap des bœufs musqués. Et en effet nous partons observer ces animaux légendaires, adaptés aux conditions extrêmes de cet environnement.
Un craquement gigantesque retentit, à peine le temps de se retourner que nous comprenons que la magnifique arche vient de céder, notre magnifique iceberg vient de se désagréger… Quel spectacle !
Une fois de retour sur le bateau nous sommes attirés sur le pont numéro 5 pour le traditionnel barbecue de l’Ocean Nova. La musique, les odeurs et les sourires viennent rompre le calme de ce superbe désert polaire.
La navigation continue dans la soirée, nous nous enfonçons toujours plus dans le système de fjord du Kaiser Franz Joseph. Nombreux sont les passagers qui veillent sur les coursives extérieures pour s’imprégner de cet environnement si « hors du temps ».
Nous sommes toujours en navigation dans l’immensité du Fjord Franz Joseph, et ce matin nous nous réveillons par 73°05’51 Nord & 27°20’22 Ouest.
Le temps est toujours au beau fixe, la température extérieure est de 7°C. Il n’y a pas de vent, l’eau est sans aucune ride et reflète les montagnes alentour. Ici, les pics dépassent les 2000 m ! D’énormes icebergs semblent barrer le passage du fjord, mais nous parvenons à les contourner. Il n’y a rien d’autre en ce lieu… que du minéral et de la glace.
Ce sont des conditions parfaites pour notre croisière zodiac. Le soleil commence à percer depuis les hauteurs des montagnes. La lumière est superbe, le spectacle de toute beauté.
Le bateau nous lâche dans Kjerulffjord au milieu de cette vallée glaciaire. Il faut imaginer qu’il y a 10 000 ans, toute cette immensité était couverte de glace.
Slalomer entre des icebergs géants qui sont comme des immeubles de 40 étages est un plaisir sans nom. Le bleu profond des craquelures dans la glace, les milliers de cupules qui indiquent que l’iceberg s’est déjà retourné, leurs reflets sur l’eau, leurs formes creusées par l’eau et le vent, tout cela excite notre imagination. Ici, une forme de dragon, là, un visage féminin ou encore une forme animale…
D’abord de simples points noirs dans la toundra, quelques bœufs musqués sont identifiés ; puis au fur et à mesure que nous nous rapprochons, nous distinguons les détails de l’animal. Nous avons la chance extraordinaire de les approcher en bord de plage ; ils ne sont pas très farouches et après nous avoir regardés, ils continuent de brouter tranquillement l’herbe rase. Deux jeunes mâles commencent à s’énerver ; leurs joutes font résonner leurs crânes quand ils chargent. Et puis, aussi soudainement qu’ils ont commencé, ils cessent le combat et se mettent à brouter à nouveau.
C’est alors que nous entendons Bruno à la radio. « Un ours devant mon zodiac » !
Oui… un ours est bien en train de remonter tranquillement une petite pente et commence à manger quelque chose à terre. Nous approchons du bord de plage pour observer de plus près, et constatons que notre ours est en train de mastiquer du bœuf musqué. Nous profitons longuement de cette observation exceptionnelle.
Puis, nous repartons au milieu des icebergs pour accoster sur l’autre rive du fjord (opposée à celle où se trouve l’ours…) pour découvrir un ancien site de la civilisation de Thulé. Alain nous commente la vie des inuit dans ces maisons, dont les fondations sont très bien conservées ; il n’hésite pas, même, à nous montrer comment ils y pénétraient, en se glissant dans l’entrée de fort petite taille.
Sur le site, nous observons également une cabane de trappeurs en très bon état, restaurée par l’association Nanok, et qui fut utilisée par des alpinistes de Chamalières au siècle dernier.
Après 3 heures dehors, c’est l’heure du déjeuner et nous rentrons à bord de l’Ocean Nova qui nous avait suivis depuis notre sortie.
Le débarquement de l’après-midi nous conduit dans la vallée de Rennbugten.
La plage est immense, les marcheurs se répartissent selon la difficulté présumée du terrain et la recherche de plusieurs groupes de bœufs musqués.
C’est finalement dans la grande plaine et à l’abri de monticules rocheux que les grands et les moyens marcheurs peuvent observer les boeufs musqués de plus près, tandis que les petits marcheurs tentent vainement de les approcher en traversant un champ de pierres. D’autres, plus prudents, ont opté pour une croisière zodiac devant des icebergs gigantesques.
Un vol de Bernaches cravant passe juste au-dessus de nos têtes pendant que nous crapahutons ; le spectacle est superbe !
Les boeufs musqués sont une demi-douzaine avec deux petits ; ils nous ont vus, mais pas encore sentis, car nous sommes contre le vent. Depuis notre position, à une centaine de mètres, ces animaux sont impressionnants ; nous restons à bonne distance et les suivons jusqu’à la plage. Le vent tourne alors, et ils sentent tout à coup notre présence… Aussitôt, ils filent à toute allure et grimpent dans les contreforts de la montagne. C’est pour nous le signal du retour au bateau.
Avant le dîner, le « récap » du jour donne à Élodie la possibilité de nous parler de la formation des glaciers, puis c’est au tour d’Alain de disserter sur l’ovibos moskatus, le bœuf musqué, en présentant notamment une vidéo filmée par Bruno et montrant le combat de deux bêtes observées lors de la sortie de la veille. Enfin, Erik, le cameraman de M6, nous offre quelques prises de vue effectuées par son drone… et notamment la chute de l’arche qui s’est produite hier. Spectaculaire !
Alpefjord
Le doucereux bonjour matinal de Jonathan nous tire d’une bonne nuit de sommeil. L’Ocean Nova a vogué dans le fjord du Roi Oscar puis obliqué vers le Sud-Ouest pour embouquer Alpefjord où les flancs escarpés se prolongent en pics acérés aux silhouettes fantomatiques noyées dans les écharpes de brume. L’Alpefjord marque la limite nord des biens nommées Alpes de Stauning desquelles dévalent les impressionnantes langues glaciaires du Gully et du Sefström Gletcher. Ce dernier a reculé dans les dernières décennies pour nous laisser libre passage vers le fond du fjord où s’engage l’Ocean Nova pour une navigation exploratoire sur ces fonds non sondés, hérissés des dépôts morainiques abandonnés par le glacier qui originellement, venait buter contre la côte ouest du fjord.
Une grande croisière en zodiacs nous amène au pied de ce front de glace hérissé de séracs gigantesques au sommet desquels sont perchés de titanesques blocs erratiques tombés des aiguilles qui hérissent la haute vallée du glacier. Grands et moyens marcheurs prolongent la sortie vers le fond du fjord, autrefois lac de barrage dont la digue était constituée par l’extrémité du Sefström. Les anciens niveaux du lacs sont visibles sur les pentes abruptes du fjord, traces d’une époque où les eaux de fonte des glaciers environnants alimentaient un lac d’eau douce surélevé d’une bonne vingtaine de mètres par rapport aux eaux du fjord qui l’ont depuis envahi. Les zodiacs sont lancés sur des eaux laiteuses chargées en farine glaciaire, cette poussière de roche libérée par les eaux de fonte des glaciers. Nous poussons jusqu’au fond de ce fjord barré par un second glacier géant qui vient lui aussi de libérer son front du pied de la montagne contre laquelle il venait encore buter en 2009. La grande majorité du groupe accoste sur une langue de glace morte recouverte d’une fine pellicule morainique antidérapante. L’exploration conduit le groupe jusqu’aux toutes premières crevasses marquant le début de la partie active du glacier.
Un petit groupe secondaire, sous la houlette d’Alain, part mettre pied sur ce qui était, il y a encore seulement dix ans, l’extrémité de la langue glaciaire. Le glacier, au tracé perpendiculaire, comme celui du Sefström, à l’axe du fjord, est actuellement en retrait d’une centaine de mètres de la rive nord du fjord, laissant de magnifiques gneiss aux veines sinueuses parfaitement polies, propices à une petite escalade sur ces roches aux formes parfaitement arrondies par le travail millénaire de la glace. Les écharpes de brumes qui nous avaient valu quelques gouttes de pluie fine au départ se déchirent progressivement pour dévoiler les sommets hérissés d’aiguilles acérées avoisinant les 2000 mètres et saupoudrées d’une toute nouvelle neige d’automne. Le front glaciaire, désormais en contact avec les eaux marines, est régulièrement secoué de craquements explosifs, signe de l’avancée perpétuelle du fleuve de glace.
Nous revenons sur nos pas pour accoster au pied de la moraine en rive gauche du Sefström et pique-niquer sur le rivage avant de nous lancer à l’assaut de cet empilement colossal de blocs de toutes dimensions sur les traces de Xavier monté préalablement en repérage d’un parcours praticable sur ces terres inviolées, produit de l’activité de bulldozer géant du glacier.
Pendant que grands et moyens marcheurs étaient en excursion, un autre groupe effectue une croisière zodiac devant le front du glacier de Gully et ont la chance d’apercevoir un petit phoque annelé et un phoque barbu peu farouche.
Dans l’après-midi, l’Ocean Nova se repositionne à l’entrée de l’Alpefjord. Un récapitulatif d’Élodie nous retrace l’évolution des calottes glaciaires. Sur la côte de Segellsällskapet Fjord nous attendent les étonnantes roches peintes du site de Skiperdal où affleurent les schistes et marbres des tréfonds de la chaîne calédonienne, montagnes qui s’érigèrent au début de l’ère primaire, il y a quelque 400 millions d’années. Les roches vieilles de 600 à 900 millions d’années, soumises à des températures et pressions colossales, rendues à une plasticité totale, se sont plissées à l’infini, comme pâte feuilletée sous la main du pâtissier, offrant aujourd’hui ce décor coloré du pourpre au beige en passant par le rouge brique ou le gris laiteux de ces innombrables plaquettes d’ardoise et de marbre sculptées par l’action des glaciers en grosses masses moutonnées.
Dès notre retour à bord, l’Ocean Nova entame sa route vers le Sud par le fjord du Roi Oscar, large chenal de sortie vers le Sud de tout le complexe des fjords de la côte est, au Nord de la Terre de Liverpool qui nous sépare du grand Scoresby Sund.
Réveil dans le Carlsberg Fjord. Comme le dit notre chef d’expédition à son « annonce-réveil » matinale : c’est encore une tempête de ciel bleu à l’extérieur.
En regardant par la fenêtre de la cabine, le temps semble un peu suspendu, alors que notre navire finit sa navigation dans le fjord. Le soleil, encore assez bas, fait apparaître l’eau métallique, avec des reflets argentés, parsemée de morceaux de glace disloquée en brash et bourguignons. Un voile de brume « flotte » sur l’eau.
Ce matin c’est une sortie en Zodiacs qui nous attend. Nous allons observer de plus près les icebergs et les glaciers qui nous entourent. Certaines formes d’icebergs sont dignes d’un musée d’art moderne. Moteurs coupés, on entend les bulles qui crépitent autour de nous. Non loin de l’entrée du fjord, deux tabulaires sont postés de chaque côté comme des gardes, majestueux. Le ciel s’est voilé pendant un moment, mais juste ce qu’il faut pour donner d’autres couleurs au paysage. Puis un grand soleil a de nouveau inondé l’endroit. Encore une magnifique sortie.
Alors que nous quittons le fjord et faisons route vers le sud, nous déjeunons avec à tribord une vue imprenable sur la chaine de montagnes saupoudrées de blanc, et semblant sortir directement de la mer.
Nous avons plusieurs heures de navigation devant nous et restons donc à bord cet après-midi.
Alexandre, notre guide historien, nous propose une conférence sur l’histoire des découvertes du Groenland par les Européens. Dès le Xe siècle, les Vikings, venus de Norvège puis d’Islande, ont créé deux colonies à la pointe Sud-Ouest regroupant 5000 personnes. Pendant plus de quatre siècles, ces colonies héritières d’Erik le Rouge ont survécu en vivant du commerce de l’ivoire de morse, de l’élevage et de la pêche. Après une période sans contact avec l’île, les Européens sont revenus au XVIIIe siècle avec le missionnaire danois Egede. Le XIXe et le XXe ont vu l’arrivée de nombreuses expéditions qui ont permis la cartographie de la côte Est notamment. De grands noms comme Charcot, Boyd, Koldeway ou encore Scoresby ont tous contribué à la découverte de cet espace immensément vide et sauvage.
En fin d’après-midi, Christophe nous parle des Chlamydomonas, ces algues unicellulaires microscopiques qui donnent une couleur rosée à la neige des névés ; et Alain revient sur la géologie des roches peintes observées la veille.
Après le dîner, nous visionnons le magnifique film documentaire de Luc Jacquet « La glace et le ciel », qui retrace la biographie du glaciologue Claude Lorius.
Ce matin, le petit déjeuner est, comme à son habitude, fixé à 7h30 et nous sommes réveillés par la douce voix de notre chef d’expédition. Durant la nuit, l’Ocean Nova a fait bonne route et nous avons pénétré dans le Scoresbysund ; le plus grand système de fjord au monde avec plus de 1000 kilomètres de côtes. C’est dans ces lieux majestueux et grandioses que vont se dérouler les activités de nos deux derniers jours au Groenland.
Au petit matin, nous arrivons à notre point de départ pour les sorties de la matinée : l’archipel de Bjørneøer, autrement dit les îles aux Ours. Xavier et Élodie partent en repérage afin de trouver une nouvelle randonnée d’exploration dans le dédale de l’archipel. La houle est présente et le vent, s’engouffrant entre les îles, forcit. Pour les plus courageux, l’équipe d’expédition propose un débarquement qui sera plutôt humide. Les randonneurs sont répartis en trois niveaux selon la difficulté du terrain. Les effets des embruns sont récompensés, car les trois niveaux de marche accèdent à un panorama à couper le souffle. Devant nos yeux s’offre un horizon fait d’icebergs éclairés par une lumière exceptionnelle entre des monolithes granitiques tombant dans la mer à pic. Les grands marcheurs ont été chercher une vue à 360° depuis un petit sommet surplombant le fjord. Lors du retour sur le navire, les sourires s’affichent sur les visages malgré les habits mouillés !
La navigation reprend dans le fjord, cette fois à bord de l’Ocean Nova. Les icebergs et les pics granitiques offrent un superbe spectacle ; nous voilà transportés dans un environnement qui a été foulé par peu de personnes sur cette terre. Cette ambiance nous rappelle que nous sommes très petits face à ces paysages si imposants, façonnés par les éléments durant des millions d’années. Nous croisons la route de ces géants des glaces ; ces icebergs gigantesques aux formes les plus hétéroclites. Nous sommes sur les ponts extérieurs à admirer ce spectacle de la nature qui s’offre à nos yeux ; seuls au monde dans l’un des plus grands systèmes de fjords.
Pour le traditionnel récap quotidien avant l’heure, c’est au tour d’Anouck de nous parler de son travail en parcs animaliers, suivi d’un débat animé. Jonathan nous expose les plans du lendemain, puis ceux pour la fin d’après-midi.
L’Ocean Nova fait route en direction de Charcot Havn, soit le port de Charcot où le célèbre explorateur français a cartographié la région entre 1925 et 1936. Pour cette dernière sortie loin de la civilisation, il n’y a pas de randonnée guidée, mais un périmètre est mis en place par les guides afin que nous puisions déambuler librement, méditer ou encore contempler le magnifique paysage parsemé d’icebergs géants. Les plus sportifs ont même pu atteindre un magnifique point de vue sur le glacier de Charcot.
Toute bonne chose à une fin. C’est sous des lumières de fin de journée rasantes que nous regagnons le navire qui prend la direction d’Ittoqqortoormiit, à l’entrée du Scoresbysund, que nous atteindrons tôt le lendemain. Les derniers rayons de soleil se reflétant sur ces géants de glace donnent des ambiances uniques au paysage.
Les conditions de vent nous permettent de débarquer ce matin dans le village d’Inuit d’Ittoqqortoormiit, pour le plus grand bonheur de tous.
C’est vers 08h30, nous prenons place dans les zodiacs qui nous emmènent à la plage où nous débarquons sans trop de difficulté sur un quai flottant récemment installé, nous évitant de nous mouiller les pieds !
Dès notre arrivée, nous sommes accueillis par un officier de police présent sur la plage, et par notre guide Élodie qui nous distribue un plan de la ville et nous donne des informations utiles pour notre visite.
Le village groenlandais d’Ittoqqortoormitt est composé d’environ 480 âmes. Cette colonie fut fondée en 1925 par le gouvernement danois dans un but géopolitique dans une période où de nombreux trappeurs norvégiens occupaient la côte orientale du Groenland.
Le village, composé d’un panel de maisons aux couleurs vives, présente plusieurs lieux incontournables. L’église, en raison des risques d’effondrement, ne peut malheureusement pas être visitée.
En arpentant les quelques rues, nous passons devant l’office du tourisme où nous sommes accueillis par une dégustation de quelques amuse-bouche de bœuf musqué. Sous une tente disposée à l’entrée, une jeune femme tisse la laine. Certains dénichent quelques souvenirs typiques.
Le musée permet d’en apprendre beaucoup sur le passé des Esquimaux ainsi que sur leurs traditions et leurs croyances.
Un peu plus loin, nous apercevons l’école. Elle accueille une cinquantaine d’enfants. À l’heure de la récréation, ils nous invitent, avec leurs institutrices danoises, à visiter leur classe et nous ravissent par leurs sourires et leurs jeux. Certains sont heureux de nous dire les quelques mots d’anglais qu’ils ont appris.
Les nombreux équipages de chiens groenlandais présents dans le village permettent aux visiteurs que nous sommes d’admirer la beauté de ces animaux, compagnons indispensables aux chasseurs parcourant la banquise sur des traîneaux.
Certains se rendent au monument de Charcot ; ce mémorial a été érigé à Ittoqqortoormitt en mémoire du commandant et explorateur polaire français Jean-Baptiste Charcot et de l’équipage du « Pourquoi pas ? » par le muséum national d’histoire naturelle de Paris et « l’Association des anciens du Pourquoi pas ? ».
Jean-Baptiste Charcot navigua au Groenland de l’est de 1925 à 1936. Il se rendit notamment à Ittoqqortoormitt en 1926 pour une expédition géologique en terre de Jameson. Il a pu ainsi constater la réussite de l’implantation de la colonie entreprise seulement un an auparavant.
Plus haut sur une colline, nous assistons également au lâcher de ballon météorologique. Celui-ci a lieu 2 fois par jour, à 11h03 et 23h03. Le ballon fait de latex est gonflé sur place à l’hydrogène et monte jusqu’à une altitude de 35 à 40 km en augmentant de près de 200 fois sa taille. Il sert à recueillir des données météorologiques comme la vitesse et la direction du vent, la température et la pression atmosphérique. Son rôle est avant tout de vérifier les données de satellites qui seront ensuite rassemblées et traitées pour établir des bulletins météorologiques. Le météorologue de service, traduit par Élodie, nous en explique le fonctionnement.
Après avoir effectué un dernier embarquement à bord de l’Océan Nova, nous reprenons notre navigation et quittons le fjord du Scoresbysund pour nous mettre le cap sur la ville islandaise d’Akureyri.
L’après-midi, Christophe nous propose une conférence sur histoire moderne du Groenland… et en soirée, nous découvrons ou redécouvrons avec plaisir le magnifique film « Nanouk l’Esquimau »
Nous sommes toujours en route pour l’Islande.
La nuit a été douce et câline puisque le roulis régulier de l’Ocean Nova a bercé nos rêves. Une expérience assez singulière pour les non-initiés et une routine pour les autres. Notre chef d’expédition nous a accordé une grasse matinée, rendez-vous à 8h pour le petit-déjeuner.
La journée est consacrée à la navigation. Les dieux du Nord sont avec nous et nous permettent une traversée relativement agréable. La légère houle accompagne nos activités.
Bruno commence les hostilités avec une conférence d’introduction sur l’Islande, cette terre mystérieuse, que l’on imagine d’habitude aux confins du nord du globe. Après un tel voyage, cette « Terre de glace » semble bien loin au sud. Tout est question de perspective. Nous avons débuté notre expédition à 78° nord et nous passons ce matin la limite symbolique du cercle polaire par 66°33′ nord, plus de 1200 kms plus au sud.
Nous terminons la matinée avec une intervention de Christophe au sujet du plancton, ces petits êtres vivants, animal ou végétal, qui dérivent au bon gré des courants, source de la vie dans les lointaines terres polaires. La météo est toujours aussi belle, le soleil est radieux, les fulmars suivent le navire et planent au milieu des vagues.
Peu avant l’annonce pour le déjeuner, les côtes de l’Islande sont en vue. Incroyable vision que de découvrir ces côtes escarpées enveloppées par un gros voile nuageux, pas de doute, nous arrivons bien en terre viking.
Le déjeuner « italien » proposé par le restaurant de l’Ocean Nova semble nécessiter un passage aux cabines en début d’après-midi. Certains se justifient en évoquant une comptabilité en retard, d’autres une session de méditation… et d’autres assument pleinement leur sieste !
Une annonce de l’équipe d’expédition nous invite à sortir sur les coursives extérieures. Des cétacés ont été repérés. Il s’agit de 2 rorquals communs, ils longent la côte de l’île Hrisey du fjord de Eyja, notre dernier fjord avant de mettre pied à terre sur le sol islandais.
Les paysages sont beaux, le soleil perce par endroits le plafond nuageux. Nous retrouvons la toundra et, par endroits, quelques arbres, étrange vision après avoir passé 15 jours dans l’extrême nord.
Un peu avant l’heure du thé, Xavier nous présente un sujet sur la mythologie nordique. Sujet passionnant et complexe qui vient compléter la présentation de la culture norroise esquissée par Bruno ce matin. Nous continuons cette journée pleine d’activité par le cocktail de l’au revoir en compagnie de notre cher capitaine, Oleg Klaptenko.
Les sourires et la bonne humeur sont lisibles sur les visages. Nous échangeons nos souvenirs et nos plus beaux moments.
Alain accentue les émotions avec son récapitulatif final tout en images. Nous revivons en accéléré notre voyage. Que tout cela semble loin, notre premier ours, notre premier débarquement, notre premier toast avec le capitaine, l’arrivée sur la banquise, l’exploration du Groenland…
Il est 18h, nous arrivons à quai à Akureyri. C’est officiellement la fin de notre épopée sur l’Ocean Nova que nous quitterons demain matin. Il repartira ensuite pour de nouvelles expéditions.
Au cours du dîner, Gilda présente son équipe de cuisine et d’hôtellerie, et c’est pour nous l’occasion de les féliciter et les remercier de nous avoir servi, au cours de ces 15 jours, avec tant de gentillesse et d’efficacité.
Certains partent à la découverte de la ville en soirée, les autres bouclent les valises… La lumière baisse. La nuit arrive, un autre élément avec lequel il va falloir se familiariser…
Demain, nous partons pour Reykjavik. Et en ce samedi soir, il est fort probable que quelques passagers sortiront se balader dans les rues de cette petite ville… parfaite étape pour revenir petit à petit à la civilisation.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
J’avais décidé de ne pas accompagner mon épouse Danièle dans ce périple froid et enneigé !
Après avoir vu quelques photos et lu le premier compte rendu, je pense avoir fait une grosse « boulette » je vous souhaite, à vous tous une magnifique croisière. bisous, « Srecan Put »,
Marko
beaucoup de ülaisir et des riches decouvertes avant que trump ouvrira un walmart:-) bisous jp
C’est avec un très grand plaisir que nous vous lisons. On partage ainsi ces moments magiques avec Martine et Michel. Merci pour ce beau « carnet de voyage ». Bises à vous ?
Coucou,
On lit vos aventures tous les jours. Ca a l’air trop bien et trop beau. Dites bonjour aux ours de notre part. On vous fait de gros bisous.
A bientôt.
Sacha et Gabin.
Magnifique carnet de voyage, notre petit rituel est la lecture de vos découvertes au quotidien !!! Nous pensons bien à Martine et Michel. Tout va bien ici ??
C’est avec beaucoup de plaisir que nous suivons votre expédition. Nous attendons avec impatience les photos d’Hélène et les vidéos de Michel. bisous à Hélène et Michel de Belgique.
Bonjour a tous!
C est un vrai plaisir de partager avec vous de loin votre belle aventure! Que de magnifiques paysages! Des bisous aux Ours polaires??!
Chez nous, il fait plus de 30 degrés !
Coucou Martine et Michel
Severine, gabin, frank, Mamie et Alf
Très agréable jeux de piste!
Un magasine fort intéressant!
Ici 30 degré…
bises aux Ours
Bonjour à toute l’équipe! j’espère que Joseph et Françoise F vont bien, on pense fort à eux! pleins de bisous, en tout cas bon voyage!
Un petit coucouuu
J’espère que votre croisière se passent bien
Je lis aussi le carnet tous les jours et vraiment cette croisière a l’air magnifique ?
Profitez bien
Gros bisous ?
Élisa
Bonjour à tous
Très bonne idées de faire vivre ce voyage exceptionnel à tous ceux qui n’ont pas pu participer.
Profiter bien et revenez avec pleins de magnifiques souvenir. Ici tous va bien RAS le mystère plane sur votre absence!!!!!!
Bisous à vous 2