Rémi Favre
Polaire et Animaux Marins
17 octobre
21 octobre 2021
Rémi Favre
Polaire et Animaux Marins
Augustin Vuillard
Guide polaire
Après des arrivées dispersées sur l’après-midi dues aux villes de provenance variées, le groupe se retrouve à l’aéroport en début de soirée et les guides, Rémi Favre et Augustin Vuillard les accueillent à Keflavik à bord du bus qui nous suivra durant ces 4 jours d’expédition. Première soirée dans un charmant restaurant du centre-ville, le Seafood grill, situé sur l’artère répondant au doux nom de Skólavörðustígur et menant à cette église à l’architecture étonnante en forme de fusée, emblématique de la capitale.
Les rires et les boutades fusent dans ce sous-sol de restaurant, les premiers verres de vin chilien sont servis, l’Islande nous tend les bras : après presque 2 années de disette touristique pour la plupart du groupe, il fait bon reprendre le chemin du voyage. Les masques ne semblent pas de mise dans les infrastructures islandaises, pour notre plus grand bonheur. Malgré une météo déjà bien maussade, les cœurs sont réchauffés.
À 8h pétantes, nous retrouvons notre bus devant le centre de congrès Harpa, autre monument emblématique de la ville avec son architecture futuriste en verre. Selon le programme, la journée est consacrée à notre première randonnée vers la zone volcanique qui a démarré son activité le 19 mars dernier. Mais l’éruption fissurale a décidé de faire une pause dans ses coulées de lave depuis quelques semaines, et c’est donc un immense champ de lave noire séchée qui nous attend. Cependant, rien n’est aussi simple que cela en Islande, et la météo peut nous jouer des tours, particulièrement à cette période de l’année où l’hiver pointe le bout de son nez, à l’exemple des premières tempêtes de neige qui se sont invitées à Reykjavik déjà le mois dernier.
Ce matin, le vent souffle fort sur le sud-ouest du pays, et le crachin vient se mêler à une brume parfois basse. Qu’à cela ne tienne, nous partons pour la péninsule de Reykjanes, bien décidés à aller pique-niquer au pied des champs de lave. Pendant qu’Augustin propose une petite présentation générale du pays, au micro du bus, les baraquements de la banlieue étendue de Reykjavik défilent. Nous passons devant l’imposante usine d’aluminium d’Hafnarfjördur avant de nous engouffrer dans une région plus sauvage constituée de champs de lave recouverts de lichen et de dômes volcaniques qui donnent du relief à la péninsule de Reykjanes.
Premier stop très écourté par la pluie au-dessus du beau lac volcanique de Kleifarvatn, dont nous ne distinguons que les contours à cause d’un brouillard de plus en plus intense. Un peu plus loin, c’est la zone géothermique de Seltun que nous découvrons, à travers ses fumerolles, ses marmites de boue bouillonnantes, ses sources fumantes, le tout dans une délicieuse odeur de soufre qui nous rappelle la douche de la veille au soir. Tout ça c’est très chouette, mais le temps ne s’améliore pas, et c’est même sous une pluie battante que Rémi distribuera, en bon guide de montagne qu’il est, ses consignes pour redescendre la colline rocailleuse sur ses pieds… Nous regagnons à la hâte le bus, après tout de même un premier aperçu d’une zone géothermique intéressante.
Flexibilité étant le maître mot de nos expéditions Grands Espaces, qu’elles soient à bord d’un bateau polaire ou d’un circuit aventure, Rémi et Augustin décident de proposer un programme alternatif : avec ce vent combiné à un brouillard et une pluie épaisse, pas très agréable de randonner longtemps, et le site volcanique -principal intérêt du voyage- ne se dévoilera pas sous ses meilleures lumières. Nous allons donc nous adapter, et changer notre fusil d’épaule : nous ferons la visite de la péninsule aujourd’hui, et reportons la randonnée à mercredi après-midi, qui annonce une météo bien plus radieuse. Pendant que le groupe fait une halte à Stora-Eldborg, petit cratère très peu connu (même du chauffeur) du sud de la péninsule, Augustin contacte un petit café cosy de Grindavik pour nous permettre de déguster au chaud le pique-nique qui était prévu et se réchauffer avec une bonne soupe maison. Mais avant cela, dernier arrêt sur la zone volcanique encore fumante, après une courte marche de 20mn, pour jeter un premier coup d’œil sur le champ de lave le plus proche du parking. Déjà un très beau spectacle que nous offrent ces immenses étendues de roches noires craquelées et fumantes, encaissées au pied de collines qu’elles sont parvenues à dompter pour tracer leur chemin. Les photos fusent malgré la pluie qui ne nous lâche plus, mais ce spectacle se vit et s’apprécie même par un temps breton !
Faisant face aux chalutiers de pêche sur le petit port de Grindavik, notre halte au café Bryggian nous redonnera tout le courage et la force nécessaires pour continuer notre journée de visite. Le pique-nique vite englouti, la plupart d’entre nous décide de poursuivre avec une soupe de langoustine bien relevée, sans oublier un café chaud pour nous remettre définitivement d’aplomb. Avant d’aller nous prélasser dans les délicieuses sources chaudes du Blue Lagoon, nous nous arrêtons devant la piscine naturelle de roche volcanique fouettée par les vagues, à Brimketill, puis tout au bout de la péninsule, nous découvrons la zone géothermique de Gunnuhver, encore hantée par l’esprit de Gunna, et le phare de Reykjanes, dominant de belles falaises et un promontoir rocheux imposant, au pied duquel trône une sculpture en mémoire du dernier grand pingouin, espèce décimée au 20è siècle.
Augustin profite d’une petite accalmie météo pour sortir le drone et prendre quelques photos aériennes, qui serviront de souvenirs à nos passagers. Les 2 prochaines heures seront consacrées à la jouissance d’une baignade dans les eaux à 39° du lagon bleu, au milieu des roches volcaniques. Après une journée passée en partie sous la pluie, quel régal ! cette fois, tout le monde est bien requinqué, propre et sec.
Il ne reste plus qu’à terminer par un restaurant folklorique, le Viking restaurant, installé dans une église reconstituée en bois debout, architecture traditionnelle du peuple viking. Les plats sont accompagnés d’animations en chansons et guitare, proposées par le staff du restaurant, pour rendre une ambiance particulièrement joviale et chaleureuse. En sortant, les yeux sont braqués vers le ciel, dans l’espoir de voir danser de grands voiles verts. Mais, si l’activité aurorale est importante ce soir, la couverture nuageuse risque de nous priver du spectacle. Les prochaines heures, pour les couches-tard, seront peut-être plus prolifiques…
COMPTE RENDU ISLANDE 17-21 OCTOBRE 2021
Après les efforts de la veille, ce matin c’est grasse matinée ! Nous retrouvons le bus à 10h face au harpa. Le vent cogne fort, la mer semble bien agitée…mais le ciel est tout bleu, les nuages ont déserté les reliefs islandais, et c’est déjà une bonne chose. Nous partons pour Raufarhólshellir, tunnel de lave formé suite aux éruptions volcaniques qui ont frappé le massif voisin de Bláfjöll il y a environ 5 200 ans. Le tunnel est l’un des plus longs du pays, avec ses quelques 1500m, mais la visite nous amène sur la première moitié, plus accessible et offrant une palette de couleurs déclinant toutes les teintes de l’ocre au rouge oxydé en passant par le jaune soufre. Pendant une heure, nous découvrons l’antre d’une coulée de lave, casque vissé sur le crâne et lampe frontale orientée vers nos pieds pour éviter de laisser nos dents sous terre… le guide nous fait découvrir l’ambiance du lieu sans éclairage et nous demande de stopper nos jacassements quelques instants : un silence glacial nous entoure alors, et l’obscurité totale paraît déboussolante. Il paraît qu’en restant longtemps dans cet environnement, nous risquons d’attraper la cécité des cavernes… nous décampons rapidement du tunnel !
Nous prenons la route pour entrer dans la région du Cercle d’Or, passant ainsi des immenses champs de lave recouverts de lichen aux prairies agricoles, aux élevages de chevaux puis aux serres chauffées par la géothermie et permettant aux islandais de cultiver tomates, concombres, fraises ou encore…bananes ! Les contreforts du Langjökull apparaissent au loin, et nous arrivons à Geysir, premier des trois sites qui composent le Golden Circle. Avant de braver les vilaines bourrasques, déjeuner buffet en face du site pour reprendre des forces.
Geysir a pris son nom de cette étonnante manifestation géologique, le geyser. Ici, c’est toute une zone d’activité géothermique que nous (re)découvrons, en passant devant des sources chaudes, des fumerolles et des marmites de boue bouillonnantes, le tout entouré d’étonnantes parcelles de terre aux couleurs chaudes, dues à la présence de soufre, de fer ou encore de silice. Si c’est Geysir qui faisait le spectacle jusqu’à la fin du XXè siècle, avec des jaillissements réguliers et spectaculaires (notamment ceux faisant suite à un gros tremblement de terre en 2000, et pouvant atteindre 100m de hauteur), il s’est rendormi depuis et ne propose que de rares éruptions. Mais son voisin, Strokkur, a décidé de prendre le relais. Avec des jets moins hauts (20m environ) mais plus fréquents (toutes les 5 à 10mn), c’est lui le big boss de ces lieux. Un sentier permet d’appréhender le site avec un peu de hauteur, malgré un vent à décoiffer les chevaux islandais. Difficile de tenir en équilibre, appareil photo pointé sur la source de Strokkur, en attendant qu’il daigne se manifester. Geysir, lui, coule des jours heureux tout à côté, moins dérangé par les visiteurs qui l’ont snobé depuis sa retraite.
Nous arrivons à retourner au bus sans avoir perdu une seule âme, un bel exploit !
Prochain arrêt, Gullfoss, (chute d’or) la célèbre chute d’eau alimentée par la rivière Hvita qui prend sa source dans le Langjökull. Augustin et Rémi profitent des temps de bus pour raconter les histoires de ces sites, tentant de maintenir en éveil les paupières lourdes qui voudraient bien tomber !
Le vent redouble d’effort et rend le spectacle des chutes encore plus impressionnant, conduisant à une colonne de vapeur d’eau arrosant au passage les plus téméraires qui voudraient s’approcher un peu trop du canyon en contrebas. Les chutes sont réparties en deux étages, le premier d’une dizaine de mètres de hauteur et le second, plus spectaculaire, d’une vingtaine de mètres, terminant sa course du fond d’un étroit canyon aux parois pouvant atteindre 70m de hauteur. Le soleil nous offre sa plus belle lumière de fin de journée, allumant cette colonne de vapeur d’arcs-en-ciel magnifiques. Nous remercions au passage Sigridur Tomasdottir, qui s’est battue au début du XXè siècle pour que le site ne tombe pas dans les mains d’investisseurs étrangers qui avaient bien envie d’utiliser la puissance des chutes pour alimenter une usine hydroélectrique… elle est aujourd’hui considérée comme la première écologiste du pays.
Il est bientôt 17h, le soleil descend vite dans le ciel mais enveloppe les champs de lave et le lac de Thingvellir d’une parure dorée splendide. Thingvellir repose sur une gigantesque faille volcanique, formée par l’écartement des plaques Eurasienne et américaine. Ici, de nombreuses fissures apparaissent, les roches noires sont craquelées de partout, les mousses s’agrippent à ces roches mais cachent de potentielles crevasses : merci de rester sur les sentiers balisés !
Nous sommes presque les derniers visiteurs du jour, sous un superbe coucher de soleil que nous quittons en descendant le long de la faille. Nous retraçons un peu l’histoire de ce site classé au patrimoine mondial, qui a hébergé le premier parlement au monde en 930 de notre ère, l’Althing. Ici se tenaient les rassemblements entre chefs de clans, ici les lois étaient votées, les criminels étaient condamnés, le peuple pouvait également s’exprimer. On venait de toute l’Islande, à cheval ou à pied, pour assister à ces réunions.
Nous terminons aux petites chutes d’Oxara qui dévalent la paroi verticale de la faille.
Sur la route pour le restaurant du soir, situé dans le petit port d’Eyrarbakki, la lune bien ronde et jaune se lève au-dessus des champs de lave. Elle ne sera pas notre amie en cas d’aurores boréales ce soir, mais le ciel totalement dégagé et l’activité solaire du moment suffisent à espérer. Pour l’heure, nous nous réchauffons autour d’un délicieux repas dans cette jolie maison rouge : c’est ici que la langoustine a été découverte pour la première fois en Islande. Alors on lui fait honneur : un vrai régal !
Pendant que les verres de vin résonnent gaiement, Rémi et Augustin se relaient pour aller jeter un œil vers le ciel. Vers 21h30, ils remarquent un léger voile vert pâle : l’heure a sonné. Un petit verre de brennivin (alcool de pomme de terre local), comme ça, juste pour goûter, et les âmes sont prêtes à braver le froid pour attendre le spectacle.
Nous nous écartons des pollutions lumineuses du village, et nous trouvons un premier spot. Les trépieds se déploient à grande hâte chez les uns, d’autres préfèrent ouvrir grand leurs yeux. Les premières lueurs apparaissent, un peu faiblardes, mais elles sont là.
Plus loin, nous nous arrêtons une seconde fois, pour observer le phénomène un peu plus lumineux, mais la lune brille beaucoup et n’aide pas.
De retour à l’hôtel vers 23h, après une journée bien remplie, haute en émotions, riche en découvertes !
Ce matin, nous avons de la chance ! Pour le deuxième jour consécutif, il fait beau ! Il y a toujours un peu de vent du Nord très vivifiant mais le soleil est bien présent. Seule la mer est encore très agitée et ne permet pas l’excursion d’observation des baleines. Cette matinée réservée aux activités optionnelles permet aux uns de profiter d’une grasse matinée bien méritée après la grande journée d’hier, pendant que d’autres visitent Reykjavík et que les passagers inscrits aux survols en hélicoptère redécouvrent la péninsule de Reykjanes depuis les airs. Les conditions météo optimales offrent des paysages splendides, tout en contrastes de couleur entre les mousses de racomitrium vert flashy, les gris-bruns des champs de lave et des montagnes, les fumeroles blanches des nombreuses zones géothermiques de la région et le bleu noir profond de l’océan atlantique Nord. Le survol des bouches éruptives et de l’étendue du champ de lave de Fagradasfjall est fantastique et donne une très belle vue d’ensemble sur le site, avec une lumière qui ravit les photographes.
Nous nous donnons rendez-vous à 12h30 au restaurant Apotek (à ne pas confondre avec la pharmacie du quartier !). Nous en repartons le ventre bien rempli après cet excellent repas. Puis, nous reprenons la route en direction de Fagradasfjall pour une marche d’environ 3h15 d’exploration du champ de lave en approchant au plus près des dernières émissions encore fumantes et du cratère principal.
Nous empruntons la Route B puis A, qui amène d’abord aux digues de déviation construites pour protéger la route, puis à une épaule offrant un point de vue parfait sur le cratère. Les différents flux de lave sont bien visibles. A la descente, c’est un spectacle incroyable qui s’offre à nos yeux : en effet il est déjà 17h30 et le soleil entame sa descente vers l’horizon : la lumière rasante prend des tons jaunes de plus en plus orangés, éclairant les quelques cirrus présents dans le ciel, la lave noire contrastant avec les émanations jaune clair du souffre et l’ocre de la digue.
Nous arrivons au parking après 18h face au coucher de soleil : le relief noir se découpe sous le ciel orange, c’est splendide.
Nous rentrons bien vivifiés par cette balade au grand air -frais- vers Reykjavik où nous dégustons notre diner d’au-revoir, excellent lui aussi. Quelques volontaires reprennent le bus vers le phare de Seltjarnarnes pour tenter de revoir des aurores boréales, mais se faisant attendre, nous prenons la route vers nos lits, après ce voyage court mais intense, brève introduction aux merveilles de l’Islande encore à découvrir.
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