Rémi Favre
Polaire et Animaux Marins
17 juin
23 juin 2022
Rémi Favre
Polaire et Animaux Marins
Jonathan Zaccaria
Antarctique et Arctique
Certaines photos d’illustrations ont été prises lors de précédentes croisières au Spitzberg. Lorsque le voyage sera terminé, nous publierons les photos de la croisière. Le manque de connexion internet nous empêche de recevoir les photos en temps réel.
Aujourd’hui, c’est le grand jour ! Notre vol nous amène à Longyearbyen aux portes de l’Arctique, où nous retrouvons nos guides. Nous prenons le bus pour rejoindre le centre-ville : visite du musée, des boutiques, des bars, envois de cartes postales depuis la ville la plus au Nord du monde… Il y a beaucoup d’activité aujourd’hui car les bateaux en escale sont nombreux.
En milieu d’après-midi, nous réembarquons dans les bus pour une visite guidée de la ville et de la vallée de l’Advental : nous découvrons les vestiges de téléportés à charbon datant de l’essor de l’activité minière à l’origine de Longyearbyen, puis nous visitons l’église luthérienne avant de découvrir la toundra de l’Advental avec ses eiders à duvet, oies bernaches nonnettes et quelques rennes placides.
Les bus nous amènent ensuite au quai où nous quittons les passagers de l’Ocean Nova pour embarquer sur notre beau navire d’expédition tout neuf : l’Explorer. Accueillis par Jonathan et Rémi, nous sommes tout de suite priés de ressortir… mais pour la bonne cause puisqu’il s’agit du traditionnel mais essentiel exercice d’abandon du navire ; il est suivi – cette fois au chaud – du briefing de sécurité et de présentation du voyage.
Nous appareillons pour faire route directement vers le Nord en croisant dans l’Isfjorden, en route vers de belles aventures…
Ce matin, nous nous réveillons de bonne heure sur les conseils de nos guides car nous sommes déjà en Baie de la Madeleine, site baleinier majeur aux paysages merveilleux de pics et glaciers. La température est douce, la mer calme et le plafond nuageux typique du Spitzberg reste haut, nous offrant ainsi de beaux jeux de lumière.
Après le petit déjeuner, nous partons en zodiac vérifier la présence éventuelle d’ours avant de pouvoir débarquer pour une petite randonnée sur la moraine glaciaire du Gullybreen. Le point de vue sur le front glaciaire est grandiose et après avoir découvert le piège du mollisol, nous profitons même de la pente pour faire une belle descente en luge avant de faire quelques pas sur la glace plane du glacier.
La marée est basse et nous avons devant nous un tableau de bourguignons (blocs de glace !) échoués sur la grève, sur fond sonore de cris de mergules agrémenté des stries mélodieuses des bruants des neiges.
Nous regagnons le bateau pour le déjeuner après avoir observé cinq morses revenus à terre sur leur site d’échouerie. Quelques guillemots à miroir nous accompagnent.
Nous levons l’ancre pour faire route vers le grand front glaciaire du Smeerenburgbreen par le Sørgattet.
Soudain, Augustin s’exclame : « j’ai vu un ours, j’en suis sûr ! » Effectivement, un bel ours, notre premier ours, marche au loin à la lisière du glacier à flanc de la montagne. Chose étrange, il ne se dirige pas vers la côte mais remonte à pas sûrs et alertes vers le glacier : après avoir consulté la carte, nos guides émettent l’hypothèse que l’ours cherche à traverser au plus court la terre de Vasahalvøya par un col glaciaire pour rejoindre le Raudfjorden, « coin à ours » potentiel bien connu des guides.
Nous embarquons ensuite sur les zodiacs pour une visite du front du glacier de Smeerenburg et la chance nous sourit à nouveau puisqu’après avoir observé de magnifiques eiders à tête grise, un phoque barbu très coopératif est repéré en train de se prélasser sur son glaçon. Grâce à une approche progressive et silencieuse, nous avons pu nous faire accepter et l’observer de près sans le faire fuir. Heureux, nous regagnons l’Explorer qui lève l’ancre pour faire route vers le Nord.
À 19h, le Capitaine June nous présente son équipage et Jonathan anime un « recap’ » de la journée avec une présentation très intéressante sur les phoques et le phoque barbu.
Nous passons ensuite au diner pendant que nous mettons le cap sur l’île de Moffen, au-delà du 80ème parallèle, avant de bifurquer vers l’Est, en direction de la banquise.
C’est vers minuit que nous stoppons notre course près de Moffen pour admirer la très belle colonie de morses de cet îlot en atoll : plus d’une centaine d’individus sont regroupés à terre. Certains sont énormes avec des défenses imposantes ! Nous apercevons aussi quelques jeunes qui remontent sur la plage.
Ce matin, nous atteignons nos premières plaques de banquise vers 7h30 : nous ralentissons pour entrer dans le pack, à la recherche de la Bête…
Un premier phoque barbu est repéré sur un floe, mais il est craintif et se met à l’eau à bonne distance. Peu de temps après, un second individu apparaît et nous pouvons l’approcher tout doucement, à quelques mètres seulement : quel spectacle inattendu !
Puis c’est un très bel iceberg, strié de strates beiges, brunes et grises aux tons pastel qui se dédouble en miroir sur une mer d’huile d’un bleu sombre très profond : nous en faisons le tour pour le plus grand bonheur des photographes qui composent avec une silhouette toujours changeante.
Après quelques errements dans les glaces, nos guides nous sollicitent pour « spotter » : nous avons reçu une information d’un navire ami sur la présence d’un ours en plein pack à quelques milles nautiques de notre position. Mais la tâche est difficile et rien n’est gagné car la glace dérive et nous sommes ralentis par les plaques épaisses que nous devons contourner. Plusieurs points beiges sont repérés, mais il s’agit de neige sale… La quête se poursuit et notre ténacité est enfin récompensée par la vue d’une tâche « de la bonne couleur, de la bonne forme et de la bonne taille » selon nos guides. Mais nous devons nous approcher pour confirmer l’espèce. Le suspens est à son comble car un détail de forme nous fait douter : serait-ce encore un morceau de glace salie ?
Non ! Il s’agit bien d’un ours, endormi et partiellement masqué par un petit bloc de glace. Grace à une approche très lente de notre capitaine, nous bénéficions d’une très belle observation qui nous permet d’identifier qu’il s’agit d’une belle ourse, visiblement repue et en pleine santé.
Ravis de cette expérience, nous faisons demi-tour vers l’Ouest pour croiser dans le Beverlysundet avant de rejoindre la rive Est de Lagøya pour une sortie zodiac : la mer d’huile et la couverture nuageuse nous offre à nouveau des tons pastel très doux et nous observons déjà une maman morse et son jeune de l’année sur une plaque de banquise. Puis c’est toute une bande de jeunes morses curieux qui fait son show devant nos zodiacs en bouchonnant bruyamment. Nous débarquons même sur un floe doté d’un bel hummock et nous inversons les rôles : c’est maintenant notre troupe de jeunes morses qui vient nous observer depuis la mer !
Après cette expérience insolite, nous mettons pied à terre sur Lagøya et gravissons son plat sommet à peine à 20 m d’altitude : de rares rennes semblent s’accommoder de ce champ de cailloux et seule une cabane portant curieusement des inscriptions en chinois ponctue le relief, joliment agrémenté par quelques coussins de saxifrages. Nous terminons par une superbe observation de deux phalaropes, un très rare harelde boréal et un plongeon imbrin dans un étang salé.
Notre journée a été bien remplie ! Jonathan nous a préparé un petit recap’ sur l’ours et nous présente la suite du voyage : demain, nous explorerons le Wijdefjorden.
Il est 8h et nous mouillons dans le tiers Sud du Wijdefjorden sur la rive Est, avec pour objectif de gravir la montagne de Heimdalshallet. Jonathan et Rémi partent en repérage… et reviennent peu de temps après : changement de programme, un ours a été repéré près d’une carcasse à quelques centaines de mètres du bateau et nous ne pouvons randonner. Nous embarquons dans les zodiacs pour observer cet ours de plus près, mais nous ne nous attardons pas car celui-ci est craintif. En tout cas, son ventre rebondi nous indique qu’il a bien profité de son repas !
Un court débarquement à bonne distance nous permet d’admirer des empreintes d’ours toutes fraiches découvertes par nos guides lors de leur repérage.
Après cette très belle observation, nous remontons au Nord et nous repérons un ours en train de gravir les mêmes pentes que nous souhaitions explorer… Peut-être s’agit-il du même individu, nous sommes trop loin pour le dire. Les rennes sont également nombreux sur les flancs des montagnes.
Avant le déjeuner, nous sortons à nouveau les zodiacs pour admirer le petit mais néanmoins très photogénique front glaciaire du Midtbreen, dont les icebergs relâchés sont échoués sur un haut fond alors qu’un vent catabatique local forcit à mesure que nous nous approchons. Nous débarquons pour gravir la moraine et profiter de ce point de vue grandiose.
Nous levons à nouveau l’ancre pendant le repas et continuons notre navigation vers l’entrée Nord du Wijdefjorden et les roches colorées de la côte sous les flancs du Malmberget pour une longue et magnifique randonnée vers le grand lac gelé Femmilsjøen : nous explorons chaque point de vue (point culminant 226 m). Les paysages sont magnifiques sous le ciel-pastel qui nous couvre depuis le début du voyage dans les lointaines terres du Nord.
Sur les grandes plaines, quelques pavots arctiques, cassiopes tétragones et dryades à huit pétales apparaissent au milieu de millions de cailloux gelifractés. Un couple de lagopèdes alpins nous offre un court spectacle de voltige pendant que quelques bruants des neiges virevoltent.
Après avoir longé un autre lac, nous rejoignons par les hauteurs un impressionnant canyon encaissé réceptionnant les eaux de fonte du Femmilsjøen.
Il est déjà 19h15 et nous remontons sur les zodiacs. Mais nos guides nous ont préparé une surprise ! Ils virent de bord pour s’engager dans le canyon que nous venions de longer : nous le remontons jusqu’aux premiers rapides pour une partie de rafting ! Quelle ambiance !
Il est temps de rentrer à bord de l’Explorer et nous sommes accueillis par un excellent et bienvenu cake à la banane préparé par le Chef Ed. Malgré le diner qui approche, personne ne résiste…
En fin de repas, une surprise attend Isabelle, nous lui souhaitons une joyeuse croisière d’anniversaire !
Nous arrivons en Baie du 14 Juillet pour le petit-déjeuner : le vent est fort mais nous sortons en zodiac admirer le front de glace du Fjortende Julibreen. Nous y observons quelques phoques annelés très curieux et impressionnant d’agilité. De nombreux eiders à duvet peuplent la grève et parmi eux, nous avons la chance d’observer quelques magnifiques mâles d’eiders à tête grise avec leur tête colorée.
Nous traversons Fjortende Julibukta pour prospecter sous les falaises à oiseaux et observons les célèbres macareux moines, véritables clowns des mers avec leur bec multicolore. Des oies bernaches nonnettes, goélands bourgmestres, mouettes tridactyles et guillemots de Brünnich nichent aussi en ces lieux. Plus loin, nous passons près d’un radeau de fulmars en pleine pêche au plancton.
Nous explorons les moindres recoins de la falaise avant de débarquer dans la toundra pour étudier la botanique : coussins de silènes acaule, saxifrages, potentilles, oxyries sont ici bien épanouies. Plus haut, sous les colonies de mouettes tridactyles, des rennes broutent paisiblement ce coin de verdure bien fourni.
Une fois rentrés à bord, direction la Baie du Roi ! Nous devons d’abord trouver un abri pour mouiller l’ancre car le vent est très fort : c’est dans le Nordvågen, entre le glacier de Blomstrand et Blombstrandhalvøya que nous stoppons les machines. Nous profitons du raid de repérage de nos guides pour une petite sieste bien méritée…
Mais la trêve est de courte durée car nous repartons déjà pour randonner sur la plaine alluvionnaire et la roche mère dénudée des flancs du Blomstrandbreen. La pente est raide pour nos mollets mais une fois sur l’épaule de la moraine, la vue sur le glacier et la baie est incroyable. Le vent nous décoiffe mais nous poursuivons notre marche au plus près de la glace, dont les séracs dessinent de surprenants motifs.
Arrivés à notre point de demi-tour, Rémi nous ouvre les pistes d’un domaine skiable improvisé pour quelques descentes en luge mémorables !
Nous rentrons ensuite par la plaine alluvionnaire, découpée par un puissant torrent de fonte glaciaire provenant de belles cascades : gare au mollisol ! Mais nous trouvons un chemin sûr parmi les gravats asséchés et nous faisons récupérer par « RR » (Ar Ar), notre jovial marin.
Après l’effort, le réconfort ! C’est l’heure du goûter (LE repas le plus important selon Rémi) et un délicieux gâteau à la carotte nous attend : les retardataires n’ont aucune chance, il ne restera rien. Le jacuzzi et le sauna sont prêts également et nous en profitons pour nous délasser : quel bonheur !
La soirée se poursuit par le recap’ de Jonathan sur les observations de la veille avec de très intéressantes informations et anecdotes sur les morses, les ours et les phoques. Il est 19h27 et il est maintenant temps de déguster le repas préparé par Chef Ed ! De féroces combats et d’habiles ruses et esquives s’engagent pour s’emparer des dernières parts de glace fait-maison…
Ce matin nos prenons le déjeuner à 7h pour une sortie avancée à 8h : nous rendons visite à une petite troupe de morses bien alignés en collé-serré sur la plage. C’est l’occasion pour Paul de marcher dans une bouse de morse : une expérience d’aventurier inoubliable !Nous marchons ensuite vers la lagune, dont les berges sont peuplées de goélands bourgmestres et de sternes arctiques : ces dernières ont tôt fait de nous survoler en poussant leur cri cliquetant et strident juste au-dessus de nos têtes !
Au loin, un plongeon catmarin nage seul sur les eaux calmes de la lagune. Nous regagnons l’Explorer pour naviguer vers l’entrée Nord de l’Isfjorden. Pendant ce temps, une visite de la salle des machines est proposée et Rémi est contraint de reporter sa conférence car il a le mal de mer : il est vrai que l’entrée de l’Isfjorden est quelque peu agitée…
Mais nous arrivons enfin au calme dans Trygghamna pour un débarquement dans la toundra verdoyante sous la falaise à oiseaux d’Alkehornet (451 m), sous l’œil de l’imposant Protektofjellet, qui nous domine de ses 849m d’altitude.
Emmenés en zodiac par RR, nous marchons ensuite dans les mousses et carex sous le regard placide d’une trentaine de rennes encore en tenue d’hiver et qui continuent à paître, sans faire grand cas de notre présence. Il y a même plusieurs faons d’un mois environ allaités par leur mère : quel moment émouvant !
Nous progressons vers les hauteurs, sous le brouhaha de fond des milliers de guillemots et mouettes tridactyles nichant dans les falaises en contre-haut : nous « jumelons » pour tenter d’atteindre l’objectif du jour : observer un renard polaire…
Après quelques instants, le goupil est repéré au loin à la racine de la falaise, en train de prospecter à la recherche d’un œuf ou d’un oiseau tombé du nid.Nous poursuivons notre chemin vers la moraine et Rémi s’exclame : « renard ! renard ! » ; le goupil zigzague dans le pierrier et nous pouvons cette fois bien le distinguer.
Il est déjà l’heure de rentrer mais à peine embarqués dans le zodiac ramené par notre fidèle marin RR, nous nous rendons compte que nous avons si bien apprécié les bons repas du Chef Ed, que nous sommes coincés, bel et bien échoués ! Délestés de quelques-uns d’entre nous qui aident à pousser, nous flottons enfin à nouveau pour rentrer à bord de l’Explorer.
Cette fois, Rémi est guéri et nous expose les caractéristiques de l’Arctique et du Spitzberg lors d’une conférence (nous tairons le nom de/des personne.s qui se sont endormi.e.s…). Jonathan enchaîne par un recap’ photo de notre court mais intense voyage de découverte du Spitzberg, émerveillés par le souvenir de la rencontre du Seigneur des lieux, la variété des paysages et nos aventures d’explorateur en herbe lors des randonnées à terre, des descentes en luge et des sorties en zodiac.
Les coupes de champagne se remplissent puis se vident pour célébrer cette belle aventure avec un super groupe, avant le repas d’au revoir. Nous sommes déjà à quai à Longyearbyen et certains établissent déjà leurs plans pour la soirée…
Nous sommes à quai après une belle manœuvre du capitaine qui n’est pas aidé par les conditions météos : en effet le vent est violent avec des rafales à 40-50 nœuds ! Nous voyons même un navire dériver en crabe avant qu’il se stabilise !
Nous sortons nos bagages et visitons une dernière fois Longyearbyen avant de rejoindre l’aéroport bondé. Malgré la tempête, le vol retour est à l’heure et le décollage se déroule comme sur des roulettes, avec une vue dégagée sur l’Adventalen, ses montagnes tabulaires encore enneigées et nous apercevons même le Bellsund au loin. Puis nous passons au-dessus des nuages et commençons déjà à rêver aux paysages merveilleux de l’Arctique et qui sait, de prochaines aventures polaires ?
Bon retour à toutes et à tous, merci encore de votre participation et au plaisir d’avoir de vos nouvelles et de vous revoir bientôt ! MERCI à tous pour votre bonne humeur !!!
Jonathan & Rémi, guides en polaire pour Grands Espaces
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Bon voyage à tous ! C’est une merveilleuse aventure qui nous en mets plein la vue rien qu’en photo !
Maman je t’aime, Bala aussi
Salut l’équipage ! Petit mot pour Michel et Marie-Christine. Cela a l’air vraiment formidable ce voyage, les animaux que vous rencontrez, cette ambiance où vous êtes seuls au monde… je suis très contente pour vous. Profitez bien de l’air frais, car ici il a fait extrêmement chaud ! Sinon tout va bien.
Grosses bises
Béné
Super de pouvoir partager le voyage avec vous. Bravo à l’équipe pour les photos magnifiques et les commentaires.
Gros bisous Virgile et Mathilde