Rémi Favre
Polaire et Animaux Marins
17 avril
24 avril 2022
Rémi Favre
Polaire et Animaux Marins
Certaines photos photos d’illustrations ont été prises lors de précédentes croisières au Spitzberg. Lorsque le voyage sera terminé, nous publierons les photos de la croisière. Le manque de connexion internet nous empêche de recevoir les photos en temps réel.
Premier jour de notre aventure polaire. Après des vols venant de tous coins de la France et de la Belgique, nous nous retrouvons à Longyearbyen. C’est la plus grande ville de l’archipel du Svalbard. Nous sommes accueillis par nos guides dès l’arrivée. Nous faisons un passage éclair sur l’Explorer pour déposer nos bagages. Ainsi, nous découvrons le salon lumineux de ce navire qui sera notre maison pour ces 7 prochains jours. Marie et Rémi, nos deux guides pour cette expédition, nous font visiter la ville.
Nous y découvrons son histoire liée à l’exploitation de mines de charbon. Nous déambulons dans les rues, passons devant l’église puis nous arrêtons dans un café très atypique. Nous avons l’impression de rentrer dans une cabane de trappeur, tout le mobilier est en bois et plusieurs peaux de phoques recouvrent les murs. Nous y prenons une boisson chaude et un déjeuner bien mérité pour nous réchauffer. Nous retournons ensuite au bateau. Nous découvrons enfin nos cabines. Nous nous y installons confortablement puis nous rejoignons le salon.
On nous y présente les consignes de sécurité, ainsi qu’une présentation de l’AECO, association of artic expedition cruise operator, qui règlemente les croisières en Arctique et dont fait partie Grands Espaces. Cela dans le but de respecter et préserver l’environnement. Nous apprenons ces quelques consignes volontiers, afin d’avoir un impact moindre après notre passage.
Ensuite, un apéritif de bienvenue est organisé. Un verre de pétillant italien nous est servi et des « canapés » préparés par le chef nous sont proposés. Le diner est servi, nous passons à table. A la fin du diner, Rémi nous fait un « point programme ». Il nous explique que nous mettons le cap vers le sud et que nous naviguerons toute la nuit.
Nous nous couchons donc après cette longue journée de voyage, impatients de découvrir nos premiers paysages polaires.
Cette nuit fût Rock’n’roll… ! Alors que les prévisions météo annonçaient une navigation plutôt calme vers le Sud, nous avons été accueillis par une Mer de Barents en plein caprice, avec des creux de 3 m, pour enfin arriver dans le Hornsund avec un brouillard épais. Nous mouillons l’ancre pour la matinée à Gåshamna au calme. Pendant que les guides scannent la côte, nous observons nos premières formations de banquise.
Le vent nous empêche de sortir mais Marie nous présente une conférence très intéressante d’introduction à l’histoire du Spitzberg.
La brume commence à se lever timidement et Rémi nous appelle à la passerelle : une forme beige suspecte a été repérée au loin et semblerait être un ours qui dort… A cette distance, impossible à confirmer mais la forme, la taille et la couleur sont bien les bonnes…
Nous partons ensuite vers la baie en face, vers le site de Gnålodden où les conditions sont bien plus clémentes, d’autant plus que le brouillard se lève d’un coup pendant la traversée ! Nous découvrons enfin les pics pointus du Spitzberg qui font l’écrin du renommé Hornsund.
Nous prenons le déjeuner dans ce cadre magnifique avant de sortir pour notre première excursion en zodiac, équipés de pied-en-cape avec nos combinaisons noires et jaunes.
Pendant que nous longeons la banquise, Marie et Laura sont survolées par une rare mouette ivoire, oiseau emblématique de l’Arctique. Quelques phoques communs sont observés sur des floes de banquise et nous poursuivons notre sortie vers l’ancienne cabane de trappe de la célèbre Wanny Woldstad, utilisée en 1930.
Soudain, le temps change, le ciel se couvre et la mer se forme : le retour au bateau est épique et bien arrosé, mais tout le monde a le sourire : nous avons tous apprécié ce premier grand bol d’air Arctique !
La fin de l’après-midi est consacrée à la navigation pour explorer le fond des fjords du Hornsund avant de poser l’ancre pour profiter du calme de Gåshamna pour diner, avant de sortir à nouveau dans la mer agitée en direction du Bellsund…
Nous nous réveillons à l’ancre dans le fjord de la Recherche dans le Bellsund. Dans le paysage nappé de blanc une cabane de bois témoigne cependant d’une riche histoire passée. En effet le fjord de la Recherche fut d’abord le site d’une des nombreuses stations baleinière du 17ème. Il accueillit également plusieurs expéditions dont l’expédition scientifique française venue à bord du navire La Recherche en 1938.
Nous partons après le petit déjeuner, à bord de nos zodiacs pour nous rapprocher de la banquise de fjord encore bien présente à cette époque. Nos guides ont également repéré un morse dormant sur la banquise côtière. Le morse est un mâle adulte comme en témoigne son cou rose dénudé de poil. Une blessure près de sa nageoire nous laisse imaginer un combat avec un congénère pour défendre son territoire. Nous sommes en effet à la toute fin de la période de rut. Alors que nous observons ce morse, nous sommes également observés par quelqu’un. Un autre morse, mâle également mais plus jeune comme l’indique la taille de ses défenses, nous approche en nageant. Après quelques minutes où nous nous toisons mutuellement, la confiance s’établit et il nous offre alors un fabuleux ballet aquatique. Nous le regardons par transparence se déplacer dans l’eau. Difficile d’imaginer avant de le voir que le plus gros pinnipède de l’Arctique, si lourd et si gauche à terre puisse être aussi habile, discret et rapide sous l’eau.
Nous quittons notre nouvel ami pour aller voir le front du glacier de la Recherche. Nous pénétrons dans la petite baie formée par sa moraine frontale. La banquise est encore très présente mais de nombreux oiseaux pêchent dans les trous d’eau libre. Mouettes tridactyles, guillemots de Brunnich et guillemot à miroir s’activent avant le début de la saison de reproduction. Les contrastes et les couleurs sont magnifiques. Une palette de bleu se décline sous nos yeux.
En repartant vers le bateau, un phoque annelé curieux nous fait le plaisir de sa visite à quelques mètres seulement de nos embarcations ! Quelle matinée où il nous est donné d’observer le plus gros pinnipède et le plus petit que nous pouvons voir au Spitzberg !
Nous nous déplaçons le temps du repas en direction du fjord Van Keuler toujours dans le Bellsund. Nous partons pour un petit débarquement à terre. Rémi nous fait une trace dans la neige et nous lui emboitons le pas pour plus d’efficacité et de sécurité. Un groupe de 30 rennes du Svalbard nous approche. Nous nous mettons accroupi pour les laisser venir. Nous pouvons observer des femelles perdant le velours de leur bois. Deux jeunes s’adonnent à un combat ressemblant plutôt à un jeu qu’autre chose. Leur pelage d’hiver, épais et blanc est encore de mise à cette période. Encore une magnifique observation. Nous rentrons à bord, fatigué mais heureux de notre journée.
Marie nous invite à une conférence sur les morses juste avant dîner puis c’est sous le bercement de la houle que nous nous endormons très vite. Demain nous serons au Nord…
Ce matin nous nous réveillons dans le fjord de Saint Jons. Le petit déjeuner est servi dans le salon panoramique, puis nous sautons dans nos combinaisons pour une sortie zodiac. Le vent souffle dans ce fjord situé près de l’ile de l’inventaire du Prince Charles. Nous nous reprochons de la banquise de fjord afin de trouver un endroit propice au débarquement. Marie repère un endroit et fais glisser le zodiac sur la glace. Rémi la rejoint avec le reste des passagers. Nous commençons notre première marche sur la banquise. C’est une sensation bien étonnante de marcher sur de l’eau.
Nous remontons vers les montagnes en marchand sur cette couche de glace. Et là, Rémi repère des traces d’ours dans la neige. C’est une impressionnante emprunte qui nous fait imaginer la puissance de cet animal. La marche continue et permet de nous réchauffer. Nos premiers pas sur la banquise resteront mémorables. Sur le retour, un phoque nous fais l’honneur de sa présence. Il regarde nos embarcations quelques secondes, et plonge dans les profondeurs. Une fois rentrés, nous déjeunons en commençant la navigation vers le nord, avec comme point de chute la baie de la Croix. Le temps reste couvert, et nous avançons dans une brume fantomatique qui laisse deviner quelques tombants des falaises qui nous entourent. Rémi, Marie et Laura sont aux aguets à la passerelle.
Nous croisons des morses sur notre route, imperturbable sur leurs glaçons, ils daignent lever la tête à notre passage. Dans l’après-midi, Marie nous présente une conférence sur les Fjords. Ainsi, nous comprenons mieux les phénomènes géologiques qui ont façonné ces décors qui nous entourent. En arrivant à l’entrée de la baie la Croix, le soleil commence à se montrer, et il chasse les nuages. C’est donc dans une lumière incroyable que nous pénétrons dans la baie. Le vent a cessé, la mer est d’huile, l’eau reflète la grandeur des falaises … Tout le monde est sur les ponts extérieurs pour profiter enfin du soleil et prendre des photos de ce paysage grandiose. Nous posons l’encre face au glacier de Lilliehook.
Pierre nous invite pour l’apéritif, nous trinquons avec un bon verre de mousseux dans le salon baigné de lumière. Après le diner, certains profitent du jacuzzi au soleil face au glacier, pendant que d’autres admirent la vue depuis le sauna … Une belle soirée en Arctique éblouie par le soleil de minuit.
Pour certain.e.s, la nuit fut courte ! Les lumières rasantes du soir devant le front de glace du glacier de Lilliehöök on fait le bonheur des photographes et les couche-tard eurent droit au coucher-lever du soleil de minuit : le printemps Arctique s’installe, malgré le blanc immaculé des montagnes enneigées.
Ce matin, tempête de ciel bleu et la température est douce : nous sortons les zodiacs pour une longue et incroyable sortie avec les lumières matinales, sur une mer d’huile, miroir presque parfait de l’écrin de montagnes et de glaces du Fjord de Lilliehöök. Nous approchons du front de glace imposant aux couleurs blanches et bleutées, traversons quelques portions de brash, ces glaçons issus des vêlages du glacier, puis nous nous dirigeons vers la rive Ouest, où de nombreux petits icebergs rivalisent de diversité de formes.
Plus loin, un radeau d’eiders est repéré : magnifique, il s’agit d’une colonie entière d’eiders à tête grise, ce rare canard emblématique à la tête colorée (pour le mâle) et qui ferait embarquer de suite en vol direct un ornitho’ passionné !
Puis nous apercevons trois morses allongés tête-bêche sur un floe avant d’apercevoir une mère et son petit : nous n’approchons pas plus et les laissons profiter de leur bain de soleil : à cette période, ils sont très sensibles.
Il est midi et il est temps de rentrer : le déjeuner nous attend !
Nous ressortons du fjord et nous croisons devant la Baie du 14 Juillet, avant d’entrer en Baie du Roi pour rejoindre l’Île de Blomstrandhalvøya et le site de Ny London pour une marche dans la neige sur ce site insolite : des rails de chemin de fer, une chaudière à vapeur et un treuil mécanique aux confins du monde !
Quelques rennes nous observent et nous gravissons un promontoire, point de vue imprenable sur le Kongsfjorden et la localité scientifique internationale – autrefois minière – de Ny Ålesund en face.
Les marcheurs continuent leur excursion pour profiter d’une descente en luge avant de ré-embarquer pour ne pas louper le diner…Nous levons l’ancre pour un court trajet afin de mouiller à nouveau au Sud de Blomstrandhalvøya : nous avons devant nous trois fronts de glace prolongés par les restes de banquise de fjord ainsi que la célèbre réserve naturelle d’Ossian Sarsfjellet. Encore une journée inoubliable !
… Pendant la nuit, les moteurs redémarrent à 4h51 : il faut changer d’emplacement, un iceberg poussé par le vent du Nord fonce droit sur nous…
Après le déplacement du bateau dans la nuit, nous montons dans nos zodiacs dès 9 heures du matin, direction le front du glacier de Blomstrand. Nous longeons la banquise de fjord. Nous passons dans un chenal entre la banquise dure et le pack (les plaques qui se sont déjà détachés de la banquise mère). La houle et le vent nous montrent encore une fois que nous sommes en hiver. Le vent pousse soudain les plaques de glace vers nous et nous sortons du chenal avant que la banquise ne se ferme sur nos zodiacs. Nous ressentons tout de même la puissance de la glace et osons imaginer la situation que tant d’explorateurs polaires ont vécu, piégés dans l’océan glacial arctique. Nous continuons notre sortie matinale. Nous avons la chance d’observer encore une fois un groupe d’eiders à tête grise, canards marins nichant dans la toundra du haut Arctique. Sur le retour, un phoque annelé curieux bien à la rencontre de nos zodiacs. La mer est si claire que nous pouvons l’observer quelques secondes sous l’eau avant qu’il ne plonge dans les abysses. Nous remontons à bord.
L’après-midi est dédiée à la navigation. Tout en haut, à la passerelle, la recherche d’ours est intense. Dans les fonds du bateau, le chef mécanicien nous propose une visite de la salle des machines. Entre les deux, au salon, Marie nous parle de son aventure au Groenland à bord d’un petit avion et nous visionnons encore d’autres vidéos sur la plongée polaires et sur l’Antarctique. En fin de journée nous entrons dans l’Isfjord. Le ciel se pare alors de couleurs orangées. Les montagnes de Trygghamna sont immaculées de blanc. Le paysage est splendide. C’est sous le soleil de minuit que nous continuons notre progression. Rivé aux jumelles, on guette. Nous jetons l’ancre tard dans la nuit devant la banquise de fjord du Dickson Fjord.
7h15, réveil tonitruant de Rémi au haut-parleur. Il faut se réveiller, s’habiller au plus vite, Laura a repéré un ours marchant sur la banquise. Branle-bas de combat, petit déjeuner repoussé, zodiac descendu.
Le temps que l’on s’habille, l’ours s’est mis à l’eau et nous avons perdu sa trace. Qu’à cela ne tienne, une multitude de paires d’yeux (marins et cuisinier compris) balayent la rive. L’ours ressort soudain sur la banquise. C’est le moment pour partir en zodiac. Rémi nous explique qu’il va s’approcher lentement de façon à ne pas l’effrayer ni le couper dans son activité. Nous approchons. Le silence règne à mesure que nous approchons du seigneur de l’Arctique. Il s’agit là d’un beau mâle adulte en pleine santé. L’ours longe la côte et nous l’observons de très près. Il semble suivre une piste et renifle le sol, le grattant aussi de son énorme patte avant de reprendre sa route. Un lagopède alpin, totalement camouflé dans la neige se fait soudain surprendre. Il s’échappe entre les pattes de l’ours qui pourtant ne prête aucune attention au volatil. Une très belle observation… Nous restons là un long moment avant de regagner notre bateau pour un petit déjeuner mérité.
Dans l’après-midi, nous sommes dans le Billiefjord pour une toute dernière sortie. Nous jouons une dernière fois avec la mer, la banquise. Observons les fulmars voler au ras de l’eau. Au loin, une femelle morse se repose avec son petit sur une plaque de glace. Soudain, un appel, l’ours est là. Il a parcouru des kilomètres depuis le matin et il est là. Nous pouvons observer le grand marcheur une dernière fois avant de rentrer. Cap sur Longyearbyen. Marie nous présente une petite conférence sur l’ours polaire nous parlant des effectifs, de la biologie et des menaces qui pèsent sur ce magnifique animal. Puis nous arrivons à quai. La ville si petite de Longyearbyen nous apparait maintenant comme la civilisation. Civilisation que nous avions quitté pendant 8 jours pour une immersion dans la nature du Haut arctique.
Notre équipe nous présente un récapitulatif de notre voyage en photos autour d’un verre de Crémant. Retour sur une semaine où la nature et les animaux auront été, encore une fois, au rendez-vous.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Un bonjour à Marie qui m’avait si gentiment reçue lors de la visite de l’Ocean Nova à Rouen
Un futur voyageur du 20 au 29 juillet mais déjà bien renseigné 😊😊
Bonne expédition et prenez y beaucoup de plaisir