Justine Forest
Conseillère voyage
24 août
12 septembre 2022
Justine Forest
Conseillère voyage
Christiane Drieux
Spécialiste Groenland et Culture Inuit
Xavier Allard
Arctique
Nathanaël Vetter
Arctique et Antarctique
Christophe Bassous
Arctique et Antarctique
Audrey Roustiau
Arctique, Groenland et Islande
Fabrice Jonckheere
Guide polaire
Les images utilisées sont des photos d’illustrations qui ont été prises lors de précédentes croisières.
Notre voyage vers la mythique Thulé, commence tambour-battant dans la plus pure tradition des croisières Grands Espaces. Le réveil ce matin sonne à trois heures. La nuit à l’aéroport Charles de Gaulle a été courte, mais chacun est impatient de partir : la croisière tant attendue vers le Grand Nord, va enfin débuter ! A bord du vol charter spécialement affrété par Grands Espaces nous nous envolons vers Kangerlussuaq. Une escale technique à Reykjavik permet d’admirer les côtes islandaises sous un soleil radieux. Une heure plus tard, l’Est du Groenland est en vue. Nos premiers icebergs ! Le beau temps nous accompagne et nous offre une magnifique observation de la calotte de glace. Au fur et à mesure que l’avion s’approche de notre destination finale, l’inlandsis étincèle de lacs glaciaires.
A 8h50 heure locale, nous atterrissons à l’extrémité du fjord de Kangerlussuaq, sur la piste de l’aéroport de l’ancienne base américaine de Sondre Stromfjord. Après ce vol spectaculaire propice à la contemplation, le rythme de la journée s’accélère : transfert en bus vers le port, puis en Zodiac sur l’Ocean Nova. L’équipe de guides qui nous accompagnera durant ces 20 jours se présente : des ornithologues, des géologues, des historiens, une anthropologue… nous allons être gâtés.
Après le déjeuner, c’est le fameux exercice d’évacuation du navire qui a lieu sur le pont supérieur, puis “l’opération bottes” pour que chacun trouve “chaussure à son pied”. En fin de journée, les briefings zodiac, ours et AECO nous rappellent que nous sommes au pays des glaces et des ours. Entre-temps, l’Ocean Nova a levé l’ancre et s’est mis en route vers notre première étape, Sisimiut, où nous arriverons demain matin. Christophe, notre chef d’expédition, conclut cette première journée en présentant les activités qui nous attendent dès demain, tandis que François brosse un rapide tableau des points d’intérêt de Sisimiut. Après le dîner, chacun s’éclipse pour un repos bien mérité.
L’Ocean Nova aborde le port de Sisimiut. Les passagers se divisent en groupes distincts afin de découvrir cette ville coquette au passé colonial.
Les uns, accompagnés par Nathanaël et Xavier entreprennent une randonnée vers les collines surplombant la ville. Ils ont tout loisir pour observer les goélands bourgmestres, les bruants des neiges et le paysage majestueux du fjord de Sisimiut.
Les autres, après une courte marche conduite par François et Christophe visitent le vieux quartier colonial. Dominés par une église du début du XXème siècle, les bâtiments de couleurs vives s’organisent autour d’une place centrale. Ils constituent désormais un riche ensemble muséal.
L’ancienne église bleu turquoise, bâtie en 1775, est la plus ancienne du Groenland. Elle abrite de magnifiques costumes traditionnels brodés d’une profusion de perles multicolores. La maison jaune du boulanger propose une exposition d’artefacts datant de la culture Saqqaq, une autre, verte, offre une collection d’objets de la vie quotidienne au temps des colons. Une pièce est dédiée à la reconstitution d’une classe d’école, une autre à un bureau de l’administration de la pêche à la baleine.
Christiane explique la structure et l’utilisation des différents types de traîneaux ainsi que leur évolution à travers les siècles et les lieux.
Une petite construction en bois, cernée de murs en tourbe et en pierre attire les regards. … Il s’agit de la reconstitution d’une maison de 1900, identique à celles que les explorateurs de l’Arctique ou les administrateurs danois bâtissaient lorsqu’ils arrivaient au Groenland. Fabrice en explique la nature et la raison historique. Christiane fait l’inventaire des objets exposés dans l’unique pièce : bottes en peau, les « Kamiq », armes de chasse, « ulu », le couteau des femmes, lampe à graisse de phoque en stéatite…
Nous nous promenons dans les environs et observons la végétation parsemée d’épilobes écarlates, fleur nationale. Audrey, notre géologue attire notre attention sur la diversité des roches présentes. Puis, chacun se livre auprès de chasseurs et sculpteurs à quelques achats d’artisanat local.
Le déjeuner à bord réchauffe les corps. L’Ocean Nova, bercé par une douce houle venue du Nord, reprend la mer en direction d’Illulissat.
En début d’après-midi, Christophe nous tient en haleine lors de sa conférence « Introduction au Groenland ».
Un lieu qui défie l’imagination par les chiffres. Deuxième plus grande île au monde et deuxième plus grande calotte polaire, le Groenland culmine à 3 700 mètres et s’enfonce progressivement à plus de 300 mètres sous l’océan, en raison de la masse de sa glace. Christophe conclut sur l’histoire plus récente du pays.
Christiane lui succède pour une conférence sur les différentes cultures qui se sont développées au Groenland au cours des 8000 dernières années. Indépendance I et II, Dorsétiens, Thuléens : la fresque des peuples autochtones successifs se déroule sous nos yeux. Désormais, nous avons à notre disposition des clefs pour comprendre plus intimement le peuple groenlandais.
En fin d’après-midi, avant le dîner, le commandant nous honore de sa présence pour un cocktail festif.
La soirée débute par la projection du film sur l’explorateur Ejnar Mikkelsen
Quelle journée !!
Dès le réveil, le beau temps sec (mais pluvieux) souligne toutes les nuances de gris des paysages arctiques. N’écoutant que notre courage, mais aussi l’enthousiasmante Christiane, nous découvrons à pas vif les pentes et les maisons peintes de Ilulissat. Comme ce nom l’indique, nous sommes au pays de l’iceberg, et côté mer, les toits sont festonnés par la silhouette d’énormes glaçons échoués. Emplissant l’Icefjord voisin, que nous partons découvrir à pied sur un chemin de planches, ces icebergs entretiennent une riche vie sous-marine, chaîne trophique allant des microalgues aux baleines que nous verrons d’ailleurs lors d’une dernière excursion au coucher du soleil.
Entre-temps, nous nous répartissons par petits groupes, de l’émouvante maison natale de Knud Rasmussen à l’accueillant atelier de sculpture, en passant par l’église de Sion, les kayaks du club nautique local et le musée de peinture Petersen.
Les différents groupes se retrouvent au carrefour principal de la ville (5000 habitants tout de même !), pour un peu de shopping dans les centres commerciaux (nommés selon leurs horaires d’ouverture 6-18, ou 9-21), quelques cafés boutiques et la brasserie locale. Après quoi nous visitons l’immanquable Icefjord Center, stupéfiante architecture évoquant une aurore boréale, excellent lieu pour notre pique-nique et pour tout apprendre sur la glace et les glaciers.
Certains d’entre nous, bravant avec succès l’intempérie déclinante, sont partis prendre de la hauteur et nous saluent de leurs aéroplanes en allant voir le paysage d’en haut, pendant que les groupes permutent pour l’après-midi leurs expériences groenlandaises.
Les premiers groupes ont décollé à 8h, nous avons été accueillis par nos pilotes Helmut et Mia pour un briefing de sécurité. Justine assure la traduction et la préparation dans les avions. La météo s’annonce clémente néanmoins l’itinéraire est revu car le ciel est très capricieux du côté d’Uummannaq. « Flexibilité » est donc le maître-mot de cette journée ! Nous survolons les champs d’icebergs dans le magnifique fjord glacé d’Ilulissat (Sermeq Kujalleq), classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2004. Ces cathédrales bleues se dressent de toute part. Cette vue aérienne nous fait prendre conscience de l’immensité des lieux.
Nous survolons également le village groenlandais d’Ilimanaq (environ 50 habitants). C’est d’ailleurs dans ce village qu’un Chef étoilé féringien est venu poser ses valises et mettre ses talents au service de la gastronomie groenlandaise. Le pilote nous explique que c’est le restaurant étoilé le plus septentrional du monde. Ce village est accessible qu’en hélicoptère ou bateau. Le pilote nous régale en virevoltant au-dessus de ces monstres de glaces vus du ciel… Nous prenons le temps de contempler cette beauté. Cet univers onirique nous transporte. Le bleu turquoise si pur des lacs est absolument magnifique. Et pour parfaire ce survol, nous distinguons au loin deux souffles… Ce sont des rorquals communs ! Un autre groupe a également eu la chance d’observer des baleines à bosses.
Le somptueux repas du soir devrait nous mener à notre cabine, mais l’inépuisable Christophe, sans doute aiguillonné par ses collègues marcheurs, nous a concocté une dernière randonnée, dite « du soleil couchant » sur un site complètement à l’Ouest.
Pour le coup, l’Ocean Nova n’aura pas besoin de nous bercer cette nuit !
Notre promenade vespérale s’étant terminée fort tard, c’est de nuit que l’Ocean Nova quitte Ilulissat, de nuit car nous avançons au-delà du cercle polaire, mais nous avançons aussi dans la saison. Cette nuit reste bien courte, et les plus matinaux d’entre nous peuvent, à l’heure des croissants frais, suivre notre progression dans l’Ara Sound, et l’arrivée en face de l’imposant glacier Equip Sermia. Ce glacier est cher à nos cœurs, puisque c’est à son orée que le grand Paul Emile Victor, scientifique, ethnologue, écrivain et explorateur, installa la base de ses expéditions.
Pendant près de trente ans, entre 1947 et 1976, il dirigera les « Expéditions polaires françaises » (Missions Paul-Émile Victor). Pendant cette période, il aura mené quatorze expéditions au Groenland et dix-sept en terre Adélie.
Une plaque commémorative ainsi qu’une stèle dédiée à la mémoire de compagnons décédés dans un accident de Waessel (véhicule à chenillettes) est visible sur le lieu du camp de base en face Equip Sermia. Témoin de cette époque héroïque, la cabane branlante des EPF attend impatiemment les hommages d’un charpentier.
Nous randonnons une petite heure sur le site afin d’observer plusieurs points de vue. Ce panorama est époustouflant. Le silence de cet endroit, propice à la contemplation, est ponctué du bruit des vêlages du glacier. En effet, d’énormes blocs de glace se détachent du front du glacier et tombent dans le fjord avec fracas. Après s’être retournés, des icebergs se forment et dérivent au gré des courants.
Nathanaël attire notre attention sur un vol de plongeons catmarin rasant la surface des eaux. Puis, sur le chemin du retour, quelques bruants des neiges, des eiders à duvet et des oies à bec-court comblent notre attente ornithologique.
La balade (pittoresque et variée), les émotions (pittoresques et historiques), l’embarquement zodiac (pittoresque et sportif) tout cela vaut bien le repas (pittoresque et délicieux) servi à l’heure et à bord.
Après un début d’après-midi consacré à la tenue des carnets de voyage et aux pensées sur le devenir du monde, tout le monde se presse au salon panoramique pour une première conférence menée avec passion par Christophe, notre Chef d’expédition. Il nous raconte un Paul Emile Victor complexe et enthousiasmant, au pied même du théâtre de sa plus incroyable exploration : celle de la calotte glaciaire du Groenland.
Puis, Audrey prend le micro pour un exposé très clair de la géographie et de la géologie du Groenland. Elle nous explique que le Groenland n’a pas toujours été dans l’hémisphère Nord. Il a, en effet, dérivé de plus de 12 000 km vers le Nord en 650 millions d’années. De nos jours, cette île est recouverte d’une montagne de glace de plus de 3 000 m de glace : l’inlandsis. Le poids de cet inlandsis fait que la partie centrale du socle du Groenland se trouve actuellement sous le niveau de la mer.
Nous continuons la navigation dans le chenal Sullorsuaq Vaigat, séparant l’île de Disko de la Péninsule de Nuussuaq au milieu d’un défilé d’icebergs.
Un peu de détente, puis Christophe nous présente notre future route et les outils pour la tracer : cartes marines, cartes des glaces, cartes météo, latitude, minute d’arc et mile nautique.
Enfin, après le dîner, la projection du film Chasing Ice au salon panoramique clôture notre soirée. A travers le regard de James Balog, photographe pour le magazine National Geographic, nous prenons conscience de la complexité de l’étude de l’évolution des glaces. Il veut montrer au monde entier les conséquences du changement climatique.
Avant de rejoindre nos cabines, nous passons évidemment par les ponts extérieurs pour admirer l’envoûtante lumière orangée enflammant de toute part les cathédrales de glace.
La mer est belle, mais la route est longue au Groenland, et si le navire n’avance qu’à 10 nœuds, le paysage défile à 18 km à l’heure ! C’est donc une matinée au salon panoramique qui voit tourner nos têtes de droite à gauche, tels les spectateurs de Rolland Garros, pour suivre d’un côté la conférence de Nathanaël sur la glace et les glaciers (où nous apprenons comment les carottes de calotte font avancer la science) puis de l’autre observer quelques phoques du Groenland lointains et finalement peu coopératifs, pour revenir à la conférence de Fabrice sur les Vikings, démystifiant cette dénomination, et nous faisant relier les hommes du Nord (Normens) avec nos Normands, puis à nouveau de l’autre côté découvrir le spectacle fascinant de 2 baleines à bosse que notre commandant approche avec circonspection mais assurance.
L’ancre jetée devant Upernavik, nous partons en zodiac pour une découverte panoramique de cette étonnante ville très colorée, très organisée autour d’un port de pêche et d’une pêcherie, et bizarrement surmontée d’une piste d’aviation en terrasse sur la colline arasée ! Ce chantier pharaonique nous sert ensuite de repère pour une longue randonnée entre îles et icebergs. Ceux-ci sont énormes, lumineux, architecturés, élancés, massifs, effondrés, gothiques, pensifs, voire émouvants. Ce ciel bleu métallique contraste avec le bleu intense des icebergs. Nous contournons ces imposants blocs de glace. Nous coupons même les moteurs pour contempler les détails : cupules, stries, petites arches et de nombreuses veines turquoises.
Nous sommes accompagnés de quelques guillemots à miroir, de goëlands et de mouettes qui invitent pour notre retour à bord un groupe de fulmars curieux et plutôt familiers. Le doc aura à gérer aujourd’hui plusieurs cas de tendinite de l’index, plus connue sous le nom de « crampe du photographe ».
Après cette belle sortie zodiac, nous rejoignons le salon panoramique pour un récap de la journée. Xavier présente les caractéristiques des baleines à bosse. Ces mégaptères mesurent jusqu’à 13 m de long et sont capables de propulser leurs 35 tonnes hors de l’eau avec grâce. Christiane prend le relais pour nous éclairer sur les terminologies d’Esquimau, Inuit et Inughuit qui correspondent à des époques et des lieux différents. En supplément, nous apprenons nos premiers mots de vocabulaire greenlandic : Bonjour – Kutaa ; Merci – Qujanaq ; Où ? Sumi ?
Tandis que les icebergs défilent dans la lumière du soir, nous fêtons l’anniversaire de Dominique dans l’ambiance chaleureuse du dîner. En préambule à notre arrivée au-delà de Thulé, ce soir est projeté le film Nanook.
Kap York est face à nous dès le réveil. Telle une figure tutélaire, le monument en mémoire de Robert Peary, érigé au sommet en 1932 en présence de sa fille, domine cette baie et le fjord « DE DODES FJORD » où s’éparpille une multitude d’icebergs aux formes évocatrices toutes différentes. Les cartes mémoires se remplissent.
Le petit-déjeuner est vite apprécié avant l’extraordinaire sortie qui s’annonce. Les huit zodiacs nous conduisent au milieu de ce labyrinthe blanc. Nous longeons la rive nord-ouest et apercevons deux lièvres arctiques immobiles dans le pierrier dominant deux vieilles cabanes en bois qu’utilisent encore les chasseurs de Savissivik. Savissivik, Kap York, les météorites, nous sommes vraiment avec les Inuit de l’Avernersuaq : les Inughuit. Nous ralentissons puis stoppons devant une arche grandiose, éblouissante. Plus loin, une tête de lion, là-bas, le flambeau de la statue de la liberté, ici une crête de coq, et là, qui émerge à peine de l’eau, un phoque.
Nous observons également aux jumelles quelques oies du Canada. Nous reconnaissons, à présent, bien les guillemots à miroirs qui sont également en grand nombre face à nous.
Les radios crépitent soudain, c’est déjà l’heure de regagner l’Ocean Nova. Avec ce soleil de la fin août qui chauffe nos vestes, nous serions restés encore longtemps. Nous nous retrouvons tous dans la salle du restaurant qui devient salon d’observation : les « Crimson Cliffs » défilent et dévoilent la présence de fer. D’ailleurs, sur une plage jouxtant le glacier Pituffik, une quinzaine de tentes rouges bien alignées nous signalent qu’une équipe de prospection minière est déjà sur place.
C’est maintenant l’heure de la conférence : Christophe, notre chef d’expédition, nous expose la controverse Cook-Peary ; qui est allé au Pôle Nord et quand et comment ? Après avoir contourné le « Conical Rock » et dépassé le Cap Dudley Digges, l’Ocean Nova ralentit pour nous permettre d’admirer le front glaciaire de 5 kilomètres de large du glacier Pituffik qui descend de la calotte.
C’est déjà l’heure de la présentation de l’escale de demain : QAANAAQ. Christiane nous explique le déroulement de la journée et précise les différents lieux où nous serons accueillis par ses amis, les Inughuit de Qaanaaq.
Vivement demain, en attendant, c’est l’heure du dîner puis du film retraçant la vie de Jean-Baptiste Charcot.
Lever aux aurores (toutes ne sont pas boréales !) pour ces courageux expéditionnaires, très motivés par Christiane et François qui connaissent bien notre destination du jour. Nous embarquons donc en zodiac dans une baie splendide, très chargée d’icebergs gigantesques, sous la lumière dorée d’un ciel sans nuage.
Une plage, une jetée, ses bateaux un village encore somnolent, quelques rues de terre, un petit supermarché, une église, un musée, un gymnase, une école, la maison des femmes, et des maisonnettes en bois, très colorées. C’est QAANAAQ, un village particulier puisqu’il s’agit d’un palindrome, mais surtout dû à la délocalisation de Thulé, déménagé lors de l’installation de la base aérienne américaine.
Nous retrouvons David, notre contact, qui a réussi la gageure de mobiliser ses concitoyens malgré l’acmé de la saison de chasse ! Imaqa, comme on dit par ici. Nous sommes donc reçus avec beaucoup de bienveillance dans la maison des femmes surplombant le village. Elles nous présentent leur travail sur les peaux et les fourrures, vêtements traditionnels, kamiks et anoraks diablement efficaces dans ces milieux hostiles. Justine nous détaille les différences entres les kamiks exposés et leur « composition » (peau de phoque épilé, phoque barbu pour la semelle, poil d’ours sur le haut pour l’étanchéité, etc.) Nous échangeons longuement avec ces femmes et nous nous sentons simplement privilégiés à travers ce dialogue, ces explications.
En parallèle, la visite du musée, ex-maison de Knut RASMUSSEN, permet de découvrir de près la technologie du traîneau et du harpon à propulseur et tête détachable, que Jacob JENSEN nous précise, et plus loin dans l’histoire locale, les outils microlithiques des civilisations précédentes : Indépendance 1, Independance 2, Pre Dorset, Dorset, Thuléenne, et même un gros fragment de la fameuse météorite de Cap York. Un peu plus bas dans le village, c’est l’église luthérienne, très lumineuse, et caractérisée par un magnifique retable, où le Christ (en chaudes chaussettes bleues), éduque deux enfants en kamik !
Nous nous retrouvons tous à 11 heures pour un spectacle de chants locaux, présentés par le volubile Masautsiaq QUJAUKITSOQ et sa collègue à la douce et chaude voix Ane, chants rythmés par le tambour en peau de phoque et bois de renne (en l’absence de bois d’arbre). Christiane nous livre quelques informations nous permettant de comprendre la signification de ces chants.
Retour au navire pour le repas, puis visite plus libre de la ville, certains montant « au-dessus de Thulé » avec Nathanaël et Xavier, d’autres musardant de plage et rivière avec Christiane et François, découvrant ici et là traîneaux, cabanes de pêche, dent de narval, boîte à viande et carcasse de moteurs hors-bord.
Un dernier passage au magasin, à l’église, à l’hôpital local pour certains curieux. La familiarité s’installe avec les badauds, l’envie de partir devient moins solide, mais pourtant il nous faut retourner, joliment accompagnés par 2 jeunes en kayak, alors que le toujours fringant Christophe pêche au pied de la coupée un magnifique ange des mers. Nous avons tous été subjugués par cette atmosphère si particulière qui règne dans les rues de QAANAAQ. Douceur authentique, simplicité…
Un peu de navigation, « les récaps » du jour : Christophe, Fabrice et Audrey nous expliquent la vie des chlamydiomonas nivales, la notion d’Imaqa (fatalisme et résilience groenlandaise), et la géologie groenlandaise, puisque nous avons changé de région.
Une surprise nous attend : l’autre Christophe nous annonce notre prochain débarquement au village de SIORAPALUK dans quelques la communauté la plus septentrionale du monde ! Christiane retrouve sa famille adoptive et nous entraîne dans un maelström de vie locale : belugas du jour en abatis sur la plage, chiens hurlants, enfants hilares, agates brutes, crânes de morse, de phoque, de bœuf musqué, vieille carabine rouillée, et des sourires, des sourires…
La lumière du soir sur cette mer d’huile est absolument magnifique, nous regagnons donc l’Ocean Nova par zodiac avec un brin de nostalgie. Cette journée fut dense et les souvenirs resteront longtemps.
A 11h15, lors d’une conférence, Christiane nous présente une autre facette de la vie des villages dans lesquels nous avons été accueillis chaleureusement hier. Il s’agit d’une expédition de Qaanaaq à Siorapaluk qu’elle a réalisée au printemps, en traîneau à chiens. Christiane nous transmets alors sa passion pour ce peuple du Grand Nord. A travers les fenêtres du salon panoramique, nous apercevons les côtes canadiennes et plus précisément la mythique Terre d’Ellesmere. Le déjeuner est donc servi entre Canada et Groenland.
Notre chef d’expédition et nos guides nous attendent à l’échelle de coupée pour une exploration en zodiac en direction de l’ancienne implantation d’Etah. Ce lieu est l’entrée des grandes migrations venues de l’ouest, depuis des milliers d’années. Nous partons à l’intérieur du fjord Foulke, lieu de nombreux hivernages des grandes explorations polaires. Des falaises colorées de 600 m de hauteur nous entourent. Au pied de l’une d’elle, une carcasse est aperçue. Nous nous rapprochons et nous découvrons les restes d’un loup arctique. A côté de ce dernier, un crâne de bœuf musqué est également présent et nous rappelle la présence de ces reliques glaciaires.
Soudain, la voix de Xavier résonne dans nos radios « Bœufs musqués en vue ! ». Deux mâles sont installés au sommet des terrasses de moraine sur la rive droite du glacier Brother John’s. En effet, nous les discernons au loin aux jumelles.
Christophe nous annonce ensuite que nous allons effectuer un débarquement. Nathanaël part en électron libre sécuriser la vallée. Nous pouvons donc commencer notre visite du site historique d’Etah. Nous passons à proximité des cabanes que les chasseurs locaux utilisent comme camp de base pour chasser le bœuf musqué et le renne.
Nous progressons lentement au fond du fjord dans une belle toundra parsemée de squelettes de bœufs musqués. Pour les plus téméraires, nous arrivons sur un petit point de vue qui domine le fond de la vallée avec le glacier qui se jette dans le lac Alida. C’est donc l’occasion d’observer inopinément notre première oie des neiges. Le paysage est grandiose puisque le lac est miroir dans lequel les poissons abondent en été.
Sur le chemin du retour, nous profitons d’une trilogie de lièvres arctiques. Cet animal est emblématique des régions arctiques, sa toison blanche contraste avec le noir de la roche. Ce rongeur vit également en groupe. Les Inuits apprécient la fourrure de cet animal pour la douceur et la chaleur qu’elle procure en collerette sur leurs anoraks.
Nous regagnons les zodiacs puis l’Ocean Nova après ce bel après-midi.
Nous continuons notre navigation en direction du Nord. Comme tous les jours, à 18h45, c’est le moment du récap : Christophe nous parle du fabuleux bœuf musqué et de ses caractéristiques. Christiane en profite également pour revenir sur l’implantation d’Etah et François réalise un descriptif cartographique de cette région du Groenland.
Après le dîner, les choses deviennent sérieuses. Nous arrivons à la lisière de la banquise. L’équipe d’expédition nous annonce que la soirée va être longue, les guides feront la veille ce soir à la passerelle à l’affût des ours, narvals et baleines, fréquents dans ces eaux. Quelques heures après, deux phoques du Groenland sont aperçus à l’avant du bateau.
Puis, la fin de soirée sera animée par un flamboyant coucher un soleil illuminant les côtes canadiennes.
L’Ocean Nova a continué sa route vers le Nord-Est et nous sommes en face du glacier Humboldt dont le front s’étend sur près de 90 km de long. Le beau temps nous accompagne toujours et la mer est calme. Les lumières du matin sont magnifiques et l’excellente visibilité nous permet d’observer à tribord la côte groenlandaise et à bâbord la côte canadienne. Les guides Grands Espaces sont déjà mobilisés, depuis plusieurs heures, à la recherche d’ours et de cétacés. Il faut dire que nous sommes depuis tôt ce matin entourés de plaques de banquise. D’abord très éparses, celles-ci finissent par se rapprocher jusqu’à former un tapis lié par du frazil et parsemé de zones d’eau libre plus ou moins vastes. Des souffles de cétacés sont repérés vers 7h30 mais impossible de suivre la trace de ces mammifères. Les phoques du Groenland, bien que nombreux, restent timidement à distance du navire.Une large plaque de banquise est repéré en début de matinée. Le capitaine commence à la travailler de façon à ancrer directement le nez du navire dans la glace. En manœuvrant habilement, il parvient parfaitement à stabiliser l’Ocean Nova et les passagers peuvent descendre directement sur la glace depuis l’échelle du navire !
Chacun de nos pas crissent sur ce que les Inughuit appellent Hikuliamineq, des fleurs de givres (kaneq), une sorte de poudre issue de la glace. La proue de l’Ocean Nova, fichée dans la banquise, nous domine de sa stature bleue. Les marins nous lancent un bout d’amarrage à l’avant du navire auquel nous nous attelons pour immortaliser ce halage fictif. Pendant 2h30, le groupe parcourt la banquise à la découverte des empreintes d’ours qui la traversent. Des excréments de ce mammifère sont d’ailleurs repérés. Au loin, quelques phoques du Groenland nous gardent à l’oeil pendant que nous dégustons un bon chocolat chaud servi par l’équipe de restauration dans ce lieu où hivernèrent tant d’explorateurs en quête du pôle nord. Les objectifs sortent de toutes parts, chacun veut immortaliser ce moment mémorable. Une courte balade vers un des icebergs immobilisés dans cette plaque est organisée et sécurisée par les guides avant que tout le monde remonte bord pour le déjeuner. Notre escale sur la glace nous a paru bien courte pourtant, sans que nous nous en rendions compte, les GPS nous indiquent que notre bar polaire éphémère a parcouru 500 m vers le sud-ouest. L’Ocean Nova tente durant l’après-midi de se frayer un chemin dans le détroit de Nares vers le front du glacier Humboldt.
La banquise s’avère, cependant, trop épaisse et trop compacte pour nous permettre de nous approcher suffisamment de la côte. Un petit détour vers le Sud nous ouvre une voie libre de glace et la possibilité de reprendre notre navigation vers le Nord. Peu après 20 heures, l’Ocean Nova réussit à atteindre 80° de latitude Nord. Des noms comme le glacier Petermann ou lle d’Hans commencent à circuler dans les couloirs du navire. Certains se mettent à rêver de pouvoir atteindre ces lieux mythiques.
En fin d’après-midi, Nathanaël, Christiane et Fabrice donnent de courtes présentations sur les oiseaux observés ces derniers jours et les chiens de traîneaux. Christophe conclut ce récap avec les intentions pour la journée du 03 septembre et une surprise : un barbecue nous attend sur le pont 5 du navire ! Nous partons tous nous équiper chaudement. On se retrouve quelques minutes plus tard sur ce pont afin de déguster les différents plats dans le cadre grandiose du détroit de Nares. La journée se termine par la projection du film Groenland, les murmures de la glace : une ode au courage et la témrité de jeunes glaciologues passionnés.
Le navire progresse toujours plus au nord, engagé dans le détroit de Nares. Dans la nuit, une barrière de glace infranchissable se dresse devant son étrave. Il est apparemment impossible d’aller plus loin. Devant l’avancée des glaces portes par un courant marin puissant, le commandant, en entente avec le chef d’expédition, ont décidé de repartir vers le sud en direction de la partie nord du glacier de Humboldt.
Au réveil, nous voici au large de la grande barrière de glace qui déroule un front blanc sur 110 kilomètres. A tribord, l’île mythique dEllesmere dont les sommets culminent 2317 mètres d’altitude offre son paysage somptueux. Les zodiacs se dirigent vers des icebergs tabulaires géants dans une houle d’Est courte et sous un vent frais forcissant. L’horizon en est parsemé. Une fois ces montagnes de glace atteintes, la mer s’apaise et un miroir se dévoile devant les embarcations. Partout des myriades de bourguignons gravitent autour d’icebergs massifs.Le ciel nuageux colore, par réverbération, les eaux
de gris et d’or. La surface des eaux est à peine ridée par notre passage.
Un phoque barbu fait une fugace apparition entre deux growlers. Des mouettes ivoires survolent lentement les zodiacs. Quelques guillemots à miroir plongent à notre approche silencieuse. L’après-midi bord est consacré à des activités culturelles.
Xavier, dans un exposé détaillé et approfondi, explique ce qu’est la banquise et l’environnement complexe qu’elle représente pour la faune polaire. Il enchaîne sur une conférence sur les livres arctiques observés le jour précédent à Etah. En fin d’après-midi, Justine nous propose une sélection d’ouvrages polaires au salon panoramique. Puis, Nathanaël présente un des animaux emblématiques du Grand Nord, la mouette ivoire. A l’issu de son intervention, nous comprenons mieux les relations tisses entre cet oiseau et les terres polaires.
Puis comme chaque soir, Christophe nous fait un point sur la navigation. Le sourire est de mise ! Nous voguons en direction de l’île Hans ! Pendant notre intermède culturel, notre chef d’expedition, en
concertation avec le capitaine, ont renouvelé leur tentative de route vers le nord. Elle s’avère fructueuse ! Euphorie dans le salon ! Le documentaire éponyme
de l’oeuvre la plus célèbre de Jean Malaurie, Les derniers rois de Thulé, est projeté en début de soirée dans le salon d’observation. 22 heures, nous apprenons que nous venons de franchir les 80 degrès de latitude nord.
Au réveil ce matin, nous sommes encore positionnés entre Groenland et Canada ; le soleil est de la partie et nous avons hâte de partir découvrir les environs ! Nous sommes tout proches de l’île Crozier, nommée en l’honneur d’un des deux capitaines de la fameuse expédition Franklin. Nous embarquons vers 9h dans les zodiacs pour une longue sortie entre les épaisses plaques de banquise pluriannuelle qui sont légion dans la région. Les falaises de l’île Crozier que nous longeons sont impressionnantes et captent nos regards avec la belle lumière du matin.
Un peu plus loin, nous croisons une mouette blanche, puis un phoque. Nos guides sont tout à leurs jumelles pour tenter de débusquer le roi de l’Arctique. En fin de matinée, le capitaine nous fait le plaisir de nous montrer les capacités de l’Ocean Nova dans la banquise, puis c’est l’heure du déjeuner. Nous faisons ensuite cap vers la frontière canadienne et la banquise qui s’y accumule. Mais c’est une brume épaisse qui nous accueille ; ambiance parfaite pour que Christophe nous raconte dans un suspense insoutenable les péripéties de l’expédition de Sir John Franklin la recherche du mythique passage du Nord-Ouest sur les vaisseaux Erebus et Terror. Un peu plus tard, c »est au tour de Fabrice et de Nathanaël de nous proposer un atelier photo à la bibliothèque où nous pouvons évoquer les questions quant à la prise en main de nos appareils. 18h45, comme chaque jour, c’est l’heure du Récap ! Au menu de ce soir, Audrey nous explique la longue découverte du détroit de Nares.
Différentes expéditions s’y sont déroulées dans des conditions de glace très difficiles. Leurs noms nous sont aujourd’hui familiers. C’est ensuite au tour de Christiane, de nous conter, sur un fond de chant de tambour, Qillaq, l’histoire de la pierre d’Anoritoq. Dans un culte archaïque, l’esprit d’Anoritoq était une entité capable de s’opposer la chasse en déchaînant le vent et la tempête. Après un bon repas de notre chef Floro, l’équipe d’expédition nous propose un film réalisé en 1933 : Les noces de Palo. Ce film tourné par le célèbre explorateur Knud Rasmussen (dont nous avons visité la maison natale à
Ilulissat) est un riche témoignage sur la vie quotidienne des inuits du sud-est Groenland au début du XXe siècle. Ce document a été récompensé par le Lion d’Or au festival de Venise en 1957. Ainsi s’achève cette journée au bout du monde, entre banquise, géopolitique et traditions séculaires.
Nous nous réveillons par 7833N et 7210O et mouillons par 60 mètres de fond face au cap d’Inglefield dans le détroit de Nares. Un vent de 6 noeuds, une température de 1°C, une visibilité moyenne avec du brouillard. La côte est rude mais la présence de toundra est propice aux boeufs musqués. Nous sommes également à la recherche de la légendaire pierre d’Anoritoq dont Christiane nous a brillamment conté le mythe hier soir. Dans un culte archaïque, elle fut considéré comme un esprit opposé à la capture des animaux. Le brouillard persiste et dans l’attente d’une sortie, c’est Christophe qui nous présente sa conférence sur le plancton et autres petits animaux sous-marins. Nous évoquons la plupart du temps les paysages, la faune et la flore de la surface, mais nous sommes dans un milieu essentiellement marin. Ne l’oublions pas, sans plancton, pas de vie sur notre planète ! Les explications imagées de la conférence nous font découvrir un monde complètement inconnu, d’une diversité extraordinaire et d’une beauté fabuleuse.
Pendant ce temps, l’autre partie de l’équipe d’expédition est partie en reconnaissance. À la fin de la conférence, Justine nous annonce la prévision d’une sortie en zodiac dans 30 minutes le long de ces côtes saupoudrées de neige. Nous embarquons ainsi sur nos annexes. Soudain, un appel radio résonne pour tous les pilotes de zodiac ! Nous devons nous retrouver sur un point de débarquement précis. Une approche délicate dans les hauts fonds nous permet d’accoster. L’équipe d’expédition a bien trouvé l’emplacement de la pierre d’Anoritoq. Ce matin, cette même équipe était partie dans le froid et le brouillard, pour trouver le lieu précis. Une véritable chasse au trésor dans des conditions difficiles ! Mais elle est bien là, telle que décrite dans la légende ! La pierre d’Anoritoq n’est pas seule. De très nombreux vestiges de maisons thuléennes sont encore visibles. L’entrée de ces quelques maisons en pierre et tourbe est précédée d’un petit tunnel destiné à piéger le froid. Là, on se débarrassait de la neige et on secouait ses kamiks avant d’entrer dans le lieu d’habitation proprement dit.
Les charpentes étaient constituées d’os de baleines ou autres animaux. Toute la demeure était couverte de tourbe pour conserver la chaleur de la petite lampe à huile de phoque qui éclairait faiblement le logis. Le lieu, par l’histoire qu’il évoque, est assez émouvant. Cette remarquable sortie nous a donné faim, il est l’heure de rentrer déjeuner. L’après-midi débute par la conférence de François sur l’histoire de l’apparition du Groenland sur les cartes géographiques. C’est un récit absolument passionnant, rempli de légendes et d’illustrations colorées. Petit à petit, les atlas et autres planisphères se dessinent avec de plus en plus de précision. Le récap de la soirée : c’est Christophe qui nous résume les plans des opérations de recherche et sauvetage en mer lorsque survient un incident ou une mésaventure importante. Puis, Christiane revient sur l’architecture des maisons thuléennes que nous avons découvertes ce matin. Demain, si la navigation se déroule selon nos plans, nous serons proche de l’ancienne Thulé. Mais avant de s’endormir, nous assistons à une projection qui retrace l’histoire de Camp Century. Cette base secrète des années 60, censée pouvoir être totalement autonome a finalement été abandonné, enfouie sous les glaces du Groenland.
Ce matin, nous nous réveillons en vue des installations de la base militaire américaine de Thulé : Thule-Airbase. La houle est modérée mais dès que nous pénétrons dans la baie de l’étoile Polaire, une mer d’huile nous accueille. C’était en 1848 : le navire HMS North Star, envoyé à la recherche de l’expédition Franklin, essuyait une terrible tempête en baie de Melville au milieu d’icebergs menaçants. Sauvé par
la Providence, il pénétra dans cette baie salvatrice où il hiverna. Depuis, elle porte le nom de ce navire, North Star et l’île Saunders, au large, celui de son capitaine. L’Ocean Nova a stoppé ses machines. Les zodiacs sont mis l’eau et nous voici sur la plage, au pied du symbolique Mont Dundas. C’est là que Knud Rasmussen et Peter Freuchen fondèrent en 1910 le comptoir qu’ils nommèrent Comptoir de Thulé en référence la mythique Thulé septentrionale de Pythas. Les trois objectifs de Knud Rasmussen étaient le rattachement de l’Avanersuaq aux colonies danoises du sud, l’approvisionnement en biens de première nécessité des communautés inughuit isolées et financer ses expéditions avec les revenus du comptoir. Nous observons les maisons abandonnées en 1951 quand les Inughuit ont été éloignés de la base américaine.
Cependant, certaines semblent occupées épisodiquement voire même régulièrement. Un groupe monte sur les hauteurs où une vingtaine de livres arctiques nous regardent indifférents notre venue. Des boeufs musqués sont aperçus au loin. Le policier danois que nous avions contacté lors de notre passage à Qaanaaq arrive en 4×4 à notre rencontre. Il nous confirme avoir croisé ces ovibos en chemin. Un autre
groupe se dirige vers le cimetière tout en parcourant l’implantation de l’ancien comptoir. À midi, les radios des guides crépitent. Il est l’heure de retourner sur la plage, de remonter dans les zodiacs et de regagner l’Ocean Nova. Nous quittons à regret ce lieu chargé d’histoire pour reprendre la navigation vers le sud.
Après le déjeuner, Christiane nous trace les épisodes marquants de la vie de Knud Rasmussen, explorateur, écrivain, cinéaste. C’est lors de sa cinquième expédition, le Grand Voyage en Traîneau, du Groenland au détroit de Béring, qu’il mit en évidence une culture commune tous ces peuples du Haut Arctique : la notion d’Inuit est initiée. Après le tea-time ou goûter, le chef d’expédition annonce la présence de boeufs musqués le long de la côte. Le capitaine donne l’ordre de jeter l’ancre, les zodiacs sont nouveau mis l’eau. Une sortie d’observation est organisée pour le plus grand plaisir des passagers.
Deux boeufs musqués se laissent photographier puis les zodiacs se dirigent vers une falaise où nichent différentes espèces d’oiseaux. Les parents guillemots apprennent aux juvéniles à nager. Nous apercevons également des mergules nains et quelques guillemots miroir. En longeant les roches escarpes rouge sombre, deux corbeaux nous ouvrent le chemin vers une chorégraphie tourbillonnante de leurs congénères. Un renard bleu isatis (Alopex lagopus) rôde dans les parages et se retrouve immédiatement sur toutes les cartes mémoire !
Pendant quelques instants, nous contemplons sa course agile puis il se fond dans l’univers minéral. Mais il est bientôt 20 heures, le dîner nous attend. Pour parfaire cette journée, un verre de l’amitié nous est offert au salon panoramique.
L’Ocean Nova se réveille sous un plafond nuageux assez bas. Christophe nous annonce que nous sommes à Savissivik, un petit village insulaire de 60 habitants. Etymologiquement, ce mot signifie l’endroit du village où l’on peut trouver du fer . L’île doit son nom une météorite tombée à proximité, il y a environ 10 000 ans.
Nous partons en zodiac pour découvrir ce lieu hors du temps. À notre arrivée, nous sommes chaleureusement accueillis par Karl, l’agent municipal de Savissivik. Il nous fait remarquer les nombreuses peaux d’ours tendues sur les séchoirs à proximité des maisons. Il y a également des peaux de boeufs musqués et des crânes d’ours. Accompagnés des explications de Christiane et François, nous commençons la visite de la petite école où Martha, l’institutrice, nous reçoit avec le sourire pour nous présenter ses 6 élèves de primaire. Pendant quelques instants nous retournons sur les bancs de l’école de notre enfance en nous immergeant dans la vie intime des villageois. Au mur sont affichés de grands abcdaires : N comme Nanoq, l’ours ; P comme Puisi, le phoque. Petit à petit, l’effervescence gagne le village. Chacun des habitants s’efforce de nous faire partager la culture locale au travers de diverses démonstrations. Karl enfile son pantalon en peau d’ours et nous mime une chasse sur la banquise. Derrière un écran blanc, il se dissimule, pour approcher le gibier convoité. Un peu plus loin, Ilanguaq nous montre la technique de capture des mergules avec un filet fixé au bout d’un manche long de plusieurs mètres. Cette chasse est la base d’un plat traditionnel du nord-ouest groenlandais le kiviaq. La recette est simple : les mergules sont entassés dans une peau de phoque soigneusement refermée. Après plusieurs mois de fermentation, les oiseaux ont confit dans la graisse et le plat est prêt, il n’y a plus qu’à déguster.
Sur les hauteurs, nous visitons la petite église et terminons notre balade en grimpant jusqu’au cimetière. De là, le panorama sur la baie des météorites est saisissant. A perte de vue des centaines d’icebergs dérivent. L’Ocean Nova nous paraît bien petit au milieu de ces géants de glace.
A notre retour, Karl nous montre avec fierté une dent de narval de plusieurs mètres de long. Après cette matinée authentique, il est déjà l’heure de regagner le bateau. Pendant le déjeuner, l’équipe d’expédition part à la recherche de Nanoq, le seigneur des lieux. Après quelques kilomètres, Nathanaël annonce la présence d’un ours polaire sur l’île des météorites. Malheureusement, celui-ci disparaît rapidement à l’intérieur des terres. Néanmoins, l’équipe des guides ne renonce pas et continue à sillonner la baie. Rapidement le signal nous est donné. Nous embarquons à nouveau dans les zodiacs pour tenter de retrouver notre ursidé. Les minutes passent, rien à l’horizon, nous décidons de rejoindre l’autre côté de l’île. D’immenses icebergs nous accueillent sous un ciel argenté tandis que des rayons de soleil viennent nous réchauffer. Nous continuons de zigzaguer entre ces géants de glace et soudain, Christophe, notre chef d’expédition, retrouve notre ours proche d’un névé. Tous les zodiacs se regroupent pour une approche mais nous le perdons de vue. La tension monte. Il réapparaît au pas de charge dans notre direction. Nous le laissons se rapprocher de nous. Et là, c’est l’apothéose, après plusieurs jours d’efforts sans relâche à scruter méticuleusement chaque plaque de banquise, chaque ligne de côte, le roi de l’Arctique nous offre sa présence. Nous avons la chance d’avoir un jeune adulte devant nos yeux. Ce dernier est bien portant, il se tient devant nous en équilibre sur un rocher.
D’après l’équipe d’expédition, il s’agit d’un mâle. Ces moments nous remplissent de joie. Nous repartons en sens inverse dans le labyrinthe d’icebergs, les zodiacs brisent le miroir de la mer dans lequel se reflètent les montagnes de glace.
Après cette belle journée, nous nous retrouvons tous à 18h45 pour le récapitulatif de la journée. François nous parle de l’expédition de secours North Star qui a donné son nom à la baie visitée hier près du comptoir de Dundas. Christiane nous fait le point sur l’installation des américains à Thulé et la construction de la base militaire. Christophe revient sur l’observation de notre ours et nous explique ses caractéristiques. Tandis que l’Ocean Nova entame sa navigation en direction du sud et d’Uummannaq, le programme des activités du lendemain nous est donné. Après le dîner, la soirée au salon panoramique est animée par le film documentaire des mondes polaires.
En mer, notre fier vaisseau est dans la baie de Melville, pour une longue traversée de 420 miles. Au petit matin, un copieux petit déjeuner nous prépare à l’ouverture de l’Université Charcot. C’est ainsi que l’estomac rassasié et l’esprit affamé, nous nous installons au salon panoramique pour une passionnante conférence de Fabrice. Il s’agit des enjeux de l’Arctique où géopolitique, routes maritimes, règles internationales, ressources minières et halieutiques se mêlent en un imbroglio de projets, d’espérances, de prétentions tout autant que de désillusions, conflits larvés et difficultés techniques essentiellement liées aux rigueurs climatiques.
Le temps d’un petit café, d’une observation de notre environnement de haute mer dans la brume, des fulmars qui nous escortent et c’est Christiane qui gagne le pupitre. Elle nous retrace la vie tumultueuse et aventureuse de Hans Suersaq Hendrik, chasseur inuit qui n’accompagna pas moins de 5 grandes expéditions sur les routes que nous venons de parcourir. Bien des explorateurs et des marins engagés dans des projets grandioses ne doivent la vie sauve qu’aux compétences pratiques, l’adaptabilité et la force de caractère de ce Groenlandais. L’une de ses aventures devait même se terminer sur une plaque de banquise dérivant pendant 6 mois jusqu’à la rencontre inespérée d’un pêcheur à terre neuvas ! Entre temps, ce personnage fort humble qui n’acceptait de voyager qu’avec sa famille, retournait travailler à la pêcherie locale.
Après le repas fin et copieux servi par Florio, nous nous accordons une séquence de rêverie, de contemplation ou de sieste. Puis nous nous retrouvons pour tout apprendre de l’ours blanc. C’est Christophe qui nous emmène dans son savoir, son expérience et ses images pour une excellente présentation de la phylognie, la biologie et l’éthologie de l’ursus maritimus, dont nous avons encore en tête le magnifique exemplaire rencontré hier soir.
À peine remis de cette intense et passionnante conférence, nous nous rendons par groupes de 4, dans le salon-bibliothèque pour un atelier cartographie . Nous rencontrons ainsi successivement Xavier qui superpose topographie et randonnée, Bernard
qui nous mène en bateau sur les cartes marines, Christophe qui prend un petit air de Gillot Petré pour parler météo, François qui retrace les cartes en parlant d’histoire et de géographie et enfin Audrey qui dévoile le dessous des cartes, cest–dire la géologie.
En fin d’après-midi, la mer se creuse en même temps que notre appétit, et c’est après le repas que nous repartons sur la
glace avec le fameux film La glace et le ciel racontant l’épopée de Claude Lorius.
Durant la nuit, un vent de 25 noeuds s’est levé. Une houle opposée au sens de notre navigation a fait tanguer l’Ocean Nova jusqu’au petit matin. Pour notre confort, le capitaine a réduit la vitesse moyenne du navire. La matinée débute par une conférence de Xavier sur les plantes de l’Arctique, petits chefs-d’oeuvre d’adaptation aux rigueurs du climat. Puis, Fabrice, qui a vécu plusieurs mois à Uummannaq, notre prochaine escale, nous en fait une présentation colorée et enthousiaste. Après le déjeuner, nous enfilons anoraks, bonnets et sautons dans
les Zodiacs pour partir la découverte de ce magnifique village, au pied de la montagne en forme de coeur. Le contraste avec les petites implantations que nous avons précédemment visitées dans l’Avanersuaq, est saisissant. Depuis notre départ dans cette grande aventure au-delà de Thulé, nous avions presque oublié la réalité quotidienne des rues asphaltes, des voitures, des magasins. Des escaliers de bois grimpent de maison en maison, de replats en promontoires, offrant de superbes points de vue sur la ville, sa baie et son fjord. Dans le petit port encombré d’icebergs brillant sous les rayons du soleil, le bateau de ravitaillement bisannuel s’apprête à lever l’ancre. C’est dans le sillage des baleiniers du XVIIe et du XVIIIe siècle que marchands et missionnaires sont venus dans la région. Et, en 1763, I.H. Bruun fonda la colonie d’Uummannaq. L’activité principale était alors la chasse aux cétacés et aux phoques.
Un entrepôt de stockage de graisse de baleine, datant de 1860, en témoigne. Au-dessus du port, la coquette maison du gouverneur, construite en 1906, fait face l’église de granit. Trois maisons de tourbe se fondent dans un carré d’herbes folles. L’une d’elles est la reconstitution de la
cabane de Jean Malaurie. Nous sommes très chaleureusement accueillis au musée installé dans l’ancien hôpital. Il abrite une collection de vêtements des momies de Qilakitsoq, datées de 1475, découvertes récemment dans une cavité du fjord. Une pièce est consacrée à Alfred Wegener, qui, le premier mit l’hypothèse de la drive des continents. Des objets des différentes cultures ayant peuplé le Groenland, un kayak, un umiaq, des armes de chasse, compèltent le fonds de ce très intéressant petit musée. Nous avons même à droit des chants des côtes Est et
Ouest, accompagnés de tambours. De retour à bord, à 18h45 débute le récap : au programme du jour, des photos d’Uummannaq version hivernale et quelques clichés des années 30 commentés par Fabrice, ainsi qu’une présentation de la
topologie des fjords par Nathanaël.
Christophe conclut par le programme du lendemain. 30 noeuds de vent en provenance du Sud sont attendus à la sortie du
fjord d’Uummannaq et nous accompagneront jusqu’à Kangerlussuaq. Le capitaine décide donc d’adapter sa navigation en passant à l’Est de l’île de Disko plutôt qu’à l’Ouest, pour bénéficier de conditions clémentes. Si le temps le permet, nous lancerons demain après-midi des activités autour de cette île.
L’Ocean Nova se réveille en baie de Disko. Une fois de plus nous sommes dans le paradis des icebergs gants. Les conditions météo sont bonnes, la mer est calme et le ciel teint de gris : certainement le calme avant la tempête ! Nous en profitons pour photographier et observer l’île de Disko avec, en premier plan, quelques montagnes de glace. Ce matin, Audrey nous invite au salon panoramique pour une conférence retraçant les aventures de Hidde Dirks Kat au Groenland. Hidde est un capitaine baleinier hollandais. En 1777, il part, avec une flottille, chasser le phoque et la baleine au Spitzberg puis au Groenland. Au début du mois de juin, les glaces emprisonnent les 27 bateaux. Malgré leurs efforts, les marins ne parviendront à se libérer de l’étreinte de glace qu’à la mi-octobre. Entre-temps, ils ont dérivé le long de la côte est du Groenland. Tous les navires sont perdus. 250 hommes se retrouvent naufragés sur une plaque de banquise. Seuls quelques-uns réussiront à atteindre le Cap Farwel et seront sauvés in-extremis par des Inuits. Il sen suivra un hivernage et une cohabitation compliquée avec les autochtones, avant un retour au pays en septembre 1778.
En fin de matinée, l’équipe des guides, qui a organisé un concours photo, nous attend à la bibliothèque. Chacun de nous, pour tenter sa
chance, a sélectionné ses 5 plus belles images de la croisière. Et vers 15h, après de longues heures de délibération du jury, nous nous retrouvons au salon panoramique pour la remise des prix. Nous nous délectons d’une sélection de superbes images classées en différentes catégories : animaux, paysage, communauté, insolite, humour. Finalement, le jury a mis en avant la photo artistique de Marie-Jose illustrant avec brio le monde des glaces que nous avons exploré au cours de cette croisière. Puis, Justine nous propose de visionner le montage vidéo réalisé par l’un de nos compagnons de voyage, Gérard. Celui-ci retrace notre périple dans son intégralité et nous remémore, avec émotion, chacun des moments forts de la croisière : les paysages grandioses, l’accueil chaleureux des Inuits, les chaos de glace, les lieux chargés d’histoires des grandes expéditions polaires des siècles derniers.
A 18h45, Christiane nous conte la légende du narval. Une fresque imaginaire, pleine de poésie, telle qu’elle se racontait la veille dans les igloos pour assurer la transmission des savoirs et savoir-faire. Environnement,
théologie, comportements, croyances se tissent dans chaque phase du récit pour perpétuer les fondements de l’identité inuite. Enfin, François nous offre un aperçu de sa bibliothèque des mondes polaires. Tous ces livres nous ouvrent bien des perspectives de lectures enrichissantes et captivantes pour, à notre retour, poursuivre l’esprit de notre croisière expédition au-delà de Thulé.
Comme nous l’avait annoncé notre équipe d’expédition, la météo s’est durcie pendant la nuit. Ce matin l’Ocean Nova se fraye une route à travers la tempête… Si quelques passagers préfèrent se reposer dans leurs cabines, la majorité d’entre eux est suffisamment amarinée pour venir au petit déjeuner.
Cependant le commandant demande que, pour le moment, tous les déplacements non indispensables soient évités. En effet, en fin de matinée, les vents soufflent à près de 50 nœuds et la mer se creuse de vagues de plus de 8 mètres de haut ! Heureusement la houle de face ne fait pas rouler le bateau.
Le spectacle de la nature déchaînée est impressionnant. Certains en profitent pour s’imprégner de cette ambiance wagnérienne si particulière, bien au chaud au salon panoramique.
A l’heure du déjeuner, nous sommes toujours aussi nombreux à venir nous sustenter. Bernard, notre médecin, le conseille comme un remède préventif naturel et euphorisant. Nous nous livrons docilement aux sollicitations des embardées du bateau. L’Ocean Nova fend bravement l’écume. En milieu d’après-midi le vent commence à faiblir et la mer s’apaise. Au salon panoramique débute la projection d’un documentaire sur les baleines à bosse observées au début de ce voyage.
Vers 18h, le « gros temps » est derrière nous. C’est le moment de partager un verre de l’amitié et de l’au revoir, avec notre capitaine, le commandant Barrios. Nous trinquons aux émotions de ces dernières 24 heures et à cette croisière d’expédition pleine de rebonds et d’aventures passionnantes.
Christophe nous donne ensuite les consignes pour l’arrivée, demain, à Kangerlussuaq et le retour prochain vers Paris.
À la fin du repas, c’est au tour de Yamila, la « maîtresse de maison » à bord, de nous dire au revoir, accompagnée de toute son exceptionnelle équipe hôtelière.
Après le dîner, la valse des bottes débute. Chacun rapporte ses confortables chausses de caoutchouc si indispensables dans les voyages polaires. Un air de nostalgie plane dans les coursives et nombreux sont les passagers qui prolongent la soirée au salon pour profiter encore, jusqu’à la dernière minute, de ce grand et beau voyage très loin, au nord du Nord.
Nous nous réveillons, comme prévu, dans le fjord de Kangerlussuaq, C’est l’un des plus importants du Groenland. Il s’étire sur environ 190 kilomètres, jusqu’au détroit de Davis,
Nous profitons de cette dernière matinée de navigation pour assister, au salon panoramique, à un feedback en images de notre voyage. Christophe Bassous nous a préparé une sélection des moments forts, colorés, amusants, touchants, que Xavier commente avec dynamisme et humour. Les photos défilent mais les souvenirs resteront longtemps. Les unes nous font sourire, même éclater de rire, d’autres nous émerveillent laissant place à l’intensité de l’émotion des moments vécus. Ces derniers instants partagés sont empreints de convivialité autour d’une même passion, celle du Grand Nord.
L’Ocean Nova poursuit sa progression dans le fjord, sur la rivière Qinnguata Kuussua. Celle-ci, alimentée par l’eau de fonte du glacier Russell et de l’inlandsis, transporte des limons sur plusieurs kilomètres.
De larges volutes de sédiments opalescents ensablent le port dans lequel le bateau s’ancre. Les contrastes de couleurs de ce paysage, par ailleurs aride et sec, sont envoûtants.
Loin, dans les lumières du Nord, nous avons eu tout loisir d’apprécier le moment présent, d’être au plus proche de la nature sauvage et des communautés accueillantes. Demain, nous retrouverons notre quotidien avec le sentiment d’avoir vécu pleinement un voyage extra-ordinaire.
Notre avion décolle. Une dernière fois nous admirons la calotte glaciaire du Groenland…
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Bon voyage papa
Bisous
Virginie
Bon voyage à Mamiche et Titor.
Boby
Bon « dernier GRAND VOYAGE » à ma Maman « Mamiche » (Michette TORDEUR-NICOLAS – 91 ans !!!) qu’elle a attendu longtemps et qu’elle affectionne tant ! … puisque postposé depuis 2 ans (Covid) ; ainsi qu’à mon frère Titor (Serge NICOLAS) qui l’accompagne pour ce chouette périple dans le grand Nord.
J’espère qu’elle peut participer aux « sorties Zodiac » malgré son grand âge (avec aide) et profiter au maximum de ce voyage qui lui tient tant au cœur !
Bizouxxx à eux deux et à vous tous.
Mireille.
Bonjour à tous plus particulièrement à Justine Christophe et Xavier nous suivrons ce voyage tant rêvé mais trop de souvenirs houleux encore .
Amicalement et Bises à tous.
Coucou papy (Georges BOLZER). On te suis sur le carnet de voyage. On espère que tout se passe bien et que tu profites.
Bisous
Roméo et Lila
Belle navigation à Andrée Lemarié avec pas trop de houle. Amasse les souvenirs et fais de belles photos qui manquent beaucoup dans ce carnet de voyage à tous ceux qui t’envient.
Bisous et profites
Bon séjour à mon voisin Georges de Langueux
Bon séjour à mon voisin Georges de Langueux
Bon voyage à tous et particulièrement à Mamiche et mon « dubble beauf ». 🙂
Profitez et ramenez nous de belles photos ! Bisous
Bon voyage Andrée fais comme d’hab rapporte de belles photos
J’ai été contrainte d’annuler cette croisière pour raison de santé … avec beaucoup de regrets !
Une bise à Christophe (mon totof) et Xavier
Coucou papi et mamie (Edith et Gilles DAVID). On est bien revenus de camp. C’est bientôt la rentrée.
On espère que vous profitez bien de ce magnifique voyage.
Gros Bisous.
Max et Pierrette te souhaitent un anniversaire plein d’instant merveilleux dans le Grand Nord.
Bisous.
Belle et intéressante expédition !
Heureux voyage et beaucoup de plaisir à Lucie ; mes compliments à l’équipage pour le travail accompli
C’est un plaisir de lire ce récit de voyage et d’imaginer Georges entrain de vivre cette merveilleuse aventure. On t’embrasse.
Coucou Grand-Ma et Opa, j’ai hâte de vous revoir. Tout le monde va bien ici. Bisous, Éric B F
Que de belles découvertes déjà ! Profitez de cette navigation polaire et de toutes ces belles observations. Nous vous souhaitons un excellent voyage au bout du monde et vous embrassons papa et maman. Bises à Christophe, Xavier, Marianne, Lucy et tout les autres !
Petit coucou à Justine
On compte sur toi pour nous ramener de superbes photos. Bon séjour.
Bonne anniversaire maman 🙂
Laurent Jalabert
Un coucou du 62.
Profitez de ce merveilleux voyage.
Bisous à vous deux.
PS : Passez le Bonjour à Titou.
Petit coucou à Audrey la part de la meilleure petite sœur du monde !
Ne tarde pas trop à rentrer, on ne garantit pas que ta chambre restera vide 😀
Et pense à nous envoyer des photos pour que tes parents et moi même situions bien !
Bisoooous
Claire
Je suis avec intérêt et un peu d envie ton fabuleux voyage mon amie Mireille. Je ne doute pas que tu aies la crampe du photographe et que tu ramènes de magnifiques photos
Profite bien et gros bisous
Danielle
On regrette de ne pas être venus, on est en admiration devant ces paysages grandioses ! Couleurs, contrastes, récits à gogo. Bravo aux rédacteurs qui allient poésie et l’art d’écrire (sans aucune faute !!!).
Gros bisous papa, papy, profite !!!
Quel magnifique voyage au bout du monde !
Bravo pour les photos et le carnet de voyage.
De gros bisous à Xavier qui nous manque 😘
Ses Claudine
Alles Gute zum Namenstag papi Gilles
Und Grüsse aus Frankfurt
Bonne Fête papa (Gilles David) et bonnes observations !
Bonjour,
un grand bravo à toute l’équipe pour la qualité des récits et des photos.
Un petit coucou à Audrey.
Bonne continuation autour des icebergs. De notre côté nous allons mettre le cap vers la Sicile.
Bises.
Hello, toujours aussi chaud dans la Drôme, profite de la fraicheur du grand nord et des paysages de glace tant que celle-ci tient !!!
Amicalement,
Yves
Coucou Papy (Georges BOLZER). On espère que ton voyage continue de bien se passer. On a fait notre rentrée des classes et tout s’est très bien passé. on te racontera cela à ton retour.
Gros bisous Papy
Roméo et Lila
On pense beaucoup à vous et à tout ce que vous découvrez. Prenez bien des photos pour nous les montrer à votre retour.
Paul André et France-Lyse
Coucou les papa et maman Poitevins (Daniel et Michelle) ainsi que l’équipage et tous les croisiéristes. Profitez bien des paysages et de la faune. Mollo sur les photos 😉 il faut aussi regarder avec les yeux !! Bonne continuation et bises de nous 4.
Un coucou lyonnais à nos cousins Monique et gilles,,, ,Attention tout de même à la crampe du photographe!!peu importe ,vos photos sont d’une extrême qualité ,des souvenirs extraordinaires que vous nous faites partagé au retour.
un grand merci pour les rédacteurs, qui avec la précision du détail et avec une certaine poésie nous plongent dans ce voyage passionnant .
bonne continuation
Bises
MIJE
Goedendag Audrey! J’espère que tout se passe bien et que la croisière te plaît. Hâte de voir tes jolies photos et que tu nous racontes tout ça ! Il faudra que je voie s’il y a besoin que je passe à mi-temps pour relire ton œuvre en 5 volumes / ton livre photos. Et je mettrai à ton service mes connaissances en ornithologie, avec un immense plaisir comme d’habitude 😁
Ici tout va bien. Les parents partent (encore !) en vacances. Départ pour la Big Apple pour moi aujourd’hui. Je vais passer les auditions pour Vaniania, a piece of cake comme on dit là bas.
Si tu croises des manchots qui volent au Groenland, tout va bien. C’est juste qu’on a eu Guillaume sur Skype, les miracles existent! 😄
A très bientôt
Claire
PS: ta chambre est notée 5/5 sur AirBnB
Carnet de voyage passionnant à lire! Merci aux rédacteurs)
Et mille bisous à Odile,
tout est OK à Ribo,
maman papa
A Papa – Papy Princesse (Georges Bolzer).
Heureux de voir que tout se déroule pour le mieux !
Aujourd’hui le (sans doute ?) doyen du voyage fête ses 56 ans de mariage !!! Félicitations ! Il faudra fêter ça en rentrant !
Gros bisous de Corinne, Yann, Sarah et Nathan + Lola
Nous espérons que tout se passe bien pour vous. On se réjouit de vous revoir. Gros becs de Vouvry. Evan, Théo et Sarah
Pour Gilles et Monique L.: Régalez vous … J’espère que nous pourrons nous voir à votre retour… votre voyage semblant répondre à vos attentes.. A bientôt et mes amitiés à Justine, Christophe et Christiane
Merci pour ce beau carnet de voyage.
Bonne fin de voyage à tous;un grand bonjour à Andrée Lemarié qui j’espère aura l’occasion de photographier des narvals sur ce voyage.
Tellement enthousiasmés par notre croisière sur l’Ocean Nova cette année au Spitzberg fin juin, nous suivons avec attention votre croisière au Groënland et nous avons décidé d’y participer l’an prochain.
Merci à Christophe, Fabrice, Vincent, sans oublier le reste de cette équipe aussi compétente que sympathique !
Magnifique reportage… ça fait envie ! Bon retour à tous.