Nathanaël Vetter
Arctique et Antarctique
29 juillet
8 août 2019
Croisière "Au Nord du Spitzberg"
Nathanaël Vetter
Arctique et Antarctique
Photos d’illustrations, prises lors de précédentes croisières au Spitzberg. Les photos de la croisière seront mises à disposition lorsque le voyage sera terminé. Le manque de connexion internet nous empêche de recevoir les photos en temps réel.
Longyearbyen / Ymerbukta – 78°14’N ; 15°38’E
Pour ce nouveau départ vers le Grand Nord, l’équipe d’expédition et les passagers de l’Ocean Nova et du Polaris se sont retrouvés à l’aéroport de Paris Charles de Gaulle dès 5h30 du matin, pour un décollage prévu à 8h à bord de l’avion de la compagnie ASL spécialement affrété par Grands Espaces, direction Longyearbyen.
Quatre heures plus tard, c’est par un ciel presque entièrement dégagé que les passagers découvrent l’île du Spitzberg, ses glaciers et ses reliefs, lors de l’approche finale de l’avion.
L’archipel nous accueille avec une température plutôt douce pour la région (11°C). Nous sommes maintenant par 78° de latitude nord, et il est temps de rejoindre le port afin de déposer les bagages dans nos embarcations respectives. En ce qui nous concerne, il s’agit du yacht polaire Polaris I.
Avant d’embarquer à bord, première excursion, en bus, afin de découvrir la vallée de l’Advent, « l’Adventdalen » et la « capitale » du Spitzberg, Longyearbyen avec ses baraques sur pilotis profondément ancrés dans le permafrost ou pergélisol, l’UNIS : l’Université la plus septentrionale du monde, mais aussi ses mines de charbon, son église et ce panneau désormais célèbre placé à l’entrée et à la sortie de la ville et qui nous indique qu’ici, nous sommes au royaume de l’Ours Blanc.
Après un temps libre en centre-ville, embarquement à bord du navire dès 17h15, les passagers découvrent ce qui sera leur nouveau chez eux pour les 10 prochains jours. Briefing de sécurité obligatoire du commandant, suivi de celui des guides, Nathanaël le chef d’expédition, et Nicolas guide naturaliste. Le cap est mis sur Ymerbukta, à la sortie de l’Isfjord, et son glacier Esmarkbreen.
L’arrivée se fait pendant le diner, suivi d’un premier bain d’air frais sur le « sun deck » avant, pense-t-on, un repos bien mérité après cette longue journée… mais nous sommes au Spitzberg, et la nature ici réserve bien des surprises. Une tache blanc crème se dessine sur un ilot rocheux face au front de glace : premier soir, premier ours ! Il est 21h30, mais peu importe, nous sommes en croisière expédition, et en quelques minutes, deux zodiacs sont à l’eau, et les passagers embarquent pour une approche lente vers cet ours endormi sur son ilot.
Arrivés à quelques centaines de mètres, celui-ci nous remarque d’un œil endormi. Après quelques minutes il se lève, hume l’air, fait quelques pas, puis se rallonge, un peu perdu. Une nuée de sternes arctiques virevoltent au-dessus de lui. Nous ralentissons encore l’allure jusqu’à l’arrêt, le temps de le laisser s’habituer à notre présence. Après quelques minutes, de nouveau il se lève, fait quelques pas hésitants, s’assoit, refait quelques pas…
Visiblement quelque chose ne va pas chez cet ours : il semblerait qu’il boite du membre postérieur droit. Nous sommes encore à une bonne centaine de mètres, mais nous décidons d’en rester là.
Probablement blessé, donc stressé, il n’est pas question d’en rajouter davantage. Nous le laissons et décidons de poursuivre notre croisière zodiac vers le front de glace.
Le soleil perce les nuages juste au-dessus du glacier et nous baigne d’une chaude lumière : un moment parfait pour des photos ! Il fait bon, les glaçons pétillent autour de nous, le temps passe sans que l’on s’en aperçoive et nous emmène jusqu’à 23 heures. Il est temps de rentrer sur le Polaris I, afin de profiter enfin d’une bonne nuit de sommeil, après cette première journée bien
remplie !
Ymerbukta / Poolepynten / St Jonsfjord – 78°17’N ; 13°57’E
Au réveil ce matin le temps est gris, fini les belles lumières que nous avons eu la chance de voir hier… notre chef d’expédition décide de mettre le cap à l’Ouest et sortir de l’Isfjord. Au bout d’une bonne heure de navigation, la visibilité est même très réduite : nous sommes en plein brouillard. La mer est formée, nous avons quartier libre dans nos cabines pour éviter le mal de mer.
Peu après le repas de midi, alors que nous sommes abrités depuis déjà une bonne heure par la grande île qui protège la côte ouest du Spitzberg, nous mouillons à Poolepynten et allons débarquer à terre.
Arrivés sur le rivage, la quantité de bois flotté nous interpelle, puis c’est un petit renard polaire qui fait son apparition… mais au final nous sommes ici pour aller observer une bonne quarantaine de morses qui sont avachis sur le sable. Quelle observation ! Les morses sont très actifs apparemment aujourd’hui, quelques chahuts et vocalises parcourent la colonie… puis trois morses qui étaient en mer sortent de l’eau et nous offrent un beau spectacle.
Après plus de deux heures à les observer et à profiter de cette première sortie, nous rentrons à bord, cap sur le St Johnsfjord. Le plafond est toujours assez bas, mais le vent est nul, nous avançons dans ce fjord d’une vingtaine de kilomètres, jusqu’au fond, où les glaciers ont jeté en mer quantité de glace. Sur cette glace nous observons plusieurs phoques barbus, et nous arrivons même à les approcher assez près avec le Polaris.
Nous mouillons avec la vue sur les deux grands glaciers du fond du fjord : Konobreen et Obsbornebreen. L’ambiance est magnifique. Nous profitons de la bonne cuisine de Jérôme avec une vue imprenable sur les glaces du Spitzberg !
St johnsfjord : Osbornenbreen / lagune de Charlesbreen / Gjertsenodden / Gaffelbreen
78°33’N, 13°08’E
Le petit déjeuner est servi à 8h, et les passagers du Polaris se réveillent dans le St Johnsfjord, face au glacier d’Osborne. Le temps est splendide, le bleu domine le ciel et quelques nuages bas s’accrochent aux reliefs qui bordent le fjord.
À 9h, deux zodiacs sont à l’eau et accueillent les passagers pour une croisière le long du front de glace. L’occasion de découvrir sur le chemin quelques beaux icebergs aux formes indescriptibles. De temps à autre, des bruits sourds surgissent du glacier, comme des coups de tonnerre : le glacier vit, il est même très actif, et avec le soleil qui brille au-dessus de nos têtes, la distance de sécurité normalement définie à 400 mètres du front de glace, est volontairement augmentée à 500 mètres afin d’éviter tout risque de projection en cas de vêlage d’Iceberg.
Nous contemplons une bonne heure durant ce spectacle, rejoints de temps à autre par des guillemots à miroir qui s’approchent avec curiosité de nos embarcations.
Une fois tout le monde rassasié de ce spectacle, nous faisons demi-tour pour rejoindre à quelques km une lagune au pied d’un autre glacier, le Charlesbreen, sur la rive sud du fjord, dans laquelle on suspecte que des phoques se prélassent au soleil. Et ils sont bien là ! Au fond de cette lagune, des phoques communs – aussi appelé phoques veaux marins – sont posés sur des rochers affleurants, allongés sur leur flanc, la tête et les membres postérieurs relevés, dans une position typique de l’espèce : on dit qu’ils sont en « banane ». D’autres « bouchonnent » dans l’eau, en sortant la tête pour nous observer d’un œil curieux. Certains s’approchent même étonnamment près des zodiacs, avant de replonger pour réapparaitre quelques mètres plus loin.
Le temps de tirer le portrait de ces sympathiques pinnipèdes, et nous nous dirigeons vers la sortie de la lagune, où les remous dus aux courants de la marée montante font remonter les nutriments dont se nourrissent de petits poissons. C’est le festin des sternes arctiques ! Les unes après les autres, elles virevoltent au-dessus de nous, se mettent quelques secondes en vol stationnaire, avant de plonger dans l’eau pour en ressortir un poisson dans le bec. Les cliquetis en rafale des appareils photo rythment cette pêche miraculeuse. Mais le temps passe, il est bientôt midi, et il est temps d’aller se restaurer.
Une fois les estomacs remplis, à peine le temps d’une petite sieste digestive, qu’une nouvelle excursion est sur le point de commencer : ce sera cette fois une marche dans la toundra, à Gjertsenodden, sur la partie centrale de la rive nord du St Johnsfjord !
Nous sommes déposés en zodiac sur une plage, surplombée par une hutte construite en 1960 par Per Johnson, un des derniers chasseurs d’Ours du Spitzberg. Un poêle à bois, un lit, quelques outils, un roman à l’eau de rose, voilà à peu près tout ce que contient cette minuscule cabane fort accueillante au demeurant. Nous poursuivons notre balade en nous enfonçant dans la toundra, l’occasion de découvrir quelques une des plantes à fleurs du Spitzberg : dryades, saxifrages, silènes et autres céraistes arctiques… Nous montons le long d’une moraine, jusqu’à une centaine de mètres d’altitude, et profitons de quelques minutes de silence dans cet environnement exceptionnel. Le temps est magnifique, et l’on distingue les différentes couleurs des strates géologiques sur les reliefs qui nous entourent.
Retour au navire vers 18h pour la seconde partie de la conférence photo de Nathanaël, suivi d’un récap-apéritif qui permet aux guides de revenir sur les caractéristiques particulières des phoques communs rencontrés ce matin ; celles des sternes, ces grands migrateurs qui vont chaque année de l’arctique à l’antarctique, pourtant à peine plus grand qu’une hirondelle.
Après le diner, Morphée devra nous attendre encore un peu, car à 21h nous montons de nouveau dans les zodiacs ! Excursion à pied, cette fois pour longer le glacier Gaffelbreen par sa moraine Est.
Nous faisons même quelques pas sur la glace dans une partie libre de toute crevasse, puis nous nous arrêtons quelques instants pour admirer la vue spectaculaire sur le glacier qui s’écoule dans le fjord. Il est 23h passées et le soleil commence seulement à s’approcher des reliefs, nous offrant cette lumière si particulière aux régions polaires, et qu’on appelle le soleil de minuit…
Magdalenefjord / Fuglefjord / Ytre Norskøya / Hamiltonbukta – 79°28’N, 10°37’E
Après toute une nuit de navigation, nous arrivons au niveau du fjord de la Madeleine ce matin. Nos guides sont déjà aux aguets et sillonnent les alentours de leurs jumelles…
Nous faisons route vers le Sorgattet, l’entrée du Smeerenbourgfjord alors que subitement le Polaris change de cap… peu de temps après, 2 coups de sirène nous avertissent qu’il faut venir sur le pont, il y a quelque chose à observer ! Un ours a été trouvé dans la toundra. Immobile, il n’est pas forcément évident à distinguer. Nous nous armons de nos jumelles et cherchons la bête… c’est alors que Marie-Laure trouve deux autres ours posés sur un névé à 100m au-dessus du premier !!!
Nous les observons un moment depuis le bateau, puis les ours se mettent en mouvement et nous embarquons en zodiac. Nous les suivrons ainsi le long du littoral, il s’agit d’un jeune de 2 ans et sa mère qui fuient visiblement un autre ours plus gros, qui pourrait être un mâle.
Après cette magnifique observation, malgré le vent qui s’est levé et les zodiacs qui ont un peu dansé sur les flots, nous rembarquons et poursuivons notre route.
Nous sillonnons coup sur coup le Smeerenburgfjord, puis le Fuglefjord et arrivons à notre destination pour la sortie de cet après-midi : l’île d’Ytre Norskøya. Nos guides nous emmènent observer des colonies d’oiseaux marins qui ont élu domicile sur cette île tout au nord du Spitzberg. Le point de vue sur le grand large est magnifique et les oiseaux au rendez-vous : nous observons de près mergules, guillemots à miroir et surtout, nos chouchous, les macareux moines !
Le Polaris reprend sa route vers le Raudfjord et nous allons mouiller ce soir dans la baie Hamiltonbukta au pied d’une immense falaise à oiseaux. Ici, des milliers de guillemots de Brünnich viennent se reproduire et ils sont ce soir très actifs. Après un très bon repas, nous partons explorer ces paysages glaciaires en zodiac. C’est alors qu’un ours est repéré par l’équipage qui nous appelle à la radio. Nous filons vers la zone où il a été repéré et prenons le temps de le suivre de près le long du littoral. Il nous offre un magnifique spectacle avec de belles lumières du soir. Après une heure d’observation, il nous faut nous résoudre à rentrer ; l’heure tourne et nous n’avons même pas été devant les glaciers… un dernier détour devant les fronts de glace et toute la troupe rentre au chaud à bord du Polaris pour une nuit bien méritée !
Raudfjord : Bruceneset-Alicehamna / Woodfjord : Mushamna
79°47’N, 11°52’E
Une nouvelle journée commence sur le Polaris, toujours ancré dans la baie d’Hamilton, sur la rive ouest du Raudfjord. Après un copieux petit déjeuner, nous mettons le cap sur Alicehamna, côté ouest du même fjord, pour une marche dans la toundra jusqu’au lac Richardvatnet. La progression sur ce terrain de pierres entre lesquelles subsistent des plaques de toundra et des plantes à fleurs se fait lentement. Nous surplombons bientôt le lac, dont le bleu gris contraste avec les reliefs alentour et auxquels s’accrochent quelques nuages bas. Derrière nous, le Polaris nous attend sagement dans une mer d’huile, pendant qu’imperceptiblement les glaciers Chauveaubreen et Raudfjordbreen s’écoulent au fond du fjord.
Nous redescendons en passant à travers des sols polygonaux, curiosité géomorphologique propre aux régions arctiques, puis longeons la baie d’Alicehamna en ramassant des déchets plastiques échoués sur la plage, que nous ramenons sur le navire dans le cadre du programme « Clean up Svalbard » auquel Grands Espaces participe lors de chaque croisière. Nous bifurquons ensuite vers la péninsule de Bruceneset où repose Erik Mattilas, un skipper norvégien mort du scorbut après un hivernage en 1907-1908, et dont la tombe surplombe la baie, face à l’entrée du Fjord. En redescendant pour rejoindre le navire, nous croisons une autre tombe, celle d’un baleinier, avant d’atteindre une hutte près de la plage, Raudfjordhytta, construite par Sven Olsen, un trappeur suédois, en 1927.
De retour sur le navire, une traversée de plusieurs heures nous attend, la prochaine étape se situe dans le Woodfjord à l’ouest de notre position. En chemin, un petit rorqual fait une brève apparition, ainsi qu’une baleine bleue qui se nourrit au large. Nous l’observons un bon moment, puis continuons notre route.
Nous parvenons à notre objectif vers 18h. Il s’agit de Mushamna, un havre de paix dans lequel seuls des navires de la taille du Polaris peuvent pénétrer afin de profiter de la quiétude des lieux, dans un décor époustouflant de montagnes de grès aux reflets rougeâtres. Après le diner, nous montons dans les zodiacs pour une croisière au pied des falaises de nidification des mouettes tridactyles qui nourrissent leurs poussins d’une quinzaine de jours, suivi d’un débarquement près d’un ensemble de cabanes, l’une d’elle remontant à 1927, construite par le célèbre trappeur norvégien Hilmar Nøis, la seconde, beaucoup plus grande et plus récente, datant de 1987, et utilisée aujourd’hui principalement par les hommes du Sysselmann, qui sont d’ailleurs présent lors de notre visite des lieux.
Le retour vers la baie où est ancré le Polaris se fait à pied, sur des plages surélevées, autrefois situées sous le niveau de la mer, et aujourd’hui largement au-dessus du fait du rebond post-glaciaire.
Woodfjord / Liefdefjord : Lernerøyane / Monacobreen / Hornbækpollen / Texas bar
79°39’N, 14°15’E
Ce matin nous prenons le temps de profiter du paysage encore une fois grandiose de Mushamna avant de lever l’ancre direction le fond du Liefdefjord. Nous voguons sur un véritable miroir alors qu’un de nos guides aperçoit une baleine au loin… ! nous nous rapprochons du cétacé qui s’avère être une nouvelle baleine bleue ! quelle chance ! elle reste autour du bateau pendant une bonne demi-heure et sort même parfois à quelques dizaines de mètres ce qui nous permets d’entendre son souffle si puissant… C’est une superbe observation, cet individu a même l’habitude de sortir sa nageoire caudale avant de plonger, fait assez rare chez les baleines bleues.
Nous continuons notre route alors qu’un épais brouillard couvre tout ce qui nous entoure, nous avançons à tâtons dans cet univers mystique, puis d’une minute à l’autre le fjord se découvre avec ses immenses glaciers comme toile de fond.
Le Polaris se fraie un chemin entre les innombrables icebergs et traverse un chapelet d’îles, les Lernerøyane. Fred, le capitaine, est à la manœuvre, car cela demande un certain doigté de se frayer un chemin dans ce labyrinthe.
Nous arrivons peu à peu devant le mythique glacier de Monaco, devant lequel nous mangeons bien au chaud dans le Polaris.
Cet après-midi, nos guides nous emmènent découvrir le front de glace de ce géant en zodiac. Sur notre chemin s’égrainent les immenses icebergs, quelques phoques barbus approchés de près et de très nombreux oiseaux marins. Il n’y a aucun vent, le temps est une nouvelle fois avec nous.
Ensuite nous repartons avec le Polaris vers notre mouillage du soir, à Hornbækpollen. De nouveau, le Polaris entre par une petite passe (seulement 100 mètres de large) vers les eaux calmes et protégées d’une grande lagune.
Mais la journée n’est pas finie et nous partons faire une petite balade à proximité de la cabane de Texas bar. Celle-ci a été construite la même année que celle que nous avons vue hier soir à Mattilashodden, par le même trappeur, Hilmar Nøis ! Une fois notre petite excursion finie, nous arrivons à la cabane où un comité d’accueil nous attend : Nina et Jérôme nous ont concocté un super apéritif offert par Grands Espaces ! Nous profitons du soleil radieux, de la vue imprenable sur le Liefdefjord et savourons ces instants au bout du monde.
Ce soir, nous dormons au calme dans notre petite baie, et après un magnifique risotto aux champignons très apprécié, la fatigue nous prend et nous allons nous coucher.
Bockfjord : Sverrefjellet / Jotunkjeldene / Woodfjord / Moffen
79°36’N, 12°38’E
Au matin du dimanche, les passagers du Polaris s’éveillent alors que nous sommes toujours au mouillage dans la petite baie de Hornbaekpollen. Rapidement, le navire lève l’ancre et met le cap à l’est, quitte le Liefdefjord pour entrer dans le bockfjord, et rejoint un site géologique particulier : l’un des rares volcans du quaternaire que l’on trouve au Spitzberg, le Sverrefjellet, qui culmine à 506 m. Face à lui sur la côte est, de magnifiques montagnes de grès rouge s’étendent jusqu’au glacier qui ferme le fjord. Rapidement nous sommes à terre, au pied du volcan, et le groupe se divise en deux : pour les uns, ce sera une marche dans la toundra au pied du volcan, dans une zone de riche en végétation et à la rencontre des Rennes du Svalbard, cette espèce millénaire et endémique de l’archipel. Pour les autres, ce sera l’ascension du volcan par le nord, jusqu’au sommet. Dans les deux cas, nous en profitons pour jouer les géologues en herbe : la dernière éruption, estimée entre 20 000 et 100 000 ans, a fait remonter à la surface des cristaux d’olivine. Ceux-ci se sont formés dans les profondeurs de la terre, 20 à 40 km sous nos pieds, et se trouvent à présent intégrés dans les scories qui recouvrent la zone. Un peu plus loin s’étalent des tapis de Cassiope tétragone, aux clochettes étonnamment familières, similaires au muguet de nos latitudes plus tempérées.
Près de 3h30 plus tard, nous retournons sur le Polaris pour le déjeuner. Au programme de l’après-midi, brève dépose à terre pour admirer les sources chaudes situées un peu plus au Sud de notre position. Bien que le site soit déjà investi par la centaine de passagers d’un autre navire, nous prenons un moment pour admirer ces étrangers sources, dont l’eau tiédie par l’activité géologique souterraine contraste avec celle des eaux du Spitzberg, qui dépasse rarement les 8-9 degrés l’été.
La suite de l’après-midi se fera soit le Sun deck du Polaris, par un temps splendide, soit au salon, devant la conférence du chef d’expédition sur l’Ours polaire. Nous avons en effet une longue traversée devant nous, car le soir, nous serons face à l’ile de Moffen, au-delà du 80e degré de latitude nord. L’occasion d’immortaliser le moment face au GPS de la passerelle.
En route, nous croisons une nouvelle baleine bleue, qui sort respirer à quelques dizaines de mètres du navire avant de sonder, pour ressortir 5 à 6 minutes plus tard. L’observation dure une quinzaine de minutes, puis nous reprenons notre route. Nous parvenons devant Moffen vers 21h. L’ile est un sanctuaire et ne peut être approchée à moins de 300m, mais c’est une distance suffisante pour admirer les centaines de morses qui se prélassent sur les plages ou se nourrissent dans les eaux peu profondes alentour, sous un soleil de fin d’après-midi.
Après une bonne heure d’observation, nous mettons le cap à l’ouest, accompagné par les pétrels fulmars, direction le fjord de Smeerenburg, que nous atteindrons dans la nuit.
Virgohamna / Smeerenburg / Smeerenburgbreen / Dei Sju Isfjella
79°43N, 10°54’E
Ce matin, nous nous réveillons enveloppés dans un épais brouillard. Cela laisse le temps, avant de partir découvrir les environs à Nicolas de nous faire une conférence sur les pinnipèdes. Puis vers 10h, le temps s’éclaircit et nous montons dans les zodiacs. Nos guides avaient en tête de débarquer à Smeerenburg, site historique majeur de l’époque baleinière, mais les conditions de vent et la très forte marée descendante, combinée à la présence d’un reposoir sur le littoral ne nous le permettront pas : en effet, il faut laisser au moins 300m de distance entre l’endroit où l’on débarque et là où se trouvent les morses pour ne pas les déranger.
Que cela ne tienne, nous observons les morses depuis les zodiacs, puis filons vers la petite crique à l’Est de Virgohamna. Dans cette baie sont souvent rassemblés des phoques communs et aujourd’hui avec le fort coefficient, ils sont particulièrement nombreux. Avachis sur leurs blocs, ils nous regardent passer tranquillement…
Après ces belles observations et à cause de la bise qui souffle, nous sommes heureux de rentrer nous réchauffer sur le Polaris.
Nous partons vers le glacier de Smeerenburg, nouveau monstre de glace sur notre parcours… mais cela était sans compter le brouillard qui est très dense dans cette partie du fjord. Nous apercevons le front de glace, mais la brume est dense et nous repartons vers le Sud.
À peine une heure plus tard, nous sommes confortablement installés sur le pont dans des chaises longues pour profiter du soleil revenu et de l’absence totale de vent apparent. Nos guides continuent de scanner la côte au peigne fin à la recherche d’un nouvel ours…
Nous profitons d’une belle navigation vers le sud avec un temps dégagé sur la première partie du trajet. Pics et glaciers alternent dans une magnifique ambiance ensoleillée. Puis, un peu plus au sud, le brouillard nous reprend et ne nous quittera plus jusqu’à notre arrivée dans la Baie du 14 Juillet.
Glacier du 14 Juillet / Krossfjord : Lillihöökbreen
79°20N, 11°35’E
Nous nous réveillons dans la baie qui fait face au glacier du 14 juillet, dans le krossfjord. Le plafond nuageux est bas, mais la visibilité horizontale est plutôt bonne et nous autorise une première sortie en zodiac. Dans un premier temps, nous remontons la côte, sur laquelle nous apercevons des rennes aux bois recouverts de velours, ainsi qu’un renardeau de l’année, d’environ 3 ou 4 mois, qui se promène dans la toundra au pied des falaises, dérangeant au passage des oies à bec courts ainsi que des bernaches nonnettes qui s’enfuient à la vue du canidé importun. Il descend même sur la plage, à quelques mètres des zodiacs qu’il regarde avec curiosité avant de continuer son chemin et de remonter entre les rochers.
Nous parvenons ensuite devant une petite falaise sur laquelle nichent quelques macareux moines et des guillemots. Après avoir rassasié notre appétit photographique avec ces volatiles, nous repartons vers le front de glace, que nous longeons sur toute sa longueur. À plusieurs reprises, celui-ci vêle à de gros icebergs dans un vacarme assourdissant. Pas de danger pour nous, nous sommes à bonne distance. Mais quel spectacle !
L’après-midi, le Polaris s’est engouffré plus en profondeur dans le krossfjord, malgré le brouillard tombé un peu plus tôt, car nous voulons tenter malgré tout une approche du glacier de Lilliehöök. Et nous avons bien fait, la météo devant le glacier est bien meilleure, et s’améliorera au fur et à mesure de l’après-midi, pour finir avec un grand ciel bleu qui nous permet d’admirer cet immense glacier dont le front total fait 13 km ! Nous sortons à nouveau les zodiacs et embarquons pour près de 3h d’excursion, parfois dans un brash épais, entouré de bourguignons de glace qui pétillent au passage du zodiac. Le glacier est très actif et certaines parties s’effondrent avec fracas devant les appareils photo.
Après cette seconde excursion de la journée, une visite des entrailles du Polaris est organisée, afin de découvrir le moteur et toute la mécanique qui fait fonctionner notre navire. Puis vient l’heure de l’apéritif. Nous le prendrons sur le sundeck, toujours au mouillage devant ce majestueux glacier, et sous un soleil resplendissant. Nous ne sommes clairement pas les plus à plaindre !
Le navire reprend ensuite sa route, en pendant que nous remontons le krossfjord, une présentation de quelques photos des passagers est organisée. Nous discutons cadrage, lumière, vitesse d’obturation et ouverture avec passion pendant une bonne heure avant que la sonnerie du Polaris retentisse : deux coups, cela signifie qu’il y a quelque chose dehors qu’il ne faut pas rater ! Ce sont deux rorquals communs qui sortent respirer chacun leur tour avant de sonder quelques minutes. Une belle observation juste avant de se coucher…
Trygghamna / Harrietbreen / Alkhornet
78°13N, 13°50’E
Le navire a navigué toute la nuit, entre l’ile du Prince Charles, et l’ile principale du Spitzberg, pour mouiller dans la baie de Trygghamna, face au glacier Harrietbreen.
La première excursion de la journée débute par une sortie zodiac afin de s’imprégner des lieux et préparer un débarquement pour admirer le glacier en toute sécurité. Des phoques veaux marins font la banane sur des rochers à l’entrée d’une petite baie entourée de rochers affleurants, d’ilots rocailleux et de moraines. Le temps est splendide, les sternes s’agitent par endroits au-dessus de bancs de poissons, qu’elles attrapent à coup de bec les unes après les autres. Nous profitons du spectacle puis approchons la moraine frontale du glacier, qui a reculé quasiment au niveau de la côte, et se termine dans une petite lagune reliée au fjord par une rivière qui court entre de gros bourguignons échoués et des restes de moraine. Nous accostons sur les rochers, et grimpons la moraine pour admirer le glacier qui se trouve 500 mètres face à nous. Puis nous approchons prudemment des bourguignons pour quelques photos. Cela fait près de 3 heures que nous sommes sortis, il est temps de retourner sur le Polaris pour le repas de midi.
Suite à cela, les guides préparent l’excursion de l’après-midi pendant que les passagers se détendent dans leur cabine ou sur le sundeck. Mais la sonnerie du Polaris retentit et sort tout le monde de sa torpeur post prandiale : des Bélougas ont été repérés dans le fjord et s’approchent du navire ! Il ne s’agit pas de quelques individus isolés, mais de près d’une centaine de bélougas, en petits groupes, qui passent de tous les côtés, parfois à quelques mètres seulement de l’étrave. Le balai des souffles et des dos blanc crème qui s’agitent partout autour de nous va durer près d’une heure. Une observation exceptionnelle pour ces animaux joueur et sociaux, que l’on appelle également les canaris des mers en référence aux chants complexes qu’ils émettent et que l’on peut distinguer par moment, dans certaines parties du navire. Les appareils photo déclenchent à tout va, et tout le monde est enthousiasmé par cette observation incroyable autant qu’inattendue.
Remis de nos émotions, nous mettons les zodiacs à l’eau pour rejoindre l’entrée du fjord, et débarquer non loin de la falaise d’Alkhornet, qui culmine à plus de 400 mètres et au pied de laquelle des rennes broutent dans une toundra épaisse. Les rennes s’approchent parfois à quelques mètres, ne paraissant nullement troublés par ces étranges bipèdes en anoraks multicolores. Nous grimpons dans la toundra pour approcher la falaise, en haut de laquelle nichent mouettes tridactyles et guillemots de Brünnich.
Nous repérons également plusieurs renards polaires, dont deux renardeaux de l’année qui jouent dans les herbes, à côté de rennes aux bois majestueux qui ne prêtent guère attention à leurs jeux.
Nous redescendons vers le littoral, rejoint bientôt par le Polaris. Nous remontons dans les zodiacs, conscients qu’il s’agit de la dernière fois du séjour, et nous rejoignons le navire, un peu triste d’avoir atteint la fin de notre voyage, mais empli d’émotions, de souvenirs, d’images et de connaissances nouvelles, et avec une conviction renforcée sur la fragilité des écosystèmes polaires qui méritent bien que chacun à son échelle participe à leur préservation.
Le Polaris met le cap sur Longyearbyen, notre étape finale. Nous y parvenons à 21h. Le temps d’une dernière réunion pour un débriefing du séjour, échanger les meilleurs souvenirs, puis viennent les remerciements mutuels de l’équipage, des passagers et des guides Grands Espaces. De l’avis de tous, c’était une croisière très réussie, les objectifs de chacun ont été atteints, et une fois de plus, la magie de l’Arctique semble avoir opérée sur nos passagers, conquis par ces paysages sauvages et cette nature préservée, on l’espère, pour encore longtemps…
Longyearbyen
78°13N, 15°39’E
Nous sommes à quai dans le port de Longyearbyen. Nous redécouvrons cette ville que nous avons quittée il y a 10 jours, mais cette fois le soleil est de la partie. Chacun prépare sa valise, bientôt les bus nous attendrons près du quai. Nous retrouvons les passagers de l’Ocean Nova dont la croisière prend également fin aujourd’hui. Le temps des adieux à l’équipage et à ce valeureux Polaris, si confortable, et qui nous est maintenant tellement familier.
Le reste de la matinée se fera dans le centre-ville, chacun profitant d’un temps libre pour redécouvrir cette étrange ville du bout du monde, avant de rejoindre l’aéroport. Notre vol décolle à 13h30, à peine le temps d’une dernière photo de groupe, qu’il est déjà temps de quitter cet archipel si singulier, si attachant, qu’on y resterait bien encore un peu…
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Merci pour ces récits quotidiens.
Nico je t’embrasse fort et je te souhaite une nouvelle belle expérience enrichie de belles rencontres, animales et humaines.
On pense à toi.
Milles bisous
Sandrine et Matys
BISOUS LILIAN ET NOELLINE belles photos. et nouvelles sympas c est parfait
MERCI DE NOUS FAIRE PARTAGER CES MOMENTS INTENSES AVEC CES BELLES PHOTOS !
SURPRISE PAR LA TEMPERATURE..
BONNE CONTINUATION ET GROSSES BISES POUR CLAIRE MARIE AND CO..
GHIS
Nous pensons bien à vous et vous souhaitons beaucoup de joie pendant ce séjour magnifique…
Bisous à toutes les deux.
C‘est extraordinaire ce que vous vivez…. vous suivons avec beaucoup de plaisir et attendons recit et fotos avec impatience! y et jp
Message pour Nat, Fred (et son équipage) et Nina. Le retour à la vie agitée, et au bruit fut très dur! Heureusement restent les photos( Gérald et Miguel m’ont donné plus de 160 photos), les bons souvenirs des promenades en zodiac, les attentes , les recherches, les vêlages, les marches, la découvertes des oiseaux arctiques. Un grand merci à tout cet équipage même incomplet. Je ne suis pas prête d’oublier ces 10 jours. Bonne fin de croisière, bon retour à Nina et à Fred, bonne dernière croisière à Nat; Amicalement
super chouette de suivre votre aventure à travers vos récits!une bonne nouvelle les résultats d’Ariane sont bons
bisous à vous deux
Coucou les parents!! Alors premières impressions? Gros bisoux tout le monde va bien!