Marianne Duruel
Coordination et Photographie
8 octobre
16 octobre 2013
À bord du Zambezi Queen, Octobre 2013
Marianne Duruel
Coordination et Photographie
En posant le pied au Zimbabwe, nous ne pouvons retenir une triste pensée en pensant à la toute récente hécatombe perpétrée dans le parc national de Hwange par des braconniers. 81 éléphants viennent d’y être assassinés à grand renfort de cyanure… Et combien d’autres animaux, en particulier les prédateurs qui vont s’être nourris sur les carcasses empoisonnées… Mais nous sommes là, c’est déjà une action contre le braconnage car la preuve que nous venons voir des animaux bien vivants. Donc, qu’il faut absolument les protéger pour que les devises du tourisme continuent à arriver… Et bientôt le charme de l’Afrique opère… L’accueil est chaleureux. En route vers le Botswana, nous rencontrons nos premiers babouins, calaos terrestres… Et après quelques habituelles formalités… nous voguons vers le Zambezi Queen et ils sont là : une belle petite famille d’hippopotames et leurs jeunes… les multiples silhouettes sombres des buffles, des éléphants sur les îles… et hérons, aigrettes, tantales, cormorans, jacanas… sur les rives. Bientôt le Zambezi Queen nous apparait tout doré par le soleil qui descend et la magie est là sur fond de soleil couchant… Bienvenue à bord ! !
Après un réveil et un petit-déjeuner face à plus d’une centaine de buffles paisiblement en train de ruminer, c’est notre premier safari au fil du Chobe. Le ton est donné dès le départ : un anhinga harponne un poisson devant nous. C’est l’heure de la pêche et de la chasse : hérons pourprés dissimulés dans les roseaux, jacanas pressés leurs longs doigts de pied bien étalés sur les plantes aquatiques, becs ouverts arpentant à grandes enjambées les berges, aigrettes figées becs tendus vers l’eau, décollages de cormorans des roseaux en rase motte… Impassible, un énorme crocodile régule sa température au soleil tandis que langues bifides en pleine actions de nombreux varans du Nil sont à la recherche d’un repas… Puis une femelle hippopotame et son jeune quittent prudemment la rive pour s’immerger et ressortir un peu plus loin et encore et encore des hippopotames et des buffles, des impalas, des babouins, des pukus, des phacochères, des damalisques… Sur fond d’innombrables éléphants : ils descendent par familles entières vers l’eau fraîche salvatrice… Quelle profusion d’animaux ! Par moments, on ne sait plus où regarder tant les belles scènes de vie sauvage sont multiples… Nous observons longuement les éléphants. Mais il faut quand même déjeuner… Le Zambezi Queen arrive à notre rencontre, nous quittons nos petits bateaux pour continuer notre navigation avec une vue panoramique… de la table… Mais il faut bien dire que les appareils photos n’étaient pas tous au repos pour autant…
Nous avons consacré notre après-midi, au départ du second point d’ancrage du Zambezi Queen pour longer les rives sablonneuses tellement appréciées des crocodiles, petits et grands… Puis une forêt galerie, avant d’arriver à l’un des petits villages namibiens d’où sont originaires les membres de l’équipage du bateau. La visite est joyeuse et complice, certains membres du groupe font un « tabac » avec les enfants du village… Le retour dans la lumière dorée du soir se termine en apothéose au coucher du soleil un verre à la main tandis que quelques impalas viennent prudemment se désaltérer…
Exploration en 4X4 dans le parc national de Chobe où l’aridité et la sécheresse sont « palpables ». Les premières rencontres se font à l’ombre salvatrice des grands acacias ou sur le chemin des rives du Chobe où l’herbe est fraîche et l’eau en abondance. Nous croisons des phacochères, de multiples impalas, des koudous mâles avec leurs spectaculaires cornes spiralées et des femelles avec leurs jeunes… Les familles d’éléphants calmes et concentrées : qui en pleine sieste… qui en plein petit-déjeuner pas forcément facile pour les adultes et beaucoup plus pour les petits qui tètent avec enthousiasme… En descendant du plateau vers le fleuve, les îles sont largement occupées : buffles, éléphants, pukus, cobes à croissant, zèbres… On peut très distinctement discerner les harems d’impalas : un mâle et son harem et des groupes de célibataires aux coups d’œil un peu torves… Nous apercevons bientôt au loin tout un groupe d’hippotragues noirs. Ces grandes antilopes rarissimes, aux cornes si caractéristiques sont là en groupe de 25 à 30 individus. Le pelage est noir chez les mâles et plus clair chez les femelles. Les tout petits sont fauve clair. Ils boivent et disparaissent en courant vers le bush. Très belle surprise !
Mais une autre allait nous être offerte avant le pique-nique sous un grand acacias… Tandis que nous scrutions les rares secteurs ombragés au long de la piste, une fébrilité soudaine a agité le véhicule d’à côté… Ils avaient aperçu un… léopard, un jeune léopard superbe à la décontraction adolescente. Allongé à l’ombre, il avait manifestement le ventre creux. En effet, après avoir suivi avec curiosité ces drôles de boîtes sur roues un peu bruyantes à cause des sortes de grands singes sans poils dedans… Il a semblé projeter d’utiliser les « boîtes » pour faire une percée discrète pour tenter de s’approcher les impalas proches. Il a opéré une sortie féline, mi-rampante toute en souplesse avec arrêts et reprises de progression… Puis il a renoncé à son déjeuner, nous non !
Ce matin, le petit-déjeuner se passe sur fond de navigation lente au rythme des pas des éléphants… Puis nous embarquons dans les petits bateaux. Comme d’habitude, l’avifaune est très riche et cohabite avec des crocodiles de toutes tailles, des tout petits de 30 cm à de beaux spécimens de 4 m. Au fur et à mesure de notre navigation, les scènes se succèdent et par moments on ne sait plus où regarder tant il se passe de choses… Les objectifs photos sont dirigés à droite, à gauche, devant, derrière… Un couple de jabirus déambule sur une berge, un pygargue vocifère se voit disputer son poisson-chat par deux ombrettes, un varan du Nil adulte court après un jeune varan qui n’a pas respecté son territoire, des girafes arrivent au loin, un phacochère se vautre avec délice dans la vase, les hippopotames nous surveillent d’un oeil endormi, quelques buffles mâles couchés dans l’herbe marécageuse de la rive ruminent paisiblement au milieu des jacanas pressés… Un peu plus loin, c’est un peu comme si l’on venait d’ouvrir l’arche de Noé : tout le monde vient boire et ils sont nombreux. Des impalas en grand nombre, des babouins, des phacochères petits et grands et tout un groupe de girafes de tous âges, calmes et concentrées, elles se relaient pour boire.
Le spectacle est superbe et notre présence discrète ne perturbe en rien tout ce petit monde. Après un long moment d’observation et de commentaires nous reprenons notre « chemin » et là, c’est un guêpier écarlate qui fait le spectacle. Passant de souches en souches, il s’élance pour de multiples figures acrobatiques à l’issue desquelles il se repose le bec garni d’insectes. Son met de choix est sans conteste : la libellule.
Comme d’habitude, nous n’avons pas vu le temps passer, cela fait 3 h que nous nous régalons de ce spectacle mais il faut maintenant recharger toutes les batteries… Ranger les appareils photos en « surchauffe » et passer à table…
15H30, après notre causerie explicative, nous montons à bord de nos bateaux d’observation : crème solaire, chapeaux, jumelles, caméras, glacière bien remplie… Tout est paré ! Un anhinga sort son long cou de l’eau, c’est vrai que son nom anglais de « flèche africaine » lui convient parfaitement. Il en est de même du « bec en ciseau » dont la partie inférieure du bec est plus longue que la supérieure. Cela lui permet de « fendre » la surface de l’eau pour pêcher. En anglais, il est baptisé « écrémeur »… Sur une petite plage, ils étaient nombreux à aller et venir, adultes et quelques juvéniles, hier soir. Là, certains pêchent. Nous passons à côté du buffle blessé, manifestement rescapé de puissantes mâchoires dont il garde de belles marques. Il semble aller un peu mieux. De nombreux hippopotames font la sieste tout au bord de l’eau tandis que quelques-uns broutent plus loin. C’est une centaine d’éléphants que nous comptons sur l’île que nous longeons. Ils sortent des arbres de la bordure du parc de toutes parts, en file indienne derrière leur matriarche. Quels beaux animaux ! Si dignes et imposants, ils se sont laissés approcher par nous en toute confiance et ont toujours partagé leur intimité sans restriction. Nous passons sous les arbres de la forêt galerie aux pieds desquels les babouins sont réguliers. Ils sont bien là, succès toujours garanti avec les facéties des petits… Nous filons vers notre lieu de descente préféré des éléphants et là, on pourrait y passer des heures et des heures. C’est toujours le coucher du soleil et la tombée de la nuit qui nous fait regagner le Zambezi Queen. Ce soir, ils sont au rendez-vous : des babouins en plein repas, triant consciencieusement les « cartes de visites » laissées par les éléphants. Après quoi, ils viennent boire un peu pour faire passer…
Les grandes éléphantes matriarches, agitant leurs oreilles descendent rapidement vers l’eau. Elles sont suivies par des adolescents fébriles. Tout le monde, pieds dans l’eau, boit et se rafraîchit, s’arrose, se baigne… Enfin, prudemment, une grande femelle s’arrête tout en haut… Elle est bientôt suivie, par un tout petit éléphanteau. Il se réconforte un peu sous son ventre et ils descendent. Arrivé dans l’eau avec toute la famille, le petit tente de boire avec sa trompe comme les grands… Echec total, il a de l’eau partout sauf dans la bouche… Finalement il se penche, plonge sa bouche dans l’eau et boit avec enthousiasme…
Notre premier safari en 4X4 dans l’Okavango s’est déroulé sous le signe d’une espèce rare : le lycaon. Mais ça n’est pas un unique représentant de l’espèce que nous avons rencontré… Ce qui est bien normal pour un canidé social comme il l’est. Ils étaient 25 dont 14 jeunes d’environ 6 mois… Les petits, pleins de vie, ont un peu chahuté… Quelques déplacements chez les adultes, générant des échanges affectueux, nous ont donné un aperçu du rapport très hiérarchisé qui existe au sein de la meute mais sans aucune agressivité. Nous les avons longuement observé car le moment était privilégié. Ils étaient tous différents au niveau des taches. Nous espérions la mise en place du départ pour la chasse, avec toute la hiérarchie révélée, tout comme le vautour charognard qui attendait patiemment dans un arbre au-dessus son repas… Mais il n’en fut rien. Nous ne savions pas alors que nous allions les retrouver le lendemain matin… En effet, peu de temps après notre départ dans la belle lumière du petit matin, ils étaient là : d’abord à deux puis un tout seul a mangé sur la carcasse d’un impala mâle. Des repas pris à la hâte, oreilles aux aguets, entrecoupés d’observation des alentours, de fuites et de retours… pour repartir en courant entre les buissons… Nous les attendons plus loin, un grand adulte ressort de la savane arborée… bientôt suivi par des jeunes et encore des jeunes, certains sont attentifs, d’autres curieux envers nous, d’autres encore uniquement occupés à jouer… Le grand adulte était en fait la femelle alpha, la mère de tous les petits. Puis d’autres adultes arrivent. Ils sont accueillis avec enthousiasme par les jeunes et littéralement assaillis… Nous assistons en fait à leur nourrissage… L’adulte sollicité régurgite la viande avalée et chacun s’empare d’un morceau ou bien ils tirent à 2 sur le même mais toujours en remuant la queue, sans aucune agressivité… Aucun grognement, que des petits gémissements de requêtes… pour souvent finir en mâchant le même morceau… Une fois tout le petit monde repus, c’est l’heure de la sieste… Nous continuons notre chemin tout sourire…
Le delta de l’Okavango permet de passer très rapidement d’un milieu naturel à un autre : secteurs de marais, savane herbeuse, savane arbustive, savane arborée, savane boisée… Les espèces varient donc en permanence. Les espèces de marais et de rives comme les cobeslechwes rouges endémiques de l’Okavango, les cobes à croissant… Puis les koudous, impalas, zèbres… Les éléphants, eux, sont manifestement plus nombreux en cette saison sèche à proximité des zones marécageuses et des points d’eau… Quant aux félins, ils ont été particulièrement coopératifs… Pour commencer, un jeune léopard qui avait raté sa chasse de la nuit manifestement et tentait de s’offrir un petit-déjeuner, d’abord vers les marais puis vers les secteurs arborés. Il s’est avéré très curieux… Après quoi un lion dans la force de l’âge, une lionne et son fils nous ont fait vivre aussi de beaux moments. Le jeune mâle n’en pouvait plus tant il s’était gavé sur la carcasse d’un hippopotame accidentellement mort après un duel entre mâles… Les deux adultes avaient mangé plus raisonnablement. Nous avons eu droit aux démonstrations d’affection qui unissent les mères à leurs petits, même grands…
La visite des chutes est toujours un moment fort… Aujourd’hui le soleil, d’abord intermittent, met en scène les trombes d’eau dans le secteur de la cataracte du diable. Nous rendons une petite visite à la statue de Livingstone. Puis nous rentrons sous la cathédrale de verdure de la forêt tropicale humide. Cette « parenthèse » dans le bush est créée par un microclimat local vaporisé par les embruns. Au sol quelques « spots » rouge vif ponctuent le sous-bois : « les boules de feu ». C’est bon cette atmosphère rafraîchissante, en cette saison, les oiseaux s’activent… Quatre calaos trompette sont en plein petit-déjeuner. En ressortant, la faille superbement à nue en cette saison, nous permet de bien nous rendre compte du spectaculaire site géologique. Le basalte est zébré de petites chutes toutes en hauteur qui permettent de bien voir la hauteur vertigineuse : 108 m… En contrebas, deux rafts et un minuscule kayak font le spectacle. Un peu plus loin, sur le célèbre pont entre le Zimbabwe et la Zambie, cher au cœur de Cecil Rhodes, passe un train… Naturelle ou humaine, que l’Afrique est belle !