Adrien Brun
Ornithologue
25 février
20 mars 2019
À bord du Sea Spirit
Adrien Brun
Ornithologue
Destination Ushuaïa
Il est 10h00 lorsque neuf des douze passagers retrouvent leur guide Adrien à l’aéroport de Genève. Enregistrement, sécurité, embarquement et envol pour Rome. Le ciel totalement dégagé donne lieu à un superbe survol des Alpes couvertes de neige et irradiées de soleil. Elles laissent ensuite place d’un côté, aux grandes plaines italiennes et de l’autre à la Méditerranée et aux reliefs corse. Un retard conséquent de l’avion suivant oblige le groupe à attendre jusqu’à deux heures du matin pour s’envoler à nouveau, direction Buenos Aires. Quatorze heures de vol pour traverser l’Atlantique.
Freddy, Claude et Jean-Marc, qui devaient retrouver le groupe à Buenos Aires se sont déjà envolés pour Ushuaïa. Quant à lui, le groupe parti de Genève se dépêche de changer d’aéroport pour son dernier vol vers la ville du bout du monde. Encore quelques heures de retard. Décidément, nous jouons de malchance ! Il est alors 21h00 lorsque l’avion atterrit. Le temps de rejoindre l’hôtel, de manger un bout et chacun va profiter d’une nuit bien méritée après cette première étape éprouvante du voyage.
Terre de Feu
Réveil à l’hôtel Arakur qui offre une vue plongeante spectaculaire sur Ushuaïa, le détroit de Beagle et en face, les côtes chiliennes. Un vent fort souffle et couvre la mer d’écume.
Nous voici tous les treize enfin réunis, mais pas pour longtemps. Sept d’entre nous partent pour une excursion au Parc National de la Terre de Feu pour y découvrir les paysages, l’histoire et la faune de ces terres mythiques. Pendant ce temps, Philippe, Murielle et Gérard préfèrent quant à eux passer la journée à découvrir les rues d’Ushuaïa. Pour les trois derniers, le programme est tout autre. Jean-Marc et Claude ont eu la mauvaise surprise de voir leurs valises stoppées à Buenos Aires. Adrien reste avec eux pour les aider à résoudre ce problème, car trois semaines en Antarctique sans ses valises n’est pas vraiment envisageable ! Heureusement, nous avons le soulagement de les voir arriver avec l’avion de la mi-journée.
Tout le monde se retrouve finalement à 16h00 sur le quai devant le Sea Spirit, ce magnifique bateau à bord duquel nous allons élire domicile pour les trois semaines à venir. L’accueil est chaleureux ! Chacun prend possession de ses quartiers et se retrouve dans la salle de conférence pour une première intervention de notre chef d’expédition, Ab. Il nous souhaite la bienvenue, nous présente l’équipe de guides et nous enchaînons par le classique exercice d’abandon du navire sans lequel nous ne pouvons quitter le port.
Il est ensuite temps de découvrir la succulente cuisine de notre chef Francis, qui nous fait le plaisir de sa compagnie pour partager sa passion pour la cuisine.
Dernière étape de cette journée bien remplie, la remise de la parka et des bottes, deux outils indispensables pour le bon déroulement de cette croisière. Dehors, le soleil est couché, une nuit opaque se pose sur le détroit de Beagle que nous n’allons pas tarder à quitter pour le détroit de Drake. Le vent semble être tombé, la tempête s’est éloignée, voilà qui est un peu rassurant !
Le Drake
Premier réveil à bord du Sea Spirit, sans annonce. Chacun a donc le temps de se réveiller, mais nombreux sont les lève-tôt encore sous l’effet du décalage horaire. Le bateau roule lentement mais sûrement. Bien que ces eaux de réputation les plus turbulentes du monde sont aujourd’hui particulièrement calmes, une houle insidieuse fait progressivement une première hécatombe parmi les passagers. Le restaurant est bien peu rempli au moment du petit-déjeuner. Chacun y va de ses cachets, patchs et autres bracelets pour enrayer le mal de mer en attendant de s’amariner.
Malgré cela, la première conférence de la journée bénéficie d’une grande audience. Sarah nous présente une introduction à l’Antarctique à travers les différents records que détient ce continent : le plus froid, le plus venteux, le plus haut, le plus sec. Une pause avant la prochaine conférence permet d’observer les premiers oiseaux dont le mythique Albatros hurleur et ses trois mètres cinquante d’envergure. Il y a peu d’oiseaux, mais d’autres espèces passent à proximité telles qu’un Albatros à tête grise, des Prions ou encore des Océanites à ventre noir. Puis, John nous donne ses premiers conseils de photographe pour que chacun soit prêt à réaliser les plus belles images possible lors des premières excursions.
Un bon déjeuner, du temps pour se reposer ou sortir profiter du beau temps, un bon quatre-heure au bar et nous retournons en salle de conférence pour écouter Ab, notre chef d’expédition, nous présenter les trois espèces de manchots que nous pouvons observer en Péninsule antarctique : le papou, le jugulaire et l’Adélie.
Enfin, à 18h30 a lieu notre premier « récap », qui deviendra rapidement une habitude. Cela permet de revenir sur les évènements de la journée et de parler du programme du lendemain. C’est Eloisa qui commence par nous parler de la convergence antarctique, que nous sommes en train de traverser. Elle correspond à cette zone où les eaux sub-antarctiques rencontrent les eaux froides et riches antarctiques. Elle signe la véritable entrée dans la zone biologique antarctique avec tout le faune qui y vit et dont la survie est basée sur un animal : le krill. C’est de lui que Sarah nous parle ensuite en nous décrivant sa biologie, son importance capitale dans la chaîne alimentaire et les graves conséquences que pourrait avoir une surexploitation de cette ressource par l’homme. Ab prend finalement la parole pour nous présenter le programme de demain. Si nous continuons à ce rythme, nous serons demain après-midi dans les Shetlands du Sud pour notre premier débarquement !
À peine ce récap terminé que la voix de notre maître d’hôtel résonne pour nous inviter au dîner qui une fois de plus sera excellent ! La journée se termine par un moment agréable au bar avec Peter nous régalant de ses mélodies au piano avant la projection du magnifique documentaire de Luc Jacquet « La glace et le ciel », retraçant l’histoire extraordinaire de Claude Lorius et de sa découverte des archives climatiques dans les glaces de l’Antarctique.
Premier débarquement
Ce matin, quelques chanceux ont été récompensés par leur courte nuit. Levés avant 7h00, ils ont pu savourer un somptueux lever de soleil sur les eaux calmes du Drake. Car oui, le détroit de Drake est encore plus calme qu’hier ; « Lake Drake » comme le dit un dicton anglophone local. Un début de journée avec du ciel bleu et les rayons du soleil, quel luxe !
Après le petit déjeuner, nous nous retrouvons dehors à observer les Damiers du cap dont un groupe d’une quinzaine d’oiseaux virevolte autour du bateau. C’est l’heure des premières photos naturalistes dans un froid glacial avec même les premières chutes de neige du voyage. Il nous faut cependant écourter cette séance d’observation pour nous rendre en salle de conférence pour deux présentations obligatoires : la première concerne l’Association Internationale des Tours Operateurs en Antarctique, plus connue sous l’acronyme IAATO, et les règles à respecter pour toute opération en Antarctique, la seconde concerne les règles à suivre pour les débarquements en zodiac.
Sur des eaux aussi calmes, nous avons pu faire bonne route, à pleine vitesse. Si bien qu’à la mi-journée, nous voyons les côtes enneigées et englacées des îles des Shetlands du Sud se dessiner à l’horizon. L’enthousiasme gagne petit à petit tout le monde devant la beauté des paysages et surtout les baleines qui accompagnent cette approche : quelques baleines à bosse et surtout trois Rorquals communs qui ne cessent de souffler et de montrer leur dos et leur aileron dorsal fourchu à la surface de l’eau. Quelle belle entrée en matière ! Les Sternes antarctiques, les Cormorans antarctiques et les Océanites de Wilson se joignent à ce magnifique spectacle. Nous avons si bien navigué, que nous sommes même en avance sur notre emploi du temps. Il est donc décidé d’annuler la réunion prévue à 14h30 pour passer directement aux choses sérieuses : notre premier débarquement ! Celui-ci a lieu sur la petite île de Barrientos, dans le canal des Anglais, entre les îles Robert et Greenwich.
À peine le premier pied posé à terre que le spectacle est là : des centaines de Manchots papous et à jugulaires nous entourent. Ici des parents nourrissant les jeunes, là, des jeunes courant après leurs parents, là des Labbes antarctiques rodant autour des colonies, là de jeunes Pétrels géants marchant à quelques mètres de nous. C’est incroyable et ça continue comme ça durant les deux heures et demie que nous passons sur place. L’activité sur cette île est frénétique. C’est là tout l’avantage de venir en fin de saison avec ces jeunes oiseaux curieux qui vous passent tout près. Au milieu de tout ça, les Chionis ou Becs-en-foureau, ces poules blanches de l’Antarctique qui sont les éboueurs des colonies de manchots. Et puis, clou du spectacle… le Léopard de mer ! Les kayakistes nous annoncent à la radio la présence d’un léopard autour d’eux. Puis nous le voyons prendre en chasse un manchot, l’attraper et le secouer dans tous les sens pour le dépecer et se régaler de la chair de l’oiseau. Il rode dans les hauts-fonds guettant les oiseaux revenant de la pêche ou se mettant à l’eau. Il repasse à l’attaque une, deux, trois fois pour un total de quatre manchots capturés en l’espace d’une heure et demie ! Fabuleux ! Il faut rajouter à cela quelques Otaries à fourrure sur les rives d’en face, le tout dans une ambiance un peu féerique avec le vent faisant voler les milliers de plumes des oiseaux en mue, comme s’il neigeait, et qui finissent par tapisser le sol.
Nous rentrons au bateau absolument ravis par un si riche spectacle. Le temps de boire un chocolat chaud, avec ou sans rhum (!), et nous nous rendons en salle de conférence pour le Pot du Capitaine, au cours duquel ce dernier, Oleg Tikhvinsky, nous accueille officiellement et chaleureusement à bord du Sea Spirit et nous présente l’excellent équipage qui permet le bon fonctionnement de ce bateau.
Un bon dîner, un film pour ceux qui veulent et au lit car demain la journée s’annonce chargée : trois sorties prévues dont la première à… 6h30 ! Alors bonne nuit !
Détroit de Gerlache
5h30… Norah Jones résonne doucement dans les cabines pour un réveil en douceur. Puis la voix de Tina, notre coordinatrice de croisière, prend le relais pour nous rappeler que dans une heure, les premiers d’entre nous embarqueront dans les zodiacs. En attendant, quelques viennoiseries nous font patienter au bar tandis que le ciel et la mer, qui est d’huile, se colorent de rose à mesure que le soleil monte. Au moment de monter dans les zodiacs, les premiers rayons dépassent les montagnes et contrastent le paysage de bleu et de blanc. Tout est calme et nous arrivons dans cette magnifique lumière sur les rives des Rochers d’Hygruga, une toute petite île à l’entrée du détroit de Gerlache. À peine arrivée que nous tombons nez à nez avec un beau mâle d’otarie à fourrure qui se prélasse devant nous. En voici d’autres, des femelles, des jeunes en train de jouer dans l’eau, et c’est le début d’une incroyable journée. Le paysage alentour est grandiose, couvert de glace, et devant nous les colonies de Manchots à jugulaires et de Cormorans antarctiques. Qu’il est difficile de s’arracher à ce lieu avec une si belle ambiance ! Nous rentrons au bateau pour un petit-déjeuner, car la journée ne fait que commencer.
Pendant que nous naviguons vers notre prochaine destination, nous sommes dehors à observer les baleines et les superbes paysages. Soudain, plusieurs d’entre nous ont la chance incroyable de voir deux Baleines à bosse sauter hors de l’eau à de nombreuses reprises ! Les observations de baleines se succèdent à mesure que nous progressons dans cette zone célèbre pour sa densité en baleines à bosse. C’est ensuite l’heure du récap au cours duquel Sanna nous parle de glace et Sarah du programme de suivi des baleines « Happy Whale ». Ab finit par nous présenter le programme de demain, notre dernière journée en Antarctique, car nous devons devancer une tempête qui pourrait sinon nous empêcher d’aller en Géorgie du Sud. Le temps d’aller déjeuner et de s’habiller pour la prochaine sortie : un débarquement sur l’île de Cuverville. Tandis que nous sommes dans les coursives extérieures à attendre d’embarquer dans les zodiacs, ce sont au moins dix Baleines à bosse qui assurent le spectacle autour du bateau. Nous débarquons dans une chaleur estivale. Depuis ce matin, le ciel est bleu, le soleil chauffe et nous voici obligés d’enlever des couches. Nous sommes alors entourés de Manchots papous et pour cause, nous sommes ici dans la plus grande colonie de la Péninsule antarctique : entre 17 000 et 20 000 couples nicheurs ! Quel bon moment ! Nous avons une heure et demie pour profiter de ces colonies, et des nombreux poussins de tous âges et des comportements en tous genres. Ils courent après les parents en quête de nourriture, se rassemblent en crèches pour se protéger des Labbes antarctiques qui nichent au sommet de l’île, suivent certains passagers sans relâche attirés par une lanière, des lacets… Le Léopard de mer qui a surgi derrière un des zodiacs pendant les débarquements continue de roder, mais n’attaque aucun manchot. Nous remontons dans les zodiacs non pas pour rentrer au bateau, mais pour aller voir les baleines qui sont toujours là. Quel spectacle ! Elles surgissent à quelques mètres à peine des zodiacs ! Des adultes et des jeunes, soufflants, restant en surface ou passant sous les zodiacs !
Retour à bord du bateau où nous restons dehors à observer les dizaines de baleines qui arpentent le paysage.
À peine le temps de rentrer, de profiter des quelques douceurs offertes au bar, de contempler les paysages que nous ressortons pour la dernière sortie de la journée : Neko Harbour. Un petit détour en zodiac avant de débarquer pour découvrir un Phoque crabier avec un pelage argenté luisant en plein soleil et puis, surprise (!), un Léopard de mer endormi sur une plaque de glace à quelques mètres de nous. La lumière change à mesure que le soleil descend et nous nous régalons du point de vue depuis le sommet de la presqu’île et du glacier qui l’entoure.
Retour au bateau, pour un simple dîner ?… Non ! Il est 19h30 et c’est l’heure du barbecue. Tout le monde est sur le pont 5, à l’arrière du bateau, pour profiter d’un repas en plein air avec vin chaud, grillades et autres plats toujours aussi bons, le tout en musique et en se repassant le film magnifique de cette journée. Chacun va se coucher fatigué avec des images plein la tête !
Foyn Harbour, Portal Point et Cierva Cove
C’est la voix d’Otis Redding qui nous réveille à 5h30, suivi par Tina qui annonce le programme de ce début de journée. Le réveil est un peu compliqué, mais une belle journée s’annonce. Nous nous rendons rapidement au restaurant pour le petit-déjeuner, car à 6h30, il est déjà temps d’embarquer pour la première excursion de la journée. Après une navigation vers le nord nous nous sortons ce matin à Foyn Harbour, du nom de Svend Foyn, tristement célèbre pour l’invention du harpon explosif pour la chasse à la baleine dans les années 1860. Cependant, une fois dans les zodiacs nous prenons une autre direction, car des Baleines à bosse ont été repérées non loin du bateau. Le temps est très différent d’hier, mais absolument magnifique. Un plafond nuageux bas coupe le haut des montagnes couvertes de glace. Avec les premières lumières du matin, tout est coloré de gris et de bleu, avec de beaux contrastes qui donnent à la scène une ambiance austère. Seuls viennent colorer de quelques teintes chaudes les premiers rayons du soleil sur les sommets. Il y a des souffles, des ailerons et des queues de baleines partout à l’horizon. Elles sont des dizaines et nous finissons par approcher un groupe en pleine pêche. Les voilà qui se rapprochent des zodiacs, ouvrant grande leur gueule pour engloutir les énormes quantités d’eau qu’elles recracheront à travers leurs fanons pour ne garder que le précieux krill qui colore cette eau de rose. Si près du zodiac, si nombreuses, le spectacle est magique ! Nous partons maintenant vers notre destination initiale. Foyn Harbour se situe entre les îles Nansen et Entreprise, dans la baie de Wilhelmina. Nous y observons une colonie de Cormorans antarctiques dont les jeunes sont prêts à l’envol pour finalement arriver à l’épave du Gourvernor. Ce bateau usine baleinier norvégien a sombré ici en 1915. Un incendie s’est déclaré à bord à la fin de la saison baleinière, et les 14 000 tonneaux d’huile présents à bord ont brûlé. Pour sauver son équipage, le capitaine échoua le bateau sur des hauts-fonds pour que les hommes puissent se réfugier à terre et être secourus. Nous nous retrouvons donc flottants au-dessus de l’immense épave qui s’enfonce dans l’eau jusqu’à disparaître. Nous passons par des restes de barques à eau, water boats, dont se servaient ces bateaux pour aller chercher la glace et se ravitailler en eau douce, avant de retourner au Sea Spirit.
C’est alors l’excitation à bord pour quelques passagers motivés, car c’est l’heure du plongeon polaire ! Ils sont au final quelques dizaines de passagers, guides et membres d’équipage à se rendre sur l’échelle de coupée puis le zodiac pour se jeter dans les eaux glaciales antarctiques. Ceinturé par une ligne de sécurité et sous l’œil affûté de notre photographe John, chacun y va de son plus beau plongeon pour ce baptême unique sous les yeux amusés du reste du navire.
En attendant le déjeuner, chacun en profite pour se reposer, boire quelque chose de chaud, ou plutôt rester dehors pour admirer le paysage et les Baleines à bosse qui ne cessent de croiser la route du bateau.
Un déjeuner tôt pour une sortie à 13h00 avec notre second débarquement continental antarctique à Portal Point. Alors que nous débarquons, un jeune Phoque de Weddell nous observe et se prélasse à quelques mètres du rivage sans aucune appréhension, nous offrant un magnifique spectacle durant tout le temps du débarquement. Quelques phoques crabiers, quelques baleines, et après une petite ascension sur le dôme de glace, nous profitons d’une vue époustouflante sur les groupes d’icebergs qui nous entourent et les montagnes baignées de soleil. Retour sur la rive, toujours en compagnie de notre Phoque de Weddell, quand une famille d’Orques passe le long du rivage entre les icebergs. Vision brève, mais saisissante !
De retour à bord du Sea Spirit, Adrien rassemble tout le monde pour une conférence en français sur les oiseaux que l’on peut observer sur les côtes et surtout pendant la traversée de trois jours qui nous attend. Chacun a déjà fait des progrès dans l’identification des différentes espèces côtières et il faut maintenant commencer à s’intéresser aux espèces plus pélagiques. Puis c’est l’heure du dîner, à 18h00, car à 19h00 a lieu une nouvelle croisière zodiac, dans la lumière déclinante du soir. Le ciel est couvert, bas et il pleut un petit peu. Nouvelle ambiance pour de nouvelles observations à Cierva Cove, un site encore un peu plus au nord réputé pour sa glace et ses phoques. Et en effet, un glacier à l’immense front de glace nous accueille. Nous circulons au milieu du brash, cette soupe de glace concassée, à la recherche d’animaux. Et nous observons tout d’abord un Léopard de mer au repos sur un morceau de glace avant d’en trouver deux autres côte à côte et très coopératifs à proximité de deux Phoques de Weddell. Quelle observation ! Inutile de préciser que c’est avec un grand sourire aux lèvres que nous rentrons déguster une bonne soupe chaude au bar. Ce dernier reste plein jusqu’à tard, chacun détaillant les observations et les ambiances incroyables dont nous avons profité durant cette très riche journée.
Ce soir, le bateau prend la route de la Géorgie du Sud. C’est parti pour trois jours de mer. Bonne nuit !
En route pour la Géorgie
Réveil en douceur, sans précipitation, car aujourd’hui est notre première journée de navigation vers la Géorgie du Sud. Nous remontons la Péninsule Antarctique dans une mer relativement calme avec un ciel légèrement couvert. La journée est donc consacrée aux conférences et aux observations.
Pour commencer la journée, après le petit-déjeuner, Sergey nous présente sa conférence « À qui appartient l’Antarctique ? » Bien que la réponse soit bien connue, « à personne », il nous décrit le processus qui a mené au Traité de l’Antarctique, sa mise en œuvre et son possible avenir avec les défis qui vont se présenter dans le futur. Une conférence entre histoire, géographie et politique. Rapidement après cette conférence, c’est au tour de Sanna, qui nous fait vivre le quotidien de son hivernage sur la plateforme glaciaire de Rone dans la Station Haley. Un récit passionnant qui nous a révélé l’expérience et les compétences remarquables de Sanna dans cet environnement extraordinaire. Les questions se succèdent jusqu’au déjeuner.
Une partie de l’après-midi est consacrée à l’observation des oiseaux marins sous un soleil qui fait soudain son apparition pour notre plus grand plaisir. Nous restons à l’abri du vent glacial au pont 4, à l’arrière du bateau. Quelques albatros, quelques prions et sternes se laissent observer sur fond de l’île Elephant. La mer est calme et les conditions tellement agréables que nous restons dehors à observer tandis que Sarah présente les espèces oubliées de l’Antarctique, celles dont on ne parle pas souvent, les plantes et insectes qui bien que rares présentent des adaptations absolument remarquables pour survivre dans cet environnement extrême !
Ce n’est pas par hasard que nous longeons Elephant Island. Nous avons un objectif : Point Wild. Nous espérons pouvoir apercevoir ce site si célèbre, qui a marqué l’histoire de l’exploration polaire. C’est ici en effet qu’après le naufrage du Endurance dans les glaces de la mer de Weddell, Ernest Schackleton a mené ses hommes pour rejoindre la terre ferme. La majorité est restée ici tandis que Shackleton et quelques-uns de ses hommes sont partis pour une épopée incertaine vers la Géorgie du Sud dans l’espoir de revenir avec du secours. Les hommes resteront finalement quatre mois et demi à Point Wild avant l’arrivée des secours. Même si le site restera invisible à nos yeux à cause du brouillard, c’est avec une émotion toute particulière que nous passons à proximité. Nous continuons de nous projeter dans cette aventure extraordinaire après le dîner. En effet, ce soir nous visionnons la première partie du film Shackleton en dégustant le popcorn que nous a concocté Sixto, notre barman. Il est temps d’aller au lit en se faisant bercer par une légère houle.
Traversée vers la Géorgie : jour n°2
C’est parti pour une journée en pleine mer de Scotia ! Cette dernière est relativement calme et les conditions à bord sont agréables. Jusque-là, nous avons finalement eu beaucoup de chance dans nos conditions de navigation. Une fois le petit-déjeuner terminé, tout le monde se retrouve en salle de conférence pour assister au récap que nous n’avons pas pu faire hier soir. Au programme de ce récap, un sujet dont on parle peu et pourtant passionnant : les exploratrices polaires en Antarctique. Vik nous fait le portrait de plusieurs femmes qui ont participé et monté des expéditions en Antarctique. Puis Serguey nous parle de Schackleton et plus particulièrement de son étape sur l’île Elephant. Enfin, Ab nous présente le programme des jours à venir. Pour le moment une tempête passe sur la Géorgie du Sud, du nord vers le Sud, et nous devrions arriver juste après elle. La mer risque donc de s’agiter un peu plus demain. L’objectif est d’arriver au plus vite sur la côte Est, à Grytviken pour passer le contrôle de biosécurité des autorités locales et aller se mettre à l’abri d’une possible nouvelle tempête arrivant de l’Ouest. À la fin du récap, Ab nous présente les différents ateliers qui seront proposés au cours de la croisière : photo, identification des baleines, crevasses et Flipper nous présente son atelier favori : dégustation de vin !
Étape suivante : nettoyage de bio-sécurité en vue de l’arrivée en Géorgie du Sud. On ne peut se permettre de transporter des graines ou des maladies depuis la Péninsule Antarctique jusqu’en Géorgie. Tout le monde passe donc à nouveau ses affaires entre les mains des guides qui à l’aide de leur aspirateur et pince à épiler, enlèvent les moindres éléments suspects de nos affaires. Pendant ce temps, les autres profitent du ballet des oiseaux à l’arrière du navire. Albatros hurleur, Pétrel à menton blanc, Albatros à sourcil noir, Prions antarctiques dont des vols de plusieurs centaines, Pétrel géant et les premiers Pétrels soyeux. Avec eux ce matin, de nombreux Rorquals de Rudophi et de Rorquals communs. Quelques passagers auront même la chance de les voir sauter !
Après le déjeuner, une brume de plus en plus épaisse s’installe à l’extérieur. Nous sommes très probablement au niveau de la convergence antarctique et ce brouillard est la conséquence de la rencontre des eaux plus chaudes subantarctiques avec les eaux glaciales antarctiques. Cela donne lieu à de belles ambiances.
À 13h30, le petit magasin de bord ouvre ses portes pour permettre à chacun d’acheter des souvenirs de leur voyage. À 15h00, conférence de Serguey : un récit détaillé de la vie d’Ernest Schackleton. Et pas le temps de souffler pour ceux que la photographie intéresse, car c’est au tour de John de nous rassembler pour une conférence sur la photographie au smartphone. Surprenant au premier abord, les possibilités sont très étonnantes et les résultats surprenants.
Nous finissons la journée à observer les oiseaux à l’extérieur avant d’aller dîner et de visionner la seconde partie du film Schalkleton.
Au lit, avec un bateau un peu plus agité qui bercera notre sommeil.
Mer de Scotia : jour 3
Le réveil est un peu plus agité ce matin. Il y a des creux de quelques mètres qui font rouler et tanguer le bateau. Il faut se tenir pour se rendre au restaurant qui est partiellement déserté pour le petit-déjeuner. Tandis qu’on commence à observer les premiers oiseaux marins de la journée à l’arrière du bateau, nous nous rendons en salle de conférence pour écouter l’introduction à la Géorgie du Sud que nous présente Sanna. Géographie, histoire, écosystèmes, faune… nous finissons cette présentation encore plus impatients que nous le sommes déjà d’arriver sur cette île hors du commun.
Le soleil fait son apparition et les conditions sont absolument parfaites à l’extérieur. Nous décidons donc de rester dehors tandis que Sarah fait une présentation sur les pinnipèdes en salle de conférence. À l’arrière du bateau, le ballet des Albatros hurleurs est magnifique. Dans des creux de plusieurs mètres, ils volent avec une facilité et une lenteur troublante. Sans un battement d’aile, du haut de leur 3,5 mètres d’envergure, ils sont jusqu’à trois à s’approcher du bateau pour le plus grand plaisir des photographes. Avec eux, quelques Albatros à sourcils noirs, Pétrels de Hall (Pétrel géant du nord avec le bout du bec rouge), Albatros à tête grise, Pétrel à menton blanc, Pétrel soyeux et les premiers Puffinures.
Après un excellent déjeuner, il est possible durant l’après-midi d’enfiler des lunettes 3D pour s’immerger dans un lieu hors du commun : le Pôle Nord. L’occasion pour certains de découvrir images et sons à l’appui, ce lieu mythique inaccessible. Arrive ensuite la projection de la seconde partie du documentaire sur les manchots, avec ces images exceptionnelles réalisées par des caméras déguisées en oiseaux en plein cœur des colonies. Enfin, à 17h00, notre chef d’expédition Ab nous réunit en salle de conférence pour une présentation des oiseaux de la Géorgie du Sud. Cette île est un des grands sanctuaires terrestres pour l’avifaune. Pas moins de 65 millions d’oiseaux marins vivent sur cette île ! Parmi eux, quatre espèces endémiques : le Canard à queue pointue, le Cormoran de Géorgie du Sud, le Puffinure de Géorgie du Sud et le Pipit de Géorgie du Sud. Ce dernier, auparavant restreint à quelques îlots a fait un retour remarquable sur l’île principale grâce au programme d’éradication des rats qui décimaient les populations de pipits et d’oiseaux marins. Ab, termine sa présentation en nous expliquant les précautions que le bateau va devoir prendre à l’approche de la Géorgie du Sud. En effet, la loi impose à tout bateau venant sur l’archipel d’éteindre complètement les lumières extérieures du bateau. Cela implique d’éteindre toutes les lumières de tous les ponts extérieurs, mais également d’obturer toutes les fenêtres. Obligation pour les passagers de fermer les rideaux de leur cabine. La raison ? Nombre des oiseaux de Géorgie du Sud rentrent aux colonies de nuit pour éviter les prédateurs. Or, les lumières peuvent les attirer comme des aimants. Si on ne veut pas se retrouver avec des dizaines d’oiseaux blessés sur le bateau, il nous faut faire ce black-out.
À peine terminée cette conférence que nous allons dîner. À la fin du repas, le chef Francis nous fait le plaisir de sa présence et passe un long moment à partager avec nous le fonctionnement des cuisines à bord de ce bateau.
Nous terminons la journée à parler des différents voyages que propose Grands Espaces en répondant aux questions des uns et des autres, chacun rêvant de sa prochaine destination.
La Géorgie du Sud !
C’est officiel, aujourd’hui à la mi-journée, nous serons en Géorgie du Sud. Après trois jours et demi de mer, nous allons enfin voir les côtes de cette île mythique. Un peu de déception après le petit-déjeuner, car nous sommes dans le brouillard sans pouvoir voir la terre, mais tout laisse à penser que nous sommes au bon endroit. Autour du bateau, des Otaries à fourrure marsouinent un peu partout. Les Albatros hurleurs, à sourcil noir et à tête grise tournent autour du bateau. Sur l’eau, les premiers Manchots royaux. Dans les aires, Pétrels soyeux, à menton blanc et autres Puffinures assurent le spectacle.
Les précautions de cette nuit quant aux lumières du bateau ont porté leurs fruits : aucun oiseau n’est retrouvé sur bateau au lever du jour. Pourtant, dans la matinée, deux Puffinures de Géorgie du Sud atterrissent. Cela est probablement dû à la pluie qui ne cesse de tomber ce matin. Avec cette faible visibilité, ils ont dû apercevoir les quelques lumières du bateau allumées en plein jour et les suivre. Le temps de les ausculter, qu’ils se reposent,et ils seront relâchés.
Finalement, après le petit-déjeuner, le paysage commence à s’ouvrir discrètement. Ab, rassemble tout le monde en salle de conférences pour expliquer les modalités de débarquement et les règles à suivre en Géorgie du Sud. Les autorités en charge de ce territoire sont extrêmement regardantes sur les questions de biosécurité et de respect de la faune. C’est pourquoi nous passons ensuite la vidéo obligatoire qui présente la Géorgie du Sud et les réglementations en place pour préserver la zone.
Arrive ensuite sur le bateau Sarah Lurcock, directrice du South Georgia Heritage Trust (SGHT), qui nous parle de Grytviken où nous allons débarquer, de la Géorgie du Sud en général, et surtout du programme de restauration des habitats qui est en cours ici. Les espèces invasives ont un impact énorme et ici, en Géorgie du Sud, la plus grande menace était les rongeurs qui détruisaient les colonies d’oiseaux. Ces dernières années, ils ont donc entrepris le plus grand programme de dératisation jamais mené. Au bout de presque dix années de travail, ils y sont arrivés. C’est pourquoi désormais les mesures de biosécurité sont draconiennes. Avant d’avoir l’autorisation de débarquer, le bateau dans son ensemble est inspecté par du personnel et des chiens spécialisés. Les passagers sont une fois de plus inspectés pour les matériaux organiques, surtout les graines, qu’il pourrait y avoir dans leurs vêtements, car les plantes invasives sont aussi un autre problème. Et seulement après cela nous avons pu débarquer après une navigation zodiac un peu humide, par les vagues que le vent commence à former. Et quel débarquement !
Grytviken, sa friche industrielle de l’époque baleinière, son musée, sa poste, tout est entouré par des centaines d’otaries, et tout particulièrement par les jeunes de l’année. Très mignonnes, il faut se méfier de ces animaux susceptibles, curieux et bougons, et chacun apprend petit à petit à les apprivoiser. En allant au cimetière contempler la tombe d’Ernest Schackleton et de Frank Wild, chacun peut observer à quelques mètres un jeune Éléphant de mer déjà de bonne taille. Et sur la plage, nos premiers Manchots royaux, dont certains en mue. Les lieux foisonnent de vie, le tout dans un paysage grandiose. Chacun passe des observations, à la contemplation, à la visite de l’excellent musée qui contient notamment une réplique du James Caird, la barque qui mena Schackleton et ses hommes de l’île Elephant à la Géorgie du Sud. Cela permet d’ailleurs de prendre la mesure de l’exploit ! Certains vont à la poste, envoyer une carte du bout du monde. Les deux heures et demie que nous passons sur place sont bien trop courtes et chacun voudrait y passer des jours. Et pourtant, cela n’est que notre entrée en Géorgie du Sud !
Retour à bord du Sea Spirit totalement ravis ! C’est alors l’heure du récap. Sergey nous parle d’un sujet étonnant : la cire d’oreille des baleine. Anciennement rebus des collections muséologiques, cette cire est finalement devenue un outils très précieux pour connaître la vie des baleines. Leur analyse permet d’en retracer l’âge, les pollutions rencontrées et même le stress subit. Ce dernier, mis en relation avec le nombre de prises de baleines par an, montre une incroyable corrélation. Ab prend ensuite la parole pour nous présenter le programme de demain : nous partons au nord pour Fortuna Bay et Stromness.
Dîner, instant musique au bar avec notre cher pianiste Peter et au lit !
Géorgie du Sud : premier jour !
5h45, le soleil se lève sur la Géorgie du Sud et quelques lève-tôt enthousiastes sont là pour contempler le spectacle. Le ciel est bleu. Depuis quelques minutes, le bateau a pris le chemin de notre prochaine destination, après une nuit à Grytviken. Voici les premiers rayons de soleil qui colorent les sommets enneigés de rose, puis d’orange et de jaune. Le paysage défile devant nos yeux ébahis. Quel changement depuis la Péninsule Antarctique ! Les montagnes sont à leur base couvertes de végétation. Le vert intense des plantes contraste avec les sommets blancs et les falaises grises. Un iceberg puis un glacier… La journée ne fait que commencer et déjà il est difficile de s’arracher à ces paysages pour aller petit-déjeuner, à l’heure du réveil par Tina. « I can see clear now that the rain is gone… »… quelle meilleure chanson pour commencer la journée. Nous avons une fois de plus beaucoup de chance.
Le vent qui souffle assez fort ce matin sur cette côte Est de la Géorgie du Sud disparaît dans Fortuna Bay, le site où nous débarquons, quelques heures de navigation au nord de Grytviken. Le site est immense, grandiose, magnifique. Une plaine verdoyante s’étend à perte de vue, couverte d’animaux, Otaries à fourrure antarctique et Manchots royaux. Tout autour, les montagnes. Le chemin balisé par nos guides nous mène jusqu’à la colonie des manchots royaux. Quel spectacle ! Ils sont des milliers rassemblés ici à quelques centaines de mètres de la côte. Il y a une animation permanente. Les allers-retours de ceux qui partent pêcher, pour nourrir des jeunes de tous âges, certains adultes sont même en train de couver des œufs qui donneront naissance à des poussins, hélas condamnés car trop tard en saison. Mais ce n’est pas une perte pour tout le monde. Labbes et Pétrels géants survolent et arpentent la colonie attentivement à la recherche d’une proie ou d’une carcasse à nettoyer. La marche de retour aux zodiacs permet de découvrir de jeunes mâles d’Éléphants de mer dans les tussacs, ces immenses graminées qui peuvent atteindre deux mètres de long pour un âge de 200 ans. Elles forment de grands champs de touradons, entre lesquels les animaux trouvent refuge. C’est un milieu extrêmement important en Géorgie du Sud. C’est le site de reproduction de nombreux oiseaux tels que le pipit sous les feuilles, ou les pétrels qui y creusent leur terrier, ou les albatros qui peuvent y construire leur nid, sans compter les otaries qui s’y abritent.
Retour au bateau. Chacun est sur un nuage, abasourdi par toute cette richesse, cette beauté !
Le temps de déjeuner, nous naviguons vers le sud à nouveau pour rejoindre Stromness. C’est une ancienne station baleinière très célèbre. En effet, c’est ici que Schackleton acheva son périple à travers la Géorgie du Sud pour sauver ses hommes. Impossible d’aller à moins de 200 m des bâtiments par mesure de sécurité. Une partie du groupe part en randonnée sur une partie du sentier de Schackleton pour aller avoir une magnifique cascade. Les autres restent sur la plage pour observer les milliers d’otaries et autres éléphants de mer. Nous avons la chance d’observer quelques otaries toutes blanches. C’est une forme rare, que l’on dit leucique, qui est due à une dépigmentation du pelage. On estime la proportion de ces individus à un sur mille environ.
Le vent commence à forcir. Nous voyons des tourbillons se former au-dessus de la mer. Les rafales se succèdent et soufflent l’écume des vagues. C’est alors que le capitaine appelle le staff et demande à tout le monde de revenir à bord par sécurité. Les zodiacs se succèdent pour ramener les passagers à bord, au milieu des rafales dont certaines dépassent les 150 km/h ! Nous sommes au cœur de ces fameux vents catabatiques, aussi soudains que violents. Ils se forment sur les étendues de glace où l’air, en se refroidissant, se densifie et se met à couler le long du glacier, se refroidissant et donc s’accélérant encore davantage. Tout le monde est à bord sain et sauf après ce retour un peu éprouvant. On apprécie tous les serviettes chaudes et le chocolat chaud… arrangé ou pas avec du rhum !
Le temps de se sécher et de se réchauffer, nous nous rendons en salle de conférence pour le récap quotidien. Vik commence en nous parlant de l’incroyable migration de la Sterne arctique. Au cours de ses trente ans de vie, cet oiseau d’à peine cent grammes fera l’équivalent de plusieurs allers-retours Terre-Lune à coup de 80 000 km par an pour venir hiverner en Antarctique après avoir niché en Arctique. Sarah nous parle ensuite des plantes et notamment de la Sanguisorbe officinale dont les fruits s’accrochent aux otaries, oiseaux et autres passagers pour mieux se disperser. À noter que cette plante est la seule plante ligneuse (à bois) sur les 25 plantes à fleurs que compte l’île. Elle est également connue pour sa haute teneur en vitamine C qui sauva nombre de marins du scorbut. Et enfin, Tina nous présente le programme du lendemain.
Après le dîner, c’est un bar bondé et bien animé qui apprécie la musique de Peter, pendant que dans la bibliothèque, un groupe attentif écoute Sixto, un verre à la main, pour cet atelier dégustation de vin !
Au lit !
Gold Harbour et Moltke Harbour
Il est bon de se lever tôt en Géorgie du Sud. Comme nous sommes sur la côte Est, le soleil commence par taper sur les montagnes que nous longeons. Il est 6h00, les plus motivés se sont une fois de plus levés bien tôt pour profiter du spectacle. Le soleil perce à travers quelques nuages pour éclairer Gold Harbour sous les averses de neige. Ce site est spectaculaire : sur la plage, la colonie de Manchots royaux, derrière laquelle s’étendent des collines verdoyantes, le tout dominé par des falaises couvertes d’un glacier suspendu. Inutile de dire qu’après le petit-déjeuner tout le monde est très motivé pour débarquer.
Une fois à terre, nous sommes submergés par la faune ! Il y a de tout, partout ! La faune est si abondante que nos guides sont obligés de nous guider pour nous expliquer précisément la zone où nous pouvons circuler, en gardant bien sûr un œil attentif en permanence. Il y a là un groupe d’Elephants de mer mâles. Ils sont impressionnants. Certains commencent même à se battre. Un combat de titans très intimidant par leur taille gigantesque et leurs cris gutturaux. Le long du passage, des otaries, des manchots et des Pétrels géants qui se laissent approcher à quelques mètres seulement sans bouger une plume. Au bout, nous tombons sur la colonie de Manchots royaux. Elle compte plusieurs dizaines de milliers de couples. Une fois de plus, c’est un spectacle incessant. Nous sommes nombreux à observer ces groupes de mâles qui suivent les femelles en bombant le torse, en s’intimidant et en se battant violemment à coup d’aile ! Non loin de nous, un individu en train de couver un œuf. Tout autour de nous, les labbes et les becs-en-foureau assurent le nettoyage des lieux. La neige qui tombe donne à toutes ces observations une atmosphère féerique. Nous ne nous savons pas où donner de la tête tant il y a de choses à voir. Les deux heures passées sur place nous laissent épuisés par tant de richesse.
Nous retournons à bord du bateau totalement comblés. Durant le déjeuner nous sortons de Gold Harbour. La neige cesse, le temps s’éclaircit et c’est dans une ambiance très paisible que nous débarquons l’après-midi à Moltke Harbour. Le site de débarquement habituel est trop houleux et notre chef d’expédition décide d’aller dans une petite baie à proximité où peu de bateaux débarquent. Excellent choix ! Il y a une diversité tout aussi grande que ce matin, mais moins d’animaux, ce qui est également très bien. Nous pouvons arpenter cette immense plage de gravier plus sereinement, en prenant le temps de contempler les animaux et les différentes scènes qui s’offrent à nous. Chacun s’assoit ou se promène dans la douceur ambiante et savoure cette tranquillité. C’est une grande vallée remplie d’otaries, dominée par une cascade et encadrée de montagnes. À l’extrémité de la plage, une petite surprise : un Gorfou doré est installé sur un promontoire rocheux, en train de muer. Il attire les foules qui découvrent pour la première fois cette espèce célèbre pour ses longs sourcils extravagants.
De retour à bord du Sea Spirit, les visages sont fatigués, mais heureux. Tout le monde s’assoit pour le récap et répond un grand « Oui », lorsque le chef d’expédition nous demande si nous sommes contents de cette journée. Sergey prend la parole en s’excusant par avance de nous parler de nouveau de Schackleton ! Il nous parle plus particulièrement de la traversée qu’a faite ce dernier en Géorgie du Sud. Eloisa prend le relais pour nous parler d’une algue : le Kelp. Ce sont de véritables forêts sous-marines qui couvrent les côtes de Géorgie du Sud et qui ont une importance capitale en terme de ressource alimentaire, d’habitat et de protection des côtes. Puis, Ab prend la parole pour nous parler du programme des jours à venir. Bonne nouvelle, nous avons une journée de plus en Géorgie, mauvaise nouvelle, ce sera la dernière. En effet, une tempête arrive et nous promet des creux d’au moins huit mètres si nous restons un jour de plus. Il nous faut donc prendre la route des Malouines demain soir. Il s’avère donc que le choix initial d’écourter l’Antarctique fut excellent. Sans cela, nous n’aurions pu que peu ou pas débarquer en Géorgie du Sud. Et nous aurions donc manqué ces quelques journées hors-normes que nous vivons en ce moment.
Après le dîner, Luis anime un atelier nœuds marins au bar avec beaucoup de succès. Tout le monde est assidu dans son apprentissage. Mais rapidement, le bar se vide, la fatigue ayant eu raison petit à petit de tout le monde ! Bonne nuit !
Dernier jour en Géorgie du Sud : Ocean Harbour et Godthul
« Oh baby, baby, it’s a wild world… ». L’inspiration de Tina, notre coordinatrice de croisière, est intacte quant aux choix musicaux pour nous réveiller le matin, avec aujourd’hui Cat Stevens. En effet, c’est un monde sauvage au sens le plus noble du terme que nous allons encore découvrir aujourd’hui pour ce dernier jour en Géorgie du Sud. La routine habituelle pour le matin : 7h30 réveil et début du petit déjeuner, 8h45 les kayakistes partent les premiers en compagnie de Luis et Eloisa, 9h00 le premier groupe de passagers (A, B, C ou D selon les jours) est appelé pour embarquer. Évidemment, tout le monde est impatient et se retrouve dans l’accueil ou les coursives avant d’être appelé. Mais c’est bon signe, nous sommes motivés. On arrive à Peter qui envoie les personnes dix par dix. Petit escalier au pied duquel on désinfecte les bottes. On est à la marina. Une volée de marche, on donne notre sac au marin, les deux mains libres, poignée du marin, les trois pas réglementaires et on s’assoit. On part et on débarque les pieds dans l’eau. Briefing auprès de Tina et en route !
Nous mettons le pied à Ocean Harbour, petite baie célèbre pour son épave de trois, non deux maintenant, mats échouée sur les récifs. La nature reprend petit à petit ses droits sur ce bateau maintenant couvert de végétation dans laquelle Sternes antarctiques et Cormorans de Géorgie du Sud ont établi de nouvelles colonies. Sur la plage, une petite plaine pleine d’Otaries et une petite maison encore debout datant d’une époque baleinière révolue. En effet, cette baie était non pas une station baleinière, mais une zone logistique pour les bateaux usines. Au milieu des otaries, quelques Éléphants de mer, le fameux Pipit de Géorgie du Sud bien présent sur ce site, quelques manchots royaux en mue autour du cimetière de marin, deux labbes sur les restes d’un éléphant de mer et surprise, une jeune otarie à fourrure toute blanche s’amuse dans l’eau en compagnie de dizaines d’autres dans une petite crique à proximité du bateau échoué.
Il est temps de remonter à bord en traversant à nouveau en zodiac ces magnifiques forêts de kelp. Nous déjeunons tandis que le bateau se repositionne à Godthul qui sera notre dernier débarquement en Géorgie du Sud. Tout le monde est prêt à sortir, mais un changement de dernière minute arrive : nous ne pourrons pas monter à la colonie de manchots papous qui domine le site, car il y a beaucoup trop d’animaux sur le site ! Nous ne pouvons pas faire débarquer tout le monde sur cette seule petite plage. Ce sera donc la moitié du groupe à terre tandis que les autres naviguent en zodiac avant d’inverser. Et effectivement, à terre il est compliqué de circuler. Nous suivons nos guides dans les tussacs. Ces herbes forment ici de véritables forêts, plus hautes que nous, qui se transforment en labyrinthe dans lequel se cachent des centaines d’Otaries et quelques éléphants de mer. Il faut avancer prudemment pour ne pas se faire surprendre ou marcher sur une otarie. C’est un paysage absolument incroyable et surprenant ! Nous profitons du point de vue avant de redescendre vers les zodiacs qui nous emmènent près de colonies de cormorans, de cascades et surtout d’un superbe iceberg à proximité du bateau.
Retour au bateau ravis ! Immédiatement le capitaine lève l’ancre et met cap vers les Malouines. Au récap ce soir, John nous présente un magnifique récapitulatif en images de notre voyage. Ensuite, Vik nous illustre à merveille les envergures des oiseaux du grand sud, du plus petit, le pipit avec ses 20 cm, au plus grand, l’Albatros hurleur avec ses 3,5 m ! Ab termine en nous expliquant rapidement la suite du programme qui reste encore à préciser. Dans l’immédiat, deux jours et demi de navigation devraient suffire pour nous mener aux Malouines.
Vient l’heure du dîner avec une surprise à la clé : le dessert est servi dans l’Oceanus Lounge, la salle de conférence, sous forme d’un buffet très très copieux avec Cheesecake,s des Saint-Honorés, des choux, des tartes, des mousses au chocolat… etc. !
Il est temps d’aller au lit, non sans avoir pris ses précautions pour la mer un peu agitée qui nous attend : il faut tout caler dans la chambre et prendre ses médicaments pour les personnes sujettes au mal de mer. Bonne nuit !
En route pour les Malouines
Nous voici en pleine mer, en direction de l’Ouest. Après les trois jours intenses en Géorgie du Sud, nous avons le plaisir de pouvoir dormir ce matin. Pas de réveil. On a le temps de prendre un bon petit-déjeuner et la première conférence a lieu à 10h30. C’est Sergey qui prend la parole pour nous parler de la chasse à la baleine. Ce sujet est toujours très attristant et déroutant. Avec l’extermination de 96 % de la population mondiale de baleines, toutes espèces confondues, comment imaginer ce qu’étaient les paysages, les ambiances avant ce massacre. Même en l’absence de chasse il faudra des siècles pour retrouver de telles populations, mais c’est sans compter toutes les nouvelles menaces qui pèsent sur ces espèces.
Après la conférence, il est temps de commencer les ateliers. Flipper emmène le premier groupe pour une visite guidée de la passerelle. Puis c’est au tour de John d’animer l’atelier photo en salle de conférence avec mise en pratique sur la terrasse du pont 5. L’objectif est d’apprendre à chacun à dompter au mieux son matériel pour en tirer le meilleur. Hélas, il y a des absents dans ces ateliers. La mer est ce matin agitée avec des creux de quelques mètres. Du côté du temps, c’est le brouillard qui domine ce matin. La Géorgie étant à la limite de la convergence antarctique, le mélange des eaux de différentes températures est souvent à l’origine de ce phénomène.
Après le déjeuner, nous avons droit à la seconde session du magasin de souvenirs du bateau. Ceux qui veulent peuvent y trouver des vêtements, cartes postales et autres objets à ramener à la maison.
La mer est plus agitée cet après-midi. Les creux s’accentuent à tel point qu’il est impossible pour le second groupe de visiter la passerelle. Le bateau bouge trop. À 17h00, Eloisa fait une conférence passionnante sur l’Éléphant de mer, un animal extraordinaire. Un des plus grands apnéistes de la planète, capable d’enchaîner des plongées de plus de deux heures, à des profondeurs de 1500 m, avec des pauses de seulement deux ou trois minutes entre chaque plongée. Chose étonnante, il pratique également cette apnée à terre, lorsqu’il passe des semaines couché sur les plages à muer. Pourquoi ? On n’est encore sûr de rien et les hypothèses sont nombreuses. À mesure que la journée avance, la salle de conférence se transforme petit à petit en dortoir. En effet, pour les personnes logeant à l’avant du bateau, les chocs de la coque sur les vagues, lorsque le bateau retombe d’une crête, sont assez violents, très bruyants et toujours impressionnants !
Dîner excellent, suivi du dernier atelier de la journée. Luis nous explique en détail comment se comporter sur un glacier et comment sortir quelqu’un d’une crevasse. Après la théorie, il sort le matériel dédié au sauvetage en crevasse, met en pratique tout le système d’ancrage, de rappel, harnachement, de sécurisation, de remontée, de palan… Ludique, intéressant, mais cela fait comprendre également à quel point ces méthodes ne s’improvisent pas et nécessitent beaucoup d’entraînement.
Il est alors temps d’aller se coucher entre roulis, tangage et secousses sur la coque !
Vers les Malouines : jour 2
Quelle nuit ! Ce fut mouvementé ! Non pas que les creux étaient particulièrement grands, mais le bateau a beaucoup roulé, tangué et surtout il y a eu ces coups de tonnerre incroyables qui résonnaient dans tout le navire en faisant absolument tout vibrer lorsque nous percutions une grosse vague. Il y a eu un petit exode vers la salle de conférence pour ceux qui cherchaient une zone moins agitée. Heureusement, pas de réveil imposé et chacun prend son temps, soit pour rester au lit, soit pour petit déjeuner, soit pour aller dehors et profiter du grand soleil qui couvre cette mer agitée. Malgré tout, Vik est en place à 9h30 en salle de conférence pour sa présentation sur les baleines. Un exposé complet sur les différents types de baleines avec un focus tout particulier sur les espèces que nous avons vu ou que nous risquons de voir : la Baleine à bosse et ses pêches en groupe avec les rideaux de bulles, le Cachalot et son fameux « clic », son le plus puissant du règne animal, la Baleine franche et ses immenses fanons, l’Orque et son organisation sociale très complexe notamment pour les techniques de chasse extrêmement élaborées.
La mer ne s’est pas calmée. C’est pourquoi la visite de la passerelle est encore annulée. Chacun profite donc de ce temps libre. Notre groupe, toujours aussi motivé, est déjà dehors à profiter du soleil et à attendre les oiseaux de mer en se tenant fermement au bateau. Nous faisons de belles observations avec deux nouvelles espèces au compteur aujourd’hui : le Puffin fuligineux et surtout le Puffin majeur. Ce sont deux espèces d’oiseaux pélagiques qui volent au ras de l’eau et font des migrations qui sont parmi les plus grandes du monde. Aux puffins se rajoutent les Albatros hurleurs et à sourcils noirs, les Pétrels à menton blanc, les Océanites de Wilson et à ventre noir, et puis les Pétrels soyeux qui donnent beaucoup de mal aux photographes avec leur vol acrobatique imprévisible qui leur a valu le nom de Gadfly en anglais.
Après le déjeuner, Sanna nous fait une conférence introduction sur les îles Malouines, en nous parlant de l’histoire, de la géographie et de l’écologie de cet archipel. Voilà de quoi être enthousiaste ! Nous enchaînons avec notre chef d’expédition qui nous présente les plans pour les jours à venir. Il a réussi à réserver des sites exceptionnels, dont la plus grande colonie d’Albatros à sourcils noirs du monde ! Le temps s’annonce clément et les autres sites sont tout aussi remarquables. Nous arriverons à Stanley et à partir de là nous commencerons à nous délecter de ces magnifiques paysages.
La journée se termine de façon un peu moins agitée, la mer se calme un petit peu pour le dîner. Pour la soirée, les passagers vont voir en salle de conférence le film d’animation Happy Feet !
Chacun retourne dans sa cabine en espérant une nuit paisible.
Stanley
Les gens ont un peu meilleure mine ce matin. La nuit fut plus calme et ce matin le soleil brille au milieu d’un ciel bleu. Voici nos dernières heures de navigation avant les Malouines dont nous devrions apercevoir les côtes d’ici peu. En attendant le petit-déjeuner, quelques personnes sont sur les ponts extérieurs pour profiter des Puffins majeurs un peu plus nombreux qu’hier. Il est ensuite temps d’aller au restaurant pour ensuite se rendre en salle de conférence à 9h30 pour écouter notre chef d’expédition Ab qui, en ornithologue passionné qu’il est, nous présente les oiseaux que nous allons pouvoir découvrir aux îles Malouines. Caracara, Manchot de Magellan, Mélanodères, Cinclodes, Troglodytes, Brassemer… autant d’espèces que nous espérons apercevoir dans les jours à venir. Une fois la conférence terminée, tout le monde est sur les ponts extérieurs, car nous voyons une terre à l’horizon qui se rapproche rapidement.
Les annonces se succèdent pour expliquer l’organisation de cet après-midi tandis que dehors tout le monde observe les paysages, les premiers oiseaux du coin et la ville de Stanley qui se dessine devant nous. Qu’il est curieux après ce long périple loin de la « civilisation » de retrouver l’activité et les bâtiments d’une ville, aussi petite soit-elle ! Nous arrivons à l’heure du déjeuner au port de Stanley. Il nous faut alors attendre que le bateau soit autorisé, par les autorités locales, à débarquer ses passagers. C’est bientôt chose faite et chacun est alors libre de quitter le bateau et d’aller visiter la ville, qui à pied, qui avec les navettes. C’est donc sur sol britannique que nous mettons le pied et il ne nous faut pas longtemps pour nous en apercevoir. Nous sommes accueillis dès le début par les célèbres cabines téléphoniques anglaises rouge vif, on roule ici à gauche et quelques drapeaux britanniques, malouins ou encore gallois jalonnent la route. Il paraît que Stanley, et les Malouines dans leur ensemble, sont la majorité du temps sous la pluie et le vent. Et il faut avouer que quand on voit la forme des arbres, on ne doute pas que le vent souffle ici fort et souvent. Mais, une fois n’est pas coutume sur cette incroyable croisière, nous avons un temps exceptionnel : grand soleil, chaud et très peu de vent. Certains se baladent même en manches courtes ! Il est donc très agréable de visiter Stanley par ce temps.
Les rues, les routes, les voitures, les pelouses tondues, les jardins bien entretenus, l’odeur des fleurs… quel contraste avec la Géorgie du Sud, c’est déroutant ! Nous nous dispersons en ville durant toute l’après-midi pour aller faire des achats de souvenirs, visiter l’excellent musée, l’église et sa fameuse arche en mandibule de Baleine bleue, le Victory Pub ou tout simplement se balader et profiter des oiseaux le long de la promenade.
Il nous faut être à bord du bateau à 18h. Le dernier retour consiste en une promenade ornithologique animée par Vic et il y a de quoi observer. Les Ouettes marines et de Magellan, les Urubus à tête rouge, le fameux Brassemer des Malouines ce canard aptère endémique de l’archipel, le Cormoran de Magellan, les Huîtrier de Garnot ou noir, le Pluvier d’Urville, les Bihoreaux dont les jeunes pêchent en plein jour à quelques mètres de nous et la Sturnelle australe, magnifique passereau dont les mâles ont le ventre rouge vif. Et pour terminer, nous avons la chance d’apercevoir des Dauphins de Commerson près du quai.
Nous voici tous de retour à bord alors que le soleil commence à se coucher. Tout le monde se retrouve sur le pont cinq pour profiter d’une dernière vue sur Stanley avec un verre de vin chaud et un peu de musique, alors que le bateau s’éloigne vers notre prochaine destination : Steeple Jason. Nous croisons tous les doigts pour que la houle nous permette de débarquer sur ce site extraordinaire et rarement visité. En effet, c’est ici que se trouve la plus grande colonie d’Albatros à sourcils noirs du monde !
Nous retrouvons notre chef cuisinier Francis ainsi que Ruel notre responsable du restaurant pour un copieux et excellent dîner, comme d’habitude, avant de finir la soirée au bar à discuter. Au lit !
Steeple Jason
Encore un réveil hors du commun : avant même le petit-déjeuner, il faut mettre le nez dehors pour contempler le spectacle. Grand ciel bleu, un soleil étincelant et surtout, des centaines d’Albatros à sourcils noirs qui tournent autour du bateau. Ce sont de véritables nuées de ces oiseaux dont l’envergure dépasse les deux mètres que nous pouvons voir au-dessus de l’île. À eux se mêlent les Pétrels géants, les Cormorans royaux et même notre premier Caracara strié qui se pose presque sur le bateau. Mais ce n’est pas tout. « Des baleines, non, ça se rapproche, des dauphins, ils viennent vers le bateau ». Commence alors un spectacle autour du navire. D’un côté, puis de l’autre, ce sont plusieurs Dauphins de Peale qui viennent nager, sauter, s’amuser même, car il n’y a vraiment pas d’autres termes quand on les voit faire. Nous avons été plusieurs à tout simplement oublier de petit déjeuner tant nous étions obnubilés par ces observations.
Pendant ce temps, notre équipe de guides prépare le terrain de débarquement et ce n’est pas tout simple. Très très peu de personnes à bord ont déjà débarqué ici. Ce sont principalement des côtes rocheuses, glissantes, abruptes et nous avons une houle assez importante par moment. Il faudra donc être patient avant l’appel des premiers groupes. Pour nous occuper, c’est un véritable spectacle de cirque que Flipper entreprend dehors : il fait des aller-retour de zodiacs près du Sea Spirit et les dauphins l’accompagnent jusqu’à venir sauter dans l’étrave du zodiac.
« Mesdames et Messieurs, nous sommes maintenant prêts pour le débarquement. Attention, le débarquement est compliqué et très glissant. Le groupe C peut se présenter pour embarquer dans les zodiacs. » Tina a reçu le feu vert de notre chef d’expédition. Tout le monde ressent un certain soulagement, car nous allons vraiment pouvoir débarquer sur ce site mythique. Et quel débarquement ! Les dauphins suivent chaque zodiac. On les voit par transparence et ils sautent à quelques centimètres des boudins. Arrivés au site de débarquement, nous avons les Lions de mer à droite et des dizaines de Caracaras striés posés sur les rochers. Ces oiseaux sont des rapaces presque endémiques de l’archipel qui ont failli être exterminés et qui recouvrent petit à petit leur population d’origine. Ils ont la particularité d’être très grégaires et très curieux. D’où cette consigne aujourd’hui : interdiction de laisser quoi que soit par terre, pas de sac, de manteau ou quoi que ce soit. Les caracaras viendraient tout de suite les inspecter, les ouvrir et éparpiller tout ce qu’ils y trouvent. Il est déjà compliqué de faire tenir les drapeaux qui balisent le sentier en place ! Tout le staff est réquisitionné pour permettre à chacun d’arriver en haut de la zone rocheuse en toute sécurité. Une fois en haut, nous découvrons un nouveau protagoniste : le Cinclode fuligineux. C’est un petit-passereau marron également très curieux qui n’hésite pas à venir nous inspecter à quelques centimètres de distance.
Presque tout le monde a pu venir et il faut se mettre en route direction la colonie d’albatros. On commence par traverser une colonie de Manchots papous en mue et nous montons la colline pour redescendre dans les tussacs ici très hauts et à travers lesquels nous découvrons finalement les albatros à perte de vue. Des milliers de nids occupés par un gros poussin duveteux ou déjà emplumé, au milieu desquels se posent ou s’écrasent les adultes qui viennent nourrir leur progéniture. Nous sommes sans voix ! Un peu plus loin on devine nos premiers Gorfous sauteurs installés dans la colonie. Nous restons un long moment, dans la chaleur ambiante, à contempler les allers-venues, les coups de bec et cris des jeunes affamés, les altercations entre voisins… En fond, dans l’eau, quelques souffles de baleines, Rorquals communs et de Rudolphi.
La première session d’observation sur Steeple Jason s’achève là et nous rentrons déjeuner au bateau. À 15h, c’est reparti pour un tour et les Dauphins de Peale sont encore là pour nous accompagner jusqu’au même site de débarquement. On ne s’en lasse pas ! Cette fois-ci, on commence par aller de l’autre côté de l’île pour voir un groupe de Lions de mer. Ils sont massifs, énormes et ont une voix tonitruante qui retentit très loin. À côté d’eux, quelques Mélanodères à sourcils blancs, ces petits passereaux jaunes dont les mâles sont superbement contrastés. Plusieurs personnes décident de passer l’après-midi ici, tandis que d’autres repartent à la colonie d’albatros dans les tussacs. D’autres encore gravissent le sommet à proximité pour profiter de la vue et d’autres marchent à une autre extrémité de la colonie pour essayer de mieux voir les albatros. Bref, chacun revient une fois de plus comblé au-delà de ses espérances !
Et quoi de mieux pour finir cette incroyable journée qu’un barbecue à l’extérieur sur le pont 5 tandis que le soleil se couche sur l’île de Steeple Jason. Albatros sur fond de soleil couchant en dégustant un excellent dîner sur les côtes malouines !
L’enthousiasme est donc de mise quand tout le monde se retrouve dans le bar. Un de nos passagers féru d’astronomie improvise une animation observation des étoiles sur le pont 5 pour faire découvrir à chacun les constellations de l’hémisphère sud. Le bateau est encore en black-out et nous profitons donc d’un ciel étoilé comme on en voit rarement.
Nous avons de beaux rêves en perspectives pour nous bercer cette nuit…
Iles de Saunders et de Carcasse
« Somewhere, above the rainbow… » Il est 7h30 et Tina nous réveille en douceur pour cet avant-dernier jour aux Malouines qui promet d’être beau. Nous sommes toujours dans le nord-ouest de l’archipel et après le petit-déjeuner, le premier groupe est appelé pour débarquer sur l’île de Saunders qui nous offre encore de nouveaux paysages pour ce voyage. Devant nous, une plage de sable fin, blanc, sur laquelle nous attend le propriétaire de l’île. Car oui, il faut savoir que la majorité des îles et îlots périphériques des Malouines appartiennent à des privés à qu’il faut payer le droit de débarquer. La majorité de ces propriétaires vivent sur leurs îles et pratiquent l’élevage du mouton. On en voit d’ailleurs les traces même de loin avec une végétation tondue sur de grandes surfaces. Ces personnes sont donc très isolées et circulent principalement avec des avions locaux.
L’île de Saunders est remarquable pour les manchots. Elle abrite des colonies de quatre espèces différentes : papou, Magellan, Gorfou sauteur et même une colonie de quelques dizaines de Manchots royaux. Qu’il est bizarre pour nous de retrouver cette espèce en si petit nombre, sur une plage de sable fin ! Et surprise, le propriétaire nous apprend qu’un Gorfou doré (ou Macaroni Pinguin en anglais) est présent au milieu des Gorfous sauteurs. Une grande boucle a été balisée et nous permet de profiter des huîtriers et goélands endormis sur la plage, des caracaras qui fouillent la laisse de mer, des terriers de Manchots de Magellan au milieu des pâtures de moutons, de la colonie de Manchots royaux. Il faut ensuite aller sur les hauteurs pour se retrouver à quelques mètres seulement des Gorfous sauteurs que beaucoup de passagers étaient impatients de voir. En fond, la mer, les Cormorans royaux et les Urubus à tête rouge qui sillonnent le ciel. En redescendant, il est possible d’aller marcher sur une immense plage de sable au bout de laquelle se trouve une colonie d’Albatros à sourcils noirs, où l’on peut voir sauter les Gorfous sauteurs hors de l’eau et où certains ont aperçu le Gorfou doré. Le vent se lève doucement, rafraîchit l’atmosphère et nous revenons vers le site de débarquement pour y trouver la boutique souvenirs de l’île : le coffre du 4×4 du propriétaire !
Retour au zodiac puis au Sea Spirit. Comme d’habitude, on arrive à l’arrière du bateau à la marina, les marins attachent le zodiac, les trois pas réglementaires pour remonter sur le navire, désinfection des bottes, escaliers, coursive, Nancy passe notre carte de croisière pour confirmer que nous sommes à bord et nous pouvons profiter d’une boisson chaude et de petites serviettes chaudes bien appréciables.
Pendant que le bateau va se repositionner vers l’île de Carcass, nous déjeunons. Le vent souffle de plus en plus et la mer commence à s’agiter. Il nous faut être patients avant d’embarquer dans les zodiacs, car le chemin est long jusqu’à la plage et surtout très agité. Nos guides sont obligés de tirer des bords pour éviter de trop nous tremper et ils sont quatre dans leur tenue imperméable à réceptionner le zodiac de l’eau jusqu’à la taille. On descend et partons nous abriter du vent de l’autre côté de l’île en attendant les autres personnes qui ont décidé de partir pour la randonnée. Des Manchots de Magellan dans leur terrier, des Ouettes marines, des Urubus dans le vent, des Cinclodes curieux, des Brassemers des Malouines et une magnifique plage de sable blanc.
Nous partons pour une marche de une heure à travers les paysages pelés de l’île. Le vent souffle de face et il faut un peu lutter pour avancer, mais l’ambiance est belle. Un Merle austral par-ci, une Sturnelle par-là, une colonie de Manchots papous… Et nous arrivons où ceux qui ne voulaient pas faire la randonnée ont été débarqués directement. Une petite incompréhension a fait que la ferme est fermée et ne peut nous offrir les gâteaux et le thé que nous espérions, mais ce n’est pas grave, nous nous rattraperons au bateau !
Le retour en zodiac est très humide. Nos guides font tout leur possible pour nous préserver, mais certaines vagues ne pardonnent pas et inondent le zodiac et quelques passagers ! Petit moment de repos à bord du bateau avant de se retrouver pour le récap du jour en salle de conférence. Eloisa commence en nous parlant des dauphins et en particulier des deux espèces que nous avons vu ces derniers jours : les Lagénorhynques obscurs et de Peale. Puis Sarah nous parle des plantes malouines dont le nombre d’espèces est d’environ 340, avec la moitié constituée de plantes invasives, l’autre moitié de plantes natives dont 11 sont endémiques de l’archipel. Ab termine en nous présentant les plans du lendemain qui sera notre dernier jour aux Malouines avec une excursion le matin seulement. Le récap s’achève avec la traditionnelle annonce de Ruel : « Ladies and gentlemen the diner is now being served, you can come to the restaurant. Booooooon appétit ! ». Un moment de musique au bar avec notre pianiste Peter et quelques passagers qui se joignent à lui à la guitare, avant de partir se coucher.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Et c’est bien parti pour une merveilleuse croisière et suis contente de savoir mon ami Philippe bien arrivé à Ushuaïa est donc bien à bord LOL. Je lui transmets mes meilleures pensées et me réjouis de pouvoir suivre cette superbe croisière au
bout du monde. Bises
Merci pour ce blog intéressant et qui nous fait saliver !
Gros bisous à ma soeurette Poupouche (Catherine) qui participe à ce fabuleux voyage.
bonjour à Madeleine et Bernard;
ce reportage est captivant … et rafraîchissant!
j’espère que vous êtes bien amarinés maintenant;
j’ai bien le texte du blog mais pas les images;
je transmets le lien à nos proches;
je vous souhaite de bien profiter de ce merveilleux voyage; faites quand même attention aux coups de soleil;
Bises.
Message personnel pour Madeleine et Bernard,
Claude décédé ce soir vers 21 h;
nous allons à Paris demain ou jeudi;
Bises
Pour Claude et Jean-Marc
Nous suivons tous vos aventures sur ce blog bien fourni. Tvb ici.
Avez vous fait partie des plongeurs 😉 ?
Bisous
Oh, depuis samedi plus de nouvelles, plus de merveilleuses histoires, découvertes qui me permettent de suivre cette superbe croisière. J’espère que l’auteur des expériences journalières vécues par l’ensemble des passagers du Sea Spirit n’est pas malade !!!
Donc j’espère à bientôt pour la suite des aventures. Meilleures pensées particulières à mon ami Philippe.
Salutations à Josette Pahud.
Magnifique voyage en suivant la croisieres par vos récits, je voyage avec vous, merci pour tous les détails. J’espère faire ce merveilleux voyage. Alors Josette profite chaque instant de cette belle aventure à bientôt. Sylvia
Un grand merci de nous avoir fait vivre cette magnifique croisière, pour tous ces détails. Une vrai leçon de géographie, d’ornithologie et plus encore. Un bon retour à tout le monde et un bon vol pour mon ami Philippe.