Elza Bond
Bureau, réservations
10 janvier
20 janvier 2019
À bord de l'Ocean Adventurer
Elza Bond
Bureau, réservations
Notre voyage commence non pas en Antarctique, mais à Punta Arenas, la dernière ville au sud du Chili. Nous retrouvons les autres passagers à l’hôtel Dreams. Ils viennent du monde entier pour voir le continent blanc.
Nous commençons par toutes les réunions obligatoires et récupérons nos parkas et nos bottes, indispensables pour la croisière à venir. Après ce long voyage, le diner reste court et tout le monde va se coucher tôt, car le réveil va être matinal demain.
Nous rencontrons Elza, notre tour leader et traductrice, qui est arrivée dans la nuit à l’hôtel.
Après un copieux petit déjeuner, nous nous rendons dans 2 groupes à l’aéroport de Punta Arenas. Le premier groupe part sans encombrement et à l’heure prévue ! Étant dans le 2e groupe, nous devons attendre notre tour. Mais malheureusement, il y a un problème technique avec l’avion. Ils doivent donc le remplacer. De plus, la météo n’est pas très bonne. L’attente commence à l’aéroport de Punta Arenas.
Après quelques heures, nous partons enfin et arrivons sur la base Frei chilienne, dans les iles Shetlands, en Antarctique ! C’est incroyable de pouvoir enfin mettre les pieds sur le continent de glace.
L’attente n’est pas finie. En effet, à cause de la mauvaise météo, les passagers déjà à bord de l’Ocean Adventurer ne peuvent pas débarquer. Après plusieurs heures, l’équipe d’expédition se risque à sortir les bagages des passagers qui peuvent enfin débarquer. Nous commençons donc notre marche en fin d’après midi et nous rendons au navire.
Tout devient très clair : la mer est très agitée. Tout le monde se fait mouiller dans les zodiacs et l’embarquement à bord est impressionnant. En effet, les vagues font monter et descendre le zodiac devant la plateforme de débarquement et il faut s’accrocher pour ne pas tomber à l’eau entre 2 violentes vagues. Que d’émotions ! Nous sommes vraiment en croisière expédition ! Enfin à bord.
Après un rapide passage dans nos cabines pour sortir de nos habits mouillés, nous nous rendons au salon pour des informations générales et pour un exercice obligatoire d’abandon du navire. De nouveau, après une journée bien chargée, le diner est rapide et nous nous rendons vite dans nos cabines pour la nuit.
Ce matin, nous faisons une croisière zodiac et un débarquement à Port Mikkelsen. Nous y rencontrons nos premiers manchots papous avec leurs petits, ainsi que 12 phoques de Weddell. C’est incroyable de pouvoir s’approcher de si près ! Les manchots se rendent à la mer par des petits chemins qu’ils ont tracés dans la neige à force de passer et repasser aux mêmes endroits. Ils passent devant nous sans avoir peur !
Leurs petits sont déjà grands pour la plupart et sans leur duvet gris, on ne pourrait même pas les distinguer de leurs parents.
Pendant que certains partent en mer pour pêcher, d’autres refont leurs nids en allant chercher des petits cailloux tout autour de l’île. On repère même 2 manchots en train de se chamailler en ouvrant grand la gueule et en claquant du bec.
Port Mikkelsen est situé sur la côte sud de l’Île de Trinity au nord de l’Archipel de Palmer. Le site fût découvert par Nordenskjöld durant son Expédition Antarctique Suédoise de 1901-4. Le port était utilisé par des baleiniers pour l’amarrage des bateaux d’usine et fût nommé d’après le baleinier norvégien Capitaine Klarius Mikkelsen. Sur l’île se trouvent une colonie de manchots papous, quelques huttes inoccupées et un mât de radio.
Après la sortie à terre, nous passons de l’autre côté de l’île en zodiac pour voir une colonie de manchots à jugulaire et des cormorans antarctiques.
Après la sortie à terre, nous passons de l’autre côté de l’île en zodiac pour voir une colonie de manchots à jugulaire et des cormorans antarctiques. Nous profitons également d’une rare observation de gros becs fourreaux, de beaux petits oiseaux blancs carnassiers.
En milieu d’après-midi, Christian, notre chef d’expédition, nous réunit pour notre une présentation du programme des jours à venir. Ensuite, chacun des membres de l’expédition se présente rapidement. Ils sont 20 et ils viennent de partout dans le monde (Australie, Canada, Suède, Norvège, Allemagne, Taïwan, Japon et Russie. Nous avons des guides de kayak, biologiste, géologue, historien et autres. Un beau panel !
Après la petite réunion dans le salon, nous débarquons à Portal Point.
Portal Point se situe à l’entrée de la Baie de Charlotte sur la Péninsule de Reclus, sur la côte ouest de Graham Land. Elle fut nommée par les Britanniques après leur construction d’une hutte de refuge sur ce site en 1956, leur permettant d’utiliser une piste enneigée à proximité comme porte vers la Plateau de la Péninsule. La hutte fut occupée de 1956 à 1958. La recherche faite dans cette hutte se focalisait sur la surveillance de la région et sur la géologie. La hutte fut démantelée en 1997 et amenée aux iles Falkland où elle est restée et est devenue le musée de Stanley. Portal Point est pittoresque grâce aux montagnes voisines, aux glaciers et crevasses qui se déversent dans la mer.
Ici, nous commençons donc par une bonne marche et de jolis points de vue. Ensuite, nous embarquons dans un zodiac avec Marla pour une croisière au milieu des magnifiques icebergs environnants. Il y en a de toute forme et de toutes les nuances de bleu. Une magnifique surprise nous attend : une baleine à bosse et son petit qui se nourrissent dans les environs et que nous approchons en zodiac. C’est incroyable ! À chaque plongée, elles courbent le dos et montrent leurs queues. Après une lente approche, nous les voyons de très près. Quelle chance ! Cette journée n’aurait pas pu mieux se terminer.
Il fait encore bien jour, mais il commence à se faire tard ; il est temps de rentrer pour le pot du capitaine. Nous portons un toast au chef du navire, qui aura l’occasion de nous montrer ses compétences dans les jours à venir.
La journée commence tôt avec une arrivée spectaculaire dans le Chenal de Lemaire avant même de prendre le petit déjeuner. La traversée de ce chenal est très pittoresque. Nous sommes entourés par des montagnes de chaque côté du bateau. Le chenal se resserre et on se demande comment le capitaine va pouvoir naviguer parmi tous les nombreux icebergs et les plaques de banquise qui bloquent notre route. Glaciers suspendus, montagnes de granite et manteau neige défilent devant nos yeux. Quel spectacle !
Au bout du chenal se trouve l’Île de Petermann.
L’île de Petermann se situe au sud du Canal de Lemaire, au sud-ouest de l’île Hovgaard, dans l’archipel de Wilhelm. Elle fut découverte par l’expédition Dallman de 1873-4 et nommée d’après August Petermann, un géographe allemand et un sponsor des explorations polaires.
L’explorateur français Jean-Baptiste Charcot et son navire le pourquoi pas ? y ont hiverné en 1909. Charcot a également nommé une partie du sud-ouest de l’île Port Circumcision. À proximité, sur une plage, se trouve une hutte de refuge argentine construite en 1955. Il y a également un mémorial (une croix) en l’honneur des 3 scientifiques britanniques qui y sont morts en août 1982.
Nous arrivons vers la fin du chenal et le chef d’expédition Christian nous propose de sortir en zodiac pour la dernière partie du Chenal de Lemaire.
Nous naviguons entre les plaques de banquise, parfois et les poussant, parfois et les cassant. Là, dans notre petite embarcation, juste à la surface de l’eau, nous sommes aux premières loges pour observer les manchots papou et adélie, les phoques crabiers et les icebergs qui passent dans le chenal. On avons même l’occasion de pêcher du krill, la nourriture privilégiée des baleines à bosse et des phoques crabiers. De retour au navire, nous continuons notre navigation vers la Station de Vernadsky sous un Soleil éclatant.
La Station Ukrainienne Akademik Vernadsky se situe sur l’île Galindez dans les Îles Argentines. Elle fût achetée aux Britanniques pour le prix symbolique d’une livre sterling en 1996, étant donné qu’il était moins onéreux de vendre la station que de la démanteler. En tant que hutte britannique, la Base Fraday, ou Station F., était occupée continuellement durant 49 ans entre 1947 et 1996. La recherche de cette base se focalise sur la géophysique, la météorologie et les ionosphériques. C’est également l’endroit où les scientifiques ont découvert un trou dans la couche d’ozone. Les scientifiques ukrainiens à Vernadsky continuent la recherche sur ce trou dans la couche d’ozone et en parallèle étudient également le géomagnétisme, la météorologie et la glaciologie.
Nous serons les premiers touristes de la saison à débarquer à la station. Quelle chance !
Nous commençons par une petite croisière zodiac où nous avons l’occasion d’observer un jeune phoque crabier en train de jouer sur les plaques de banquise. Il glisse dans l’eau, se promène sous l’eau et revient sur une plaque en sautant et en atterrissant en glissade. C’est une scène très rigolote et divertissante.
Nous débarquons sur la base ukrainienne de Vernadsky et sommes accueillis par Dimitri. Il est là pour la 4e fois, cette fois-ci en tant que mécanicien. Chaque hivernant reste 1 an, de mars à mars. Dimitri nous fait une visite guidée de la base, avec les différents bâtiments, les bureaux et le fameux bar antarctique où ils fabriquent leur propre vodka ! Certains se lancent dans une partie de billard, d’autres écrivent des cartes postales ou achète des petits souvenirs de cet endroit du bout du monde.
Derrière la station se trouve une colonie de manchots papous. On peut pour la première fois approcher des petits de très près. Qu’ils sont mignons dans leur duvet gris ! Nous sommes à 1,5m d’eux ! Ils ont fait leurs nids juste à côté de la porte de sortie des bureaux.
Ce matin nous naviguons en direction du cercle antarctique ; ce qui va prendre beaucoup de temps. La matinée est donc remplie par une conférence sur les glaciers pour commencer : « L’histoire d’un flocon de neige » par Loritz, notre géologue allemand. Il nous décrit les différents types de glaciers et leur impact sur le fond rocheux. Glace à l’empreinte laissée par un glacier, on peut déterminer son évolution passée et potentiellement future. Si toute l’eau douce des glaciers fondait dans le monde entier, le niveau de la mer augmenterait de 58m, ce qui voudrait dire que la plupart des villes côtières seraient inondées, telles New York.
Ensuite, David l’historien britannique nous fait une conférence sur l’histoire de la conquête du Pôle Sud. 2 explorateurs se sont battus en 1912 pour être le premier à mettre le pied au Pôle Sud : Scott (britannique) et Amudsen (norvégien). Amusent gagna la course et malheureusement Scott et une partie de son équipe mourraient sur la route du retour.
Après le déjeuner, nous montons sur les ponts extérieurs pour admirer un grand iceberg tabulaire. Après un petit compte à rebours, nous fêtons un grand moment unique dans une vie : nous passons le cercle arctique ! Pendant que tout le monde se prend en photo devant l’iceberg à bâbord, un évènement très particulier prend place à tribord : une demande en mariage ! On sent la magie dans l’eau et l’excitation. Quel grand moment !
En fin d’après-midi, Paola l’ornithologue chilienne nous fait une conférence sur les espèces présentes en Antarctique. Ce sont des oiseaux, ils sont pour la plupart monogames, et peuvent plonger jusqu’à 500m pour les plus grands. Paola nous fait même des imitations de la démarche « cool » des manchots macaronis. Durant notre voyage, nous aurons l’occasion de voir uniquement des manchots papou, à jugulaire et adélie.
Après le diner, Dimitri, un naturaliste russe, nous présente sa conférence sur la différence entre les baleines dans le monde. Si on arrive à photographier la queue d’une baleine, c’est une bonne manière d’identifier l’espèce, mais également l’individu. Chaque individu a des taches et des cicatrices différentes. Saviez-vous que les baleines grises peuvent nager en arrière ? Dmitri a pu en toucher une qui était particulièrement sérieuse durant ses études scientifiques.
Nous avons tous les outils d’un vrai explorateur polaire. Sortons les jumelles et observons : nous savons maintenant ce que nous voyons !
Ce matin, durant la navigation, Marla nous fait une présentation sur les phoques de l’été antarctique. Elle nous montre les différences entre les léopards de mer, les phoques de Weddel, les phoques crabiers (et même les éléphants de mer et les otaries à fourrure, que nous ne verrons pas). Alors que l’otarie à fourrure se sert de ses nageoires pour se relever, marcher et escalader, les autres phoques ondulent tels des vers de terre sur la terre ferme. Dans l’eau, c’est une tout autre histoire ; ils sont dans leur élément naturel et se déplacent avec élégance.
En fin de matinée, quelque chose d’assez curieux est organisé. L’équipe sort la plateforme de débarquement, mais pas de zodiac. Les passagers s’alignent les uns derrière les autres dans le couloir pour sortir… Mais où vont-ils ? C’est la plongée polaire ! 53 braves passagers sautent dans les eaux glacées de l’Antarctique. Qu’ils sont courageux ! La scène nous divertit beaucoup et nous en profitons pour prendre quelques photos depuis les ponts extérieur, bien au chaud dans nos parkas.
L’après-midi, une belle et longue sortie est prévue à l’île de Cuverville. Nous restons 3h parmi les 6000 couples de manchots papou, la plus grande colonie de la Péninsule Antarctique. Pour les plus sportifs, une petite marche nous amène en haut de la colline, d’où le point de vue et la météo nous permettent de voir loin vers l’oraison. C’est très grisant !
Sur la route de retour au navire, nous faisons quelques détours pour observer un léopard de mer se reposant sur une plaque de banquise et 2 baleines à bosse.
Mais cette incroyable journée n’est toujours pas finie. Un dernier élément plutôt fou nous attend : Jaques et 29 autres passagers partent camper ! Ils partent à terre en zodiac et… on les laisse là pour la nuit ! Ils ne sont pas à l’hôtel : ils doivent creuser leur lit (on dirait des tombes !), construire un mur pour « privatiser » les toilettes (un grand baril bleu) et s’installer pour la nuit. Le Soleil va se coucher de 23h30 à 3h30 mais il va toujours faire jour. Ils auront la chance de voir de près des baleines à bosse, des phoques et des manchots. La nuit est tranquille et calme, avec quelques bruits de souffles de baleine. Jaques peut maintenant dire qu’il a gouté et senti l’antarctique tel un vrai explorateur des temps modernes. Quel courage !
Port Neko est connu pour le vêlage de ses glaciers. Nous aurons des vues spectaculaires de la Baie de Andvord en montant en haut de la colline. Une petite colonie de manchots nous attend sur la plage, avec des très petits jeunes que nous pouvons approcher et prendre en photo. Après une ascension qui nous donne chaud, nous nous reposons sur des rochers. La vue d’en haut est époustouflante. Nous surplombons un grand glacier avec ses crevasses et ses petits vêlages… Tout autour, et sous quelques rayons de Soleil parmi les nuages blancs, nous voyons des montagnes, des glaciers et des icebergs à perte de vue. Avec l’oeil aguerri que nous avons maintenant, nous observons des skuas, des goélands et des manchots qui marsouinent au loin.
Après une courte navigation, nous arrivons à l’Île Danco.
L’Île de Danco se situe sur la côte sud du Chenal d’Errera. L’île est assez petite, 1,6km de long, mais plutôt élevée (180m). La vue du sommet de l’île est magnifique et surplombe les glaciers crevassés des montagnes alentour. Ce lieu est un endroit propice pour voir des baleines de Mink et des baleines à bosse, dont on peut parfois entendre le souffle depuis la terre ferme. L’île de Danco abrite environ 1 600 couples de manchots papous qui font leur nid assez haut sur la colline. La station O de l’Institut Polaire britannique se trouvait également sur cette île, où il surveillait la région et étudiait la géologie environnante. Elle ferma en 1959 quand leurs travaux furent terminés. On peut trouver une plaque où se situait la hutte britannique, qui fût démantelée en 2004.
Le vent s’est levé juste avant notre débarquement, rendant la sortie impossible pour les kayakistes. Nous prenons un zodiac entre francophones et partons dans une galerie d’art bien particulière : des icebergs de toutes formes sont à la dérive dans le chenal où nous nous trouvons. Nous sommes en admiration devant les arches, les fenêtres, les fissures, les ridules dans les nombreux icebergs. Nous rencontrons 4 phoques de Weddel se prélassant sur des rochers. Un peu plus loin, des manchots se mettent à jouer autour du zodiac. On dirait qu’ils pêchent en remontant à la surface une fois d’un côté, une fois de l’autre de notre petite embarcation.
On entend des échanges radio entre les conducteurs de zodiac : ils ont repéré quelque chose. Sans plus attendre, Marla, notre biologiste marine, nous conduit à notre prochain spectacle : un léopard de mer est en train de déchiqueter un manchot juste au-dessous d’un grand iceberg. Il est dans l’eau ; on le voit sortir la tête de temps en temps. En effet, il y a une méthode pour dépecer sa victime : il la prend par les pattes et la secoue dans tous les sens pour retirer la peau. Il ne se nourrit que de l’intérieur de l’individu. En se débattant, le léopard de mer laisse échapper des morceaux de chair, tout de suite pêchés par les skuas, les pétrels géants et les « snow storm pétrel ». Nous avons l’occasion de voir ce prédateur en pleine action. C’est très rare !
Ce soir, l’équipe d’expédition nous prépare une soirée jeux : c’est le quizz ! Nous formons des équipes pour répondre à 22 questions du type :
– Combien de personnes se sont retournées en kayak cette saison avec Alex et Sean ; et avec Tara et Meghan ?
– Nommez 2 des 5 premiers hommes à atteindre le Pôle Sud.
– Quelle espèce de phoque plonge le plus profondément ?
En plein milieu de la soirée, Christian prend le micro et interrompt David et Meghan entre 2 questions du quizz. Droit devant, Marla a repéré une espèce que nous n’avons pas encore vue, des mammifères que nous espérions voir depuis quelques jours. Orques ! À midi ! Tout le monde se précipite dans son manteau et ressort sur les ponts extérieurs pour un moment très touchant. Les orques se rapprochent du navire et nous pouvons les observer de très près. À chaque individu montrant sa tête et un aileron, une vague d’excitation traverse les observateurs. Une rafale de click des appareils photo se fait entendre. On peut de nouveau le dire : nous avons vraiment de la chance.
Malheureusement, ce matin, Christian nous rassemble au salon pour une mauvaise nouvelle : nous ne nous arrêterons pas à la Baie de Wilhelmina, mais prenons la route pour la Base Frei dès maintenant. Un des membres de l’équipage doit être évacué d’urgence pour raison médicale. Tout le monde est très compréhensif, mais nous devons prendre notre mal en patience : nous allons passer la journée à bord.
Nous commençons donc la conférence avec la question suivante : pourquoi ne trouve-t-on pas d’ours en Antarctique ? Et bien après 45 minutes d’explication, la réponse est en fait assez simple : les plaques tectoniques étaient rassemblées en un seul grand continent il y a 250 millions d’années. Mais ces plaques se sont séparée petit à petit et l’Antarctique qui était à l’époque tropicale, est venu se glisser sur le Pôle Sud. Or les premiers ours sont apparus il y a seulement 600 000 ans en Europe. Ils sont donc essentiellement dans l’hémisphère nord et chaque espèce s’est adaptée à son milieu.
Puis David nous parle du traité antarctique qui rassemble maintenant 52 pays. C’est un traité de paix et de science, visant à préserver ce continent des extrêmes. Par chance, ce traité est respecté et c’est la raison pour laquelle on ne trouve pas de base militaire ici, mais uniquement des bases scientifiques. Ce traité a aidé à déterminer le futur de l’Antarctique et évite les conflits entre les différentes nations intéressées par les richesses du continent (diamants, minéraux, pétrole, poisson, krill, etc.).
L’après-midi commence par un atelier peinture avec Marthe. Certaines oeuvres d’art vont être affichées dans les couloirs du navire.
Ensuite, Christian nous fait une conférence sur l’orque : « la beauté d’être diabolique ». Il a une grande admiration pour ces créatures. Elles sont très intelligentes. Elles communiquent grâce à leur système d’écholocalisation qui leur permet également de trouver leurs proies. Chaque groupe d’individus s’est adapté à son environnement et chasse de manière différente. Ici en Antarctique ils peuvent se nourrir de baleine, de poisson ou de manchots par exemple. Ils chassent en groupe. Même si un des membres du groupe présente une déformation physique, ils ne vont pas l’abandonner. Ils font preuve d’empathie et continuent à s’en occuper et à l’attendre. Ils sont peut-être les mammifères marins les plus proches des humains socialement.
Ce soir est une soirée spéciale. L’équipe organise une vente aux enchères dont les bénéfices iront à « penguin watch », une association qui relève des données sur certaines colonies de manchots en particulier. Ils les filment, les comptent, étudient qui sont leurs prédateurs, le taux de mortalité, etc. Elle vise à protéger les différentes espèces présentes en Antarctique. Plusieurs articles sont présentés magnifiquement par Sean, le présentateur comique (et guide de kayak). Les « modèles » Loritz et Ethan paradent dans le salon avec les articles (duvet, bouteille d’eau de glacier, vodka de la station ukrainienne de Vernadsky, etc.). Le capitaine arrive, mais met aux enchères 20 min de conduite avec lui. Il a tellement de succès que 2 personnes finissent par se partager le prix. Ainsi, plus de 26 000 dollars américains sont récoltés en un peu plus de 2h. C’est un nouveau record ! Félicitations à tous nos généreux passagers. Une belle ambiance !
Nous avions prévu de débarquer aux îles Aitcho, mais les conditions sur place sont trop mauvaises. Le vent nous empêche de faire les opérations zodiac. Après le petit déjeuner, nous reprenons donc notre route pour l’Île de la Demi-Lune. Mais arrivé sur place, Christian nous avertit que les conditions sont trop mauvaises ici également. On dirait que toutes les Îles Shetland sont dans le vent et que nous ne pourrons débarquer nulle part.
On fait donc demi-tour pour voir de près un iceberg que nous avons croisé hier soir. Ce n’est pas n’importe quel iceberg. Celui-ci est si grand qu’il est surveillé par une association aux États-Unis. Ils utilisent des images satellites pour trouver des icebergs qui font plus d’une certaine taille et les suivent. Ces icebergs peuvent avoir une influence sur les courants marins en changeant la salinité et la température de l’eau dans une région. C’est grand facteur dans les changements climatiques actuels. L’iceberg duquel nous nous approchons a été nommé A-57-A. Il vient de la mer de Weddell et fait environ 22 km de longueur ! C’est plutôt impressionnant à observer. Dans une mer agitée, on s’approche de ce géant de glace petit à petit ; on se sent tout, tout petit…
Ne pouvant pas débarquer, nous occupons la journée avec des conférences et apprenons notamment à distinguer les baleines à dents des baleines à fanons. Les fanons sont dans une matière qui ressemble un peu à nos ongles : solide et souple à la fois. Les baleines bleues étaient très prisées durant l’époque des baleiniers, car elles sont les plus grandes (la chasse en valait la peine). Elles contiennent le plus de graisse, mais elles ont également ces précieux fanons. De nos jours, cette espèce de cétacé se fait rare, car ils ont tellement été chassés. Les baleines de Minke, plus petite et donc moins précieuse à l’époque, sont encore bien nombreuses dans nos océans. Cependant, les baleines en générales sont menacées pour beaucoup de raison (changement des courants marins, manque de nourriture, etc.).
L’équipe fait ensuite une présentation des voyages qu’ils proposent dans les milieux polaires. Pourquoi ne pas visiter le Groenland ?
La capitaine vient trinquer avec nous ensuite et porte un toast à notre voyage réussi. Christian remercie son équipe. On sent une grande émotion dans sa voix. C’est son dernier voyage de la saison et ils vont devoir se séparer. C’est un moment d’une grande émotion. Ils ont chacun leur compétence et sont bons dans leur domaine individuel, mais ensemble ils forment une équipe incroyable et réussissent à rendre chaque voyage incroyable. L’Antarctique les rassemble et nous rassemble. Nous avons pu partager ce moment avec eux. Sans les passagers, ces voyages ne seraient pas possibles. C’est la fin de voyage. Nous sommes tristes que la croisière se termine, mais reconnaissants des aventures inoubliables qu’on a pu vivre.
Après un bon repas, nous passons devant la réception ou un paradis chocolaté nous attend. Vikram, notre pâtissier, a travaillé très dur pour nous présenter un buffet bien garni. Nous salivons devant la fontaine de chocolat et dégustons sans plus attendre les gâteaux et les chocolats faits maison. Sam nous présente ensuite sa vidéo du voyage. Elle commence par un banc de manchots qui nagent et virevoltent dans l’eau et se termine par ds magnifiques photos et vidéos d’orques. Quelques-uns se reconnaissent dans leurs parkas jaunes. On découvre également des minifilms de la démarche des manchots sur leur « autoroute ». Qu’ils sont mignons !
Nous sommes tous prêts à partir dès 8h du matin, mais malheureusement nous ne pourrons pas décoller avant ce soir au plus tôt. David vient au salon nous compter l’histoire d’une expédition suédoise datant de 1901-1904. Nordenskjold est venu explorer la Mer de Weddell dans le but d’aller plus au sud qu’aucun autre bateau ne soit jamais allé. Ils ont déposé une équipe de 6 hommes pour qu’ils passent l’hiver sur l’Île de Snow Hill et ont quitté la baie pour ne pas se faire prendre par la glace. Le bateau Antartica est ensuite retourné à Buenos Aires et est revenu l’été prochain. Ne pouvant pas accéder Snow Hill avec le navire à cause de la banquise, 3 hommes ont quitté le navire et ont essayé de l’atteindre à pied. Malheureusement, rien ne s’est passé comme prévu. Les 3 hommes se sont retrouvés coincés sur une île alors que le navire a été pris par la glace et a coulé, abandonnant 20 hommes sur la banquise. Toute l’équipe s’est préparée à passer un autre hiver en Antarctique. Enfin, par des circonstances incroyables, les deux équipes de 3 et 6 hommes se sont retrouvées. Ils ont envoyé 5 hommes en barque jusqu’au dernier endroit connu du navire et ont retrouvé par hasard l’équipe de 20 hommes. Ce jour-là, un navire argentin était venu leur porter secours. Mis à part 1 homme qui a péri durant l’hiver pour raison cardiaque, ils ont tous survécu et ont pu revenir à Buenos Aires sains et saufs.
Cet après-midi, nous regardons le film de Shakelton et l’histoire de son expédition avec l’Endurance. Ils sont partis deux ans, mais au bout d’un an seulement, leur navire a coulé. Ils ont survécu sur la banquise puis sur une île et ont traversé le Drake jusqu’à la Géorgie du Sud en barque pour sauver leur vie !
Les nouvelles ne sont pas bonnes ce soir. Nous ne pourrons pas partir aujourd’hui. Nous attendons demain pour voir si les conditions météo s’améliorent.
Nous aurons peut-être une fenêtre météo en fin d’après midi. Il va falloir changer nos vols et nos plans pour les jours suivant la croisière. Si cette fenêtre météo ne se confirme pas, alors nous devrons rentrer par le Drake à Ushuaia. Il va falloir encore patienter ! L’incertitude est le maitre mot à bord. Cependant, nous gardons l’esprit positif. Après tout, Ushuaia est une très jolie ville à visiter ! L’équipe du bureau est très réactive malgré le fait qu’on soit dimanche. Nous leur en sommes très reconnaissants.
Après une longue attente à bord, une petite réunion rapide nous rassemble pour nous annoncer la bonne nouvelle : nous partons ! En fin d’après-midi, avec plus de 24h de retard, 2 avions nous ramènent de l’Antarctique à Punta Arenas…
La terre ferme ! On continue à tanguer un peu… L’hôtel ce soir est bienvenu… On va pouvoir se reposer sans tanguer et faire notre petit bonhomme de chemin pour revenir chez nous. Les « au revoir » se font vite et nous prenons chacun notre route…
Ce fut un magnifique voyage. Là, on peut vraiment dire qu’on a été en « expédition ». Nous avons été gâtés par la météo, les observations incroyables, et par un groupe dynamique et positif. On se souviendra aussi longtemps de cette fin de croisière ! Que d’aventure !
Vivement que l’on reçoive les photos et vidéos de cette croisière exceptionnelle.
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