Louis Reynaud
Glaciers et Climats
10 juillet
22 juillet 2014
À bord du Rembrandt Van Rijn, juillet 2014
Louis Reynaud
Glaciers et Climats
Pierre Taverniers
Arctique et Changement Climatique
Le voyage démarre très bien car après avoir quitté nos domiciles suisses et français sous une triste météo, nous avons retrouvé l’été à Copenhague !
À notre arrivée à Kangerlussuaq, vers 9h, notre prochain vol pour Aasiaatt, où nous attend le bateau, est prévu à 11h… une première aventure se prépare : le DASH 8 de la compagnie Air Greenland n’a pas l’autorisation d’atterrissage sur Aasiaatt, car l’aérodrome est sous un épais brouillard.
Une journée entière à l’aéroport… mais sous un soleil radieux… ! Il nous faudra même diviser le groupe en deux car l’avion disponible le soir n’a pas la capacité d’embarquer tout le groupe ! C’est donc entre deux masses de brouillard que le DASH 8 a fait ses 2 rotations…
On observera notre première baleine depuis l’avion ! Une journée digne d’une croisière-expédition !
Le Rembrandt Van Rijn a appareillé ce matin à 6h à destination d’Ilulissat… Les passagers ont pu récupérer de la longue journée d’hier. L’arrivée à la Mecque des icebergs est prévue vers 11h. Pierre nous a présenté lors de deux conférences la géographie et l’histoire du Groenland.
Comme prévu et toujours sous un brouillard épais, notre bateau a commencé sa navigation en zigzaguant entre les icebergs… Ces colosses de glaces rejetés par l’Isfjord. Les manœuvres sont très techniques, pointilleuses et majestueuses… les passagers se régalent ! Et, tel un rideau qui se lève au fil des heures, le brouillard s’est dissipé, laissant apparaître ce paysage extraordinaire alliant sculptures gigantesques de glaces au bleu étincelant de l’Océan. Félicitations à notre capitaine !
Nous avons quitté Ilulissat la veille au soir, après avoir fait la visite de la 3e ville du Groenland, mais surtout la montée vers Sermermiut qui nous a permis de contempler l’entrée de l’Isfjord. Pour s’adapter aux rythmes de chacun, il y avait 3 groupes.
Les lumières du soleil de minuit étaient tout simplement féériques hier soir. Jusqu’à très tard, nous ne savions pas encore si l’état des glaces permettait une entrée dans le fjord d’Ataa, et après une nuit passée à l’abri dans une petite baie à l’entrée du fjord, toujours accompagné d’un soleil éclatant, le passage est dégagé ! Le Rembrandt a fait route durant la matinée jusqu’au glacier Eqe (Eqip Sermia), point de départ des premières expéditions polaires françaises de Paul-Émile Victor. C’est la raison pour laquelle Pierre nous a présenté ce matin une conférence et un film sur l’histoire de ces pionniers des glaces.
Pas de frissons dus au froid ici, mais à la vue de ce sublime glacier… on surveillera les vêlages pendant un long moment avant de débarquer en zodiac pour une promenade dans la toundra groenlandaise. On découvre que les « autochtones » de cette zone sont très chaleureux, affectueux et tactiles… et non, il ne s’agit pas des inuits ou des danois, mais des moustiques !
Après avoir passé la nuit dans notre petit fjord dans lequel nous avions dormi la veille, le bateau a appareillé pour faire route à destination de Qeqertaq… Il fait beaucoup plus frais ce matin, car le vent s’est levé, mais le soleil nous accompagne toujours…
Qeqertaq, qui veut dire « île » en groenlandais, est une communauté de 130 habitants dominant une baie remplie d’icebergs, dans laquelle Pierre, notre chef d’expédition, a vécu un an. C’est grâce à cette expérience qu’il a appris la langue inuit.
En milieu d’après-midi, nous avons débarqué dans le village. Louis et Pierre nous ont raconté la vie quotidienne des Inuit dans ce lieu si isolé.
En se baladant, certains passagers ont été invités à un « kaffemik »… lorsqu’un villageois nous invite à venir prendre le café chez lui. Quelques enfants nous ont même accompagnés lors de notre promenade pour monter sur la colline qui domine l’île.
Quelle vue splendide ! Les petites maisons multicolores, les imposants icebergs scintillants sous la lumière du soleil et qui parfois, après un lourd bruit de craquement, se retournent sur eux même jusqu’à retrouver une nouvelle gravité.
Il y a aussi les chiens de traîneaux, nombreux et en famille, car les chiots sont nombreux, leurs mères ne les quittent pas des yeux.
Ce soir Marcello, notre chef, nous a préparé encore un délicieux repas. Tout le monde se connaît bien maintenant et l’ambiance est au top ! Les passagers partagent avec enthousiasme leurs sentiments et sensations de cette nouvelle journée de rêve…
Ce matin, le Rembrandt a jeté l’ancre à Saqqaq, petite communauté à l’ouest de Qeqertaq. Ici, d’immenses icebergs entourent le village et nous rendent compte à nouveau du gigantisme de ces cathédrales de glace. Le soleil toujours présent, pas de vent, nous partons en balade dans le village aux maisons colorées et longeons la plage. Certaines maisons sont ornées de superbes crânes de bœuf musqués et de caribous. Ici, la pêche est active. Quelques heures de navigation suffisent pour nous rendre ensuite sur l’île de Disko ou nous avons fait une escale dans l’ancien village minier, quasi abandonné, de Qullisat.
Le vent s’est levé, la houle est forte… Monter dans les zodiacs relève de l’exploit pour certains passagers ! Heureusement, le capitaine orientera le voilier de telle sorte que nous serons à l’abri du vent pour cette manœuvre ! La remontée sera plus sportive pour les guides, car tenir les zodiacs secoués par les vagues et faire monter les passagers en même temps n’est pas chose facile… on a eu de l’eau jusqu’aux genoux parfois !
Nous avons mis plus de 18h à nous rendre à Ummannaq. Pour cause de brouillard, le Rembrandt a dû naviguer à 4 nœuds au lieu de 8 habituellement.
Ummannaq est cette petite ville de 1200 habitants construite au pied de cette immense montagne en forme de coeur.
Le brouillard a fini par se dissiper. Nous commençons par la visite du musée retraçant l’historique de la vie des pêcheurs et chasseurs Inuit. À l’extérieur de celui-ci, il y a quelques maisons de pierre et de tourbe que nous pouvons visiter, datant de l’époque de Thulé. Puis, les passagers ont le temps de flâner, manger une glace sur le port, admirer les enfants s’amuser à la pêche ou, monter dans les hauteurs de la ville pour admirer la vue.
Nous avons trois heures de navigation, entre les icebergs et en longeant les montagnes abruptes, jusqu’à notre prochaine escale où nous passerons, la nuit : Ikerasak.
Ce matin avant de partir en visite dans la communauté d’Ikerasak, nous avons fait une excursion en zodiac. La taille du Rembrandt permet de naviguer assez près des glaces, mais nous avons eu droit à un retournement d’un imposant iceberg devant nous ! Et, depuis le zodiac, cela procure une superbe sensation !
Nous devenons explorateurs pour le reste de la journée… L’ordre de mission : explorer les fjords à l’Est et au Nord afin d’atteindre des glaciers. Nous naviguons sous une lumière et des paysages grandioses ! Aucun autre bateau de croisière ne navigue dans cette zone de l’Est d’Ikerasak.
Nous arriverons à atteindre le premier glacier, celui de Sermilik. On aperçoit la ligne pure de l’Inslandis juste derrière. Nous n’avons pas pu l’approcher, car trop de glace dans la mer. C’est à partir de ce moment que le capitaine et Pierre ont pris la décision de continuer vers le Nord.
Les montagnes de roches qui nous entourent laissent apparaitre par différentes couleurs l’alternance de couches géologiques, puis des glaciers, des moraines, d’anciennes vallées glaciaires… c’est majestueux ! Impossible pour nos « siesteux » d’aller dormir tant le paysage est beau.
Un phoque barbu fait enfin son apparition, paisible, étendu sur son morceau d’iceberg… Puis un autre un peu plus tard, mais plus timide, celui-ci ne laissera apparaître que sa tête.
Un barbecue est prévu pour ce soir et certains passagers iront même manger à l’extérieur sur le pont arrière. Il est plus de 21h, nous venons de passer le 71° Nord sous le soleil…
C’est vers minuit que le Rembrandt a mouillé dans une petite baie positionnée derrière le glacier de Kangerdluarssuq. Après le petit-déjeuner, nous avons débarqué proche de la moraine latérale gauche. Louis s’est équipé de son fusil, car même s’il est très rare de croiser un ours polaire ici, le risque zéro n’existe pas ! On comprendra aujourd’hui pourquoi l’utilisation des bottes et pantalons étanches est nécessaire : d’abord parce que nous avons eu les pieds dans le mollisol… l’idéal était de marcher sur les cailloux pour éviter de se retrouver coincé… ce qu’un passager n’a pas eu le temps de prévoir… Il nous a fallu plonger nos mains dans la boue pour récupérer sa botte…
Nous devions passer des cours d’eau après un vêlage du glacier qui, même suffisamment loin, a provoqué une petite montée des eaux. Et lors du retour sur le bateau, l’un des zodiacs a eu une panne de moteur… l’autre pneumatique a dû le remorquer…
Après cette matinée « sportive », le capitaine nous fait une belle surprise : la météo étant sublime aujourd’hui, pas un nuage et un soleil radieux : nous allons remonter encore plus au nord et faire le tour de l’île d’Upernavik. L’occasion pour certains de prendre un bon bain de soleil tout en contemplant ce paysage féerique dans ce passage étroit : Icebergs et montagnes aux formes changeantes et aux couleurs dégradées, les fulmars boréals planant autour du bateau, les glaciers suspendus aux sommets. Un phoque barbu curieux fera une apparition furtive tel un périscope.
Au milieu du dîner, le restaurant a été déserté en l’espace de quelques secondes : le capitaine a annoncé la présence d’une famille de baleines autour du bateau. Le Rembrandt a même fait demi-tour pour s’approcher des rorquals communs.
La soirée s’attarde entre les manifestations de joie des passagers et le bruit du souffle des baleines…
Ce matin tôt, le Rembrandt se trouve juste à l’entrée du Vaïgat, mais en direction de Kangerlluk, par l’Ouest de l’île. Comme nous n’arriverons à destination qu’en milieu d’après-midi, la matinée à bord se passe en causeries, une de Louis sur les glaciers et une de Pierre sur la végétation du Groenland.
Dehors défilent les côtes de basaltes de l’Ouest de l’île de Disko. Arrivés à Kangerluq, nous rencontrons un villageois, parlant 4 langues. Il nous donne des explications sur la vie du village. La végétation est bien fleurie en ce mois de juillet. Marion et Roger partent à la cueillette des champignons de bolets que nous préparerons le soir pour être cuisinés par Marcelo.
Après le repas, Pierre nous projette un film de 1933, tourné par Knud Rasmussen : Les Noces de Palo.
Ce matin, le bateau a eu le temps de monter les voiles lorsqu’il s’est trouvé face au vent du Sud, un peu fort.
C’est tout un travail de marin que de monter les voiles : il faut pour ce shooner carré que le bateau soit face au vent et les passagers ont participé à la manœuvre en tirant sur les drisses pour hisser le foc avant, la voile du premier mât, celle du second (la grande voile), seule la voile du mât d’artimon à l’arrière n’a pas été montée, par manque de personnel et parce que le vent forcissait. Finalement, le bateau a atteint 6,8 nœuds à la seule force des voiles et ceci par un vent de force 7+ ! En arrivant à Qeqertarssuaq, nous découvrons un vaste port, une belle baie abritée de tous les côtés par des collines rocheuses de gneiss qui se trouvent rapidement surmonté de strates volcaniques en altitude.
Après le dîner, c’est le capitaine qui nous reparle de la mise sous voile du matin et nous passe une vidéo du temps de cette marine à voile.
Ce matin, le ciel est couvert, la température extérieure est de 10°C et, dans le port, le vent provient du Sud. En sortant du port, le Rembrandt nous emmène le long d’une falaise qui exhibe des formations d’orgues basaltiques mais celles-ci se sont trouvées déformées au cours de leur cristallisation en formant d’étranges figures d’ensemble.
Notre voyage pour rejoindre Aasiaat passe près de deux groupes de petites îles dont l’une porte le nom d’île aux chiens, car on devait les y parquer en été. Une baleine à bosse fait une courte apparition au loin.
En fin d’après-midi, nous rejoignons Aasiaat, pour une visite tardive de la ville.
Mardi 22 et Mercredi 23 juillet : Journées de voyage vers Copenhague, puis Paris ou Genève.
Inuulluarit ! (au revoir en groenlandais)