9 février
9 mars 2015
À bord de l’Ortélius – février/mars 2015
L’arrivée à Auckland, depuis Londres via Hong-Kong, nous permet de nous rendre compte des différences de température du plein été austral et du plein hiver boréal. Nous sommes en effet exactement aux antipodes de la France.
La température est agréable à 25°C, sous un ciel légèrement nuageux.
Nos taxis pour rejoindre l’hôtel sont conduits par des Indous très élégants avec leurs turbans !
Chacun regagne sa chambre pour récupérer de 12h de décalage horaire.
La matinée nous permet d’avoir un petit aperçu de la capitale de la Nouvelle-Zélande, ville très « British », cosmopolite, disciplinée (personne ne traverse quand le feu est au rouge !).
Les Asiatiques, les Indous sont très présents, et les fameux Maoris forment une bonne partie de la population.
Retour à l’aéroport pour le dernier vol de notre voyage « aller » :
Nous traversons toute la Nouvelle-Zélande du nord au sud pour atterrir à Invercargill après un stop de 2 heures à Christchurch. Le beau temps nous permet de nous rendre compte du caractère volcanique de l’île, et l’arrivée de nous apercevoir que le pays est la capitale du mouton !
Nous laissons nos bagages à l’hôtel Best Western, et nous partons pour un dîner, de mouton ! précédé par un sympathique apéritif offert par Grands Espaces.
Le rendez-vous à l’hôtel Kelvin en fin de matinée nous permet de rejoindre le reste du groupe Grands Espaces, et de faire connaissance avec plusieurs groupes francophones qui font partie du voyage.
Après une promenade en bus au sommet du piton qui surplombe le port en grande partie consacré au transport du bois et de l’aluminium, nous passons les différents contrôles d’immigration et de police et nous montons à bord de notre nouvelle maison flottante.
On récupère les bagages et chacun prend possession de sa cabine et fait connaissance avec ses compagnons de voyage.
Les premières instructions nous sont données au bar vers 18h autour d’un verre de bienvenue.
La salle de restaurant nous accueille pour un sympathique dîner, et un repos bien mérité s’ensuit.
Après le petit déjeuner, une conférence sur la bonne conduite du touriste en Antarctique concernant la flore et la faune ainsi que les consignes de sécurité à bord des Zodiacs, et à terre nous sont précisées.
L’après-midi est consacré au nettoyage des vêtements que nous porterons lors des débarquements à terre.
Malgré une mer « agitée » l’arrivée en vue de l’île Campbell est prévue demain matin vers 6h.
Le réveil sonne à 6 h, car nous sommes entrés dans Persverance Harbour, le port naturel de l’île Campbell, île réputée pour 325 jours de pluie par an !!! Et le jour de chance d’un vendredi 13 se produit : soleil radieux, température estivale, bonne luminosité.
Le temps d’arriver en Zodiac jusqu’à la station météo et nous grimpons vers le point culminant de l’île pour y admirer les albatros royaux, dont le plané majestueux nous stupéfie. Certains d’entre eux sont au nid, et nous pouvons les approcher à quelques mètres sans les déranger.
La végétation est luxuriante, un chemin de planches de bois court sur tout le trajet, et permet ainsi la préservation maximale du biotope.
Après le repas de midi, une balade en Zodiac nous permet de voir le long des berges de nombreux oiseaux, en particulier des manchots à œil jaune et des pétrels géants. Des laminaires de grande taille jalonnent notre promenade, et parfois nous obligent à nettoyer l’hélice.
De retour au bateau, une collation nous attend, puis l’Ortélius poursuit sa route vers la barrière de Ross.
Pour la Saint Valentin, la salle de restaurant est décorée de nombreux petits cœurs rouges du plus bel effet.
Plusieurs conférences se succèdent, effectuées par le staff anglophone, sur la climatologie et le vécu dans le froid, ainsi qu’une conférence en français faite par le guide de Grands Espaces, portant sur la géologie et la sanctuarisation de l’Antarctique.
La mer est toujours forte, mais les patchs de Scopoderm ont fait leur effet, et personne n’est malade.
Nous poursuivons notre route, et dans l’après-midi nous allons passer le 60°.
Conférence sur les courants de l’Antarctique.
Très fort coup de vent, force 9 Beaufort, vents de 180 km/h, très forte houle avec des creux de 12 à 14m. Le chef d’expédition qualifiant cette tempête de « Hurricane ».
Le commandant décide de dérouter le bateau pour que la situation soit moins inconfortable. La vitesse est réduite à 4 nœuds.
Pendant le repas, un coup de roulis a fait valser la vaisselle, et plusieurs personnes sont tombées, heureusement sans gravité.
La nuit a été mouvementée, mais en début de matinée, une bonne accalmie a permis à chacun de récupérer.
La route se poursuit, et le cycle de conférences a repris, en particulier portant sur les oiseaux déjà rencontrés : Pétrels, Albatros, Fulmar.
Le retard pris pendant la tempête ne nous permettra pas de visiter l’île Scott comme initialement prévu.
Dans l’après-midi, le bateau est précédé pendant plus d’une heure par 4 dauphins, qui jouent devant l’étrave, et le crépitement de milliers de photos ne les perturbe pas.
En poursuivant notre route, nous croisons 2 orques facilement reconnaissables à leur nageoire dorsale. Le bateau a repris sa route initiale et nous filons gaillardement à 11 nœuds.
Un exposé sur la thermorégulation en milieu extrême est proposé par le guide de Grands Espaces, promptement arrêté par un ennui technique de vidéo projecteur. Ce ne sera que partie remise et la proposition compensatrice d’un apéritif est acceptée par tous !
Après le repas, nous sommes plusieurs à attendre sur la passerelle le passage du cercle antarctique, et vers 22h, les 66°33’44 » sont atteints, salués par une coupe de champagne.
25 nœuds de vent et température de 0°, mer belle.
Une grande partie de la matinée est consacrée à la sécurité à bord des hélicoptères, ainsi que le comportement que nous devons avoir à terre. Les 3 pilotes et leurs mécaniciens nous sont présentés. Les consignes sont strictes, mais absolument nécessaires. Il y a 3 hélicos à bord.
Les groupes sont constitués, et les francophones se retrouveront ensemble. Nous sommes 19 et constituons le groupe le plus important.
Plusieurs souffles de baleines sont aperçus à une assez grande distance.
L’après-midi est consacré au nettoyage de nos vêtements, afin d’éviter l’importation de tout matériel qui pourrait polluer lorsque nous débarquerons.
Journée en mer pour se diriger vers le cap Evans que nous atteindrons demain. Une conférence sur les Skuas nous est proposée, ainsi que le récit de l’épopée de Scott.
Lever matinal à 5h. Le soleil illumine déjà le cap Washington, et nous partons en croisière Zodiac au travers des pancakes en formation serrée. Le temps est froid et sec, mais la visibilité est magnifique, nous naviguons entre les icebergs, et approchons à quelques mètres un très beau phoque de Weddell, avec, derrière lui, un peu plus loin, un phoque léopard. Les manchots Empereurs sont déjà partis, mais nous pouvons, de loin, apercevoir quelques retardataires. Le retour vers le bateau nous donne un aperçu du « froid » de l’Antarctique, et le petit déjeuner est le bienvenu.
Vers 10h30, une nouvelle sortie Zodiac nous permet de débarquer à la station italienne Zucchelli actuellement inoccupée.
Nous naviguons vers la langue de glace Drygalski, mais les conditions météo, 55 nœuds de vent, -7°C, mer forte, ne nous permettent pas d’effectuer la sortie Zodiac initialement prévue. La visibilité est magnifique, et cette incroyable langue de glace défile sous nos yeux.
L’Ortelius est à l’entrée de la Dry Valley, l’une des vallées sèches de l’Antarctique, où les conditions météo sont souvent délicates, ce qui se justifie encore aujourd’hui. Le vent est fort, mais c’est surtout la mauvaise visibilité qui empêche tout décollage des hélicoptères. Après 2h d’attente, il est décidé d’appareiller vers le cap Royds, endroit où Shackelton a établi son camp de base, lors de son expédition Nimrod. Après 4 heures de route, en partie dans le pack, nous sommes en vue de la hutte qu’il a construite pour assurer son hivernage et celui d’une partie de son équipage. Celle-ci a été remarquablement restaurée, il est émouvant d’y voir, pieusement conservé, les vêtements, les chaussures, les sacs de couchage de ces explorateurs de l’impossible. L’endroit est situé au fond d’une baie encombrée de banquise qui n’a pas permis de débarquement Zodiac, mais une dépose en hélicoptère met en évidence le site volcanique fait de volumineux blocs de lave noire, les « pillows ». Une grande colonie de manchots Adélie nous tient compagnie. Le soleil couchant, avec les teintes qu’il imprime, incite les photographes à une débauche de souvenirs.
De retour sur le bateau, nous apprenons que le réveil du lendemain sera matinal : 3h15 ! !
La promesse du chef d’expédition est tenue, et à 4 heures du matin, tout le monde est prêt, sans même avoir déjeuné, pour visiter le cap Evans où nous a amené le bateau pendant la nuit. Nous devons visiter le camp de base de Scott, mais les conditions météo sont trop mauvaises pour faire décoller les hélicoptères. Après 2 heures d’attente, nous abandonnons l’idée d’un débarquement, et repartons vers la Dry Valley dans l’espoir… Et la chance nous sourit ; temps magnifique, visibilité superbe, absence de vent. Les hélicoptères tournent inlassablement pour nous amener vers cet endroit extraordinaire fait d’imposants glaciers taillés au cordeau et d’immenses moraines, dans un décor lunaire. Des restes de phoques, momifiés par la sécheresse de l’air nous posent une énigme : comment sont-ils arrivés là, à 25 km du rivage, en passant au travers des glaciers et des moraines ? Nul ne le sait, d’autant que l’âge estimé de ces restes est évalué entre 200 et 3000 ans ! La fourchette est vaste et laisse libre court à l’interprétation de chacun. Nous survolons la banquise lors du retour au bateau, et la journée se termine par un apéritif offert par Grands Espaces, et le repas nous permet de fêter l’anniversaire de l’un d’entre nous. « Bon Anniversaire Jean Jacques ».
Après avoir passé le cap Crozier, journée en mer le long de la barrière de Ross. La mer est calme, avec de nombreuses paillettes de glace. Une conférence est faite le matin sur les manchots, et l’après midi sur la géologie de la Dry Valley. Ces 2 conférences sont résumées en français à la fin de chaque exposé.
À 18 h nous passons la ligne de changement de date, et nous sommes revenus à hier ! !
Demain, il est prévu une sortie en Zodiac le matin, et un survol de la barrière en hélicoptère l’après-midi.
La date est identique, mais les conditions météo sont redevenues « Antarctique ». Grosse tempête, -10°C, 70 nœuds de vent, soit l’équivalent de 110/120 km/h, la passerelle est interdite compte tenu de la mauvaise visibilité. Il est recommandé aux courageux qui voudraient s’aventurer sur le pont d’être extrêmement prudents, tout étant verglacé. Bien entendu, toutes les activités envisagées sont suspendues. Nous sommes par 78° de latitude, de ce fait, les liaisons internet ne sont plus possibles. La barrière de Ross est en partie noyée dans la brume. Une conférence est proposée sur les glaciers de l’Antarctique, traduite en français.
Dans l’après-midi, nous arrivons à la baie des Baleines, la température est toujours basse, -11°C, mais le vent est moins fort. Il est décidé de faire une sortie le long de la barrière. Les zodiacs sont difficilement mis à l’eau, et l’embarquement des passagers un peu sportif, mais malgré la mer un peu forte, les embruns gèlent instantanément, nous sommes récompensés, et naviguons le long de cette incroyable barrière de glace en atteignant le point exact d’où est parti Amundsen pour sa conquête du pôle.
Le retour vers l’Ortelius nous permet de constater que notre bateau a mis d’imposantes moustaches de glace.
Ce matin, la température est estivale : 0°C et nous suivons pendant un grand moment un troupeau de 5 à 6 baleines de Minke en train de chasser, puis nous écoutons une conférence sur les pinnipèdes, traduite en français. L’après-midi, le bateau se fraye un chemin dans la banquise, et nous apercevons des manchots Adélie et plusieurs empereurs. À plusieurs reprises, le souffle des baleines de Minke crève la surface de l’eau. Les photographes ne se lassent pas des formes extraordinaires des Icebergs. Une conférence sur Schakelton conclut cet après-midi.
Le voyage se poursuit. Compte tenu des glaces, nous ne pourrons pas approcher de l’île Sheppard. Une conférence sur l’adaptation des manchots au froid est résumée en français. Depuis la passerelle on peut apercevoir quelques souffles de baleines.
Au large ! la température continue de monter : +3°C ce matin. Un concours de photos à thèmes est proposé : « ORTELIUS, Travail difficile, Abstract » À vos appareils ! L’imagination s’est débridée. Les heureux gagnants sont récompensés par un apéritif.
Le vent continue à être assez fort, 30 nœuds, et la température stationnaire à 0°C. Nous poursuivons notre route assez loin au large, à 180 miles des côtes afin d’éviter les amas de glace formés par la banquise. Ce matin, une conférence sur l’origine des baleines a été traduite en français, ainsi que la conférence de l’après-midi portant sur les manchots Adélie. À 17 h a lieu une vente aux enchères dont le bénéfice ira à la conservation et la restauration des huttes d’hivernage des explorateurs dont nous avons parlé.
Le vent est notre compagnon de voyage, ce matin il souffle en rafales, à 35/40 nœuds, la température est identique à 0°C.
La conférence du matin, résumée en français, porte sur les lignes d’hameçons positionnées par les compagnies de pêche et qui sont fatales à de très nombreux albatros. La conférence de l’après-midi porte sur le volcanisme en Antarctique.
Un exposé en français sur la thermorégulation est interrompu par un appel de la passerelle qui signale un magnifique iceberg en « Arc de Triomphe ». C’est la vedette du jour, et les photographes n’en finissent pas de mitrailler. L’exposé se finira demain.
Lors de la récapitulation, le chef d’expédition explique longuement qu’il reste encore 3 jours de mer, dont un à travers la glace, avant d’atteindre l’île Pierre Ier. Si le temps le permet, les Zodiacs et les hélicos seront de sortie.
Nous poursuivons notre route, et comme nous sommes un peu en avance sur le planning, Don, notre chef d’expédition, nous invite, pour demain, si le temps le permet, à une excursion à travers les icebergs, et, pour cela retrouver la banquise. Nous devrions l’atteindre en fin de nuit. La conférence en français sur la thermorégulation, qui avait été interrompue hier est finalement terminée.
Le réveil inhabituel, à 6h, nous invite à assister à un superbe lever de soleil, et seuls les plus courageux à sortir de leur couchette pourront admirer un spectacle magnifique. Le ciel est d’une limpidité absolue, aucun nuage, la banquise et de grandioses icebergs nous entourent de toute part. Dès la fin du petit déjeuner, il est décidé de mettre les zodiacs à l’eau. Le froid est vif, -3°C, mais c’est surtout le vent, à près de 40 nœuds, qui nous incite à ajouter quelques couches de vêtements supplémentaires. Les moteurs des Zodiacs peinent parfois à repousser les grandes plaques de glace qui nous entourent ; les icebergs sont présents partout, et nous nous dirigeons, au ras de l’eau, vers un énorme tabulaire de plus d’un km de long. Les embarcations éparpillées nous permettent de juger de la taille du colosse. Sur une plaque glacée, un gros phoque crabier se laisse facilement approcher et se tortille d’aise pour le plus grand plaisir des photographes. Plus loin, un superbe phoque léopard est tout aussi photogénique. Au bout de 2 heures et demie de balade, le froid commence à assaillir les pieds et les mains des voyageurs, et le retour sur l’Ortelius est décidé. L’après midi permet à chacun de classer ses photos, et à continuer, depuis le pont, à admirer de somptueux paysages…
Journée de transition en mer. L’île Pierre 1er devrait apparaître demain matin, et, dès 7 heures, si le temps le permet, nous débarquerons en hélicoptère près du cratère, et tenterons, ensuite, de débarquer en Zodiac. Une conférence sur les glaciers de l’Antarctique est traduite en français, et l’après-midi, nous est contée l’histoire de l’hivernage de l’un des guides de l’expédition et de son étude sur les manchots empereurs.
L’arrivée à l’île Pierre 1er est magique. Le temps est très beau, il n’a pas de vent, la mer est lisse, la température est à 0°C. Dès 6 h30, les plus impatients sont sur le pont. Les premières baleines sont en vue et retardent même le départ du premier hélicoptère, (les photographes ont toujours le dernier mot), tant elles sont proches de nous. L’île est très escarpée, entièrement couverte de glaciers, aux crevasses impressionnantes, que nous survolons à basse altitude. Puis, dans un paysage superbe aux contre-jour magnifiques, nous approchons du sommet, le pic Christensen, situé à 1800 mètres d’altitude, et le pilote nous dépose dans un nuage de neige, sur une langue de glace, préalablement balisée par les guides. La couche de neige est vierge de toute trace et nous donne l’impression d’être les premiers explorateurs. Dans n’importe quelle direction où se tourne le regard, le paysage est époustouflant. Il fait très bon, sans aucun souffle de vent, certains d’entre nous enlevant même leur bonnet et autre toque.
Pour le retour, notre pilote nous pose délicatement pour quelques secondes sur un gros glaçon… Sensation garantie…
Sitôt le petit-déjeuner terminé, il n’est que 9h45 et nous partons pour une croisière Zodiac. Il semble que ce soit le rendez-vous de toutes les baleines de l’Antarctique. En troupeau, en solitaire, avec leur progéniture, certaines peuvent être approchées à quelques dizaines de mètres. Le festival photographique se poursuit, on se bouscule presque sur le zodiac pour avoir la meilleure place, mais il y en a, heureusement, pour tout le monde.
Le repas de midi se prolonge, les groupes arrivant les uns après les autres, et les commentaires émerveillés ne manquent pas.
L’après-midi, le commandant nous fait admirer, depuis l’ORTELIUS, une bonne partie des côtes de l’île, où seules 800 personnes, dont nous faisons maintenant partie, ont débarqué.
Journée en mer, la température s’adoucit : +2°C, le vent est modéré à 20 nœuds. Une conférence sur l’histoire de la péninsule, et une sur les chionis, oiseaux nettoyeurs, sont traduites en français.
La température est toujours douce, la mer calme, un temps excellent pour la navigation. Nous devrions atteindre la péninsule demain matin.
Une conférence sur la géologie de la péninsule nous est proposée, résumée en français, suivie d’un exposé en français sur la tectonique des plaques.
Un apéritif francophone offert par Grands Espaces nous permettant de terminer cette journée de transition.
Le réveil, un peu plus matinal que d’habitude, nous fait découvrir un paysage bien antarctique. La lumière fantomatique liée à une visibilité limitée à 1/2 mile (je me mets à parler comme les anglophones), n’empêche pas la réalisation de superbes photos. Les zodiacs sont mis à l’eau, et nous évoluons dans des teintes un peu irréelles au milieu d’énormes icebergs parfois emprisonnés dans la banquise. Le zodiac se fraie un passage dans les amas de glace. Il n’y a pas un souffle de vent, et la température est très supportable. Au détour d’un iceberg, nous avons droit à un couple de phoques crabiers qui nous offrent un ballet aquatique pendant de longues minutes, si près de nous que l’on pourrait les toucher. Leurs cousins, certainement, se prélassent un peu plus loin sur un petit bout de banquise. Ils nous paraissent tellement sympathiques que nous décidons d’aborder sur leur glaçon, et chose étonnante, nous sommes sur la glace, a quelques mètres d’eux sans qu’ils daignent même lever la tête, et le cliquetis effréné des appareils photos ne les fait pas tressaillir.
Nous poursuivons notre promenade au travers de formes de glace insolites, et chacun y va de son imagination.
De nombreuses colonies de manchots Adélie perchés sur la berge nous regardent passer en poussant leurs cris d’avertissement. La glace offre des teintes de bleu aux multiples intensités qui nervurent les parois glaciaires. Au détour d’un petit promontoire, nous découvrons une station météo automatique « Prospect Point » qui a remplacé une ancienne station britannique habitée, dont il ne subsiste que quelques vestiges.
Le retour vers l’ORTELIUS se fait de façon « sportive » en slalomant à travers les glaces. L’après-midi nous permet de classer nos trésors photographiques tout en nous dirigeant vers l’île Petermann.
Réveil matinal à 6h, et dans un halo de brume, sur bâbord, nous pouvons distinguer l’île Petermann distante seulement de quelques centaines de mètres. À tribord, les montagnes de la péninsule nous surplombent ; là aussi, la berge est très proche. La température est parfaite, +3°C sans vent, et les quelques flocons de neige n’empêchent pas les passagers de débarquer à l’endroit de l’hivernage du Commandant CHARCOT et de son POURQUOI PAS ?
De très nombreuses colonies de jeunes manchots papous nous accueillent. Leur bec est coloré, leurs pattes roses, ils n’ont pas encore perdu la totalité de leur duvet, et se querellent avec les skuas qui guettent les plus faibles. Un couple d’otaries à fourrure est à demi allongé sur un rocher. Le jeune mâle est très agressif, et charge tout ce qui bouge, mais charge d’intimidation, car il s’arrête à 2 mètres environ, ce qui permet de voir des dents bien pointues ! Apparition inattendue dans la brume, le PLANCIUS, lui aussi affrété par Ocean Wide, nous salue d’un grand coup de sirène. Une grande croix est placée sur un promontoire, en souvenir de l’expédition CHARCOT. La neige tombe plus abondamment, mais, après un petit effort de montée, l’autre côté de l’île, encombrée d’icebergs, est tout aussi magnifique.
Dès notre retour à bord, nous nous dirigeons vers le canal Lemaire. Les 2 berges sont très proches l’une de l’autre, dominées par de très hautes falaises enveloppées de glaciers dont la hauteur se perd dans la brume. Le navire glisse doucement sur une mer sans aucune ride. Le passage à petite vitesse dure près d’une heure.
Dès la fin du repas, nous reprenons les Zodiacs vers le musée le plus au sud du monde. Port LOCROY est le nom donné à ce site par CHARCOT en l’honneur d’un homme politique français qui l’a aidé dans l’organisation de son expédition. Nous pouvons visiter les pièces où ont vécu les premiers occupants. L’endroit est occupé par des scientifiques britanniques saisonniers. Le site est devenu le domaine des manchots papous qui n’ont aucune crainte des visiteurs que nous sommes. La boutique la plus au sud du monde permet de ramener des souvenirs, et l’on peut même poster son courrier, à condition qu’il ne soit pas urgent, la lettre mettant environ 8 mois pour arriver… Sur un îlot voisin, 2 squelettes de baleines mettent en évidence la dimension de ces animaux. Avant de remonter à bord, chacun nettoie consciencieusement ses bottes afin d’éliminer tout risque de pollution.
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Merci Michette pour ce commentaire super intéressant d’un voyage pour toi certainement inoubliable? A quand le prochain?
Bises
Louis et Claudette