Xavier Allard
Arctique
3 janvier
14 janvier 2023
Xavier Allard
Arctique
Sarah Galtier
Conseillère croisières
Nicolas Hanuise
Biologiste
Toutes nos photos d’illustrations ont été prises lors de précédentes croisières. Lorsque le voyage sera terminé, nous publierons les photos de la croisière. Le manque de connexion internet nous empêche de recevoir les photos en temps réel.
Venus de plusieurs endroits au monde, nous nous sommes tous retrouvés à l’hôtel Albatros à Ushuaia « La Baie en direction de l’Ouest », en Argentine. Où nous attendaient nos guides Nicolas, Xavier et Sarah pour nous accueillir avant que nous découvrions les alentours. Ushuaia ou la ville « du Bout du Monde », nichée au creux des montagnes dans la région de la Patagonie.
D’aucuns s’en allaient pour rejoindre leur excursion dans le parc National de la Terre de Feu en compagnie de notre guide locale Marietta et de notre guide Grands Espaces Xavier. Nous allions à la découverte de la baie de Lapataia qui signifie « La Baie du Bon Bois », en parcourant un sentier dans les forêts de hêtres, sous les explications de notre guide local nous apprenons tout ce qu’il est important de connaitre sur cette baie du du bout du Monde.
Au bout du sentier, nous arrivons à la fin de la route n°3 qui relie les deux extrémités du continent Américain sur plus de 17000 kilomètres.
C’est un paradis de verdure, c’est ici que vécut le peuple autochtone le plus ancien de la Terre de feu, il y a 7000 ans. Nous y avons ainsi pique-niqué avec le repas prévu autour du lac où nous avons profité du soleil.
Après cette belle entrée en matière, nous avons repris la route en direction du port d’Ushuaia pour rejoindre notre bateau avant son départ vers l’Antarctique. Quelle rencontre !
Tandis que d’autres profitaient du centre-ville en attendant de pouvoir découvrir notre nouvelle maison pour les jours à venir.
Arrivés sur l’Ortelius, nous rencontrons l’équipage du navire et notre chef d’expédition Sara, qui nous dispense les règles de sécurité de rigueur sur le bateau avant que chacun des membres ne se présente à l’ensemble des passagers. C’est ensuite l’heure d’aller manger pour notre premier dîner à bord ponctué de plats réconfortants et délicieux avant la journée du lendemain qui nous attend.
Pour terminer la soirée, nous appareillons, bercés par les lueurs mystiques orangées et quelques zébrures rosées de notre premier coucher de soleil : nous sommes à présent dans le mythique Canal de Beagle !
Nous sommes réveillés par les annonces de Sarah qui nous donne la température extérieure de 6°C, l’avancée de notre bateau vers le Sud à une vitesse de 10 nœuds. Quand, en parallèle, nous affrontons des vents de 25 à 30 nœuds : nous sommes à 130 milles nautiques d’Ushuaia, en route pour l’Antarctique ! Nous sommes actuellement dans le célèbre Passage de Drake.
Cette journée débute par un copieux petit-déjeuner composé de spécialités salées et sucrées qui nous accompagneront durant la matinée afin d’aborder différents thèmes primordiaux au bon déroulé de notre voyage. Un briefing et une présentation de nos accompagnateurs Xavier, Nicolas et Sarah ainsi qu’un rappel des consignes de sécurité et du programme général de cette aventure que nous nous apprêtons à vivre ensemble.
Un repas plus tard, nous reprenons la direction de notre salle de conférence pour parler des consignes IAATO (organisme crée en 1991 et composé de plusieurs membres dont les tours opérators comme Grands Espaces font partie) ; Nous informant des consignes à respecter dans ce grand désert blanc qu’est l’Antarctique, régi par des lois et des traités internationaux depuis l’année 1959.
Notre guide, Xavier, nous invite à le rejoindre pour bénéficier d’une conférence passionnante au cours de laquelle nous découvrirons les secrets des animaux merveilleux que sont les cétacés. Fanons, nageoires, nous sommes prêts à rencontrer ces êtres gigantesques au plus vite !
Pour patienter, nous avons déjà pu observer des albatros à sourcils noirs, des pétrels géants mais également au loin un groupe de globicéphales pour compléter ce tableau aérien d’une touche océanique.
Il est l’heure de faire le point sur cette journée riche en informations au cours d’un rendez-vous groupé, complété de sujets abordés par les guides et la chef d’expédition du bateau.
Nous nous rendons au restaurant pour notre dernier repas du jour avant d’aborder une nuit qui s’annonce houleuse pour l’ensemble de nos passagers.
Le jour se lève sur l’océan, il fait 6 degrés, nous rencontrons des vents de 35 nœuds en moyenne. Une bonne nouvelle, car nous progressons à bonne vitesse : 12 nœuds, pour rejoindre l’Antarctique ! Notre destination, celle que nous attendons tant.
Les ponts sont ouverts à tous, pour pouvoir profiter du magnifique ciel azuré que nous n’avions pas encore observé jusqu’à présent. La visibilité est excellente, nous espérons que les oiseaux et baleines seront au rendez-vous pour notre plus grand plaisir.
Notre guide Xavier nous propose une conférence fort instructive sur les courants marins, cela nous a permis de comprendre avec clarté le fonctionnement météorologique de notre planète. Tous en sortent ravis, pour se rendre la tête pleine vers le déjeuner proposé par notre chef.
Une baleine bleue est repérée au loin, mais elle disparait sous les flots gelés de cette immensité salée. Celle qui nous porte, celle qui nous entraine vers nos rêves de manchots et de phoques.
Au programme de l’après-midi : après avoir appris lors des rassemblements IAATO, il est temps de vérifier si nos équipements sont conformes aux obligations imposées par cet organisme. Une inspection de nos vêtements, des équipements, nous sommes parés pour les sorties du lendemain.
Nous rejoignons ensuite une conférence proposée par notre second guide, Nicolas, qui reprend les différences entre les manchots que nous allons rencontrer et nous en apprend davantage sur la classification et enfin, éclaircit le mystère des noms de manchots et pingouins. Nous ne pouvons plus les confondre.
Nous finissons par sortir sur le pont pour sentir le vent glacé qui vient fouetter nos visages à travers ce ciel bleu qui ne nous quitte pas accompagné d’Océanites de Wilson venant se jeter à la proue de notre embarcation. Les vagues sont puissantes, généreuses, c’est avec humilité que nous naviguons sur cette mer qui nous invite et saurait nous repousser si l’envie lui en prenait. Cela arriverait dans la soirée, arriver en Antarctique, cela se mérite. L’heure du réveil est annoncée à 3 heures pour apprécier les lueurs de l’aube. Il est temps pour nous d’aller nous reposer.
Les plus courageux se lèvent à 3 heures du matin pour admirer les lueurs du lever de soleil sur les montagnes de la Péninsule Antarctique.
Le bateau navigue dans le chenal De Gerlache, ce qui nous permet de profiter de nos premiers icebergs tout de blanc vêtus et de souffles de baleines.
A 7 heures nous sommes réveillés dans la baie de Orne Harbour (du nom d’un baleinier Norvégien), constellée d’icebergs.
Les zodiacs sont mis à l’eau et nous partons naviguer dans ces embarcations pour découvrir notre première colonie de manchots à jugulaire et papous. Mais ce n’est pas tout, il y a également des souffles et des nageoires qui nous accueillent. Une femelle baleine à bosse et son petit nous font l’immense honneur de nous ouvrir le chemin.
Le froid est présent, nous observons également quelques Chionis Albus et cormorans impériaux qui nichent sur la falaise et sont imperturbables : notre présence passe inaperçue.
Des manchots à jugulaire cohabitent avec des manchots papous, c’est avec joie que nous les observons dans leur habitat naturel et découvrons leurs habitudes de vie. Oiseaux aussi bons nageurs qu’ils ne sont gauches revenus à la surface.
Puis nous continuons notre navigation et contournons un amas de brash. L’eau s’engouffre, se fracasse sur ces glaces et nous en revenons le sourire aux lèvres mais il était temps de rentrer, la pluie redouble d’intensité.
C’est l’heure d’aller manger pour entamer le programme de l’après-midi qui nous attend.
Malheureusement, les vagues redoublent d’intensité, nous sommes dans l’obligation d’annuler notre excursion à terre, c’est ainsi que nous nous rendons au salon de conférence pour profiter d’explications sur les glaciers. Ces explications sont fascinantes !
Nous avons alors le temps de nous détendre sur le pont, à la recherche d’autres souffles de baleines et de manchots dont la route pourrait croiser notre navire. Nous patientons, déjà tellement reconnaissants des observations de la journée.
Une nouvelle conférence réunit l’ensemble de notre groupe dont le thème abordé est celui des oiseaux que nous pouvons trouver en Antarctique : ce qui les différencie, leurs caractéristiques physiques mais aussi leur répartition dans leur territoire et leur mode alimentaire.
La dernière image de la journée est poétique, féérique : nous sortons sur les ponts extérieurs et avons la chance de voir de belles lumières du soir tomber sur la crête des icebergs et à l’horizon.
Accompagnées de manchots qui marsouinent pour le plus grand bonheur de nos photographes au-dessus des ondulations bleutées de l’océan.
A peine les dernières lignes de la veille écrites, nous nous rendons sur les ponts extérieurs pour observer des baleines à bosse.
Cela nous donne une indication du programme du lendemain, à l’ordre du jour après le petit-déjeuner : embarquer sur nos fidèles zodiacs pour débarquer sur l’île de Cuverville (il s’agit d’un amiral de la marine). Il nous aurait été impossible de décrypter ou d’imaginer tout ce que nous allions vivre et découvrir durant cette journée.
A commencer par notre premier débarquement sur la Péninsule Antarctique, où l’on retrouve des manchots papous non dérangés par notre présence sur leur territoire. Le ciel est d’un gris perle, la neige fraiche qui crisse sous nos pas. C’est un moment gravé dans le temps qui nous est offert : quelle chance de les voir dans leur habitat naturel marcher, couver leurs œufs, caqueter. Leur démarche invite au rire, ils titubent les ailes ouvertes, ils tombent dans la neige ou ratent leur ascension enneigée. Tous les appareils sont sortis et crépitent d’intérêt.
Nous finissons par reprendre nos zodiacs pour retourner au bateau et découvrir le repas qui nous a été préparé, avant de pouvoir repartir et découvrir un autre site avec tout autant d’intérêt.
Le temps est avec nous, nous entamons notre second débarquement en Péninsule Antarctique sur le site de Danco : durant la traversée en zodiac, nous sommes à côté d’une baleine à bosse qui nous fait le cadeau de pirouettes laissant nos objectifs reprendre leur travail laissé en suspend depuis ce matin.
La queue du mégaptère se profile au loin sur un mur de glace argenté contrastant avec le bleu marine de l’eau du fjord.
Nous ne sommes pas au bout de nos surprises car sur les rives de l’île nous attendent deux manchots à jugulaire, les premiers que nous observons ! Ils sont paisibles, nous regardent arriver sans changer leurs habitudes du haut de leurs 71 centimètres de hauteur et leurs 4 kilogrammes en moyenne. Pourquoi jugulaires ? Car le dessus de leurs têtes est noir. Le reste est blanc avec une ligne noire dessinée sur le cou de part et d’autre des oreilles (comme la couronne d’un invisible couvre-chef, d’où le nom de jugulaire).
C’est une situation drôle de voir des manchots à jugulaire cohabiter avec les manchots à papous, ces derniers mesurent 76 centimètres en moyenne pour environ 4 kilogrammes, ils ont une tache blanche triangulaire en arrière de chaque œil, leurs têtes et leurs cous sont noirs quant à eux.
Une ascension de cette pente enneigée nous donne l’opportunité d’avoir une vue panoramique de l’ensemble de ce fjord, quel spectacle, la vue mérite l’effort produit pour arriver au sommet.
Il est temps de redescendre, nous partons à l’abord de nos zodiacs pour observer des phoques repérés avant notre débarquement : des phoques de Wedell. Nous n’en avions pas observé jusqu’à maintenant. Posés, avachis sur leurs rochers, nous zigzaguons entre icebergs et roches pour les avoir avec le meilleur angle d’observation possible.
Le récapitulatif va commencer, au programme : bilan de la journée, programme du lendemain. Mais nous devons écourter ces allocutions puisque plusieurs groupes de baleines sont repérés, c’est un ballet qui se déroule sous nos yeux.
Les paysages sont composés de pics enneigés, d’icebergs aux courbes géométriques, ponctués de bleu turquoise, de bleu marine et de blanc immaculé. Ces colosses de glace émergent des flots et nous ouvrent la voie au royaume des baleines. Nous ne savons plus où regarder, c’est un véritable festival, des queues qui émergent, des bouches qui tentent de gober du krill. Ces mégaptères puissants nous offrent une scène de chasse stupéfiante : des cercles se forment, nous savons maintenant comment se nourrissent ces puissants cétacés. Leurs souffles suivent notre bateau, elles sont de toutes parts autour de notre navire. Les ondulations métalliques des vagues accompagnent notre navigation et complètent à merveille cette scène fantastique.
De quoi sera fait demain ? Nous avons hâte de le découvrir !
Nous nous éveillons après une belle nuit placée sous le signe des baleines que l’on a observées la veille. Il est 5 heures 30 du matin. Le réveil est matinal pour que nous ayons tous la chance de voir le passage dans le canal de Lemaire. Ce passage est énigmatique, brumeux, pas un son lors de notre traversée, seulement le bruit des appareils photos qui immortalise ces hautes falaises de glace qui tombent à pic de part et d’autre du bateau.
Cette vue valait la courte nuit que fut la nôtre. Après un copieux petit-déjeuner nous continuons l’observation du continent Antarctique, ce matin la France sera à l’honneur : nous débarquons sur un site d’exception, Port Charcot. Car ici, Jean-Baptiste CHARCOT et le bateau « Le Français » ont hiverné en 1904, dans cette petite baie où il reste encore quelques vestiges de leur passage. Un cairn et l’ancienne installation où le commandant faisait ses relevés géomagnétiques, car le but de ces expéditions était très souvent à visée scientifique. Ce site est également un lieu propice à l’exploration des trois espèces de manchots : Adélie, Papous, Jugulaire. C’est la première fois que nous voyons des manchots Adélie depuis le début de notre aventure sur le continent de glace. Nous sommes sur l’île de Booth, dont les paysages sont spectaculaires, somptueux, il est difficile de décrire à quel point cet endroit est magique. Nous pourrions avoir fait la photo la plus belle possible, aucune ne parviendrait à retranscrire la pureté, la magie de cet endroit.
Soudain, la radio crépite, un phoque léopard tente une approche contre un groupe de manchots, nous pouvons le voir nager avec grâce à la poursuite de ses proies. Cela fait déjà trois heures que nous profitons de ce lieu, il est temps de repartir au bateau.
Durant le temps du déjeuner, le bateau se repositionne en direction du sud, nous longeons la Terre de Graham en alternant pics rocheux et glaciers gigantesques, des cathédrales glacées.
Cette fois-ci nous partons pour une double activité : certains montent à bord des zodiacs pour une croisière à la découverte de l’archipel de Wilhelm, durant cette navigation nous avons la chance d’observer des phoques de Wedell se prélassant sur des ilots rocheux. Le gris de leur pelage luisant contrastant avec le brun profond des roches sur lesquelles ils se reposent.
La sortie zodiacs continue à l’intérieur d’un cimetière d’icebergs, nous zigzaguons entre ces géants de glace bleutés, sculptés par la force des éléments en chefs-d’œuvre. Le clou du spectacle est un iceberg en forme d’arche, haut de plusieurs mètres. Pendant que l’autre partie du groupe débarque sur l’île de Yalour à la rencontre d’une colonie de manchots Adélie, y ayant élu domicile pour leur cycle de reproduction. Nous suivons divers chemins en direction de plusieurs lieux de naissance.
Ici, nous avons de la chance car entre leurs pattes nous pouvons voir de jeunes manchots de quelques semaines pour certains, quelques jours de vie pour d’autres.
Nous sommes émus de voir ce spectacle de la vie, les parents couvent leurs petits, on les devine entre leurs pattes. D’autres glissent sur leurs ventres dans les pentes, c’est une scène de vie assez drôle à laquelle nous assistons.
La pluie guide notre retour, nous sommes attendus pour le goûter avant notre récapitulatif habituel et le programme du lendemain qui s’annonce sous le signe du soleil. La soirée sera animée par une belle navigation dans les différents canaux pour rejoindre notre site de débarquement du lendemain.
Après notre appel quotidien du matin, un petit-déjeuner est servi pour ravir nos papilles. Café, chocolat, jus de fruits, viennoiseries et spécialités salées sucrées sont servies pour notre plus grande gourmandise.
Nous sommes tous sur les ponts pour profiter d’un magnifique ciel bleu où percent d’immaculés icebergs qui se détachent du paysage. Nous mesurons à sa juste valeur la grandeur de ces paysages, leur puissance et à la fois leur fragilité. Nous prenons conscience du caractère éphémère de ces géants de glace.
Un vent froid nous fouette le visage, notre équipe d’expédition doit revenir sur le programme espéré de la matinée car les conditions de débarquement sont trop périlleuses pour pouvoir s’y risquer. Les forces de la nature nous prouvent encore que nous ne maitrisons rien si cette dernière en décide autrement. Heureusement, Bill nous invite en salle de conférence pour nous faire découvrir les faces cachées de l’Ortélius : la salle des machines soit le centre névralgique du navire, la cuisine et son équipe qui travaille dans l’ombre à nous offrir chaque jour tant de merveilles à déguster…
Nous arrivons dans Wilemina Bay : la météo est excellente, un grand soleil nous surplombe et nous illumine, il cristallise la surface des vagues et ouvre la voie de plusieurs baleines qui nous offrent à nouveau un spectacle stupéfiant. Cela dure plusieurs heures sur fond de glaces, de bleu, de nuages qui frôlent le sommet de ces glaciers.
Cette pièce se finit par l’annonce du repas de midi, nous nous dirigeons vers la salle de repas et notre chef d’expédition nous apostrophe : deux baleines sont à côté du bateau ! Nous voyons leurs dos qui ondulent à la surface des flots bleus.
Il est déjà 14h00, nous partons pour une excursion en zodiacs autour de Foyn Harbour. La météo est toujours à nos côtés, ce dédale de petits ilots rocheux constituait un havre où venaient s’abriter les navires (baleiniers anglais et norvégiens) que nous nous apprêtons à fouler de nos hélices. Nous observons l’épave d’un bateau échoué en 1916 suite à un incendie en mer. L’Histoire de l’Antarctique est riche d’anecdotes.
C’est un dédale d’icebergs dans lequel nous allons naviguer, nous observons ces formes géométriques blanches qui émergent de ces grands espaces. Nous rencontrons plusieurs colonies d’oiseaux : cormorans, sternes, nous voyons plusieurs phoques se prélasser sur des morceaux de roches ou d’icebergs. C’est une journée comme on ne pourrait en voir que dans nos rêves. Du bleu, du blanc, le velouté des nuages qui se mêle aux frous-frous des vagues domptées par le vent. Nous ne voulons pas que se finisse cette journée.
Notre récapitulatif habituel nous attend, il sera rapide ! Un barbecue était prévu mais la force du vent nous oblige à annuler cet événement et organiser le repas à l’intérieur. Nous profitons de ce repas dansant et musical avant d’être appelés car une baleine à bosse saute à la poupe du bateau. Les couleurs pastel nous accompagnent et notre soirée se termine sur une note de magie.
Les rêves peuvent donc se vivre les yeux ouverts…
La fin de ce merveilleux voyage approche. C’est notre dernier jour en Antarctique avant de reprendre le chemin du Passage de Drake.
Au programme : débarquement sur l’île de la Déception (62° 59’ S, 60° 34’O), qui ne nous décevra pourtant pas. Cette île appartient à l’archipel des Shetland du Sud. C’est une immense caldera (effondrement de la poche magmatique) de 10 kilomètres de diamètre. Nous pénétrons par le soufflet de Neptune, qui est une ouverture naturelle qui nous permet d’accéder à la baie des Baleiniers. Ce lieu fut un haut lieu de transformation de la baleine en huile, engrais, viande, exploitée par l’industrie baleinière. C’est un tout autre paysage, une autre planète que nous foulons de nos bottes : un sable noir, quelques manchots à jugulaire nous accueillent sur la plage.
Des explications sont données sur un micro-organisme que nous n’avions pas encore observé : le salp, tel le krill est tout autant un élément, aliment important et fondamental représenté en Antarctique. Nous aurons un récapitulatif à son propos le soir même pour revenir et préciser son utilité. Durant la sortie, nous pouvons également observer des damiers du Cap (oiseau facilement reconnaissable au plumage de son dos tacheté blanc et noir) se nourrissant le long de la côte. Nous continuons notre balade en direction de la fenêtre de Neptune et au bout de la plage, un jeune éléphant de mer se repose sur le sable. Endormi, confortablement allongé dans le sable, non perturbé par notre présence. Il faudra être patient pour le voir se redresser, cela ne durera que quelques minutes. Il se gratte, se rendort, nous regarde, se rendort, se tourne, se cache, glisse, puis finit par se rendormir et malheureusement il est temps pour nous de partir.
Pour les plus courageux, nous gravissons les pentes du volcan vers le sommet afin d’avoir une vue panoramique au-delà de la baie. Jalonnent le long de la plage des anciens vestiges de la station baleinière et des expéditions anglaises (ravagées lors d’une éruption volcanique) qui ne sont plus utilisés depuis des années, des os de baleines, étoiles de mer et bidons conteneurs d’huile. En effet, en 1969 une éruption volcanique détruit la majeure partie de la station baleinière et scientifique, obligeant ses occupants à être évacués. C’est un cimetière de baleines qui se trouve devant nous, le ciel est bas, gris, cela confère une note très dramatique à ce moment. Nous pouvons observer les fumeroles de ce volcan napper l’air de son léger nuage et tremper les doigts dans l’eau chaude provenant des profondeurs de la terre. C’est un bond dans le passé. Nous nous rendons compte une fois de plus de l’immense richesse et de la variété de ces paysages désertiques.
Nous avions prévu un débarquement cet après-midi, pour notre dernière sortie à Half Moon Island : mais comme toute expédition oblige, nous sommes tributaires de la nature et cette dernière nous rappelle qu’elle est maîtresse en ces lieux. Des rafales de vent allant jusqu’à 50 nœuds fouettent notre navire et nous devons renoncer à cette dernière visite pour des raisons de sécurité. Xavier organise ainsi une conférence pour nos passagers sur le thème de « Comment résister aux conditions glaciales des milieux polaires », directement en lien une fois encore avec le but de notre voyage. Quelques questions plus tard, nous rejoignons notre récap journalier pour reprendre le programme du jour, connaître le programme du lendemain et revenir sur l’Histoire de Gerlach et les expéditions qui ont suivi.
Nous avons rebroussé chemin et sommes en pleine traversée du Passage de Drake, les conditions sont un peu moins clémentes qu’à l’aller mais nous profitons de ce voyage jusqu’au bout !
Il est 9h30, l’heure de rejoindre Nicolas en salle de conférence pour aborder l’Histoire des explorateurs polaires et en apprendre davantage sur les vies et découvertes de ces hommes. Nous apprenons ainsi comment le dernier continent a été découvert, par un explorateur bien connu des français : Dumont d’Urville qui baptisa cette terre, « la Terre Adélie » en hommage à sa femme Adèle. Cela ravive la rencontre que nous avons faite avec les manchots Adélie, merveilleux oiseaux qui nous ont fait rire par leurs actions cocasses et renvoie de nombreuses images à nos yeux.
Cette journée sera consacrée aux conférences, la suivante sera présentée par Xavier sur la neige.
Il nous présente cet élément qui est en perpétuel changement, les grains fins, le craquement et les métamorphoses de rayon de courbure n’ont plus de secret pour nous…
Après le déjeuner nous retrouvons de nouveau Xavier pour une autre conférence cette fois sur les baleines à bosse et les orques. Il nous décrit ces espèces avec de nombreux détails et nous permet de comprendre l’évolution, leur place actuelle dans ce monde. Nous nous replongeons dans les observations faites lors de ce fabuleux voyage, le souvenir des baleines à bosse chassant à côté de notre bateau, leurs souffles, la magie de cet événement qui se transforme en souvenir.
Nous finissons la journée avec le récapitulatif journalier de notre équipe d’expédition, la route est encore longue et notre retour est bientôt bien amorcé.
La fin de notre aventure approche, tout comme notre navire nous entraîne vers le Canal de Beagle.
Notre chef d’expédition et Sarah nous donnent les informations de rigueur comme chaque matin avant que nous ne sortions le nez sur les ponts extérieurs. Dernier appel, dernier point matinal météorologique… tout a une saveur de dernière fois, à présent.
Ce bien connu et illustre Passage de Drake est un peu moins calme qu’au départ du voyage, mais qu’à cela ne tienne, nos guides Nicolas et Xavier vont nous tenir en haleine par différents sujets abordés au cours de conférences.
La première, dispensée par Bill, nous dépeint la représentation de la Mer dans de nombreuses œuvres à travers les siècles. Tantôt déchainée par des vagues rebelles, tantôt apaisée, favorisant le commerce et les navigations de marins. C’est à la fois une étude de l’art dans sa variété mais aussi une compréhension des pensées de chaque époque.
La compréhension de l’environnement, tout comme sa protection sont chers à nos cœurs, c’est ainsi que notre matinée se poursuit par une conférence de Xavier sur le trou de la couche d’ozone. Nous en avions tous entendu parler, Xavier a réussi à nous expliquer la totalité du phénomène et à en percevoir les dangers. Le temps a filé, là est tout le charme de ces conférences : rendre accessibles des données scientifiques, en ressortir grandis et ambassadeurs de changements.
La journée se poursuit avec une exposition photographique commune des espèces et paysages sous-marins observés par les plongeurs ! Équipés, expérimentés : nous enfilons le temps d’un diaporama combinaison et masque pour observer ce qui nous était inaccessible à la surface.
Puis, Nicolas nous partage son exposé sur les Terres Australes et Antarctiques Françaises (abrégées par l’acronyme TAAF) afin d’en apprendre davantage. Ces dernières, constituées de cinq districts : l’archipel Crozet, l’archipel Kerguelen, les îles Saint-Paul et Amsterdam (ces trois districts constituant les Terres australes, ou districts austraux), la Terre Adélie en Antarctique, et les îles Éparses.
Bousculés par les flots, certes, mais enrichis de toutes ces connaissances, nous reprenons le chemin de notre dernier récapitulatif avec le cocktail d’adieu du capitaine et de toute l’équipe d’expédition.
Au revoir cher Ortélius, au revoir guides, manchots, baleines et paysages immaculés tendres à nos yeux et désormais images que nous chérirons pour longtemps. Après les au revoir à nos compagnons de voyage, nous repartons chacun vers nos différents avions pour pouvoir mieux se retrouver, nous l’espérons, lors d’une prochaine aventure !
« L’azur, certains soirs, a des soins de vieil or. Le paysage est une icône. Il semble qu’au soleil couchant le ciel qui se craquelle se reprenne un instant à croire à son bleu. Un jour inespéré se lève tandis que sur la mer la nuit reprend ses appuis. »
Jean-Michel MAULPOIX – Une histoire de bleu
Suivez nos voyages en cours, grâce aux carnets de voyages rédigés par nos guides.
Messages
Comment était le passage de Drake Vader? Il y avait des Jedi ?
Vous êtes maintenant en pleine croisière . Nous espérons que la nuit houleuse s’est bien passée 😁
Et le passage du Drake c’était comment ?
On pense à vous de Tres mon . Bises Laurence et Miguel et family
Quelle(s) expérience(s) ! Nous espérons que vous vous en mettez plein la tête et les mirettes ! Bravo 👍🏻👍🏻 au(x) guides qui écrivent ces résumés avec des mots si bien choisis qu’ils nous font rêver ! C’est presque comme si on y était aussi. Des bisous depuis Oullins City et New-York !! Marie-Thé et Marie
On espère que vous verrez plein de baleines. On pense très fort à vous. On vous embrasse.
Hélène et Timothé
Ça fait rêver! Profitez bien! Bisous à Jean-Paul et Annie.
Merci pour le journal qui nous permet de participer à ce fantastique voyage;
Un très joyeux anniversaire à notre raclette des neiges ! Profite bien de cette merveilleuse journée au milieu des glaciers, des pingouins et peut être.. des bélugas !
Une grosse pensée et plein de bisous a toi et a notre truite polaire !
On vous aime ❤️
Bel anniversaire ma chère Sarah dans ce magnifique paradis blanc 🤩 si bien décrit dans ce carnet de voyages 👏.
Savoure chaque moment.
Gros bisous de toute la famille ❤️
Marie-Christine
Vous voilà déjà presque revenus à votre point de départ….quel merveilleux voyage! Le carnet de bord nous permet de profiter de ces superbes paysages et de toutes les rencontres faites!
Élisabeth et Dominique