Marianne Duruel
Coordination et Photographie
9 novembre
21 novembre 2018
À bord de l’Ombak Putih, novembre 2018
Marianne Duruel
Coordination et Photographie
Partis de Genève ou de Paris, nous nous retrouvons tous, finalement, à Singapour. Le petit groupe fait connaissance dans une ambiance très cosmopolite complètement à l’image de la ville. Singapour, c’est tout à la fois une île, un État, et enfin, une ville de 5 791 901 habitants. Sur ses 719 km², la petite Suisse d’Asie du Sud-Est a su se développer depuis son indépendance, en 1965, pour devenir l’un des pays les plus développés et les plus prospères du monde, tant en terme d’économie, d’éducation, de santé, de sécurité que d’urbanisme. Elle possède le 2e port au monde (après Shanghai) en termes d’exportations et de trafic maritime. C’est la 4e place financière au monde. La ville se targuait en 2009 d’afficher la plus forte concentration de millionnaires rapportés à la population totale devant Hong Kong, la Suisse, le Qatar et le Koweït.
De plus, grâce à son climat équatorial, la métropole très densément urbanisée s’offre le luxe d’une végétation luxuriante – même en plein centre-ville. Elle se veut la championne de l’esthétisme au service du développement durable. Depuis des années déjà, la végétation s’invite sur les hauts immeubles. Les projets verts ne cessent de se développer sur l’île et ont valu à Singapour le surnom de « ville jardin ». Suivant l’heure d’arrivée et l’impact du décalage horaire, chacun s’organise entre repos et découverte de la ville. Bienvenue à Singapour !
Nous quittons Singapour pour l’Indonésie. Ses 1 904 km², 5 160 km d’Est en Ouest et 1 760 km du Nord au Sud, expliquent notre périple. Nous rentrons dans le pays au niveau de sa capitale : Jakarta, puis atterrissons à Makassar. L’ancienne ville de « Ujung Pandang » (1 577 266 habitants), située au Sud de l’île de Sulawesi (les Célèbes), en est le centre des affaires. Sulawesi est la quatrième plus grande île du pays. Mustari, notre guide, nous accueille à l’aéroport. Quatre principaux groupes ethniques y cohabitent : les Bugis, les Makassars, les Mandars et les Torajas. Les deux premiers sont côtoers et les deux suivants établis dans les montagnes. Ces peuples possèdent encore leur propre culture et leur propre langue. Les religions dominantes sont l’islam, pour les premiers, et le christianisme chez les Mandar et les Torajas. Pour les chrétiens, l’enterrement est essentiel. Les traditions funéraires des Torajas qui nécessitent le sacrifice de nombreux buffles sont très particulières et importantes dans la vie sociale. Pour l’heure, nous roulons vers notre hôtel sur un axe bordé de palmiers à bétel, Areca catechu. Ils sont précieux, car leur noix, dite d’arec ou de bétel, est très courue, ici. On chique un mélange fait de noix d’arec, de tabac, de feuille de bétel, d’un peu de chaux, le tout, parfumé au clou de girofle… Cela possède, dit-on, toutes sortes de vertus, mais tache lèvres et dents… La nuit est tombée sur la ville et, en ce samedi soir, la ville est fort agitée et lumineuse… Après un excellent dîner très orienté fruits de mer, nous profitons d’un repos bien mérité.
Ce jour est consacré à la découverte de Makassar et sa région. Nous commençons par le marché aux poissons. Les poissons sont débarqués directement des bateaux de pêche. Sous la vaste halle, on se presse, on se bouscule, mais toujours avec le sourire, devant les myriades de poissons de tailles et de couleurs variées. Ce marché donne une première idée de la biodiversité marine locale. Tout autour du marché, c’est l’effervescence. Les rues étroites sont encombrées de motos, vélos, rickshaws, voitures, camions. Tout est inextricablement mêlé et les croisements sans se toucher tiennent souvent du miracle… A la sortie du marché, les parkings à motos et scooters regorgent d’engins… Tous les habitants du coin que nous croisons sont accueillants, souriants et joyeux. C’est vraiment la « marque de fabrique » indonésienne… Les enfants remportent un franc succès auprès des photographes, souvent les photos sont faites sur demande des petits jeunes gens. Nous continuons vers le port des bateaux bugis ou goélettes traditionnelles « pinisis ». Ces élégants bateaux à la proue élancée servent à faire du cabotage dans la région. Ils peuvent transporter des marchandises très variées : riz, bananes, oignons, échalotes… Les chargements et déchargements peuvent se faire aussi bien à dos d’hommes sur des planches de bois qu’à l’aide de petites grues.
Nous quittons le port de Makassar pour prendre la route de Maros. La région est particulièrement réputée pour la beauté de ses paysages karstiques. Après environ une heure de route, nous arrivons à l’embarcadère. De jolies bateaux effilés aux couleurs pimpantes nous attendent. Notre petite croisière nous entraine au fil de l’eau, d’abord entre des blocs de calcaires sculptés par l’érosion puis la végétation se ressert sur le cours d’eau et nous glissons entre des rangées de palmiers nypas. De place en place, les filets et bambous des systèmes de pêcheries attendent la saison favorable. Plus nous avançons et plus nous pénétrons entre les hauteurs karstiques. C’est superbe! Aujourd’hui, c’est dimanche et nous croisons parfois une autre embarcation en sens inverse chargée de passagers enthousiastes qui nous saluent frénétiquement. Vraiment joyeux ces Indonésiens… Après quelques passages sous d’improbables ponts de bambous et un étroit défilé calcaire, nous arrivons à un débarcadère. C’est un petit village d’une vingtaine de maisons. Bâties sur un secteur de rizières, les maisonnettes se reflètent dans l’eau dans une sorte de petite vallée entre des promontoires karstiques.
L’une d’elle nous accueille sous un charmant auvent de bambou. Le déjeuner est pris sous la surveillance de la grand-mère de la famille qui nous observe du haut d’une ouverture de la maison sur pilotis. C’est excellent et quel cadre! La balade digestive permet aux amateurs une petite expédition entre les parcelles en eaux, en cette saison consacrée à la pisciculture et à l’élevage des canards. Nous atteignons une falaise dont le pied servit d’abri dans le passé. Un passé lointain puisque à certains endroits, dans la région, des pétroglyphes datés de près de 40 000 ans attestent d’une occupation humaine. Nous regagnons Makassar pour y visiter le musée « La Galigo » consacré aux modes de vie traditionnelle. Un dîner dans un restaurant de fruits de mer clôt cette belle journée.
Après l’opération avions, nous atterrissons sur l’aéroport de Kaimana. Nous avons l’intime conviction d’être vraiment loin de tout dans ce site au pied de falaises couvertes de jungle. Nous venons de survoler un peu de la Papouasie-Nouvelle Guinée, une jungle parcourue de cours d’eau aux nombreux méandres qui finissent dans l’océan en vastes estuaires limoneux. Régulièrement des « routes » traversent le milieu vers quelques regroupements de 4, 5 constructions de tôles au milieu de nul part. Les activités humaines y sont ponctuelles mais ouvrent parfois de vastes « clairières » d’activités agricoles. Pour l’heure, nous sommes accueillis par Sébastien et Anasthasia. Nous laissons passer les militaires qui encadrent une personnalité politique arrivée en même temps que nous et montons dans nos véhicules. C’est étrange de trouver de si belles voitures dans ce minuscule port coincé entre jungle et océan et dont les seuls moyens d’accès sont l’avion ou le bateau. Nous suivons La route qui nous amène au bateau. Tout contents, nous découvrons notre agréable cadre de vie des jours à venir. L’Ombak Putih, la « vague blanche », est un bateau bugi traditionnel, en bois, plein de charme. Nous sommes accueillis par un délicieux jus de fruits exotiques et les sourires de l’équipage. Chacun découvre sa cabine puis nous sommes conviés au traditionnel briefing de sécurité et vie à bord. Le premier déjeuner est pris sur le pont dans une bien agréable petite brise tandis que nous commençons la navigation vers Namatote. Nous passons non loin de vastes bateaux de pêche. Il s’agit de « bagans ». Les bateaux en bois sont des catamarans traditionnels sur lesquels un cabine en bois est montée. Tout un système de lumières et un vaste filet accroché aux 4 extrémités permet de pêcher la nuit. Le filet est descendu sous le bateau en pleine lumière. Les poissons sont attirés par ses dernières. Quand les prises sont conséquentes, le « carrelet » est remonté. C’est vraiment une technique de pêche répandue ici. Et cela donne de nuit l’étonnant contraste de bateaux « arbres de noël » près des quels filent de longue esquifs à bonne vitesse, sans… À chacun sa technique…
Nous longeons des contreforts calcaires couverts de jungles puis faisons le tour d’une vaste île. Quel paysage! La végétation dense s’accroche de manière incroyable à la roche nue. De place en place une plage de sable blanc surplombée de cocotiers semble nous inviter… Nous arrivons dans un secteur de surplombs au pied de certains pans karstiques. Là, sur la roche claire ressortent des pétroglyphes. Il y a 3000 à 5000 ans les habitants de cette région de la baie de Triton ont réalisé ces peintures : des symboles, des mains, des soleils, des poissons, des lézards… Certaines scènes ont été interprétées par les spécialistes de la question comme des représentations symboliques peut-être liés à des rituels. Les mains en négatif, sortes de pochoirs soufflés ocre ont été attribuées tantôt à des hommes, tantôt à des femmes. Il semble donc que comme c’est le cas dans la culture papou, hommes et femmes s’activaient de manière séparée. Après cette balade en zodiac, nous faisons escale sur une petite plage secrète dans une anse sublime. En barbotant avec délice, nous écoutons les bruits de la jungle environnante. Les oiseaux y sont nombreux et nos premiers cacatoès et calaos sont aperçus au loin. Ce premier bain est un vrai bonheur ! Et que dire de notre premier dîner sur le pont de l’Ombak Putih dans une agréable petite brise sous un beau ciel étoilé… Bienvenue à bord !
Ce matin, opération requin-baleine. Le bateau est ancré non loin du site de nourrissage des géants. C’est une manière de faire qui peut choquer. Mais… Le requin-baleine est une espèce en danger pour diverses raisons dont la chasse pour notamment ses ailerons vendus à prix d’or sur les marchés chinois. Or, nous sommes dans des régions du monde où il n’est pas toujours facile de nourrir sa famille. Il faut donc trouver des sources de revenus qui protègent la faune marine tout en permettant à la population de vivre. L’adage étant qu’un animal vivant doit rapporter autant voir plus qu’un animal mort. Pour ce faire, il faut développer un écotourisme de qualité. J’entends par là, le développement d’un tourisme qui génère de réels revenus aux populations locales et qui se font de manière éthique, sans nuire à la faune par excès de visiteurs ou stress des animaux par de mauvais comportements. Là, en l’occurrence, les pêcheurs pêchent des espèces de poissons de petite taille (bancs de sardines, sortes d’anchois locaux…). Puis, ils appâtent les requins-baleines en versant régulièrement les poissons. Dans cette région, les pêcheurs sont payés pour ça. Le résultat est le suivant, par ici, on ne chasse plus le requin-baleine.
Ce matin, n’est pas un jour de chance pour nous et nous arrivons juste après qu’un requin-baleine ait plongé et disparu dans les profondeurs. Il peut descendre jusqu’à 1000 à 1200 m. De retour au bateau, Anasthasia, notre guide, nous console en nous faisant partager ses photos et connaissances sur le requin-baleine. Le plus grand poisson de la planète (rien à voir avec un cétacé), Rhincodon typus, appartient à la famille des requins et des raies (Chondryichtyes). Sa taille moyenne est de 12 m pour une vingtaine de tonnes. Son squelette est en cartilage. Les taches blanches sur sa peau sont, pour lui, l’équivalent de nos empreintes digitales. Il vit dans les eaux chaudes, autour des tropiques et pratique de longues migrations. Son espérance de vie est d’une centaine d’années. Il se nourrit des microplancton et de petits poissons en filtrant ce qu’il engouffre. Toujours en mouvement dans l’eau, il évolue lentement, ce qui est une source d’accidents avec les bateaux. Ovipare, la femelle peut garder jusqu’à 300 oeufs puis les naissances sont échelonnées. Certains sont équipés de balises GPS pour l’étudier et mieux les protéger. Ces balises émettent quand l’animal suivi remonte à la surface pour se nourrir. Cela permet de suivre ses déplacements, d’étudier son milieu (température de l’eau, salinité, profondeur de plongée…).
Nous avons repris notre navigation pendant ce temps et évoluons dans un paysage à couper le souffle. Après un agréable déjeuner-buffet et une sieste ou farniente sur le pont, nous partons profiter des lieux. Le doux sable blanc d’une petite crique nous accueille. Bain ou première exploration en snorkeling s’offrent à nous. C’est l’occasion de voir notre premier poisson-lion. Un pygargue blagre occupe un moment les photographes de la plage. Puis nous partons sous les cocotiers vers un petit lac. Nous passons près de deux gros monticules. Il s’agit de nids… de mégapodes, des mégapodes de Reinwardt, plus exactement. Ils vivent en couple à vie et si l’un trépasse, l’autre se laisse mourir… La femelle pond un oeuf unique, très gros. Si gros qu’après l’avoir pondu, elle s’évanouit puis se relève d’un bond et poursuit ses activités. Les gros monticules abritent l’oeuf de plusieurs couples. Constitués de sable et végétaux mêlés, cela va garder une température idéale pour l’incubation des oeufs… Le petit lac est un écrin de verdure dans lequel se reflète la dense végétation environnante. Un petit cormoran à gorge blanche nous observe de l’autre côté. Après le délicieux cocktail de jus de fruits du bateau, nous repartons pour poursuivre notre exploration en zodiac. Louvoyant entre îles, ilots et champignons calcaires, nous longeons les aplombs, les pleins et déliés de ce beau paysage karstique intimement lié à une dense végétation. Des concrétions ourlent les entrées de grottes, la roche développe des palettes de couleurs du blanc pur aux dégradés d’ocre ou de noir. Parfois, une aigrette sacrée s’envole, cacatoès et calaos festonnés nous survolent en regagnant leur dortoir. Les palmiers ourlent les silhouettes dentelées des hauteurs derrière lesquels un ciel panaché de nuages se pare des couleurs du couchant…
Réveil matinal, aujourd’hui, nous avons un nouveau rendez-vous potentiel avec le requin-baleine. Quelques éclaireurs sont partis aux nouvelles auprès des pêcheurs. Et…
Génial ! Ils sont deux et des dauphins attirés par un petit-déjeuner facile. La tension monte d’un cran à bord. L’information et vite transmise et tout le monde est très vite prêt. Nous sommes tous dans les « starting-blocks ». L’ombak Putih ralentit, nous embarquons fébrilement dans les zodiacs. Les palmes sont vite enfilées… À peine arrivés au bagan, le bateau des pêcheurs, qu’une gigantesque gueule sort de l’eau. Waouhhh ! Nous nous précipitons dans l’eau. C’est spectaculaire, on se sent bien petits, surtout au début… L’observation révèle de grands poissons si calmes et pacifiques. Car ils sont deux : un adulte et un plus jeune. La gueule énorme enfourne l’eau et les petits poissons tandis que sur le côté, on voit ressortir l’eau filtrée par les ouïes. Quelques poissons téméraires s’activent autour de sa bouche. Ils savent qu’ils ne seront pas avalés. Ils profitent de sa présence protectrice et de ses restes. Des poissons-pilotes ressortent sur le ventre blanc du grand animal. Le plus grand est équipé d’une balise GPS, espérons que cela lui évitera de finir en soupe chinoise… Mais il a déjà subi l’impact de la présence humaine, car une de ses nageoires porte la cicatrice profonde d’une hélice… Les doux géants passent et repassent tout près de nous. Nous croisons régulièrement leur regard… Incroyable ! Nous en profitons largement puis remontons à bord.
Nous restons un certain temps, un temps certain sous le charme de cette rencontre si forte avec les grands requins… Le bateau a repris sa navigation, parfois quelques nageoires de dauphins sortent de l’eau. Ce matin, nous parlons Indonésie et plus particulièrement Papouasie, paysages karstiques, pétroglyphes et de l’étonnant requin-chabot ocellé dit « marcheur », car ses nageoires pectorales et anales modifiées lui permettent la reptation sur le fond (découvert récemment).
Nous continuons notre rythme « effréné » de début d’après-midi… puis nous partons explorer en zodiac la rivière Lengguru. L’embouchure est bordée de palétuviers. La mangrove festonne les rives avec sa végétation à échasses caractéristique. La rivière s’enfonce au sein d’une végétation dense vers une montagne couverte de jungle. Après les aigrettes de l’embouchure, quelques ibis à tête noire sont perchés sur un arbre mort puis c’est le festival des calaos. Craintifs, car chassés, ils décollent rapidement au bruit du moteur. Certains passent non loin de nous et l’on entend le bruissement de leurs ailes. Il s’agit de calaos bicornes à l’envergure de 1,25 m… Caméras et appareils s’activent, mais il faut être rapide… Nous passons régler notre droit de passage. En effet dans ces régions où nous avons l’impression de nature absolue, des règles existent. Pendant toutes nos sorties, nous sommes accompagnés par un membre des communautés papoues locales et nous payons un droit d’accès pour ces sites superbes. Tout ceci fait partie du processus qui va dans le bon sens pour la protection de la nature dans ces territoires. En effet, l’intérêt que nous portons à la faune et qui rapporte aux communautés les pousse à ne prélever que le nécessaire par la chasse et la pêche, car cela rapporte de manière régulière quand un organisme, comme ici, passe régulièrement en raison d’un milieu riche en faune. La suite de la remontée de la rivière est de toute beauté.
Après une petite coupure au bateau, nous partons visiter le village de Lobo. C’est un village de 118 familles soit 300 habitants, fermiers et pêcheurs. C’était l’un des plus actifs, autour de Kaimana à l’époque hollandaise. Ces derniers y avaient construit un fort, le fort du Duc. De leur influence, il reste l’église protestante pour la communauté qui l’ait majoritairement. Le village possède une école primaire avec 6 classes. L’ambiance est paisible et les habitants bien souriants. Notre Papou référent rentre chez lui. Nous quittons Lobo pour reprendre notre navigation vers le Nord.
Après avoir passé le cap Papisol, à l’heure du petit-déjeuner, le bateau arrive en vue des chutes de Kitikiti. En face, 2 champignons karstiques coiffés de végétation ajoutent à la beauté du site. Nous nous préparons pour la première activité de la journée : opération snorkeling. Les zodiacs nous emmènent sur une petite plage secrète d’où chacun choisit son activité. Pour les uns, il s’agit de profiter du lieu, pour les autres d’explorer le milieu sous-marin proche. Nous sommes dans le célèbre triangle de corail, l’épicentre mondial de la biodiversité marine. Les fabuleux récifs coralliens de la péninsule de Papouasie indonésienne en sont la partie la plus riche avec entre 500 et 600 espèces différentes de corail. Ce triangle exceptionnel couvre 6 millions de km² entre les Philippines, la côte Est de Bornéo, l’île des Célèbes (Sulawesi), l’archipel des Moluques, Bali et les petites îles de la Sonde, la Papouasie occidentale indonésienne, le Timor oriental, la Papouasie Nouvelle-Guinée et les îles Salomon.
Ces régions représentent moins de 2 % des océans, mais contiennent 53 % des récifs coralliens du monde et 76 % des espèces coralliennes connues.
Plus de 3000 espèces de poissons y vivent. Nous avons bien souvent l’impression de nager dans un aquarium… Les plus grandes concentrations de poissons se font dès qu’il y a du corail. L’étrange animal, car il s’agit d’un polype est membre de la même famille que les méduses et les anémones de mer, les cnidaires. Il vit en symbiose avec une algue, la zooxanthelle. Le polype offre un habitat protecteur et proche de la lumière du soleil pour l’algue. Pour le polype, les matières produites par l’algue lors de sa photosynthèse le nourrissent et facilitent sa respiration.
Grâce à leur association, ils construisent ensemble un squelette calcaire. Si le corail subit un stress, il peut expulser ses zooxanthelles. Ensuite il blanchit et meurt…
Ceux-là sont bien vivants et regorgent de vie… On ne se lasse pas de les explorer. C’est fou comme le temps peut passer vite lorsque l’on est sous l’eau… Au retour, nous passons par la cascade de Tikitiki. Vue de la mer, la cascade sort de son écrin de verdure. Tout à côté, de grands calaos sont en plein repas. C’est génial, cette rencontre de la mer et de la jungle.
Nous reprenons notre navigation pour, finalement, atteindre une anse de toute beauté. Nous débarquons sur une plage à la Robinson Crusoe… Un petit sentier entre les cocotiers mène à sa réplique de l’autre côté. La jungle nous entoure et de multiples chants en sortent. Soudain, au-dessus des frondaisons, le puissant battement d’ailes d’un calao se fait entendre… Tandis que les amateurs de plage s’organisent, les « snorkeleurs » chaussent les palmes. Une belle balade sous-marine s’offre à nous. Certains vont rencontrer des tortues marines, 4 pour les plus chanceux, parmi le vaste panel de faune marine qui s’offre à nous. C’est la bouche aux oreilles que tout le monde regagne le bateau.
L’ombak Putih arrive dans une vaste baie et jette l’ancre face au village de Sipatnanam. Sur une minuscule pirogue, un pêcheur est en pleine partie de pêche. Autour les contreforts côtiers sont couverts de jungle. Au sommet d’un palmier étêté, un couple de cacatoès soufrés semble étudier l’opportunité d’installer le nid là, dans l’arbre creux… Le village forme une ligne bleue à la base de la forêt. Le vendeur de tôle bleue a du faire fortune… Un peu plus haut, une église à la toiture rouge sombre sort de la végétation. Les zodiacs se glissent entre les longues pirogues traditionnelles et nous accostons sous l’oeil curieux et enjoué de quantité de petits écoliers en uniforme.
Nous sommes gentiment accueillis et Anastasia commence ses explications. Ce village est récent, il n’existe que depuis 1990 et fait partie de la région de Fakfak. En effet, tout ce secteur est divisé en 6 royaumes dirigés par des chefs de tribus. Ici vivent 130 familles, soit 400 personnes. Pour aller à « la ville », Fakfak, il faut compter 1h en bateau long ou 3h par la « route ». Les villageois sont majoritairement catholiques, mais d’autres sont protestants. Aussi y a-t-il une vieille église catholique au coeur du village et la nouvelle au-dessus du village, mais aussi une église protestante. Un monument avec deux bornes en pierre notifie bien l’existence des deux communautés.
Tout ce petit monde vit de la pêche et de l’agriculture. On produit la noix de muscade. D’ailleurs, au bord de la rue, sur des nattes, sèche le macis. Il s’agit de l’enveloppe rouge de la noix. Il est vendu plus cher que la noix de muscade, pour ses qualités gustatives et en parfumerie. La chair du fruit initial est consommée sous forme de fruit confit, séché au soleil ou en confiture. Nous cheminons dans le calme village qui s’éveille doucement. Les habitants sont timides, mais se détendent vite quand nous les saluons. Les enfants sont fascinés par ces étonnants étrangers que nous sommes… Nous arrivons à l’école primaire. Pour le collège et le lycée, il faudra aller à Fakfak.
Ils sont 98 enfants à fréquenter cette école catholique. Dans la salle de classe, plein de petits écoliers sont installés à leur bureau. Ils sont d’abord très studieux et chantent avec application pour nous. Leur chanson parle de la Papouasie, ses forêts et vallées, ses oiseaux de paradis… Quand nous entonnons au « clair de la lune », les petits spectateurs se détendent et la rencontre se passe joyeusement. Nous leur apportons des livres illustrés pour les sensibiliser au fait de ne pas jeter des ordures partout et comment les gérer… des lunettes de piscine pour qu’ils puissent voir sous l’eau et leur faisons des photos polaroïd. Grand succès ! Après ce chaleureux moment partagé, nous jetons un coup d’oeil sur la rivière qui approvisionne le village en eau douce. Autour poussent : muscadiers, palmiers sagou, le manioc pour le tapioca, les patates douces, le taro. Nous regagnons tranquillement les zodiacs. Certaines maisons sont peintes, des jeunes gens construisent un vaste auvent en bambous, en musique…
Près de la plage, les ballons de football que nous avons apportés ont été inaugurés… Quel beau moment !
L’Ombak Putih reprend sa navigation, cap sur l’archipel de Pisang. Là se déroulent les réjouissances de l’après-midi. Nouvelle escale, nouvelle plage paradisiaque… Certains l’explorent, une tortue est venue y pondre, il y a quelque temps… D’autres profitent du bain et d’une découverte des lieux peu profonds. Enfin, le reste du groupe quitte les fonds sablonneux pour le récif et partent longer le tombant. Le secteur est riche et nous faisons ainsi tout le tour de l’île karstique face à la plage. Nous nous retrouvons tous sur la plage sur laquelle des quantités de bernard-l’hermite font la course. Nous regagnons le bateau pour une soirée décontractée pendant laquelle nous parlons muscadier, récifs de corail et leurs nombreux habitants…
Au petit matin, l’Ombak Putih file vers une « poignée » d’îles comme « jetées » dans la mer de Seram… Au petit-déjeuner, nous longeons les crêtes ondulantes de Wayilbatan à l’extrémité de laquelle le bateau est amarré à des bouées dans une vaste baie. Un arc-en-ciel se forme soudain au loin vers Misool. Quel paysage ! Nous nous préparons tranquillement pour partir découvrir les merveilles sous-marines. Les zodiacs nous emmènent louvoyer entre les pitons karstiques couverts de végétation. Sur les plus minéraux, s’accrochent, par endroits des népenthès, les urnes des plantes carnivores pendent en chapelets sur la roche. Les feuilles ovales, lancéolées ont un limbe (prolongement de la nervure de la feuille) vrillé qui forme à leur extrémité une urne membraneuse. Dans des sols pauvres en nutriments, comme c’est le cas ici, ces plantes ont trouvé une stratégie pour s’alimenter. En se posant sur le bord glissant des urnes, les insectes tombent dans un bouillon mortel et sont digérés. La plante est nourrie… Nous restons un peu moteur coupé dans une crique improbable aux eaux merveilleusement turquoise. Cela nous permet d’entendre les voix du petit peuple de la jungle. Enfin, nous arrivons sur la seule plage à des kilomètres à la ronde, car, là, les pitons karstiques sortent directement de la mer. Des pêcheurs ont monté une petite cabane et un abri. Même si cette région est protégée et très surveillée, les quelques petites communautés locales ont droit à des quotas de pêche. Tout ceci est normal dans la mesure où elle se pratique à petite échelle et sous contrôle. En effet, nous voyons malheureusement les traces de la si destructrice pêche à l’explosif sur les coraux… Mais cette pratique, comme celle de la pêche au cyanure, est en recul dans la région. Les acteurs du tourisme de plongée sont très impliqués dans la protection et la préservation des massifs coralliens. Pour ce faire, il faut sensibiliser et former les pêcheurs locaux. Le processus va, actuellement dans le bon sens. Il faut aussi bien se rendre compte qui si les communautés locales ont un rôle à jouer, nous également. Non seulement nous devons prendre soin de ne pas dégrader le milieu : ne pas casser le corail, ne pas utiliser de crèmes solaires nocives.
Le bateau nous fournit à son bord des crèmes solaires spécifiques… Mais surtout, il faut en tant que consommateurs boycotter les produits de la pêche industrielle autrement plus destructrice. ET là, c’est chez nous que tout se joue… Pour le moment, nous nous équipons avec enthousiasme et partons d’abord sur un fond peu profond puis à la limite du tombant pour continuer notre exploration. C’est une explosion de couleurs. Des nuées de poissons de toutes tailles et de toutes couleurs vont et viennent entre les multiples « fleurs » de corail aux formes si variées. Le récif est tout à la fois le « garde-manger », l’abri et le lieu de vie de toute cette belle faune marine. Les poissons sont très territoriaux et de toute évidence, « on ne laisse pas trainer un intrus sur le pas de sa porte »… Et là, les poissons-clowns installés dans leur anémone de mer sont inflexibles… Quand on se laisse porter par le courant, les poissons sont moins craintifs et reprennent leur vie quotidienne. C’est le moment où l’on entend le poisson-perroquet grignoter du corail… Quel beau spot, une fois de plus !
L’après-midi une vaste plage de sable nous accueille. Le vent s’est levé et la mer est houleuse. Qu’à cela ne tienne, nous voici de nouveau partis pour une expédition snorkeling.
Nous faisons une belle série d’observations. D’abord, 4 tout petits requins non loin de la plage vont et viennent avec curiosité près de nous. Puis nous commençons à longer le tombant. Nous trouvons là des cadres métalliques qui ont été montés pour permettre au corail de bien repartir là où il a été abimé. Sur notre parcours, le corail est varié et bien développé. Il y a donc de nombreux habitants. Le spectacle est superbe ! Nous croisons quelques tortues vertes. C’est très beau de voir la silhouette de la grande dame se fondre progressivement dans les vastes profondeurs bleues. L’exploration est tellement belle que nous ne voyons pas le temps passer. Nous avons fait un long parcours… La nuit va être paisible. Nous la passons en face de Tomolol.
Nous nous réveillons dans un cadre superbe sur fond de chapelets d’îles et ilots sculptés par l’érosion et sur lesquels pousse une végétation exotique composée entre autres de palmiers, de népenthès (les plantes carnivores à urne)… Nous embarquons sur les zodiacs pour gagner la grotte de Tomolol. Pour ce faire, nous traversons les vastes « champs » d’huîtres perlières. Au loin, des dauphins sont en pleine partie de pêche. Comme partout, nous payons la « dîme » et poursuivons escortés de deux membres de la communauté locale. Nous nous enfonçons entre les pitons et champignons sculptés. Parfois l’entrée d’une excavation offre ses stalagmites à notre vue. L’eau varie du bleu sombre à un bleu vert du plus bel effet, aux pieds des structures rocheuses. Nous voici arrivés à la célèbre grotte : gigantesque… Certains choisissent d’en profiter de l’entrée, les plus téméraires équipés de palmes, masque et tuba, se lancent dans son exploration marine. Elle fait près de 200 m de longueur et se révèle vite être spectaculaire.
C’est une véritable cathédrale toute de calcaire… Stalactites, draperies, colonnes… tout y est pour en faire un « must » de ce type de structure karstique. Nous sommes totalement pris par la magie du lieu. Silencieux, faisant la planche, nous nous laissons envoûter, pas un bruit si ce n’est quelques gouttes qui tombent… Au sommet de la voûte passe parfois furtivement une chauve-souris. Nous reprenons doucement la nage dans l’autre sens. Puis nous passons par les ossements installés dans la falaise, avant de rejoindre un petit lac intérieur. Dans ce lac se sont trouvées piégées, il y a fort longtemps, des méduses. L’eau alimentée par la pluie est devenue douce et seules celles qui se sont adaptées ont survécu. Sans prédateurs, elles ont totalement perdu leur pouvoir urticant. Ici, c’est le bain de méduses sans soucis… Nous regagnons le bord.
Troisième étape de la matinée : les pétroglyphes. Mais de gros nuages menacent, menacent et nous nous retrouvons sous des trombes d’eau. Ah, le charme de pluie tropicale… Nous arrivons sur le site au moment où la pluie s’arrête. Les représentations sont étonnantes, à certains endroits des dauphins aux contours noirs ont été recouverts par d’autres représentations.
Des mains et des poissons ressortent en négatif. On retrouve beaucoup de dessins à l’ocre de poissons dont la majorité fait penser à la silhouette des dauphins. D’autres sont un peu plus arrondis. Figuratif ou abstrait, tout se mélange… Dès notre retour, l’Ombak Putih lève l’ancre. Raja Ampat tient ses promesses. Nous continuons d’en profiter un maximum et, après le début d’après-midi « méditatif », nous poursuivons notre exploration tant des paysages extérieurs que marins. Finalement, le bateau navigue vers le Nord, direction les îles de Wayag. Ce soir, la causerie tourne autour des népenthès, les plantes carnivores à urne qui tombent en guirlandes sur les pinacles que nous venons d’explorer. Puis les lignées humaines ayant peuplé ces régions s’imposent après nos visites matinales. Or, de récentes études sur l’ADN contenu dans la salive de 83 Aborigènes et 25 Papous ont permis d’affiner les connaissances sur le parcours des ancêtres de ces populations. Partis d’Afrique, il y a 72 000 ans, ils formaient une même lignée et auraient quitté les régions du Moyen-Orient, il y a environ 58 000 ans. Ils auraient atteint le Sahul, le supercontinent formé par la Papouasie Nouvelle-Guinée, l’Australie et la Tasmanie à l’époque où le niveau de la mer était beaucoup plus bas, il y a environ 50 000 ans. Enfin, les Papous et les Aborigènes se sont séparés il y a 37 000 ans.
L’homme de Florés ne peut être oublié… La dernière thématique est celle des mangroves dont l’intérêt est indiscutable. Ce milieu, trop souvent détruit est pourtant doté d’un des systèmes organiques productifs des plus importants de la planète, très riches en ressources vivantes aquatiques. Il contribue après une perturbation importante à la résilience écologique de l’écosystème et c’est une excellente protection contre l’érosion côtière, les tsunamis, cyclones… Quelques thèmes à méditer pendant la navigation…
Nous prenons aujourd’hui le petit-déjeuner tandis que l’Ombak Putih navigue encore. La grande bleue porte bien son nom. Mais dès que l’on s’approche des multiples îles et ilots, l’eau devient turquoise et vert émeraude. Nous sommes, maintenant, face à l’entrée de la lagune. Embarqués sur les zodiacs, nous pénétrons dans le labyrinthe calcaire. La roche forme par endroits une vraie dentelle de pierre sur laquelle s’accroche malgré tout de la végétation. Nous sommes de plus en plus proches de Sorong et les sites sont plus fréquentés. Le débarquement en est facilité. Nous atteignons facilement le sommet de Piaynemo d’où la vue est à couper le souffle. Une séance photo s’impose. Nous redescendons dans la forêt. Au pied, une mangrove nous permet d’observer plein de petits crabes violonistes rouge vif et des poissons-archers, ceux qui chassent en crachant sur les insectes pour les faire tomber à l’eau et les dévorer… Plus loin, c’est le côté nursery de la mangrove qui est illustré, avec, notamment, des bébés poissons trompettes. Sur le ponton sont vendus des noix de coco, du poisson séché et de l’huile de coco. Nous regagnons tranquillement le bord par la sublime lagune. Après une pause eau de coco, les amateurs de snorkeling rechaussent les palmes. Nous faisons une nouvelle exploration. Celle-ci est riche en poissons-perroquets de belle taille, poissons-flûtes et… Nous aurons l’occasion de croiser quelques requins pointe noire, furtivement car ils s’enfuient à notre approche et une tortue. Encore un beau moment passé sous l’eau. Le bateau lève l’ancre tandis que nous passons à table. Nous continuons de remonter vers le coeur de Raja Ampat Nord. Cette région est sans pareil. Nous partons l’explorer en zodiac. C’est un enchantement ! Nous pénétrons entre les tours, les pinacles, les ilots karstiques à la végétation plus ou moins importante. Pyramides, châteaux forts écossais, ponts… l’imagination peut s’exprimer ici… La nature nous offre là un bien beau spectacle ! Puis nous projetons de passer au monde marin. Tandis que les amateurs de plage paradisiaque et de snorkeling de proximité partent d’un côté, les amoureux des grands fonds filent plus loin. On enfile les palmes, positionne les masques et tubas et, hop, à l’eau. Là, le spectacle commence. Ce spot se révèle d’une incroyable beauté. La faune y est très riche. On ne sait où regarder tant les poissons sont nombreux et colorés. Et là, en suivant la limite entre le platier et le tombant, il y a une variété extraordinaire de coraux très développés : « fleurs » de corail, formes digitées, branchues, buissonnantes, arborescentes, tabulaires, plus massives autour desquelles se déroule la vie quotidienne du petit peuple de la mer. Sur le tombant dépassent, parfois une gorgone, véritable sculpture… De petites grottes dépassent soudain les antennes fort peu discrètes d’une langouste. Après le parcours le plus long possible dans le secteur, nous regagnons l’Ombak Putih avec des « étoiles » dans les yeux… Nous naviguons encore un peu et partons flâner dans un paisible petit village de pêcheurs. Enfin… dans LA rue principale qui mène à l’église. Il est littéralement blotti au pied de la falaise couverte de jungle. Après le coucher du soleil, notre rituelle causerie apéritive nous entraine ce soir sur les traces de Alfred Russell Wallace. Naturaliste de terrain hors pair, anthropologue autant que naturaliste, père de la biogéographie, grand témoin de son temps, c’est le codécouvreur « oublié », du célèbre mécanisme de la sélection naturelle responsable de l’évolution des espèces de Charles Darwin. Nous parlons aussi paradisiers. Demain, peut-être, verrons-nous la sublime parade nuptiale…
Ce matin, c’est de nuit que nous nous levons. En effet, c’est aux premières lueurs du jour que l’on doit être en place sur le poste d’observation et… il faut y aller.
Débarqués sur la plage, nous marchons d’abord sur une passerelle qui suit la côte, avant d’atteindre les véhicules qui nous attendent. Puis, l’ascension commence. La nuit est encore profonde au départ puis s’éclaircit progressivement tandis que nous nous enfonçons au coeur de la forêt tropicale humide. Plus le jour se lève et plus le concert matinal des oiseaux s’intensifie. Les vallons sont noyés de brume. C’est superbe ! Nous descendons pour partir dans la forêt et suivons silencieusement le petit sentier qui mène au poste d’observation. Il est là ! Le paradisier de Wilson, en tenue d’apparat… Petite calotte et pattes turquoises, tache jaune derrière la nuque, livrée rouge sur le dos, tout le reste noir de jais et la touche finale : deux sculpturales plumes en cercles symétriques sur la queue. Tandis que le sombre sous-bois s’éclaire peu à peu, il peaufine l’état de son plumage. Après, il faut passer à la préparation du site de séduction. Tout doit être impeccable ! Bientôt, la piste est parfaite. Mais il fait une démonstration énergique du fait d’éjecter les feuilles plus loin. Les branches feuillues trop proches font aussi l’objet de ses « soins » méticuleux. Entre chaque phase, il faut remettre les plumes en ordre… Une fois satisfait, il s’accroche à des branchettes verticales autour de la « piste » centrale et là, il met en valeur sa tenue d’apparat.
Le plumage est gonflé avec effets d’ailes et des longues rémiges de la queue. Le résultat est très réussi. Finalement, une femelle se laisse séduire… Elle se perche face à lui sur sa branchette verticale. Il s’approche et… Nous aurions du détourner pudiquement les yeux… Conclusion : tant d’efforts pour si peu de temps d’apothéose…
Mais, pour nous, le spectacle a été à la hauteur de nos attentes. Nous redescendons sous le soleil. Des papillons virevoltent de place en place, cigales et oiseaux assurent le son. La végétation exubérante tente d’engloutir le chemin. Finalement, les premières maisonnettes en bois annoncent le village. Des petits écoliers convergent vers lui.
Les zodiacs viennent nous chercher pour un plantureux petit-déjeuner bien mérité. C’est notre dernière journée à bord et nous sommes déterminés à en profiter à fond. Tandis que l’Ombak Putih navigue vers notre ilot de récréation marine, nous nous offrons une petite pause. À peine arrivé, le groupe se divise entre nos deux spécialités : plage et snorkeling en eau plus profonde. Sébastien teste le sens du courant afin que nous puissions l’utiliser pour mieux profiter du site. Il s’avère très riche, les poissons y sont légion. Parmi les myriades de couleurs et de formes, nous croisons quelques raies dont une très belle à taches bleues, une tortue, un requin à pointes noires, un barracuda.
Il faut dire qu’il y a des bancs entiers de poissons à certains endroits, donc une bonne table pour les carnivores. Nous changeons à nouveau de point d’ancrage afin d’aller visiter la réplique de la cabane d’Alfred Russell Wallace dans la forêt. Pour y accéder, nous remontons une petite rivière au cours émeraude dans la jungle. Quel paysage !
Un grand héron typhon s’envole à proximité de nous. Il a une belle envergure. Une forêt dense recouvre les rives abruptes avec, de place en place, la roche calcaire à nu.
Finalement, nous arrivons au débarcadère. Dès que nous nous enfonçons dans la forêt les cigales et pigeons donnent le la du fond sonore. Arbres à contreforts, lianes, épiphytes, fougères… nous sommes bien dans une forêt tropicale humide. La petite construction en matériaux naturels nous donne une bonne idée de la vie spartiate du naturaliste.
Nous imaginons les soirées de Wallace… Au retour, c’est un cacatoès soufré qui anime le cours de la rivière. Nous regagnons le bateau pour un changement rapide pour les amoureux du grand bleu. La visibilité est moins bonne que ce matin, mais les bancs de poissons nombreux et nous profitons encore bien. Finalement l’Ombak Putih reprend sa navigation pour la dernière étape vers Sorong. Mais une délicieuse soirée nous attend. Le dîner est, à son habitude, excellent et l’ambiance est fort joyeuse. En effet, tout l’équipage nous offre de partager avec eux chants et danses… Une belle soirée festive !
Nous nous réveillons ancré face au port de Sorong. Un dernier petit-déjeuner pris sur le pont et nous organisons une opération photos avec l’équipage. La complicité est totale et nous nous quittons tous avec regrets. Merci à eux tous, Sébastien, Anastasia et vous tous pour ces beaux moments partagés ! Pour l’heure, nous gagnons le quai et le marathon aérien reprend dans l’autre sens. Bon retour à vous tous !